Les Peshermgas se déploient à Sindjar
Comme Barzani l'avait annoncé, des Peshmergas, au nombre de 340 se sont éployés à Sinjar, pour protéger les Yézidis là-bas. Selon le Commandant en chef des Peshmergas, Aziz Wayzî, ils y resteront jusqu'à ce que la situation soit sûre. Autant dire pour un bon bout de temps jusqu'à la tenue du référendum.
Via Kurdistan Observer, deux yézidis confient à la BBC leurs sentiments et leurs réflexions sur ce massacre, qui était à la fois attendu et inattendu. Inattendu par son ampleur, mais comme nous le disait le Pîr Xidir à Duhok en mai dernier, il ne se passait pas un jour sans qu'un village yézidi soit attaqué par les musulmans, dans les zones en dehors du KRG. Les yézidis, cible rêvée pour les Baathistes puisque Kurdes à 95%, cible de choix pour les takfiris (puisque "hérétiques") allaient forcément, un jour ou l'autre, payer un lourd tribu à la décomposition de ce non-Etat qu'est l'Irak.
Khidir Domle, 39 ans, yézidi et journaliste :
Khidir Domle, 39 ans, yézidi et journaliste :
"Ces attaques ne sont pas totalement inattendues, car la situation en matière sécuritaire empirait de jour en jour dans la région. Plusieurs de nos parents ont été frappés, deux d'entre eux sont morts et trois membres d'une famille sont toujours portés disparus, et nous ne savons pas où ils sont. Nous ne savons pas s'ils ont été hospitalisés ou non à Talafar, une ville près de Mossoul. Des dizaines de membres de la sécurité locale et des forces de police ont démissionné en raison de menaces terroristes.
Pour moi les raisons de ces attaques sont ethniques - ces gens étaient Kurdes - aussi bien que religieuses. Même les villages arabes voisins ont menacé les Yézidis, en essayant de les empêcher de voter pour le Kurdistan pour le référendum à venir. Ces deux dernières semaines, les menaces de groupes extrémistes comme al-Qaïda se sont aussi intensifiées. Les Yézidis sont la cible majeure dans cette région. Les attaques ont pour but d'intimider la population. Les forces de sécurité du gouvernement irakien sont présentes ici, en raison de la proximité de la frontière syrienne. Mais ces forces ne sont pas capables de contrôler les frontières. Les forces de sécurité kurdes ont peu d'influence ici. Quelques semaines auparavant, des dizaines d'agents de la sécurité locaux et des policiers ont quitté leur emploi sous les menaces terroristes.
De tels attentats ne peuvent qu'encourager les gens à voter pour l'intégration au Kurdistan lors du référendum. Mais ce qui les incitera le plus sera la promesse de meilleurs services prodigués à la population de la région."
Elias Baba Sheikh, 51 ans, membre de l'Union patriotique du Kurdistan :
"Aucun de mes proches parents n'a été touchés par ces attaques, mais je considère tous les yézidis comme mes parents. Des dizaines de maisons ont été réduits en poussière. Le nombre exact des victimes n'est pas encore fixé. A l'hôpital Azadî de Dohuk, j'ai vu beaucoup de blessés, certains dans un état critique. La raison majeure de ces attaques est évidemment politique, car les gens visés avaient déjà montré leur volonté de rejoindre les régions administrées par le Gouvernement Régional du Kurdistan. Il y a aussi des motifs religieux. Ces gens tuent même des musulmans, pourquoi ne tueraient-ils pas des yézidis ?
L'impact de ces attentats est que cela va renforcer la détermination du peuple à ce que le référendum se tienne, et que soit appliqué l'article 140 de la constitution. "
Interview menée par Mohammed Salih, journaliste basé à Hewlêr/Erbil.
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