dimanche, décembre 29, 2013

Histoire secrète de la crise irakienne



Lundi 30 janvier à 15 h 00 sur France Culture : Histoire d' une crise, avec Hubert Védrine, ancien ministre des Affaires étrangères, et Frédéric Bozo pour Histoire secrète de la crise irakienne ; Les Lundi de l'Histoire, P. Levillain.




Présentation de l'éditeur 
Il y a dix ans, les États-Unis de George W. Bush, épaulés par la Grande-Bretagne de Tony Blair, envahissaient l'Irak pour mettre à bas le régime de Saddam Hussein, leur bête noire depuis le conflit du Golfe en 1991. Une guerre menée sans l'autorisation des Nations unies au terme d'une crise diplomatique qui avait culminé dans les semaines précédentes et qui les avait spectaculairement opposés à la France de Jacques Chirac et de Dominique de Villepin, dont le discours à l'ONU est resté dans les annales. Ce livre retrace l'histoire de cette crise franco-américaine d'une intensité sans précédent depuis le défi lancé aux États-Unis par le général de Gaulle. Il montre pourquoi et comment l'Irak en est venu à opposer les deux plus vieux alliés du monde occidental, et à diviser l'Europe, l'Alliance Atlantique et la communauté internationale dans son ensemble. Nourrie de documents d'archives inédits, c'est l'histoire largement méconnue de l'une des plus grandes crises internationales de l'époque contemporaine qui est ici proposée. 

 Biographie de l'auteur 
Ancien élève de l'Ecole normale supérieure (Ulm), agrégé d'histoire et diplômé de Sciences-Po, Frédéric Bozo a également étudié à Harvard. Spécialiste de l'histoire de la guerre froide, des relations transatlantiques et de la politique étrangère française, il est actuellement professeur à la Sorbonne Nouvelle (Paris-III), où il enseigne l'histoire contemporaine et les relations internationales.

vendredi, décembre 13, 2013

Les Plumes : Introduction – Les personnages


"PERSONNAGES CHOISIS POUR L'IMBROGLIO DES DESTINS

LE KURDISTAN, pays dont Hamdi Azad connaît les frontières
MEM AZAD, fils de Hamdi Azad et jeune homme en quête de vérité.
HAMDI AZAD, marchand de tissus.
LE MOLLAH SELIM Al-BEDLISI, artisan d'une insurrection avortée.
LE CONSUL DE RUSSIE ET SON ÉPOUSE, hôtes attentionnés du mollah Selim.
CHEIKH MOHAMMAD SAÏD AL-NAQSHBANDI, leader de la première révolte kurde.
LE GRAND HOMME, personnage n'apparaissant à aucun endroit de ce récit.
QUATRE HOMMES, intermédiaires entre Mem et le grand homme.
UN HOMME AUX MAINS AILÉES, voisin de Mem.
HUSSEIN MUKRIYANI, fondateur de la première imprimerie kurde.
TROIS ROSIERS, simples arbustes.
UN POIVRIER RABOUGRI, plante suppliciée.
DEUX OISEAUX HUPPÉS, oiseaux des champs apparaissant de manière récurrente.
UNE TOMBE INACHEVÉE, sépulture au milieu d'un terrain vague non loin de la rue.
AHMED KHALIM, chasseur n'ayant jamais traqué une gazelle.
DINO, jumeau de Mem.
AHMED KHANI, poète kurde classique, auteur de la tragédie Mem û Zîn.
HEVÎN (18 ans), WELÂT (16 ans), AÏSHANA (14 ans), RAHIMA (12 ans), ROHÂT (9 ans), HELÎN (5 ans), filles de Hamdi Azad.
KASPO, mère de Mem et épouse de Hamzi Azad.
QAZI MUHAMMAD, président de la première république kurde.
MAHABAD, ville ayant donné son nom à la première république kurde, en 1946.
ISMAÏL SIMKO AGHA, héros d'une geste sinistre et rébarbative.
LA FILLE AUX RANGERS, jeune femme dont le nom n'est plus usité.
SHIRO BABAN, infortuné propriétaire d'une moissonneuse.
QADIR HAMMO, détenteur d'une photographie de Simko Agha, toujours dans sa poche.
JOMARD, neveu de Kaspo.
JABBOUR MORQOS, voisin assyrien de Hamdi et de sa petite famille.
BAHRAM GOUR, prince légendaire.
UN POSTE DE RADIO FLAMBANT NEUF, appareil doté de nombreuses ondes de fréquences.
DEUX EUCALYPTUS, arbres que rien ne distingue des autres représentants de leurs espèces.
DU TISSU ; DE GRANDS LITS EN BOIS ; UN CHEVAL (un seul) ; DES MOISSONNEUSES ; DES CHACALS ; UN FLEUVE ; UN HÔPITAL ; DES CHAMPS ; UN CIEL ; DU VENT ; DES DESTINÉES ; DE LA PLUIE ; DES PALABRES."


dimanche, décembre 08, 2013

Mohammad Motamedi




Mercredi 11 décembre à 22 h 32 sur France Musique : Mohammad Motamedi, lauréat du prix France Musique des Musiques du monde 2013 ; Couleurs du monde, F. Degeorge.

samedi, décembre 07, 2013

Valse avec Bachir





Dimanche 8 décembre à 20 h 30 sur LCP Assemblée Nationale : Valse avec Bachir, d'Ari Folman (2008) :


Synopsis : Valse avec Bachir est un film autobiographique. Ari Folman, metteur en scène israélien, a rendez-vous en pleine nuit dans un bar avec un ami en proie à des cauchemars récurrents, au cours desquels il se retrouve systématiquement pourchassé par une meute de 26 chiens. 26, exactement le nombre de chiens qu'il a dû tuer au cours de la guerre du Liban, au début des années 80 ! Le lendemain, Ari, pour la première fois, retrouve un souvenir de cette période de sa vie. Une image muette, lancinante : lui-même, jeune soldat, se baigne devant Beyrouth avec deux camarades. Il éprouve alors un besoin vital de découvrir la vérité à propos de cette fraction d'Histoire et de lui-même et décide, pour y parvenir, d'aller interviewer à travers le monde quelques-uns de ses anciens compagnons d'armes. Plus Ari s'enfoncera à l'intérieur de sa mémoire, plus les images oubliées referont surface.



mercredi, décembre 04, 2013

Les femmes mystiques : histoire et dictionnaire

Les femmes mystiques : Histoire et dictionnaire de Marxer. François (2013) Broché



Destinée à un large public, cette somme s’impose d’abord par le nombre et la qualité des spécialistes réunis ici pour la première fois pour parler du sujet. Quatre-vingts auteurs, théologiens, philosophes, écrivains, journalistes, historiens d’art, universitaires, chercheurs, nous livrent un éclairage nouveau sur la vie de ces femmes et leur expérience mystique et/ou spirituelle. L’ouvrage s’impose aussi par la richesse des angles retenus : théologique, philosophique, psychologique, scientifique et artistique. L’ouvrage répertorie ainsi cinq cent dix-sept femmes majoritairement issues des cinq grandes traditions que sont le christianisme (catholicisme, protestantisme, orthodoxie), le judaïsme (hassidisme, kabbale), l’islam (soufisme), le bouddhisme (tibétain, chan ou zen) et l’hindouisme (vishnouisme, shivaïsme, krishnaïsme et autres courants), puis du chamanisme, du shintoïsme, du taoïsme et autres courants traditionnels et spirituels (théosophie, occultisme), ainsi que des agnostiques et des athées. S’y croisent donc des moniales, des recluses, des saintes, des bienheureuses et des béguines, des stigmatisées, des extatiques, des visionnaires et des prophétesses, religieuses ou laïques, des philosophes et des théologiennes, des poétesses, des écrivains, des musiciennes, des danseuses, des mères de famille, des grandes amoureuses, etc. Parmi elles, on compte des figures historiques anciennes comme Marie-Madeleine, Yashodharâ, Rabi’â al-Adawiyya, Mîrâ Bâî, Thérèse d’Avila et Madame Guyon, qui appartiennent à une religion ou une sagesse particulière, ainsi que des figures plus récentes, comme Thérèse de Lisieux, Khandro Tsering Paldrön, Simone Weil, Marthe Robin, Malek Jân Ne’Mati et Édith Stein ; des femmes agnostiques ou athées, comme Virginia Woolf ; et des figures contemporaines, parfois encore vivantes, comme Tatiana Goritchéva, Amma, Bettina Sharada Bäumer, Chân Không et Lydie Dattas, qui appartiennent à des contextes socioculturels très divers dans lesquels la mystique est toujours à l’oeuvre. Puisqu’il ne s’agit pas d’enfermer la mystique dans une définition unique ni dans un système de pensée, cet ouvrage donne à voir la multiplicité des expériences authentiques et personnelles des femmes avec Dieu ou l’absolu, tout en nous permettant de mieux comprendre la spécificité de la mystique féminine.

A World Not Ours


Sort aujourd'hui, documentaire deMahdi Fleifel, A World Not Ours


Un lieu intime, et souvent humoristique, portrait de trois générations d'exilés dans le camp de réfugiés d'Ein el-Helweh, dans le sud du Liban. Basé sur une multitude d'enregistrements personnels, les archives de la famille, et des séquences historiques, le film est une étude sensible et éclairante de l'appartenance, de l'amitié et de la famille dans la vie de ceux pour qui la dépossession est la norme, et la nostalgie leurs vies quotidiennes.

lundi, décembre 02, 2013

Gastronomie kurde



Gastronomie kurde



En ces temps de proches festivités, une conférence-dégustation sur les saveurs et richesses culinaires des Kurdes, au passé, présent et futur : des Abbassides à la mondialisation… 


 Programme

* Présentation des traditions culinaires kurdes historiques et contemporaines 
* L’alimentation des Kurdes évoquées dans les sources historiques. 
* Spécificité traditions culinaires des différentes communautés religieuses kurdes
* Évocation de recettes et de plats régionaux du Kurdistan 
 * Evolution de la cuisine kurde à l’époque contemporaine 
* Dégustation de plats kurdes préparés par la communauté à Paris 

 Adresse: 106 Rue de La Fayette, 75010 Paris M° 7 Poissonnière aksf.paris@gmail.com - 06 51 60 61 10

dimanche, décembre 01, 2013

Islam contre islam : enquête sur une nouvelle guerre

Lundi 2 décembre à 22 h 35 sur Canal+ Magazine : Islam contre islam : enquête sur une nouvelle guerre ; Spécial Investigation, par Kamal Redouani (France, 2013) :

Irak, Syrie, Liban, dans tous ces pays, la haine entre Sunnites et Chiites s'est aggravée jusqu'à devenir un nouveau moteur d'affrontement. Les assassinats entre frères ennemis se comptent désormais par milliers. Enquête sur ce conflit qui apporte un nouvel éclairage sur les événements qui enflamment actuellement le monde arabe.

Mehdi Naderi


samedi, novembre 30, 2013

Amêdî : Un minbar de bois de 1153 au musée de Bagdad



Une des plus belles pièces des salles d'art islamique du musée de Bagdad, qui a survécu heureusement au pillage, est ce minbar (chaire à prêcher) de bois sculpté, qu'une inscription en coufique date de 1153 et indique sa provenance : une mosquée d'Amadiyya, aujourd'hui disparue ( ce n'est pas la mosquée que l'on peut y voir actuellement, qui a été construite au 13e s., probablement sous le règne du fils de Badr Ad-Din Lu'ulu, l'illustre atabeg de Mossoul).

En 1153, cela faisait dix ans que l'atabeg Zengî, le père du futur et illustre sultan Nur Al-Dîn, avait pris la citadelle aux Kurdes Hakkari.  Le minbar est une commande de son gouverneur, un certain Qaradja, sûrement mis en place par 'Imad Ad-Dîn Zengî. Il fait 2 m 50 et 96 cm de large. est en bois de mûrier, a des panneaux partiellement restaurés, une belle inscription coufique et un décor qui rappelle le style de Samarra.

De la même mosquée proviennent aussi les portes de bois, qui datent d'un siècle après le minbar et sont aussi dans ce musée. Cette mosquée qui a complètement disparue peut être celle dont le doctor Ross mentionne les ruines en 1833, attenantes au palais.


mercredi, novembre 27, 2013

L'escale


Sortie mercredi 27 novembre : L'Escale, documentaire de Kaveh Bakhtiari :

A Athènes, le modeste appartement d’Amir, un immigré iranien, est devenu un lieu de transit pour des migrants qui, comme lui, ont fait le choix de quitter leur pays. Mais la Grèce n’est qu’une escale, tous espèrent rejoindre d’autres pays occidentaux. Ils se retrouvent donc coincés là, chez Amir, dans l’attente de papiers, de contacts et du passeur à qui ils confieront peut-être leur destin...

"Les migrants, fustigés par l’extrême droite, sont devenus les boucs émissaires des malheurs de la Grèce. Maintenant, ils sont pourchassés, tabassés ou tués par les gros bras d’Aube Dorée, un parti ouvertement xénophobe. Afin d’échapper aux agressions, beaucoup ont quitté Athènes pour se cacher dans les forêts. Mais il reste évidemment des Grecs qui font de leur mieux pour les aider, bien que maintenant certains pensent aussi à quitter leur pays…" Kaveh Bakhtiari.

lundi, novembre 25, 2013

Les enfants de Belle Ville






Mardi 26 novembre à 22 h 10 sur OCS City : Les enfants de Belle Ville, par Asghar Farhadi.

Synopsis : Akbar est jeune, il vient d’avoir 18 ans, mais Akbar est condamné à mort. Alors qu’il attend son exécution dans une prison de Téhéran, son meilleur ami et sa sœur vont tenter d’obtenir le pardon du père de sa victime, seul moyen pour lui d’échapper à son destin.


Nasseredin Shah et ses 84 épouses

Mardi 26 novembre à 20 h 40, sur  Histoire : Nasseredin Shah et ses 84 épouses. par Mohsen Makhmalbaf.

En 1900, à l'occasion d 'un voyage en Europe, le roi Nasseredin, en compagnie de son photographe, achète à Paris une camera. De retour en Iran, il organise des projections a la cour, auxquelles assistent ses quatre-vingt-quatre femmes et ses deux cents enfants. 


dimanche, novembre 24, 2013

Ensemble Aşık d'Israël



Ensemble Asik d'Israël
Anomarel Abdullah OGEN, baglamas, kopuz
Yochai SAGI, baglamas
Moriya KASTRO, voix
Gilad WEISS, guitare sans frettes, baglamas
Ido ESHED, percussions
L'Ensemble Asik est né de l'enthousiasme de 5 musiciens nomades venus d'Israël. 
Tous formés traditionnellement auprès de maîtres privés ou d'Ecoles officielles, ils véhiculent un envoûtant répertoire de musiques populaires et rituelles collectées à travers la Turquie, le Kurdistan, d'Iran, d'Azerbaijan, la Georgie et autres horizons, transmis par le chant et les instruments d'origine, et inspiré de poètes soufis.

samedi, novembre 23, 2013

Amêdî en 1850




Percy George Badger (1815-1888), missionnaire anglican et orientaliste, versé particulièrement dans l’étude des églises d’Orient. Il fut ainsi nommé par l’archevêque de Cantorbery comme mandataire auprès des églises de Mésopotamie et du Kurdistan. 

Son livre est en 2 volumes, le second est une étude poussée et descriptive des rituels et de la liturgie nestorienne. Mais le premier narre ses expéditions de reconnaissance pour voir où en est, démographiquement et économiquement, la communauté nestorienne. Autant le dire : il ne semble guère apprécié l’entreprise de conversion des Nestoriens à l’église chaldéenne dont parlait Layard 4 ans plus tôt en 1846. Normal, il est Anglican et en tant que missionnaire, il doit peu aimer que Rome prenne la main. De plus, en tant qu’Anglais, il y voit aussi l’entreprise des Français… 


En 1850, c’est Mar Yousef qui est patriarche chaldéen de Mossoul qui est aussi évêque du siège épiscopal d’Amadiyya. À cette époque, Amedia est en effet chaldéenne et il n’y a plus d’évêque nestorien. 

 Donc il part de Mossoul le 21 février 1850 et c’est là qu’il rencontre la délégation de juifs d’Amadiyya venus se plaindre au pacha des exactions du gouverneur d’Amadia, dont parlait Mordechai Zaken

 « During the day we met a party of 15 Jews on their way to Mosul, whither they were going to petition the Pasha against the exactions of the Mutsellim of Amedia. The poor people seem driven by desperation and replied in answer to my question wehter they were not afraid of the governor’s vengeance : « He can do no more than take away our lives and death will deliver ur from the sufferings which we are now made to endure. » 

 Leur guide et contact auprès des Nestoriens d’Amedia est le prêtre nestorien de la ville, Kasha Mendu. Le 22 février, ils arrivent dans la plaine de Supna : 

 « There are many Christian villages still remaining in the Supna, but a great number have been deserted within the last few years. Half of a century ago all these villages were inhabited by Nestorians, but the greater part of those which remain have within that time joined the Chaldean community and are at present under the juridiction of Mutran Yoosef of Alkôsh, who is sometime styled Bishop of Amedia. At 6 pm we reached the Coordish village of Badi Resh where we put up for the night. » 

 À noter que Bede Resh, à l’époque, semble être un village kurde, c’est-à-dire musulman. Il ne parle pas de chrétiens (ou c'est un oubli). Le 23 février, ils arrivent dans un village au bas d’Amadiyya, Bêbadi (je retranscris l’orthographe qu’il donne). 

 « We were 3 hours in reaching Bebâdi, situated at the foot of Amedia. This village, which until very lately was inhabited by Nestorians, is now in ruins, but the church is still in good repair. The town of Amedia is built upon an isolated rock close under the Tcah Meteenah range, from which it is divided by a deep ravine. The ascent from all sides is steep and rugged, and it took us more than half an hour to reach the summit. A perpendicular scarp, varying from thirty to forty feet high, rises above the sloping sides of the hill, and forms a natural rampart round the whole circumference of the platform upon which the town is built. The town itself, which occupies the northern extremity of the area, is little better than a heap of ruins, and the rest is chiefly occupied by graves and a square castle built by the Coordish Pasha of Rawandooz, when he took possession of the place in 1832. This fortress is now garrisoned by 300 irregular troops. » 

Lui aussi impute au terrible déclin de la ville l’invasion du Mîr aveugle de Rawendouz, et puis l’occupation de la garnison ottomane d’Albanais que Layard a décrit en détail en 1846

Il décrit de même une hémorragie démographique, qui touche autant les chrétiens que les juifs, en raison de l’oppression sévère qu’ils subissent du gouvernement local, avec l’assentiment ou l’inertie du pouvoir ottoman. Selon Kasha Mendu, il y a 6 ans (donc autour de 1844), il y avait encore 14 villages nestoriens florissants dans la vallée de Supna,, maintenant quasi déserte et désolée. Il n’y a en 1850 pas plus de 100 familles nestoriennes. Tout Amadiyya souffre de son gouvernement et en quelques années elle serait passée de 2000 à 300 habitants. 

 Badger visite les ruines et la ville et indique l’absence d’église, ce qu’ils appellent église est un petit oratoire dans la maison de Kasha Mendu. Il affirme même : 

 ‘The Christians never having as yet permitted to build a church within the town of Amedia.’

À côté de la maison de prière nestorienne, il y une petite chapelle arménienne : il y a 2 familles arméniennes dont le prêtre dépendait du diocèse de Van (il a été rappelé au moment où Badger y est). En tout, il y 22 familles nestoriennes dans la ville, et 10 personnes chaldéennes (« 10 Chaldean souls) ». 

Il y a un passage intéressant où il est fait mention d’un ancien nom de la ville, qui n’est pas non plus Ashib : Badger acquiert un lectionnaire qu’il date de 600 ans, donc du 13e siècle, bien calligraphié, ‘in a large and beautiful hand’. Il y est mentionné ce qui serait un nom ancien d’Amadia : ‘This book was written at Kalaat Bibâka, which is Amedia. » La citadelle de Bibâka, donc. À voir si cela a une origine araméenne, kurde ou arabe, et qui lui donnait ce nom ?

 Des Nestoriens viennent leur rendre visite, ainsi que des Juifs, et Badger note que les 2 communautés semblent être en bons termes, puisqu’ils sont pareillement opprimés. Il visite la synagogue principale dans le quartier de la ville qui est réservé aux juifs : « a large apartment enclosed within a spacious court, round which on the inside runs a wide portico. » 

 Tout est détruit et pillé et les juifs ont peur de s’y réunir pour la prière, en raison des vexations et persécutions. Il y a 10 ans (en 1840), il y avait 500 familles juives et maintenant 50. Il y a une synagogue plus petite dans la ville et une maison de prières. Dans la plaine, Sindôr, un grand village près d’Amedî est entièrement habité par les juifs (env. 300 familles), 50 maisons. A Badi (Resh ?) l y a aussi quelques juifs et dans plusieurs villages une ou deux familles juives vivent au milieu des Kurdes. Bagder note bien sûr que les juifs parlent la même langue que les Nestoriens. 

 Il visite la citerne d’Amêdî que lui ne voit pas du tout comme un bâtiment cultuel, fût-il chrétien ou zoroastrien (je lui donne entièrement raison), d’autant qu’il a relevé plusieurs autres citernes semblables dans la ville, plus petites : 

 « a mere oblong ditch or trench, measuring 80 feet by 46, cut out of the solid rock, in which ten rough and misshapen masses of the parent stone were left as if to serve for the basement of as many pillars. This ditch, which is from 6 oto 8 feet, lies in a deep hollow, and I have no doubt was intented to be a cistern, of which there are many more of much smaller dimensions about the town. »





jeudi, novembre 21, 2013

Par temps de paix




L’Institut kurde de Paris vous invite

le samedi 30 novembre 2013 à 1 6h00 
 au vernissage de l’exposition de photographies 

 Par temps de paix 

 Au printemps 2011, en pleines élections législatives turques, un géographe se rend à bicyclette dans le Sud-Est anatolien. En mai 2013 il se rend une nouvelle fois au Kurdistan de Turquie où il tisse des liens avec des habitants de Mardin, de Nusaybin et de Sîlopi et revient avec une nouvelle série de belles photographies de ces villes.

 Institut kurde de Paris 106, rue La Fayette, F-75010 Paris M° Poissonnière - Gare du Nord - Gare de l’Est.

L'exposition sera ouverte au public du 10h00 à 18h00. du 2 au 14 décembre 2013. Entrée libre.

Like someone in love


Vendredi 22 novembre à 20 h 50 sur Canal+ Cinéma : Like someone in love, d'Abbas Kiarostami (2012).


Un vieil homme et une jeune femme se rencontrent à Tokyo. Elle ne sait rien de lui, lui croit la connaître. Il lui ouvre sa maison, elle lui propose son corps. Mais rien de ce qui se tisse entre eux en l’espace de vingt-quatre heures ne tient aux circonstances de leur rencontre.



mardi, novembre 19, 2013

lundi, novembre 18, 2013

Poulet aux prunes


Mardi 19 novembre à 20 h 45 sur Ciné + Émotion : Poulet aux prunes, de Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud (2011).


Téhéran, 1958. Depuis que son violon tant aimé a été brisé, Nasser Ali Khan, un des plus célèbres musiciens de son époque, a perdu le goût de vivre. Ne trouvant aucun instrument digne de le remplacer, il décide de se mettre au lit et d'attendre la mort. En espérant qu'elle vienne, il s'enfonce dans de profondes rêveries aussi mélancoliques que joyeuse, qui, tout à la fois, le ramènent à sa jeunesse, le conduisent à parler à Azraël, l'ange de la mort, et nous révèlent l'avenir de ses enfants... Au fur et à mesure que s'assemblent les pièces de ce puzzle, apparaît le secret bouleversant de sa vie : une magnifique histoire d'amour qui a nourri son génie et sa musique...


La prophétie d'Abouna

La prophétie d'Abouna

De Fawaz Hussain, paraît aujourd'hui, chez Gingko éditeur.
Abouna («Notre père» en arabe) est le nom par lequel les prêtres chrétiens sont désignés en Orient. Il s'agit ici du directeur de l'école dans laquelle Mohamed, le jeune Kurde syrien, est éduqué et apprend le français. Prenant l'enfant sous son aile, Abouna l'incite à persévérer et forge ainsi la prophétie qui le guidera toute sa vie.

Septembre 1978. Mohamed débarque à Roissy, la tête remplie des romans de Balzac et d'un immense espoir : conquérir la capitale et ses lettres. Ainsi commence la saga tragi-comique de celui qui, désormais, se fera appeler «Momo», par discrétion et pour attirer plus aisément les filles. 
La prophétie d'Abouna est l'histoire de la découverte de Paris, de ses habitants et de leurs coutumes parfois étranges. Le Paris des étudiants étrangers vivant dans la capitale : vies rythmées par les études et les petits boulots, les espoirs et les craintes, les joies et les échecs, vies ignorées par les Parisiens eux-mêmes. 
C'est également le chemin sinueux menant des rives de la Seine aux neiges de la Laponie. 
C'est enfin la présence mystérieuse, tout au long du récit, de celui qui lui donne son nom : Abouna, toujours vêtu de la longue robe noire propre aux prêtres orientaux. Apparition parfois non attendue, rassurante et espérée, qui guidera « Momo » vers son destin d'écrivain. 
Récit sans fard des premières années parisiennes de Fawaz Hussain, récit de la découverte du lieu de tous les espoirs mais aussi des désillusions, La prophétie d Abouna reste empreinte de tout l'optimisme et de la naïveté de ce jeune kurde syrien, déjà francophone et pourtant encore si « rural ». 


Fawaz Hussain est un écrivain kurde de langue française. Né dans le nord-est de la Syrie, il vit à Paris et enseigne notre langue aux lycéens et aux étrangers. Il est l'auteur de plusieurs romans dont Prof dans une ZEP ordinaire, Le Rocher 2006 et Les sables de Mésopotamie, Le Rocher 2007. Fawaz Hussain traduit également en kurde les grands auteurs français (Camus. Saint-Exupéry...).

« Chapitre un, dans lequel il est question d’un drôle de kurde qui, la tête bourrée de romans, débarque de sa Mésopotamie natale pour réaliser à Paris, la prophétie d’un prêtre syriaque. »  
 Abouna (« Notre père » en arabe) est le nom par lequel les prêtres chrétiens sont désignés dans le Proche et le Moyen-Orient. Il s’agit ici du prêtre syriaque, directeur de l’école élémentaire dans laquelle le jeune Mohamed est éduqué et apprend le français. Abouna, prenant l’enfant sous son aile, l’incite à persévérer et forge ainsi la prophétie qui le guidera par la suite : « Je devais, selon Abouna, aller plus loin dans mon amour pour la langue française et laisser la petite ville au pied des montagnes pour Paris, la capitale du monde ! Le pays des droits de l'homme et des libertés attendait que je marque ses belles lettres de mon sceau mésopotamien et que j’y ponde une œuvre aussi magistrale que les Misérables et la Comédie humaine ! »


 

samedi, novembre 16, 2013

Valse avec Bachir




Dimanche 17 novembre à 20 h 30 sur LCP Assemblée Nationale : Valse avec Bachir, d'Ari Folman (2008) :


Synopsis : Valse avec Bachir est un film autobiographique. Ari Folman, metteur en scène israélien, a rendez-vous en pleine nuit dans un bar avec un ami en proie à des cauchemars récurrents, au cours desquels il se retrouve systématiquement pourchassé par une meute de 26 chiens. 26, exactement le nombre de chiens qu'il a dû tuer au cours de la guerre du Liban, au début des années 80 ! Le lendemain, Ari, pour la première fois, retrouve un souvenir de cette période de sa vie. Une image muette, lancinante : lui-même, jeune soldat, se baigne devant Beyrouth avec deux camarades. Il éprouve alors un besoin vital de découvrir la vérité à propos de cette fraction d'Histoire et de lui-même et décide, pour y parvenir, d'aller interviewer à travers le monde quelques-uns de ses anciens compagnons d'armes. Plus Ari s'enfoncera à l'intérieur de sa mémoire, plus les images oubliées referont surface.



Şivan Perwer û Îbrâhîm Tatlises

C'est la prestation scénique de la semaine (voire du mois ou de l'année) même si ce n'est pas tout à fait pour des raisons artistiques :  Şivan Perwer de retour à Diyarbakir, après 37 ans d'exil, aux côtés d'Ibrahim Tatlises (dont les séquelles physiques montrent qu'il revient de loin, lui aussi, mais pour d'autres raisons), et ce devant le Premier Ministre turc et le président du Gouvernement régional du Kurdistan d'Irak.


jeudi, novembre 14, 2013

Bras de fer du PKK et du PDK sur le terrain syrien



Les relations entre le PYD et le reste des partis kurdes du Conseil national kurde ne s’améliorent guère et en parallèle, celles avec la Région du Kurdistan d'Irak se sont franchement envenimées depuis un mois. Car au final, comme l'a résumé Ibrahim Birro (Al Monitor), leader du Parti de l’Unité, seuls deux partis se disputent réellement le Kurdistan de Syrie : le Parti démocratique du Kurdistan (PDK) de Massoud Barzani et le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK), officiellement présidé par Abdullah Öcalan mais dont la direction est aujourd'hui éparpillée entre ailes politique, militaire, syrienne, turque, iranienne.

 La réunification de quatre partis kurdes syriens proches du PDK, le mois dernier, est une tentative de plus (il y a eu bien des précédents) de reformer le Parti démocratique du Kurdistan de Syrie tel qu’il a été fondé en 1957 qui était alors proche du mouvement de Mustafa Barzani, sous la bannière du PDK-Syrie (ou Al Parti)d’Abdulhakim Bashar : le Parti de la liberté (Azadî) de Mustafa Cuma, le Parti de la liberté (Azadî) de Mustafa Osso (à force de se scinder les partis kurdes syriens ne se fatiguent même plus à trouver des noms différents, de même il y a deux Al-Parti), le Parti uni kurdistanî et le PDK-Syrien donc. 

Sipan Hemo, un commandant des Unités de défenses du peuple (forces de sécurité du PYD) a immédiatement attaqué ce regroupement en l’accusant de « travailler à ouvrir un front kurde, de stopper les progrès des Kurdes de Syrie et de conspirer contre le cas kurde », d'être plus nuisible que les ennemis (du PYD), puisque le frappant dans le dos. 

Le 18 octobre, dans un entretien accordé à Rudaw, Abdulhakim Bashar, le dirigeant du Parti démocratique kurde en Syrie, ripostait à ces attaques du PYD, en se plaignant que « même le régime du Baath ne faisait pas ce que le PYD fait. Le régime du Baath a donné plus de liberté aux politiciens et aux intellectuels que le PYD… Sous le régime du Baath, il y avait seulement une prison dans chaque ville. Maintenant, sous le PYD, il y a plusieurs prisons dans chaque ville et tous les prisonniers sont kurdes. » Le dirigeant du PDK-Syrie, explique, par exemple, que le PYD empêche la distribution du journal de son parti, Rojava (c’était aussi probablement le cas sous le Baath) et qu’il ne peut retourner en Syrie de peur d’être tué. 

Contestant au PYD d’être le parti le plus puissant au Kurdistan de Syrie, Abdulhakim Bashar affirme, de façon peut-être un peu hasardeuse ou aléatoire, que ce titre revient à son propre parti : « Il est vrai que le PYD a plus de forces armées, mais nous avons des organisations sociales plus fortes et plus de supporters ». 

Sur l’application (ou plutôt la non-application des accords d’Erbil), Bashar affirme qu’il y a concrètement peu de désaccords pratiques entre la ligne politique du CNK, mais que le PYD fait en sorte de bloquer tout le processus, afin de conserver sa suprématie politique et son monopole du terrain armé : « Le PYD refuse d’accepter une force unie et a insisté pour que nos combattants rallient leurs forces en tant que simples combattants et que toute décision de déclencher ou de stopper une guerre reposerait sur le PYD. Je crois qu’une révolution civile au Rojava commencera contre le PYD… En 25 jours, nous avons eu six rencontres avec le PYD et nous avions seulement deux points de désaccord. Mais après chaque rencontre, le PYD revenait avec un nouveau paquet de conditions. Nous en avons déduit que le PYD ne voulait pas vraiment parlementer. » 

Si les relations entre le PDK syrien et le PYD ne sont donc guère au beau fixe, celles avec le PDK irakien ne se sont pas non plus améliorées. Alors que Salih Muslim, le dirigeant du PYD, voulait gagner l’Europe via le Kurdistan d'Irak, il s'en serait vu refuser l’entrée, le 23 octobre. Selon ses dires, il aurait attendu 5-6 jours au nouveau poste-frontière de Pêsh Khabour. Salih Muslim a accusé les hommes du PDK de ce fait, tout en affirmant d'abord que Massoud Barzani n’était pas au courant, mais en laissant entendre que, dorénavant, il ne serait plus persona grata au Kurdistan d’Irak. Du côté des Peshmergas de Pêsh Khabour, on nie avoir vu Salih Muslim se présenter au poste frontière, comme l’a déclaré leur commandant, Shawkat Barbahari au site d’informations BasNews. 

Mais une source anonyme émanant du PDK rapporterait qu’il s’agit effectivement d’une initiative des unités de Pêsh Khabour : quand une délégation du PDK a voulu se rendre aux obsèques du fils de salih Muslim, tué récemment au combat, les autorités du PYD leur aurait réclamé un « visa » pour lui permettre d'entrer. Quand Salih Muslim a voulu à son tour franchir la frontière, les Peshmergas se seraient amusés à faire de même. Ambiance. 

Salih Muslim prétend y voir une manœuvre pour l’empêcher d’être présent à la conférence de Genève et y favoriser au contraire la position du PDK-S nouvellement renforcé, qui veut rallier les CNK à la coalition syrienne. Les media du PKK et du PYD ont entamé une campagne indignée, en y pointant la main de la Turquie. Le BDP (parti kurde de Turquie « proche » du PKK) s’en est aussi mêlé et Pervin Buldan, sa vice-présidente, y a vu une « barrière à l’unité et au rassemblement des Kurdes ». Gorran, le principal parti d’opposition au Kurdistan d'Irak, en bons termes avec le PKK, a déploré aussi le refus du gouvernement kurde, mais en des termes moins vifs (ils sont, après tout, en négociations pour former une coalition), de même Yekgirtu le principal parti islamiste qui soutient que la frontière du GRK devrait être ouverte à « tous les patriotes ». Plus modéré, Mahmoud Osman, le vétéran de la politique kurde, chef de file des députés kurdes au Parlement de Bagdad a appelé une fois de plus au « dialogue » entre les PYD, le PKK et le PDK (les relations de l’UPK avec le PKK sont plus cordiales, comme pour Gorran, héritage de la guerre civile où l’UPK se battait avec le PKK et l’Iran contre le PDK et la Turquie). 

On ignore toujours si la présidence d’Erbil était initialement au courant du camouflet imposé à Salih Muslim mais ce qui est sûr, c’est que, devant les critiques et la tempête médiatiques émanant du PKK-PYD, le PDK a fait front et a même maintenu ces dispositions. Un responsable de ce parti a même conseillé à Salih Muslim de s'adresser à ses « bons amis » de Damas, de Téhéran, et même d’Ankara où il venait de se rendre, s'il voulait voyager hors de Syrie. 

Pour finir, le ministre de l’Intérieur du GRK, dans un communiqué officiel, a confirmé, le 27 octobre, soit 4 jours après le début de l’affaire, que Salih Muslim devrait passer par un autre pays pour ses déplacements, expliquant que « au cours des années passées, les frontières du Kurdistan ont été ouvertes pour toute personne comme Salih Muslim, et qu’en raison de cela, il (le GRK) a subi problèmes et menaces (de la Turquie, probablement) mais qu’en dépit de cela, Salih Muslim et consorts ont bénéficié de « facilités illimitées » ; que le président de la Région du Kurdistan n’a pas ménagé ses efforts pour soutenir les forces du « Kurdistan occidental sous le parapluie d’une seule nationalité et ce dans le cadre des accords d’Erbil ; qu’en contre-partie, le PYD, profitant de cet accord et des « facilités » (octroyées par le GRK), a imposé sa « domination » sur le Kurdistan occidental par la force des armes, l’intimidation, le meurtre et en empêchant les autres forces kurdes de jouer leur rôle » ; que jusqu’ici Salih Muslim avait pu entrer et sortir du Kurdistan d'Irak mais que ses déclarations et attitudes impropres allaient à l’encontre du calendrier kurde et de l’unité des Kurdes, et montrent clairement qu’il sert le régime syrien et sa violence, en plus de violer tous les pactes et chartes conclus » ; enfin, le ministre a invité le PYD à se « laver de ses crimes contre le peuple kurde et s’éduquer lui-même avant de faire des leçons de morale au Kurdistan du Sud. » 

C'est donc via Bagdad que Salih Muslim s’est envolé pour l’Europe. 

Dès le lendemain du communiqué ministériel, les bureaux du parti PÇKD (branche irakienne du PKK mais qui n’a guère obtenu que 3000 voix aux dernières élections, auxquelles il était admis à participer après avoir été interdit pendant des années) étaient fermés d'autorité à Zakho. Derya Khalil Ahmed responsable de l’exécutif de ce parti, a rapporté avoir été sommée par les autorités de fermer les locaux en 24 h et s’est plainte de harcèlement policier. Le PÇKD en a accusé directement le PDK alors que, comme prévu, l’UPK, Gorran et Yekgirtu ont protesté. 

 Le PDK n’a fait aucun commentaire dans l’immédiat mais il y a deux jours, Hamid Darbendi, qui est en charge du dossier syrien au GRK, a expliqué que, jusqu’ici son gouvernement avait « dédaigné de répondre aux diffamations de Salih Muslim sur la Région, parce que cela allait contre les intérêts du peuple kurde. Il y a, cependant, un sentiment de ressentiment envers la façon dont le PYD agit en Syrie. » Évoquant le mécontentement d'Erbil devant la « rhétorique abusive » de Muslim, Darbandi répète que le GRK a préféré l’ignorer dans l’intérêt des Kurdes, et que la décision de fermer la frontière au PYD ne vient que de ses mauvaises relations avec le Conseil national kurde syrien. 

Sur le terrain, les forces du PYD, les YPG, ont remporté plusieurs batailles contre les islamistes qu’ils ont balayés de plusieurs localités autour de Seriyê Kaniyê (19 en une semaine) et se sont emparés d’un poste frontière ouvrant sur l’Irak (essayant peut-être de se désenclaver de la Turquie et du Kurdistan d’Irak). Jabhat Al Nusra et l’État islamique en Irak et en Syrie ont affirmé qu’ils chercheraient à regagner le terrain perdu, mais pour le moment, et depuis le début des hostilités entre les YPG kurdes et les islamistes, ces derniers ne font pas le poids et ont donc reculé sur Raqqa (ils s’affrontent aussi avec des groupes de l’Armée Syrienne de Libération dans les régions arabes au sud ce qui ajoute à la confusion du front syrien). 

 Ce sont peut-être ces victoires militaires qui ont encouragé le PYD à vouloir les transformer en avancées politiques. Hier, à Qamishlo, le PYD, quelques petits partis et personnalités qui ne lui sont pas opposés ont annoncé la formation d’un gouvernement d’administration locale, avec la création d'un Conseil national kurde (qu’il va falloir là aussi ne pas confondre avec le CNK qui siège à Erbil), composé de 82 membres. Ce plan d’administration prévoit de « diviser le Kurdistan syrien en 3 régions, Afrin, Kobanî et la Djezireh » mais de toute façon, même si cela n'avait pas été « prévu » par le plan du PYD, la géographie humaine s’en charge toute seule, comme les cartes du peuplement kurde en Syrie le montrent. Chaque région aura son propre conseil qui la représentera au sein du Conseil national, où siégeront aussi des minorités comme les Arabes, les Assyriens et les Tchétchènes. 

Alan Semo, le porte-parole du PYD a affirmé à Bas News que 6 partis membres du CNK ont accepté de participer à ce conseil, mais d’autres partis kurdes syriens l’ont démenti, tandis que Falah Mustafa Bakr, le ministre des relations étrangères du GRK, a indiqué qu’il n’y avait eu « aucune coordination avec les autres partis kurdes » et que c’était un acte « unilatéral du PYD ». Le Conseil national syrien et l’ensemble de l’opposition arabe en Syrie a bien sûr condamné l’initiative, y voyant une première étape vers le séparatisme, ce que dément le PYD, et Ahmet Davutoglu, le ministre turc des Affaires étrangères, l’a simplement qualifiée « d’impossible » : « Nous leur avions dit (sûrement lors de la dernière visite de Muslim à Ankara) d’´éviter toute tentative de déclarer une administration de facto qui diviserait la Syrie. J’espère qu’ils changeront leur position. » 

Aujourd'hui, le président Massoud Barzani a désapprouvé officiellement le PYD et son action unilatéral, qui, selon lui, « viole les accords d’Erbil (qui avaient prévu une administration conjointe entre le PYDet le CNK et même une force militaire unifiée) : « Je m’inquiète de l'avenir du Kurdistan occidental et il y a un risque que les Kurdes perdent une occasion en or ». Plus virulent que d'habitude, Massoud Barzani a accusé directement le PYD d’aider le régime syrien et d’être un allié d’Assad et a ainsi commenté les derniers combats entre le PYD et les islamistes : « Le PYD a forcé les Kurdes à se battre dans une guerre qui n’est pas la nôtre, qui n’est pas dans les intérêts kurdes, et qui a forcé des milliers de Kurdes à fuir leurs foyers. Le PYD est contre l’unité kurde et ils ont même interdit le drapeau kurde au Kurdistan syrien. » 

Alors que le torchon brûle bien fort entre le PDK et le PYD, Massoud Barzani s’apprête à faire une visite dans la ville hautement symbolique de Diyarbakir, considérée comme la capitale historique du Kurdistan de Turquie et un des hauts lieux de sa résistance. Mais c’est à l’invitation du Premier Ministre turc qu’il s’y rend, et c'est Recep Tayyip Erdoğan qu’il y rencontrera, ainsi que quelques personnalités clefs de la ville, dont probablement son maire, Osman Baydemir. Selon le journal turc Yeni Safak, c’est surtout pour donner un nouvel élan au processus de paix entre le PKK et la Turquie que Massoud Barzani viendra délivrer un message indiquant que le temps des armes est passé, qu'il faut faire place au combat politique, et peut-être aussi pour servir à nouveau d'intermédiaire entre Qandil et Ankara. 

Viendra aussi à Diyarbakir, pour l'occasion, le chanteur kurde Şivan Perwer très populaire chez les Kurdes kurmandj, surtout en Turquie, en Syrie et dans la diaspora, et qui entretient des rapports souvent peu amicaux, voire très hostiles avec le PKK qui a souvent perturbé ses concerts. Şivan Perwer y chantera avec un autre chanteur vedette chez les Kurdes, l'arabo-kurde Ibrahim Tatlises (qui n'a pas du tout le profil du chanteur politique engagé). 

Cette visite de Barzani peut aussi être vue comme un soutien électoral recherché par Erdoğan qui n’a jamais renoncé à prendre des villes clefs au BDP dans les régions kurdes, dont il est le principal rival dans les urnes. Aussi l’accueil que lui réserveront les Kurdes de Turquie sur place pourra servir de plébiscite à la politique de l’AKP s’il est enthousiaste, ou bien, s’il est réservé ou froid, permettra au BDP de démontrer que c’est lui qui tient toujours l’opinion kurde dans ses villes et régions fiefs. 

Quant à la viabilité du projet d’autonomie du PYD, il suffit de regarder, une fois, de plus la carte, pour voir que, même si Afrin bénéficiait d’un couloir vers les régions alaouites (au cas où le Baath pourrait s’y maintenir dans un bastion montagneux), ni Kobane ni Qamishlo ne pourraient faire l’économie d’un accord, soit avec la Turquie et le GRK, soit avec le reste des Arabes syriens. Toute la politique de survie du Kurdistan d’Irak a tenu avant tout à éviter un verrouillage total de ses frontières, en maintenant des relations « cordiales » avec l’Iran et la Turquie, une fois son engagement contre la Syrie d’Assad confirmé. La conférence de Genève, qui doit réunir toutes les parties concernées par la question syrienne, risque de voir exportés les différents kurdes, le CNK, soutenu par le PDK, faisant partie de la Coalition nationale syrienne (soutenu par les USA et ses alliés dans la région), tandis que le PYD et ses partis alliés veulent y participer en tant que Conseil suprême kurde (son organisation parapluie soutenu par Poutine et l’Iran)

mardi, novembre 12, 2013

Une famille respectable



Mercredi 13 novembre à 20 h 45 sur Ciné+ CluB : Une famille respectable, un film de Massoud Bakhshi.

Synopsis : Arash est un universitaire iranien qui vit en Occident. Il retourne donner des cours à Chiraz où vit sa mère, loin de Téhéran. Entraîné dans un tourbillon d’intrigues familiales et financières, il replonge dans un pays dont il ne possède plus les codes. A la mort de son père, découvrant ce qu’est devenue sa "famille respectable", il est contraint de faire des choix.

Massoud Bakhshi a fait croire à ses techniciens et aux acteurs qu'ils allaient tourner un documentaire. Interloqués, ceux-ci ont cru à une mauvaise blague et ont rétorqué à Bakhshi qu'ils ne travaillaient que sur des fictions. Le réalisateur leur a cependant expliqué sa vision : "Je ne vois pas le cinéma autrement. Faire un documentaire signifie que je dois croire à l’histoire. A l’écriture du scénario, j’ai constamment cherché, pour chaque personnage, chaque détail, chaque anecdote, un lien avec le réel." Une famille respectable est donc fortement basé sur l'expérience du cinéaste en tant que documentariste.

vendredi, novembre 08, 2013

L'histoire d'Amêdî vue par ses juifs



En 2004, Mordechai Zaken soutenait sa thèse Jewish Subjects and Their Tribal Chieftains in Kurdistan, un ouvrage essentiel sur l'histoire des juifs du Kurdistan, par le biais du système de relations et de dépendance entre les rayas et leurs aghas kurdes, et ce jusqu'à leur départ, en 1951-52. Collectant un grand nombre de témoignages oraux parmi ces juifs ayant émigré en Israël, ces récits et souvenirs irremplaçables retracent une autre histoire de Zakho, Duhok, Amadiyya, Akra, Sulaymanieh, venant compléter celles des musulmans, des yézidis et des chrétiens.

Si Zakho, à la fin du 19e siècle et au début du 20e siècle était surnommée la "Jérusalem du Kurdistan", il n'en avait pas toujours été ainsi et nous avons vu, avec les histoires de David Alroy et d'Arsenath Barzani, qu'Amadiyya a été longtemps la place principale des élites juives du Behdinan.

Citant les voyageurs Rich (1820) et David D'Beth Hillel (1826), Mordechai Zalen confirme qu'Amadiyya était encore dans ce premier tiers du 19e siècle "un des centres juifs les plus célèbres du Kurdistan central", avec une population de 200 foyers juifs pour 1000 foyers musulmans (les chrétiens ne sont pas mentionnés).

Mais en 1828, Mîr Muhammad de Rawanduz, surnommé Mîrê Kor (l'émir aveugle) fit le siège de la citadelle et la conquit. Il pilla alors Amadiyya et les juifs rapportent qu'ils furent particulièrement maltraités par le nouveau prince. 10 ans plus tard, en 1838, l'armée ottomane reprit la ville, captura Mîr Muhammad et l'exécuta promptement. Les habitants d'Amadiyya ne gagnèrent pas au change car la ville passa alors sous l'autorité du Pacha de Mossoul qui, toujours de mémoire locale, gouverna la place "d'une main de fer". La condition des juifs, cependant, "s'améliora quelque peu", mais ils furent astreints à des corvées, telles que porter l'eau et des pierres de construction dans la citadelle, ainsi que des travaux infamants. Si bien que cette communauté jugée "florissante", qui comprenait intellectuels et artisans, émigra assez rapidement et les 200 foyers juifs des années 1820 furent alors réduits de moitié.

Ashabel Grant, auteur de The Nestorians and the Lost Tribes, visita Amadiyya en 1839, peu de temps après la défaite de l'Émir aveugle. Il décrit la ville comme quasi-déserte, ne s'étant pas remise de l'invasion funeste des Kurdes de Rawanduz et sur 1000 maisons juives, constate que seulement 250 d'entre elles sont habitées, et que le bazar et les autres habitations sont en ruines. Nous avons vu que Layard, en 1846, ne l'a pas trouvée en meilleur état, mais il donne une version différente du déclin de la ville et de sa prise par les Turcs, mentionnant avec éloge son "pacha héréditaire", Ismail, et semblant ignorer l'interlude de Mîrê Korê.

Quoi qu'il en soit, en 1850, 4 ans après le passage de Layard (qui, lui ne mentionne pas les juifs, car il s'était mis en tête de retrouver les chrétiens, ce qui montre bien, une fois de plus, qu'un voyageur ou un explorateur ne trouve sur place que ce qu'il s'attend à voir), George Percy Badger, un missionnaire anglican venu étudier et sûrement convertir les chrétiens locaux, mentionne une délégation de juifs d'Amadiyya s'étant rendue à Mossoul et se plaignant des extorsions d'argent du "muttasalim", le gouverneur de la ville, qui faisait tout autant souffrir les chrétiens que les juifs, comme l'avait rapporté Layard. Désireux de partir, ils étaient forcés par les autorités locales de rester en la ville, taillables et corvéables à merci.


Et ainsi, en raison de son déplorable gouvernement, Amadiyya ne fit que décliner. En 1871, lors d'une autre guerre inter-kurde, des assaillants musulmans en profitèrent pour attaquer les juifs au passage, pillèrent les deux synagogues de la ville, emportèrent même les ornements des rouleaux de la Torah. 

Dix ans plus tard, en 1881, il n'y avait plus que 50 familles juives à Amadiyya. En 1930, selon un rapport officiel, sur les 31 746 habitants du district, les juifs n'étaient plus que 812. Quant à la population totale de la ville-même, un rapport britannique l'évalue, en 1929, à 3000 habitants, toutes religions confondues.

En 1945, alors que les juifs n'avaient plus que quelques années à rester au Kurdistan, ils étaient encore 400 à Amadiyya, selon un rapport qui contredit le recensement de 1947 qui en dénombre 303.

Une fois les Ottomans partis, les aghas kurdes relevèrent la tête et d'autres figures illustrèrent la résistance de la région non plus contre les Turcs mais contre les Britanniques, d'abord, et puis les Irakiens.

Les Britanniques ont laissé des notes et des rapports détaillés sur les figures locales et leurs tribus. Parmi les chefs de file kurdes du district d'Amadiyya il y avait, au lendemain de la Première Guerre mondiale, Rashid Beg et Musa Beg de la tribu des Berwarî-Balaq ; 'Abd Al-Wahab Agha de Nerwa-Raikan et Suto Agha de Qashuri et Oramari, mais deux figures d'agha se détachent dans la première moitié du 20e siècle : Hadji Abd Al Latif ibn Hadji Abd Al Aziz et Hadji Sha'ban Agha. 

Les sources juives interrogées par Mordechai Zaken retracent avec précision les faits d'armes et les actions tumultueuses de ces deux chefs et de leurs fils :

Hadji Abd Al Latif Agha, alors gouverneur de la ville, est décrit par les Britanniques comme un dirigeant capable, bien que sans douceur et pouvant être partial : 

‘Though his rule may be somewhat rough and arbitrary, the country is a rough one.’ 

En 1919, il est destitué et exilé à Mossoul pour avoir quelque peu comploté contre l'occupant, mais fut, plus tard, autorisé à revenir dans la ville. Entre temps, les réfugiés assyriens qui avaient fui, de la future Turquie, le génocide, étaient relogés ça et là au futur Kurdistan d'Irak, sous le patronage de la Société des Nations. Il y eut remaniement des districts et Amadiyya fut incorporé dans un nahiya (sous-district) avec Hadji Abd Al LAtif de nouveau à sa tête, avec le titre de mudir qui va avec le nahiya. Puis Amadiyya devint un qada (district) et Hadj Abd Al latin de mudir devient un qaymaqam (ce qui le fait monter d'un cran administratif). Enfin, en décembre 1920, les Britanniques évacuent pour de bon la ville et c'est toujours 'Ab Al Latif qui en devient le hakim (gouverneur).

D'après les récits des juifs d'Amadiyya, dont un certain Daniel Barashi, une des sources principales de Mordechai Zaken pour Amadiyya, Hadji Abd Al Latif  était vu comme l'agha de tous, juifs, chrétiens et musulmans : "Personne ne pouvait pratiquer le ta'adda (harcèlement) contre ses protégés juifs, et il empêchait le harcèlement des juifs par les habitant du coin comme de la part des officiels gouvernementaux."

Ce qui, dans toute l'étude de Mordechai Zaken, est une constante et ne concerne pas seulement Amadiyya : dans les régions où les aghas kurdes sont tout puissants, le sort des juifs dépend de la personnalité et de la bienveillance de l'agha, bien plus que de l'État irakien.

Mais ces aghas kurdes étaient politiquement très remuants et rebelles, ce qui faisait que leurs protégés, quelle que soit leur confession, devait suivre leurs penchants politiques et leurs aléas guerriers. Ainsi, dans les années 1920, alors que Hadji Abd Al Latif était hakim d'Amadiyya, il s'allia avec son beau-frère Sheikh Muhammad Zebari, et ensemble, avec leurs hommes, ils participèrent au soulèvement d'Amadiyya. Le récit de cette conspiration est donné par Daniel Barashi et a des allures d'aventures de carbonara : Hadj Abd Al Latif fit, en effet, creuser un tunnel sous les murs entourant sa demeure, probablement à fin d'y entasser hommes ou armements. En tout, c'est la veille du nouvel an juif, en septembre 1922, que l'insurrection kurde éclata contre les forces de police qui stationnaient dans le poste de police (qishle) de la ville. Mais ils échouèrent en raison du renfort apporté par les levies (les auxiliaires assyriens employés par les Britanniques) de la tribu des Tkhuma, qui vinrent au secours des forces gouvernementales. Hadji Abd Al Latif s'enfuit alors à Barzan, chez Sheikh Ahmad. Il avait d'ailleurs un autre beau-frère chez les Barzani, en la personne de Sheikh Abd As Salam qui avait épousé sa sœur.

Hadji Abd Al-Latif eut quatre fils dont les vies contrastées et tumultueuses sont à l'image des tourments du Kurdistan devenu 'irakien' : Salihê Safyaye, l'aîné, qui lui succéda comme agha, Izzat et Ali, qui furent officiers dans l'armée irakienne, et le plus jeune, Ahmad.

Durant la Seconde Guerre mondiale. Salihê Safyayê rallia la rébellion de Mollah Mustafa Barzani avec un autre agha, Miste Tahir, le tout avec la "bénédiction" de Hadj Abd Al Latif, apparemment ravi de voir que son fiston reprenait le flambeau. Il avait d'ailleurs marié sa fille à un fils de Sheikh Ahmad Barzani (comme on le voit, les alliances matrimoniales permettent de dessiner une carte des confédérations politiques tribales).

Alors que Salihê Safyayê se battait aux côtés de Mollah Mustafa Barzani, son frère cadet, Izzat, était, lui, officier dans l'armée irakienne et fut envoyé, peut-être parce qu'il connaissait bien le pays, combattre les Barzani avec 3 unités irakiennes. Psychologiquement, en tout cas, choisir Izzat pour mener cette opération n'était guère judicieux, car une fois tout près des positions kurdes, Izzat envoya un message à Mollah Mustafa, en lui indiquant où lui-même et ses hommes se trouvaient, et quels étaient les ordres reçus de ses supérieurs. Mollah Mustafa encercla immédiatement les Irakiens et avertit Izzat que ses troupes n'avaient aucune chance de l'emporter contre lui. N'attendant que cela, Izzat déserta avec 2 autres officiers (probablement kurdes, eux aussi), et rallia à son tour la rébellion de Barzani, passant la frontière iranienne. Entre temps, il apparaît que le plus jeune, Ahmad, également officier irakien, les avait rejoints. 

Peu de temps après, un officier britannique passa à son tour la frontière et vint trouver Izzat et Ahmad, en les persuadant de se rendre, contre un sort clément. Se fiant imprudemment à la Perfide Albion, les deux frères se rendirent et furent alors remis à l'armée irakienne. Naïf mais ni pleutre ni idiot, quand les Irakiens demandèrent à Izzat s'il savait le sort qui l'attendait, il répondit avec une superbe concision : "Un seul coup de feu, mais ramenez ensuite mon corps à Amadiyya !" Son frère Ahmed fut, lui, épargné, mais le gouvernement confisqua leurs biens et leurs villages. Un seul des quatre fils de Hadji Abd Al Latif, Ali, resta fidèle au gouvernement.

Le second grand agha d'Amadiyya, Hadji Sha'ban, était décrit par les rapports britanniques comme le chef de l'autre faction kurde d'Amadiyya, ce qui en fait donc l'alter-ego de Hadji Abd Al Latif. Tout comme lui, il prit part à l'insurrection et fut toujours hostile aux Britanniques. Tout le temps de leur mandat, il fut hors-la-loi et se cacha sur les frontières de Djezireh et Tkhuma. Selon Daniel Barashi, il aurait été impliqué dans le meurtre d'au moins deux officiers britanniques.

Cependant, une fois les Britanniques partis, Hadji Sha'ban, au contraire des Hadji Abd Al Latif resta loyal à l'État irakien et combattit même les Kurdes insoumis.

En plus de la mention des levies assyriens qui furent employés par les Britanniques pour combattre les Kurdes (après leur départ, ils furent lâchés par la Grande-Bretagne comme la France lâcha ses harkis et il y eut un massacre conséquent d'Assyriens en représailles dans les années 30), nous avons vu qu'un certain nombre de réfugiés assyriens avait été relogés dans le futur Irak. Apparemment, ils s'apparentaient plus aux guerriers tribaux du Hakkari qu'à de paisibles rayas, car les juifs gardent le souvenir des exactions de ces remuants réfugiés. Un autre témoin-source, Rabbi Alwan Abidani d'Amadiyya se souvient que les villages juifs ont subi massacres et pillages de la part des Assyriens. En septembre-octobre 1919-1920, Avidani, qui était sacrificateur, voyagea de village en village pour tuer des animaux selon le rite kasher. Il traversa les localités juives de 'Ardin, Aynshakh et Aqdish, et se souvient que beaucoup de leurs habitants avaient fui les lieux pour se réfugier dans les murs d'Amadiyya :

"Je me souviens qu'une fois, alors que je voyageais pour sacrifier des animaux… les chrétiens Aturis (Assyriens ou Tiyaris) tuèrent un juif nommé Hayyo Mardana, sous un arbre près de 'Ayn Kadhat, appelé 'Ayn Shasa, et il fut enterré là, et ils volèrent tous ses biens. En raison de cet événement, je suis resté le jour de Yom Kippour au village de Bamarne avec toutes les congrégations de ce village… À cette époque, il y avait, dans ces villes, une grande peur des chrétiens assyriens qui tuaient et pillaient beaucoup. C'est pourquoi nous avons prié et pleuré de tout notre cœur le jour de Yom Kippour et le lendemain, il y eu soulagement – c'était un miracle – et nous avons pu voyager jusqu'à Amadiyya, ma ville."

D'autres sources, chrétiennes, cette fois, confirment que des réfugiés assyriens ont aussi attaqué des villages kurdes (musulmans). Comme quoi l'on est toujours, à un moment ou un autre, le pillard-brigand de quelqu'un.


Concert de soutien à l'Institut kurde