dimanche, janvier 07, 2007

Coup de projo sur : Ostad Elahî

Né en 1895, dans une famille religieuse ahlé-Haqq de Kermanshan, Ostad Elahi eut un destin qu'il voulut obscur mais qui fut assez extraordinaire. Soufi dans les premières années de sa vie, à l'âge où d'autres quittent le monde pour "entrer en religion", lui fait l'inverse et quitte l'état de soufi dans lequel il était né pour entrer dans le monde, et vivre comme un homme ordinaire, dans une attitude de malamatî (version "je ne me fais pas remarquer et vit en monsieur tout le monde). Il fut alors magistrat, philosophe et théologien. En même temps sa virtuosité au tanbur lui valut des admirateurs bien au-delà de l'Iran, comme Yehudi Menuhin ou Maurice Béjart. Il poussa à un très haut degré la technique du tanbûr, en inventa même une, et son oeuvre musicale est inscrit au patrimoine immatériel de l'humanité par l'UNESCO. Il ne ne se produisit pourtant jamais en dehors de cercles privés, et ces enregistrements furent fait dans les années soixante, dans sa propre demeure, à Téhéran. C'est qu'à l'instar des grands maîtres de ragas indiens, comme Asad Ali Khan, sa pratique musicale était une part de sa voie spirituelle et non une performance artistique et il est probable que le côté intime du semâ lui convenait mieux.
Sa philosophie est connue via les traductions (adaptations ?) de son fils Bahram, qui fit publier des condensés de son enseignement, comme La voie d'un maître kurde édité en poche chez Albin Michel, et fonda une école à son nom, avec un enseignement qui est sans doute assez éloigné des ahlé-Haqq originels. Ce que j'ai lu de ses ouvrages de vulgarisation, mélange de spiritualité un peu New Age avec de curieux archaismes issus de sa religion initiale, ne m'avait guère convaincue. Mais son livre de philosophie, Connaissance de l'âme, éditée chez l'Harmattan, est par contre une très bonne surprise : un ouvrage synthétique, clair, d'une pensée philosophique qui doit beaucoup à Avicenne, Mollah Sadra Shirazî et par certains points Sohrawardî, qui fait regretter que son ouvrage principal, Borhân al-Haqq, ne soit pas traduit.

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