jeudi, janvier 28, 2010

Kurdes de Syrie : encore des candidats pour les plages corses...


Quatre militants Kurdes, arrêtés le 26 décembre dernier, sont depuis tenus au secret et sont menacés de torture et de mauvais traitements (si ce n'est déjà fait).

Hassan Saleh (né en 1947, marié, 7 enfants), Muhammad Ahmed Mustafa (né en 1962, marié, un enfant), Anwer Naso (né en 1962, marié, 3 enfants) et Ma’rouf Mulla Ahmed (né en 1954, marié, 4 enfants), membres du parti Yekitî, interdit en Syrie bien que menant des actions uniquement non-violentes, comme des manifestations ou des sit-in sont toujours aux mains des services de la Sécurité politique syrienne, qui a à son actif de nombreuses arrestations d'opposants au régime. Leur crime a été d'avoir participé, trois semaines auparavant, à une conférence de Yekitî appelant à l'autonomie des régions kurdes. Evidemment dans un pays où, officiellement, il n'y a que des Arabes, tous heureux et fiers de l'être, c'est chercher les ennuis...

Convoqués par la Sécurité politique de Qamishlo, la principale ville de la région kurde de Djezireh (nord-est de la Syrie), ils ont été immédiatement arrêtés et gardés en détention. Selon le directeur de ce service lui-même, les quatre Kurdes ont été transférés "quelque part en Syrie". Depuis, ils sont sans contact avec l'extérieur, et bien évidemment sans avocat.

Ces prisonniers ne sont plus tout jeunes et sont en mauvaise santé. Muhammad Ahmed Mustafa doit suivre un traitement pour hyper-thyroïdie et Hassan Saleh pour des problèmes cardiaques, d'hypothyroïdie et de cholestérol élevé. De plus, une hernie discale le fait constamment souffrir et il prend régulièrement des antalgiques ; il lui est même interdit de soulever un poids de plus de 2 kilos. Ma’rouf Mulla Ahmed souffre aussi d'une hernie discale.

Amnesty International considère ces quatre militants comme des prisonniers d'opinion, au regard des moyens toujours pacifiques qu'emploie le Parti Yekitî pour faire valoir la cause des Kurdes, notamment celle des "sans-papiers", c'est-à-dire arbitrairement déchus de leur citoyenneté syrienne depuis 1962.

Concernant le passé politique de ces quatre militants, on voit qu'ils sont dans le collimateur des autorités depuis longtemps. Je me demande si la fréquence des hernies discales chez eux, en plus de leurs autres problèmes de santé, ne provient pas de certaines spécialités des prisons syriennes, comme la torture de la chaise, qui a cassé plus d'une colonne vertébrale...

Hassan Saleh a ainsi été arrêté en novembre 2008 pour avoir participé à une manifestation contre le décret d'État visant à réduire l'accès à la propriété dans des régions où vivent majoritairement des Kurdes. Au moment de son arrestation, Hassan Saleh avait déjà fait appel d'un jugement prononcé par un tribunal militaire, le condamnant à 13 mois de prison, pour appartenance à une organisation politique illégale et incitations à des "luttes sectaires". Hassan Saleh nie les faits qui lui sont reprochés, c'est-à-dire d'avoir participé à une manifestation en novembre 2007 pour protester contre les attaques militaires de la Turquie au Kurdistan d'Irak, contre les bases du PKK, alléguant que cette manifestation n'était pas organisée par son parti.

En 2002, Hassan Saleh avait également été arrêté et battu par les services de la Sécurité politique, après avoir participé à une manifestation pacifique pour la Journée des droits de l'Homme, le 10 décembre. Il avait appelé le gouvernement syrien à lever les interdictions pesant sur la langue et la culture kurde, et à libérer les prisonniers politiques ( Amnesty International’s Urgent Action of 18 December 2002, MDE 24/053/2002).

Ma’rouf Mulla Ahmed a déjà été arrêté en août arrested in août 2007 par un autre service, celui de la Sécurité d'État et détenus 6 mois, sans accès à un avocat(Amnesty International’s Urgent Action of 20 August 2007, MDE 24/041/2007 ).

Muhammad Ahmad Mustafa a déjà été arrêté en 2003 pour avoir organisé la fameuse "marche des enfants" réclamant le rétablissement des Kurdes dans leur citoyenneté.


Par ailleurs, concernant les Kurdes récemment échoués dans notre beau pays, certains font justement partie de ces Kurdes officiellement apatrides, sans nationalité ni carte d'identité ni passeport. Je ne sais comment s'applique en détail la Convention sur les apatrides, mais d'un point de vue technique, quand Éric Besson et Nicolas Sarkozy parlent de rapatrier ceux à qui sera refusé le droit d'asile, comment fait-on pour "rapatrier" des apatrides ?

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