Conférence-signature

Le 16 février à 16 h, Nahal Tajadod présentera et signera Passeport à l'iranienne à l'Institut kurde de Paris, 106 rue Lafayette, 75010 Paris.

"Pour faire renouveler le passeport d'une femme, tout un peuple se mobilise. Et la vraie vie de Téhéran nous est soudain révélée, sous le regard aigu du rire : deux photographes spécialistes de portraits islamiques, un médecin légiste qui troque des organes, une maquerelle qui veut envoyer des filles à Dubaï, une grand-mère qui offre une poule vivante à un militaire implacable, un technicien qui cache une parabole TV dans une marmite d'offrandes religieuses... Il y a là toute une énumération qui a la fantaisie et la générosité désordonnée des bazars orientaux où le rituel du târof - qui consiste à d'abord refuser tout paiement - est infiniment plus vivant et précieux que la loi du talion, où Hâfez côtoie Balzac avec un même appétit de vivre. Voilà l'Iran surprenant que nous fait découvrir Nahal Tajadod avec espièglerie et humour, et surtout avec l'immense tendresse d'une femme qui aime passionnément son pays et refuse l'image qu'on offre de lui.

Nahal Tajadod est née en Iran. Elle descend d'une famille liée à l'histoire de son pays. Elle vient vivre à Paris en 1977, étudie le chinois et travaille sur les relations entre l'Iran et la Chine. Elle a publié en 2005 Rumî le brûlé, une superbe biographie du grand poète persan."

Incipit

"Samedi- Je suis née ici, je connais Téhéran, j'y ai de la famille et des amis. Bientôt, je devrai repartir pour Paris, où je vis. Mon billet de retour, sur Iran-Air, est prêt. Juste un petit souci, presque rien ; je dois renouveler mon passeport iranien.

J'ai l'habitude. D'ordinaire, cela prend trois jours. J'ai dix jours devant moi : c'est plus qu'il n'en faut."


Dans son récit très drôle, affectueux et caustique sur les aléas présents de la vie irannienne, on rencontre quelques notes sur les Kurdes. Ainsi, qu'ils portent tous une "moustache épaise, à la Staline". Mais aussi qu'ils ont une démarche particulière, ce qui est bien vu et frappant surtout chez les vieillards. On a l'impression que plus ils sont âgés, plus ils adoptent une posture d'empereur. Et c'est encore plus vrai chez les villageois (gundî) que chez les citadins.

"M. Eskandari resdescend au rez-de-chaussée. Sa démarche, comme celle de tous les Kurdes, est droite et même hautaine. Elle n'a rien à voir avec celle des autres habitants de l'Iran. Ma mère était d'origine kurde et, malgré sa petite taille, elle fendait l'air comme un colosse."

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