Ovacik

Suleyman a reçu un coup de téléphone de son père, hier. Un de ses amis a été arrêté. Il a peur qu'il donne son nom. Il lui avait gardé une dizaine de livres interdits, chez lui, dans plusieurs langues. Suleyman espère que son père aura le temps de les brûler. Je lui ai demandé s'il pense que son ami parlera. Il a dit qu'il est impossible de tenir sous la torture. Que lui, sorti de sa garde-à-vue, était resté des jours "comme un bébé", sans pouvoir bouger ni parler. Son frère le portait aux toilettes. Il m'a parlée de pendaison palestinienne. Sur sa main gauche, il porte des marques de brûlures par cigarettes. 6, 8, peut-être 10 traces.

Dans tout cela, l'étonnant n'est pas de se taire sous la torture (autant dire quelque chose, un peu, pour qu'ils vous lâchent) mais de recommencer à travailler après. Je lui ai demandé de dire à son père ou à des amis de nous prévenir s'il lui arrivait quelque chose.

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