vendredi, septembre 30, 2011

IRAN : LES PASDARANS AFFIRMENT AVOIR ÉLIMINÉ MILITAIREMENT LE PJAK


Le 3 septembre, les Gardiens de la révolution annonçaient « la reprise des opérations contre les rebelles kurdes » dans la zone frontalière avec le Kurdistan irakien », notamment dans la région de Sardasht, sans préciser si l’armée iranienne avait, une fois de plus, violé la frontière. De leur côté, les responsables locaux du Kurdistan d'Irak confirmaient la reprise des bombardements iraniens, qui ont tué un berger et détruit plusieurs maisons.

Le 5 septembre, les mêmes Gardiens de la révolution affirmaient avoir tué 22 combattants du PJAK. Sans confirmer ni infirmer ce bilan, le PJAK (Parti pour une vie libre du Kurdistan) demandait le même jour un cessez-le-feu temporaire : « Nous avons pris l'initiative de proposer un cessez-le-feu pour un temps limité afin d'entamer des négociations avec la partie iranienne et régler les problèmes entre nous », a déclaré lundi à l'AFP par téléphone Sherzad Kamangar, porte-parole du PJAK. Sur le site du PJAK, un communiqué officiel du Parti indiquait que « si l'Iran n'acceptait pas ce cessez-le feu, il serait responsable de la réponse des combattants. Les derniers événements démontrent que la guerre ne résoudra pas nos problèmes mais va plutôt les accroître. »

Le maire de la ville kurde de Soran, Karmanj Izzat, déclarait à l’AFP qu’à « 21H00 (18H00 GMT) hier (le 4 septembre), l'artillerie iranienne a bombardé plusieurs secteurs le long de la frontière dans la région de Sidakan causant la mort d'une femme, Hamin Sadiq, et blessant deux autres personnes ». Selon le maire les bombardements se poursuivaient le 5 septembre. Le 6 septembre, au lendemain de l’annonce du cessez-le-feu, le gouvernement iranien, par la voix des Gardiens de la révolution, a demandé des « clarifications » sur la nature et les conditions de cette trêve : « La proposition de cessez-le feu du groupe terroriste PJAK n'est pas claire, et le gouvernement de la région autonome du Kurdistan (d'Irak) qui fait office d'intermédiaire doit la clarifier le plus tôt possible. Dès que les conditions de ce cessez-le-feu auront été clarifiées, les Gardiens de la révolution annonceront leur décision" de l'accepter ou non. » Le communiqué des Gardiens de la révolution, publié sur leur site Web, Sepahnews, demandait notamment le retrait total des combattants du PJAK des les zones frontalières « afin de permettre le rétablissement complet de la sécurité aux frontières de la République islamique ».

L’explication de cette demande de cessez-le-feu peut être liée à la mort du commandant en chef adjoint du PJAK, Majid Kavian, alias Samakhou Saraldan, survenu le 3 septembre et annoncé le 7 par l’Iran. Né en 1982, Majid Kawiyan, membre du PJAK depuis 1999, aurait été tué dans un bombardement. La mort du second du PJAK a été ensuite confirmée par le mouvement kurde, parlant d’un éclat d’obus meurtrier qui aurait atteint Majid Kavian. Mais le cessez-le-feu a finalement été rejeté par l’Iran et loin d’arrêter leur offensive, les forces iraniennes ont témoigné de leur intention de poursuivre les combats, jusqu’à l’élimination du PJAK, élimination qui, selon eux, est sur le point d’être achevée. Le général Ahmad Reza Pourdastan a ainsi promis « dans les prochains jours une totale sécurité sera instaurée à la frontière. Ce groupe est désormais en situation de faiblesse et ses activités se sont considérablement réduites. » L'armée de terre des Gardiens de la révolution annonçait de son côté s’être emparée de « la principale base des terroristes dans les hauteurs de Jassoussan dans la région de Sardasht le long de la frontière » et que la zone occupée par le PJAK était sous contrôle. Mais un responsable du PJAK, Saeed Khan, a nié la teneur triomphaliste de ces communiqués : « Nous avons annoncé un cessez-le-feu et nous avons vu que des dangers planaient sur le Kurdistan irakien, nous avons donc évacué les zones. Cela ne signifie pas que nous ayons peur de l'Iran et nous sommes prêts à repousser toute attaque. Nous nous trouvons maintenant en territoire iranien » (source AFP). Le PJAK affirme également avoir tué 600 soldats iraniens.

Le repli du PJAk en territoire iranien est nié par l’Iran qui affirme, au contraire, que « les nombreuses et vigoureuses opérations des Gardiens de la révolution contre le groupe terroriste PJAK ont permis de nettoyer le nord-ouest du pays des contre-révolutionnaires et de prendre le contrôle de toute la ligne frontière. Lors de ces opérations, les groupes contre-révolutionnaires ont subi de lourdes pertes et ont été contraints de quitter le territoire iranien » a ainsi déclaré le général Mohammad-Taqi Ossanlou, un commandant des forces terrestres des Pasdaran.

Le président de la Région du Kurdistan, Massoud Barzanî, a, dès les premiers jours de l’attaque, appelé « le PKK et le PJAK à cesser leurs opérations militaires à partir de notre sol et à abandonner l'idée qu'ils ne peuvent obtenir leur droits que par les moyens militaires. Nous sommes avec les droits du peuple kurde mais pas par le biais de la lutte armée car cela n'aboutira pas. Nous encourageons le PKK et le PJAK à les obtenir de manière pacifique. » Au sujet des demandes répétées de la Turquie et de l’Iran d’envoyer des troupes de Peshmergas combattre leurs compatriotes, Massoud Barzanî a rejeté toute éventualité de guerre fratricide : « Deux pays nous demandent de contrôler notre frontière afin qu'il n'y ait pas de problème entre nous, mais nous avons peur d'envoyer des forces pour éviter une guerre entre Kurdes. C'est donc impossible d'envoyer des troupes. Nous essayons, avec le président Jalal Talabani, la Turquie, l'Iran, le PKK et le PJAK de trouver une solution pour mettre un terme à la guerre. »

Seyîdxanê Boyaxçî, bulbulê Amedê

jeudi, septembre 29, 2011

TURQUIE : MENACES D’INCURSIONS TERRESTRES AU KURDISTAN


Les attaques du PKK n’ont pas faibli après les accrochages sanglants qui avaient incité la Turquie à intervenir une fois de plus au Kurdistan d’Irak. Le 12 septembre, des attaques simultanées, notamment d’un commissariat de police et d’une caserne ont fait 5 victimes à Semdinli, dans la province de Hakkari, et une dizaine de blessés. Le gouverneur de Hakkari a fait état de 2 combattants kurdes tués dans les assauts, en indiquant qu’une « opération de représailles » était en cours.

Dès le lendemain, le ministre turc de l’Intérieur, Idris Naim Şahin a déclaré à la presse qu’une incursion terrestre pouvait succéder aux bombardements aériens, alors qu’une rencontre à Bagdad entre responsables irakiens, turcs et kurdes avait eu lieu récemment. Mais derrière les promesses de représailles et la « ligne guerrière » volontiers affichée par Ankara dès qu’il s’agit du PKK, la diffusion d’enregistrements sonores faisant état de rencontres secrètes en 2010, entre le gouvernement turc et le mouvement kurde, sans intermédiaire mais sous patronnage norvégien, a été largement commenté par la presse. Répondant aux journalistes, le président du Parlement de Turquie, Cemil Çiçek, qui était vice-premier ministre à l’époque, loin de nier, a pris en exemple la Grande-Bretagne et ses négociations avec l’IRA, ainsi que l’Espagne et ses rencontres avec l’ETA : « L'Etat turc et ses institutions font ce qu'ont fait des pays comme la Grande Bretagne ou l'Espagne concernant le terrorisme, c'est tout ».

Même si elles brisent un tabou en Turquie, celui d’une quelconque « reconnaissance » d’une force kurde avec laquelle il faut négocier, ces rencontres avouées, pour le moment, n’ont abouti qu’à un échec et depuis les élections parlementaires et l’emprisonnement de membres du BDP, la solution politique semble au point mort, ce qui se traduit par une recrudescence de la violence.

Le 22 septembre, une autre attaque, dans la province de Van, faisait deux morts du côté des forces turques, et trois blessés. Dans le même temps, à Diyarbakir, un tireur isolé, armé d’une kalachnikov, a fait feu sur des policiers en plein centre ville, en tuant un et blessant l’autre (il devait succomber à ses blessures peu de temps après), ainsi que deux passants. Le tireur ayant pris la fuite, il est difficile d’apprécier les raisons de son geste, ni même s’il s’agit de l’acte d’un déséquilibré ou d’un militant.

Mais l’attentat qui a fait le plus de bruit, le même jour, revendiqué cette fois par l’énigmatique groupe des « Faucons de la Liberté du Kurdistan » (TAK) qui semblent souvent agir en dehors de tout contrôle du PKK, a fait 3 morts et 15 blessés, dans le centre de la capitale turque cette fois, et non plus en terre kurde. Dans un mail adressé à l’agence de presse Firat News, pro-PKK, l’organisation affirme que cette attaque « n’est qu’un début et que d’autres suivront dans les villes turques ». Le 23 septembre, des avions turcs bombardaient une fois de plus la zone frontalière du Kurdistan d’Irak. Le porte-parole du PKK, Dozdar Hammo, déclarait à l’AFP que les bombardements, qui vise le mont Qandil, n’avaient fait aucun blessé.

TV : À propos d'Elly

Jeudi 29 septembre à 22 h 10 sur Ciné+ Club : À propos d'Elly (Darbarayeg Elly), d'Asghar Farhadi, Ours d'argent au Festival de Berlin. 1h56.

Un groupe d'amis étudiants passe des vacances dans une vaste demeure au bord de la mer Caspienne. Sepideh, qui s'est occupée de l'organisation, a décidé d'inviter Elly, en espérant que celle-ci ne soit pas indifférente au charme de son ami Ahmad, qui sort tout juste d'une rupture. Les vacances se passent dans la bonne humeur, jusqu'à la soudaine disparition d'Elly...

semaine des cultures étrangères 2011


- L’oeuvre de Fawaz Hussain, kurde syrien.


Fawaz Hussein, écrivain kurde de Syrie, présente une rétrospective de son œuvre et signe ses romans.

Institut Kurde, 106 rue La Fayette, 75010, Paris.
le 29 septembre 2011 à 17 H 00



- Orhan Pamuk et la Turquie du XXe siècle

Au Centre culturel Anatolie, 77 rue Lafayette, 75009, Paris.

du 22 septembre au 08 octobre 2011
Conférence le 29 septembre à 19h00.

Orhan Pamuk, prix Nobel de littérature 2006 a été l’un des premiers écrivains turcs connu dans le monde et traduit en Français. Son style littéraire et ses positions politiques ont marqué le XXème siècle et profondément influencé la société turque. La collection de ses oeuvres traduites en français sera présentée au cours d’une conférence préparée avec les éditions Gallimard.


Tête de bâton sacerdotal, 18e siècle.
©Musée Arménien de France.x


29 septembre à 18 h 30 :


- Rencontre et dégustation surprise : le bistrot arménien,

9, rue Cadet, 75009 Paris. Entrée libre.

Pour la diaspora, Paris est la ville où la culture arménienne s’est le mieux enracinée. Dès la fin du 19ème siècle, savants et écrivains prennent fait et cause pour l’Arménie. A partir de 1920, une communauté d’émigrés s’installe dans la capitale, d’où émergent des figures artistiques dont certaines deviendront célèbres. La vocation parisienne des Arméniens ne s’en démentira jamais.   
Avec la participation du Musée Arménien de France, fondé en 1949 et dirigé par Frédéric Fringhian, qui recense des trésors de plus de 3000 ans d'histoire, et est l'un des musées les plus riches de la diaspora. Également de l’Académie Internationale des Sciences Ararat fondée en 1986 par le Dr. Kerkiacharian, qui privilégie Paris pour le développement des sciences et de la culture, l'amitié entre les peuples et la paix.

Semaine des cultures étrangères, organisée par le Forum des Instituts culturels étrangers à Paris.

mercredi, septembre 28, 2011

Parution : La Soie et l'Orient



Présentation de l'éditeur
Une civilisation textile, tel fut le monde musulman. Au cœur de cet écheveau, la soie fut la plus précieuse des étoffes. Amoncelée dans les palais comme de l’or, pillée par les Croisés et gardée dans leurs églises comme un trésor, la soie eut ses passeurs (une impératrice chinoise, un juste, deux moines itinérants), elle a désormais ses gardiens. Florence Ollivry nous fait rencontrer les hommes de soie qui préservent les gestes des artisans des tiraz
L’histoire de la soie commence sur les rivages de la mer de Chine pour gagner, le temps de deux millénaires, le Moyen Orient. L’axe de propagation de la sériciculture coïncide avec le quarantième parallèle de l’hémisphère boréal. Il est affaire de climat et de soins humains. Il faut en effet des « âmes de soie » pour transformer une fibre enroulée sur elle-même en un fil que l’on dévide, que l’on tisse sur un métier pour finalement s’en vêtir. Longtemps en Syrie furent tissées des soies précieuses. Ces tissus, accumulés à la manière d’un trésor, faisaient la fortune des califes. C’est dans un linceul de soie que les riches musulmans partaient vers un paradis où ils seraient vêtus de la sompteuse étoffe. Certaines de ces soieries islamiques, parvenues en Occident, furent conservées dans les trésors des églises. Les tisserands syriens, presque toujours juifs ou chrétiens, se transmettent depuis des générations un métier d’une perfection extrême. Longtemps étroitement liés aux soyeux lyonnais, ils représentent aujourd’hui une corporation en survivance, que la fibre artifcielle a ruinée. Florence Ollivry nous raconte leur histoire et comment on peut vivre, encore aujourd’hui, d’un fil échafaudé par une chenille. 
Biographie des auteurs
Née en 1978 à Paris, Florence Ollivry a vécu et travaillé pendant près de cinq ans au Proche-Orient, en Syrie (Alep puis Damas) et au Liban. Elle réside et travaille actuellement à Rome. Elle a publié Les Secrets d’Alep, une grande ville arabe révélée par sa cuisine (Sinbad-Actes Sud). 
Rima Maroun, née en 1983, est une photographe libanaise. Elle vit et travaille à Beyrout. En 2008, elle a reçu le prix de la fondation Anna Lindh pour une série de photographies intitulée « Murmures ». Son travail a notamment été présenté lors de la seconde édition de Photoquai à Paris.

Relié: 192 pages
Editeur : Editions du Rouergue (21 septembre 2011)
Langue : Français
ISBN-10: 2812602465
ISBN-13: 978-2812602467

mardi, septembre 27, 2011

semaine des cultures étrangères 2011

Conférence du philosophe-écrivain syriaque, Ephrem-Isa Youssif , le 27 septembre 2011 à 16H30 :  

L’Irak et le Kurdistan depuis 2003 : changements politiques, conditions des minorités, démocratisation : une analyse objective de la situation et destin de trois minorités : les chrétiens assyro-chaldéen-syriaques, les yézidis, les Sabéens.


à l'Institut Kurde de Paris, 106, rue La Fayette, 75010 Paris.




Semaine des cultures étrangères, organisée par le Forum des Instituts culturels étrangers à Paris.

lundi, septembre 26, 2011

'Ajnabi' et 'maktoumin' : les Kurdes apatrides de Djezireh

En 1962, le gouvernement syrien décide subitement de procéder à un recensement de toute la population dans la province de Hassaké, sous prétexte de déterminer qui est entré 'illégalement' en Djezireh depuis 1945 (en fait pour 'arabiser' le plus possible de terres frontalières). La province étant habitée par une grande communauté de Kurdes, souvent paysans, beaucoup n'ont aucun document à avancer pour prouver leur appartenance à ces terres. Il faut noter que la Djezireh, du temps du Mandat français, accueillit nombre de réfugiés fuyant les massacres ottomans, Kurdes, Arméniens, syriaques, yézidis, et même, dans les années 30, d'autres Syriaques fuyant les représailles après le départ des Anglais d'Irak. Quoi qu'il en soit, seuls les Kurdes furent inquiétés et le recensement ne durant qu'une journée (beaucoup n'étaient même pas au courant), on aboutit à une bonne fournée d'apatrides, tandis que les terres qui leur étaient confisquées revenaient à des colons arabes.


Ces Kurdes apatrides sont de deux sortes en Syrie : ceux qui se sont inscrits lors du recensement de 1962 mais n'ont pu fournir assez de documents pour prouver leur citoyenneté sont considérés comme "étrangers" (ajnabi).  Ils ont une pièce d'identité spéciale indiquant qu'ils ne sont pas syriens. Ils font face à des restrictions dans leurs accès à l'éducation, l'emploi, le mariage ; les 'maktoumin' (non-enregistrés) n'ont pas été recensés en 1962 et ont encore moins de droits que les premiers : ils ne peuvent obtenir aucun diplôme et sont souvent soumis à des restrictions concernant leur déplacement dans le pays et même dans leur propre province.

Le nombre total des Kurdes en Syrie est difficile à établir car ils ne sont pas officiellement dénombrés comme tels. Certains chercheurs estiment qu'ils forment 10% de la population syrienne. Parmi eux le nombre des Kurdes déchus de leur nationalité en 1962 pouvait être autour de 120 000 et l'ONU estime qu'ils pourraient être aujourd'hui autour de 300 000. On avance ainsi les chiffres de 140 000 'ajnabî' et 160 000 'maktoumin'.


Un reportage de Rudaw.net revient sur le sort de ces 'sans-papiers', c'est-à-dire des quelques 300 000 Kurdes rendus apatrides par décision d'État en 1962. 'Taghee Moas' auteur du reportage se présente comme un 'journaliste indépendant' travaillant en Syrie, parlant couramment kurde et arabe, et qui a plusieurs fois servi d'informateur pour des ONG travaillant dans la partie orientale du Kurdistan de Syrie. Il rapporte les propos de ces Kurdes démunis de nationalité dont Bachar Al Assad s'est finalement décidé à réhabiliter certains dans leur citoyenneté au printemps dernier, sans que toute la question soit résolue, loin de là.


© John Etham
Comme il est indiqué dans l'article, l'octroi ou non de la citoyenneté fut tout à fait fantaisiste. Le Kurde interviewé explique ainsi que son "grand-père et ses enfants étaient nés en Syrie. Mais tandis que certains de ses frères et sœurs gardèrent leur nationalité, mon grand-père et deux autres de ses frères travaillaient aux champs, et n'en firent pas la demande."

Un rendez-vous manqué avec l'administration, plus d'un demi-siècle d'imbroglio administratif : le statut d'apatride acquis subitement est héréditaire via le père, mais pas les biens des apatrides eux-mêmes : "Alors que j'ai automatiquement hérité du statut d'apatride de mon père, je ne pourrai hériter de ses biens quand il mourra. Nos terres ont déjà été confisquées et remises à des colons arabes. Le gouvernement syrien critique les Israéliens au Sud, mais ils font la même chose au Nord."

Être apatride ferme la voie à beaucoup d'emplois, alors que la Syrie connaît une grave récession.

"Même si j'ai eu assez de chance pour entrer à l'université grâce au directeur du collège, mes études ne serviront à rien et je n'aurai pas un diplôme valide. Je ne pourrai pas travailler dans le secteur publique ni créer une entreprise à mon nom." Son plus jeune frère, lui, a laissé tomber les études quand son professeur a refusé la présence dans sa classe "des animaux, des criminels et des traîtres". Aussi, âgé seulement de 10 ans, le garçon cire des chaussures ou vend des chewing-gum ou du tissu dans les rues :

"Si on me demande d'où je viens, je dis 'de Turquie'. Je ne sais même pas parler turc, mais comme je parle un mauvais arabe, ils me croient, généralement. Nous guettons à tour de rôle si quelqu'un vient dans le parc (les parcs, ouverts de nuit, ont des cafés, des maisons de thé et parfois des restaurants). Si la police vient, tout le monde s'enfuit. S'ils nous attrape, nous devons leur donner tout ce que nous avons. Parfois ils blaguent et dit que c'est la 'taxe d'importation' ou un 'cadeau du gouvernement turc'."

Le décret présidentiel en mars dernier a rendu la nationalité à quelques 6000 Kurdes (sur environ 300 000) et leurs noms n'ont toujours pas été inscrits au registre national des citoyens, de sorte qu'ils n'ont pas droit à un passeport, seulement à une carte d'identité, comme en témoigne l'un d'eux :

"Je suis content d'avoir ma carte d'identité, mais tant que le processus n'est pas achevé, je ne fais pas confiance à leur action. Avant que ma carte soit délivrée, j'ai dû avoir un entretien, répondre à beaucoup de questions, et d'intimidations, avec la Sécurité d'État. La citoyenneté ne doit pas être un privilège. C'est mon droit."

Le premier interviewé, lui, n'a toujours pas de nationalité. "Ils se nourrissent de nos rêves. À chaque fois, nous entendons qu'ils travaillent à résoudre notre problème, qu'ils l'étudient et en discutent. Et à chaque fois j'espère que mon rêve devienne réalité. Mais maintenant ma colère est si grande que si je décidais de me joindre aux manifestations, je pourrais tuer 20 de ces voyous du gouvernement. Car ce pays m'a menti, m'a traité de chien. Ils ont dit que je ne devais pas avoir de passeport, que je ne devais pas voyager,  que je ne devais pas me marier. Mais je ne me joindrai pas aux manifestations, car je veux avoir un avenir, un développement et la paix pour ma famille."

De fait, depuis le début du mouvement, les Kurdes hésitent entre rallier le mouvement arabe (de qui ils se méfient) et patienter avec leur propres partis politiques (qui peinent à trouver une ligne claire devant les événements) : "S'il y a des émeutes kurdes à Alep, je veux en faire partie. Depuis 3 ans que je suis étudiant, j'ai été emprisonné quatre fois. Étant apatride, je suis politiquement dangereux aux yeux des autorités. C'est pourquoi je n'ai rien à perdre. Il se peut que cela tourne mal pour moi, et que je sois arrêté et emprisonné ; mais il peut aussi en sortir un bien : j'obtiendrais alors la nationalité d'un pays européen puisque les tortures que je subirais renforceraient le dossier de ma demande d'asile."

2011 célèbre le 50ème anniversaire de la Convention visant à réduire le cas des apatrides.

semaine des cultures étrangères 2011

Journée Européenne des langues : initiation à la langue kurde, par Joyce Blau, à 16 h 30.

Institut kurde de Paris, 106 rue La Fayette, 75010, Paris.


















Semaine des cultures étrangères, organisée par le Forum des Instituts culturels étrangers à Paris.

Radio : voile chrétien

Lundi 26 septembre à 16 h 03 sur RCF : L'Histoire du voile dans le christianisme (1). Avec Élisabeth Dufourcq, historienne. Histoire du christianisme, V. Alzieu.




Présentation de l'éditeur
Que s'est-il passé entre le Christ et les femmes depuis deux mille ans ? Le Jésus des Évangiles dialogue avec elles. Il reconnaît et fait reconnaître le génie avec lequel elles abordent la vie et le surnaturel. Il les choisit comme premiers témoins de l'événement central de l'histoire chrétienne : la Résurrection. Dès les Actes des Apôtres, pourtant, avant même la conversion de Paul, les amies du Christ s'effacent ou se taisent. À partir de cette lecture des textes, Élisabeth Dufourcq explore l'histoire des chrétiennes avec un regard neuf. De siècle en siècle, à chaque fois que la hiérarchie masculine se laissa dominer par les soucis du pouvoir, elle étouffa le génie et la voix des chrétiennes, limita l'accès aux Écritures et fit de La Femme idéalisée un symbole. Malgré cela, le dialogue du Christ et des femmes s'est toujours poursuivi, avec ses fulgurances. Mais, comme dans d'autres religions, la prise en mains du pouvoir par des hommes eut des conséquences en termes d'enfermement dans les cultures dominantes, de faux-semblants, de contre-sens sur la vie et l'amour, voire de luttes entre clergés, frères et ennemis. À l'heure où la science contredit les préjugés millénaires sur la nature de la femme mais où les fondamentalismes se durcissent, Élisabeth Dufourcq montre que seule la manière du Christ résiste à l'épreuve de l'histoire. La redécouverte de son universalité concerne les deux moitiés de l'humanité.

Biographie de l'auteur
Élisabeth Dufourcq, docteur en science politique, ancien membre du comité national d'Éthique et ancien secrétaire d'État à la Recherche n'a cessé, depuis quarante ans, de décrypter l'histoire comparée des femmes. Après plusieurs séjours à l'étranger, elle a publié, notamment, Les Femmes japonaises (Denoël) et Les Aventurières de Dieu (JC Lattès) qui a reçu la médaille de vermeil de l'Académie française.

Broché: 1258 pages
Editeur : Bayard Centurion (16 octobre 2008)
Collection : ESSAIS
Langue : Français
ISBN-10: 2227439149
ISBN-13: 978-2227439146

dimanche, septembre 25, 2011

samedi, septembre 24, 2011

LA CONDITION DES KURDES APATRIDES SYRIENS RESTE DIFFICILE


En 1962, le gouvernement syrien avait décidé de procéder à un recensement de toute la population dans la province de Hassaké, sous prétexte de déterminer qui était entré 'illégalement' en Djezireh depuis 1945, en fait pour 'arabiser' le plus possible de terres frontalières. La province étant habitée par une large communauté de Kurdes, en majorité paysanne, beaucoup n’avaient aucun document à avancer pour prouver leur citoyenneté ou leur titre de propriété. Il faut noter que la Djezireh, du temps du Mandat français, avait accueilli nombre de réfugiés fuyant les massacres ottomans, Kurdes, Arméniens, syriaques, et même, dans les années 30, d'autres Syriaques fuyant les représailles après le départ des Anglais d'Irak. Mais seuls les Kurdes furent inquiétés et le recensement ne durant qu'une journée (beaucoup n'étaient même pas avertis), des centaines de milliers de Kurdes se retrouvèrent du jour au lendemain apatrides, tandis que les terres qui leur étaient confisquées revenaient à des colons arabes.

Ces Kurdes « sans papier » sont de deux sortes en Syrie : ceux inscrits lors du recensement de 1962 mais qui n'ont pu fournir assez de documents pour prouver leur citoyenneté sont considérés comme « étrangers » (ajnabi). Ils ont une pièce d'identité spéciale indiquant qu'ils ne sont pas syriens et font face à des restrictions dans leurs accès à l'éducation, l'emploi, le mariage ; les 'maktoumin' (non-enregistrés) n'ont pas du tout été recensés en 1962 et ont encore moins de droits que les premiers : ils ne peuvent obtenir aucun diplôme et sont souvent soumis à des restrictions concernant leur déplacement dans le pays et même dans leur propre province.

Le nombre total des Kurdes en Syrie est difficile à établir car ils ne sont pas officiellement dénombrés comme tels. Certains chercheurs estiment qu'ils forment 10% de la population syrienne. Parmi eux le nombre des Kurdes déchus de leur nationalité en 1962 pouvait être autour de 120 000 et l'ONU estime qu'ils pourraient être aujourd'hui autour de 300 000. On avance ainsi les chiffres de 140 000 'ajnabî' et 160 000 'maktoumin'.

Alors que l’année 2011 célèbre le 50ème anniversaire de la Convention visant à réduire le cas des apatrides, un reportage du journal kurde Rudaw revient sur le sort de ces Kurdes démunis de nationalité dont Bachar Al Assad s'est finalement décidé à réhabiliter certains dans leur citoyenneté au printemps dernier, sans que toute la question soit résolue. Comme il est indiqué dans l'article, l'octroi ou non de la citoyenneté fut tout à fait fantaisiste. Un Kurde interviewé explique ainsi que son « grand-père et ses enfants étaient nés en Syrie. Mais tandis que certains de ses frères et sœurs gardèrent leur nationalité, mon grand-père et deux autres de ses frères travaillaient aux champs, et n'en firent pas la demande. » Paradoxalement, le statut d'apatride est héréditaire via le père, mais pas les biens des apatrides eux-mêmes : « Alors que j'ai automatiquement hérité du statut d'apatride de mon père, je ne pourrai hériter de ses biens quand il mourra. Nos terres ont déjà été confisquées et remises à des colons arabes. Le gouvernement syrien critique les Israéliens au Sud, mais ils font la même chose au Nord. » Être apatride ferme aussi la voie à beaucoup d'emplois, alors que la Syrie connaît une grave récession : « Même si j'ai eu assez de chance pour entrer à l'université grâce au directeur du collège, mes études ne serviront à rien et je n'aurai pas un diplôme valide. Je ne pourrai pas travailler dans le secteur publique ni créer une entreprise à mon nom. »

Le décret présidentiel en mars dernier a rendu la nationalité à quelques 6000 Kurdes (sur environ 300 000) et leurs noms n'ont toujours pas été inscrits au registre national des citoyens, de sorte qu'ils n'ont pas droit à un passeport, seulement à une carte d'identité, comme en témoigne l'un d'eux : « Je suis content d'avoir ma carte d'identité, mais tant que le processus n'est pas achevé, je ne fais pas confiance à leur action. Avant que ma carte ne soit délivrée, j'ai dû avoir un entretien, répondre à beaucoup de questions, et d'intimidations, avec la Sécurité d'État. La citoyenneté ne doit pas être un privilège. C'est mon droit. »

BRAS DE FER ENTRE ERBIL ET BAGDAD SUR LA LOI PÉTROLIÈRE


L’exploitation des ressources en hydrocarbures au Kurdistan est un sujet de conflit permanent entre Bagdad et Erbil, l’Irak voulant imposer des décisions centralisées, la Région kurde défendant au contraire la libre gestion de ses propres richesses. Un nouveau projet de loi sur les hydrocarbures, approuvée par le gouvernement irakien le 28 août dernier, a déclenché de vives réactions du côté kurde et le président de la Région kurde a réclamé son retrait : « La présidence de la région du Kurdistan condamne cette manoeuvre et demande au conseil des ministres de retirer ce projet immédiatement car il est contraire à la Constitution. Nous appelons le président du Parlement à rejeter ce projet présenté par le gouvernement et à poursuivre le travail législatif (sur l'ancien projet de loi présenté en 2007) en prenant en considération les amendements de toutes les parties y compris les réserves de l'Alliance kurde. »

L’élaboration de cette loi et son adoption est un feuilleton à rebondissements interminable entre les deux gouvernements, et achoppe principalement sur les accords pétroliers que les Kurdes concluent de leur propre chef avec des groupes étrangers, ainsi que sur la répartition des coûts et des bénéfices de ces opérations. En mai dernier, un accord avait pu être trouvé sur la répartition, mais la volonté des Kurdes, plus enclins à faire preuve de souplesse sur le partage des recettes générées par l’exploitation des hydrocarbures, se fait déterminée lorsqu’il s’agit de garder le contrôle de leurs ressources, de leur exploitation et des contrats passés avec les compagnies étrangères.

Sur le terrain, les Irakiens ne peuvent guère imposer leur contrôle manu militari au Kurdistan. Le bras de fer se joue pour le moment sur le papier : les contrats passés avec le Kurdistan sans l’accord de Bagdad ne sont pas validés par le gouvernement central ce qui placent les sociétés étrangères devant un dilemme : passer outre l’approbation de l’Irak les expose à des mesures de rétorsion et de représailles en leur fermant la porte aux gisements du sud de l’Irak; d’un autre côté, la Région du Kurdistan est, actuellement, la seule région de l’Irak qui connaît une activité économique constante et prospère et qui attire les sociétés internationales. Le conflit se règle donc à coup de veto et d’interdictions mutuelles.
Le 11 septembre, le gouvernement irakien a même annoncé que le Kurdistan avait décidé de stopper toute exportation du pétrole extrait de son sol, alors que l’exploitation, un temps interrompu, avait redémarré en février dernier, et que la production, qui était de 135.000 barils par jour, devait atteindre, selon les objectifs kurdes, 200.000 barils. Cette reprise de l’exploitation en février mettait fin à un gel des exportations kurdes qui durait depuis octobre 2009, Erbil et Bagdad ne parvenant pas à s’entendre sur la rémunération des compagnies étrangères exploitantes.

Lors de cette reprise, en février, le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki avait accepté que son gouvernement avalise les contrats déjà passés par les Kurdes sans l’accord de Bagdad. Mais la loi approuvée le 28 août dernier est considérée par les Kurdes comme une énième tentative de reprendre le contrôle de l’exploitation des richesses du Kurdistan par un gouvernement central qui, tout au long de son histoire, s’est peu soucié du développement au Kurdistan. De plus, le climat de méfiance mutuelle et les tensions politiques avivées par le prochain retrait des troupes américaines n’offrent guère un terrain favorable à un accord.

Dans une déclaration faite à l’AFP le ministre irakien du Pétrole, Abdelkarim al-Luaybi affirmait : « Le gouvernement régional du Kurdistan a cessé aujourd'hui ses exportations pétrolières, sans fournir de motif. C'est une grande perte pour l'économie irakienne, ainsi que pour les peuples kurde et irakien en général. » Mais le Gouvernement régional du Kurdistan irakien a vite démenti, dans un communiqué, « avoir décidé de suspendre les exportations par l'oléoduc reliant l'Irak à la Turquie. Ce sont de sérieuses difficultés techniques rencontrées ces deux derniers jours par la Compagnie pétrolière du nord (NOC, public) qui ont causé l'interruption temporaire des exportations du Kurdistan et toute autre interprétation est fausse », a répondu le ministère des Ressources naturelles du gouvernement kurde, dans un communiqué. « Le gouvernement kurde reste attaché à l'accord intérimaire signé avec le gouvernement fédéral d'Irak sur l'exportation du pétrole à partir des champs pétroliers situés au Kurdistan jusqu'à ce qu'une solution définitive soit trouvée. »

semaine des cultures étrangères 2011

Le Printemps du Moyen-Orient est une exposition de dessins inspirés par l’actualité des révoltes par le peintre kurde syrien Bachar Issa.

Exposition du 24 septembre au 01 octobre 2011

Institut Kurde de Paris, 106, rue La Fayette, 75010 Paris.

Semaine des cultures étrangères, organisée par le Forum des Instituts culturels étrangers à Paris.

vendredi, septembre 23, 2011

Semaine des cultures étrangères 2011

Tête de bâton sacerdotal, 18e siècle.
©Musée Arménien de France.x


23 septembre à 18 h 30 :

Rencontre et dégustation surprise : le bistrot arménien,

9, rue Cadet, 75009 Paris. Entrée libre.

Pour la diaspora, Paris est la ville où la culture arménienne s’est le mieux enracinée. Dès la fin du 19ème siècle, savants et écrivains prennent fait et cause pour l’Arménie. A partir de 1920, une communauté d’émigrés s’installe dans la capitale, d’où émergent des figures artistiques dont certaines deviendront célèbres. La vocation parisienne des Arméniens ne s’en démentira jamais.   
Avec la participation du Musée Arménien de France, fondé en 1949 et dirigé par Frédéric Fringhian, qui recense des trésors de plus de 3000 ans d'histoire, et est l'un des musées les plus riches de la diaspora. Également de l’Académie Internationale des Sciences Ararat fondée en 1986 par le Dr. Kerkiacharian, qui privilégie Paris pour le développement des sciences et de la culture, l'amitié entre les peuples et la paix.


Semaine des cultures étrangères, organisée par le Forum des Instituts culturels étrangers à Paris.

jeudi, septembre 22, 2011

Parution : Rêbera geştê ya Amedê




Le bureau de tourisme de la municipalité de Diyarbakir
a publié un guide touristique de la ville, en turc, en kurmancî, en zazayî, en soranî, en arabe et en anglais.
















Sur leur site, des versions numériques sont en ligne et feuilletables. Si vous ne vivez pas à Diyarbakir et souhaitez recevoir la version papier, les livres sont publiées par les éditions Boyut, qui ne les présentent pas sur leur site, mais peut-être peut-on leur écrire à ce sujet.


semaine des cultures étrangères 2011

Au Centre Anatolie, cette semaine, consacrée à Orhan PAMUK sera illustrée par une exposition de photos réalisées à Istanbul par Gérard et Thérèse Valck, du 22 septembre au 08 octobre 2011.

Centre Culturel Anatolie, 77, rue Lafayette, 75009 Paris.


Semaine des cultures étrangères, organisée par le Forum des Instituts culturels étrangers à Paris.

mercredi, septembre 21, 2011

Peter Dorian, 'oud



Peter Dorian au 'oud et Haig Nalbandian au dumbeg (nom arménien du darbouka).  "Sirahar Yem" (je t'aime) et "Kharpert Tamzara" (Danse 'tamzara' de Harpout) : anciennes ballades d'Arménie occidentale, qui sonnent comme des airs de luth irakien.

lundi, septembre 19, 2011

Vladimir Vissotsky : Zodiaque



Au-dessus de nos têtes, ni gouffre, ni noir
Mais le livre du Bien et du Mal.
Le zodiaque nocturne, nous le couvons du regard,
Ce tango éternel des étoiles.

On contemple, la tête rejetée en arrière,
Le silence, le secret, l'éternité.
Les routes des destins, notre vie éphémère,
Sont tracées là, en invisibles repères
Qui peuvent nous garder, nous protéger.

Nectar brûlant aux frimas de février,
Tel le saint chrême, douce infusion,
Le Verseau épanche sa belle eau étoilée
Dans le Capricorne au gosier sans fond.

Le flot céleste est sinueux, fulgurant,
Aux couleurs de mercure et de sang.
Mais des fers aux brumes de mars s'évadant,
Ver leur frai nagent les Poissons puissants
Remontant les lactés affluents.

Le Sagittaire a dardé tous ses traits,
En décembre, il est dolent, chagriné.
Dès lors, le Taureau, sans crainte, peut folâtrer
Dans les clairs pâturages de mai.

Du fond de son mois d'août, le Lion affamé
Lorgne le Bélier d'avril de façon bien suspecte.
En juin, ouvrant aux Gémeaux leurs bras légers,
De leur constellation, les jeunes Vierges ont fait
de la Balance, une escarpolette.

Les ténèbres sont percées de rais de lumière.
Comme le fil d'Ariane, ils sont concrets.
Le cruel Scorpion, le mystérieux Cancer
Sont éloignés de nous, neutralisés.

De son zodiaque, l'homme ne s'en plaint mais
Au décri, les étoiles seraient-elles sensibles ?
Ces constellations, au ciel il les a arrachées,
En un métal noble, il les a enchâssées
Et le mystère devint accessible.

Ballades, Vladimir Vissotsky, trad. Michel et Robert Bedin.

2ème Forum des langues du monde de Lyon

Dimanche 25 septembre, de 10h à 20 h, à Lyon, Place Sathenay (Lyon Ier), dans le cadre de la Journée européenne des Langues : Forum des langues du monde avec la volonté des organisateurs d'affirmer trois principes :

– la liberté pour chacun de parler sa langue ;
– l’égalité de toutes les langues entre elles ;
– la fraternité entre les langues parlées sur un même territoire. 
Le programme prévoit une « Foire aux langues », où associations et locuteurs de langues diverses animeront différents stands avec chants, danses, ateliers de calligraphie, marathon poétique, initiation aux langues du monde etc.
Des débats auront également lieu toute l’après-midi. 
Langues déjà inscrites  au Forum
albanais, allemand, amariq, anglais, arabe littéraire, arabe palestinien, araméen, berbère de Kabylie, berbère touareg (tamasheq), breton, bulgare, catalan, chinois, croate, espagnol, esperanto, fon, français, franco-provençal, grec, hébreu, hongrois, italien, japonais, langue des signes, maltais, néerlandais, occitan, peul, polonais, portugais, roumain, romani, russe, slovène, tchèque, turc…

Notons que les Syriaco-Araméen, eux, se sont bougés le fion ont fait un effort, mais pas un Kurde pour le moment. Comme il est indiqué que la liste n'est pas bouclée et que jusqu'à la veille, il est possible de s'inscrire, espérons qu'ils se trouvent des Kurdes de bonne volonté à Lyon…





samedi, septembre 17, 2011

TV : arménie

Samedi 17 septembre à 20 h 45 sur Toute l'Histoire : Arménie, la renaissance (Fr., 2006).

jeudi, septembre 15, 2011

Au fond de ma barque /Çaryek esman bi şûn de

Au fond de ma barque, un recueil de poèmes écrit par Şeymus Dagtekin en français, a été traduit en kurde par Sacha Illitch et publié aux éditions Avesta

Juste aller-retour des choses et des langues, me dis-je, quand on trime pour rendre de la poésie kurde en français (rien qu'hier, je faisais rire des compatriotes avec le 'cœur rôti comme un kebab par le feu de l'amour' du Mollah de Djezireh ; et comment rendre ça pathétique hein ? Amis poètes-cuisiniers, bonsoir), que d'autres s'échinent à faire le sens inverse. Et puis ça permet d'enrichir son vocabulaire kurde de mots très utiles comme 'huîtres' : îstrîdiye ou escalopes : parxane


Combien suis-je eau / Çendî av im ez :


Quand tu te retires du monde
Le monde ne s'arrête pas pour autant
Ne se retire pas
Quand tu vas dans le vaste monde
Tu ne deviens pas vaste pour autant
Quand tu te prives de la multitude
Tu n'occupes pas pour autant ta solitude
Tu ne l'élargis pas
Quand tu te chasses du bruit
Tu ne découvres pas pour autant le silence
Quand tu te coupes les branches
Tu n'augmentes pas pour autant
La sève qui irrigue ton front

Gava ku tu xwe vedikişînî ji cîhanê
Cîhan ranaweste ji bo wê çendê
Xwe venakişîne
Gava tu diçî cîhana berfireh
Tu berfireh nabî ji bo wê çendê
Gava tu xwe bêpar dikî ji zêdahiyê
Tu danagirî tenhabûna xwe ji bo wê çendê
Tu wê fireh nakî
Gava tu xwe vedirevînî ji pirdengiyê
Tu peyda nakî bêdengiyê ji bo wê çendê
Gava ku tu şaxên xwe jêdikî
Tu zêde nakî ji bo wê çendê
Şireya ku av dide eniya te




Abolition du hasard / Wêrankirina tesadufê :

Non, pas de cimetière aujourd'hui
Je poursuis tes restes
Pas à pas, je défais chaque pierre
Chaque rue
Pour refaire ton rêve de sable et de roses
En regardant passer les gloires
Adossé au tronc du poirier
Mon frère


Na, nîne îro goristan
Li pey jibermayînên te me
Gav bi gav, veçêdikim her kevirek
Ker kolanek
Ji bo nû  ve ava bikim xewna te ji qûmê û gulan
Bi temaşekirina derbasbûna serfiraziyan
Pişt li darhirmiyê
Birayê min

Ce que j'ai de reptile en moi / Çiqas xişokî heye li ba min :






Ça, c'est comment tu aurais dû être
Ça, c'est des mots où tu aurais dû paraître
Ça, le regard où j'aurais dû disparaître
/

Quoi que tu dises, je dirai amour
Serpente à ma porte
Même si je te voyais dans le détail
Même si tu me voyais dans l'avenir
Sans savoir ce que j'attendrai
Sans savoir ce qu'engendrerait mon attente

Mais au fond de moi
Un moineau
Qui ne veut prendre aucune sortie
Ne veut rester dans aucune case
Pour faire de moi
Cette boussole sans nord

Ev, weka tu diviyabû tu bibî
Ev, gotinên ku diviyabû  tu lê diyar bî
Ev, nêrîn ya ku diviyabû ez lê wida bûma
/

Tu her çi bibêjî, ez ê bêjim evîn
Bixirike li ber deriyê min
Ger min te bidîta jî bi hûrgilî
Ger te min bidîta jî li di demên pêş de
Bê ku zanibim ezê li benda çi bim
Bê ku zanibim wê çi biafirîne rawestana min

Lê bi baweriya min
Çivîkek
Ku naxwaze tu derketinek
Naxwaze raweste di tu çavîkekê de
Ji bo min bike
Vê pisûleya bê başûr



Un quart de ciel après / Çaryek esman bi şûn de


Attaquer le sud, ça marche toujours, avec les bêtes qui ont perdu tout nord
Et les braves petites filles qui s'épuiseront à toutes les courses
Mais jusqu'où veux-tu pousser le mot avec ta tête ridicule
Pour parler de quelle gloire


Êrişa başûr, her dimeşe, bi heywanên ku winda kirine hemû bakûr
Û canik keçikên piçûk ku wê bêhal bikevin ji hemû meşan
Lê tu dixwazî heta ku gotinê tam bidî bi serê xwe yî qeşmerî
Ji bo qalkirina kîjan serfiraziyê


mercredi, septembre 14, 2011

Kawîs Axa




Kawîs Axa (1889-1936), s'appelait, à sa naissance, Weys, fils de Cemîlê Kanebî de la tribu des Herkî. Il naquit dans les montagnes de Çarçel (Hakkarî) où son père était berger et passa son enfance entre les plaines d'hivernage (deşt) de Mossoul et les alpages (zozan). Orphelin de père à 10 ans, il quitta, avec sa mère, Şêxan, pour vivre avec les Herkî du Soran. Sa mère mourut tôt également et il se retrouva lui-même berger pour le compte d'Ehmed Xanî des Herkî. Vers 1915, âgé de 26 ans, il quitta l'état de berger pour devenir dengbêj, allant alors à Rawanduz, auprès de Hecî Newrozê Bawêl Axayî (ou Hecî Newroz Efendî), qui aimait fort les chants. Kawîs fut aussi le dengbêj du mîwanxane de Nûrî Bawîl Axa de Rawanduz qui appréciait sa voix. Mais en 1916, Rawenduz fut conquis et occupé par les troupes russes qui brûlèrent la ville et dont les habitants durent s'enfuir. Kawîs suivit  la famille de Newroz Bawêl Axa qui partit à Shaqlawa. Bawiel Axa fut nommé administrateur de Shaqlawa par le pouvoir ottoman.

À Shaqlawa, Kawîs Axa se lia d'amitié avec Silêman Bayiz Beg et se maria enfin avec Emîna, la fille de Mehmûd Şerîfî qui lui donna 4 enfants : Ehmed, Mihemed, Ebdilla et Cemîl. Après le départ des Russes de Rawendoz, il ne suivit pas les princes et résida à Shaqlawa ou à Silêmanî, puis Hewlêr (Erbil), où sa renommée de chanteur lui permit de se produire non plus seulement dans les mîwanxane et dîwanxane (salons d'invités, et de réception publique) des princes et autres aghas, mais aussi dans les çayxane (salon de thé) où il chantait ses lawik et heyran (épopées et chants d'amour).

Dans les années 30, il enregistra ses chansons à Bagdad, et fit des tournées dans tout le Kurdistan, qui put connaître aussi son répertoire et sa voix grâce aux disques. Il mourut en 1936, à l'âge de 47 ans, mais sa femme lui survécut jusqu'en 1982. 


mardi, septembre 13, 2011

'De la guerre, de la paix et d'autres sujets


Au bon temps jadis, les Sarrasins étaient d'un côté, outre-mer, et les chrétiens de l'autre. Aujourd'hui, en revanche, l'Europe est pleine de musulmans qui parlent nos langues et étudient dans nos écoles. Si, aujourd'hui déjà, certains d'entre eux s'allient aux fondamentalistes de chez eux, imaginons ce que ce serait en cas de confrontation globale. Ce serait la première guerre avec l'ennemi non seulement chez nous, mais bénéficiant de la protection sociale. 
Notons bien que le même problème se poserait au monde musulman, qui a chez lui des industries occidentales et même des enclaves chrétiennes, comme en Éthiopie 
Comme l'ennemi est mauvais par définition, considérons comme perdus tous les chrétiens d'outre-mer. À la guerre comme à la guerre. Plus tard, nous les canoniserons tous sur la place Saint-Pierre. 
Que faisons-nous, en revanche, chez nous ? Si le conflit se radicalise outre mesure et que s'écroulent encore deux ou trois gratte-ciel, ou carrément Saint-Pierre, on aura la chasse au musulman. Une sorte de nuit de la Saint-Barthélémy ou de Vêpres siciliennes : on attrape quiconque a des moustaches et le teint pas très clair et on l'égorge. Il s'agit de tuer des millions de personnes, mais la foule s'en chargera sans qu'on dérange les forces armées. 
La raison pourrait l'emporter. On n'égorgerait personne. Mais même les très libéraux Américains, au début de la Seconde Guerre mondiale, ont envoyé dans des camps de concentration, bien qu'avec beaucoup d'humanité, les Japonais et les Italiens qui étaient chez eux, même s'ils y étaient nés. Donc, et toujours sans trop se perdre dans les détails, on va repérer tous ceux qui pourraient être musulmans – et s'il s'agit, par exemple, d'Éthiopiens chrétiens, tant pis – et on les met quelque part. Où ? Pour faire des camps de prisonniers, avec tous ces extra-communautaires qui circulent en Europe, il faudrait de l'espace, de l'organisation, de la surveillance, de la nourriture et des soins médicaux démesurés, sans compter que ces camps seraient des bombes prêtes à exploser. 
Ou bien on les prend, tous (et ce n'est pas facile, et il faut le faire tout de suite, d'un seul coup), on les charge sur une flotte de navires de transport et on les décharge… Où ? On dit "pardon, monsieur Kadhafi, pardon, monsieur Moubarak, pouvez-vous me prendre, s'il vous plaît, ces trois millions de Turcs que je cherche à foutre hors d'Allemagne ?" 
La seule solution serait celle des passeurs de travailleurs clandestins : on les jette à la mer. Solution finale d'hitlérienne mémoire. Des millions de cadavres sur la Méditerranée. Je voudrais voir quel gouvernement le ferait. C'est autre chose que les desaparecidos ; même Hitler massacrait peu à la fois et en cachette. 
L'alternative, comme nous sommes bons, c'est de les laisser tranquilles chez nous, mais on met un agent de la police spéciale derrière chacun d'eux pour les surveiller. Et où est-ce qu'on va trouver une telle quantité de personnels ? On les recrute parmi les extracommunautaires ? Et si ensuite, on soupçonne que ces collaborateurs ne sont pas fiables, comme cela s'est produit aux États-Unis, où les compagnies aériennes, pour réduire les frais, faisaient faire les contrôles dans les aéroports par des immigrés du Tiers-Monde ? 
Naturellement, toutes ces réflexions, de l'autre côté de la barricade, un musulman raisonnable pourrait les faire. Le front fondamentaliste ne serait certainement pas totalement vainqueur, une série de guerres civiles ensanglanterait leurs pays, entraînant d'horribles massacres, les contrecoups économiques leur retomberaient dessus aussi, ils auraient encore moins de nourriture et de médicaments que le peu qu'ils ont aujourd'hui, ils mourraient comme des mouches. Mais du point de vue d'un choc frontal, il ne faut pas se soucier de leurs problèmes, mais des nôtres.
À reculons, Umberto Eco.

lundi, septembre 12, 2011

Kurdish Cultural Music (1): 78 RPM LP Records in North of Iraq 1924



L'Awaye Mehribani Institute, situé à Téhéran, republie une anthologie d'enregistrements de chanteurs kurdes, qui avaient été enregistrés par la Columbia co en 1924, en Irak, alors sous mandat britannique.  Le premier volet de cette anthologie, sorti le 17 août dernier, rassemble Abdulaziz Mohammad, Hasan Jazravi (comprendre Cizrawî),  'Aziz Aqa, et une chanteuse, Nasrin Shirvan. On trouve cet album sur n'importe quelle plate-forme de téléchargement mais hélas, sans livret pour renseigner l'auditeur profane sur ces artistes qui firent les beaux jours des programmes kurdes de Radio-Bagdad.

Les titres sont retranscrits en latin tels que les comprennent ces Persans. J'ai essayé d'y remettre un peu de kurde.

Abdulaziz Mohammad :

Maqam Payzok I
Maqam Payzok II
Maqam
Saaduni II
Ari Lavok (supplique_
Basteh
Maqam Khosh
Hay Jamoo (Cemîla, Cemo)
Rahimi (clémence)
Menal Menal (= mindal, enfant ?)

Hasan Cizrawî :

Bimali (bêmalî, orphelin)
Soaro (Siwaro, cavalier)
Dowra Jali (dewra celî, temps d'exil ?)

Nasrin Shirvan :

Deylan deylan
Khana tu khana

Date de sortie d'origine : 17 août 2011
Label: Awaye Mehrbani Institute
Copyright: 2011 Away-e-Mehrabani Institute
Durée totale: 49:43
ASIN: B005JKFB8C

vendredi, septembre 09, 2011

Qu'est-ce que la philosophie islamique ?

Aujourd'hui à 15 h 00 sur France Culture : Christian Jambet pour Qu'est-ce que la philosophie islamique ? Cultures d'islam, A. Meddeb.




Présentation de l'éditeur
Ce grand livre ne propose pas une nouvelle histoire de la philosophie islamique, qui tenterait d'y retrouver nos deux prédicats occidentaux de la philosophie - un style de pensée discursive soutenue par des concepts - et de l'islam - une religion nourrie de symboles, d'annonces apocalyptiques, de commandements et de conseils spirituels. Christian Jambet dégage - à travers la finalité de l'activité philosophique, les formes qu'elle prend et les actes qu'elle effectue - une méthode de pensée et de connaissance qui guide une pérégrination de l'âme de l'irréel au réel, de l'injuste au juste, du démoniaque à l'angélique, du mort au vivant. Ce voyage, que la philosophie entend conduire sur la voie droite de l'intelligence, n'engage pas le seul bonheur et contentement de soi, mais la liberté, conformation à la condition seigneuriale de Dieu, qui dépouille, au long des étapes, l'homme inférieur et opprimé de sa condition servile. Seule la voie philosophique ouvre les portes d'une distinction majeure, entre monde extérieur et monde intérieur, et, par là, entre religion intérieure et pouvoir civil. L'islam philosophique est ainsi la grande ressource que possède l'idée de liberté en islam.

Biographie de l'auteur

Christian Jambet enseigne la philosophie. Arabisant et iranisant, il s'est consacré à l'étude de la philosophie et de la spiritualité en terre d'islam. Ses recherches portent sur des auteurs sunnites ou shî'ites, de langue arabe et de langue persane.


Poche: 472 pages
Editeur : Editions Gallimard (17 mars 2011)
Collection : Folio essais
Langue : Français
ISBN-10: 2070336476
ISBN-13: 978-2070336470

jeudi, septembre 08, 2011

Dengbêj Huseynê Farê





Were Têlî Têlî Têlî…
Were Têlî, Têlî, Têlî…
Hey lê lê zalimê lê
Ez serê sibê radibim ji xewa şêrîn bang dikim dibêjim Têlî
Di nava rojê de dibêjim Têlî
Ber êvar dibêjim Têlî
Bi saetê, deqê û saniyê dibêjim Têlî…
Ji axir û kedera dilê xwe re bang dikim dibêjim Têlî...

Viens, Têlî, Têlî…
Ô tyrannie
Je me suis levé à l'aube, tiré du doux sommeil, j'ai appelé, j'ai dit (ton nom) : Têlî
Au milieu du jour, j'ai dit ton nom Têlî
Au crépuscule, je dis ton nom Têlî
Toutes les heures, minutes et secondes, je dis ton nom Têlî
Par le feu et la souffrance de mon cœur, j'appelle et je dis ton nom Têlî


Lê lê Têliyê malxirabê,
Wele tu hur î, boz î beyaz î
Xalisê moxlîs î, beyt-ul êmin î, tu kihêlî
Nod û neh nav û îmze li ber navê te lêketine
Li ber dilê min dîsa tu pir şêrînî
Malxirabê wele tu kihêlî

Têlî Dévastation
Mon Dieu tu es houri, claire et blanche
Tu es pure et franche, tu es le Palais de la Confiance, tu es un pur-sang,
Dans ton nom résonnent Quatre-vingt-dix neufs Noms*
À mon cœur tu es si douce une fois encore
Dévastation mon Dieu tu es un pur-sang


Tu vê sibê li qarşî çavê min sekinî
Ez nizanim tu qîz î, tu bûk î, tu jinebî yî
Ser dev û lêvên te yên bi xêlî
Îsal sala 7 û 8’an e dilê min li te ye
Tu çima ser çavê xwe ji min vedişêrî

Ce matin à Kars tu avais posé tes yeux sur moi
Je ne sais si tu es fille, mariée, étrangère
Sur ta bouche et tes lèvres cachées par le voile
Cette année, cela fait sept ans, huit ans que mon cœur est à toi
Pourquoi maintenant me caches-tu tes yeux ?

Lê lê malxirabê
7 heb birayên te hene, 7 heb xwîşkên min hene
Ji bo xatirê çavên te ez ê ji te bikim berdêlî...

Dévastation…
Tu as sept frères, j'ai sept sœurs
Par égard pour tes yeux, nous nos marierons tous en fratrie**

* Une allusion aux 99 noms-attributs d'Allah
** Le mariage berdelî, très fréquent chez les Kurdes, consiste à faire épouser deux frères à deux sœurs (ou au moins proches parents) ; ici, avec 16 personnes  il s'agit d'un très très grand berdelî, aussi grand que le cœur de l'amoureux…

mercredi, septembre 07, 2011

Mohammad Rasoulof : Bé Omid é Didar (Au revoir)

Sortie le 7 septembre :

Bé Omid é Didar
Réalisé par Mohammad Rasoulof
Avec Leyla Zareh, Hassan Pourshirazi, Benhame Tashakor, plus

Durée : 01h 40 min
Un Certain Regard - Prix de la mise en scène : Festival de Cannes 2011 edition n° 64

Synopsis : Dans la situation désespérée de l’Iran d’aujourd’hui, une jeune femme avocate à qui on a retiré sa licence d’exercer, est enceinte de quelques mois. Elle vit seule car son mari journaliste vit dans la clandestinité. Traquée par les autorités, et se sentant étrangère dans son propre pays, elle décide de fuir...


lundi, septembre 05, 2011

Costumes kurdes



À regarder, c'est toujours magnifique. À porter, il faut avouer que c'est chaud et que ça gratte. Mais c'est cent fois préférable à ces sinistres aba et voiles sombres, venus du sud arabe, qui envahissent, hélas, le Kurdistan d'Irak, ou, plus au nord, les panoplies foulards mémères, hideuses robes imprimées et imper à la Colombo, qui sont, de toute façon, aussi chauds, et puent le nylon.

Concert de soutien à l'Institut kurde