samedi, septembre 29, 2012

Les sables de Mésopotamie



Dimanche 30 septembre à 8 h 05 sur France Culture : Les sables de Mésopotamie, avec Fawaz Hussain, écrivain kurde d'expression française, originaire de Syrie. Foi et Tradition. S. de Courtois.

vendredi, septembre 28, 2012

L'affaire Tareq Al-Hashimi : un conflit turco-irakien ou turco-iranien ?


S’ajoutant au contentieux sur l’exportation du gaz kurde et à la visite surprise d’Ahmet Davutoğlu à Kirkouk, la condamnation à mort du vice-président Tareq Al-Hashimi, réfugié en Turquie avec sa famille, est devenue tout autant un conflit international qu’un affrontement interne entre deux factions politiques irakiennes. 

Le 9 septembre, la cour pénale de Bagdad a condamné à mort par contumace Tareq Al-Hashimi, en fuite depuis des mois et accusé d’avoir organisé une attaque terroriste contre le parlement de Bagdad, en causant la mort de la députée Suhad Al-Khafaji et de l’officier de la Sécurité nationale Talib Balasim. Le verdict a déclenché l’indignation de son groupe parlementaire, Al-Iraqiyya, tandis qu’une vague d’attentats faisait 88 morts, sans que l’on puisse établir avec certitude un lien avec cette annonce.

Loin de faire l’unanimité en Irak, cette sentence a suscité les réserves du Gouvernement régional du Kurdistan, dont le porte-parole, a, le 11 septembre, averti des risques d’aggravation de la crise politique que traverse le pays. Le Premier Ministre de la Région kurde, Nêçirvan Barzanî, a jugé « peu sage » cette condamnation et estimé que le conflit peut être résolu « politiquement, mais pas de cette façon .» Le président de l’Irak lui-même, Jalal Tabani, dont la fonction consiste principalement à assurer une forme de médiation entre les blocs antagonistes du pays a fait part de « sa souffrance » à l’annonce du verdict qui, selon lui, sera un obstacle de plus à la « réconciliation nationale ». Tout en affirmant son attachement à l’indépendance de la Justice, Jalal Talabani a appelé à la tenue d’une conférence nationale pour résoudre tous les conflits actuels, dont le dossier Hashemi.

De son exil turc, Tareq Al-Hashimi a rejeté, de nouveau, les accusations et dénoncé la sentence. Il a réaffirmé qu’il ne retournerait en Irak qu’avec les assurances d’un procès équitable et celle de sa propre protection. Il a fait appel aux Nations Unies pour demander l’établissement d’une cour qui assisterait la cour pénale irakienne, avec l’envoi de juges à Bagdad qui enquêteraient sur son dossier. En plus des accusations de corruption et d’accaparement du pouvoir qu’il a maintes fois portées contre son rival politique le Premier Ministre Nouri Al-Maliki, le vice-président a fait allusion à des manœuvres iraniennes dans cette affaire comme dans d’autres, et a critiqué les États-Unis pour l’aveuglement dont ils font montre concernant l’actuel gouvernement irakien.

De son côté, le Premier Ministre turc Recep Tayyip Erdogan a refusé à nouveau l’extradition d’Al-Hashimi, tout comme l’avaient fait les Kurdes quand le vice-président irakien s’était d’abord enfui au Kurdistan d’Irak, et s’est attaqué personnellement à la personne de Nouri Al-Maliki en l’accusant d’enflammer délibérément les « tensions sectaires en Irak ».

Tareq Al-Hashimi était vu comme un des principaux adversaires de l'influence iranienne en Irak. La liste Al-Iraqiyya comprenant à la fois des députés sunnites et chiites et se présentant comme "laïque", plus qu'un épisode d'une lutte confessionnelle, il s’agit, moins d'un affrontement entre un "axe sunnite" vs "chiite"  que d'un regroupement d'intérêts entre la Turquie-Erbil et l'opposition syrienne, faisant face à un Iran soutenant le Baath syrien et régulièrement accusé par les opposants au Premier Ministre irakien d'avoir opéré une mainmise politique sur l'Irak après le retrait américain en soutenant publiquement Nouri Maliki, notamment depuis le début de son second mandat en 2010.

jeudi, septembre 27, 2012

«Les chaînes de fer ne peuvent me lier mais Kirkouk, si»


province de Kirkuk
Source Wikicommons
Une visite inopinée du ministre des Affaires étrangères turc à Kirkouk a suscité la colère de Bagdad le mois dernier. Arrivé le 1er août au Kurdistan d’Irak, à l’occasion d’une rencontre quadripartite avec le GRK, le Conseil des Kurdes de Syrie et le Conseil national syrien, Ahmet Davatoglu a, dès le lendemain 2 août, fait un crochet par la ville de Kirkouk, revendiquée par les Kurdes et toujours, de facto, sous le contrôle du gouvernement central.

Depuis 2005, les Kurdes tentent de faire appliquer l’article 140 de la constitution irakienne qui prévoit un référendum pour que la population de plusieurs districts à majorité kurde hors de la Région choisisse ou non son rattachement au Gouvernement régional kurde. Ils rencontrent pour cela de multiples oppositions : celle, ouverte, de la population arabe sunnite de la ville de Kirkouk, de certains partis turkmènes et le refus, plus ou moins franc, de la part du gouvernement central, de laisser échapper à son autorité directe cette province riche en pétrole, alors que le litige sur l’exploitation des hydrocarbures au Kurdistan ne cesse de s’envenimer.

Non moins vive est l’opposition de la Turquie qui craint qu’en récupérant Kirkouk, le Gouvernement régional du Kurdistan fasse un pas de plus vers l’indépendance, en assurant son autonomie énergétique. Si bien que, se posant en «protecteur» de ses compatriotes turkmènes, Ankara a toujours laissé entendre qu’il avait son mot à dire dans ce qui relève pourtant des affaires purement intérieures de l’Irak. 

La visite du ministre turc à Kirkouk pouvait donc apparaître comme une mise en garde supplémentaire adressée aux Kurdes, au cas où ils auraient la velléité d’annexer la province. Mais dans les faits, elle a été organisé par le Gouvernement régional du Kurdistan et a déclenché l’ire de Bagdad et non celle d'Erbil. Le gouvernement central s’est, en effet, fortement offusqué de n’avoir pas été averti de ce déplacement. 

 « Il n’est pas dans l’intérêt de la Turquie ni de quelque autre partie de sous-estimer la souveraineté nationale, de violer les règles des relations internationales et de ne pas se conformer aux normes les plus fondamentales dans les relations des États et de leurs représentants » pouvait-on lire sur le site Internet du ministère des Affaires étrangères irakiennes. Tout ceci a été fait sans être porté à la connaissance du ministre des Affaires étrangères, sans son approbation et sans passer par les voies officielles et diplomatiques pour organiser cette visite. » Parlant « d’ingérence flagrante dans les affaires intérieures de l’Irak », le ministère a ajouté que la Turquie devait se préparer aux « conséquences de ses actes » et aux « effets négatifs sur les relations entre les deux pays. » Le ministre irakien a envoyé également une lettre de protestation au gouvernement turc.

Répondant aux accusations « d’ingérence », le Premier Ministre turc, Recep Tayyip Erdogan a trouvé sur le plateau d’ATV « normal qu’un ministre portant un passeport rouge (diplomatique) visite cette administration régionale (le GRK) et ensuite fasse un trajet de 40 km pour rencontrer des compatriotes. » Mais cela n’a pas apaisé le gouvernement irakien et le 7 août, son porte-parole Ali Dabbagh annonçait une «révision» de ses relations avec la Turquie : « Le cabinet a étudié les développements récents des relations turco-irakiennes et a décidé de revoir ces relations à la lumière de ces récents développements, dans une nouvelle réunion de cabinet qui aura lieu dès que possible. »

Première étape : la formation d’une commission chargée d’enquêter sur les circonstances de cette visite controversée, commission présidée par le Vice-Premier ministre Hussein Sharistani qui, ancien ministre du Pétrole et des hydrocarbures et toujours en charge des questions portant sur l’énergie, est un vieil adversaire des Kurdes, acharné à combattre leur volonté d’auto-gestion de leurs ressources naturelles. Ce choix donne déjà le ton de cette commission, Sharistani ayant été le premier à dénoncer comme illégal le récent accord kurdo-turc sur la construction d’un gazoduc.

Lors de sa visite à Kirkouk, Ahmet Davutoglu a rencontré des membres de la communauté turkmène et des représentants du Front turkmène soutenu depuis des années par la Turquie, jusqu'ici farouchement opposé au rattachement de Kirkouk à la Région kurde. Le ministre leur a tenu un discours aux accents aussi lyriques que vagues  concernant l’identité multi-ethnique et religieuse de la ville, sans aborder les points litigieux, comme le référendum ou le recensement de la population, parlant seulement « d’aide de la Turquie » pour rebâtir Kirkouk et assurer la paix, sans plus de détails. 

 « Après 75 ans je viens à Kirkouk comme le premier ministre des Affaires étrangères (à se rendre sur place). Vous nous avez attendu longtemps, mais je vous promets que vous n’attendrez plus aussi longtemps à l’avenir. Avant de venir ici, j’écoutais le grand maître Abdulwahid Guzelioglu (poète et chanteur turkmène de Kirkouk) : « Les montagnes m’ont appris la persévérance. Les chaînes de fer ne peuvent me lier mais Kirkouk, si. » Kirkouk est aussi important pour nous qu’il l’est pour ce chanteur kirkouki. 
« L’Irak est un ami proche de la Turquie. Les Irakiens sont nos frères : les Turkmènes, les Assyriens, les Kurdes et les Arabes. Tous les Irakiens nous sont plus chers que la vie. Quand une tragédie ou une mauvaise nouvelle nous parvient de l’Irak, nos cœurs se brisent. Quand une attaque terroriste survient à Kirkouk et que nos frères kirkouki en sont victimes, croyez-moi, nos cœurs brûlent d’un feu que rien ne peut éteindre. Si vous vivez heureux et en paix, nous aussi, en Turquie, serons heureux. Si une épine vous pique le doigts, nous, en Turquie, ressentirons votre douleur. 
« J’ai toujours voulu venir à Kirkouk mais ne pouvais le faire en raison des circonstances. Je me suis entretenu avec le Premier Ministre turc et j’ai décidé de venir à Kirkouk sans l’annoncer auparavant. Si Dieu veut, je reviendrai et nous nous rencontrerons à nouveau. Je vous apporte les salutations du président, du Premier Ministre, du gouvernement et du peuple de Turquie. Kirkouk a une place spéciale dans nos cœurs. J’ai rencontré des membres du Conseil provinciale de Kirkouk et leur ai dit que Kirkouk est l’une de nos plus anciennes cités. Kirkouk est une ville où Turkmènes, Kurdes et Assyriens vivent ensemble pacifiquement. Il se peut que des gens veulent répandre la sédition et rompre cette fraternité mais vous vous dressez contre contre ces gens et préservez Kirkouk comme une ville de coexistence et de paix. Les Turkmènes sont natifs de Kirkouk et rien ne pourra les en déloger. Kirkouk est Kirkouk avec toutes ses communautés. Personne ne peut leur faire injustice. L’authentique culture turkmène de Kirkouk ne profite pas seulement à Kirkouk elle-même et à l’Irak, mais aussi à la Turquie. Kirkouk est toujours dans nos pensées et nous avons grandi, enfant, en entendant les histoires de Kirkouk. Venir à Kirkouk a toujours été dans nos cœurs. 
« Avec le Conseil provincial nous avons pu, aujourd’hui, prendre certaines décisions. Avec l’aide de Dieu, la Turquie fera de son mieux pour aider à la reconstruction et à la sécurité de Kirkouk. Kirkouk est le symbole de l’unité et de l’intégrité de l’Irak. Si la paix prévaut à Kirkouk, la paix et la stabilité prévaudront en Irak. Et l’Irak est stable et en paix, le Moyen Orient le sera aussi. Dieu a gratifié Kirkouk de nombreux trésors et ressources naturelles. Cette ville doit être reconstruite avec ces ressources. Pas seulement en Irak, mais dans le monde entier, Kirkouk doit devenir un exemple de richesse et de prospérité. Pour y arriver, la Turquie aidera toujours Kirkouk. Nous serons au service de Kirkouk. »


Interrompu par un Turkmène lui demandant de leur venir en aide pour empêcher « l’annihilation des Turkmènes de Kirkouk », le ministre a simplement répondu que cela ne se produira jamais, « il n’y aura pas de Kirkouk sans les Turkmènes », avant de poursuivre en affirmant que Nadjmeddin Karim, le gouverneur kurde de Kirkouk lui avait donné « carte blanche », ainsi que « d ’autres amis » pour qu’il fasse « tout ce qui était nécessaire pour assurer la paix ».

La seule annonce concrète, finalement, a été de jumeler Kirkouk à Konya, la ville natale de Davatoglu. 

Bagdad a aussi exprimé sa « surprise »  en s’adressant au gouverneur de Kirkouk : «Nous sommes surpris de la position du gouverneur de la région qui a facilité cette visite sans en avertir le gouvernement fédéral et a ainsi enfreint ses responsabilités constitutionnelles.» 

Conséquence ou coïncidence ? Le Front turkmène, dont les relations avec les partis kurdes s’étaient améliorées depuis le printemps dernier, a annoncé la possible formation d’une liste commune avec «les Kurdes et les Arabes réellement «natifs» de Kirkouk» en vue des prochaines élections des Conseils provinciaux, soit, dans les faits, une liste d’opposition à celle du principal rival de l’Alliance kurde à Kirkouk, le Mouvement national irakien d’Iyad Allawi. 

Musée du Louvre, nouveaux espaces des arts de l'Islam

Vendredi 28 septembre à 15 h 00 sur France Culture : Musée du Louvre, nouveaux espaces des arts de l'Islam. Avec Sophie Makariou, directrice du département des Arts de l'Islam au musée du Louvre. Cultures d'Islam, A. Meddeb.

Intégrale filmée de la conférence du père Paolo Dall'oglio sur les Chrétiens de Syrie

Duhok : les réfugiés au secours de la Banque du sang


C'est presque un conte moral : les quelques 17 000 réfugiés kurdes de Syrie qui s'entassent principalement au camp de Domiz à Duhok, loin d'être un fardeau pour la Région ont eu pour bienfait inattendu de sauver la Banque du sang de la province d'une rupture de stock, le nombre des donneurs ayant drastiquement baissé en raison du Ramadan. Aujourd'hui, environ 150 réfugiés ont fait le trajet de leur camp à l'hôpital pour se proposer en donateurs.

On peut espérer que les tests hépatiques, syphilitiques, sidaïques auxquels tout résident étranger doit se soumettre au bout de 10 jours seront aussi appliqués. Le directeur de la Banque du sang, Majeed Khamo a ainsi indiqué au Kurdish Globe que près de 115 bouteilles de sang avaient déjà été collectés. Un plus grand nombre de donateurs serait prêt à participer si l'on mettait en place un système de transports à leur disposition.

mercredi, septembre 26, 2012

Du Khorassan à Jérusalem, perpétuation, renouveau et vitalité de la chanson kurde

Tout le long du XXe siècle chanter en kurde signifiait souvent chanter en exil ou au prix de maintes difficultés et tracas ce qui n'a jamais empêché la chanson kurde de garder toute sa vitalité et d'épouser, au travers des thèmes politiques, patriotiques, révolutionnaires, tous les aléas de la vie au Kurdistan en plus des traditionnelles chansons d'amour. Depuis le début des années 2000, tant en raison de l'essor d'Internet, des TV satellites qui favorisent les contacts et les échanges entre les Kurdes de toutes parts, et aussi en raison des possibilités nouvelles de spectacles et de prestations diverses dans la Région du Kurdistan, on assiste à, non pas une résurrection de la chanson kurde, car depuis les grandes voix de Radio Erevan ou Radio Bagdad, elle n'a jamais cessé d'être entendue, mais à un regain de prestige et même d'attraction.

Les trois chanteurs qui vont suivre présentent tous trois une originalité, une origine "transversale" ou décalée par apport aux "Kurdes du Kurdistan" : Yalda Abbasi est une Kurde du Khorassan ; Ilana Eliya, dont nous avons déjà parlé ici, fait partie de ces juifs dont les racines sont au Kurdistan d'Irak et dont le répertoire, la musique et la langue kurdes sont des points essentiels de leur identité en Israël ; Ilham Al-Madfei a des origines kurdes mais se considère plutôt comme irakien et a fait une carrière de chanteur arabe ; il voit cependant la Région du Kurdistan d'Irak comme un lieu de retour à ses racines en même temps qu'un havre où pourrait être préserver la chanson irakienne.






Yalda Abbasi et son groupe Koma Kovat d'abord. Elle est née en 1987, à Machhad, dans cette communauté kurde installée depuis le 17e ou le 18e siècle au Khorassan (Iran oriental), qui compte aujourd'hui près de 2 millions de kurmandjophone. Si le Khorassan connaît un répertoire de chants kurdes traditionnels très riche, Yalda Abbasi, tente de renouveler les épopées anciennes en adaptant le style des bardes kurdes (baxsi) à un genre plus contemporain qui se rapproche des autres groupes kurdes, afin de perpétuer cet héritage auprès des nouvelles générations, malgré les obstacles rencontrés par les Kurdes du Khorassan pour pratiquer leur langue et leur culture (et aussi l'interdiction pour les femmes, en Iran, de se produire sur scène.

Yalda Abbasi joue et chante depuis l'âge de 12 ans et a sorti son premier album en kurde, fortement encouragé par sa mère. Elle espère en sortir deux autres et se montre optimiste sur l'avenir de la chanson kurde au Khorassan qui connait un succès notable ces dernières années : "Le style de la musique kurde nous a été transmis de nos ancêtres et nous le transmettrons aux générations futures." (Rudaw).

Signe important, le répertoire des chants kurdes dépendait de la poésie classique et ancienne mais de nouveaux poètes kurdes tels Hassan Rushen, Ismaîl Hassanpour et Ali Reza insufflent une sève nouvelle et contemporaine aux interprètes.

Sa page Facebook.




Ilana Eliya est appelée, par ses fans, la "reine de la musique kurde juive". Née à Jérusalem, d'une famille de Kurde d'Irak arrivée en 1952, elle a d'abord été attirée par la musique occidentale, avant d'opter finalement pour le répertoire kurde, d'autant que son père, chantre de synagogue profondément attaché au chant liturgique judéo-kurde, n'a cessé de collecter et collectionner ce patrimoine sonore et, via la radio, a toujours continué d'écouter de la musique kurde sur Radio Kurdistan, captée en ondes courtes. Elle dut aussi à sa mère d'apprendre la musique classique, la guitare, et de prendre des cours de chants.

Malgré cela, en raison des interdits sociaux encore vivaces qui dissuadaient les femmes de monter sur scène, surtout dans un milieu religieux, elle ne se lança pas tout de suite dans la carrière, pas avant la mort de son père. Mais le succès fut finalement au rendez-vous comme on dit, et Ilana Eliya, si elle ne s'est pas encore produite au Kurdistan, donne des concerts à l'étranger, ainsi en juin dernier au Bernie Grant Cultural Center, à Tottenham, où elle a chanté en hébreux, en kurde et an araméen, invité par l'association Gulan, qui promeut la culture kurde.

Voir son site.








Enfin, celui que l'on surnomme le "Beatles de Bagdad", Ilham Al-Madfei, qui vivait depuis 33 ans en Jordanie, a décidé de quitter son pays d'exil pour revenir à celui de ses origines, le Kurdistan d'Irak.

Né en 1942 à Bagdad, Ilham Al-Madfei est guitariste, chanteur et compositeur, et sa musique est une synthèse de styles occidentaux et irakien classique. Ayant appris la guitare à 12 ans, il a d'abord formé un groupe de rock, les Twisters, en 1961. Parti étudier à Londres, il se produit au Bagdad Café, y rencontre quelques collègues nommés Paul McCartney, Donovan, Georgie Fame.

De retour en Irak, il développe un style intermédiaire entre l'Occident et l'Orient mais la venue au pouvoir de Saddam l'amène finalement à quitter l'Irak, d'où il est s'exile définitivement pour la Jordanie en 1994. Interviewé au Caire par AkNews en août dernier, il y annonçait son intention de s'établir au Kurdistan d'Irak. Il explique son choix de par la fierté de ses origines kurdes et le fait que le Kurdistan est, pour lui, un "pays de rêve", que sa famille visitait chaque année, quand il était enfant, et dont il garde un souvenir ébloui, notamment de Salaheddin, Shaqlawa, Sersing et d'autres encore.

Il aspire maintenant à retourner au contact des poètes irakiens contemporains dont il peut commander les textes et a l'intention de former un groupe de musique au Kurdistan.

Voir son site.
  

mardi, septembre 25, 2012

L'avenir du Kurdistan de Syrie se discute toujours à Erbil


Après la prise de possession de la plus grande partie des villes kurdes de Syrie, hormis Qamishlo, la toute neuve coalition des partis kurdes syriens a dû s’organiser et gérer les localités en principe désertées par les autorités syriennes, et aussi s’essayer au difficile exercice du partage de pouvoir entre les différentes composantes de leur mouvement. Le 2 août, le Bureau des relations extérieures du PYD (branche syrienne du PKK) a appelé à la formation pacifique d’une région kurde auto-gérée, qui pourrait servir de « refuge et de base pour tous les révolutionnaires syriens, afin qu’ils libèrent la Syrie » et que « cette instauration démocratique doit être considérée comme une contribution à la construction d’une Syrie unie, démocratique et plurielle » tout en assurant qu’il ne s’agissait pas d’une « menace contre la stabilité régionale et globale » et repoussant d’avance les accusations de «séparatisme».

De son côté, un autre leader des Kurdes syriens, Abdulhakim Bashar, à la tête du Conseil national kurde (CNK) a, lors d’un entretien accordé au journal Rudaw, donné sa propre vision des derniers événements au Kurdistan de Syrie, en réfutant, par exemple, le terme de « libération » des régions kurdes. Selon lui, « aucune ville kurde n’a été libérée » et les forces de sécurité syriennes sont présentes sur place, bien que les drapeaux kurdes aient été hissés sur les bâtiments officiels qui continuent de fonctionner comme avant. Abdulhakim Bashar affirme même que les fonctionnaires continuent d’être payés par la Syrie. Les critiques du leader du CNK se portent surtout sur le peu d’enthousiasme que montrerait le PYD à respecter l’accord d’Erbil, notamment dans le partage du pouvoir et la menée d’une politique commune. Interrogé sur la façon dont il envisageait l’avenir de la Syrie, Abdulhakim Bashar estime que le président syrien tombera, tôt ou tard, mais que le régime se battra jusqu’au bout, pouvant faire sombrer le pays dans une guerre civile entre Alaouites et le reste des Syriens, mais que les Kurdes devaient rester à l’écart de cette guerre civile. Il a jugé également peu probable une intervention directe de l’armée turque au Kurdistan de Syrie, même contre les zones détenues par le PYD. 

Un autre leader kurde, mais dirigeant, lui, le Conseil national syrien (CNS), soit la principale représentation de l’opposition syrienne, a commenté les derniers développements de la question kurde en répétant que les droits de son peuple devaient être reconnus par la constitution, mais sans préciser la teneur de cette reconnaissance alors qu'en juillet dernier, des partis kurdres avaient quitté la conférence du Caire devant le refus arabe de les reconnaître comme « nation » à part.

S’étant rendu au Kurdistan d’Irak le 1er août, afin d’y rencontrer à la fois le Conseil national kurde, le président Massoud Barzani et le ministre des Affaires étrangères turc, Ahmet Davutoğlu, au sujet de la crise syrienne, Abdulbassit Sayda a indiqué, lors d’une conférence de presse donnée au Divan Hotel d’Erbil, que tous les participants à cette réunion quadripartite soutenaient le projet du Conseil national syrien. Abdulbassit Sayda a ajouté qu’il avait demandé au ministre turc de régler la question kurde en Turquie de façon pacifique et au président Barzani d’accueillir les réfugiés syriens sans distinction d’origine (jusqu’ici la majorité des réfugiés semblent être des Kurdes, sans que l’on sache si cet état de fait vient de ce que les autres Syriens tentent spontanément de se diriger vers d’autres pays arabes ou la Turquie, sans passer par les régions kurdes ou si le Gouvernement régional kurde préfère ouvrir ses frontières à ses compatriotes et aux minorités religieuses, comme il l’a fait pour les réfugiés venus d’Irak). Le président du CNS a, par ailleurs, critiqué le gouvernement de Bagdad pour avoir déployé ses soldats aux frontières afin d’empêcher les réfugiés de passer. 

À l’issue de cette réunion, le Conseil national syrien et le Conseil national kurde ont signé un accord en quatre points, dont un portant sur le partage du pouvoir après la chute du Baath. Mais la viabilité ou la solidité de cet accord peut sembler fragile du moment que le PYD ne l’entérine pas, n’ayant pas été « invité à Erbil », comme l’a affirmé son leader, alors que le président du Conseil national syrien a nié, lui, un quelconque refus turc portant sur la présence du PYD à la réunion en assurant que tous les partis kurdes avaient été invités. Il est vrai qu’en l’état actuel des choses, une rencontre directe et ouverte entre Saleh Muslim (qui ne revendique officiellement qu’une « affinité idéologique avec le PKK malgré les portraits d’Öcalan affichés dans beaucoup de bâtiments officiels 'libérés' par le PYD) et Ahmet Davutoglu s’avère tout de même difficile à envisager pour le moment. 

Car finalement, plus qu’une réaction syrienne, c’est la Turquie qui apparaissait comme la force militaire la plus susceptible de menacer cette nouvelle autonomie, réelle ou symbolique, du Kurdistan de Syrie, en refusant l’instauration de zones pro-PKK sur ses frontières. Au contraire, le Kurdistan d’Irak incline à un apaisement des relations et l’établissement de relations avec tous les partis kurdes de Syrie. Ainsi, Safeen Dizayee, un responsable du Parti démocratique du Kurdistan (PDK), le parti de Massoud Barzani, a-t-il déclaré dans une interview donnée le 3 août au journal turc Zaman (proche de l’AKP) que la Turquie devait accepter ce nouvel état de fait au Kurdistan de Syrie, en le comparant au vide politique et administratif qu’a connu le Kurdistan d’Irak après 1991, alors que Saddam s’était de lui-même retiré de trois régions kurdes, livrées à elles-mêmes. 

Mais la Turquie, pour le moment, n’est pas intervenue aux frontières syriennes et s’est contentée de manœuvres militaires, avec des déplacements de chars d’assaut et de véhicules armés autour des localités de Kilis, Hatay (Antioche) et Mardin. Ahmet Davutoglu a, par contre, enchéri sur les soupçons qui pèsent sur une entente secrète entre le PYD et la Baath, en accusant la Syrie d’armer les combattants kurdes, tout en leur prêtant aussi, paradoxalement, la volonté d’occuper le vide politique que laissera la chute du régime. Mais la position exprimée par le ministre des Affaires étrangères turques est tout de même celle, comme l’a constaté le Conseil national kurde, d’un certain infléchissement dans sa résolution adamantine de ne laisser aucune entité politique kurde s’établir à ses frontières. Il est vrai que, depuis 2003, la Turquie a dû accepter bon gré mal gré la montée en puissance du Kurdistan d’Irak, aujourd’hui force politique incontournable de la région. Tirant peut-être une leçon de la dernière décennie, Ahmet Davatoglu a déclaré que son pays ne s’opposerait pas à une éventuelle région autonome kurde en Syrie si « toutes les composantes du pays pouvaient s’accorder là-dessus ». Le ministre s’est même prononcé – de façon surprenante si l’on considère le conflit qui perdure à l’intérieur de la Turquie – pour le respect des droits des Kurdes syriens. Alors qu’il était en déplacement au Myanmar, il est revenu, devant la presse, sur le déroulé de la réunion d’Erbil : « Je leur ai dit : "le leader du CNS préside le conseil en tant que kurde syrien. Et vous (le CNK) siégez ici en tant que Kurdes syriens. Asseyez-vous et finissons-en. Ce qui nous oppose est la menace de terrorisme et la possibilité que l’un de vous prétende à la possession d’un lieu quelconque. Des élections doivent être tenues en Syrie, un parlement doit être formé qui comprendrait des Kurdes, des Turkmènes et des Arabes. Vous pouvez venir tous ensemble en disant 'nous accordons l‘autonomie (aux Kurdes)'. C’est votre affaire. Nous ne nous y opposerons pas."

La Turquie anticipe-t-elle, dès maintenant, la future instauration d’une entité kurde syrienne à laquelle elle ne pourra pas s’opposer, appliquant ainsi la stratégie d'approuver un état de fait qu'elle ne peut  de toute façon empêcher ? Ou bien compte-t-elle que les autres composantes de la future Syrie ne permettent pas aux Kurdes d’aller jusqu’au bout de leur volonté d’autonomie ? On peut aussi imaginer qu’Ankara tente, derrière l’écran de sa collaboration avec le Kurdistan d'Irak de favoriser les factions kurdes rivales du PYD, comme le pense Jordi Tejel, un universitaire spécialiste de la question kurde en Syrie, qui estime que la Turquie essaie de « marginaliser le PYD en Syrie en établissant de bonnes relations avec le Conseil national kurde, qui est très proche de Massoud Barzani » (Reuters).

Pour le moment, même si la Turquie est impopulaire dans toutes les parties du Kurdistan, les Kurdes de Syrie, du moins ceux qui penchent pour une entente avec le reste de l’opposition syrienne, sont obligés d’accepter, même à contre-cœur, l'influence d’Ankara sur le devenir de la révolte. Abdul Hakim Bashar, qui représentait le Conseil national kurde à Erbil, a reconnu que la position du ministre turc avait connu une certaine avancée. Quant aux États-Unis, ils ne se sont pas non plus prononcés sur le bien-fondé ou non, selon leurs vœux, d’une autonomie kurde syrienne mais Hillary Clinton, en déplacement à Istanbul, a affirmé fin août que les USA s’opposaient à une prise du pouvoir du PKK en Syrie et soutenaient la Turquie dans cette position. À ses côtés, Ahmet Davutoglu est revenu sur la menace d’un « vide politique » qui ferait l’aubaine du PKK ce qui peut expliquer sa soudaine compréhension des revendications kurdes en Syrie : si ce vide doit être comblé, autant que ce soit par des Kurdes proches de Massoud Barzanî et acceptant de négocier avec le Conseil national syrien.

Entretien avec Massoud Barzanî

À signaler, en kiosque et sur leur site, une interview de Massoud Barzanî par L'Essentiel le magazine des relations internationales.

28 millions de $ pour Laliş




En tournée dans le gouvernorat de Duhok. le Premier Ministre du Kurdistan d'Irak, Nêçirvan Barzanî a visité le temple yézidi de Laliş hier, où il a été reçu par Mîr Tehsîn Beg, le prince des yézidis ainsi que par le Conseil spirituel des Yézidis. Là, il a annoncé que 28 millions de dollars US seraient alloués par son gouvernement à la réfection du Temple. 

La rénovation aura lieu en deux étapes : d'abord une "entreprise spécialisée" procédera à la réfection proprement dite, supervisée par un comité de consultants et d'experts ; le coût de cette première phase est estimé à 17 millions de dollars. Puis le Gouvernement Régional du Kurdistan y installera les services et les infrastructures de base, pour un coût de 11 millions de dollars.

Centre religieux et lieu de pèlerinage de tous les Yézidis, abritant les tombes de Şêx Adî, considéré par les Yézidis comme le fondateur de cette religion et de ses successeurs, Laliş accueille de nombreux fidèles venus du monde entier et connaît quelque affluence aux moments des grandes fêtes et pèlerinages, comme celles de printemps et d'automne. Nêçirvan Barzanî a indiqué considérer comme un "devoir" de la part de son gouvernement d'entretenir le temple. (sources AkNews).

La Main tendue

Mercredi 26 septembre à 22 h 20 sur ARTE : La Main tendue : Les arts de l'Islam au Louvre, documentaire de Richard Copans (Fr., 2012).

Passeport pour les langues : le kurde

Mercredi 26 septembre de 16 h à 18 h : 

– Initiation à la langue kurde (Joyce Blau)
– Présentation de l'œuvre de Mehmûd Beyazîdî : Us et coutumes des Kurdes, dont la traduction en français est à paraître prochainement ; lecture à deux voix d'extraits en kurde et en français (Joyce Blau & Sandrine Alexie).

Institut kurde de Paris, 106 rue Lafayette, 75010, Paris.

lundi, septembre 24, 2012

Les chrétiens de Syrie


Mardi 25 septembre de 19 h 00 à 21 h 00, rencontre et conférence du père Paolo Dall'oglio sur :


Les Chrétiens de Syrie

à la mairie du XXe, Salle des Fêtes, 6 place Gambetta, Paris. Mº Gambetta.

La rencontre est organisée par l'association Souria Houria (voir détails et programme sur leur site),



Le père Paolo y dédicacera son livre Amoureux de l’Islam, croyant en Jésus (Les Editions de l’Atelier).


L'attrait du pétrole kurde et l'ultimatum d'Erbil




Carte WesternZagros
Au début du mois d’août, le Kurdistan d’Irak a accepté de redémarrer ses exportations de pétrole vers Bagdad, gelées depuis avril, dans un geste décrit comme une volonté d’apaisement. D’un autre côté, Total (France) et Gazprom (Russie) ont, à leur tour, bravé les mesures de rétorsion brandies par l’Irak et rejoint les rangs de sociétés américaines comme Exxon et Chevron ayant décidé de traiter directement avec les Kurdes. 

 À cette annonce, le gouvernement irakien n’a pas varié dans la teneur de ses menaces et menacé Total de sanctions. Abdul-Mahdy al-Ameedi a ainsi déclaré à la presse qu’ils « travaillaient à l’annulation de la participation de Total dans le contrat de Halfaya », qu’elle exploite avec PetroChina et Petronas, depuis 2012, avec une participation de 18.75%. La société française s’est refusé à tout commentaire.

Pour sa part, Gazprom Neft a annoncé, toujours au début d’août, sa participation à deux blocs dans le Kurdistan irakien : 40% pour celui de Garmiyan et 80% pour celui de Shakal. La compagnie russe estime que les ressources de ces deux blocs atteindraient une production d’environ 3,6 de milliards de barils. Quant à Genel Energy, qui cible principalement le Kurdistan, elle a annoncé le 7 août une augmentation de ses intérêts dans la région, avec un achat de 240 millions de dollars US : ayant passé un accord avec Hawlêr Energy, la compagnie a acquis 21% de participation au bloc Bina Bawi, près de Taq Taq, qui s’ajoutent aux 23% de participation qu’elle détenait déjà.

La reprise des exportations kurdes vers le gouvernement central, est, elle, conditionnée, selon le ministre des Ressources naturelles du Kurdistan, Ashti Hawrami, aux paiements en souffrance que l’Irak doit à la Région du Kurdistan, selon son gouvernement, et que ce geste de «bonne volonté» de la part du GRK ne devait pas excéder la durée d’un mois en cas de refus de paiement.

Ayant peu apprécié l’annonce faite, en juillet dernier, de la construction d’un gazoduc qui permettrait aux Kurdes d’exporter directement leur gaz en Turquie et plus tard, en Europe, le Premier Ministre irakien a, lui, réagi sur un ton qui n’était pas celui de l’apaisement, accusant la Turquie de traiter avec le GRK comme s’il s’agissait d’un État indépendant. Malgré cela, les exportations kurdes ont bel et bien repris en août et le 13 août, le vice-Premier ministre Hussein Sharistani se plaignait que la quantité livrée s'élève à 116 000 barils par jour, alors que l’accord portait sur un montant de 175 000 barils et que les Kurdes « devaient pomper plus que cette quantité pour compenser la période durant laquelle ils ont cessé les exportations ». Quant aux dettes que Bagdad aurait envers plusieurs sociétés opérant au Kurdistan, à l'origine du gel des exportations, Sharistani a déclaré qu’un audit serait réalisé auprès de des compagnies « que le gouvernement du Kurdistan dit devoir être payées ».

Une des raisons principales évoquées par les investisseurs étrangers qui préfèrent travailler au Kurdistan sont les conditions beaucoup moins avantageuses offertes par Bagdad. Interrogé à ce sujet, Hussein Sharistani a répondu que Badgad pourrait revoir ses contrats : «Nous admettons que les termes des contrats sont durs et pressurent les sociétés. Pour ces raisons, la dernière enchère n’a pas été un succès.» De fait, en mai dernier, une dizaine de blocs irakiens avaient été mis aux enchères mais seulement quatre contrats avaient été signés. Le vice-Premier Ministre a indiqué qu’ils travaillaient à un « nouveau modèle de contrat », aux conditions plus attractives pour les investisseurs. Selon lui, les contrats irakiens comprennent des prix fixes moins avantageux pour les compagnies étrangères mais qui serait plus profitables à l’économie irakienne, tandis que le Kurdistan donnerait un plus grand nombre d’actions à ces sociétés qui, devenant partenaires dans la production pétrolière auraient ensuite intérêt à faire monter les prix.

Le 20 août, Canada's ShaMaran Petroleum Corp annonçait l’acquisition par Total d’une participation de 20% au bloc de Taza, dans la province de Suleïmanieh. ce qui vient s’ajouter aux 35% des blocs de Harir et Safeen, acquis en juillet et le 21 août, le gouvernement américain est sorti de sa tiède réserve pour rappeler que les sociétés pétrolières « ne doivent pas outrepasser l’autorité du gouvernement central». Concernant nos propres compagnies, nous continuons de leur dire que signer des contrats de forage ou de production en quelque région de l’Irak que ce soit, sans l’accord des autorités fédérales irakiennes les exposent à de possibles risques juridiques » a déclaré à la presse Victoria Nuland, porte-parole du Département d’État. De toute évidence, les compagnies prendront leurs propres décisions dans leurs affaires, mais jusqu’à ce que nous ayons une législation fédérale en Irak régissant ces choses, il y a des risques pour eux. » 

Le 28 août, trois jours avant l'ultimatum du 31 déjà avancé par Ashti Hawrami, le Gouvernement régional du Kurdistan a de nouveau menacé de stopper les exportations de brut vers Bagdad si l’Irak ne payait pas ses créanciers kurdes. Du côté de Bagdad, on répondait que l’Irak avait accepté de payer les producteurs locaux pour un montant total de 560 millions de dollars mais que les responsables attendaient toujours le feu vert. « Nous avons alloués 650 milliards de dinars irakiens prélevés sur le budget de 2012 pour payer les sociétés, que nous débloquerons quand nous recevrons l’ordre du gouvernement. Jusqu’à maintenant, nous n’avons pas reçu cet ordre » s’est défendu l’adjoint du ministre irakien des Finances, Fadhil Nabi. 

Mais le 31 août, le vice-Premier ministre irakien Roj Nouri Sahweis, un Kurde vétéran en politique, annonçait que le Gouvernement régional kurde était prêt à entamer de nouvelles négociations avec Bagdad pour mettre un terme à cette crise. Se voulant optimiste, Roj Nouri Shaweis a confié à Reuters que les Kurdes pourraient envisager la fin du conflit si le projet de loi sur les hydrocarbures, modifié en 2007 et donnant un partage du pouvoir plus important entre les chiites, les sunnites et les Kurdes, était enfin adopté. Par ailleurs, selon le vice-Premier Ministre, les Kurdes estiment que passer des accords commerciaux avec des sociétés étrangères sans en référer au gouvernement central est un droit que leur donne la constitution irakienne, alors que Bagdad s’appuierait toujours «sur d’anciennes lois pétrolières datant de l’époque de Saddam», dans un État alors extrêmement centralisé.

Finalement, le gouvernement kurde a accepté de reporter son ultimatum au 15 septembre.

dimanche, septembre 23, 2012

Parution : Carte du Kurdistan





Eurominority.eu et l'Institut kurde de Paris viennent d'éditer une nouvelle carte du Kurdistan en format poster. Il s'agit d'un travail inédit bilingue kurde-anglais, disponible sur le site de la boutique d'Eurominority.


Ce travail recense les principales villes, massifs montagneux, fleuves et lacs qui constituent le Kurdistan historique. Deux cartes complémentaires permettent de prendre connaissance des provinces kurdes réparties entre les États turcs, syriens, iraniens et irakiens. De même une carte simplifiée des dialectes de la langue kurde font de ce nouveau poster inédit  certainement l'une des cartes les plus synthétiques du Kurdistan historique. 

Syrie, au bord du volcan, en direct de la frontière syrienne

Lundi 24 septembre journée spéciale sur France Culture :

Syrie, au bord du volcan, en direct de la frontière syrienne


6 h 30 : Les Matins :
Émission spéciale en direct de la frontière syrienne.

11h 50 : Micro-fiction :
Du lundi au vendredi à 11 h 50 : Feux croisés de Samar Yazbek et Carnets de Homs de Jonathan Littel : lecture d'extraits de ces deux documents sur la situation en Syrie. 

17 h 00 : Émission spéciale Syrie
Les réfugiés syriens : reportage dans les camps de réfugiés de la région de Hatay (Antioche).

samedi, septembre 22, 2012

La Cuisine de Ziryâb et la cuisine des califes


Dimanche 23 août à  11 h 05 sur France Culture : En direct et en public du musée du Louvre, département des Arts de l'Islam, cour Visconti. Avec Farouk Mardam-Bey pour La Cuisine de Ziryâb (Actes Sud) et Samira Fahim pour La Bague de KenzaOn va déguster.
"Le nom de Ziryâb, le " Merle noir ", parti de son Irak natal vers 820 pour s'installer à Cordoue, évoque d'emblée la grâce et l'élégance, mais aussi le perpétuel renouveau. À ce musicien de génie, on attribue la fondation de l'école andalouse et l'invention du luth à cinq cordes. Mais ce poète, qui connaissait par coeur les paroles et les airs de dix mille chansons, s'intéressa tout autant à la géographie et à l'astronomie. Le gastronome, quant à lui, introduisit en Espagne l'asperge, promut la haute cuisine et réforma les arts de la table. Il créa en outre un véritable institut de beauté où l'on apprenait à se coiffer, se farder, se parfumer et à se vêtir selon les saisons... En signant du pseudonyme Ziryâb ses chroniques culinaires, parues d'abord dans le magazine Qantara et aujourd'hui réunies en volume, l'auteur a voulu rendre hommage à cet affranchi noir, devenu un arbitre du bon goût au même titre que Pétrone ou Brummel. Les traditions gastronomiques arabes, aussi bien du Proche-Orient que du Maghreb, y sont abordées pour la première fois dans leur ensemble, à travers références savantes, citations littéraires, anecdotes historiques, impressions de voyage et recettes. Toutes choses qui concourent à mettre en évidence le métissage culturel dont l'Islam a été l'agent le plus actif en Méditerranée pendant au moins dix siècles."

vendredi, septembre 21, 2012

Ekümenopolis ou l'Istanbul sans fin

Vendredi 28 septembre à 18 h : Ekümenopolis ou l'Istanbul sans fin, d'Imre Azem (Turquie, 2011, docu-fiction, VOST) : "Choqué par l'absence de débat public sur la construction d'un 3ème pont sur le Bosphore, Imre Azem se lance dans son premier docu-fiction." 

jeudi, septembre 20, 2012

De briques et de stucs : L'habitat traditionnel à Erbil







Du 21 au 30 septembre :


L'habitat traditionnel à Erbil, 
photographies de Nadia Ramchand Motwani

Vernissage de l'exposition 
vendredi 21 septembre 
de 17 heures à 19 heures

au siège de l'Institut kurde de Paris, 106 rue Lafayette, 75010, Paris.




Samedi 22 septembre de 16 h à 17 h 30 : 
Conférence de Nadia Ramchand Motwani

qui présentera ses recherches de terrain à Erbil, avec de nombreux clichés dans le but de faire découvrir au public les derniers témoignages d'un quartier marqué par les nombreuses communautés qui s'y sont succédées au cours de l'histoire : juifs, chrétiens syriaques et kurdes. 

L'architecture et le décor de briques de terre cuite de ces quartiers traditionnels sont menacés par l'essor économique, ce qui sera présenté durant cette conférence.

Institut kurde de Paris, 106 rue Lafayette, 75010, Paris.

Koma Asak



mercredi, septembre 19, 2012

Au revoir

Jeudi 20 septembre à 22 h 25 sur Orange cinénovo : Au revoir (Bé Omid é Didar), de Mohammad Rasoulof (Iran, 2011).

Dans la situation désespérée de l’Iran d’aujourd’hui, une jeune femme avocate à qui on a retiré sa licence d’exercer, est enceinte de quelques mois. Elle vit seule car son mari journaliste vit dans la clandestinité. Traquée par les autorités, et se sentant étrangère dans son propre pays, elle décide de fuir...

Les Chats persans



Jeudi 20 septembre à 20 h 40 sur Orange Cinénovo : Les chats persans, de Bahman Ghobadi, 2009.


"À leur sortie de prison, une jeune femme et un jeune homme musiciens décident de monter un groupe. Ils parcourent Téhéran à la rencontre d'autres musiciens underground et tentent de les convaincre de quitter l'Iran. N'ayant aucune chance de se produire à Téhéran, ils rêvent de sortir de la clandestinité et de jouer en Europe. Mais que faire sans argent et sans passeport ..."

mardi, septembre 18, 2012

Un pipe-line kurdo-turc défie l'Irak


L’envenimement des relations entre le gouvernement central de Bagdad et le Gouvernement régional du Kurdistan a augmenté d’un degré, cet été, avec l’annonce d’un accord entre Erbil et Ankara, concernant l’exportation du gaz kurde vers la Turquie, sans l'autorisation de Bagdad.

Le gouvernement central irakien lutte depuis des années contre une gestion autonome des ressources de la Région kurde et sa volonté de signer ses propres accords sans passer par Bagdad. Aussi, l’annonce de la construction d’un pipe-line entre la Turquie et le Kurdistan, qui permettrait à ce dernier de vendre directement son gaz à son voisin du nord est un coup dur porté à la fois au gouvernement de Maliki ainsi qu’à ses relations avec Ankara.

S’exprimant lors du Forum sur le gaz caspien qui se tenait à Istanbul en juillet, Ashti Hawrami, le ministre de l’Énergie du Gouvernement régional du Kurdistan avait laissé entendre que cet accord pouvait prendre effet dans un délai de 18 mois à 2 ans et ce, en se passant de l'assentiment irakien : 

 « Même s’il n’y a pas de consensus avec Bagdad, nous continuerons de vendre notre gaz naturel et notre pétrole à la Turquie. Nous projetons de vendre 10 milliards de mètres cubes de gaz à la Turquie et, à long terme, en Europe. »

Pointant l’incurie et l’état économique désastreux dans lequel se trouve l’Irak, par rapport au développement du Kurdistan, le ministre a ajouté que s’ils se reposaient sur Bagdad pour attirer les investisseurs étrangers, rien ne serait possible.

Le 8 juillet, une dépêche AFP attestait ainsi de source « officielle » que le Gouvernement régional du Kurdistan avait commencé d’exporter le pétrole produit sur son sol, en se passant de l’autorisation du gouvernement central. Le Telegraph avait, pour sa part, affirmé que des camions transportaient du pétrole brut, franchissant la frontière turque, en attendant la construction d’un pipe-line, prévu pour 2013, après un accord passé entre Erbil et Ankara.

Alors en visite au Brésil, le Premier Ministre turc Recep Tayyip Erdogan a expliqué que l’Irak, en conflit récurrent avec les Kurdes, avait cessé d’exporter du carburant et des produits dérivés du pétrole en direction du Kurdistan d’Irak : « Ils nous ont donc demandé du carburant et nous avons accepté. » 
 

Du côté kurde, Seerwan Abubaqr, un conseiller du Gouvernement du Kurdistan auprès du ministre des Ressources naturelles, a confirmé qu’ils avaient commencé d’exporter des « quantités limitées » de pétrole brut, qui allaient être raffinées en Turquie « et reviendraient» au Kurdistan. S’il le fallait, nous exporterions du pétrole vers l’Iran » a-t-il ajouté. Nous continuerons les exportations jusqu’à ce que le gouvernement central nous fournisse en produits pétroliers. C’est le gouvernement central qui nous a poussés à faire cela. » 

Le ministre irakien du Pétrole nie, lui, ces allégations, tandis que son prédécesseur, Hussein Al-Sharistani, qui chapeaute maintenant l‘ensemble des questions touchant à l’Énergie en Irak et qui bataille depuis de longues années contre les Kurdes sur cette question, a répété, par l’intermédiaire de son porte-parole Faisal Abdullah, que seul le ministre du Pétrole avait le droit de décider des exportations. 

Si les sources kurdes ont fait état de « seulement » quatre camions par jour, le ministre turc de l’Énergie, Taner Yildiz parlait de 5 à 10 camions de brut, mais qu’il espérait que ce chiffre atteigne prochainement les 100 à 200 camions quotidiens. Le porte-parole du gouvernement irakien, Ali Dabbagh, a interpellé directement la Turquie en lui ordonnant de stopper ces transferts «illégaux» de brut, sous peine de nuire à leurs relations bilatérales, notamment économiques.

Le 17 juillet, le cabinet de Hussein Sharistani faisait état d’une perte de 8 millards et demi de dollars occasionnée par le gel des envois de leur pétrole brut par les Kurdes. En riposte, le gouvernement irakien a alors menacé de geler les 17% de son budget annuel qui doit être redistribué à la Région kurde.

La Turquie n’est pas le seul ni le premier pays à s’attirer les foudres irakiennes pour avoir osé passer des contrats directement avec le GRK, sans en référer à Bagdad. Les États-Unis, avec Exxon et la France, avec Total, sont depuis plusieurs mois également pris à parti par l’Irak. Ce dernier ayant une fois de plus protesté auprès de la Maison blanche en raison d’un accord passé entre Erbil et Exxon, le président Barack Obama a, une fois de plus, tenté d’apaiser son allié irakien avec de bonnes paroles portant sur le respect de la constitution irakienne et de ses lois, mais sans parler de mesures et de pressions concrètes contre la compagnie américaine, le dossier traînant depuis octobre. Cela n’a pas empêché le cabinet du Premier ministre irakien d’assurer que que fort de cet encouragement américain, son gouvernement allait prendre « toutes les mesures nécessaires pour appliquer la loi » et empêcher les sociétés étrangères de traiter directement avec les Kurdes.

Exxon, pour sa part, n’a fait aucun commentaire et, à dire vrai, les seules mesures de rétorsion que peut vraiment appliquer l’Irak est de dénoncer les contrats d’exploitation en cours avec les sociétés étrangères qui contreviendraient à sa politique de centralisation, menace dont Bagdad ne s’est guère privé depuis quelques années, mais dont la portée ne semble guère impressionner les investisseurs étrangers. 

Ainsi le géant américain Chevron s’est vu interdire de travailler dans les régions non-kurdes de l’Irak pour avoir acheté 80% de deux blocs d’explorations au Kurdistan d’Irak, le 19 juillet. Mais la sanction imposée à Chevron n’a pas dissuadé Total qui, le 31 juillet, a annoncé la signature d’un accord d’exploitation dans des régions kurdes : 35% de participation dans deux blocs, Harir et Safen, rachetés à Marathon Oil.

Les Kurdes ambitionnent de fournir, en 2015, 1 million de barils par jour et 2 millions en 2019, selon Michael Howard, conseiller auprès du ministre des Ressources naturelles du Kurdistan, Ashti Hawrami. Actuellement, la production se situe autour de 300 000 barils quotidiens. Des accords ont été signés avec une cinquantaine de compagnies étrangères dont Norway’s Statoil ASA (STL), Exxon Mobil Corp., Chevron Corp. et Total SA (FP) sont les plus importants. Quant au pipe-line que construit actuellement le GRK et qui est le fruit d’un accord passé directement entre Kurdes et Turcs, il devrait avoir une capacité de 200 000 barils par jour, selon un responsable de Genel.  

lundi, septembre 17, 2012

Bagdad Taxi

Mardi 18 septembre à 20 h 35, sur France 5 Magazine : Bagdad Taxi, documentaire de Frédéric Tonolli (Fr., 2012), suivi d'un débat à 21 h 30, avec Myriam Benraad, pour L'Irak (Le Cavalier bleu).


dimanche, septembre 16, 2012

Le Khâmseh de Nezamî

"Khâmseh de Nezâmî" 1620-1624 -
Bibliothèque nationale de France, Paris
Lundi 17 septembre à 23 h 35, sur la chaîne Histoire : Miniatures persanes : Le Khâmseh de Nezamî ; Palettes, Alain Jaubert.


"De l'école de Bagdad (14ème siècle) à l'école Qadjar (19ème siècle), la peinture persane est toujours restée d'une étonnante vitalité. Art de cour qui s'appliquait surtout à l'illustration livresque, il a connu ses écoles, ses ateliers royaux, ses secrets techniques, ses grands maîtres. Fabriquants de papier empesé et poli, calligraphes, broyeurs et mélangeurs de couleurs rares (tel le bleu d'outremer lié au lapis lazuli qui provenait des montagnes du Badakhshân, en Afghanistan), miniaturistes, maîtres relieurs, toute une chaîne hiérarchisée participait à l'élaboration des manuscrits précieux. 
Le film est plus particulièrement centré sur l'une des plus belles pièces conservées au département des manuscrits orientaux de la Bibliothèque nationale de France, un recueil des " Cinq poèmes " (" Khamse ") du grand poète persan du 12ème siècle, Nezâmî. Cette copie, signée du calligraphe 'Abd al Djabbâr et illustrée par un peintre de l'école safavide Haydar Qoli Naqqâsh, date des années 1620-1624 de notre ère. L'exploration des techniques de fabrication du papier, de mise en page, de calligraphie, de dessin et de peinture, est l'occasion de découvrir une civilisation fascinante. Elle s'est développée de façon indépendante, entre les cultures asiatiques et les cultures occidentales, et a été très marquée par les principes de l'islam. Mais les histoires racontées par Nezâmî, même si elles sont souvent imprégnées de mystique, sont essentiellement profanes : des poèmes d'amour fou ou bien des épopées dont les peintres ont su avec brio tirer les meilleures scènes pour le plaisir des yeux de leurs puissants commanditaires. Ils ont résisté à la pénétration de l'art occidental en conservant une façon traditionnelle de rendre l'espace et la couleur. C'est cette vision " autre " qui fait pour nous aujourd'hui le charme de cette peinture."

Hüseyin Karabey : No darkness will make us forget


samedi, septembre 15, 2012

Mirella Galletti





Nous venons d'apprendre la mort soudaine de notre amie le Professeur Dr. Mirella Galletti, survenue au début de ce mois. Cette éminente kurdologue, membre active de l’Institut kurde de Paris depuis sa fondation en 1983, est née en 1949 près de Bologne, en Italie. Elle obtint son doctorat en sciences politiques, en 1974, à l’université de Bologne, avec une thèse portant sur  « La structure politique et les valeurs culturelles de la société kurde ».

Dès les années 1970, elle voyagea au Moyen-Orient et surtout au Kurdistan, pour y effectuer ses recherches. Quand éclate la guerre en l’Irak et l’Iran, en 1980, elle se trouve précisément à Téhéran. L’année suivante, elle prend une carte de presse et fut une des premières Européennes à interviewer A. Öcalan, en juin 1988, au Liban, alors qu’en septembre, elle rencontre des réfugiés kurdes irakiens ayant fui l’Anfal.

À partir des années 1990, elle enseigne l’histoire et la civilisation des Kurdes dans les universités de Bologne et de Trieste, tout en continuant d’effectuer de longs séjours au Kurdistan d’Irak et de participer à des colloques universitaires dans différents pays. Dans les années 2000, elle enseigne successivement le droit des communautés islamiques à l'université Ca' Foscari de Venise et l'histoire des peuples transnationaux de l'Asie occidentale à l'université de Milan-Bicocca. Nommée professeur à l’Université de Naples Orientale, elle y enseigne l'histoire du monde arabe et musulman.

Sa bibliographie est très abondante et porte à la fois sur les Kurdes, leur histoire, leur société et leurs traditions, mais aussi sur les minorités chrétiennes du Moyen-Orient et tout particulièrement ceux d’Irak et du Kurdistan. Elle a aussi publié des ouvrages et des études sur l’Irak et la Syrie. « Connaître et faire connaître les conditions de vie et les difficultés du monde arabe et islamique», observer « avec empathie des cultures différentes, sans préjugés » était ce qu’elle répondait quand on l’interrogeait sur ce qu’elle avait voulu accomplir dans son œuvre et sa carrière.

Ses obsèques ont eu lieu le samedi 8 septembre 2012 à 16 h 30, dans la Basilica dei SS. Apostoli, Piazza Santi Apostoli située non loin du domicile de Mirella. L’église était remplie de parents, d’amis, de collègues, de personnalités du monde scientifique, ainsi que des représentants officiels d’Irak et du Kurdistan. Le Dr. Saywan Barzani, ambassadeur d’Irak en Italie, avec qui Mirella avait tissé des liens de travail et d’amitié, était venu accompagné de tout le personnel de l’ambassade. Étaient aussi présents les ambassadeurs d’Irak auprès du Vatican, des Nations Unies et de la Ligue arabe et leurs collègues, ainsi que Monseigneur Haddad, archevêque grec melkite catholique, qui avait bien connu Mirella et qui a été le seul invité à faire un éloge funèbre.

Monseigneur Haddad a rappelé, de façon éloquente, l’importance de l’œuvre de Mirella, qui contribue, a-t-il répété plusieurs fois, à faire mieux connaître les communautés chrétiennes établies au Moyen-Orient depuis des temps immémoriaux, et qui aspirent à continuer de vivre en paix et en harmonie avec leurs voisins musulmans. Il a non seulement insisté sur la vaste érudition de Mirella mais aussi sur sa bonté et sa générosité.

Joyce Blau, émue par la perte d’une amie de plus de trente ans, représentait l’Institut kurde de Paris et apportait les condoléances attristées de son président et du personnel. Parmi la foule qui entourait la famille de Mirella, ses neveux et nièces, signalons la présence et d’amis de longue date : le Dr. Paola Orsatti, professeur de langue et de littérature persanes à l’université « La Sapienza », à Rome, le professeur Angelo Michele Piemontese, de l’Université de Rome, d’Anna Tordenti, son amie d’enfance, des collègues, Claudio Caprotti, professeur de langues anciennes et collaborateur de Mirella, le professeur Gian-Maria Piccinelli, Président de la  Faculté Jean Monnet de la Seconda Universita degli studi di Napoli où enseignait Mirella, de l’arabisante Isabella Camera d’Afflitto de l’Université La Sapienza et  plusieurs dizaines d’autres collègues et amis dont beaucoup venus de loin, tous bouleversés par la disparition subite de cette femme exceptionnelle. 

Mirella Galletti était une grande amie des Kurdes qu’elle aimait tendrement. Elle laisse une œuvre passionnante et très riche, inestimable pour la kurdologie. Sa présence chaleureuse, amicale, toujours enjouée, manquera à tous les collaborateurs et les membres de l’Institut.

Un aperçu de sa bibliographie (sûrement non exhaustive) :



1974 : « Struttura politica e valori culturali nella società curda», Doctoral  thesis under the direction of Professor Antonio Marazzi. Università degli studi, Bologne.

1975 : «L’ultima rivolta curda in Iraq», in : Oriente Moderno LV, 9-10, Rome.

1978 : «Sviluppi del problema curdo negli anni 1975-1978», in : Oriente Moderno, anno LVII, 9-10, Rome.

1978 : «Curd e Kurdistan in opere italiane del XIII-XIX secolo», in: Oriente Moderno, anno LVIII, 11, Rome.

1987 : Kurd û Kurdistan la nusrâwakanî Italî da, la saday sêzdam - nozdam (Kurds and Kurdistan in the 13th-19th century Italian texts), trad. Jasim Tawfiq, Éd. Binkay Hangaw, Stockholm.

1990 : I Curdi nella Storia, Vecchio Faggio Editore, Chieti.

1991 : «I Curdi nella il guerra del Golfo», in : Oriente Moderno nuova serie, anno X, 1-6, Rome.

1991 : « Bollettario 1»   (dir) ; Qadrimestrale di scrittura e critica, Associazione culturale Le Avanguardie, Modène.

1990 : « Sviluppo del problema curdo negli anni ’80 », in : Oriente Moderno, nº1-6, pp. 75-125, Rome ; 7-12.

1993 : «Kurdistan, un mosaico di sei popoli», in : ARES, Rivista di Politiche Internazionali e Conflitti Etnici, 1. Éd. Centro di Ricerche Etnico Politiche Internazionali, Maltignano.

1993 : « Cenni sulla letteratura curda», trad. de Bâzne, in : Almanaco Letterario, Edizioni della Lisca, Milan.

1994 : «Kurdistan : I giochi regionali proseguono : I Curdi in Iran, intervista a Mustafa Hijri», in : Politica Internazionale nº 3, Rome.

1994 : «La politica italiana verso assiri e curdi», in:  Storia Contemporana nº 3, Bologne.

1994 : «Kurdistan : A Mosaic of Peoples», in : Acta Kurdica, the International Journal of Kurdish & Iranian, Erivan.

1994 : « Ahmad Khânî ‘Mem û Zîn’ : L’amore per la patria », in : In Forma di Parole, Rivista Internazionale di letteratura, 3e série, 2e année, 4, Crocetti Editore, Bologne.

1994 : « Kurdistan, polveriera dimenticata : un popolo in cerca di una patria sicura. Minoranze in pericolo : gli assio-caldei. ‘Noi, vasi di coccio tra arabi e curdi ?’» , in :  Mondo e Missione, Milan.

1995 : « Italian Policy Toward Assyrians and Kurds », in : Journal of the Assyrian Academic Society, vol. IX, 2, Santa Barbara.

1995 : «The Woman’s Role in the Kurdish Society according to European Literature», in : Iran-Nameh, 1 (11), Téhéran.

1996 : « Cristiani d’Iraq. Un esodo senza terra promessa », in : Mondo e Missione, Milan.

1996 : « La terra di tutti gli olocausti. ‘Quand Hitler seppe quello che Saddam fece ai curdi pianse ?’ », in : Corriere della Serra, Milan. 2 September 1996.

1996 : «Intervista con Abdullah Hassanzadeh, Segretario Generale del PDK Iran», in : Politica Internazionale, anno XXIV, nuova serie, 3-4, Rome.

1996 : Favole curde, Campomarzo Editrice, San Lazzaro di Savena.

1999 : I Curdi : un popolo transnazionale, EdUP, Rome.

1999 : «Shakir Hasbak : un intellettuale iracheno ponte tra Arab e Curdi», in : Oriente Moderno, XXI, 2-3, Rome.

2002 : Le relazioni tra Italia e Kurdistan, coll. Quaderni di Oriente Moderno, Instituto per l’Oriente, Naples.

2002 : Incontri con la società del Kurdistan, Name, Gênes.

2003 : Cristiani del Kurdistan, Editore Jouvence, Rome.

2005 : « Kirkuk : The Pivot of Balance in Iraq. Past and Present », in : Journal of Academic Assyrian Studies, vol. 19, 2, Santa Barbara.

2007 : « La Bataille de Chalderan dans un tableau du XVIe siècle », in : Studia Iranica t. 36, Paris.

2007 : « I Curdi da vinti a vincitori ? » in : Il Ponte nº 11, Rome.

2007 : « Ufficiale, medici e funzionari in Medici, tra Impero ottoman et Persia », in : Oriente Moderno, Rome.

2008 : Kurdistan. Cucina e tradizioni del popolo curdo, Ananke, Turin.

2008 : « Some Catholic Sources on Jazira (1920-1950) », Kervan - Rivista Internazionale di Studi afroasiatici, Turin.

2009 : « Cuisine and Customs of the Kurds and their Neighbors »,  in: Journal of Assyrian Academic Studies, vol. 23, nº1, Santa Barbara.

2010 : Le Kurdistan et ses chrétiens, Édition du Cerf, Paris.

2010 : Kürt yemek kültürü, Avesta Yayinlari, Istanbul.

2010 : « L’âne dans la société et la culture kurde - passé et present »  in : Revue d’Ethnozootechnie, 87, Levallois-Perret.

2011 : « Correspondance between Eugenio Pacelli, Secretary of State and Angelo Giuseppe Roncalli, Apostolic Delegate to Turkey (1935-1939) » in :  Surdi sull’Oriente Cristiano, Academia Angelica-Costantiniana di Lettere, Aerti e Scienze, Rome.

2011 : Iraq, il Cuore del Mondo, Ambassade d’Irak, à Rome.

2011 : Iraq, the Heart of the World, Ambassade d’Irak , Rome.

Concert de soutien à l'Institut kurde