Ni les rois ni les grands sultans

Il y a des pays qui ont en eux des fatalités historiques, qui offrent à leurs conquérants le même scénario, de façon répétée, de sorte qu'à des siècles de différences, on voit courir le même aveuglement, les mêmes échecs. C'est le cas de la Russie sur laquelle se cassèrent les dents Napoléon comme Hitler. Il y a aussi le Kurdistan, que s'épuisent à soumettre depuis le Traité de Lausanne (1923) les pays qui l'occupent. Certes, les Kurdes ont été décimés et le Kurdistan maintes fois ravagé, mais au final, il s'est avéré être une conquête qui vidait en d'épuisants efforts toute la substance du tyran.
Et déjà, au 16° siècle, Sharaf Khan de Bitlis écrivait à la fin de ses prolégomènes :
"D’ailleurs, ni les rois ni les grands sultans, pas plus que les grands seigneurs ni aucun puissant personnage, n’ont convoité le pays des Kurdes, ni ne l’ont soumis durablement. Ils se contentent d’en recevoir quelques cadeaux et une vassalité symbolique, les faisant défendre les frontières de ces pays(1) et se porter contre l’ennemi en cas de guerre.

Si de temps en temps, certains rois ou sultans ont conçu l’idée d’envahir les montagnes du Kurdistan dans le passé, ce fut une source d’embarras pour eux, leur causant toutes sortes de peines et de fatigues, et ils finissaient par s’en repentir, après avoir fourni tant d’efforts et de dépenses, d’entreprises et d’expéditions. C’est pourquoi ils ont toujours fini par rendre ce pays à leurs possesseurs kurdes. "
(1) Le Kurdistan et le Luristan

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