mercredi, novembre 30, 2011

TURQUIE : NOUVELLE VAGUE D’ARRESTATION DANS LES MILIEUX INTELLECTUELS ET JOURNALISTIQUES


Une nouvelle vague d’arrestations en Turquie a frappé, ce mois-ci, principalement les milieux intellectuels, journalistiques et du monde de l’édition.
Parmi les inculpés, la figure emblématique de l’éditeur Ragip Zarakolu, accusé « d’appartenance à une organisation terroriste ». Âgé de 63 ans, Ragip Zarakolu aura connu, tout au long de sa carrière d’éditeur et de militant pour les droits de l’homme, les foudres des régimes successifs à la tête de la Turquie. Ayant fondé les éditions Belge, Ragip Zarakolu a été régulièrement condamné, durant 40 ans, pour avoir publié les livres de prisonniers politiques, des ouvrages sur le génocide arménien, la question kurde, ou sur Chypre.

L’arrestation de Ragip Zarakolu est à replacer dans un coup de filet très vaste, incluant aussi des universitaires, sous le prétexte de démanteler l’Union des communautés kurdes (KCK), organisation politique interdite, que le gouvernement accuse d’être la branche politique du PKK. Déjà, en octobre, une centaine de personnes avaient été arrêtées pour appartenance au KCK, dont le propre fils de Ragip Zarakou, Deniz et un professeur de sciences politiques à l’université de Marmara membre du BDP, Büsra Ersanli, que l’historien spécialiste de la Turquie, Étienne Copeaux, présente comme « l’une des premières à s’être attaquée au sujet extrêmement sensible de la fabrication d’un récit historique entièrement tourné vers la glorification du peuple turc ».

La procédure lancée contre le KCK en avril 2009 a jusqu’ici permis 8000 garde à vue et 4000 inculpations, l’emprisonnement de 5 députés, 10 maires, 30 conseillers municipaux, de nombreux membres et sympathisants du parti kurde BDP, qui se trouve ainsi décimé dans sa représentation politique. Le caractère abusif des actes d’accusation est dénoncé comme une tentative d’éradiquer la société civile kurde de ses militants, même pacifistes, quitte, pour cela, à encourager la reprise de la guerre.

Plus de 4500 membres du BDP ont été ainsi arrêtés au cours de ces six derniers mois et parmi eux, plus de 1600 personnes ont été emprisonnées. Selon l’éditorialiste Ahmet Insel, « Le premier ministre a adopté une stratégie d’éreintement du PKK, juste après les élections municipales de 2009, frustré de ne pas être sorti vainqueur contre le BDP. Depuis lors, les mentors et les partisans de cette stratégie mènent un bombardement de propagande (…) Elle vise à nettoyer le champ politique de tous les « Kurdes hypocrites » et de ceux qui les soutiennent. La police, la justice et les médias y travaillent main dans la main ».

Hors de Turquie, les milieux universitaires et les chercheurs spécialistes de la Turquie s’émeuvent de cette situations et se regroupent en comité de défense et de soutien des inculpés. Ils tentent aussi d’alerter l’opinion publique. Ainsi les chercheurs Hamit Bozarslan, Cengiz Cagla, Yves Déloye, Vincent Duclert, Diana Gonzalez et Ferhat Taylan ont créé, le 21 novembre, le Groupe international de travail « Liberté de recherche et d’enseignement en Turquie », qui a pour but « la défense des libertés académiques en Turquie » et « veut opposer des principes simples et communs à une situation intolérable de menaces et d’arrestations de nos collègues » :

« Dans un moment où, par une remarquable opération de marketing, on promeut la démocratie turque comme un modèle pour le monde arabe, cette dernière vague d’arrestations révèle une fois pour toutes le mode de fonctionnement du pouvoir AKP : réduire à néant le mouvement politique kurde, inculper les intellectuels de Turquie qui travaillent à l’arrêt des combats à l’est du pays, s’emparer de l’appareil d’Etat pour écarter toute opposition, intimider l’ensemble des médias, et se draper pour finir dans le drapeau de la démocratie pour mieux égarer des opinions européennes complaisantes. En somme, c’est une démocratie "bonne pour l’Orient" qu’on essaie de nous vendre ici. Nous dénonçons cette stratégie qui vise à terroriser la société turque au nom de la lutte contre le terrorisme. Un journaliste d’investigation n’est pas un terroriste, un universitaire engagé n’est pas un criminel, un éditeur indépendant n’est pas un traître. Ces hommes et ces femmes sont l’honneur de la Turquie. Nous appelons la communauté à faire pression sur le gouvernement turc pour la libération des prisonniers d’opinion. Nous demandons aux Etats européens de sortir de l’angélisme et de regarder l’histoire en face. » (Le Monde).

Un des journalistes arrêtés, Dogan Yurdakul, explique, dans une lettre écrite de sa prison, traduite et publiée sur le blog « Au fil du Bosphore » du journaliste uu Monde Guillaume Perrier :

« Jadis dans ce pays, on utilisait le communisme comme prétexte contre les journalistes de l'opposition et on les envoyait en prison. La guerre froide finie, aujourd'hui on les arrête en prétendant qu'ils sont « terroristes ». C'est-à-dire qu'en un demi-siècle, il n'y a eu aucune évolution concernant la démocratie et la liberté d'expression. En Turquie, actuellement, beaucoup de journalistes craignent qu'une équipe policière du contre-terrorisme vienne frapper à leurs portes au petit matin. (…) Un récent changement dans le code de la procédure pénale (CMUK) a donné un nouveau pouvoir aux procureurs investis de compétences spéciales et leur permet de restreindre les preuves à la défense. Après nos arrestations, le procureur chargé de nous poursuivre dans cette affaire a fait une déclaration publique dans les médias dans laquelle il précisait que nous n'étions pas « arrêtés pour nos activités journalistiques mais pour d'autres crimes dont il détenait les preuves qu'il tenait secrètes ». Le premier ministre, Monsieur Erdoğan, a tenu les mêmes propos lorsqu'on lui a posé une question concernant cette affaire au parlement Européen. »

Arrêté en mars dernier avec Soner Yalçin et six autres journalistes d'Oda TV, Dogan Yurdakul est détenu dans la même cellule que les deux journalistes Nedim Sener et Ahmet Sik. Dogan Yurdakul enquête et a écrit sur l’État profond en Turquie, Nedim Şener sur le meurtre du journaliste arménien Hrant Dink, de même Ahmet Şık, dont le livre « Imam ordusu » (L'Armée de l'Imam) a été interdit avant même sa parution.

Dengbêj Reso



Reso (pour Resul) est né au village de Gopal, près de Muş, sa famille s'y étant installée pendant la Seconde Guerre mondiale.. Il y aurait résidé ainsi qu'au village de Mele Dawud, exerçant le métier de bouvier ou berger. Il y aurait connu le dengbêj Sîno qui lui aurait appris des chants, ainsi que du dengbêj Ferzê. Il a puisé son répertoire dans les épopées d'Evdalê Zeynê. Il aurait un temps dû émigrer à l'ouest de la Turquie en raison de la pauvreté mais est revenu mourir dans son village à 76 ou 77 ans, dans le dénuement.

lundi, novembre 28, 2011

Nazim'a doğru, Vers Nazim

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Nâzim'a doğru, vers Nazim.
De l'espoir à vous faire pleurer de rage.

Mardi 29 novembre à 20 h 30, TPJ Petite Salle, Strasbourg.


"Un groupe de sept artistes, musiciens, chanteur, performeur se réunit sur scène pour un hommage au poète turc Nâzim Hikmet. De celui qui a écrit « C'est un dur métier que l'exil ... » ils restituent la complexité et l'originalité des poèmes, la vie mouvementée d'un homme engagé, exilé, amoureux de la beauté et de la liberté. Nazim Hikmet a traversé toutes les convulsions du 20ème siècle et Vers Nazim évoque ce souffle, en mêlant chant traditionnel et improvisation, instruments classiques (guitare, violoncelle) et électronique. De nombreuses images accompagnent le spectacle, au plus près des paroles du poète qui a su concilier le verbe et l'action, dans un engagement sans faille pour la paix et la fraternité. "

Avec Sumru Agiryürüyen (chant) Oguz Büyükberber (basse clarinette) Anil Eraslan (violoncelle) Cenk Erdogan (guitare sans frette) Korhan Erel (informatique, électronique) Sevket Akinci (guitare) Ozan Akinci (visuels).



KURDISTAN D’IRAK : EXXON SIGNE UN IMPORTANT CONTRAT AVEC LA RÉGION


La société américaine Exxon Mobil a signé le 11 novembre un contrat avec le Gouvernement régional du Kurdistan, ce qui marque une étape importante dans la politique énergétique du Kurdistan et de son bras de fer avec Bagdad, sur cette question.

En signant avec le GRK, Exxon prend ainsi le risque de devoir renoncer à d’autres accords, devant être conclu, cette fois avec l’Irak, dont ceux concernant les riches champs pétroliers de Qurna. Abdul Mahdy Al Amidi, le directeur des contrats du ministère du Pétrole irakien a indiqué à l’agence Reuters que son gouvernement avait écrit à trois reprises à Exxon, le mois dernier, pour les avertir des conséquences qu’un contrat signé avec le GRK aurait sur les autres contrats irakiens.

Jusqu’ici, la Maison Blanche n’a cessé de mettre en garde les sociétés américaines afin de les dissuader de passer des accords directement avec Erbil, sans l’aval de Bagdad. Si les raisons invoquées concernent les mesures de rétorsion que le gouvernement central peut adopter ensuite envers les sociétés étrangères auant passé outre, on peut y voir aussi la volonté politique des Etats-Unis de ne pas encourager une gestion indépendante des Kurdes de leurs propres ressources pétrolières.

D’un autre côté, des observateurs font remarquer qu’un conflit avec la puissante société Exxon ne serait peut-être pas profitable au Premier Ministre Nuri Maliki, qui fait face à plusieurs frondes politiques internes que cela viennent des Kurdes, des sunnites ou des chiites eux-mêmes. De plus, l’annonce de l’accord vient une semaine après une visite du Premier ministre du Kurdistan, Barham Salih, qui a rencontré à la fois des responsables américains et irakiens, ce qui peut faire penser à une médiation américaine.

Une des raisons de cet assouplissement de la politique des Etats-Unis à l’égard des contrats passés avec le GRK est que tous les accords concernant le forage dans les régions irakiennes sont encore en suspens et ce depuis un an. Les compagnies d’exploitation pétrolière pourraient être ainsi tentées de prendre le risque de jouer la carte kurde, celle-ci s’avérant plus rapidement rentable. Les conditions offertes par le Kurdistan ne diffèrent pas des contrats signés avec l’Irak, mais le facteur de risque concernant l’instabilité politique et la sécurité joue évidemment en faveur du Kurdistan, qui a signé 40 accords depuis la chute de Saddam Hussein, Exxon étant son plus gros client.

Les experts notent par ailleurs que jamais l’intérêt des investisseurs pour les ressources kurdes n’a été aussi grand. Selon les estimations de plusieurs instituts et compagnies américaines, le Kurdistan pourrait figurer dans les 10 premiers sites de réserves pétrolières mondiales. Parmi les facteurs jouant contre le Kurdistan, son conflit avec Bagdad qui refuse toujours de reconnaître comme valides les contrats passés sans son accord. L’autre handicap est l’insuffisance des infrastructures.

Le 12 novembre, le vice-premier ministre Hussein Al-Sharistani, qui a en charge les questions énergétiques après avoir été ministre du Pétrole dans l’ancien cabinet, a annoncé que la société Exxon avait éte mise en demeure de choisir entre les contrats kurdes et l’accord déjà existant concernant le pétrole du gisement de Qurna-Ouest, un des plus importants de l’Irak.

Le 13 novembre, le ministre kurde des ressources naturelles, Ashti Hawrami, répliquait dans une conférence de presse donnée à Erbil que le contrat passé avec Exxon était une « bonne nouvelle », non seulement pour la Région du Kurdistan, mais pour tout l’Irak. Il a indiqué aussi que l’accord avait été signé le mois dernier, le 18 octobre 2011 et concernait six puits. Le ministre a répondu ne pas savoir si Exxon allait installer des bureaux au Kurdistan ou dirigerait les opérations de son siège de Bagdad. Pour sa part, la Maison Blanche a refusé d’indiquer si elle avait donné son feu vert à la société Exxon pour la signature de l’accord. Mais selon plusieurs sources, dont des sources diplomatiques, jamais des négociations d’une telle ampleur n’auraient été possible sans l’aval, voire le soutien, de Washington.

Le 17 novembre, Ashti Hawrami et Hussein Al-Sharistani étaient attendus tous deux à une conférence à Istanbul, mais le ministre irakien a refusé de répondre aux questions des journalistes concernant une rencontre avec Ashti Hawrami. Par contre, le Dr. Roj Nouri Shawis, un des vice-premier ministre d’Irak a déclaré à Reuters que son gouvernement se montrait assez optimiste sur une conciliation prochaine entre Erbil et Bagdad et qu’il ne croyait pas à une annulation des contrats passés entre Exxon et l’Irak.

Le 22 novembre, à l’occasion d’une visite à Tokyo, le ministre irakien du Pétrole, Abdul Karim Luabi a déclaré avoir écrit, ainsi que le Premier Ministre Maliki à la société Exxon et qu’ils attendaient toujours une réponse. Le ministre n’a pas révélé la teneur des lettres mais le 23 novembre, c’était au tour de Sharistani d’annoncer que son gouvernement envisageait la possibilité de sanctions et allait en infomer Exxon avant toute annonce publique de la société américaine. Hussein Al-Sharistani a par ailleurs nié que le gouvernement des Etats-Unis ait apporté son soutien aux Kurdes, en affirmant que Washington n’était pas au courant des négociations, et que si cela avait été le cas, Exxon aurait été « obligé » de demander l’approbation préalable du gouvernement irakien. Mais le département d’État américain a, lui, indiqué avoir « averti » Exxon comme d’autres firmes sur les risques encourus, sans vouloir préciser si des entretiens particuliers avaient eu lieu à ce sujet.

L’affaire a pris évidemment une tournure politique qui va bien au-delà des simples questions énergétiques, alors que les Etats-Unis se préparent à retirer toutes leurs troupes d’Irak. Jafar Atay, directeur à Manar Energy Consulting, spécialiste du secteur irakien, juge que si l’accord peut être jugé comme un ferment de divisions en Irak ou bien un pont entre Erbil et Bagdad, selon que la situation évolue vers l’apaisement ou la dissension. Altay prévoit aussi une longue bataille juridique entre l’Irak et Exxon si des contrats étaient annulés. « Il se peut qu’Exxon parie sur le long terme. Shahristani est le « faucon » de ce cabinet, aussi Exxon espère peut-être qu’il finira par le quitter et que d’autres contrats pourront être signés. Ils voient qu’actuellement, les meilleurs conditions sont offertes par le Kurdistan. »

Qurna-Ouest n’a pas en effet une bonne réputation concernant les retours sur investissement dans les milieux pétroliers ce qui a pu décidé Exxon à choisir la carte kurde. Mais Exxon s’est refusé à tout commentaire duant tout le mois. Le 28 novembre, le ministre du Pétrole irakien annonçait que les trois lettres envoyées par son gouvernement à la société étaient restées sans réponse, et que Bagdad allait écrire une quatrième fois. Le président de la Région du Kurdistan, Massoud Barzani, a, pour sa part, affirmé que Nuri Maliki avait été mis au courant de la signature de l’accord avec Exxon.

La transmission intergénérationnelle de la langue kurde en Allemagne et en France



Samedi 3 décembre à 16 h, Institut kurde de Paris, 106 rue Lafayette, 75010. Entrée libre.

dimanche, novembre 27, 2011

IRAK : TROIS PROVINCES SUNNITES ENVISAGENT DE PRENDRE LEUR AUTONOMIE


Le 2 novembre, dans la province sunnite de Salahaddin, lors d’une rencontre avec des chefs de tribus locaux, le président du parlement irakien, Osama Al-Nujaifi, s’adressant au gouvernement irakien, a réclamé l’autonomie pour les provinces sunnites de Salahaddin, Anbar et Diyala, avant de la proclamer dès le lendemain.

Si la constitution irakienne prévoit que des provinces puissent obtenir une autonomie, et même, en s’unissant, devenir une Région fédérale, à l’instar du Kurdistan, ce processus ne peut se faire que par un référendum dans chaque province concernée. Mais Osama Al-Nujafi accuse l’État irakien de violer lui-même la constitution en ne respectant pas l’équilibre entre les pouvoirs du gouvernement central et ceux des gouvernorats, sans détailler en quoi consistent ces violations.

La capitale de Salahaddin, Tikrit, étant la ville d’origine de Saddam Hussein et toute la province un ancien bastion du Baath, la fronde des Tikriti apparaît surtout comme un défi de nostalgiques d’un régime où ils avaient la première place, à la fois en tant que Baathistes et en tant que sunnites. Ainsi, quelques jours plus tard, l’autre province sunnite d’Anbar menaçait de proclamer à son tout l’autnomie si le gouvernement ne libérait pas 615 anciens membres du Baath, arrêtés récemment pour complot, sur ordre du Premier Ministre Nuri Maliki. Ce dernier a affirmé que les informations qu’il a pu obtenir sur cette conspiration en cours lui venaient du tout nouveau leader temporaire de la Lybie, Mahmoud Jibril. Les rebelles lybiens auraient en effet découvert des documents indiquant que le défunt dictateur Muammar Khadafi soutenait des anciens membres du Baath afin de renverser l’actuel gouvernement d’Irak.

Naturellement, l’annonce a déclenché une vague de critiques de la part du parti au pouvoir comme d’autres partis d’opposition, tel le bloc sunnite Al-Iraqiyya et le mouvement sadriste radical chiite. Le Premier Ministre irakien a rappelé qu’un conseil provincial n’avait pas les pouvoirs de décider de l’aunomie de sa province. Qu’une demande officielle devait être envoyée au gouvernement et au parlement avant de suivre les procédures prévues par la constitution. Pour autant, Nuri Al-Maliki ne s’est pas prononcé comme hostile à une telle démarche, mais a ajouté que cette annonce ne semble être qu’un coup médiatique.

Les chiites sont eux-mêmes divisés sur cette question, certains ne voyant pas d’un mauvais œil l’occasion de s’émanciper à leur tour du pouvoir central. Ainsi, Jawad Al-Jabbouri, un membre du mouvement sadriste a rappelé que cette requête n’avait, en soi, rien de contraire à la constitution.

Ce n’est pas la première fois qu’Osama Al-Nujaifi brandit cette menace. En juillet dernier, lors d’une interview sur la chaîne Al-Hurra, il avait déclaré à un journaliste américain que les sunnites se sentaient comme des citoyens de seconde zone et qu’ils pourraient, à la longue, envisager de se séparer des chiites.

La province de la Diyala n’a pas tardé à suivre le mouvement et 17 membres sur les 19 de son conseil provincial ont menacé à son tour le gouvernement central de déclarer son autonomie si leurs demandes n’étaient pas acceptées, notamment la fin des opérations militaires menées par des « unités étrangères » à ses districts, le terme « unités étrangères » étant une façon de dénoncer à mots couverts la présence des peshermags kurdes dans certaines zones de la province, lesquelles, peuplées en majorité de Kurdes, sont concernées par l’article 140 prévoyant une référendum sur leur rattachement à la Région du Kurdistan. Le conseil de la Diyala demande également la libération des détenus arrêtés pour ‘conspiration’, ainsi que l’arrêt des transfert de prisonniers et de suspects en détention dans d’autres parties du pays, ceci pour éviter les évasions et les soudoiements.

Mais ces initiatives ne font pas l’unanimité parmi les sunnites irakiens, qui oscillent entre la nostalgie d’un ancien Irak centralisé, mais où ils dominaient politiquement, et le refus de la nouvelle domination chiite – plus conforme à la démographie – dans les territoires arabes irakiens. À Fallujah, dans la province d’Anbar, des centaines de personnes ont manifesté contre la création d’une Région sunnite en Irak, à l’image de la Région du Kurdistan et pour dénoncer toute « partition » de l’Irak, au nom des intérêts nationaux. L’organisateur de cette manifestation réclame aussi la remise en liberté de plusieurs centaines de détenus sunnites, en général accusé d’être d’anciens baathistes, encore plus ou moins actifs dans la rébellion.

Le 6 novembre, le gouvernement irakien réduisait le budget prévu pour 2012 de la province de la Diyala, passant de 248 à 148 milliards de dinars irakiens. Les protestations des responsables locaux ne se sont pas faites attendre, la plupart y voyant une mesure de rétorsion aux menaces d’autonomie brandies par le conseil provincial.

Dans le même temps, la question de Kirkouk qui divise Kurdes et Arabes est toujours pendante. et le prochain départ des troupes américaines, qui s’interposaient plus ou moins discrètement entre les forces de l’armée irakienne et les Peshmergas, inquiètent la population comme les autorités. Le président de l’Irak, le Kurde Jalal Talabani, a présenté en début de mois un plan pour redessiner les districts compris dans la province de Kirkouk, l’actuel découpage datant de Saddam Hussein. Le plan présidentiel consiste, en fait, à revenir aux frontières intérieures de 1968, avant que le Baath ait fait en sorte de diviser des régions ethniquement homogènes, surtout kurdes et syriaques, pour les répartir entre des provinces à majorité arabe, comme Mossoul et la Diyala.

Sans surprise, le vice-président du conseil provincial de Kirkouk, un Kurde lui aussi, a approuvé ce plan, indiquant qu’il était une étape vers la normalisation et le retour des régions kurdes « confisquées » par le Baath. Sans surprise non plus, la proposition de Jalal Talabani a été désapprouvée par la liste sunnite Al-Iraqiyya, principal rival politique des Kurdes à Kirkouk, qui y voit un moyen d’aggraver les tensions, surtout au moment du retrait américain. D’autres, comme Najat Houssein, un Turkmène siégeant au conseil provincial, inclinerait davantage vers la formation d’une Région autonome, à partir de la province de Kirkouk : Les éléments kurdes à Kirkouk insistent pour annexer Kirkouk à la Région du Kurdistan, ce qui est rejeté par les Turkmènes, tandis que les Arabes de Kirkouk insistent sur « le besoin de résoudre les problèmes actuels qui minent l’Irak au lieu de proposer des projets qui serviraient les citoyens ».

samedi, novembre 26, 2011

Les poètes de l'amour

Les poètes de l'amour.
Musique d'Aşik alévis sur la route de l'exil.
Dimanche 27 novembre à 17 h.
Salle de la Bourse Strasbourg.

"Ali Riza et Hüseyin Albayrak sont deux « Achiks », modernes troubadours héritiers d'une tradition née il y a plus de huit siècles en Anatolie. Ils interprètent un répertoire de compositions qui ont pris leurs sources sur les routes de l'exil. Les « Achiks » ou encore « Ozan » chantaient des poèmes accompagnés du luth turc, le saz. Fascinante tradition, transmise oralement par des hommes courageux, insolents, proches du peuple, qui se jetaient par les routes et les chemins, vivant de l'air du temps, pour chanter l'amour sous toutes ses formes, divin, esthétique ou charnel, l'amour de la nature et la vie, dans une langue immédiatement compréhensible par tous. De maître en élève, cet incroyable et précieux héritage, dont aucun témoignage n'était consigné par écrit, nous parvient aujourd'hui. Nombreux sont les Alévis exilés qui expriment la nostalgie de leur pays par cette musique et ces poésies."





vendredi, novembre 25, 2011

Chants pour la paix




Concert d'ouverture du Festival Strasbourg-Méditerrannée, proposé par ASTU Actions Citoyennes Interculturelles et Strasbourg Méditerranée

Samedi 26 novembre à 20h30, Cité de la Musique et de la Danse, Strasbourg.


"Artiste aux multiples talents, chanteuse, actrice, compositrice de musique de films, Sevval Sam occupe une place très importante sur la scène musicale et dans la société turque. Le public s'est enthousiasmé pour ses interprétations authentiques et passionnées du répertoire classique. Elle a multiplié les collaborations avec des musiciens internationaux comme Radio Tarifa ou Rob Garza (Thievery Corporation). Aujourd'hui, accompagnée de ses musiciens, elle magnifie la mosaïque des musiques d'Anatolie. Sevval Sam possède un répertoire très large qui comprend aussi bien des chansons populaires, traditionnelles ou de style arabesque et des textes en langues turque, kurde, arménienne, grecque et azérie. De cet éventail, la jeune artiste entend faire un message pour bousculer les lignes, les rigidités et s'engager pour la paix, l'amitié et les influences réciproques entre les peuples, contre les discriminations. Cette volonté de toucher de larges publics, dans son pays et en Europe, se joint à une attention sans relâche envers les plus faibles, les exclus. En concert, comme dans la vie, Sevval Sam assume avec grâce et conviction un engagement citoyen et une inépuisable créativité. "


 'Exils', 7ème Festival Strasbourg-Mediteranée.

TURQUIE : « EXCUSES » OFFICIELLES DU PREMIER MINISTRE POUR LES MASSACRES DE DERSIM


Le 9 novembre, Hüseyin Aygün, un député CHP (parti kémaliste) de Tunceli (Dersim), déclare que les lourds massacres de sa région, en 1937 et 1938, pour écraser la révolte de Seyid Riza, n’ont pu être perpétrés à l’insu de Mustafa Kemal et de son gouvernement, contrairement à ce qu’affirmait, jusqu’ici, l’historiographie « officielle », alors même que Sabiha Gökçen, la propre fille adoptive d'Atatürk, qui fut aussi première femme pilote de l'armée turque, avait elle-même pris part aux opérations militaires et bombarda la région.

L’actuel Premier Ministre au pouvoir, peu suspect, comme son parti, l’AKP de sympathies pro-kémaslistes a sauté sur l’occasion pour embarrasser son principal rival, le CHP. S’adressant publiquement au président du CHP, Kemal Kılıçdaroğlu, un alévi de Dersim, Recep Tayyip Erdoğan lui a demandé de reconnaître à son tour le rôle de Kemal Atatürk dans les massacres de Dersim : « C’est une opportunité en or pour le CHP d’affronter cette tragédie, car son leader est un membre de la communauté de Tünçeli. Vous êtes de Tünçeli, pourquoi fuyez-vous ? » À cela, Kemal Kılıçdaroğlu a répliqué sur le même ton : « Oui je suis de Tünçeli et je suis un fils de cette nation (turque NDLR). Actuellement je suis le président du CHP et j’en suis fier. Si Dieu le veut, je serai aussi bientôt le premier ministre. »

Kemal Kılıçdaroğlu est en effet originaire de Nazimiye, et sa propre famille a été décimée par les massacres et les déportations. Le chef du Parti kémaliste a rappelé à cette occasion que jamais l’AKP n’avait remporté un seul siège à Dersim-Tunceli, en dénoncant comme une « insulte » la soudaine volonté du Premier Ministre de parler aux noms des Dersimis, tous de religion alévie et qui nourrissent une grande défiance à l’égard des partis islamistes.

Devant à la fois apaiser la tempête interne à son propre parti (un groupe de députés a demandé l'exclusion d'Aygün) et faire front devant la polémique relayée par la presse, Kemal Kılıçdaroğlu a voulu contre-attaquer en se posant en défenseur de « l’héritage kémaliste », menacé de « destruction », selon lui, par les menées de l’AKP. Mais cela n’a pas empêché le chef du gouvernement de continuer sur cette lancée et, le 22 novembre, Recep Tayyip Erdoğan, lors d’une réunion de son groupe parlementaire a annoncé son intention d’ouvrir prochainement au public des archives sur la répression du Dersim, qui établiraient sans ambiguité le rôle prédominant du gouvernement de l’époque dans les massacres.

Le jour suivant, 23 novembre, le Premier Ministre allait jusqu’à faire des excuses publiques, au nom de la République de Turquie, pour des actes de répression qui ont fait près de 14 000 victimes selon l’État turc (entre 30 et 50 000 selon les historiens) civils ou combattants confondus, sur une période de 4 ans : « S'il y a des excuses à présenter au nom de l'Etat, alors je présente mes excuses ».

Les journaux proches du gouvernement AKP, comme Sabah ou Zaman, ou bien hostiles au nationalisme, comme Radikal, se sont lancés eux aussi dans le débat historique et ont publié des documents des documents et des archives prouvant les dires de Hüseyin Aygün, tandis que des ouvrages consacrés à la question connaissaient un regain de succès en librairie.

Beaucoup de voix d’opposants ou des journalistes, comme Pinar Ogunc de Radikal, relèvent le manque de cohérence de la part de l’AKP, qui a fait interdire un documentaire filmé sur le Dersim. Le député CHP à l’origine du débat, Hüseyin Aygün, accuse le gouvernement AKP de n’avoir rien fait, par ailleurs, pour améliorer les conditions de vie des Alévis dans cette région. Mais la plupart des éditorialistes et commentateurs politiques, comme Mehmet Ali Birand (Hürriyet, Kanal D) ont fait immédiatement le lien avec le génocide arménien en se demandant si la reconnaissance de « l’incident le plus tragique de notre histoire récente », comme le Premier Ministre a qualifié les massacres du Dersim sera un jour suivie de la reconnaissance d’un « incident » tout aussi tragique, bien que moins récent, à savoir le génocide des Arméniens et des Syriaques en 1915-1916.

jeudi, novembre 24, 2011

Le Coran silencieux et le Coran parlant


Vendredi 25 novembre à 15 h 00 : La lettre et l'esprit. Avec M. Ali Moezzi, auteur de Le Coran silencieux et le Coran parlant (CNRS). Cultures d'islam, A. Meddeb.

Présentation de l'éditeur
Les tout premiers siècles de l’islam furent marqués par deux faits majeurs indissolublement liés qui ont déterminé les évolutions historique et spirituelle de cette religion jusqu’à nos jours : l’élaboration des sources scripturaires, à savoir le Coran et le Hadith, et une violence chronique se manifestant principalement sous forme de guerres civiles 
Batailles du Prophète, violences autour de sa succession, « guerres d’apostasie » sous le premier calife Abu Bakr, guerres de conquêtes et morts violentes des autres califes « bien guidés », cycles de répressions et de révoltes sanglantes pendant la période omeyyade, brutale révolution abbasside, interminables massacres de Shi’ites… Parallèlement, s’élaborent, dans des conditions complexes et problématiques, les Écritures, paroles divines et traditions prophétiques, dont la forme et le contenu ont été sources de conflits et de débats pendant plusieurs siècles. 
Pour la première fois, un ouvrage étudie l’articulation entre les deux phénomènes à travers l’examen minutieux de l’histoire de textes anciens aussi importants que peu connus. Il propose une nouvelle grille de lecture, un nouveau cadre de théorisation de l’histoire des débuts de l’islam, éclairant, en les mettant en perspective, jusqu’aux tensions contemporaines 
Auteur :
Mohammad Ali Amir-Moezzi est Directeur d’études à l’École Pratique des Hautes Études (Sorbonne) où il occupe la chaire de l’histoire de la théologie islamique et de l’exégèse coranique classiques.
Table des matières

Avis au lecteur
Repères historiques
Tableaux
Introduction

Chapitre premier : Violence et Écritures à travers le Livre de Sulaym ibn Qays
L'ouvrage et son auteur présumé
Un livre aux strates multiples
Un ouvrage à la popularité constante
Fragments du livre de Sulaym b. Qays
Table des matières du Livre de Sulaym b. Qays

Chapitre 2 : Recensions coraniques et tendances politiques. Al-Sayyârî et son Livre de la Révélation et de la Falsification
Interrogations suscitées par les études occidentales
Incertitudes et contradictions des sources islamiques
La falsification du Coran chez les Shi'ites Imamites
Al-Sayyârî : notes sur sa vie et son œuvre
Remarques sur le Livre de la Révélation et de la falsification ou le Livre des récitations coraniques

Chapitre 3 : Nécessité de l'herméneutique. Autour du commentaire coranique d'al-Hibari.
Le Coran silencieux et le Coran parlant.
Al-Hibari et son commentaire coranique
Les commentaires personnalisés et les débuts de l'ésotérisme

Chapitre 4 : Avènement de la gnose. Une monographie sur la connaissance compilée par Al-Saffâr al-Qummî
Représentant d'une double période de transition
De quelques anomalies significatives
Table des matières du K. Basâ'ir al-darajat

Chapitre 5 : Parachèvement d'une religion. Remarques sur al-Kulaynî et sa Somme de traditions
Rareté des informations directes et nombreuses incertitudes
Quelques repères historiques
Éléments biographiques
Aperçus sur l'œuvre
Constitution d'une religion à part entière


Épilogue
Bibliographie et liste des abréviations utilisées
Index général
Remerciements









Broché
Editeur : CNRS (12 mai 2011)
Collection : HORS.COLL.
Langue : Français
ISBN-10: 2271071887
ISBN-13: 978-2271071880

mercredi, novembre 23, 2011

Ramiz Quliyev




Ramiz Ayyub oghlu Quliyev est né au Karabakh, dans la ville d'Aghdam, le 30 avril 1947. C'est là qu'il étudia d'abord la musique, avant d'intégrer, en 1964, le Conservatoire national Uzeyir Hajibayov, dont il sortit diplômé en 1969, s'étant spécialisé dans le jeu du tar et la direction d'orchestre, jouant depuis l'époque d'Aghdam le répertoire folklorique et se produisant sur scène. Il enseigne aussi depuis quarante ans et a formé des générations de musiciens, dont son propre fils, Ayyoub.
Sa carrière, lancée en Union soviétique, devint rapidement internationale. Sa particularité est de jouer aussi bien des mughams traditionnels que des créations contemporaines.


mardi, novembre 22, 2011

Iraq : The Heart of the World

Iraq, the Heart of the World
Mirella Galletti.




Foreword

Iraq, once ancient Mesopotamia, has been in the forefront of world events for several decades. However, the image of our country often has not accurately reflected the history and reality of this region which, located at the nexus of three continents, has been a crossroad of civilizations and exchanges between different cultures since ancient times.

Mirella Galletti, with her great heart and sensitivity, has dedicated her academic career to the study and research of Iraq including the Kurdish issue. In her book, this devoted scholar consolidates and summarizes her almost forty years of experience and field work to share her immense knowledge with a wider international public.

The work is a global interview overview of Iraq and its history, cultures, languages, religions, political system, economics, cuisine and much more. Readers will no doubt find it an indispensable tool to familiarize them with our country and learn about its greatness as a nation which despite the terrible suffering it has endured has maintained its dignity and soul." H. E Saywan Barzani, Ambassador of the Republic of Iraq to the Italian Republic, August 8, 2011.

Author : Mirella Galletti teaches "History of Islamic Countries" at the Faculty of Political Studies of the Second University of Naples. She studied Political Science at the University of Bologna with a thesis on "Political structure and cultural values in the Kurdish society" (1974). She completed her studies in Baghdad, Cairo and Algiers. She has taught courses at the Universities of Naples "L'Orientale", Bologna and Trieste. She has held seminars at the Universities of Erbil and Sulaimanya in the Region of Kurdistan (1994). Author of 20 books and over 150 studies translated into many languages.

Contents

Foreword by H.E. Dr Saywan Barzani, Ambassador of the Republic of Iraq to the Italian Republic.
Preface : Mirella Galletti
Map 1 : Ancient Mesopotamia
Map 2 : Iraq today
Map 3 : Iraq in the Middle-East
Socio-economic data

Part One

1. Geography, population, resources
– Geography
– Population
– Resources

2. Ethnic and religious communities

3. The Cradle of civilization

4. Islamic Iraq

5. Iraq in the 20th century
– The making of the Iraqi state
– The British Mandate
– Independent Iraq
– The revolution of July 14, 1958
– The Ba'th in power (1968-2003)
– Saddam Hussein
– The Kurds in Iraq
– The first Gulf War (1980-1988)
– The secund Gulf War (1990-1991) and the formation of the Autonomous Region of Kurdistan
– The third Gulf War (2003) and the fall of Saddam Hussein
– Saddam's legacy : a destroyed and mutilated country

6. Iraq in the 21th century
– The Kirkuk comundrum
– Internally Displaced Persons (IDP) and refugees
– The road to democracy : prospects of the new Iraq

7. Iraq and the Middle-East

Part Two

8. Economy
– Oil and natural resources
– Industry
– Agriculture
– Water
– Transport and communication
– Banking system
– Foreign trade
– Italo-Iraqi economic ties
– The law on investment in Iraq
– The law on investment in the Kurdistan Region

9. Literature
– Languages and literature of ancient Iraq
– Neo-Aramaic languages and literature
– Arabic language and literature
– Kurdish language and literature

10. Education, health and social services, sports, crafts, music, visual arts
– Education
– Health and social services
– Sport
– Crafts
– Music
– Visual arts :
Architecture
Sculpture

11. Iraqi cuisine
– Traditional recipes

12. Tourism : cities and archælogical sites :
– Nature
– Cities
– The Archæological Museum of Iraq and the preservation of Iraqi cultural heritage
– World Heritage Sites

13. Archæology and the Bible in Iraq
– The evangelization of Iraq

14. Karbala and Najaf, the Craddle of Shiism

Afterword by H. E. Habeeb Mohammed Hadi al-Sadr, Ambassador of the Republic of iraq to the Holy See

Bibliography
Chronology






lundi, novembre 21, 2011

Exils


"Pour sa 7ème édition le Festival Strasbourg-Méditerranée met en avant le thème "Exils", dans la continuité des thèmes de l'hospitalité, des nouvelles identités, de la frontière et des héritages, explorés lors des éditions précédentes. Ces thèmes expriment la condition de l'altérité et ses multiples figures : celle de l'étranger, de l'indigène, du colonisé, du migrant, de l'exilé, du réfugié, du clandestin, du sans-papiers... telles qu'elles résultent de l'histoire euro-méditerranéenne, récente et ancienne, et de ses représentations. Ils invitent à dresser un état des lieux des nombreuses frontières physiques et symboliques qui enferment et excluent par opposition à celles qui, fondées sur la reconnaissance de l'autre et sur le respect des diversités, permettent la circulation des hommes et des idées. Les hommes et les femmes de la Méditerranée ont connu, à des moments divers de leur histoire et pour des raisons multiples, l'expérience du départ, du déplacement vers un ailleurs, expérience à la fois singulière et commune, spécifique et universelle, de la rupture, de l'arrachement à une terre, un pays, un espace, une communauté d'appartenance et de destin. Aujourd'hui dans un monde globalisé où de plus en plus de femmes et d'hommes circulent, se déplacent, qu'en est-il de ces exilés qui sont souvent mis à l'épreuve dans leurs identités sociales, culturelles, politiques, ethniques, de genre, dans leurs références, leurs imaginaires, leurs univers matériel et symbolique ? Le festival invite à aborder toutes les formes de l'exil, et les variantes qui lui sont souvent associées (émigration - immigration, voyages, errances, ostracismes, expulsions, exodes, diasporas, évacuations, expatriations, ...) : l'exil intérieur, l'exil dans son propre pays, dans son propre milieu, l'exil forcé, géographique, politique, économique, climatique, religieux, ou bien encore l'exil dit "volontaire" de ceux et celles qui vont chercher ailleurs de quoi nourrir de nouveaux espoirs, une hospitalité refondatrice, une humanité future. Si l'exil est cet "ex" qui signifie en latin "hors" et renvoie à un hors lieu, qui peut être celui de la souffrance et de la séparation, c'est aussi une terre de résistance et de création, de fécondation et de renouvellement, aux multiples apports. Un horizon d'espérance et d'émancipation, une ouverture sur l'autre et sur le monde. L'expérience de l'exil a en effet inspiré, stimulé de nombreuses créations artistiques, littéraires, philosophiques, exprimant les affres de la rupture et de l'éloignement, la solitude, la nostalgie, le manque, la perte, voire la culpabilité d'un abandon mais aussi le sentiment d'une re-naissance, l'espoir d'un re-commencement et d'un monde meilleur. Création artistique sous toutes ses formes : théâtre, poésie, littérature, musique, cinéma, arts plastiques, photographies... récits de vie, témoignages, mais aussi débats et rencontres avec des intellectuels, artistes, chercheurs, acteurs de la vie civile des deux rives de la Méditerranée permettront de décliner la problématique de l'exil, dans ses expressions multiformes, passées et présentes, à la confluence des mythes, des croyances, de l'histoire, de la mémoire, de l'économie, de la géopolitique et de l'actualité, notamment celle des révolutions démocratiques dans le monde arabe. "
Salah Oudahar Directeur artistique.

Programme complet à consulter ici

vendredi, novembre 18, 2011

Rencontres d'Averroès : Islams d’Europe, montée des tensions ou reconnaissance mutuelle ? et un « rendez-vous des civilisations », utopie sans lendemain ou promesse d’avenir ?

Rencontres d'Averroès : Tables rondes, Marseille.

Samedi 19 novembre, auditorium du parc Chanot :

– 10 h - 12 h : Deuxième Table ronde.

Islams d'Europe, montée des tensions ou reconnaissance mutuelle ?

"La présence des musulmans en Europe n’est pas un fait nouveau. Elle existe depuis de nombreux siècles, même si cela est resté enfoui ou dénié, comme en témoignent les travaux des historiens. Au cours du XXe siècle, et singulièrement après la deuxième guerre mondiale avec les « Trente glorieuses » et les besoins de main d’œuvre liés à la reconstruction et à l’industrialisation de l’Europe, on a assisté à un changement d’échelle et à une demande croissante de « travailleurs immigrés ». 
Les « trois âges de l’immigration » s’étant accomplis, le mythe du retour évanoui et l’installation durable de familles venant de pays majoritairement musulmans advenue, la donne a profondément changé au cours de ces trente dernières années. Des Islams d’Europe ont ainsi peu à peu vu le jour, principalement en France, en Grande-Bretagne et en Allemagne, puis en Italie, en Belgique, aux Pays-Bas, comme en Suisse, au Danemark ou en Suède. La présence des musulmans n’est plus un phénomène extérieur à l’Europe, elle est devenue une réalité intérieure à l’Europe, ce qui modifie profondément les perceptions. D’autant plus que l’émergence des Islams d’Europe a été contemporaine de la montée en puissance d’un islam politique, souvent conflictuel, de la révolution islamique iranienne en 1979 aux attaques terroristes du 11 septembre 2001 à New-York, prolongées par les attentats de Madrid et de Londres qui ont créé un climat de défiance et de peur. La crise des caricatures au Danemark, l’assassinat de Theo Van Gogh aux Pays-Bas, le referendum sur les minarets en Suisse, les controverses sur le port du voile et de la burqa en France, ou le retentissant succès du livre de Thilo Sarrazin en Allemagne… autant d’éléments qui ont renforcé les incompréhensions et instauré une forme de stratégie de la tension. 
Peut-on, dans ces conditions, tenter de mieux comprendre ce qui se joue, à l’échelle européenne, dans les relations à l’Islam ? Assiste-t-on, dans les différentes sociétés européennes, comme semble l’indiquer le sondage Ifop « regard croisé France / Alllemagne à propos de l’Islam » à des phénomènes de repli voire de rejet ? S’agit-il de phénomènes circonstanciels, et donc passagers, ou de tendances lourdes ? La focalisation, volontiers relayée par les médias, sur les échecs de l’intégration ne masque-t-elle pas d’autres réalités, moins visibles et plus encourageantes ? Des formes de reconnaissance mutuelle ne sont-elles pas en train de naître ? Des Islams européens, inscrits dans des trajectoires plus individuelles et dans des sociétés profondément sécularisées, ne voient-ils pas le jour ? Le prisme religieux est-il la bonne façon d’appréhender les transformations sociales et culturelles en cours ? Un « monde commun », loin des différences culturelles et religieuses, largement soulignées, est-il en train de prendre forme dans la culture au quotidien ? Qu’en est-il par exemple des mariages mixtes ? Existe-t-il des convergences dans les pratiques ou les distances sont-elles de plus en plus marquées ? Vers quelles polarités s’oriente-t-on dans les relations entre l’Europe et l’Islam, la liberté ou la peur ? [Thierry Fabre] 
Les intervenants : Animée par Florian Delorme [France Culture] avec Farida Belkacem, chercheuse à l'IRIS - Institut de Relations Internationales et Stratégiques, ses travaux portent sur la question de l’Islam en Europe ; Rasmus Boserup, sociologue, chercheur à l’Institut danois d’études internationales ; Patrick Haenni, politologue, auteur de nombreuses études sur les processus d’islamisation en Egypte, au Soudan, au Maroc, au Yémen, en Afghanistan ainsi que dans les populations musulmanes d’Occident ; Margarete Spohn, sociologue, spécialisée dans l’éducation interculturelle, travaille aujourd’hui au département des affaires interculturelles de Munich.

– 15 h - 17 h : Troisième  table ronde :
Un « rendez-vous des civilisations », utopie sans lendemain ou promesse d’avenir ? 

 "« Nous ne savons pas ce qui se passe, et c’est cela qui se passe », observait le philosophe Ortega Y Gasset. Justement, qu’est-il en train de se passer sous nos yeux, d’une rive à l’autre de la Méditerranée ? Assiste-t-on à un bouleversement du monde ? Quelle est la portée des révolutions arabes ? Sont-elles annonciatrices de changements profonds dans le monde de l’Islam méditerranéen, depuis longtemps travaillé par des courants obscurantistes ? Sommes-nous réellement entrés dans un temps post-islamiste, dont la disparition d’Oussama Ben Laden serait un des signes les plus manifestes de changement d’époque ? Quel est, dans ce nouveau contexte historique, l’impact du conflit persistant entre Israël et Palestine ? Peut-il être plus facilement surmonté ? Les chemins de la paix peuvent-ils être retrouvés dans le climat nouveau inspiré par les révolutions arabes ? Les processus politiques et électoraux en cours vont-ils plutôt conforter les mouvements obscurantistes ? Ou les forces démocratiques, portées par des jeunes générations qui rêvent de liberté, de dignité et d’un autre avenir, vont-elles s’imposer ? Comment l’Europe peut-elle conforter les processus démocratiques en cours ? Mais de quelle Europe s’agit-il, alors que son projet s’essouffle et que la cohésion entre Europe du Nord et Europe du Sud ne semble plus tout à fait assurée, à l’heure où les tensions sont vives et les mouvements sociaux nombreux à l’occasion de la crise financière en Grèce, en Espagne et au Portugal ?... 
Dans ces conditions, volontiers troubles, un « rendez-vous des civilisations » entre l’Europe et l’Islam est-il pensable voire possible ? Sur quelles bases ? À partir de quelles constructions d’ensemble et de quelles convergences d’intérêts ? L’horizon d’un grand projet autour de la Méditerranée, dont les acteurs culturels et de la société civile seraient les initiateurs, est-il une utopie sans lendemain ou une promesse d’avenir ? Quels visages peuvent prendre les relations entre l’Europe et l’Islam au XXIe siècle ? La liberté ou la peur ?... "[Thierry Fabre]

Les intervenants :   Animée par Thierry Fabre avec Alaa El Aswany, écrivain égyptien, auteur de L'Immeuble Yacoubian, paru en 2002 chez Actes Sud, observateur et acteur très engagé dans les bouleversements de son pays ; Fethi Benslama, psychanalyste tunisien de langue française, vivant à Paris, professeur à l'Université de Paris VII où il dirige l'UFR de Sciences humaines cliniques ; Michel Foucher, directeur de la formation, des études et de la recherche de l’Institut des Hautes Etudes de Défense Nationale - IHEDN, professeur des universités, géographe et diplomate.

jeudi, novembre 17, 2011

La Coquille, Moustafa Khalifé

La Coquille
Prisonnier politique en Syrie

Présentation de l'éditeur 

"Après six ans de séjour en France, où il a obtenu un diplôme d'études cinématographiques, le narrateur décide de rentrer au pays. Dès son arrivée à l'aéroport de Damas, il est arrêté par la police politique et conduit dans un bâtiment sinistre du centre-ville, appartenant aux Services de renseignements. Là, il est violemment frappé avant d'être accusé contre toute vraisemblance, lui, le chrétien grec-catholique, d'être membre du mouvement des Frères musulmans. Quelques jours plus tard, il se retrouve dans la gigantesque et terrible prison du désert, en compagnie de milliers de détenus. Commence alors son calvaire qui va durer treize ans... Ce récit, qui se présente comme un journal, restitue sous une forme légèrement romancée les choses vues et entendues par Moustafa Khalifé durant son long enfermement dans les prisons syriennes. Les scènes se succèdent, d'autant plus insoutenables qu'elles sont décrites sobrement sans vaine rhétorique ni pathos. Elles donnent à voir, non seulement la barbarie des geôliers, mais aussi le processus de déshumanisation des détenus et, au-delà, de toute la société. 

Biographie de l'auteur : Moustafa Khalifé est né en 1948 à Jarablus, au Nord de la Syrie. Diplômé en droit, il milite dans un mouvement d'opposition d'extrême gauche jusqu'à son arrestation en 1979. Libéré l'année suivante, il est de nouveau arrêté en 1982 pour ne sortir de prison que douze ans plus tard, en 1994. "

Broché: 257 pages Editeur : Actes Sud (3 septembre 2007) Collection : La bibliothèque arabe Langue : Français ISBN-10: 2742770208 ISBN-13: 978-2742770205

Rencontre d'Averroès : Entre l’Europe et l’Islam : histoires de conquêtes ou passé commun ?


Rencontres d'Averroès : Tables rondes, Marseille.

Vendredi 18 novembre de 15h à 17h, auditorium du Parc Chanot.

Entre l’Europe et l’Islam : histoires de conquêtes ou passé commun ?
"La naissance de l’Islam, au VIIe siècle, et son expansion, notamment sur les rives de la Méditerranée, ont suscité de vives réactions de la part d’une Europe chrétienne volontiers divisée. Conquêtes et reconquêtes… Flux et reflux, croisades en Terre Sainte et sac de Constantinople, conquise en 1453 par les ottomans, qui forment un nouvel empire, alors que Grenade, dernière cité héritière d’al andalus, tombe en 1492, prélude à l’expulsion des juifs puis des morisques d’Espagne, en 1609… La guerre de course n’a quant à elle pas cessé en Méditerranée, jusqu’au XVIIIe siècle. Elle prend fin avec la suprématie militaire européenne qui devient manifeste à travers la conquête coloniale au XIXe siècle et le démembrement de l’empire ottoman, alors qualifié « d’homme malade de l’Europe »… Ce temps long de l’histoire, entre l’Europe et l’Islam, peut être scandé par des histoires de batailles et de conquêtes, d’une rive à l’autre de la Méditerranée. Mais par-delà les confrontations d’empires et les affrontements au nom d’une suprématie religieuse, musulmane ou chrétienne, que s’est-il véritablement passé entre « gens d’Europe » et « gens d’Islam » ? Les confrontations politiques et militaires ont-elles fait naître des formes de syncrétismes ? Quels échanges et quelles circulations entre sociétés et marchands, entre savoirs et techniques, entre langues et cultures ? Si des terrains d’entente ont existé, ont-ils été ponctuels ou durables ? Peut-on parler d’un passé commun entre l’Europe et l’Islam ? À moins que les mémoires de conquêtes soient devenues prépondérantes, à travers les figures, du « croisé » d’un côté et du « djihadiste » de l’autre ? Ces catégories politico-religieuses de lecture de l’histoire, qui instaurent un récit où prédomine une guerre sans fin, sont-elles obsolètes ou toujours d’actualité ? Comment interpréter en fin de compte, sur le temps long de l’histoire, les relations entre l’Europe et l’Islam ?"  [Thierry Fabre]

Les intervenants : Animée par Emmanuel Laurentin [France Culture] avec Hichem Djaït, professeur émérite à l’Université de Tunis, historien, islamologue et penseur tunisien ; Gabriel Martinez Gros, historien, spécialiste de l’histoire politique et culturelle d'al-Andalus ; Amr Mahmoud el-Shobaki, directeur de l’Unité d’Études Arabe-européenne au Centre d’Études Politiques et Stratégiques d’Al-Ahram [Caire, Egypte] ; Géraud Poumarède, maître de conférences en histoire moderne à l'Université Paris Sorbonne-Paris IV, agrégé d'histoire.

mercredi, novembre 16, 2011

Feleknas




Feleknas est né en 1963 au village de Zovang  près de Muş, de la tribu des Badikan. Elle a vécu les dix-huit premières années de sa vie dans son village, et a appris à chanter en écoutant des cassettes, ou dans les fêtes, en chantant avec les filles et les femmes. Ce furent ses seules études, car elle n'alla pas à l'école. Son mariage fit d'elle une Pasûrî et elle partit vivre au village de Kehribang. Épouse kurde et dengbêj, elle a cinq enfants.

mardi, novembre 15, 2011

Obsèques d'Ismet Chériff Vanly



Ismet Cheriff Vanly est mort le 9 novembre 2011, à Lausanne, à l’âge de 87 ans. Ses obsèques auront lieu le 16 novembre, à 15h au Cimetière du Bois-de-Vaux, 2, route de Chavanne 1007 Lausanne (Suisse).

Hommage et biographie : "Chérif Vanly, Lausannois pur sucre et pur Kurde".



lundi, novembre 14, 2011

Redécouvrir le patrimoine pastoral kurde


Samedi 19 novembre à 16 h 00 :


Redécouvrir le patrimoine pastoral kurde


Rencontre-débat de Michaël Thevenin, accompagnateur en montagne, conférencier sur le pastoralisme au Kurdistan de Turquie.

Institut kurde de Paris, 106 rue Lafayette, Paris 10e.

dimanche, novembre 13, 2011

Rencontres Averroès : Hommage à Louis Massignon


Aubagne : Lundi 14 novembre à 19 h, aux Pénitents noirs.


Découvrir Louis Massignon : Un homme et des dieux 

"Une rencontre-débat sur la vie et l’oeuvre de cet islamologue qui a consacré sa vie à la réconciliation des peuples et des cultures ne pouvait être qu’oecuménique. Avec notamment un lecture de ses textes par le comédien Michael Lonsdale. 
Celui qui est aujourd’hui considéré comme l’un des plus grands orientalistes du XXe siècle n’a pas toujours fait l’unanimité. Ce personnage pour le moins entier a constamment cherché l’adéquation entre sa vie et son oeuvre. Louis Massignon est ainsi passé de l’athéisme à la foi inconditionnelle, mais il n’a jamais cessé de prôner la coexistence entre les religions. Le 3 mai 1908, alors qu’il a 25 ans, il est foudroyé par une expérience spirituelle déterminante. C’est désormais un chrétien mystique, vivant « l’extase de l’abandon », qui va étudier l’islam. Son ami de longue date le philosophe Jacques Maritain parle d’un homme chez qui « la science la plus érudite, la plus approfondie » s’alliait à « une dévorante soif mystique de justice et d’absolu ». Elu au Collège de France en 1926, Louis Massignon n’en continue pas moins de voyager. Il multiplie les pèlerinages et chaque déplacement engage tout son être. « Il ne suffit pas de chercher à connaître, il faut arriver à comprendre, écrira-t-il dans ses mémoires. On comprend l’Autre en se substituant mentalement à l’Autre, en reflétant en soi la structure mentale, le système de pensée de l’Autre ». 
Louis Massignon a également longuement exploré le mythe des Sept Dormants. « Frappé de l’importance et de la multiplicité des lieux saints dédiés en islam aux VII Dormants, j’ai travaillé à faire ranimer leur culte pour une réconciliation sacralisée entre Chrétienté et Islam ». On a dit à sa disparition, il y a tout juste cinquante ans, qu’il fut « le plus grand musulman parmi les chrétiens et le plus grand chrétien parmi les musulmans ». 
Thierry Fabre, concepteur des Rencontres d’Averroès, Manoël Pénicaud, auteur de l’exposition La Méditerranée des Sept dormants et Henry Quinson, moine et conseiller pour le film Des Hommes et des dieux, nous feront donc découvrir cet esprit déroutant capable d’allier la rigueur scientifique avec une soif inextinguible de spiritualité. Quant à Michael Lonsdale, il lira des textes de celui qui ne fut pas seulement un grand islamologue, mais aussi un écrivain à la langue d'une rare beauté. L’acteur éblouissant dans le film de Xavier Beauvois Des Hommes et des dieux, n’est certainement pas insensible au message d’unité délivré par Louis Massignon. Et nous aurons d’ailleurs l’occasion de constater les nombreuses analogies entre l’histoire des moines de Tibhirine et la légende des Sept Dormants.

samedi, novembre 12, 2011

De l'aventure au voyage intérieur


Lundi 14 novembre à 0 h 00 sur France Inter : Karen Guillorel pour De l'aventure au voyage intérieur. Paris, Istanbul, Jérusalem (Presses de la renaissance). Partir avec… M-P. Planchon.


Présentation de l'éditeur 
"A 28 ans, Karen Guillorel décide de rallier Jérusalem depuis Paris, via Istanbul, seule et à pied. Son aventure risquée se transforme en un voyage intérieur bouleversant. Les interrogations qui naissent, vastes et intimes à la fois, jaillissent au fur et à mesure du chemin, modifiant profondément sa perception de la vie. Partie à la rencontre de l'autre, c'est elle qu'elle découvre. Un récit inattendu, écrit avec une grande vérité, sur la solitude et la découverte de la féminité. " Partir en voyage à pied, cela raconte quoi ? En voyageant en tant que femme seule, qu'est-ce que je signifie ? La prise de conscience de mon propre corps comme médium a pris plus d'acuité en chemin. Ce que raconte le corps est une part de notre discours. Par notre seule présence, nous signifions quelque chose. Il est essentiel de prendre en compte cette particularité du voyage: nous sommes des êtres sensuels. Voyagera quelque chose de l'acte d'amour avec le monde. Notre corps a des mots pour le dire, parfois à notre insu, ce qui peut nous mettre en danger. En me confrontant au masculin de manière si violente, je me suis désintégrée puis reconstruite en devenant "autre". Ma transformation aurait pu s'arrêter à une haine des hommes - par chance, cela n'a pas été. Je suis partie pour voir par mes propres yeux. Je veux bien dire ma joie ou ma colère, souvent les deux. Mais entrer dans un jugement de valeur est insupportable. J'ai changé, le monde m'a changée. Dans un mouvement paradoxal, j'ai à la fois grandi à l'intérieur de moi-même, et rétréci dans le monde. Je suis mon propre creuset... Quand finira donc ce voyage ?" 

Biographie de l'auteur : Karen Guillorel a travaillé dans l'audiovisuel, l'édition, le jeu vidéo, etc., guidée par son goût pour la découverte et l'aventure. Aujourd'hui, elle écrit dessine, conçoit des installations plastiques, réalise des films, voyage et rêve de nouveaux espaces. De son équipée de Paris à Jérusalem, elle a tiré un carnet de voyage audiovisuel mêlant graphisme, vidéo et photographies. 

Broché: 345 pages Editeur : Presses de la Renaissance (30 avril 2009) Collection : Esprit de voyage Langue : Français ISBN-10: 2750904811 ISBN-13: 978-2750904814

vendredi, novembre 11, 2011

Le troubadour d'Azerbaïdjan



Samedi 12 novembre à 19 h 55 sur ARTE : Le troubadour d'Azerbaïdjan, Thorsten Niemann, All., 2011, 43 mn, Géo 360º.


"Les hauts plateaux verdoyants du Petit Caucase. Dès sa plus tendre enfance, Nemet Gasimli, aujourd'hui âgé de 40 ans, a su ce qu'il voulait devenir. Alors qu'autour de lui, les jeunes gens se vouaient aux travaux des champs ou à l'apiculture, Nemet a opté pour la poésie et la musique ! L'enfant du pays est ce que l'on appelle un " aschug " - un barde nomade qui parcourt sa terre natale et chante ses beautés lors de mariages et fêtes de villages. 360° - GEO a suivi Nemet et son élève Elvin à la découverte d'un pays aux multiples facettes entre Orient et Occident. 
La république d'Azerbaïdjan est située entre la mer Caspienne et le Caucase. Depuis la désagrégation de l'Union soviétique en 1991, ce territoire de la taille de l'Autriche est un Etat souverain. Et même si l'Azerbaïdjan est un petit pays, le barde Nemet Gasimli et son élève Elvin sont amenés à traverser plusieurs zones climatiques durant leurs périples. Avec leur petite auto, ils visitent la région voisine de l'Arménie avec ses imposantes chaînes de montagnes, la ville de Lenkoran au bord de la mer Caspienne, et tout au sud du pays, la petite localité de Süljäkaran, où, pour une raison inexplicable, la longévité de la population est exceptionnelle. Leur musique les amène à se produire dans des mariages, à donner des lectures poétiques en province ou à participer à un enseignement à Bakou, la capitale. En Azerbaïdjan, l'aschug exerce un métier ancestral qui jouit encore d'une grande réputation. Il y a bien longtemps, les aschugs étaient des messagers qui parcouraient l'Orient et entretenaient leur auditoire avec des épopées ou des histoires d'amour. Aujourd'hui encore, rien que par ses vers, un aschug digne de ce nom sait émouvoir son public. Un art qui suppose beaucoup de connaissances et une importante pratique musical. Chaque aschug passe plusieurs années d'apprentissage auprès d'un maître. Il doit connaître les principales épopées de son pays et être à même de les restituer avec éloquence. Même si les voyages sur le dos d'un âne maigrichon font depuis longtemps partie du passé, même si les nouvelles ne sont plus transmises par des courriers à cheval, beaucoup d'enfants et d'adolescents rêvent encore d'embrasser cette profession. Durant leurs équipées, Nemet Gasimli et son élève Elvin font revivre les traditions et savourent une liberté inhérente à leur condition d'artiste. Car ces deux-là semblent aimer la vie plus que tout au monde. Rien d'étonnant à cela, car " aschug " signifie aussi " celui qui aime "."

Concert de soutien à l'Institut kurde