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Latins des villes, Kurdes des campagnes
On sait qu'une interprétation longtemps domina, en lien direct avec de telles considérations démographiques. Même renforcées par l'apport d'immigrants, les Latins se seraient fixés majoritairement dans les villes, créant avec le temps une société originale. En somme, aux Latin, les villes et les châteaux contrôlant les vastes et dangereux districts intérieurs, aux autres, chrétiens orientaux, mais surtout Turcs, Kurdes, Arabes, les formes du peuplement rural. Or, une telle vision est largement dépendante des descriptions à fort contenu idéologique que les chroniqueurs diffusèrent. Les sources narratives ont fabriqué et imposé une image dont la prégnance s'est longtemps exercé sur les historiens, prisonniers peut-être des mêmes enjeux idéologiques, et sensibles de ce fait à cette peinture de guerriers et de pionniers courageux, combattant pour leur foi, mais cerné par mille périls dans les quelques enclaves qui étaient les leurs. Lorsque Guillaume de Tyr remémore par exemple les difficiles débuts du royaume et qu'il dépeint des campagnes toutes cultivées par les Infidèles, se refusant à travailler aux champs pour faire périr de faim les chrétiens, il compose un tableau peut-être exact mais qui ne fut pas pérenne. Il n'empêche. Longtemps, les Francs furent décrits installés dans les villes, accrochés à leurs châteaux et forteresses.
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