Ahlat
18 h. Je résume les aventures des derniers James Bond lancés à nos trousses : en sortant de la pasta, deux keufs de Bitlis nous ont suivis jusqu'à l'hôtel où nous avons repris nos bagages. Roxane leur a rendu le cable de dérivation qu'ils avaient fixé à notre téléphone (air piteux). A la station de dolmush un flic a ostensiblement demandé au chauffeur de l'avertir que nous allions bien à Tatvan. Le chauffeur, un Kurde, n'a pas fait de zèle. A Tatvan, il nous a demandé si nous allions bien à Ahlat, et nous a indiqué un groupe de dolmush sans vérifier dans lequel nous montions. De toutes façons, nous allions VRAIMENT à Ahlat (Chef, c'est louche...).Ahlat. Ancienne capitale mongole, où l'on battait monnaie pour tout l'empire d'Iran. La moitié de la vieille ville a disparu sous le lac. Beaucoup de tombeaux mongols et postérieurs, très iraniens. Les Kurdes parlent kurde. Il y a beaucoup de têtes rondes et de yeux très bleus. Le chauffeur passe des cassettes kurdes, dont une chanson sur Mercan. Mon keffieh a été là aussi très favorablement accueillie par de jeunes patriotes.Ahlat est une ville tres verte, avec une chaleur modérée des plus agréables.Tout ici est habité par le lac, comme une mer habite un pays. Un bleu incroyable, comme celui des mers boréales. Mais quand il pleut, des eaux noires, sombres. Bref ce lac donne selon le temps sa couleur à tout le paysage. Le jardin de l'hôtel a des roses anciennes, très belles, hélas sans parfum. Et les tombeaux qui fleurissent en pleine nature, simples au milieu des vergers. Il y a aussi ce bruit de ressac incessant que l'on entend de la chambre parce que le balcon donne sur le lac. Son arche de pierre rouge lui donne l'allure d'une porte de Mycènes, ce pourrait être la Méditerranée derriere, mais avec un étrange paysage de hautes montagnes. Beaucoup de grillons. Je ne me sens pas au Kurdistan ici mais si c'est cela l'Arménie j'y resterais bien toujours. Parfois un vent fou, un orage qui tourne au-dessus du lac et éclaire le soir et la nuit.
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