Histoire du Kurdistan
Le samedi 19 juin, à 16 h, à l'Institut Kurde de Paris, je présenterai "Histoire du Kurdistan", de Giuseppe Campanile.
(Institut Kurde de Paris, 106 rue Lafayette, Paris 10°, métro Poissonière, Gare du Nord, Gare de l'Est ; entrée libre).
Storia della Regione del Kurdistan a été publiée pour la première fois à Naples, en 1808. Son auteur, Giuseppe Campanile, un père dominicain, avait été envoyé en mission au Kurdistan en 1802 et il exerça les fonctions de Préfet apostolique pour la Mésopotamie et le Kurdistan jusqu'en 1815. En 1953, un autre père dominicain, le grand kurdologue Thomas Bois traduisit son essai de l'italien, mais il mourut avant d'avoir achevé et publié sa traduction. Après la saisie et la relecture du tapuscrit, ainsi que quelques corrections et ajouts de notes, la traduction du père Thomas Bois paraît enfin dans son intégralité.
Comme le fait remarquer lui-même le père Thomas Bois dans sa préface, c'est moins une "Histoire du Kurdistan" à proprement parler qu'une description sur le terrain, très complète, très vivante et très partisane, des régions kurdes du début du 19° siècle sous l'Empire ottoman. c'est aussi le premier essai d'un Européen consacré entièrement au Kurdistan. Jusqu'ici les voyageurs qui n'y faisaient que passer ne donnaient que quelques noms d'étape et quelques informations, souvent erronées ou confuses, de la bouche de guides parfois hostiles aux Kurdes. Mais parlant arabe, et exerçant aussi la médecine, le père Campanile put entrer en contact étroit avec les princes kurdes et les pachas, et dresser un tableau assez complet des principautés et tribus kurdes. Il décrit aussi avec soin les différents cultes du Kurdistan, musulmans et chrétiens, mais aussi yézidis et sabéens, en nous donnant de précieuses indications sur ces deux derniers groupes, vivant en marge de l'Empire ottoman, quand ce n'était pas en rébellion ouverte.
Sa vision du Kurdistan, loin d'être tolérante, est celle d'un ecclésiastique né à la fin du 18° siècle, un homme épris de culture classique, donc, et son indignation devant certaines pratiques de gouvernement ottomanes, ou superstitions villageoises, ou ce qui pour lui relèvent de l'hérésie religieuse, est parfois comique, dans son outrance. Mais sa curiosité, tant scientifique qu'historique, lui permet d'accumuler nombre d'observations sur la faune, la flore, les coutumes du pays, ses vestiges archéologiques. Il détaille aussi avec une certaine acuité les rapports de force entre les pachas ottomans et les princes kurdes, souvent plus puissants que les fonctionnaires officiels.
Il conclut son récit par un chapitre intitulé Importance politique, militaire, et commerciale du Kurdistan où il explique de façon prémonitoire l'importance économique et stratégique que cette partie du monde, encore peu connu des Européens, pouvait revêtir dans la géostratégie du Moyen-Orient.
"Leurs demeures ne sont rien d'autres que des jardins fleuris où l'on voit le saule, le figuier et le grenadier s'élever et s'étendre sur els terrasses peu élevées. le ruisseau qui murmure, en courant de-ci de-là, forme ici un étang ensoleillé, puis cache à travers des plants touffus et des fleurs variées une fraîche baignoire odoriférante ; de là, il jaillit en une source limpide, étanche délicieusement la soif des gosiers altérés et manifeste ainsi sa pureté native. De là, en serpentant parmi les herbes aromatiques, il donne au doux zéphyr un parfum réconfortant. La simplicité des édifices, le sol herbeux parfumé, le toit bas de roseaux tressés avec art ; les vases ou de bois rustiques ou de calebasse sèches aux formes multiples ; les corbeilles de jonc artistement entrelacés qui pendent au mur : qui ne dirait que tout cela a été hérité des heureuses chaumières de Philémon et de Baucis ?"
La Principauté de Baba, article VI, Histoire du Kurdistan, R.P. Giuseppe Campanile.
(Institut Kurde de Paris, 106 rue Lafayette, Paris 10°, métro Poissonière, Gare du Nord, Gare de l'Est ; entrée libre).
Storia della Regione del Kurdistan a été publiée pour la première fois à Naples, en 1808. Son auteur, Giuseppe Campanile, un père dominicain, avait été envoyé en mission au Kurdistan en 1802 et il exerça les fonctions de Préfet apostolique pour la Mésopotamie et le Kurdistan jusqu'en 1815. En 1953, un autre père dominicain, le grand kurdologue Thomas Bois traduisit son essai de l'italien, mais il mourut avant d'avoir achevé et publié sa traduction. Après la saisie et la relecture du tapuscrit, ainsi que quelques corrections et ajouts de notes, la traduction du père Thomas Bois paraît enfin dans son intégralité.
Comme le fait remarquer lui-même le père Thomas Bois dans sa préface, c'est moins une "Histoire du Kurdistan" à proprement parler qu'une description sur le terrain, très complète, très vivante et très partisane, des régions kurdes du début du 19° siècle sous l'Empire ottoman. c'est aussi le premier essai d'un Européen consacré entièrement au Kurdistan. Jusqu'ici les voyageurs qui n'y faisaient que passer ne donnaient que quelques noms d'étape et quelques informations, souvent erronées ou confuses, de la bouche de guides parfois hostiles aux Kurdes. Mais parlant arabe, et exerçant aussi la médecine, le père Campanile put entrer en contact étroit avec les princes kurdes et les pachas, et dresser un tableau assez complet des principautés et tribus kurdes. Il décrit aussi avec soin les différents cultes du Kurdistan, musulmans et chrétiens, mais aussi yézidis et sabéens, en nous donnant de précieuses indications sur ces deux derniers groupes, vivant en marge de l'Empire ottoman, quand ce n'était pas en rébellion ouverte.
Sa vision du Kurdistan, loin d'être tolérante, est celle d'un ecclésiastique né à la fin du 18° siècle, un homme épris de culture classique, donc, et son indignation devant certaines pratiques de gouvernement ottomanes, ou superstitions villageoises, ou ce qui pour lui relèvent de l'hérésie religieuse, est parfois comique, dans son outrance. Mais sa curiosité, tant scientifique qu'historique, lui permet d'accumuler nombre d'observations sur la faune, la flore, les coutumes du pays, ses vestiges archéologiques. Il détaille aussi avec une certaine acuité les rapports de force entre les pachas ottomans et les princes kurdes, souvent plus puissants que les fonctionnaires officiels.
Il conclut son récit par un chapitre intitulé Importance politique, militaire, et commerciale du Kurdistan où il explique de façon prémonitoire l'importance économique et stratégique que cette partie du monde, encore peu connu des Européens, pouvait revêtir dans la géostratégie du Moyen-Orient.
"Leurs demeures ne sont rien d'autres que des jardins fleuris où l'on voit le saule, le figuier et le grenadier s'élever et s'étendre sur els terrasses peu élevées. le ruisseau qui murmure, en courant de-ci de-là, forme ici un étang ensoleillé, puis cache à travers des plants touffus et des fleurs variées une fraîche baignoire odoriférante ; de là, il jaillit en une source limpide, étanche délicieusement la soif des gosiers altérés et manifeste ainsi sa pureté native. De là, en serpentant parmi les herbes aromatiques, il donne au doux zéphyr un parfum réconfortant. La simplicité des édifices, le sol herbeux parfumé, le toit bas de roseaux tressés avec art ; les vases ou de bois rustiques ou de calebasse sèches aux formes multiples ; les corbeilles de jonc artistement entrelacés qui pendent au mur : qui ne dirait que tout cela a été hérité des heureuses chaumières de Philémon et de Baucis ?"
La Principauté de Baba, article VI, Histoire du Kurdistan, R.P. Giuseppe Campanile.
Commentaires
Enregistrer un commentaire