Journal d'une exposition

Une vieille dame entre, regarde la salle et m'explique qu'elle vient de l'autre exposition (Depardon) mais qu'elle a été opérée récemment des yeux et que c'était trop sombre, elle ne voyait pas bien. "Alors ils m'ont dit de venir ici. Et ils ont raison c'est mieux, avec toutes ces fenêtres..."

Plus tard, juste avant de ressortir, elle revient vers moi : " Votre petit cinéma était très bien. J'ai beaucoup aimé. La musique était forte, ça m'a fait sursauter, mais j'ai bien aimé... Vous savez, je vais pas vous raconter ma vie, mais je suis née ici. A l'Hôtel-Dieu. Et vous ne me croirez pas mais je n'étais jamais venue ici. C'est la première fois.

ça me fait sourire. L'exposition voulait faire découvrir les Kurdes aux Parisiens, mais pourquoi les Kurdes ne feraient-ils pas découvrir Paris à ses habitants ?

- Et ils paraient qu'ils vont tout changer à l'Hôtel-Dieu. Y mettre le Palais de Justice, qui est trop petit. Je ne verrai pas mon berceau.

***

L'intoxication des esprits par le fanatisme anti-américain et/ou le pacifisme à tous prix mène à entendre des réflexions gratinées. Une femme me dit "Pauvres Kurdes..." Puis ajoute : "Mais maintenant, nous pouvons dire aussi "pauvres Irakiens", vous ne pensez pas ?" C'est le maintenant qui vaut son pesant de cacahuètes. Parce qu'avant, les Irakiens nageaient dans le bonheur et la félicité. Mais maintenant, nous pouvons nous soucier d'eux.

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