lundi, février 22, 2010

Transhumances, nomadisme


Si le nomadisme s'étiole dans l'Anatolie de l'Ouest, il prospère à l'Est où les nomades venus d'Asie portent le nom générique de Turkmènes. Aujourd'hui encore, dans la steppe anatolienne, des Turkmènes se déplacent jusqu'à Alep, Damas ; et le problème de leur sédentarisation, à l'un ou l'autre bout de leur parcours, se pose. Dès le XVIº siècle, plus encore au siècle suivant, gouverneurs et percepteurs ottomans s'occuperont de très près des nomades turkmènes qui n'avaient jamais été inquiétés, lors des grands succès de l'expansion turque aux époques antérieures. Il s'agit pour la Porte de percevoir l'impôt, de recruter des cavaliers. Les luttes contre la Perse, si acharnées, entraînent le rejet vers l'Iran des tribus chiites ; les sunnites, au contraire, poussent vers l'Ouest et renouvellent le stock nomade des yürücks. Telle tribu qui se trouve en 1613 dans la région de Karaman, au Sud-Est de Konya, est, 70 ans plus tard, à la hauteur de Kütahya ; des groupes passent même à Rhodes. Dernier renouveau : les vides creusés à l'Est se combleront une fois de plus, les Kurdes, jusque-là cloîtrés dans leurs montagnes, se donnant de l'air. Au XIXe siècle, ils "reprennent à leur compte les grandes migrations Nord-Sud entre le haut plateau anatolien et le Piedmont méridional du Taurus" (Xavier de Planhol, "Géographie politique et nomadisme en Anatolie", in Revue internationale des sciences sociales, XI, 1959, nº 4). Preuve qu'il y a des cycles pour la vie des nomades, avec d'étonnants points d'arrêts, des enkystements, des permanences et des reprises.



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