mardi, mars 28, 2006

Turquie d'Asie, Anatolie, Kurdistan

Toujours intéressant de fouiner dans les vieux dictionnaires d'histoire et de géographie. Ainsi le Bouillet (éd. 1880), à l'entrée "Anatolie" en parle comme une portion de l'Asie mineure :

"L'Anatolie, après avoir longtemps formé un seul pachalik, dont Koutayeh (Kütahya) était la capitale, est aujourd'hui divisée en 11 eyalets : Trébisonde, Kastamouni, Kodavenkiar, Biga, Angora (Ankara), Faroukhan, Aïdin, Karaman (Caramanie), Adana, Marach, Sivas."

Le Kourdistan est, selon le même Bouillet, une région d'Asie, divisée en Kourdistan turc et Kourdistan persique.

Le Kourdistan turc (partie de l'ancienne Assyrie avec la Gordyène et le pays des Carduques), contrée de la Turquie d'Asie, entre l'Arménie, l'Aldjézireh, l'Irak arabi et la Perse, forme les pachaliks de Chehrezour et de Mossoul et une partie de ceux de Baghdad et de Van."

Le Kourdistan persique (partie de l'ancienne Médie) province de Perse, entre l'Aderbaidjan, l'Irak adjémi, le Khousistan et le Kourdistan turc, 400 000 h.; chef lieu Kirmanchah."

Quant aux Kurdes ils sont ainsi décrits : "KOURDES, Curdi, Gordyaei, Carduci, peuple de l'Asie, habite dans les montagnes à l'est du Tigre, au sud des lacs de Van et d'Ourmiah, le pays appelé de son nom, Kourdistan. Ils sont laertes, braves et pillards. Ils ont toujours été libres ; toutefois ils sont nominalement compris dans l'empire turc et dans l'empire perse. Presque tous sont musulmans sunnites; quelques-uns sont nestoriens. On les croit descendus des anciens Chaldéens et des Parthes."

Quant à la Turquie, elle est pour le Bouillet synonyme de l'empire ottoman, et donc appelée "un des plus vastes états du globe". La Turquie d'Asie est divisée en 6 grandes régions : Anatolie, Arménie, Kourdistan, Aldjézireh ou Mésopotamie, Irak-Arabi, Syrie. Parmi les 21 eyalets qui la divisent, on compte celui "d'Erzeroum (Arménie), Van (Assyrie), Kourdistan ou Diarbékir (Mésopotamie septentrionale), Schehrzor (Assyrie orientale)."


Autres temps, autres frontières, Sharaf Kkan de Bitlis, dans son Histoire des princes kurdes, donnait au XVI° siècle, les limites géographiques suivantes au Kurdistan :

La frontière et les territoires du pays des Kurdes, dont le nom est Kurdistân, commence au bord de la mer d'Hormuz - qui se jette dans l'Océan Indien ? et de là, il trace une ligne droite jusqu'à la région de Malâtya et de Mara'sh. Le Fars, l'Irâk perse, l'Azerbaydjan, la Petite et la Grande Arménie sont au nord de cette ligne. L'Irâk arabe, Mossoul et Diyârbakir sont au sud de cette frontière.

Et je ne parle pas de l'imprécision du Bilad al Akrad ou Zûzan des géographes médiévaux...

Extrait du prochain Hors-série d'Etudes kurdes, Saladin et les Kurdes de Boris James (à paraître bientôt) dans la partie Kurdistan, Zûzân al-Akrad :

L'auteur fait d'abord mention de la province du Kordestân, créé par le sultan seldjoukide d'Iran Sandjar, avec "Bahar pour capitale, les régions autour de Dînawar, Hamadân, Kermânsâh (Qirmisîn), Sinna (l'actuel Sanandadj)... (...) On constate que malgré l'attribution d'un tel nom à cette région, la ville de Hamadan, par exemple ne paraît pas peuplée majoritairement de Kurdes à l'époque de Saladin."

Sur le Bilâd al-Akrâd (Pays des Kurdes en arabe), il n'y a pas de description précise des limites et emplacements, même s'il est attesté sous la plume des géographes et historiens, tel al-Isafahanî, al-Sh'aranî (qui indique que Hisn Kayfâ, soit Hasankeyf est dans le Pays kurde).

Le Zûzân (Zozan=alpage en kurde) est encore plus imprécis : "ensemble géographique habité par des Kurdes et des Arméniens". Selon Yaqût al-Hamwî : "C'est une région située au centre des montagnes arméniennes entre Akhlat, l'Azerbaydjân, le Diyar Bâkr et Mossoul. Ses habitants sont Arméniens (Ahlulâ Arman) ; il y a aussi des groupes kurdes (wa fîhâ tawaîf min al-Akrâd)." Ibn al-Athîr dit : "Le Zûzân est une région étendue de l'est du Tigre à la Djézireh. Il commence à deux jours de Mossoul et s'étend jusqu'aux limites du districts de Salmâs. Il y a là de nombreuses citadelles, toutes tenues par les Kurdes bashnawiya et bukhtiya."







3 commentaires:

  1. Amusant ce dernier extrait...d'accord pour la limite ouest à malatya et maras, mais il met diyarbakir en dehors du Kurdistan???

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  2. Je te dis que le Kurdistan n'arrête pas de bouger :)

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  3. Bon j'ai rajouté des infos sur le Kuridstan médiéval histoire que çaparaisse encore plus le bordel...

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Concert de soutien à l'Institut kurde