La guerre des couleurs

Dans les années 90 et au début de 2000, on avait vu en Turquie quelques initiatives assez gratinées pour rééduquer les têtes kurdes et éradiquer toutes ces vilaines idées séparatistes qui semblaient les habiter... Ainsi on tenta un temps d'interdire les feux tricolores, qui rappelaient trop le drapeau du Kurdistan, dans les provinces kurdes, en essayant de les remplacer par des lampes bleues, des fois que ça mette la population dans de meilleurs dispositions politiques.... De même, en 2000, le ministre turc de l’Education nationale, Metin Bostancioglu, avait demandé à ce qu'un livre scolaire de mathématique bannisse les lettres p et k de ses équations, en les faisant remplacer par des e, des g, des f, après qu'un député DYP, Saffet Arikan Beduk, encore une lumière de la République, l'ait interpellé : " " Considérez-vous que cela soit approprié pour nos enfants d’écrire de leur propre stylo ces lettres, qui conduit à penser au PKK ? " Cela dit, avec la valse des noms qu'a connu un moment le PKK, plus celle des partis kurdes fermés et rouverts illico, on aurait fini par manquer de lettres inoffensives dans les manuels des écoliers.

De nos jours c'est ne pas sh'abiller en rouge et blanc qui va finir par devenir suspect... Le Congrès du DTP vient d'ouvrir dans une période dont le moins qu'on puisse dire est qu'elle est houleuse. Alors que la Turquie semble gagnée par une vague rouge où c'est à qui accrochera le plus de drapeaux nationaux, Milliyet relève, offensé, que les Kurdes de ce parti n'ont pas jugé bon, eux, de se mettre à la bichromie rouge-blanc, et comble de mauvais esprit, n'ont même pas accroché un portrait de Kemal Atatürk dans la salle, histoire que les mânes de l'auguste fondateur de la République veille sur des "citoyens turcs" qui ne semble guère lui vouer un culte délirant, on se demande pourquoi...




'Stupidity, however, is not necessarily a inherent trait.'
Albert Rosenfield.

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