mardi, janvier 26, 2010

Droits de l'homme, droits politiques au Kurdistan : L'année 2009

Comme à chaque début d'année, des ONG, ici Human Rights Watch et Reporter sans Frontière font paraître leurs rapports sur l'état des droits de l'homme et de la liberté d'expression.

On va commencer par le Kurdistan d'Irak, aligné par RSF pour la "recrudescence des violences contre les journalistes indépendants". Si les actes d'intimidations se multiplient aux dires de RSF, on n'en est heureusement pas encore au sang versé. Le climat politique agressif entre l'UPK et Gorran ne doit pas rendre les autorités d'humeur plus coulante (Apparemment, ce sont surtout les cadres et les forces de l'UPK qui sont citées, hormis Nabaz Goran, agressé, lui, par des membres du PDK).

De son côté, Human Rights Watch fait son tour d'horizon de l'année 2009, mais en mélangeant toujours, de façon gênante car cela ne rend pas les choses plus claires, ni les responsables bien identifiables, les faits s'étant produits en Irak, ceux ayant eu lieu dans les territoires disputés entre Kurdes et Arabes et contrôlés de façon mixte par l'Irak et les Peshmergas, et ceux qui ressortent uniquement de la Région du Kurdistan.

La situation difficile des minorités dans des territoires comme ceux de Ninive-Mossoul, présentées comme victimes du conflit kurdo-irakien est réévoquée avec en lien le rapport très discutable "On Vulnerable Ground". Il est d'ailleurs remarquable à ce sujet qu'un des leaders shabak présenté comme une victime des Kurdes pro-GRK dans ce rapport (il est le seul Shabak siégeant au conseil provincial de Mossoul, boycotté par les Kurdes), se soit illustré récemment à Bartala en étant accusé d'avoir pris la tête d'une manifestation religieuse de Shabaks au moment de l'Ashoura, qui s'en était pris aux quartiers chrétiens décorés pour Noël et à l'église de Bartala (attaquée à la bombe depuis). Un fait de plus démontrant que les minorités victimes d'agression peuvent tout aussi bien participer à ces mêmes violences contre d'autres groupes, tant la stupidité humaine se porte bien...

Sur les violences internes au GRK, les "crimes d'honneur" menacent encore les femmes, ainsi que la pratique de l'excision, difficile à éradiquer au sud des provinces kurdes. HWR s'interroge sur le fait qu'une loi condamnant l'excision, votée en 2008, mais qui avait besoin d'un décret d'application a vu ce décret annulé en février 2009 par le Parlement, décision que HWR juge "inexplicable" (mais pourquoi ne l'ont-ils pas demandé aux parlementaires ?).
C'est à peu près tout pour le Kurdistan d'Irak.

L'Iran avait déjà fait l'objet, en 2009, d'un rapport consacré uniquement à la répression et aux manquements à la liberté d'expression dans les régions kurdes. Pour cette année, HWR se concentre surtout sur les événements de la Révolution verte et de la répression qu'elle entraîne. La liberté d'expression et d'association ne s'est, de toute façon, améliorée en aucune manière au Kurdistan. Il est aussi indiqué que, hormis la Chine, l'Iran est le pays où la peine de mort est la plus appliquée. Là-dessus, les Kurdes paient un lourd tribut avec la pendaison d'Ehsan Fattahian, de Fasih Yasamani et d'autres... Près d'une vingtaine de prisonniers politiques kurdes attendent dans les couloirs de la mort. L'accès à culture et à la langues kurdes est soumis à des restrictions ou des interdictions.

En Syrie, il est souligné que l'état des droits de l'homme, de longue date peu brillant dans ce pays, a encore empiré en 2009 et que la répression du gouvernement, une répression politique, culturelle et économique, contre les Kurdes s'accentue (ceux qui viendraient ici pour vérifier si les Kurdes de Syrie ont de bonnes raisons de vouloir gagner la France, même en passant par la Corse, n'ont qu'à lire les rapport des ONG). La Syrie continue allègrement à pratiquer les emprisonnements et les condamnations arbitraires, les enlèvements, parfois suivis d'assassinat et la torture. Ainsi, HRW a pu recueillir les témoignages de dix militants kurdes qui ont tous été torturés par les services de sécurité. Plus importante minorité dans ce pays, les Kurdes sont ceux qui sont privés de leurs droits les plus élémentaires, à commencer par leur nationalité. Près de 300 000 familles kurdes sont ainsi déchus depuis les années 60 de la nationalité syrienne (afin "d'arabiser" la région) et sont ainsi privés de droits civiques, ainsi que d'accès à la propriété. Le kurde est interdit d'enseignement et toute promotion de la culture kurde fréquemment réprimée.

En février dernier, une manifestation de Kurdes a été violemment réprimée par les forces de sécurité. Ils protestaient contre une nouvelle loi sur la propriété visant les Kurdes, catastrophique pour l'économie de la région. Les célébrations du nouvel an kurde, le 21 mars, sont toujours l'objet de violences et d'arrestations, de la part des autorités.

9 leaders politiques kurdes ont été arrêtés en 2009 (et au début de 2010 pour Mustafa Juma, secrétaire du parti Azadî (Liberté)). Le 14 avril, une cour militaire a condamné 2 leaders du parti Yekitî (Unité). Fuad Aliko et Hassan Saleh à respectivement 8 et 13 mois de prison pour appartenance à une organisation illégale (c'est le cas de tous les partis kurdes). Le 11 mai, le porte-parole du Mouvement pour l'avenir kurde, Mashal Tammo a écopé de 3 ans et demi de prison pour tentative "d'affaiblir le sentiment national" et avoir diffusé de "fausses informations". Le 20 octobre, Ibrahim Berro a été condamné à 8 mois de prison pour appartenance au parti Yekitî (il a été libéré en décembre dernier).

Pour la Turquie, HRW espère que le plan d'action annoncé par le gouvernement AKP, pour résoudre la question kurde et améliorer les droits des minorités pourra être mené à bien malgré de nombreux "obstacles au changement" : L'interdiction du parti DTP, les nombreux procès et condamnations contre des personnes n'ayant fait qu'exprimer une opinion sur la question kurde, et l'emprise toujours forte des militaires au détriment du droit civil. La majorité des manquements à la liberté d'expression et d'opinion concernent des acteurs kurdes, politiciens, journalistes, éditeurs, membres d'association, régulièrement accusés de liens avec le PKK. La torture en garde à vue et les violences policières n'ont pas disparu et l'impunité judiciaire pour les soldats ou les forces de police est la règle, ainsi dans l'affaire Kaymaz.


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