Poudre aux yeux


Que les USA aient récemment confirmé qu'ils maintiendraient la présence du Kongra-Gel (PKK) sur leur liste d'organisation terroriste et que le Premier ministre turc Recip Erdogan s'en soit réjoui ne doit pas faire illusion. Sur le terrain du Nord-Irak, les soldats américains côtoient d'assez près les lignes du PKK en fermant tacitement les yeux sur leur présence et n'ont pas du tout l'intention d'ouvrir un second front en Irak. Quant aux Turcs, il y a longtemps que par l'intermédiaire d'Öcalan, peu porté sur l'héroïsme personnel, elle peut diriger le PKK au mieux de ses intérêts. Et le PKK sert en Irak, notamment à élaborer des plate-formes douteuses avec des groupuscules turcmènes payés par Ankara pour protester contre "l'annexionnisme kurde". Le PKK sert au nord de l'Irak au maintien des "forces de pacification turques" sur la frontière turco-irakienne, celles précisément dont le Premier ministre du Gouvernement régional kurde, Netchirvan Barzani, vient de demander le retrait.

Les US préféreraient certainement que le plan de "retour à la vie civile" des guerilleros du PKK réussisse, qu'ils désarment et se diluent en Irak (ce qu'une bonne part de fugitifs ont déjà fait) ou mieux encore en Turquie.

Mais voilà, la Turquie a encore besoin du PKK tant qu'elle pourra espérer saborder l'option du fédéralisme kurde et le PKK servira à saborder tout état kurde pourvu que le "Soleil kurde" alias Öcalan et son Conseil de présidence cherchent avant tout à assurer leur propre sauvegarde (et non celle de leurs troupes dont ils se fichent éperdument), et en ce qui concerne l'avenir du Kurdistan, ils verront s'ils ont le temps de s'en préoccuper.


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