samedi, octobre 25, 2014

Chroniques de massacres annoncés : Les Assyro-Chaldéens d'Iran et du Hakkari face aux ambitions des empires (1896-1920)


Chroniques de massacres annoncés : Les Assyro-Chaldéens d'Iran et du Hakkari face aux ambitions des empires (1896-1920)




Présentation :
Les années 1915 et 1918 marquent l'histoire des chrétiens assyro-chaldéens et arméniens de l'Est de la Turquie et de l'Iran de dates tragiques. 
Ce livre retrace les événements, mais aussi les conditions qui ont abouti aux massacres. Il explore la lente montée de la violence, du Caucase à l'Anatolie orientale, et les tentatives des chrétiens pour la conjurer. Il s'attarde sur la faiblesse des gouvernants iraniens, sur l'arrivée au pouvoir des Jeunes Turcs et sur les revendications nationalistes qui fragilisèrent la coexistence des populations composant la mosaïque ethnique de la région. Il dénonce les agressions des empires ottoman, britannique et russe et les traités inéquitables générateurs de frustrations. 
En 1914 les Assyro-Chaldéens étaient debout. Mais l'entrée en guerre de l'Empire ottoman aux côtés de la Triple-Alliance plaça le patriarche de l'Église d'Orient et les tribus assyriennes du Hakkari devant un terrible dilemme. La décision patriarcale d'engager les tribus aux côtés des Russes, au moment où les « Organisations spéciales » ottomanes mettaient en action un plan d'élimination des chrétiens dans la région, précipita les tribus dans un exode qui se commua en exil. 
La barbarie des massacres (seyfo/saypa) de 1915 de part et d'autre de la frontière irano-turque mit fin aux anciennes solidarités tribales entre Assyriens et Kurdes ottomans ; les massacres perpétrés de nouveau en 1918 et 1919 dans la région d'Ourmia hantent aujourd'hui encore la mémoire des Assyro-Chaldéens ; ils firent vaciller la complicité des populations d'Azerbaïdjan, sans parvenir à la briser totalement. 
Alors que la présence assyrienne a disparu au Hakkari, les Iraniens d'Ourmia et de Salmas, musulmans et chrétiens, ont su retrouver au cours des années 1920 les clés d'une vie commune. La beauté des chants et des liturgies de langue syriaque emplit de nouveau les églises de la région.
Sommaire à consulter ou télécharger ici. Collection : Cahiers d'études syriaques
Parution : 2014
ISBN 13 : 9782705339012
Pages : 710
Format (mm) : 158x240
Poids : 1000g
Illustrations : Nombreuses figures et cartes en N&B


mardi, octobre 14, 2014

Tous veulent sauver Kobanî… aucun de la même façon

 par le Karîkaturîst Yahya Silo


Le 10 août ont eu lieu les élections présidentielles turques, qui se tenaient pour la première fois au suffrage universel. Le Premier Ministre Recep Tayyip Erdoğan était candidat pour l’AKP à la succession d’Abdullah Gül, lui-même issu de ce parti. Sans surprise, il a été élu au premier tour, avec 51.79% des voix, face à son principal adversaire, Ekmeleddin Ihsanoğlu, ancien secrétaire de l’Organisation de coopération islamique, à la tête d’une coalition improbable de 13 partis, allant de mouvements religieux au très laïque CHP et jusqu’au parti d’extrême-droite, le MHP, qui n’a remporté que 38.44%, entérinant la déroute d’une opposition turque totalement morcelée et qui peine à trouver un électorat face à la « machine à gagner les élections » qu’est l’AKP depuis 2002. Le troisième candidat, l’avocat kurde Selahattin Demirtaş, se présentait à la tête du Parti démocratique des peuples (HDP), un parti pro-minorités et féministe, ayant formé une alliance avec le parti kurde du BDP lors des municipales de mars 2014, avec qui il a fusionné depuis avril dernier.

Après l’élection d‘Erdoğan, son ancien ministre des Affaires étrangères, Ahmet Davutoğlu, a été élu à la tête de l’AKP, le 21 août et nommé Premier Ministre le 28 août, pour former le 62ème cabinet de la République, qui a prêté serment le 29 août. Ce gouvernement devrait rester en place jusqu’aux prochaines élections législatives de 2015. Aux Affaires étrangères, Ahmet Davutoğlu est remplacé par Mevlut Çavusoğlu, qui a surtout une expérience au sein de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe. 

À peine formé, ce nouveau cabinet a dû enfin réagir à deux crises internationales opposant l’État islamique à ses voisins kurdes, l’un, théoriquement allié – le Kurdistan d’Irak – et l’autre, le PYD, encore ennemi, malgré un processus de paix incertain et poussif avec le parti « Grand Frère », le PKK de Turquie.

Lors de la menace des djihadistes contre les Kurdes d’Irak, la Turquie a réussi à se faire remarquablement discrète et inactive, alors que les USA, la France et l’Union européenne se mobilisaient, en un temps finalement record, pour armer les Kurdes et frapper l’État islamique. L’immobilisme de la Turquie et sa passivité toute aussi grande devant l’afflux incessant de candidats au Djihad, venant du monde entier pour se rallier au Calife, en Syrie ou en Irak, ont fortement mécontenté Erbil, et renforcé, dans les milieux politiques du Kurdistan, le camp des pro-Iran, au détriment de ceux qui penchent pour une alliance kurdo-turque.

Mais lorsque l’État islamique, après les frappes de Mossoul et celles de Raqqa, a reporté une grande partie de ses efforts militaires pour faire tomber le « canton » PYD de Kobanî, et que des milliers de réfugiés kurdes syriens se sont rués à la frontière turque, le front de la Grande Guerre des Kurdes a bien fini par concerner Ankara.

Les réfugiés de Kobanî ont d’abord trouvé cette frontière fermée, et une centaine de manifestants kurdes de Turquie, venant protester sur place contre cette fermeture, a été dispersée par les forces de l’ordre, à l’aide de gaz lacrymogènes et de canons à eau. Mais assez rapidement, la Turquie a ouvert ses portes, et quelques dizaines de milliers de Kurdes sont venus s’ajouter au million et demi de fugitifs syriens sur son sol. 

Les manifestations des Kurdes de Turquie se sont multipliées, ainsi que les accrochages avec les forces de l’ordre, qui les empêchaient de partir se battre en Syrie. Dans le même temps, des Kurdes venus de Kobanî, ayant passé la frontière pour mettre à l’abri leur famille, ont souhaité revenir pour reprendre leur place au front. La « porosité » que l’on prête à la frontière turque, quand il s’agit du passage des djihadistes internationaux venant gonfler les rangs de l’EI, a été alors largement brocardée, en l’opposant à l’étanchéité qu’on lui prête, quand il s’agit du passage des combattants kurdes. Cette accusation du deux poids, deux mesures a été renforcée avec la libération, le 21 septembre, des 49 diplomates turcs et leurs familles, retenus en otage par l’EI depuis la prise de Mossoul en juin dernier. Alors que les otages occidentaux, arabes et kurdes sont menacés de morts (et exécutés, pour quelques-uns), cette libération soudaine a évidemment été vue comme l’issue de négociations en sous-main et d’accord de non-agression, voire d’une collaboration occulte, selon les Kurdes. Le président Recep Tayyip Erdoğan s’est refusé à toute explication détaillée sur les modalités de cette libération, tout en niant le paiement d’une rançon, ou d’une quelconque promesse politique, mais arguant du secret nécessaire autour de ce genre d’opération habituel : 
« Il y a des choses dont on ne peut pas parler. Diriger un État n’est pas comme diriger une épicerie. Nous devons protéger nos affaires sensibles ; si vous ne le faites pas, il y aurait un prix à payer. » 
Malgré cette réticence à lever le voile sur les « affaires sensibles » de la Turquie, la presse turque et étrangère a glosé abondamment sur les dessous cachés de cette libération, et le journal Taraf, daté sur 3 octobre, évoquait un échange des 49 otages contre 180 djihadistes, ce qu’Erdoğan n’a pas pris la peine de nier, sur le ton de « et quand bien même, où serait le problème ? »

Ces 180 combattants de l'EI auraient été blessés, évacués et soignés dans des hôpitaux turcs, ce qui n’est pas une révélation, même des YPG sont soignés dans des hôpitaux turcs, comme l’avait établi un reportage de F. Geerdink publié dans The Independant (28 septembre). Mais s’agissant de ces combattants, les USA avaient, selon Taraf, demandé à Ankara de ne pas les relâcher une fois sur pied, alors que l'EI en faisait la demande pressante. Finalement, ces 180 djihadistes convalescents auraient été rassemblés à Van, d’où ils auraient ensuite été convoyés ensemble et remis à EI.

Aux premiers jours d’octobre, les combattants de l’EI s’emparaient de la totalité des villages du canton de Kobanî, hormis la ville, assiégée depuis bientôt un mois. Quand l'EI put faire flotter son drapeau dans un des quartiers de la ville (qu’il contrôle maintenant à environ 60%), des manifestations ont été organisées dans toute la Turquie, et d’abord dans les grandes villes kurdes de Diyarbakir, Mardin, Siirt, Batman, Muş, par les Kurdes, à l’appel du HDP-BDP kurde, pour protester contre le blocage des combattants empêchés d’aller porter secours à Kobanî. La violence habituelle des affrontements avec la police s’est doublée d’affrontement avec le Huda-Par, ce petit parti kurde pro-Hezbollah. Le couvre-feu a été imposé et des vols domestiques annulés, tandis que le nombre des victimes s’élevait à une vingtaine de morts.

Pour sa part, Abdullah Öcalan, qui est, après tout, le leader de tous les combattants YPG comme PKK, a appelé à la mobilisation de « tous les Kurdes » contre l’État islamique (les commandants militaires du PKK, eux, n’avaient d'abord appelé qu’au ralliement des Kurdes de Turquie), mais sans préciser la teneur de cette « résistance », critiquant la Turquie pour ses négociations avec l’EI, alors qu’elle a échoué dans ses négociations pour la résolution de la question kurde. Mais il n’a pas déclaré, au contraire de son commandant Murat Karayilan, que le processus de paix était déjà « mort » (cette différence de ton est routinière, dans les temps de crise entre l’AKP et le PKK ; Murat Karayilan ou Cemil Bayik enterrent verbalement les négociations ,tout en ajoutant qu’Öcalan aura le « dernier mot » dans les prises de décision). Le leader du PKK a donné à la Turquie la date limite du 15 octobre pour changer sa politique à l’égard de l’EI et du PYD. 

Sans attendre cet ultimatum, le processus de paix avait commencé d’être écorné quand, le 26 septembre, trois policiers turcs ont été tués dans une embuscade, dans la région de Bitlis, attaque désavouée il y a peu par le PKK.  Mais trois jours avant la fin de l’ultimatum d’Öcalan, le chef militaire du PKK, Cemil Bayik a révélé que la politique turque envers le Kurdistan de Syrie avait abouti à un retour en Turquie des combattants du PKK, qui s’étaient partiellement retirés depuis l’amorce, en 2013, du processus de paix. La réponse du gouvernement turc a été, deux jours plus tard, de bombarder des bases du PKK près de Hakkari et Dersim, en représailles, selon l’armée, à une attaque à la grenade du poste militaire de Dağlica. 

Mais enterrer tout de suite le processus de paix entre Öcalan et la Turquie serait imprudent car ce n’est pas la première fois, loin s’en faut, qu’Öcalan lance un ultimatum, que Cemil Bayik menace, et que, finalement, le premier concède une « chance supplémentaire » à la Turquie pour conclure la paix. C’est même le scénario habituel. Dès le 11 octobre, d'ailleurs, le HDP a appelé ses propres supporters au calme tandis que Selahattin Demirtaş et Cemil Bayik désapprouvait publiquement l’incendie des écoles incendiées… ainsi que celui des statues d’Atatürk et des drapeaux turcs. La manifestation de ce jour, à Diyarbakir, même après les frappes turques contre le PKK, n'a, pour le moment, déclenché aucune émeute.

En ce qui concerne la politique extérieure-intérieure de la Turquie envers l'EI et le PYD-PKK, elle ne semble « incohérente » qu’à une coalition internationale qui, selon le principe de la « paille et la poutre » refuse de voir ses propres contradictions, en Syrie et en Irak, par rapport à celles du terrain kurdo-turc. Suivant en cela Recep Tayyip Erdogan, la France, un des principaux acteurs occidentaux de la lutte contre l'EI, a d'abord approuvé le souhait d’Ankara d’une « zone-tampon » entre la frontière turque et syrienne, comme François Hollande l’a déclaré dans un communiqué officiel, après s’être entretenu par téléphone avec son homologue turc. Il a fait état d'une « pleine convergence de vues » avec le chef de l’État turc, 

« sur la nécessité d’aider l’opposition syrienne modérée en lutte à la fois contre Daech et contre le régime de Bachar Al Assad. Le président de la République a insisté sur la nécessité d’éviter le massacre des populations au nord de la Syrie. Il a apporté son soutien à l’idée avancée par le président Erdogan de créer une zone tampon entre la Syrie et la Turquie pour accueillir et protéger les personnes déplacées. »

Mais cette idée franco-turque d’une zone-tampon s’est immédiatement heurtée à deux oppositions : celle des USA, et celle du PKK, ce dernier voyant évidemment d’un très mauvais œil les troupes turques s’implanter dans un de ses trois fiefs (même s’il est peu probable que tout le canton puisse être débarrassé rapidement des djihadistes) et l’y évincer. À cet égard, même une force internationale, analogue à celle qui s’est déployée au Kurdistan d’Irak, en 1991, ne ferait pas son affaire. 

Quant aux États-Unis, leur « absence de stratégie » (de l’aveu même d’Obama) contre l’EI se traduit surtout par une liste de ce qu’ils ne souhaitent pas faire, plutôt que faire, et la zone-tampon a été ainsi qualifiée de « pas à l’ordre du jour  pour le moment » , un camouflet de plus à la France, à chaque fois qu’elle émet un vœu dans les affaires syriennes.

Dans une conférence de presse donnée au Caire, en présence du ministre des Affaires étrangères égyptien, le 12 octobre, John Kerry, répondant à une question de Brad Klapper (Associated Press) sur le danger de massacres pesant sur la province irakienne d’Anbar et la ville de Kobanî, s’est dit « très soucieux » de la situation de cette dernière, situation qu’il suit « attentivement » alors que les frappes aériennes se sont accrues. John Kerry a précisé s’être entretenu personnellement à ce sujet avec Massoud Barzani, le président kurde, et Ahmet Davutoglu, le Premier Ministre turc, ainsi qu’avec les autres partenaires de la Coalition, avant de faire part, sans ambages, des priorités américaines :
« …Kobanî ne définit pas la stratégie de la coalition par rapport à Daesh. Kobanî est une communauté, et ce qui se passe est une tragédie, et nous ne la minimisons pas, mais nous l’avons dit dès le premier jour, il va falloir du temps pour amener la coalition à s’atteler à fond afin de redresser le moral et la capacité de l’armée irakienne, à d’abord se concentrer là où nous voulons nous concentrer en premier, c’est-à-dire en Irak, tandis que nous endommageons et éliminons certains des centres de contrôle et de commandement, et des centres de vivres, d’entraînement d’EI en Syrie. C’est notre stratégie actuelle. »
John Kerry a conclu que c’était d’abord aux Irakiens de se battre et de reprendre Anbar, mais n'a pas précisé à qui revenait le soin de défendre Kobanî, qui, de fait, dans l’esprit américain, n’est qu’un point mineur de l’offensive contre Daesh, dont le centre névralgique se trouve à Raqqa.

À qui doit donc échoir de repousser Daesh à Kobanî ? Même si son parlement a voté l’accord pour une action militaire en Syrie et en Irak, la Turquie elle-même n’est certainement pas très chaude pour s’engager directement contre l’EI (avec qui, comme le Kurdistan d’Irak, elle partage une longue frontière), sachant en plus que les combattants kurdes qui s’y trouvent encore n’ont pas l’intention de l’accueillir à bras ouverts. Plus logiquement, comme l’en accusent les Kurdes, il serait avantageux pour elle de laisser la ville tomber aux mains des djihadistes, qui en élimineraient les forces kurdes, avant de passer éventuellement à l’assaut contre l’EI (faisant une pierre deux coups) ; mais même débarrassés des YPG, les Turcs ne sont pas forcément très enclins à se lancer seuls à Kobanî, dans une guerre qui ne serait pas, dans l’opinion publique turque, aussi populaire que celle menée contre les Kurdes. Mevlut Çavusoğlu, le nouveau ministre turc des Affaires étrangères, a ainsi déclaré, le 9 octobre, qu’il n’était pas « réaliste d'attendre de la Turquie qu'elle mène toute seule une opération terrestre », après avoir rencontré le secrétaire général de l'OTAN Jens Stoltenberg tout en convenant que « toutes les autres opérations militaires (en plus des frappes aériennes), y compris une opération terrestre, doivent être envisagées. »

Car les interventions uniquement aériennes et la politique du « zéro homme sur le champ de bataille », voulues par les USA, la France, la Grande-Bretagne, et tout le reste de la coalition, permettent largement à la Turquie de rester dans le non-interventionnisme, refusant de tirer les marrons du feu à l’avantage du régime syrien ou du PKK, alors que personne d'autre ne bouge.

De son côté, que demandent le PYD et le PKK ? Pas d’intervention militaire de qui que ce soit (ce qui serait les déposséder de leur mainmise sur les régions kurdes de Syrie), mais l’ouverture d’un « corridor », qui leur permettrait de laisser passer leurs combattants venus de Turquie et du Kurdistan d’Irak, ainsi que faire transiter des armes : encerclée sur trois côtés par l'EI et acculée contre la frontière turque, Kobanî ne peut, en effet, recevoir une aide conséquente que via le grand ennemi voisin du nord.  

Cette demande de corridor a été appuyée par l’ONU, d’abord par Ban Ki-Moon et puis par Staffan de Mistura, et enfin par le président François Hollande, qui ne parle plus, dans ses dernières positions, de zone-tampon, même si Laurent Fabius, son ministre des Affaires étrangères a répété, sur un ton plus mesuré, que la France n'y était pas « hostile ». Il y a quelques jours, Salih Muslim, le co-président du PYD, rencontrait le chef des services secrets turcs, Hakan Fidan (en charge des négociations avec Öcalan sur le processus de paix) et dans une interview donnée à Firat News, il se plaignait que la Turquie lui avait assuré qu’un tel corridor serait ouvert, sans avoir tenu ses promesses. Il n’a, par contre, pas soufflé mot de la « contre-partie » qu’a dû très certainement exigée Ankara, peut-être celle de laisser tomber le camp du Baath et de rallier la Coalition nationale syrienne (même si le Conseil national kurde vient juste d’en démissionner pour protester contre l’abandon de Kobanî). 

En visite en France, Mevlut Çavusoglu a jugé, sur France 24, que ce corridor était « irréaliste ». Il a aussi critiqué la stratégie américaine, disant qu’espérer éliminer l'EI uniquement avec des frappes aériennes était comme vouloir « tuer des moustiques un par un », au lieu d’éradiquer les racines de la situation, c’est-à-dire le Baath. 


Au final, pas un seul des protagonistes combattant actuellement l’EI ne souhaite la même chose, et tous s’empêchent mutuellement d'agir, en raison de leurs programmes contradictoires. Les USA veulent continuer de bombarder sur le long terme, en espérant affaiblir Daesh, afin que les armées irakiennes, syriennes (de l’opposition) et kurdes en viennent à bout ; la Turquie et la France souhaitent que cette guerre contre l'EI comprenne aussi la chute de Bachar Al Assad, chute laissée quelque peu de côté par les USA ; la Turquie souhaite tout autant se débarrasser du Baath sur ses frontières que du PYD, avec l’espoir que l’EI lui mâche la besogne, mais peut accepter de laisser opérer (et entraîner) à partir de son sol des forces l'Armée syrienne de Libération  (source AP), alors que le PKK-PYD veut à tout prix éviter une intervention turque, syrienne, voire kurde autre que les YPG, dans ce qu’il reste de ses cantons, mais sans parvenir à établir, par delà la frontière turque, des alliances qui seraient efficaces sur le terrain.


vendredi, octobre 10, 2014

Kurdistan, Kawergosk : "Le temps perdu"



Samedi 11 octobre à 18 h 35 sur ARTE : Le temps perdu, documentaire de Pierre Schoeller :


"Cela faisait à peine quelques semaines que le camp de Kawergosk était installé lorsque Pierre Schoeller s’est retrouvé debout au milieu de ses allées pleines de boue, battues par les vents. Le réalisateur n’était pas là pour tourner une fiction mais un documentaire – son premier - sur le quotidien des réfugiés kurdes qui ont fui la Syrie. Il a choisi la voie du réel en confiant des caméras à quelques réfugiés, qui ont filmé de façon brute leurs jours et leurs nuits. 
Des hommes, des femmes, des enfants devenus malgré eux des vagabonds de l’Histoire. Rien à voir avec les personnages qu’il dépeint dans son film "Versailles" (2008), rien à voir non plus avec les hommes ivres de pouvoir de "L’Exercice de l’État" et pourtant… On retrouve dans "Le temps perdu" la tendresse que Pierre Schoeller peut avoir pour ses héros. Il nous livre ici d’attachantes scènes du quotidien, de poignants témoignages, tout en dévoilant la dignité avec laquelle les habitants du camp de Kawergosk affrontent la situation."
À lire sur Télérama, Que sont devenus les réfugiés syriens filmés par Pierre Schoeller ?

Dimanche 12 octobre à 9 h 10 sur France Inter : Le Kurdistan irakien, pas encore un pays, mais presque, reportage d'Éric Biégala. Interception, P. Dervieux et D. Thompson.


mardi, octobre 07, 2014

Hayder Al-Abadi, 65ème Premier Ministre, sauvera-t-il l'Irak ?



Malgré des pressions internationales et nationales quasi-unanimes pour inciter le Premier Ministre irakien, Nouri Maliki, à ne pas exercer de troisième mandat, ce dernier campait sur ses positions depuis avril, arguant du droit « constitutionnel » à être reconduit dans ses fonctions, en raison de la victoire aux législatives de sa liste, État de droit. Mais la politique de Nouri Maliki lui ayant aliéné une large majorité des Irakiens, même les chiites, et étant jugé  responsable du désastre de Mossoul et de l’actuelle situation irakienne, plus aucun soutien politique sérieux ne pouvait plaider en sa faveur, sauf une fraction assez minoritaire au sein de son bloc parlementaire, État de droit.

Les chiites ont tenté, durant plusieurs semaines, de trouver une alternative à Nouri Maliki, qui serait acceptée par les arabes sunnites et les Kurdes, ces deux groupes étant en rupture avec Bagdad. Il fallait d’abord faire consensus au sein de leur coalition, et persuader le Premier Ministre de céder la place.

Entre temps, le président irakien a été élu le 24 juillet : le kurde Fouad Massoum avait, selon la constitution, 15 jours à partir de son élection pour choisir un Premier Ministre qui formerait son gouvernement soumis au vote du Parlement. Dès sa prise de fonction, Fuad Massoum avait d’abord indiqué que le 7 août serait une ligne rouge à ne pas dépasser, avant de rallonger ce délai jusqu’au 10. Finalement, devant les difficultés, l’assemblée nationale irakienne prolongea encore la nomination au 19 août, les négociations n’étant pas « achevées ». 

Quand Fouad Massoun réunit l’Alliance nationale, la principale coalition parlementaire après celle de Maliki, afin de se mettre d’accord sur un nom, on put remarquer la présence de membres d'État de droit, ce qui montrait que le parti du Premier Ministre ne soutenait plus unanimement son leader. Dans le même temps, le compte twitter officiel d’État de droit, publiait plusieurs avertissements s’opposant à tout « recours à la violence », ces allusions visant clairement Maliki, toujours à la tête de la Défense, des forces de sécurité et de l’armée, et qui était soupçonné d’avoir prévu un coup d’État pour garder son poste.

Nouri Maliki,  le 10 août, a déclaré son intention de porter plainte devant la Cour fédérale contre la présidence irakienne, maintenant assumée par Fouad Massoum, pour avoir violé la constitution sur deux points : 1/ avoir étendu le délai de 15 jours (jusqu’au 10 août) pour la désignation d’un Premier Ministre, lequel devait être la tête de la liste ayant remporté les législatives (lui-même, donc), et 2/ avoir à nouveau étendu ce délai (après le 10 août). Arguant, avec un certain aplomb, de la « situation dangereuse » dans laquelle se trouvait l’Irak face au danger d’EI et stigmatisant les politiciens « proches d’EI » (Maliki désigne volontiers ainsi tout opposant), le Premier Ministre a, très exactement 90 mn avant son intervention télévisée, soit à 22 h 30 GMT + 2, ordonné le déploiement des Forces de sécurité irakiennes et des Forces d’opération spéciale irakiennes pour « sécuriser » les entrées de Bagdad et la Zone verte, tout en bloquant un certain nombre de rues et de ponts à l’intérieur de la ville. Une source (anonyme) présente dans la Zone verte indiquait à la presse que les bâtiments de la Présidence étaient cernés par ces mêmes forces, mais cela a été démentie par d’autres sources, émanant de la Présidence, qui aurait en fait déployé ses propres gardes pour assurer sa sécurité.

La veille, le 9 août, une manifestation avait rassemblé au centre de Bagdad les supporters du Premier Ministre, qui avait aussi enjoint le grand Ayatollah Sistani (un de ses farouches adversaires) de ne pas « se mêler de politique » et ce message a été diffusé publiquement dans la manifestation.

Les Irakiens et les Kurdes ont immédiatement interprété ce déploiement de forces comme une menace de coup d’État. Les USA s’en sont aussi inquiétés et la porte-parole du Département d’État, Jen Psaki, a déclaré que son pays « rejetait tout effort de parvenir à ses fins par la coercition et la manipulation du processus constitutionnel et judiciaire », rappelant que Washington était prêt à « soutenir un nouveau gouvernement, inclusif » dans le combat contre EI. John Kerry alla même jusqu’à envisager une rupture du soutien international à l’Irak dans cette crise.

Alors même qu’un nouveau Premier Ministre, Hayder Al-Abadi, un chiite issu de la liste État de droit, a fini par être choisi, Nouri Maliki ne semblait toujours pas prêt à renoncer, en dépit du soutien des États-Unis et de l’Union européenne apporté à cette nomination, et le vote de 127 parlementaires dont presque la moitié de la liste État de droit (38) et 12 venant du bloc Mustaqilun, mené par Hussein Sharistani, qui fut pourtant le principal exécutant de la politique de Nouri Maliki contre les Kurdes en matière de gestion des ressources. Le reste du bloc État de droit s’est abstenu.

Nouri Maliki a commencé par refuser de reconnaître Hayder Al-Abadi comme son successeur, écrivant à la Cour fédérale que le bloc État de droit étant enregistré sous son nom, ses députés n’avaient pas le droit d’exprimer une position contraire à la sienne et qu’Al Abadi en tant que responsable de son parti, ne pouvait agir sans son autorisation.

Le 11 août, Nouri Maliki, de plus en plus désavoué, n'a pu rassembler autour de lui que 29 membres d’État de droit, quand il a donné une seconde allocution filmée, critiquant le caractère inconstitutionnel de son évincement. Cela n’empêcha pas le président Fouad Massoun de désigner enfin officiellement son Premier Ministre, dans une cérémonie officielle en présence de Hussein Al Sharistani, Al-Jafari (leader de l’Alliance irakienne), Baqir Jabur, (Alliance des citoyens ou Mowatin, une coalition religieuse chiite) Dhia Al Assad (sadriste) et un autre représentant d’une branche sadriste, Fadhila.

Les milices chiites irakiennes soutenues par l’Iran ont aussi retiré leur soutien à l’ancien Premier Ministre en le reportant sur Al-Abadi, ce qui indiquait une désaffection de Téhéran envers son principal « pion » politique sur le terrain bagdadi.

Mais cet isolement et ces désistements successifs n’ont pas empêché Nouri Maliki d’appeler ses supporters à manifester contre Al Abadi le 13 août. Cette fois, les rangs des manifestants s’étaient considérablement raréfiés.

Sur le plan international, les puissances occidentales comme les États voisins, dont l’Arabie saoudite et la Turquie, ont salué la nomination d’Al Abadi, qui a appelé le 12, jour de la cérémonie de sa désignation, à un « Irak unifié », tout en ménageant son prédécesseur, Nouri Maliki, dont il a loué « l’action contre le terrorisme ». Le lendemain, 13 août, plusieurs explosions mortelles secouaient Bagdad et Karbala, que cela vienne des cellules de l’EI ou de factions inconnues, qu’elles soient sunnites ou chiites, et une amélioration des conditions de sécurité les villes du sud semble incertaine.

Les Kurdes ont montré peu d’enthousiasme à se joindre au nouveau gouvernement et jusqu’au 8 septembre, l’incertitude a régné sur leur participation, alors qu’une ultime réunion avait lieu à Suleïmanieh, au siège du Gorran, entre les représentants des principaux partis kurdes, le PDK, l’UPK, et les deux partis islamiques, pour en décider : Nêçirvan Barzanî, le PM de la Région kurde, le secrétaire général adjoint de l’UPK, Kosrat Rassoul, le leader de Gorran, Nashirwan Mustafa, Mohammed Faradj, le secrétaire général adjoint de l’Union islamique du Kurdistan et le leader du Groupe islamique, Ali Baber. Selon le porte-parole de Gorran, le secrétaire d’État adjoint américain pour le Proche Orient Brett McGurk et le représentant des Nations Unies en Iraq, Nicklay Mladenov des États-Unis et de l’ONU étaient présents à cette rencontre. 

Le lendemain 9 septembre, alors que le Parlement irakien s’était déjà réuni pour approuver ou désavouer par vote le Premier Ministre, les députés kurdes attendaient encore à la cafétéria le feu vert de leurs leaders, et, arrivés un peu en retard, annoncèrent finalement la participation des Kurdes au futur gouvernement.

Hayder Al-Abadi a plaidé pour une résolution des conflits qui ont abouti à la partition de facto de l’Irak et a notamment assuré que son gouvernement était « déterminé à résoudre tous les problèmes en suspens avec le Gouvernement régional du Kurdistan ».

Le 8 septembre, Hayder Al-Abadi et son cabinet, composé de 24 ministres, étaient approuvés par le Parlement irakien. Seuls les postes de la Défense et de l’Intérieur n’ont pas  (encore) été pourvus, ce qui perpétue un peu l’ère Maliki, lequel assumait ces fonctions par interim depuis des années. Les trois vice-présidents choisis renouent aussi avec la tradition du « consensus » qui veut que tous les représentants des grandes factions soient représentées : Iyad Allawi, pour l’Alliance nationale irakienne, Osama Al-Nudjayfi, l’ancien président du Parlement, qui représente les sunnites et… Nouri Maliki, dont le rôle dans la crise irakienne ne sera finalement pas jugé et qui a peut-être négocié son ‘retrait sans effusion de sang’ en échange d’une fonction plus honorifique que politique mais qui lui permet de rester sur le banc de touche, sans sortir tout à fait du jeu irakien.

Au cabinet du Premier Ministre, trois vice-Premiers ministres : le Kurde Hoshyar Zebari, qui quitte ainsi son poste des Affaires étrangères, Saleh Al-Mutlaq, le leader sunnite du Front national irakien, et Baha Aradji, un sadriste.

Aux Finances c’est Roj Shaways, un Kurde du PDK, qui est nommé,  après avoir été vice-premier Ministre sous Jaffari et Maliki. La question du budget dû aux Kurdes par Bagdad étant le nerf de la guerre, cette nomination peut apparaître comme un geste envers les Kurdes. Aux Affaires étrangères, c’est un ancien Premier Ministre et ancien vice-président, Ibrahim Jaffari, porte-parole du Parti de Maliki.

Hussein Sharistani est relégué à l’Éducation nationale, ce qui peut laisser espérer une relance dans les négociations sur la gestion du pétrole kurde par le GRK.

Remplaçant Hussein Sharistani au ministère du Pétrole, Adi Abdul-Mahdi n’est pas « l’homme de Maliki » mais vient du Conseil islamique suprême d’Irak, un parti religieux chiite. C’est un économiste, ministre des Finances irakien en 2004 et 2005,  qui a la particularité d'avoir plus de liens avec la France que la Grande-Bretagne, puisqu’il a fait ses études en France, à partir de 1969, où il a travaillé pour plusieurs think tank françaises et a dirigé quelques revues franco-arabes. Le nouveau ministre du Pétrole peut amorcer une nouvelle politique, plus souple, rompant avec l’intransigeance du gouvernement Maliki-Sharistani sur cette question. Chiite, il n’appartient pas au part État de droit, mais est un haut responsable du Conseil suprême islamique, un parti religieux qui a toujours maintenu de bonnes relations avec les Kurdes et est considéré comme « un homme de dialogue » par ces derniers. 

Quant au Premier Ministre, Hayder Al-Abadi, il est né à Bagdad en 1952, où il a fait des études d’ingénieur, avant de partir à Manchester pour compléter son cursus. Membre du parti religieux chiite Al-Dawa dès 1967, il en occupe assez rapidement une position de leadership à la fin des années 70, notamment en tant que membre de l’exécutif, alors qu’il est à Londres, où il restera en exil jusqu’en 2003. En 1983, l’Irak lui confisque son passeport pour « conspiration contre le Parti Baath », et dans cette même décennie, trois de ses frères sont arrêtés pour appartenance à Dawa.

Revenu en Irak, il est ministre des Communications entre 2003 et 2004. Au début de 2005, il est conseiller auprès du Premier Ministre Iyad Allawi et à la fin de cette même année est élu au parlement, où il a présidé la commission de l'économie, de l'investissement et de la reconstruction, puis celle des finances. En juillet dernier, il a été élu vice-président du Parlement. Dès 2010, il avait été régulièrement mis en avant comme une alternative à Nouri Maliki, dont il est un des proches. Décrit comme un homme d’abord « ouvert, amical », il a la réputation d’être « accessible » ce qui peut trancher avec l’isolement et la défiance frôlant la paranoïa dans lequel s’est enfermé son prédécesseur, lui aliénant une bonne partie des milieux politiques irakiens et kurdes.

Mais dans un entretien avec le journal kurde Rudaw, daté du 10 septembre, le ministre des Affaires parlementaires du GRK, Mawlud Bawamurad, a révélé que la participation des Kurdes au gouvernement irakien a été décidée sous « une forte pression » des États-Unis,  conditionnant l’aide américaine dans la kutte contre l’EI, mais qu’il estimait que c’était « une bonne décision ».

Sur les rapports entre les Kurdes et les chiites, Mawlud Bawamurad fait part d’une hostilité de certains milieux chiites, notamment parmi les cercles proches de Nouri Maliki, les Kurdes étant vus comme les responsables directs de sa chute. Le soutien international à Erbil a fait naître aussi des rancœurs, du fait que les chiites se sentent, eux, dépourvus d’un tel soutien. Beaucoup de Kurdes, pour leur part, ne trouvent aucun avantage personnel à participer au nouveau gouvernement de Bagdad et sont enclins à se passer de l’Irak, maintenant qu’ils ont récupéré les territoires qu’ils réclamaient. Mais le soutien international et l’armement sophistiqué qu’ils ont reçu des puissances occidentales obligeaient quelque peu les leaders kurdes à ne pas « lâcher » l’Irak, tout en soumettant leur participation au gouvernement à une période « conditionnelle » de trois mois. Les chiites ont de même accepté ce partenariat kurde en raison de la faiblesse de leur position devant la menace d’EI et leur dépendance envers l’aide américaine. Ils ont dû également tenter une réconciliation quelque peu forcée avec les sunnites, dans le dessein de les détacher de la tentation de rester ou de basculer totalement du côté d’EI.

Un député kurde a même estimé auprès d’un journaliste du Monitor, Mohammad Al-Saleh, que le retour de son bloc politique au gouvernement était plus un accord entre Kurdes, d’une part, et USA et ONU, de l’autre, qu’avec des Irakiens dont ils estiment avoir peu à espérer. Selon Muthana Amin, autre parlementaire kurde à Bagdad, le Premier Ministre Al-Abadi mise d;ailleurs plus sur une alliance entre chiites et sunnites (pour autant qu’elle soit durable) qu’avec les Kurdes, qu’il souhaite laisser de côté, espérant recomposer au moins les deux parties arabes et séparées de l'Irak.

En tout cas, le principal point de litige entre Erbil et Bagdad, la question du pétrole, n’a cessé d’être alimentée par une bataille juridique exportée aux États-Unis, alors même que l’Irak et le Kurdistan faisaient face, au mois d’août, aux assauts d’EI.

Début août, en effet, Bagdad souhaitait toujours empêcher la vente d’une cargaison de pétrole brut, d’une valeur de 100  millions de $, en provenance du Kurdistan, convoyé sur la côte texane. L’Irak a déposé une plainte auprès de la cour fédérale de Houston, et a aussi demandé à sa propre cour suprême de bloquer toute nouvelle exportation de pétrole brut de Gouvernement régional du Kurdistan. 

Mais bien que Bagdad ait demandé la saisie des million de barils transportés par le pétrolier Kalavrta, et que cette saisie ait été préalablement ordonnée par une cour locale, la cour de Houston l’a levée car celui-ci stationne dans le golfe du Mexique en dehors des eaux territoriales américaines, à environ 97 km (60 miles)  des côtes. Mais le juge n'a pas tranché sur le fond de l’affaire, à savoir à qui appartient ce brut et qui a le droit d’en disposer. Le ministre irakien du Pétrole avait annoncé immédiatement son intention de contester la décision du tribunal, qui ne porte pourtant que sur un point du code maritime.

Par ailleurs, cela a incité le GRK à continuer ses exportations en utilisant plus volontiers de petits pétroliers, d’une capacité de 250 000 barils, afin de tromper la surveillance de Bagdad, multipliant les cargaisons vers différentes destinations, à partir du port turc de Ceyhan. Plusieurs de ces pétroliers ont ainsi opportunément disparu du réseau satellite avant de réapparaître quelques jours après, vides de leur cargaison : ainsi le Kamari, qui transportait à la fois du pétrole iranien et kurde, et qui s’évanouit des écrans au nord du Sinaï égyptien, pour réapparaître (vide) 2 jours plus tard, au large d’Israël.

Le Kalavrta s’est de même déplacé, fin août, et a disparu 24 h dans les eaux internationales en bordure de la côte texane. En juillet dernier, un autre pétrolier a transféré du brut kurde dans un autre cargo au sud de la mer de Chine.

Le 6 septembre, le gouvernement irakien, qui n’avait plus que 2 jours avant la formation d’un nouveau cabinet, refaisait une demande de saisie auprès des tribunaux américains, jusqu’à ce que la propriété du pétrole soit légalement établie. Dans le même temps, une compagnie grecque faisait l’objet de poursuites pour avoir exporté du brut kurde via 5 de ses navires. Bagdad réclame 318 millions de dommages et intérêts.

Maintenant, la suite de ces démêlés judiciaires appartient au nouveau Cabinet. Affaire à suivre…

vendredi, octobre 03, 2014

Soutenez L’École internationale de Duhok, Prix de la Paix d’Aachen 2013

Le comité du Prix de la Paix d'Aachen – Aix la Chapelle appelle à soutenir financièrement l'École internationale de Duhok, lauréate 2013 :



Soutenez L’École internationale de Duhok, 

Prix de la Paix d’Aachen 2013 


Aidez les familles de réfugiés au Kurdistan  : 



Les milices terroristes de l’État islamique se déchaînent avec une violence inimaginable. Des gens sont décapités ou enterrés vivants, et à ce jour, mille femmes et jeunes filles ont été enlevées, mariées de force, vendues en esclaves ou données en butin aux terroristes. 
150 000 chrétiens, yézidis et d’autres minorités ont, dans la panique, fui vers la Région autonome kurde, beaucoup à pied. Des milliers de yézidis sont encore pris au piège dans la montagne de Shingal par les terroristes, et risquent de mourir de faim et de soif, sous des températures allant jusqu’à 50ºc.


  





L’évêque Rabban Al-Qas, fondateur de l’École international de Duhok, au Kurdistan d’Irak, qui a reçu l’année dernière le prix Aachen de la Paix, a organisé la prise en charge de plus de 3000 familles déplacées (environ 15. 000 personnes) à Duhok, qui sont démunies de tout : abris, nourriture, vêtements, médicaments, couvertures, matelas, accessoires d’hygiène tels que savons et shampoing – car dans leur fuite, elles n’ont pu quasiment rien emporter avec elles, hormis les vêtements qu’elles avaient sur le dos.

Pire encore, certaines familles ont perdu tout contact avec des proches, sans savoir s’’ils ont pu s’échapper, s’ils ont été massacrés ou s’ils sont morts ou en train de mourir dans des monts arides.

En quelques jours, Mgr Rabban a réussi à mobiliser des aides bénévoles, jusque dans les plus petits villages ; des étudiants et étudiantes de l’école lauréate se sont portés aussi volontaires auprès des réfugiés. 

Malheureusement les besoins sont grands et le défi est énorme pour la Région du Kurdistan. Des centaines de milliers de civils ont tout perdu leurs maisons et leurs biens ont été pillés, leurs champs brûlés et leur bétail volé.


Il ont besoin de toute urgence d’un soutien financier extérieur. Vous pouvez aider à alléger une souffrance indescriptible. 





Nous ferons parvenir l’intégralité de votre don, que vous pouvez adresser à :  


Aachener Friedenspreis e.V.

Aachener Bank eG 

BLZ 390 601 80 

Konto-Nr. 128 428 011

IBAN: DE67390601800128428011 
BIC: GENODED1AAC
Mots-clefs: Flüchtlingshilfe Irak (aide aux réfugiés en Irak)




Helfen Sie Flüchtlingsfamilien im Irak. 

IS Terrormilizen wüten im Irak mit unbeschreiblicher Gewalt: Menschen werden enthauptet oder bei lebendigen Leib begraben, bislang 1.000 Frauen und Mädchen entführt, zwangsverheiratet, als Sklavinnen verkauft oder als Prämien unter den Terroristen verteilt. 

150.000 Christ*innen, Jesid*innen und Angehörige anderer Minderheiten fliehen in Panik ins kurdische Autonomiegebiet, viele zu Fuß. Tausende Jesid*innen sind immer noch auf dem Berg Shingal von Terroristen eingekesselt und drohen zu verdursten und zu verhungern. 

Bischof Rabban Al Qas, Gründer der Internationalen Schule in Dohuk im kurdischen Teil des Irak, die im vergangenen Jahr den Aachener Friedenspreis erhielt, organisiert die Versorgung von derzeit über 3000 Flüchtlingsfamilien (ca. 15.000 Menschen) in Dohuk, denen es an allem fehlt: Unterkunft, Nahrung, Kleidung und Medikamente - denn nahezu nichts konnten sie auf der Flucht mitnehmen. 

In wenigen Tagen hat es Bischof Rabban geschafft, freiwillige Helfer selbst in den kleinsten Dörfern zu aktivieren; auch Schülerinnen und Schüler unserer Preisträgerschule helfen als Freiwillige bei der Versorgung der Flüchtlinge mit.  

Doch die Not ist groß, die Herausforderung für die Region ist enorm. 

Sie sind dringend auf finanzielle Unterstützung von außen angewiesen. 

Bitte helfen Sie mit, das unbeschreibliche Leid zu mindern. Wir leiten Ihre Spende ungekürzt weiter: 

Bankverbindung Aachener Friedenspreis eV::

Aachener Bank eG

BLZ 390 601 80

Konto-Nr. 128 428 011

IBAN: DE 67390601800128428011

BIC: GENODED1AAC 

Stichwort: Flüchtlingshilfe Irak

Please Support the International School of Duhok,
Winner of the 2013 Aachen Peace Prize:

Every hour the situation in Iraq is worsening. As you read this people are dying.

The terrorist militia of the Islamic State runs amok with unspeakable violence. People are being beheaded or buried alive, and to this day, more than a thousand women and girls have been abducted, forcibly married, sold as slaves or given as booty to terrorists.

More than 150,000 Christians, Yezidis and other minorities, fled in panic to the Kurdish Region, most on foot.

Many thousands of Yezidis are still trapped in the mountain of Shingal by the Islamic State terrorists, and are dying of hunger and thirst in temperatures as high as 50c.

Please help the winner of the Aachan Peace Prize to help others.

Bishop Rabban Al Qas, founder of the International School of Duhok, in Kurdistan Region of Iraq, which last year received the Aachen Peace Prize, is organizing the supply of essentials to more than 3,000 displaced families (approximately 15,000 people) in Duhok, who deprived of everything now urgently require: shelter, medicine, food, water, clothing, blankets, mattresses, hygiene items such as soap and shampoo - in their flight they could take practically nothing with them, often escaping with only the clothes they were wearing.

Worst of all - they have lost contact with family members and friends, not knowing if they managed to escape, if they are alive, or if they have been slaughtered or died on the arid mountainside.

Within days, Mgr Rabban has mobilized volunteer helpers, even in the smallest villages; volunteer students from the prize winning International School also joined in to help the refugees. But sadly, their need is far too great and the challenge is huge for the Kurdistan Region.

Many hundreds of thousands of innocent people have lost everything, their homes and belongings have all been destroyed, their wheat fields have been burnt and livestock stolen.

Urgent external financial support is needed. Your help can alleviate untold sufferings and help to save lives.

Please send your donations to: 

Aachener Bank eG 

BLZ 390 601 80 

Konto-Nr. 128 428 011

IBAN: DE67390601800128428011 

BIC: GENODED1AAC
Mots-clefs: Flüchtlingshilfe Irak (Aid to refugees in Iraq) 




Concert de soutien à l'Institut kurde