jeudi, février 04, 2010

Vacances prolongées à Batman...


Chez les Kurdes-qui-ont-le-bonheur-d'être-Turcs, le terrorisme commence tôt, peut-être dès le berceau, quand ils commencent à brailler en kurde au lieu que de vagir dans la Langue-Soleil du Touran, allez savoir... Donc mieux vaut se protéger très tôt de la délinquance juvénile : soit on les fusille dans le dos, soit on les éparpille en morceaux. Autre possibilité, les mettre en cabane un certain temps.

Ainsi Berivan, 15 ans, arrêtée lors d'une manifestation de soutien au DTP en octobre dernier, à Batman, a été condamnée à 8 ans de prison.

La Cour de Diyarbakir, célèbre pour son zèle, l'a jugée coupable d'appartenance à une organisation illégale, et d'avoir crié des slogans en lançant des pierres sur les forces de l'ordre, d'avoir participé à des réunions et des manifestations illégales, et d'avoir fait de la propagande en faveur d'une organisation interdite. Le plus comique est qu'au cours de l'audience, accusée par le procureur de "propaganda" il a fallu lui expliquer ce que ce mot voulait dire... Décidément la formation idéologique du PKK n'est plus ce qu'elle était... Que foutent les instructeurs ?

Berivan a nié avoir participé à la manifestation, affirmant qu'elle s'était seulement arrêtée, de retour de visite chez une tante, et d'avoir regardé par curiosité. C'est en garde-à-vue qu'elle aurait confessé ses crimes, après avoir été battue, ce qui n'est pas le genre de la Turkish Polis, comme chacun sait.

À vrai dire, il se peut fort que les pandores de Batman aient trouvé plus commode de choper une gamine qui courait moins vite et se défendait moins vigoureusement que les turbulents gamins de la ville. Comme elle-même n'était qu'en vacances dans sa famille à Batman (il y a plus gai comme villégiature, certes), on peut douter qu'elle ait eu soudain à cœur, lors de ses congés, de prendre part à l'agitation révolutionnaire d'une localité dans laquelle elle ne vit pas d'habitude.

Mais même... MÊME si elle avait caillassé un policier (et une gamine de 15 ans est sûrement une arme de choc un caillou à la main) ou braillé "Bijî Serok Apo", est-ce que cela vaut d'être emprisonnée 8 ans dans une prison pour adultes ? Cela dit, comme elle sera avec les détenues politiques, elle ne sera pas maltraitée et sera même sans doute maternée par les autres Kurdes ; par compte comme elle va se taper des journées entières de gymnastique révolutionnaire et de cours idéologiques de la part de ses co-détenues elle aura tout le loisir d'apprendre le mot "propaganda". Comme ça, si elle n'était pas "militante" en entrant, on peut être sûre qu'elle le sera à la sortie. Tout le monde sait que le meilleur recruteur du PKK c'est l'État turc.

La mère de Berivan s'est exclamé à l'annonce du verdict : "Est-ce qu'elle a tué ? Les assassins ne sont pas condamnés à une si lourde peine !"

Ça, la clémence, ça ne marche pas pour les mêmes... Cela dit, la famille peut s'estimer heureuse : Berivan aurait dû faire 13 ans de prison, mais dans sa grande bonté, le tribunal de Diyarbakir a pris en considération son jeune âge et a diminué la peine à 7 ans et 9 mois, s'il vous plaît. Les braves gens et quel bonheur d'être turque tout de même...


'Stupidity, however, is not necessarily a inherent trait.'
Albert Rosenfield.

5 commentaires:

  1. Autant de facsimse, de haine...qui est tout simplement incomprehensible.

    RépondreSupprimer
  2. Bonsoir,
    et pardon d'être un peu hors sujet Concernant le nom Batman, il y a un restaurant kurde dans la ville où j'habite qui s'appelle "Batman"; je croyais que c'était le nom de la famille qui dirige le restaurant. En lisant l'article, j'ai fait le rapprochement; je ne savais pas que c'est le nom d'une ville.

    RépondreSupprimer
  3. Ah mais mais l'origine du nom "Batman" faillit déclencher une guerre des royalties sanglante entre la Warner et le DTP (à côté la question kurde c'était brimborions et broutilles) :
    http://sohrawardi.blogspot.com/2008/11/dtp-comics.html#links

    RépondreSupprimer
  4. En fait Berivan n était pas en vacances scolaires. Elle était employée dans une entreprise textile a İstanbul. Elle ne saurait pas ecrire - elle dicterait sans doute les lettres qu'elle envoie a sa mere aux autres filles de sa cellule ( 4 filles dans la cellule des " mineures politiques" de Diyarbakir)
    Comme sa famille n est pas politisée elle ne connaissait personne dans les "milieu pro kurdes" et Berivan a été défendue par un avocat commis d office.
    Mais un prenom comme Berivan a vraisemblablement aussi constıtué une circonstance aggravante.

    RépondreSupprimer
  5. "Mais un prenom comme Berivan a vraisemblablement aussi constıtué une circonstance aggravante."

    C'est sûr que traire les vaches doit prédisposer au séparatisme violent :D

    RépondreSupprimer

Concert de soutien à l'Institut kurde