mercredi, février 29, 2012

Azad Mirzapour


Azad Mirzapour est né en 1979 dans la ville kurde de Saghez (Iran). Il a appris la musique avec son père,  Rasoul Mirzapour, Tioush Bahrami, Reza Vahdani, Arshad Tahmasbi et Hossein Alizadeh. Il étudie aussi la musique au secondaire et à l'université.

Il s'est déjà produit en France, en Espagne, et dans d'autres festivals internationaux, aux côtés, notamment, d'Alireza Eftekhari, Homayoun Shajarian, Fereidoun Shahbazian, Majid Entezami et Abbas Khoshdel.

Il enseigne aussi la pratique du tar, du setar et du barbat.


Iran : Une campagne électorale désastreuse pour les libertés


À l’approche des élections parlementaires, qui doivent avoir lieu le 2 mars, Amnesty International s’inquiète des nombreuses arrestations dans le milieu des media et des blogueurs, qui visent à verrouiller la campagne électorale et la liberté d’expression. Ainsi, Ehsan Houshmand, un sociologue kurde, qui a écrit sur les minorités en Iran, a été arrêté au début de l’année, dans une série d’arrestations qui a touché, séparément, plusieurs sociologues ou écrivains traitant de questions sociales ou de minorités et dont beaucoup d’entre eux s’exprimaient sur des blogs, support plus susceptible de contourner la censure.

Amnesty s’inquiète aussi de la « procédure discriminatoire » mise en place pour sélectionner les candidats aux législatives. Beaucoup sont écartés d’emblée pour des raisons diverses, allant de l’origine ethnique aux croyances religieuses et aux opinions politiques. Selon un rapport d’Abbas Ali Kadkhodaei, porte-parole du Conseil des Gardiens de la Révolution qui supervisent la préparation des élections, sur 4877 postulants pour être candidats, 2700 ont été agréés par le Conseil, les autres pouvant encore faire appel.

On observe d’ailleurs une baisse d’intérêt pour ces élections après la déception des présidentielles de 2009 et la Révolution verte qui s’ensuivit. En 2008, 7200 personnes avaient demandé à être candidats (et 1700 avaient été disqualifiées). Le Pacte international relatif aux droits civiques et politiques (PIDCP) dont l’Iran est signataire, affirme pourtant les droits de chacun, sans distinction de « race, couleur, sexe, langue, religion, opinion politique, origine nationale ou sociale, naissance ou autre statut.
L’article 25 énonce en effet que « Tout citoyen a le droit et la possibilité, sans aucune des discriminations visées à l'article 2 et sans restrictions déraisonnables: a) De prendre part à la direction des affaires publiques, soit directement, soit par l'intermédiaire de représentants librement choisis; b) De voter et d'être élu, au cours d'élections périodiques, honnêtes, au suffrage universel et égal et au scrutin secret, assurant l'expression libre de la volonté des électeurs; c) D'accéder, dans des conditions générales d'égalité, aux fonctions publiques de son pays. »

Déjà en novembre 2011, le Haut-Commissariat aux droits de l’homme des Nations Unies, qui supervise l’application du Pacte, avait exprimé son inquiétude sur les restrictions apportées en Iran au droit d’expression, d’association et de réunion, tout comme au droit à participer aux affaires publiques. Le Haut-Commissariat avait, dans la conclusion d’un rapport, mentionné la fermeture de journaux et d’associations de journalistes iraniens, d’arrestation de journalistes, de rédacteurs de presse, de réalisateurs et de personnes travaillant dans les media en général. Il dénonçait aussi la surveillance d’Internet, de son usage et de ses contenus, le blocage de nombreux sites Web publiant des actualités et des analyses politiques, ainsi que les ralentissements délibérés de la vitesse de connexion, et le brouillage des émissions étrangères par satellite que l’on avait pu observer lors des présidentielles de 2009. L’ONG appelle donc, une fois de plus, l’Iran à assurer la sécurité des journalistes dans l’exercice de leur profession, sans qu’ils soient menacés de représailles judiciaires, et de « relâcher, réhabiliter et dédommager » les journalistes arbitrairement détenus. Elle demande aussi à ce que la surveillance d’Internet ne contrevienne pas à la liberté d’expression et au respect de la vie privée.

Le Haut-Commissariat a aussi fait part de ses préoccupations concernant les conditions requises pour être candidat aux élections législatives, et du droit donné au Conseil des Gardiens de la Révolution de rejeter les candidatures. Les infractions rencontrées au cours de la campagne de 2009 ont été rappelées et énumérées : le refus des observateurs internationaux au moment des élections ; le blocage des téléphones portables et de l’accès aux réseaux sociaux sur Internet et aux sites de l’opposition ; les arrestations arbitraires de militants politiques, de ressortissants de minorités ethniques ou de membres de certaines communautés religieuses, d’étudiants, de syndicalistes et de féministes ; l’arrestation de figures de l’opposition en février 2011 ; l’interdiction et la dissolution de deux partis politiques qui réclamaient des réformes. Enfin, il est demandé à l’Iran de réformer sa loi électorale et de « prendre les mesures adéquates pour garantir des élections libres et transparentes, en pleine conformité avec le Pacte, en y incluant la formation d’une commission électorale indépendante. »

KURDISTAN D’IRAK : AFFLUX DES DÉSERTEURS KURDES SYRIENS


Depuis 2003, le Kurdistan d'Irak sert de terre d'accueil à beaucoup de réfugiés d'Irak, principalement chrétiens, Mandéens, ainsi que les Kurdes, musulmans et yézidis, ayant fui Mossoul. À présent, le Kurdistan d'Irak s'attend à des vagues de réfugiés affluant de Syrie. De plus en plus de soldats kurdes syriens désertent et fuient en effet au Kurdistan d'Irak, « pour ne pas avoir à tuer ni à être tués ».

L'un d'eux, qui a déserté les forces spéciales, est interviewé cette semaine dans le Kurdish Globe, sous le pseudonyme de Berxwedan Selîm. Le jeune homme vit à présent à Erbil, avec son frère et trois autres Syriens, dont l'un d'eux a aussi déserté. Incorporé dans la 15ème Brigade, qui stationne dans le sud syrien, dans la province de Deraa (qui fut la première ville à manifester et qui a connu aussi les premiers bains de sang) il raconte ses conditions de vie sous le drapeau syrien : « Nous avions beaucoup de pressions de la part des officiers qui nous commandaient, pour tuer les manifestants. Mon officier nous disait toujours qu'il fallait tuer les manifestants. Il disait que c'était des terroristes armés. »

Les ordres étaient d'arrêter et de disperser les manifestants en leur tirant dessus, mais Berxwedan donne des indications sur les scissions au sein de l'armée, qui sont un concentré de ce qui divise la Syrie : Les soldats originaires de Homs et de Daraa refusaient de tuer les manifestants, comme les Kurdes et les Arabes sunnites, mais les alaouites et les fidèles du régime le faisaient. Berxwedan Selîm dit aussi que tout soldat qui refuse de tuer est soit arrêté, soit exécuté par l'armée. « Dans mon unité, deux soldats ont été tués par les fidèles de Bashar. Ces soldats étaient mes amis, Hozan de Qamişlo (une des principales villes kurdes de syrie) et Saleh de Hama. Ils ont été tués parce qu'ils refusaient d'obéir à l'ordre de notre commandant de tuer les manifestants." Leur exécution s'est faite de nuit, et en cachette.

Selon Berxwedan, les loyalistes du Baath leur ont tiré à chacun une balle dans la nuque et ont ensuite accusé les « terroristes ». « Le matin, les officiers nous ont dit : "Regardez, deux d'entre vous ont refusé de tuer les terroristes et maintenant les terroristes les ont tués. Mais nous savions qu'ils avaient été tués par les officiers. »

Après 6 mois de service, Berxwedan Selîm a obtenu une permission de 72 heures. Il est retourné alors chez lui, à Amude et de là, a décidé de fuir, recevant de l'aide à la fois en Syrie et de l'autre côté, au Kurdistan d'Irak, pour passer clandestinement la frontière et atteindre Erbil. Selon lui, l'armée d'Assad est encore forte, mais il croit qu'elle va s'effondrer dans 6 mois, en raison du grand nombre de déserteurs et du fait que les soldats en ont assez. « Nous n'avions pas assez de nourriture ni de tentes pour dormir, mais beaucoup d'armes nouvelles et de marque russe. Les soldats ont compris que la situation échappait au contrôle d'al-Assad. » Il précise aussi que sa brigade était encadrée par des mercenaires, alaouites ou Iraniens.

Une centaine de déserteurs syriens vivent à Duhok. Interrogés par le journal Rudaw, ils témoignent des mêmes expériences. Jihad Hassan, âgé de 19 ans, qui était depuis 9 mois dans l’armée syrienne a fini par déserter et passer la frontière. Un de ses frères a été tué par les services syriens et un autre gravement blessé : « Je ne voulais pas connaître le sort de mes frères. Je ne voulais pas être renvoyé dans un cercueil à ma famille, et c’est pourquoi je me suis enfui. » Jihad Hassan a assisté à de nombreux affrontements entre les forces syriennes et la foule. Il pense que le régime d’Al-Assad s’affaiblit de jour en jour. « Il est si facile de mourir en Syrie. La Syrie empire de jour en jour. Le régime est en train de perdre le contrôle du pays. Le peuple syrien est à la croisée des chemins. Ils doivent choisir entre soutenir le régime d’Al-Assad ou de s’y opposer. Vous devez tuer ou être tué. »

Hussein Mahmoud, lui aussi âgé de 19 ans et originaire de Dêrik servait depuis 6 mois dans la ville de Deraa, une des premières à se révolter en mars de l’année dernière. De là, il a fini par fuir le pays et a atterri au camp de Dumiz à Duhok. C’est seulement les scènes de meurtre et de torture quotidiennes, auxquelles les soldats assistaient dans le camp, qui lui ont fait prendre conscience de l’ampleur des événements. « À Deraa, j’était complètement isolé et je ne pouvais contacter ma famille. Nous n’avions pas le droit de téléphoner, de lire les journaux, d’écouter la radio et de regarder la télévision. Mais tous les jours, les forces de sécurité amenaient des personnes innocentes, les torturaient, les tuaient et faisaient disparaître leurs corps. » Posté à un check-point, il essuyait fréquemment les attaques de l’armée syrienne libre (les rebelles). « On nous disait que c’était des terroristes et que nous ne devions pas hésiter à les tuer. »

Hussein Mahmoud explique aussi que les manifestations de soutien à Assad qui sont filmées par les media officiels sont des mises en scène organisées par le pouvoir et que lui-même et les autres soldats avait reçu l’ordre d’y figurer : « Nous avons été emmenés quatre fois dans des manifestations pro-Assad. Ils nous habillaient en civil, nous donnaient des portraits de Bashar Al-Assad et des slogans à brandir. » Selon lui, beaucoup de soldats syriens se sentent pris au piège dans l’armée : « Tous les soldats cherchent une occasion de déserter. »
L’ampleur des désertions est confirmée par Ahmad Sulaiman, 20 ans, qui a servi un an à Damas : « Les forces du régime perdent le contrôle autour de Damas. La plupart des places sont libérées par l’armée syrienne de la Liberté. Les désertions des soldats augmentent chaque jour. » Ahmad Sulaiman explique aussi que les soldats kurdes sont systématiquement envoyés en première ligne des combats : « Ils ne peuvent faire retraite s’ils rencontrent une forte résistance parce qu’il y a une force spéciale dans l’armée qui est chargée de tuer ceux qui reculent. » 

«Nous les accueillons pour des raisons humanitaires, ils sont sous notre protection et nous leur avons donné le statut de réfugiés" a déclaré Anwar Haji Othman, adjoint du ministre des Peshmergas. « Nous ne les remettrons pas au gouvernement syrien parce qu'ils sont Kurdes et c'est notre droit de les protéger. » 

Selon Anwar Hajo Othman les premiers chiffres officiels parlent de 15 familles et 130 civils hommes, répartis entre deux camps à Duhok, où vivent déjà 1800 Kurdes de Syrie ayant fui les violences de 2004. Mais d'autres réfugiés vont suivre, selon les estimations du gouvernement kurde. Shaker Yassin, qui dirige le bureau de l'immigration du ministère de l'Intérieur, a ainsi déclaré à l'AFP qu'ils avaient installé un nouveau camp à Duhok, pour accueillir environ 1000 familles.

Redécouvrir le patrimoine pastoral kurde

Mercredi 7 mars à 18 h 30 conférence de Michael Thévenin :




à l'université Paris Diderot Paris 7, salle des Thèses 580 F.


"Michael Thevenin est accompagnateur en montagne. Depuis 2005 il travail sur les pratiques pastorales dans le sud-est de la Turquie. Lors de la conférence intitulé "Redécouvrir le patrimoine pastoral kurde", il parlera du pastoralisme en Turquie , proposera un état des lieux du pastoralisme nomade et semi-nomade kurde dans ce pays aujourd'hui et ses perspectives. En parallèle, il questionnera la notion de patrimoine dans le contexte à la fois pastoral, anatolien, et kurde."

Entrée gratuite mais place limitée : il est nécessaire de s'inscrire en envoyant un mail.

mardi, février 28, 2012

Hommage aux martyrs kurdes de Syrie







Samedi 3 mars à 15 h, un hommage sera rendu à l'Institut kurde de Paris, à Nasreddin Berhak, membre du Bureau Politique du Parti Démocratique kurde de Syrie (Al-Parti) et au Dr. Sharzad Haji Rashid, membre du Secrétariat du Mouvement des Etudiants du Parti démocratique kurde de Syrie Yekitî, qui viennent de tomber sous les balles du régime de Bachar al-Assad. 

Institut kurde de Paris, 106 rue Lafayette, 75010, Paris.

Mon voisin le kurde


Lundi 5 mars à Strasbourg, 20 h 30, au cinéma de la ville Odyssée :


Mon voisin le kurde 


Documentaire réalisé par Luis Miranda [ 2012 / 52 minutes ]

"Des millions de Kurdes ont pris le chemin de l'exil depuis la fin de la première guerre mondiale suite à la succession de politiques d'assimilation : Wali est l'un d'eux. Son parcours est emblématique : pour avoir déserté le service militaire obligatoire en Turquie, il a connu la traversée clandestine de l'Europe, puis la lente reconstruction de sa vie, à Strasbourg. Ce « kurde alsacien » vit en France depuis 25 ans sans être jamais retourné au Kurdistan. Mais récemment, Wali a obtenu la nationalité française, il peut envisager enfin de retourner au pays, pour assister aux célébrations du Newroz, le nouvel an kurde. En parallèle de ce voyage en terre de mémoire, le film montre la diaspora kurde en Alsace, en suivant les pas de Meryem, jeune militante passionnée. Meryem raconte son kurdistan rêvé, mais aussi la réalité de la répression dont sont également victimes les kurdes en exil, et le mutisme des états occidentaux. Le film porte le fantastique espoir de paix et de liberté que ce peuple crie d'une seule voix, par delà les frontières. Crescendo Films.

/En coproduction avec France Télévisions. Avec le soutien de la CUS, de la Région Alsace et du CNC.

TURQUIE : LES SERVICES SECRETS AU CŒUR D’UN AFFRONTEMENT ENTRE LA JUSTICE ET LE GOUVERNEMENT


L’enquête qui vise l’Union des communautés kurdes (KCK) en Turquie, accusée d’être une vitrine politique du PKK, a connu un développement inattendu le 8 février, quand le procureur chargé de cette enquête, Sadettin Sarıkaya a voulu interroger quatre anciens agents du MIT, les services de renseignement turcs et son actuel directeur, Hakan Fidan, au sujet de contacts avec le PKK qui avaient eu lieu à Oslo en 2010, comme l’avait reconnu, en octobre dernier, le Premier Ministre Recep Tayyip Erdogan. Hakan Fidan, le chef du MIT, et deux autres anciens dirigeants du MIT ont refusé de se rendre à la convocation et dans un communiqué, le service de renseignement a informé le procureur « qu'il doit demander l'autorisation du Premier ministre, lorsqu'il s'agit de répondre à une enquête le concernant ».

Mais dès le 10 février Sadettin Sarıkaya n’a pas hésité à délivrer un mandat d’arrêt, contre l’ancien chef du MIT, Emre Taner, un ancien responsable, Afet Güneş et deux autres agents encore en activité. Enfin, ce procureur d’Istanbul a demandé à l’un de ses collègues d’Ankara d’interroger l’actuel chef du MIT. Le gouvernement turc s’est rapidement porté au secours de ses agents, en affirmant que ces hommes « n’avaient fait que leur devoir », et le ministre de la Justice a déposé un projet de loi qui protégerait les agents de toutes poursuites ultérieures. Le président Abdullah Gül a qualifié ce bras de fer de « développements malheureux et perturbants » et le ministre de la Défense Ismet Yilmaz a défendu les agents sur la chaîne NTV : « Le MIT a assumé ses responsabilités dans le cadre de la loi. »

L’entêtement du procureur à vouloir mener ces interrogatoires à tout prix lui a valu d’être désaisi de toute l’enquête sur le KCK dès le lendemain, le 11 février, « pour avoir outrepassé ses fonctions », comme l’a annoncé le vice-procureur de la république à Istanbul, Fikret Seçen. Il est remplacé par deux autres magistrats.

Cela n’a pas empêché la police, le 13 février, d’opérer une nouvelle vague d’arrestations dans toute la Turquie, dans les milieux syndicalistes, notamment dans les villes d’Istanbul, d’Ankara et de Diyarbakir, pour soupçons de collusion avec le KCK. Une centaine de personnes auraient été ainsi interpellées. Les locaux de syndicats et les domiciles de leurs dirigeants ont été fouillés.

L’opposition a bien sûr sauté sur l’occasion de mettre en difficulté le gouvernement AKP et a exigé que le Premier Ministre lui-même soit convoqué pour ces négociations, ou tentatives de négociations, avec le PKK, et de vifs débats au Parlement ont accueilli la proposition de loi, qui est finalement passée le 17 février. Dans un discours aux jeunesses de l’AKP, le Premier Ministre avait auparavant justifié le vote de cette loi par le fait que les élus ne devaient pas devenir « les vassaux de la bureaucratie ». Compte tenu de la composition du Parlement, largement majoritaire en faveur de l’AKP, le texte a été voté sans difficulté mais après des débats animés. Kemal Kılıçdaroğlu, le dirigeant du CHP, le principal parti d’opposition, a d’ailleurs déposé au nom de son parti un recours devant la Cour constitutionnelle, pour le faire annuler. Les agents du MİT seront donc à l’abri de toute poursuite judiciaire, pour des activités relevant de leurs fonctions et un procureur ne pourra plus les poursuivre sans autorisation du Premier Ministre.

L’affaire a été abondamment commentée et jugée tant par la presse que par les analystes politiques. Certains y ont vu le signe d’un conflit plus ou moins latent entre les corps judiciaires et policiers, vus comme hostiles à l’AKP et attachés au nationalisme d’opposition, et les services secrets qui seraient contrôlés par Recep Tayyip Erdogan. Mais d’autres faisaient remarquer que la confrérie religieuse Fethullah Gülen est très influente parmi les milieux policiers et qu’il pouvait s’agir aussi de dissensions internes à l’AKP.

Enfin, le fait que des agents secrets prennent contact avec une partie ennemie pour d’éventuelles négociations, sur ordre du gouvernement, n’a rien d’exceptionnel dans l’histoire de la diplomatie et ne fait scandale que dans l’espace politique turc, fermé à tout compromis et toute reconnaissance des mouvements kurdes. Mais l’impunité judiciaire des services secrets ranime le spectre du JITEM (sans existence officielle légale) et autres commandos spéciaux dont les assassinats et enlèvements ont ensanglanté les régions kurdes dans les années 1990 et qui ont très rarement fait l’objet d’une enquête.

lundi, février 27, 2012

IRAN : UNE CAMPAGNE ÉLECTORALE DÉSASTREUSE POUR LES LIBERTÉS


À l’approche des élections parlementaires, qui doivent avoir lieu le 2 mars, Amnesty International s’inquiète des nombreuses arrestations dans le milieu des media et des blogueurs, qui visent à verrouiller la campagne électorale et la liberté d’expression. Ainsi, Ehsan Houshmand, un sociologue kurde, qui a écrit sur les minorités en Iran, a été arrêté au début de l’année, dans une série d’arrestations qui a touché, séparément, plusieurs sociologues ou écrivains traitant de questions sociales ou de minorités et dont beaucoup d’entre eux s’exprimaient sur des blogs, support plus susceptible de contourner la censure.
Amnesty s’inquiète aussi de la « procédure discriminatoire » mise en place pour sélectionner les candidats aux législatives. Beaucoup sont écartés d’emblée pour des raisons diverses, allant de l’origine ethnique aux croyances religieuses et aux opinions politiques. Selon un rapport d’Abbas Ali Kadkhodaei, porte-parole du Conseil des Gardiens de la Révolution qui supervisent la préparation des élections, sur 4877 postulants pour être candidats, 2700 ont été agréés par le Conseil, les autres pouvant encore faire appel.

On observe d’ailleurs une baisse d’intérêt pour ces élections après la déception des présidentielles de 2009 et la Révolution verte qui s’ensuivit. En 2008, 7200 personnes avaient demandé à être candidats (et 1700 avaient été disqualifiées). Le Pacte international relatif aux droits civiques et politiques (PIDCP) dont l’Iran est signataire, affirme pourtant les droits de chacun, sans distinction de « race, couleur, sexe, langue, religion, opinion politique, origine nationale ou sociale, naissance ou autre statut.

L’article 25 énonce en effet que « Tout citoyen a le droit et la possibilité, sans aucune des discriminations visées à l'article 2 et sans restrictions déraisonnables: a) De prendre part à la direction des affaires publiques, soit directement, soit par l'intermédiaire de représentants librement choisis; b) De voter et d'être élu, au cours d'élections périodiques, honnêtes, au suffrage universel et égal et au scrutin secret, assurant l'expression libre de la volonté des électeurs; c) D'accéder, dans des conditions générales d'égalité, aux fonctions publiques de son pays. »

Déjà en novembre 2011, le Haut-Commissariat aux droits de l’homme des Nations Unies, qui supervise l’application du Pacte, avait exprimé son inquiétude sur les restrictions apportées en Iran au droit d’expression, d’association et de réunion, tout comme au droit à participer aux affaires publiques. Le Haut-Commissariat avait, dans la conclusion d’un rapport, mentionné la fermeture de journaux et d’associations de journalistes iraniens, d’arrestation de journalistes, de rédacteurs de presse, de réalisateurs et de personnes travaillant dans les media en général. Il dénonçait aussi la surveillance d’Internet, de son usage et de ses contenus, le blocage de nombreux sites Web publiant des actualités et des analyses politiques, ainsi que les ralentissements délibérés de la vitesse de connexion, et le brouillage des émissions étrangères par satellite que l’on avait pu observer lors des présidentielles de 2009. L’ONG appelle donc, une fois de plus, l’Iran à assurer la sécurité des journalistes dans l’exercice de leur profession, sans qu’ils soient menacés de représailles judiciaires, et de « relâcher, réhabiliter et dédommager » les journalistes arbitrairement détenus. Elle demande aussi à ce que la surveillance d’Internet ne contrevienne pas à la liberté d’expression et au respect de la vie privée.

Le Haut-Commissariat a aussi fait part de ses préoccupations concernant les conditions requises pour être candidat aux élections législatives, et du droit donné au Conseil des Gardiens de la Révolution de rejeter les candidatures. Les infractions rencontrées au cours de la campagne de 2009 ont été rappelées et énumérées : le refus des observateurs internationaux au moment des élections ; le blocage des téléphones portables et de l’accès aux réseaux sociaux sur Internet et aux sites de l’opposition ; les arrestations arbitraires de militants politiques, de ressortissants de minorités ethniques ou de membres de certaines communautés religieuses, d’étudiants, de syndicalistes et de féministes ; l’arrestation de figures de l’opposition en février 2011 ; l’interdiction et la dissolution de deux partis politiques qui réclamaient des réformes. Enfin, il est demandé à l’Iran de réformer sa loi électorale et de « prendre les mesures adéquates pour garantir des élections libres et transparentes, en pleine conformité avec le Pacte, en y incluant la formation d’une commission électorale indépendante. »

dimanche, février 26, 2012

LIBAN : LES KURDES SE SENTENT TOUJOURS DES « CITOYENS DE SECONDE ZONE »


Un reportage du Daily Star se penche sur la situation des Kurdes du Liban, installés de longue date dans ce pays, mais qui sont une des populations les moins favorisées et les moins bien représentés dans ce pays. Si la première immigration kurde au Liban date de la fin de l’Empire ottoman, d’autres vagues de migrants ont continué d’affluer tout au long du 20ème siècle, tant pour des raisons économiques que politiques.

Ainsi, Bahaeddin Hassan, originaire du Kurdistan de Turquie est venu dans les années 70, alors qu’il était encore un adolescent de 15 ans, attiré par la réputation de prospérité pacifique du Liban. Mais il ne trouva pour subsister tout d’abord que de petits métiers, parmi les plus durs. Aujourd’hui âgé de 57 ans, ayant obtenu la citoyenneté libanaise, il a pu fonder une famille et est à la tête d’une entreprise d’exportation de vêtements. Il est aussi le président de l’Association philanthropique des Kurdes du Liban. Il explique que la situation des Kurdes au Liban est une des plus difficiles : « Nous avons obtenu la nationalité, mais c’est tout. Personne ne nous protège, ne nous défend. Personne n’entend notre voix. »

Les Kurdes ont mis longtemps à pouvoir obtenir la nationalité libanaise, car les chrétiens, craignant toujours un déséquilibre démographique en leur défaveur ont longtemps bloqué leur naturalisation, qu’ils accordaient volontiers aux Arméniens, Assyriens et autres chrétiens migrants. Finalement, en 1994, sous le gouvernement de Rafic Hariri, quelque 10 000 Kurdes, dont certains installés depuis trois générations, ont pu obtenir la citoyenneté libanaise, ce qui ne s’était plus produit depuis les années 1960, quand une poignée de Kurdes avaient été naturalisés, avec l’appui du leader druze Kamal Joumblatt dont la famille a des origines kurdes remontant au 19ème siècle. Quant aux musulmans, majoritairement arabes, ils s’intéressaient peu aux Kurdes. Dans ce pays essentiellement constitué de clans et qui ne fonctionnent que par le clientélisme, la situation singulière des Kurdes, musulmans mais non arabes, les a maintenus en marge de la vie sociale et politique du pays. Encore maintenant, c’est une des composantes ethniques de ce pays la moins bien éduquée, la plus touchée par le chômage et la moins bien représentée politiquement.

La plupart de ces Kurdes, peut-être en raison de ce manque d’accès à l’éducation, se sont peu assimilés dans ce monde arabe et se sentent encore kurdes avant tout. Ainsi, Fadia Mahmoud Ismaïl, 41 ans, amenée au Liban à l’âge de 13 ans pour y être mariée, se dit fière de son héritage kurde, même si elle n’envisage pas de quitter le Liban : « Je ne me sens pas libanaise. Ma culture et ma langue sont kurdes. Je sais que je suis kurde, et que cela ne changera jamais. » Mais comme beaucoup de Kurdes au Liban, elle souffre d’un manque de reconnaissance dans le pays où elle vit et regrette, notamment, qu’il n’y ait aucun Kurde pour les représenter au Parlement ou dans la vie publique.

En novembre dernier, un rapport écrit par Guita Hourani, chercheuse à l’université Notre-Dame du Liban, démontre que les naturalisations ont eu leur revers, les inféodant à une faction politique, puisque beaucoup de Kurdes pensent devoir être reconnaissants à un « patron » politique ou un autre, de leur nouvelle citoyenneté, ce qui les empêche de se regrouper en groupe d’influence autonome qui serait voué à défendre les intérêts spécifiques des Kurdes. Mais selon Lokman Meho, qui dirige la bibliothèque de l’université américaine de Beyrouth, lui-même kurde et qui travaille depuis des années sur sa communauté, la société libanaise n’est pas entièrement à blâmer quand il s’agit d’analyser le retard social des Kurdes : « Beaucoup d’entre eux sont illettrés, beaucoup de familles empêchent leurs filles d’aller à l’école, et les emplois subalternes se transmettent de génération en génération. »

Lokman Meho est donc un des rares Kurdes à s’être élevé dans la société jusqu’à atteindre un haut grade universitaire. Il a pour cela eu la chance de grandir au sein dune famille pour qui l’éducation était primordiale. Et parce qu’il avait la chance d’être né citoyen libanais, il a pu bénéficier d’une bourse pour ses études, venant de la Fondation Hariri. Ayant passé son master et son doctorat en sciences sociales et en technologie informatique aux Etats-Unis, il est revenu dans son pays d’origine il y a 3 ans pour diriger la bibliothèque de l’université américaine. Mais en dépit de cette réussite sociale et professionnelle, Lokman s’est toujours senti comme un citoyen de seconde zone au sein d’une société très sectaire où les Kurdes souffrent de préjugés et sont stigmatisés comme « étrangers ». « Tous les Kurdes sont fiers d’être Kurdes et Libanais. Ils ont en eux les deux identités à part égale. Cependant, s’ils n’avaient pas autant souffert (en tant que Kurdes) peut-être se seraient-ils davantage Libanais. »

vendredi, février 24, 2012

Exécution imminente pour Zanyar et Loghman Moradi


Deux jeunes Kurdes d'Iran, Zanyar Moradi et Loghman Moradi, sont menacés d'exécution à tout moment, leur condamnation à mort ayant été envoyée au Bureau d'application des verdict, la dernière étape avant la pendaison.

Arrêtés respectivement en août et octobre 2009, condamnés à mort en décembre 2010, ils avaient fait appel le 2 février 2011, et le 28 janvier dernier, la Cour suprême a confirmé cette sentence.

Le 22 décembre 2010, Zanyar Moradi et Loghman Moradi, détenus à la prison Rajaee Shahr de Mariwan, avaient été condamnés par la 15ème chambre du tribunal révolutionnaire de Téhéran, comme moharebeh (ennemi de Dieu) et pour le meurtre du fils de l’imam de Mariwan (dans le cas des sunnites, il s'agit juste du religieux qui dirige la prière du Vendredi et non d'un grand dignitaire), en 2009. Ils sont aussi accusés d'actions armées au sein du Komala et d'espionnage pour le compte de la Grande-Bretagne. 

En novembre 2009, la chaîne PRess TV, une chaîne officielle iranienne de langue anglaise,  annonçait que quatre "terroristes" liés au gouvernement britannique avaient été arrêtés à Mariwan. (À vrai dire on ne voit pas trop ce que les services britanniques britanniques pouvaient trouver d'intéressant à espionner à Mariwan, ville plutôt campagnarde de la province du Kordestan, et qui est tout à fait dépourvue, à mon avis, de centrale nucléaire en construction…). Et durant cette période, en effet, plusieurs religieux kurdes occupant des fonctions religieuses officielles au Kurdistan, mais sans être des personnages clefs, avaient été mystérieusement assassinés, sans que les revendications de pseudo-peshmergas kurdes aient été bien convaincantes. La plupart des Kurdes d'Iran y voyaient la main du régime afin de discréditer les groupes de résistances kurdes auprès de la population.

Loghman Moradi et Zanyar Moradi avaient depuis longtemps déclaré dans des lettres qu’ils ont pu adresser à l'extérieur, que tous leurs aveux avaient été extorqués sous la torture et sous la menace de viol. 

S’exprimant au sujet de l’accusation de meurtre du fils d’un mollah de Mariwan,  Eqbal Moradi, le père de Zanyar, étale les irrégularités et l’aspect très artificiel de ce dossier : 

"Mon fils a été arrêté il y a 20 mois, et c’est seulement 17 mois après qu’il a été accusé de meurtre et de terrorisme. Mais tous les gens de Mariwan, et même la famille de la victime, savent bien que ce n’est pas Zanyar et quelques autres de ces jeunes qui ont fait cela. Tous les gens de Mariwan et même la famille de la victime savent que ces cas récents de meurtres ne sont rien d’autre que le fait du régime, et que cela n’a rien à voir avec ces jeunes."

De même, le père de Loghman Moradi, Osman Moradi a confirmé le caractère tardif des accusations : 

"Durant les 9 premiers mois qu’il était détenu par les services de renseignements, il n’y avait pas d’accusation de meurtre dans son dossier. Même plus tard, durant les 7 mois où il était en prison, on n’a jamais parlé de cela. Mais ils l’ont ramené au ministère du Renseignement une fois de plus et ils l’ont gardé 25 jours. Il a été torturé et maltraité à un point tel qu’il a reconnu le meurtre. Je veux dire qu’il l’a reconnu pour échapper à une telle situation. Il a fallu 17 mois pour obtenir de lui cette confession."

Depuis que la condamnation a été confirmée, le père de la victime, l'imam Mamusta Mostafa Shirzadi, s'est refusé à toute déclaration publique, déclarant ainsi à l'agence de presse Rooz, qu'il ne jugeait "pas sage de parler aux media, ni maintenant, ni jamais."

Or le père de la victime est l'homme-clef qui pourrait sauver les deux jeunes gens car, selon la loi iranienne, des meurtriers ne peuvent être graciés que si la famille d'une victime le permet. Le père de Zanyar explique que leur seul espoir est que l'imam ne "succombera pas aux pressions des organisations de sécurité nationale". Il affirme même que "Mamoste Shirzadi sait mieux que personne comment son fils a été assassiné. Nous pensons que l'imam a été pris dans les mailles de la sécurité nationale politique. Il sait que Zanyar et Loqman sont innocents et j'espère qu'il va s'en souvenir."

Amnesty International organise une campagne de signature pour réclamer la grâce des deux jeunes gens. 

jeudi, février 23, 2012

Dengbêj Elî Tico




Le dengbêj Elî Tico, de son vrai nom Mihemmed Elî Mihemmed Elo, s'est éteint le 16 février dernier, à 19 h 30. C'était un fameux chanteur de la région d'Efrîn, au Kurdistan de Syrie. Il était âgé de 82 ans. Son répertoire, composé d'une centaine de chansons, était souvent politique et patriotique, à la gloire de toutes les figures de la résistance kurde, d'où qu'elle soit. Il avait d'ailleurs été arrêté par les autorités syriennes en 2008. C'était aussi un joueur de tembûr, ce roi des instruments à Efrîn.


mercredi, février 22, 2012

Les Kurdes face à la crise syrienne



Les Kurdes face à la crise syrienne



Vendredi 24 février à 18h, à l'Institut kurde de Paris, rencontre-débat avec Salah Badreddin, personnalité politique kurde de Syrie, de passage à Paris.

Institut kurde de Paris, 106 rue Lafayette, 75010, Paris. Entrée libre.

mardi, février 21, 2012

Ethem Güner et 30 ans de combat pour la chanson kurde en Turquie


Excellent et passionnant entretien retraçant trente années de lutte pour faire entendre des chansons kurdes en Turquie, par Ethem Güner, interrogé par l'agence firat-news : sa carrière de producteur délictueux commença en 1986, quand il fonda la maison de production SES Recording Company et se mit en tête de diffuser des chansons kurdes, langue alors toute aussi officiellement "inconnue" qu'officiellement "interdite" : peines d'emprisonnement, amende, ce producteur a tout connu, et voici son regard sur la situation des artistes kurdes en Turquie, du coup d'État jusqu'à nos jours. 



 Q. Commençons par vos aventures de producteur. Pouvez-vous nous raconter votre expérience quand vous vous retournez vers votre passé ? 

 R.   Lors du processus politique qui a suivi le Coup d'État de 1980, j'étais occupé à des travaux d'enregistrement à Antep. Nous enregistrions des dengbêj et des albums de propagande en un temps où Şivan Perwer et d'autres noms étaient interdits dans tout le pays. Après un certain temps, j'ai dû partir pour Istanbul où j'ai fondé la SES Recording Company en 1986, après 4 années où j'étais mon propre employé. Les albums kurdes devaient être écoutés clandestinement en 1988, quand tant de gens pouvaient subir la torture pour avoir écouté ces albums. Durant cette période, la police confisquait en premier les armes et en second les albums kurdes. Beaucoup de gens ont dû enterrer ou détruire les albums qu'ils possédaient. Je crois qu'en ce temps-là, les albums étaient vus comme des armes !… Beaucoup d'artistes avaient fui à l'étranger, d'autres ne faisaient plus rien.


Q. Quel a été le premier album interdit ou confisqué ?

 R. L'album de Beşir Kaya a été le premier à être confisqué. En 1988, j'ai fait venir de Diyarbakir à Istanbul un artiste local, alors que des artistes connus n'avaient jamais eu l'occasion de chanter en kurde. Nous avons préparé un album turc/kurde où il chantait en kurde la fameuse chanson "Xezal, Xezal". Pour éviter tout problème avec les sept membres du comité officiel du Ministère de la Culture, nous avons écrit toutes les paroles en turc dans l'album, et nous le leur avons soumis. Nous avons fait comme si l'album ne contenait pas de kurde. Mais l'album a été retiré de la vente la première semaine qui a suivi sa parution. Il y avait alors une grande demande pour les albums en kurde. Dans le même temps, la société de production était poursuivie par la Haute Cour pénale et nous avons été accusés de "production dans une langue inconnue". Le procès a duré très longtemps. C'était le premier album retiré de la vente dans l'histoire et le premier auquel j'assistais. Après 1988, j'ai commencé la diffusion des albums de Şivan Perwer. Tous les albums lancés à cette époque ont été retirés de la vente ou poursuivis en justice. À côté des albums en kurde, ceux d'artistes comme Ahmet Kaya, Zülfü Livaneli et Selda Bağcan ont été aussi interdits à la vente.


Q. Le premier album a-t-il été interdit au motif d'une "langue inconnue" ou pour d'autres raisons ?


 R. Le premier album que j'ai publié en 1988 a été retiré de la vente dans tout le pays au motif d'être "une production dans une langue inconnue". Le procureur n'a même pas mentionné le mot "kurde" dans l'acte d'accusation, qui faisait juste état d'une langue inconnue. La raison en était qu'écrire le mot "kurde" sur un acte officiel aurait été considéré comme un crime. Ces motifs ridicules ont été présentés par l'accusation comme "production dans une langue inconnue". Lors du procès, l'avocat a plaidé qu'il ne pouvait y avoir de "crime inconnu". Nous avons été acquittés dans cette affaire 7 ans après. En fait, nous avons été acquittés de tous les procès intentés contre les albums kurdes parce que l'objectif véritable était d'empêcher ces albums d'atteindre la population. L'issue de ces procès tombait 5 ou 6 ans plus tard. Cependant, il était absolument interdit de distribuer ces albums tout le temps que duraient les procès. Ainsi, les albums avaient perdu de leur actualité à la fin des procès et cela n'avait plus aucun sens de les diffuser à nouveau. Nous produisions principalement des chansons ayant l'amour pour thème, afin de montrer qu'elles n'avaient rien de "séparatiste". Mais les débats sur le kurde ont commencé après le Coup d'État de 1980. Un an plus tard, Rahmi Saltuk faisait paraître un album où il chantait la chanson kurde "Hoy Nare". Son album a été immédiatement retiré de la vente, comme les autres. À ce moment-là, il y a eu d'autres tentatives similaires et de nouveaux albums étaient produits par de nombreuses maisons de production.





Q. Et dans les années 1990 ? Comment était-ce par rapport aux années 1980 ? 

 R. Des mesures plus strictes ont été appliquées dans les années 1990 pour interdire les albums kurdes. Le comité des sept du ministère de la Culture a accueilli en son sein deux nouveaux membres, qui représentaient respectivement le ministère de la Culture et celui de l'Intérieur. La parution des albums, des vidéos, des films n'était approuvée qu'après l'examen minutieux de leur contexte par le ministère de la Culture. Afin de passer au travers de ces contrôles, nous déformions les paroles ; nous écrivions, par exemple "Gulistan" (Roseraie) au lieu de Kurdistan. Des mots nous permettaient ainsi de franchir le cap de la censure mais les problèmes ne finissaient pas avec la publication de l'album. En dépit de la décision du ministère de la Culture, les gouverneurs avaient autorité pour retirer un album des provinces qu'ils administraient. Une telle décision, venant d'un seul gouverneur, pouvait ainsi déclencher le retrait de l'album dans tout le pays, car un gouverneur pouvait alerter d'autres gouverneurs, qui retiraient également l'album du marché, croyant assurément qu'il s'agissait là d'un facteur de criminalité. Ainsi l'autorisation du ministère de la Culture ne signifiait rien du tout. Les années 1993-1994 ont vu les plus grandes pressions à cet égard. De nombreux et sociétés de production investissaient graduellement dans ce secteur afin de satisfaire la forte demande d'albums kurdes. Chaque album était retiré dès sa parution, surtout dans les régions kurdes. Plus tard, nous avons été jugés par des tribunaux de Sûreté de l'État, après leur création. Si j'écopais d'une condamnation de cette cour, je bénéficiais généralement d'une amnistie après un certain temps. Les sentences prononcées contre moi étaient suspendues 3 ans durant si je ne commettais pas le même crime durant ce laps de temps. J'étais responsable de la gestion de la société durant ce temps. Mais mon frère me remplaçait quand je ne pouvais plus rester dans la société. De cette façon, nous avons assuré la survie de la société jusqu'aux années 2000.


 Q. Quand vous comparez l'approche politique des années 2000 à celle des années 1990, que pouvez-vous dire ? Quels changements ont eu lieu dans les années 2000 ?


 R. Il n'y a pas eu de changements dans la politique jusqu'à maintenant. 1993-1994 ont été les années où nous avons connu les plus lourdes pressions. Cependant, la musique kurde, la culture kurde et le théâtre kurde avaient une situation bien meilleure qu'après les années 2000. Internet et le développement des technologies numériques ont joué un rôle majeur à cet égard. SES Recording Company lançait 15 à 20 albums chaque année, entre 1990 et 2000, mais le nombre des parutions a décru à 3 ou 4 en 2003 et après cela je n'ai plus publié d'album. La raison en est la technologie, mais ce n'est pas la seule. Il y a eu une rupture critique dans la société, tandis que les gens subissent un sérieux racisme. Les albums kurdes ne sont plus du tout vendus sur le marché. Vous ne pouvez plus trouver un album kurde dans les provinces de l'Ouest, par exemple. Seul un album de Şivan Perwer a été vu dans plusieurs points de vente de musique, mais pas plus. Ces albums ne sont même plus en vente parce qu'on ne les achète plus, même dans les plus grandes villes, comme Istanbul et Izmir. La demande pour ces albums a aussi décru du fait qu'on ne les trouve plus dans les magasins de musique. Les consommateurs se procurent ces albums par d'autres moyens, c'est à dire le piratage, en d'autres termes.


Q. Vous devez avoir eu des difficultés financières, en raison des retraits d'albums et des procès qui trainaient en longueur…

 R. Nous avons eu assurément de grosses difficultés financières. L'État avait réellement une stratégie délibérée, celle de nous faire subir des pertes en nous infligeant des sanctions pour "crimes". Rien n'arrivait réellement, mais toutes les pertes étaient pour nous, pendant des années. J'ai vécu des problèmes économiques dans la société, parce que nous dépensions toujours de l'argent en plus afin de pouvoir lancer un album. Le système normal, dans ce secteur, est de réclamer l'argent de l'album après sa sortie, mais nous avions toujours à payer les dépenses avant la sortie de l'album. Ceux qui travaillaient avec nous ne voulaient pas prendre de risque commercial parce que les albums que nous lancions étaient à chaque fois retirés des ventes. Tout ce pour quoi nous dépensions de l'argent était toujours retiré des ventes. Nous avons eu de gros problèmes, parce que nous produisions des albums qui sortaient de l'ordinaire, comme ceux de Şivan Perwer, Ciwan Haco et MKM. Pour ces albums, nous devions payer en espèces avec l'argent que nous empruntions à des amis. La société a souvent fait faillite quand l'État saisissait toutes nos productions. Ces ennuis commerciaux ont duré de 1988 à 1991 : c'est alors que j'ai commencé d'exporter les albums d'artistes turcs célèbres en Europe. Et j'essayais de maintenir à flot la société avec l'argent que je gagnais de ces exportations. J'ai fait tout cela parce que je suis kurde. Je suis un témoin de tout ce qu'ont enduré les Kurdes. Un Kurde loyal et avec une conscience ne doit jamais s'incliner devant ce qui est infligé à son peuple. J'en ai payé le prix, sur une terre où chacun a dû payer un prix. Qui d'autre aurait fait cela si je ne l'avais pas fait ? Je ne l'ai jamais regretté.


 Q. Avez-vous subi des menaces ou des pressions en dehors des intimidations politiques menées par l'État, au moyen d'accusations et de procès de longue durée ?

R. Oui, vraiment. Un site Internet appelé Clean Hands a écrit en 1996 ou 1997 que SES Recording, KOM Music, Gün Printing et un vendeur d'albums kurdes soutenaient financièrement "l'organisation de la terreur". J'ai aussi été désigné comme cible dans une liste de personnes à abattre. En dehors de cela, nous avons reçu plusieurs lettres de menace d'une personne se faisant appeler TIT en 1994. SES Recording Com. a acheté des actions de Radio Umut qui était une voix dissidente remarquable à cette époque et diffusait des programmes avec des éléments kurdes, alévis, et démocratiques. Mais la radio a été fermée en 1999, ce qui m'a causé une grande déception et une dépression. Elle a été illégalement fermée par RTÜK (Conseil suprême de la radio-télévision) en 1999, sur le prétexte qu'elle avait diffusé la déclaration de l'ERNK (Front national de libération du Kurdistan, branche politique et de relations publiques du PKK). Après un an, elle a pu réémettre et a survécu, jusqu'à ce qu'elle ait brûlé, peu de temps après.


Q. Quelles raisons vous poussaient à être si déterminé ?

 R. Ce genre de choses ne vous démotivent pas si vous prenez des risques en étant sûr de ce que vous faites. L'endroit où je vivais me motivait alors que j'étais pris à la gorge par des menées judiciaires et des difficultés financières. En outre, être Kurde dans cet État est un problème à lui tout seul. Dans le territoire où je vis, un soldat de 20 ans peut facilement frapper au visage un grand-père de 70 ans au prétexte de lui demander une adresse. Je suis kurde et alévi, et cette identité fait de moi "l'autre" dans les grandes villes. Ce que vous subissez en raison de votre identité fait naître une résistance en vous. Si vous êtes kurde, gauchiste ou alévi dans ce pays, vous gagnez cette résistance dans le temps, automatiquement.


Q. - Mises à part les pertes subies par les producteurs en raison des retraits et des interdictions d'albums, quelles autres pertes étaient subies par les artistes ?

 R. Alors que certains artistes de talent ont préféré produire des albums en turc durant cette période, ceux qui ont connu les difficultés à vivre sur cette terre et à être "l'autre" ont préféré produire des albums kurdes. C'était pourtant le plus ardu des choix : tenter de vivre en produisant des albums kurdes en Turquie. Les artistes kurdes à l'étranger pouvaient vivre des concerts qu'ils donnaient, mais ceux qui étaient en Turquie n'avaient pas cette chance. Kızılırmak, Ferhat Tunç, Şivan Perwer ou d'autres artistes peuvent aujourd'hui gagner de l'argent des concerts qu'ils donnent, mais la situation est difféente pour les producteurs qui n'ont pas d'autres sources de revenus.

 Q. Quand vous comparez ces 30 dernières années, quelles sont les différences ?


 R. - Je pense que rien n'a changé. En dépit du fait que 30 ans ont passé, le dilemme de la "langue inconnue", auquel j'ai fait face 30 années durant, continue. Nous pouvons de toute évidence voir les pressions imposées aux media kurdes de nos jours. En dehors de cela, je me demande combien de films kurdes sont subventionnés par le ministère de la Culture ou combien de chaînes de télévision diffusent de la musique kurde. Il y a plus d'une centaine de stations de radio à Istanbul, qui comprend une importante population kurde, mais aucune de ces stations ne diffuse réellement de chansons kurdes, alors que nous pouvons entendre tant de chansons en espagnol ou en italien. L'attitude envers la culture kurde reste la même. D'un autre côté, TRT ŞEŞ est une tromperie politique très grave de la part du gouvernement. Quand la chaîne a lancé ses premiers programmes, je me suis senti heureux car je pensais que les Kurdes avaient aussi l'occasion de faire entendre leur voix au sein d'une institution d'État. Mais j'ai vu par la suite que le contexte de la création de cette chaîne a été déterminé par les désirs et au bénéfice de l'État lui-même. Aujourd'hui, RTÜK ne donnera jamais son accord pour créer une chaîne de télévision nationale pour les Kurdes.

Q. Est-ce que les interdictions passées ont toujours cours ?


R. Les pressions aujourd'hui diffèrent de celles passées. Les pressions de l'extérieur et la destruction par l'État de tout le matériel et fournitures n'imposent plus une interdiction formelle. Le racisme a atteint un point inouï. Personne ne vend plus d'album kurde aujourd'hui. La demande de notre union professionnelle MÜYAP pour avoir des émissions de musique kurde sur Internet via TTNET constitue un sérieux problème. Parmi la plupart des albums kurdes sortis dans les années 1990, vous ne pouvez pas en trouver un seul dans les circuits de vente légaux. Entre autres choses, il y a un problème avec les lettres de l'alphabet kurde parce que vous avez besoin de connaître les formes écrites de la langue kurde pour chercher des choses en kurde sur Internet. Toutes les chansons kurdes ont été collectées dans une boutique par MÜYAP qui peut les acheter aujourd'hui et permettre leur apparition sur les plates-formes légales.  Avant tout, il y a une discrimination indéniable de la langue kurde.


Q. - Avez-vous d'autres exemples intéressants montrant ce que vous avez vécu ? 

 R. - Dans les années 1990, nous avons sorti un album de compilation de chansons kurdes et un album de Kızılırmak intitulé  "De Pir Sultan à Nesimi". Nous voulions exporter ces albums mais le camion utilisé pour le transport a été fouillé soigneusement au poste-frontière turc de Kapıkule. Ils n'ont trouvé qu'un calendrier et les albums. Sur la couverture de l'album "De Pir Sultan à Nesimi" il y avait une grand-mère anatolienne qui a été plus tard mentionnée dans des rapports officiels comme "ressemblant beaucoup à la mère du leader de l'organisation terroriste, Abdullah Öcalan". Les albums ont été ainsi confisqués et le conducteur du camion est resté en garde à vue pendant 3 jours. Le conducteur et le camion ont été fouillés longtemps et minutieusement. Et comme le camion transportait d'autres marchandises destinées à l'exportation, les propriétaires de ces marchandises ont voulu aussi nous poursuivre en justice, en disant qu'ils n'avaient pu les exporter à cause de nous. Le procès qui a été ouvert à cause de la grand-mère anatolienne en couverture a duré 5 ans et s'est terminé par une peine de prison, pour nous, qui a été ensuite changée en amende.



Grand-mère anatolienne pas facile à exporter.
Il est préférable de la télécharger par Internet plutôt que la commander via un camion turc, sachez-le. 


 Q. Que doit faire le ministère de la Culture ? 

 R. Le ministère de la Culture ne doit rien faire sinon ne pas se mêler des œuvres kurdes, de même que les autres institutions d'État. Tout ce qu'il doit faire est de soutenir équitablement le cinéma kurde, le théâtre, la musique de façon éthique, et sans discrimation. Mais le véritable obstacle devant la langue kurde est RTÜK et non le ministère de la Culture. Le plus grand obstacle est aussi cette pression qui est la prolongation de l'actuelle mentalité, raciste, discriminatoire et moniste. Ceux qui ont abordé cette question avec crainte, dans le passé, l'abordent aujourd'hui dans un aspect idéologique. Comme son existence physique ne pouvait être détruite, en dépit de tout, ces attaques et ces pressions ont visé l'honneur et la culture du peuple kurde.


traduit de l'anglais via ekurd.net


article original : 
 Gökçe Rojda Gönençay - ANF / ISTANBUL Copyright ©,
respective author or news agency, firatnews.com

lundi, février 20, 2012

Les Gâthas dites de Zarathustra et les origines du mazdéisme



Du mardi 21 au samedi 25 février à 0h 35, sur France Culture : Les Gâthas dites de Zarathustra et les origines du mazdéisme. Collège de France, langues et religions indo-iraniennes, cours de Jean Kellens. L'Éloge du Savoir.



Présentation de l'éditeur
Que peut-on savoir aujourd'hui de la religion de l'Iran préislamique? Zoroastre, longtemps considéré comme le Moïse de l'Iran antique, que les manuels présentent comme un prophète monothéiste et un réformateur religieux, a-t-il vraiment vécu et accompli son œuvre au VIe siècle avant J.-C. ? Dans ce livre novateur, Jean Kellens propose une histoire des hypothèses échafaudées sur les origines du zoroastrisme. Sans détour, l'auteur nous dit que depuis longtemps il " sentait confusément que quelque chose ne tournait pas rond " au pays des historiens du zoroastrisme. Sceptique envers le modèle d'explication historique faisant de Zoroastre un vrai prophète qui a vraiment vécu ici ou là à tel ou tel moment, il va restituer Zoroastre à sa dimension mythologique. Autrement dit, si l'auteur refuse l'hypothèse des origines prophétiques du zoroastrisme, c'est pour mieux affirmer la créativité littéraire et spéculative des vieux textes zoroastriens. 

Biographie de l'auteur

Jean Kellens est professeur au Collège de France, titulaire de la chaire de "Langues et religions indo-iraniennes".


 Broché: 154 pages Editeur : Seuil (2 février 2006) Collection : La Librairie du XXIe siècle

Voyage au Kurdistan


Du 27 février au 9 mars 2012, exposition photos de Gaspard Thiekaro, Julien Goldstein, Chris Kutschera et Michael Thévenin :


Voyage au Kurdistan

aux Grands Moulins 16 rue Marguerite Duras, 75013 Paris RER/Métro : Bibliothèque François-Mitterrand Bus : 89, 62, 64, 325

Contact: voyageaukurdistan@gmail.com

vendredi, février 17, 2012

Soirée de solidarité avec Pınar Selek


Vendredi 24 février 2012, sur la péniche Anako, Bassin de La Villette, face au 61, quai de Seine, 75019, Paris, à partir de 20 h 30 :

Soirée de solidarité avec Pınar Selek


Prise de parole, lecture, concert de Système D, en présence de Pınar Selek.

Un certain mois d'avril à Adana



Samedi 18 février à 14 h 45 sur France Culture : Daniel Arsand pour Un certain mois d'avril à Adana, Flammarion. Fréquence Livres, M. Bastard.




Présentation de l'éditeur

"Nous sommes en avril 1909 à Adana, au sud de la Turquie. Adana, l'opulente plaine de Cilicie, ses champs de coton et ses vergers, le fleuve Seyhan, la mer Méditerranée. Qui aurait pu prévoir que des massacres ravageraient cette terre ? Que la folie saisirait le parti Union et Progrès ? Aucune union en vérité, aucun progrès. Il y a là des amis, des familles, des bergers, le poète Diran Mélikian, Atom Papazian le joaillier, Vahan le révolutionnaire. Ils assistent à la montée de la haine et de l'intolérance. Certains prient, d'autres prennent les armes et combattent. La mort frappera la plupart, l'exil sera le lot de certains. C'est toute la puissance du roman de Daniel Arsand de réinventer une ville et d'évoquer le destin d'un peuple. De donner un visage à l'Histoire." 

Biographie de l'auteur : Daniel Arsand est écrivain et éditeur. Il est notamment l'auteur de La Province des ténèbres (Phébus, prix Femina du premier roman, 1998), En silence (Prix Jean-Giono), Lily et Des amants (Stock, 2008, Livre de Poche 2010). Ses livres sont traduits dans une dizaine de pays. 

Broché: 370 pages Editeur : Flammarion (31 août 2011)
ISBN-10: 208125865X ISBN-13: 978-2081258655.

mercredi, février 15, 2012

The Hunter



Jeudi 16 février à 21 h 55 sur Ciné+ Club : The Hunter (Shekarchi), de Rafi Pitts, Iran, 2010.

"Téhéran 2009, Ali récemment libéré de prison est veilleur de nuit dans une usine. Il vit à contretemps de sa femme et sa fille. Lorsqu’elles disparaissent dans les émeutes qui secouent la ville, Ali devient le chasseur, poursuivant froidement de sa haine un ennemi insaisissable, caché au cœur des villes aussi bien qu'en lui même."

mardi, février 14, 2012

À propos d'Elly

Mercredi 15 février à 20 h 35 sur ARTE : À propos d'Elly (Darbarayeg Elly), d'Asghar Farhadi, Ours d'argent au Festival de Berlin. 1h56.

"Un groupe d'amis étudiants passe des vacances dans une vaste demeure au bord de la mer Caspienne. Sepideh, qui s'est occupée de l'organisation, a décidé d'inviter Elly, en espérant que celle-ci ne soit pas indifférente au charme de son ami Ahmad, qui sort tout juste d'une rupture. Les vacances se passent dans la bonne humeur, jusqu'à la soudaine disparition d'Elly..."

Ferhenge-Sözlük : Kirmancki-Tirki


Samedi 18 février à 16 h, Kamber Akbalik présentera son dictionnaire zaza-turc, turc-zaza, à l'Institut kurde de Paris, 106 rue Lafayette, 75010 Paris.
Entrée libre.

lundi, février 13, 2012

Les Kurdes et l'avenir du Moyen-Orient



Mercredi 15 février 2012 à 19h à l'INALCO (Institut des Langues et Civilisations Orientales), 65 rue des Grands Moulins, Paris 14e, les associations Sciences Po Monde Arabe et Persépolitique, l’association franco-iranienne de Sciences Po, vous convient à une conférence exceptionnelle sur :

Les Kurdes et l'avenir du Moyen Orient

 Avec l'aimable participation de: 

- Hamit Bozarslan, historien et politologue (EHESS), auteur de La Question kurde (1993) et Le Conflit kurde : le brasier oublié du Moyen Orient (2009) 

- Seve Aydin, Avocate kurde syrienne -

 - Khaman Zrar Asaad, Haute représentante à Paris de la région autonome kurde d'Irak. (en attente de confirmation) 

- Chris Kutschera (en attente de confirmation), journaliste et écrivain, auteur de Le Mouvement national urde, (Paris, Flammarion 1979), Le Défi kurde, ou le rêve fou de l’indépendance (Paris, Bayard, 1997). 

 "De part sa dimension transnationale, son importance démographique, et les enjeux géopolitiques qui lui sont sous-jacents, la question kurde est aujourd’hui un enjeu incontournable du Moyen-Orient contemporain, malheureusement souvent ignorée... Questionner son actualité et son avenir paraît d'autant plus prégnant qu'elle s'inscrit au croisement des grandes restructurations politiques et géopolitiques de la région: entre retrait américain d'Irak, révolution syrienne, affirmation turque, et ébranlement interne de la République Islamique d'Iran. 
Cette conférence est avant tout destinée à toutes les personnes désireuses de s'informer sur la place des Kurdes au Moyen Orient, leur(s) actualité(s) et leurs défis à venir. Dans quelle mesure les politiques nationales turque, irakienne, syrienne et iranienne influencent-t-elles l’avenir des revendications kurdes ? À l’inverse, quel poids stratégique les kurdes ont-ils dans les dynamiques internes à ces mêmes Etats ? 
L’objectif de cette conférence est d’apporter des éléments de réponse à ces questions, en adoptant un point de vue à la fois régional et interne aux Etats concernés."


 Inscription en envoyant un mail à asso.mondearabe@sciences-po.org

dimanche, février 12, 2012

L'Iran et l'Occident

Lundi 13 février à 23 h 05, sur France 3, L'Iran et l'Occident, documentaire de Brian Lapping et Norma Percy (GB, 2008).

samedi, février 11, 2012

La philosophie islamique

Dimanche 12 février à 7 h 05 sur France Culture : La philosophie islamique, avec Christian Jambet. Les Racines du Ciel, F. Lenoir.


Présentation de l'éditeur
Ce grand livre ne propose pas une nouvelle histoire de la philosophie islamique, qui tenterait d'y retrouver nos deux prédicats occidentaux de la philosophie - un style de pensée discursive soutenue par des concepts - et de l'islam - une religion nourrie de symboles, d'annonces apocalyptiques, de commandements et de conseils spirituels. Christian Jambet dégage - à travers la finalité de l'activité philosophique, les formes qu'elle prend et les actes qu'elle effectue - une méthode de pensée et de connaissance qui guide une pérégrination de l'âme de l'irréel au réel, de l'injuste au juste, du démoniaque à l'angélique, du mort au vivant. Ce voyage, que la philosophie entend conduire sur la voie droite de l'intelligence, n'engage pas le seul bonheur et contentement de soi, mais la liberté, conformation à la condition seigneuriale de Dieu, qui dépouille, au long des étapes, l'homme inférieur et opprimé de sa condition servile. Seule la voie philosophique ouvre les portes d'une distinction majeure, entre monde extérieur et monde intérieur, et, par là, entre religion intérieure et pouvoir civil. L'islam philosophique est ainsi la grande ressource que possède l'idée de liberté en islam.
Biographie de l'auteur
Christian Jambet enseigne la philosophie. Arabisant et iranisant, il s'est consacré à l'étude de la philosophie et de la spiritualité en terre d'islam. Ses recherches portent sur des auteurs sunnites ou shî'ites, de langue arabe et de langue persane.
Table des matières

Avant-propos
Notes de l'auteur

Première partie : Situation de la philosophie islamique

Chapitre I : La philosophie retrouvée

L'harmonie de la sagesse grecque et de la sagesse coranique
L'Âge de la falsafa
La forme de la philosophie dans l'ismaélisme
La forme "illuminative" de la philosophie
L'héritage d'Ibn Arabî
Le savoir absolu
Les quatre motifs principaux de l'activité philosophique

Chapitre II : Philosophie en islam ou philosophie islamique ?

Philosophie des "Arabes" ou philosophie islamique ?
Penser en philosophe ce que dit la révélation
La situation commune au judaïsme et à l'islam
La sagesse prophétique, préalable à la philosophie
L'incidence de la prophétie sur la philosophie
Les deux sens de l'ésotérisme
La forme juridique de la raison
La forme théologique de la raison
La forme philosophique de la raison

Deuxième partie : La sagesse et l'éternité

Chapitre III : La sagesse et l'art de l'existence

Aux frontières de la philosophie systématique
L'imitation des sages
La voie droite de la philosophie
Les vies exemplaires

Chapitre IV : Salut philosophique et salut spirituel

La philosophie systématique
La décision éclairée
"Se rendre semblable à Dieu"
"Connais-toi toi-même"
La destination du savant
Les critiques d'Ibn Arabî

Chapitre V : Sophia perennis

La permanence du vrai
L'image mobile de l'éternité
Le cercle des prophètes et des philosophes
Le recours aux Anciens
Ibn Khaldûn et la fin de l'éternité
Philosopher, c'est transmettre
Croissance ou déclin ?

Troisième partie : Métaphysique de la souveraineté

Introduction. Qu'est-ce que la métaphysique ?

Chapitre VI : L'injonction monothéiste

Le rêve de l'ordre du monde
La neutralisation philosophique

Chapitre VII : Les premières théologies philosophiques

L'Un, l'instauration et la souveraineté
La théologie ismaélienne de l'instauration
La Théologie dite d'Aristote, modèle de la souveraineté
Le gouvernement de l'homme intelligible
Théologie naturelle ou théologie révélée ?
La philosophie, image de Dieu

Chapitre VIII : L'autorité de l'Homme parfait

De la théologie de l'image à la philosophie
L'autorité de l'Homme divin
Se tourner vers le souverain
L'autorité du Prophète et de l'Imâm

Chapitre IX : Le discours de l'être

L'ordre taxinomique
Le modèle avicennien de l'ordre
Le statut de la prophétie
L'ordre et la perfection épistémologique

Chapitre X : La théologie philosophique intégrale

L'ordre intégral de la théologie philosophique
Contemplation et action
Sharî'a et liberté philosophique

Conclusion

Appendices


Glossaire
Bibliographie
Notes
Index



Poche: 472 pages
Editeur : Editions Gallimard (17 mars 2011)
Collection : Folio essais
Langue : Français
ISBN-10: 2070336476
ISBN-13: 978-2070336470

vendredi, février 10, 2012

1906-1979 : les deux révolutions iraniennes du vingtième siècle, du nationalisme à l'islam politique


Mardi 14 février, de 18h à 20h, conférence de Yann Richard, professeur d’études iraniennes (Paris III) et directeur de l’Institut d’études iraniennes :


1906-1979 : 
les deux révolutions iraniennes du vingtième siècle, 
du nationalisme à l'islam politique

Amphithéâtre de l’EHESS, 105 bd Raspail 75006 Paris.



Concert de soutien à l'Institut kurde