1819 : les esclaves kurdes de Khiva
L'officier apprit que les jeunes Russes avaient le plus de valeur sur le marché des esclaves de Kiva. Les Perses valaient beaucoup moins et les Kurdes moins encore. "Mais d'autre part, une esclave féminine perse avait infiniment plus de valeur qu'une Russe." Les esclaves qui tentaient de s'échapper étaient cloués par les oreilles à une porte car ils avaient trop de valeur pour qu'on les exécute.
(…)
Muraviev affirmait que la conquête de Kiva serait facile et peu onéreuse. Il estimait qu'elle pouvait être réalisée par un commandant déterminé et que "trois mille soldats courageux" suffiraient. Sur place, une armée d'invasion découvrirait rapidement que des alliés fiables l'attendaient. Il y aurait, pour commencer, les belliqueuses tribus turkmènes peuplant les déserts qui devaient être traversés pour rallier Kiva. À la lueur de sa propre expérience, Muraviev garantissait qu'ils redoutaient le khan autant que ses propres sujets et qu'ils ne manqueraient pas de se rallier à ceux qui viendraient pour le détrôner. Dans la capitale, l'envahisseur pourrait compter sur l'appui d'une importante cinquième colonne : en plus des trois mille esclaves russes, dont beaucoup étaient d'anciens soldats, quelque trente mille Perses et Kurdes étaient retenus par la population de Kiva. Ils avaient tout à gagner, rien à perdre, à se joindre aux Russes.
Le Grand Jeu : Officiers et espions en Asie centrale, Chapitre VI : Les premiers acteurs russes.
Quatrième de couverture : "Un grand classique d'une brûlante actualité ! Au cœur de l'Asie centrale, le fascinant jeu de l'ombre qui opposa les Empires britannique et russe au dix-neuvième siècle. Un passionnant récit d’aventure, de guerre et d’espionnage sur l’un des épisodes les plus romanesques de l’histoire moderne Au coeur des montagnes isolées et des déserts brûlants d’Asie centrale, une lutte épique opposa au dix-neuvième siècle l’Empire britannique et la Russie tsariste. Cet affrontement fut connu sous le nom de « Grand Jeu » – et ses répercussions se font encore sentir de nos jours. Le vaste échiquier où se déploya cette rivalité s’étendait du Caucase à l’ouest jusqu’au Tibet à l’est. Lorsque le jeu débuta, les frontières de la Russie et des Indes étaient distantes de plus de trois mille kilomètres. À la fin, moins de trente kilomètres les séparaient par endroits. Les Britanniques étaient convaincus que les Russes ne s’arrêteraient pas avant de s’emparer des Indes, le joyau de l’Empire britannique. La guerre semblait inévitable. Ce livre raconte l’histoire du « Grand Jeu », l’un des chapitres les plus romanesques de l’histoire moderne, à travers les aventures de ses acteurs. De jeunes officiers des deux camps, pour qui participer au « Grand Jeu » était le sel de leurs rêves, l’occasion d’échapper à la monotonie de la vie de garnison et de se couvrir de gloire.
Grand reporter et voyageur passionné par l’Asie centrale, Peter Hopkirk (1930) a travaillé pendant de nombreuses années comme journaliste, puis directeur au grand quotidien londonien The Times. Ses ouvrages ont été traduits en de nombreuses langues et Le Grand Jeu est incontestablement son chef d’œuvre."
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