samedi, avril 08, 2006

Contre-Acte d'accusation : réponse de Baskin Oran

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Les professeurs Oran et Kaboglu sont poursuivis en justice et encourent 5 ans de prison pour "incitation à la haine et offense enfin la justice" pour avoir écrit un rapport sur les droits des minorités en Turquie, rapport qui avait été demandé par le Premier ministre turc. Le "crime" de ce rapport ? "Insister auprès du gouvernement afin qu'il reconnaisse les groupes musulmans, tels que les Kurdes, comme des minorités, lancer le débat dans les média et remettre en question l'identité turque dans le pays où tous les musulmans, sans considération de leur ethnicité, sont considéres comme Turcs" (New Anatolian).

"C'est la liberté de pensée qui est jugée ici", a déclaré Ibrahim Kaboglu, un juriste, devant la Cour. "Ce procès absurde est une humiliation pour la Turquie", explique Baskin Oran, qui enseigne les sciences politiques à l'université d' Ankara. Les deux ont été membres du Conseil des droits de l'homme dépendant du Premier ministre. A l'automne 2004, à la demande du Premier ministre, ils ont écrit un rapport très critique sur la politique turque envers ses minorités, parlant de "climat paranoïaque" et mettant l'accent sur le fait que "les revendications les plus inoffensives concernant l'identité sont considérées comme une volonté de diviser l'Etat, et donc réprimées" (Libération, 15 décembre 2005).

Leurs travaux proposaient des amendements constitutionnels et législatifs en faveur des minorités, qui s'ajouteraient aux réformes pro-Européennes déjà adoptées. Le gouvernement a essayé d'enterrer ce document explosif et finalement l'a publiquement renié.

Les cercles nationalistes ont engagé une violente campagne contre les deux académiciens universitaires (les appelant "traitres" et les menaçant de mort) et le Procureur d' Ankara a engagé des poursuites, avec un acte d'accusation aussi fantaisiste que ridicule, que le professeur Oran décortique dès le premier jour de son procès, (commencé le 15 février), avec une magnifique et cinglante rhétorique, pleine d'une magistrale ironie. Ces 37 pages d'une non-défense contre un acte d'accusation qui n'en est pas un mais une bizarrerie sans queue ni tête, sont un somet d'intelligence et de civilisation, dans la bouche d'un profeseur faisant face à la barbarie et à l'étroitesse d'esprits des ultra-nationalistes.

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