mardi, mars 31, 2009

ELECTIONS MUNICIPALES EN TURQUIE : TASSEMENT DES VOTES AKP, AVANCE DU DTP DANS LES REGIONS KURDES


Avec 39 % des voix, le Parti de la justice et du développement (AKP) reste le parti dominant en Turquie, suivi du Parti républicain du peuple (CHP, centre-gauche nationaliste), principale force d’opposition au parlement, qui a obtenu 23,3% et du Parti de l’action nationaliste (MHP, nationaliste) avec 16,1% des votes. Cette victoire est une semi-défaite pour le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, qui avait déclaré qu’il considérerait comme un échec un score de moins de 47% des voix, score obtenu aux législatives de 2007.

« C’est insuffisant, a reconnu dès l’annonce des résultats, le premier ministre Recep Tayyip Erdoğan. Nous allons en tirer les leçons. » Dans les régions kurdes, l’AKP est même en recul par rapport au DTP, qui regagne la ville de Van et garde Diyarbakir dont l’actuel maire, Osman Baydemir a obtenu plus de 65, 43 % des voix, ce qui était prévisible en raison de la popularité de cet élu, malgré l’ambition très affichée du gouvernement de faire tomber ce bastion symbolique de la résistance kurde. Autre ville importante remportée par le DTP, Tunceli (Dersim), qui vote DTP à 30% devant un indépendant local (24%). Il faut tout de même noter tout de même le score de l'AKP (21%) dans une région alévie où la méfiance envers les musulmans, même Kurdes, est encore tenace. A Batman, même victoire écrasante du DTP avec Necdet Atalay et ses 59%, l'AKP n'arrivant qu'à 36% des voix. A Siirt, le DTP l'emporte à 49%, talonné par l'AKP qui arrive à 45%. La victoire la plus écrasante du parti pro-kurde est à Hakkari, avec 79%, qui présentait une candidate féminine assez novice sur la scène politique, et qui offre un démenti cinglant à l'AKP qui n’obtient que 15% des voix, alors qu’il avait remporté un certain succès lors des législatives de 2007. Sirnak, autre ville particulièrement éprouvée par la guerre et les exactions du JITEm, et récemment secouée par la découverte des puits de la mort, vote aussi DTP à 53% et AKP à 42%. Igdir, ville kurde au pied du mont Ararat, à la frontière de l’Arménie, vote DTP à 36.47 % et AKP à 32.33 %. Enfin Van qui était la grande municipalité perdue en 2004 pour cause d'alliance malencontreuse avec le SHP retourne au DTP avec 51.84% des voix, contre 40.77% pour l'AKP.

Mais d’autres grandes municipalités à majorité kurde ont été remportées ou conservées par l’AKP : Mardin (qui compte aussi beaucoup d'Arabes et dont les Syriaques sont partis en masse) vote AKP à 45 % contre 36% pour le DTP ; Bitlis choisit l'AKP à 43.10 % contre 34.43% pour le DTP. A Mush, l'AKP bat nettement le DTP, 51% contre 39% ; même chose pour Bingöl, 42% (AKP) contre 34% (DTP). A Agri, l'écart est moins marqué, 39% pour l'AKP, 32% pour le DTP. Et à Kilis, petite région en fait coupée par la frontière syrienne et ses compatriotes d'Afrin, l'AKP l'emporte sur le MHP avec 48% et le DTP n'y est quasiment pas représenté. Concernant les villes mixtes turques et kurdes ou bien avec une minorité kurde : Adiyaman, vote largement AKP (49%) et le DTP n'a que très peu de représentation (5%) loin derrière le Parti islamique (SP), le CHP et même les nationalistes du MHP (6%). Elazig, sans surprise vote AKP (47;76%), le parti du gouvernement réussissant tout de même à évincer le parti ultranationaliste MHP (23%) qui y a toujours été bien implanté. A Karamanmarash, ancienne région alévie, mais décimée par les pogroms, l'AKP domine largement le MHP, 65.31% contre 21.97%.

L’élection surprise est celle d’Urfa, qui ne vote ni AKP ni DTP mais un candidat indépendant (en fait le maire sortant AKP qui s’est présenté en dissident contre le candidat parachuté par son parti) à 44% contre 39% AKP et seulement 10% pour le DTP. Enfin à Istanbul, Akin Birdal, ancien président de l’Association des droits de l’homme qui se présentait pour le DTP a obtenu 4% des voix.

lundi, mars 30, 2009

Expo : Kurdistan, mon amour




"Nevzat Celik est né en 1976, à Van, au Kurdistan de Turquie. Après avoir voyagé en Asie et en Amérique, il s’est récemment installé à Paris, où il continue à travailler sur le Kurdistan, déclinant la photographie et le documentaire.

Kurdistan, mon amour est un voyage au cœur de son Kurdistan, celui dans lequel il a grandi et qu’il chérit, que le photographe et documentariste kurde Nevzat Celik propose. A travers ses photos, il partage un univers intime, composé de moments quotidiens, de portraits simples et d’instants volés, au détour de villages interdits d’accès aux visiteurs. Ce voyage initiatique débute à Payizava, dans la plaine, et se poursuit dans les plateaux, à travers les montagnes, passant par les routes menant à l’Iran. Il photographie une beauté sans atours, capture les couleurs et la lumière. Révélant un pan de la diversité kurde, le photographe invite à contempler une culture qui se lit en filigrane dans ses clichés. Cette exposition se place sous le signe de l’espoir, hêvî en kurde."

Exposition du 30 mars au 8 avril 2009, du lundi au samedi de 14h00 à 19h00.
Institut kurde de Paris, 106 rue Lafayette, 75010 Paris, M° Poissonnière.

SYRIE : NEWROZ MEURTRIER ET ATTEINTES GRAVES A LA LIBERTE D’EXPRESSION


Le parti kurde Yekitî (Unité) a, dans un communiqué, annoncé l’arrestation de 26 de ses membres lors d’une manifestation silencieuse, le 28 février dernier, dans la ville kurde d’Al-Jazira, pour protester contre le décret 49, nouvellement promulgué, qui interdit à tout habitant de régions « frontalières » soit les régions kurdes, d’acheter, de louer ou de construire sur leurs terres. La mesure a affecté gravement toute l’économie du Kurdistan de Syrie, et les Kurdes y voient une reprise sournoise du plan d’arabisation de leur région, plan « gelé » mais non abrogé depuis les années 1970. La réaction des services de sécurité a été quasi-immédiate. Dix minutes après le début de la manifestation, 26 participants ont été arrêtés et emmenés en détention. Yekitî a également fait état, tout le mois, d’actes de répression contre les manifestations au Kurdistan de Syrie.

Le 12 mars, 30 étudiants d’Alep ont voulu commémorer le 5ème anniversaire des victimes de la répression du Newroz 2004 à Qamishlo. Ils ont été arrêtés et l’on reste sans nouvelles de 4 d’entre eux, Bahzad Muslim, Kawa Deqo, Alan Hussein et Abdi Rami. Le 16 mars, deux Kurdes ont été enlevés par les services secrets dans les rues de Damas, la capitale, et l’on est également sans nouvelles sur leur sort. Il s’agit de Fouad Hassan Hussein, né en 1982, originaire de la ville de Durbassia et Maher Hussein, un étudiant en géographie à l’université de Damas.

Mais le point culminant de la répression contre les Kurdes de Syrie reste toujours le moment du Newroz. Cette année, des leaders politiques kurdes avaient été avertis par les autorités qu’ils ne devaient pas se rendre aux fêtes de Nouvel An, tel Abdul Hamid Darwish, le secrétaire du Parti progressiste démocratique kurde et Ismail Omar, secrétaire général du Parti de l’union démocratique kurde, qui ont déconseillé à leurs partis de participer aux manifestations, tandis que d’autres mouvements kurdes encourageaient au contraire leurs membres à ne pas céder à l’intimidation. Le 20 mars, six personnes ont été arrêtées à Hassaké, dont Suleman Oso, un dirigeant du Bureau politique du parti Yekitî. Il préparait avec d’autres Kurdes les célébrations de Newroz quand une centaine d’officiers de policiers et de l’armée ont surgi, faisant détruire l’estrade à coups de bulldozer. Parmi eux, les Kurdes présents ont reconnu le général Yassar Selman al-Shofi. Dans d’autres villes, telles Turbaspi, Amude, Dêrik, Koban et Romelan, les estrades prévues pour la célébration, ont été également détruites. Dans les quartiers Sheikh Maqsud et Ashrafié à Alep, 10 000 agents de police et de sécurité ont été déployés le soir du 20 mars et ont arrêté 120 Kurdes, qui avaient allumé des bougies de Nouvel An, frappant et insultant les participants, dont des femmes. Dans la ville de Sereqaniyeh, un adolescent a été arrêté, deux personnes à Amude et à Dêrik, un groupe d’enfants battus et emmenés par la police.

Mais les incidents les plus graves ont eu lieu à Qamishlo, quand les forces syriennes ont tiré sur la foule, faisant trois morts. Les victimes sont âgées de 18 à 25 ans. On compte aussi plusieurs blessés. Joe Stork, directeur du département Moyen-Orient de Human Rights Watch a condamné ces actes de violence : « les officiels syriens doivent justifier de la raison pour laquelle les forces de sécurité ont ouvert le feu sur une fête kurde. Ceux qui se sont rendus coupables inutilement d’actes de répression mortels doivent être traduits en justice. » Des témoins ont raconté à Human Rights Watch qu’environ 200 personnes s’étaient rassemblées dans une rue de la partie ouest de Qamishlo, vers 18h30. Ils ont allumé des bougies des deux côtés de la rue et un feu de joie au milieu, autour duquel ils ont entamé une danse traditionnelle kurde. « C’était une célébration de Newroz, pas une manifestation politique » a affirmé un de ces témoins à l’organisation de défense des droits de l’homme. Des pompiers ont alors surgi pour éteindre le feu tandis que des agents de police et des officiers en civil lançaient des gaz lacrymogènes sur les manifestants et tiraient en l’air à balles réelles pour disperser la foule. Deux témoins ont rapporté à Human Rights Watch que, lorsque les manifestants ont refusé de se laisser disperser, des individus en civil, conduisant un pick-up blanc, d’un modèle couramment utilisé par les services secrets, ont tiré sur la foule avec des fusils : « Sans aucune sommation, ils ont ouvert le feu au sol et des balles ont «été tirées sans discernement. » Les raisons qui ont amené les forces de sécurité à tirer sur la foule ne sont pas élucidées. Selon les trois participants s’étant exprimés auprès de Human Rights Watch, aucun des manifestants n’était armé, ni n’a usé de violence. L’agence Reuters a rapporté qu’un habitant de Qamishlo aurait fait état de jeunes gens brûlant des pneus et jetant des pierres sur les policiers, mais Human Rights Watch n’a pu confirmer cette version. Quant aux autorités syriennes, elles ne se sont pas exprimées sur l’incident. « Les autorités syriennes sont peu crédibles quand il s’agit d’enquêter sur leurs propres méfaits » explique Joe Stork. Pour désarmer les sceptiques, ils doivent permettre une enquête transparente et indépendante. » Human Rights Watch rappelle que lors des manifestations, les forces de sécurité doivent se plier aux principes de base des Nations Unies sur l’usage de la force et des armes à feu. Ces critères internationaux recommandent aux officiers de police d’user de moyens non violents avant d’utiliser la force, qui doit toujours rester proportionnelle à la gravité des agressions. Les forces de sécurité ne doivent utiliser des moyens mortels que dans le seul cas où ils auraient à protéger leur vie.

La répression en Syrie concernant toute forme ouverte d’opposition, même pacifique, se fait aussi sentir contre les media. Ainsi, un rapport de The Institute for War and Peace sur la situation de l’information indépendante en Syrie livre un bilan mitigé sur la libéralisation dans ce pays : si, ces huit dernières années, le régime baathiste a autorisé un certain nombre de media privés, les limitations sévères au droit d’expression ne se sont pas assouplies. Auparavant, le régime syrien avait exercé des décennies durant un monopole absolu sur les services d’information, et seuls les chaînes télévisées et les journaux d’Etat étaient admis. Après la venue au pouvoir de l’actuel président Bachar al-Assad, une nouvelle loi de la presse avait été adoptée, en septembre 2001, qui légalisait les média indépendants.

Aujourd’hui, on dénombre environ 150 journaux et magazines non gouvernementaux dans le pays. Mais, selon Ahmed Khalif, un avocat exerçant à Damas, la presse non-gouvernementale n’a guère de possibilité de traiter librement de questions politiques, ou bien concernant les droits de l’homme et les questions de société. Les auteurs d’articles dérangeant pour les autorités sont systématiquement en butte aux arrestations et aux peines de prison, s’ils abordent des sujets tabous tels que la violation des droits de l’homme, les échecs de la politique gouvernementale et même le coût de la vie en Syrie. « Quel genre de media indépendants » pouvons-nous avoir, du moment que celui qui tient un stylo peut être bloqué sans raison évidente ? Si les journaux indépendants ne peuvent débattre de la construction de l’Etat syrien, pourquoi existent-ils ? » La loi sur la presse est en effet très restrictive et peut entrainer des sentences d’emprisonnement allant jusqu’à trois ans pour des journalistes ou des programmes télévisés jugés « menaçant pour la sécurité nationale » ou « insultants » pour l’Etat. Des dizaines de journalistes et d’écrivains syriens ont ainsi été persécutés ces dernières années et leurs cas sont régulièrement dénoncés par les défenseurs des droits de l’homme. La généralisation d’Internet a également fait naître une nouvelle catégorie de prisonniers d’opinion : les bloggeurs et les webmasters. On dénombre aujourd’hui plus de cent sites dont l’accès a été bloqué en Syrie, et qui traitaient de problèmes politiques, sociaux, économiques. Selon Reporters sans frontières, ce pays est classé parmi les plus répressifs envers la presse du web. Habib Saleh, âgé de 61 ans, journaliste sur Internet, a été ainsi arrêté l’année dernière pour avoir écrit des articles visant à « affaiblir le sentiment national » et pour « incitation à la guerre civile et religieuse ». RSF a appelé à sa libération, ainsi que celle de quatre autres cyber-dissidents également détenus : Firas Saad, Tariq Biassi, Kareem Arabji et Hammam Haddad. L’organisation fait état également de sept jeunes gens emprisonnés depuis trois ans, pour avoir créé un groupe de discussion sur Internet (forum) et avoir posté des articles critiques envers le gouvernement.

Des analystes estiment que les autorités syriennes tentent désespérément de stopper le flot d’information et d’opinion déferlant sur Internet et sur les chaînes télévisées, et a recours pour cela à l’intimidation des journalistes en les poussant à l’auto-censure et en les privant d’accès à l’information. Omar Kosh, un journaliste vivant à Damas évoque ainsi les conditions de travail très difficiles qu’il rencontre, ainsi que ses confrères, en raison du manque total de transparence de la part des autorités. Ainsi, le gouvernement a récemment interdit à la banque centrale syrienne d’accorder une quelconque interview ou de permettre la moindre enquête de la part des media, car il était irrité de la façon dont ceux-ci couvraient les problèmes économiques du pays. Interdire l’accès à des meetings officiels, par exemple, est un moyen courant de « punir » un journaliste qui aurait déplu au régime. Les journaux peuvent être tout simplement interdits. Ainsi, Al-Domri, le premier journal libre depuis l’avènement du Baath en Syrie, en 1963, fondé en 2000 a dû cesser ses activités en 2003, officiellement parce qu’il n’avait pas fait les démarches nécessaires pour le renouvellement de sa licence, mais des observateurs locaux affirment que la véritable raison est que le journal a parlé de la corruption au pouvoir, autre sujet tabou.

Les télévisions n’échappent pas aux représailles. Ainsi, la chaine satellite privée Sham, qui émettait depuis 2006 de Syrie a été interdite 8 mois plus tard, et a dû se délocaliser en Egypte. D’autres chaînes réussissent jusqu’ici à survivre en jouant un jeu ambigu entre le pouvoir et leur rôle de media libre. Ainsi, la chaîne Dunya se plaint ouvertement des pressions exercées par le ministère de l’Information, en revendiquant une position neutre : « Nous sommes une chaîne de télévision et non un parti politique », déclare l’actuel directeur de Dunya, Fouad Sabarji, qui fut auparavant directeur à Al-Jazeera. Dunya a ainsi transgressé un des tabous de l’information en Syrie, qui évite de faire état de sérieux incidents ou de troubles agitant le pays, en couvrant une attaque suicide à la voiture piégée contre un quartier chiite de Damas. D’autres observateurs pointent, au contraire, les liens existant entre cette chaîne et le pouvoir, en rappelant, par exemple, la campagne vigoureuse que la chaîne avait lancé contre l’Arabie saoudite lors de l’offensive israélienne contre Gaza.

Elections municipales en Turquie




source : Hurriyet (carte et estimations)


Grandes municipalités à majorité kurde remportées par le DTP :

Comme prévu, Osman Baydemir l'emporte largement à Diyarbakir avec 65.43 % des voix.
Autre ville symbole de la lutte kurde, Tunceli, qui vote DTP à 30% devant un indépendant local (24%) et, de façon plus surprenante, à noter le score tout de même honorable de l'AKP (21%) dans une région alévie où la méfiance envers les musulmans, même Kurdes, est encore tenace.
A Batman, même victoire écrasante du DTP avec Necdet Atalay et ses 59%, l'AKP n'arrivant qu'à 36% des voix.
A Siirt, le DTP l'emporte à 49% , mais bien talonné par l'AKP qui arrive à 45%.
La victoire la plus écrasante est à Hakkari, la ville la plus kurde des kurdes, 79%, et l'AKP se ramasse piteusement derrière à 15%.
Sirnak, autre ville particulièrement éprouvée par la guerre et les exactions du JITEm, d'ailleurs récemment secouée par la découverte des puits de la mort, vote aussi DTP à 53% et AKP à 42%.
Igdir, ville kurde et syriaque, vote DTP à 36.47 % , talonné par l'AKP, 32.33 %.
Enfin Van qui était la grande municipalité perdue en 2004 pour cause d'alliance malencontreuse avec le SHP retourne au DTP avec 51.84% des voix, contre les 40.77% de l'AKP.


Grandes municipalités à majorité kurde remportées par l'AKP :

Mardin (qui compte aussi beaucoup d'Arabes et dont les Syriaques sont partis en masse) vote AKP à 45 % contre 36% pour le DTP ;
Bitlis
choisit l'AKP à 43.10 % contre 34.43% pour le DTP.
A Mush, l'AKP bat nettement le DTP, 51% contre 39% ;
même chose pour Bingöl, 42% (AKP) contre 34% (DTP) ;
à Agri, l'écart est moins marqué, 39% pour l'AKP, 32% pour le DTP ;
à Kilis, petite région en fait coupée par la frontière syrienne et ses compatriotes d'Afrin, l'AKP l'emporte sur le MHP avec 48% et le DTP n'y est quasiment pas représenté.


Villes mixtes turques et kurdes ou bien avec une minorité kurde :

Adiyaman, vote largement AKP (49%) et le DTP n'a que très peu de représentation (5%) loin derrière le SP, le CHP et même les nationalistes du MHP (6%);
Elazig
, sans surprise vote AKP (47;76%), le parti du gouvernement réussissant tout de même à évincer le parti ultranationalistes MHP (23%) qui y a toujours été bien implanté ;
à Karamanmarash, ancienne région alévie, mais décimée par les pogroms, l'AKP domine largement le MHP, 65.31% contre 21.97% ; il est vrai qu'il n'y reste plus beaucoup d'alévis pour se méfier des musulmans ;


Ville surprise : Urfa, qui ne vote ni AKP ni DTP mais un indépendant (anciennement du parti d'Erbakan ?) à 44% contre 39% AKP et seulement 10% pour le DTP.
Enfin à Istanbul, Akin Birdal, qui se présentait pour le DTP a obtenu 4% des voix.


dimanche, mars 29, 2009

IRAK : PREMIERE VISITE DU CHEF DE L’ETAT TURC DEPUIS 34 ANS


Le 23 mars, le président turc Abdullah Gül effectuait la première visite d’un président de Turquie en Irak, depuis 34 ans, depuis que le président Fahri Korutürk avait rencontré son homologue irakien Ahmed Hassan al-Bakr, le prédécesseur de Saddam Hussein, en 1976. D’une durée de deux jours, ce déplacement avait pour objectif principal d’aborder la question du PKK avec le gouvernement irakien. Déjà, lors du 5e Forum mondial de l'eau à Istanbul, le président irakien, le Kurde Jalal Talabani, avait annoncé un appel commun de tous les partis kurdes d'Irak, de Syrie, d'Iran, de Turquie et d'Europe, afin que le PKK dépose les armes. Quant au problème de l’eau, c’est une source ancienne de conflits entre la Turquie et ses voisins syrien et irakien, en raison des barrages turcs sur le Tigre et l’Euphrate, qui ralentissent le débit des deux fleuves. Selon l'ONU, "la construction de nouveaux barrages et de réservoirs dans les pays voisins de l'Irak pourrait conduire à une baisse des eaux qui représentent 76% du débit annuel des fleuves Tigre et Euphrate".

Abdullah Gül s’est entretenu principalement avec Jalal Talabani, qui s’était lui-même rendu à Ankara l’année passée, toujours pour discuter de la question du PKK. Le président turc a également rencontré Nouri Al-Maliki, le Premier ministre ainsi que le Premier ministre de la région du Kurdistan, Nêçirvan Barzani, qui avait fait le déplacement d’Erbil à Bagdad. Sur la question du PKK, Jalal Talabani n’a fait que réitérer publiquement les ultimatums déjà lancés à ce sujet, sans qu’ils aient jamais été suivis d’actions précises : « Le PKK a deux choix possibles : Déposer les armes ou quitter l'Irak. Il faut que le PKK se lance dans la vie politique et parlementaire et cesse d'user des armes, car cela fait du tort aux Kurdes comme aux Irakiens. Notre Constitution interdit les groupes armés, le PKK comme les autres. »

Cet ultimatum a été appuyé par le Premier ministre du Gouvernement régional kurde, Nêçirvan Barzani. A son retour d’Erbil, il a ainsi déclaré à la presse : « Il n'est pas raisonnable qu'un groupe mène des attaques contre un Etat puis revienne dans notre région ». Mais, comme d’habitude, le chef du gouvernement kurde a nié toute efficacité à des moyens militaires contre les bases de Qandil : « Ce problème ne sera pas résolu par des moyens militaires, l'expérience le montre », a-t-il ajouté, faisant sans doute allusion aux nombreuses incursions de l’armée turque dans cette zone, et à l’opération lancée en février 2008, qui s‘était soldée par un lourd bilan dans les rangs turcs.

Dans le même temps, les rapports de plus en plus conflictuels entre Bagdad et Erbil devraient faire l’objet d’une normalisation. C’est en tout cas ce qu’a déclaré, dans la foulée, le Premier ministre kurde, qui a profité de sa visite à Bagdad pour s’entretenir également avec Nouri Al-Maliki : « Nous avons décidé de normaliser nos relations et nous attendons la venue prochaine d'une délégation de Bagdad pour régler nos différends » Parmi les griefs et les inquiétudes kurdes, la volonté politique du Premier ministre chiite d’orienter sa politique vers une centralisation de l’Irak, avec un accroissement de son propre rôle au sein de l’Etat. S’y ajoutent la création, par ce même ministre des « Comités de soutien », milices composées de tribus arabes, dans des régions revendiquées par les Kurdes et devant faire l’objet d’un référendum selon l’article 140 de la constitution irakienne, en plus de la répartition et de la gestion des ressources pétrolières. Au sujet de Kirkouk, la mission à Bagdad de l’ONU préconise un « partage du pouvoir » entre les Kurdes, les Turkmènes et les Arabes, alors que les élections du conseil provincial doivent avoir lieu cette année. Un retrait américain prématuré est vu par beaucoup comme un danger : « Je pense que Kirkuk sera comme un baril de TNT qui explosera et nous brûlera tous », a ainsi déclaré sans nuance un député turkmène du Parlement irakien, Mohammed Mahdi Amin al-Bayati.

Les Kurdes sont estimés à 52% dans la ville, les Arabes 35% et les Turkmènes 12%. On compte aussi environs 12 000 chrétiens. Forts de ces chiffres, les Kurdes réclament instamment la tenue d’un référendum pour décider du rattachement à la Région kurde, et la tenue des élections provinciales, refusant donc le plan de « partage du pouvoir » entre les communautés, initialement avancé par avancés par la mission de l’ONU, qui ne tiendrait pas compte de la démographie réelle des habitants. Le plan de l’ONU, n’est pas encore rendu public, mais fait déjà l’objet de fuites et de spéculations. Une des options les plus avancées serait un contrôle de la province à la fois par Bagdad et Erbil, en plus des gouverneurs locaux, qui donnerait à Kirkouk un statut à part, sur une durée de dix ans, qui déboucherait ultérieurement sur une résolution de la question. Mais la mésentente croissante entre les Kurdes et le Premier ministre chiite, la volonté d’Al-Maliki de renforcer la centralisation et l’absence totale d’illusions des Kurdes sur la volonté irakienne de respecter le fédéralisme laissent peu de chance à cette option.

Une autre possibilité serait de donner une forme d’autonomie à Kirkouk, qui dépendrait tout de même de Bagdad, notamment pour l’allocation de son budget de fonctionnement. Les Turkmènes proches d’Ankara y seraient favorables, car leur principal objectif (soutenus en cela par la Turquie) est le rattachement de la province à la Région kurde. Ali Rizgari, qui préside actuellement le Conseil provincial de Kirkouk, ne se déclare pas hostile à une autonomie de Kirkouk mais souhaite, qu’en place de Bagdad, Kirkouk soit étroitement lié à Erbil. Dans une interview donnée au journal kurde SOMA, Fouad Hussein, qui dirige le cabinet présidentiel du Kurdistan, pointe les innombrables reports de la tenue du référendum, en les qualifiant de manoeuvres politiques émanant de « certaines forces à Bagdad » qui n’ont que pour but d’empêcher le rattachement de Kirkouk : « Au début, cela a été fait en raison de la situation politique et sécuritaire de l’Irak, mais par la suite, je pense que le but de Bagdad a été de reporter et reporter encore, car personne dans les cercles du pouvoir ne croit à l’application de l’article 140, ni même que les Kurdes ont des droits sur les régions disputées. » Selon Fouad Hussein, cette mauvaise volonté témoigne d’une mentalité persistante, dans les milieux politiques arabes irakiens, qui consiste à dénier aux Kurdes tout droit sur ces terres qui ont fait l’objet d’un nettoyage ethnique durant des décennies, en dépit de ce que prévoit la constitution.

Pour le responsable kurde, cette constitution est un atout, mais ce n’est pas le seul. Le soutien de la population vivant dans ces régions, au gouvernement d’Erbil en est un autre, comme en témoigne les résultats des dernières élections provinciales qui se sont tenues dans d’autres régions revendiquées, comme Ninive ou la Diyala : « Ce n’était pas juste une élection pour choisir les membres du conseil. Je pense personnellement que c’était une forme de référendum pour eux : Voulez-vous faire partie de la Région du Kurdistan ou non ? Et c’est la raison pour laquelle ils ont voté si massivement. Nous avons la population pour nous, nous avons la constitution pour nous et nous ne nous laisserons pas déposséder de nos droits. Nous continuerons à mener ce combat juridique et politique, et nous userons de tous les arguments pour remporter cette cause. »

Mais cette victoire de l’Alliance kurde dans les régions revendiquées, qui a rallié les suffrages des Kurdes comme de ceux des autres minorités menacées par le fanatisme nationaliste ou religieux, qu’ils soient chrétiens, Shabaks ou Yézidis, a peut-être encouragé davantage Bagdad à reporter ce référendum, en confirmant que le choix politique des Kurdes de Kirkouk sera de réintégrer le Kurdistan. De plus, les chrétiens de Kirkouk commencent à être l’objet des mêmes menaces et assassinats qu’à Mossoul, ce qui peut aussi les inciter largement à dépendre d’Erbil et sa politique de protection des minorités. C’est une des raisons sur lesquelles s’appuie Fouad Hussein pour nier qu’un report du référendum éviterait une guerre civile inter-ethnique : « Si nous regardons ce qui s’est passé à Bagdad ces deux ou ces trois dernières années, il y a eu beaucoup de zones qui ont subi ce qui s’apparente aux nettoyages ethniques du passé.Les sunnites ont été mis à l’écart et déplacés, les chiites ont été déplacés d’une zone à une autre, beaucoup d’entre eux ont été tués, et la question est : pourquoi cela ne s’est-il pas produit à Kirkouk ? Il y a beaucoup d’éléments qui prouvent que s’ils avaient le contrôle de Kirkouk, ils appliqueraient la même politique de nettoyage ethnique. Comme vous pouvez le voir, ce sont les Kurdes qui ont réellement protégé Kirkouk. Aussi, l’argument utilisé par les ONG et l’ONU est sans fondements. " Autre argument en faveur d’un rattachement à la Région kurde, le délaissement et le sous-développement dans lesquels est maintenue la région de Kirkouk, malgré sa richesse pétrolière, faisant un contraste flagrant avec le boum économique que connaissent des villes comme Erbil, Duhok ou Suleïmanieh : « Il n’y a aucun développement économique à Kirkouk. Même la part du budget allouée à Kirkouk est revenue à Bagdad, c’est un désastre. Les gens pensent que l’on doit y trouver les meilleurs écoles et hôpitaux au monde en raison de sa richesse, mais quand ils s’y rendent, ils voient un gros village. Kirkouk a été détruit, ses habitants et la ville ont été détruits, et rien n’a été fait pour Kirkouk. »

Autre départ envisagé mais problématique pour la future politique irakienne et le contentieux kurdo-arabe, celui de Jalal Talabani qui a confirmé qu’il ne se représenterait pas à la présidence d’Irak, ce qui pose la question de sa succession, laquelle devrait revenir, selon la règle tacite du partage des pouvoirs, à un sunnite arabe ou à un Kurde, puisque le chef du gouvernement, Nouri Al-Maliki, est un chiite. « Soit ce sera un Arabe sunnite, soit (la présidence) restera entre les mains des Kurdes ; et dans ce cas les deux partis kurdes décideront entre eux qui l’obtiendra », explique Mahmoud Othman, un député kurde du Parlement d’Irak, indépendant des deux grandes formations. Bien que la présidence ait des pouvoirs limités, afin de ne pas répéter les dérives autoritaires des dictatures passées, la position et l’influence de Jalal Talabani ont pesé sur la politique irakienne et son statut de Kurde a été utile pour servir de médiateur entre les factions arabes rivales. Enfin son habileté diplomatique et sa longue carrière politique ont servi à réintégrer l’Irak sur la scène internationale, notamment au Moyen-Orient et au sein de la Ligue arabe, ainsi qu’à renormaliser les relations diplomatiques entre l’Irak et l’Iran.

TURQUIE : L’ENSEIGNEMENT DELA LANGUE KURDE « IMPOSSIBLE » SELON R. TEYYIP ERDOGAN


En Turquie, la démocratisation de l’Etat et l’attitude du gouvernement devant la question kurde butte toujours sur l’enseignement de la langue kurde, un des points-clefs exigés par l’Union européenne pour l’entrée de la Turquie. Le 3 mars, la Cour européenne des droits de l'homme a ainsi condamné cet Etat pour l'exclusion provisoire de 18 étudiants de leur université après qu’ils ont demandé l’ouverture de cours optionnels de leur langue maternelle. La CEDH a jugé cette mesure « disproportionnée » et contraire au droit à l'instruction. Elle a attribué à chacun des étudiants 1.500 euros pour « préjudice moral ». En 2002, ils avaient en effet été exclus deux trimestres durant de l’université d’Afyon, pour avoir réclamé des cours de kurde. Les tribunaux turcs avaient appuyé cette décision, y voyant un risque de « clivages fondés sur la langue » et une « nouvelle stratégie de désobéissance civile prônée par le PKK ». La décision avait été finalement cassée par le Conseil d'Etat et un autre tribunal avait annulé les sanctions en 2004, déclarant que la réclamation des étudiants « cadrait avec le but général de l'enseignement supérieur, à savoir la formation de citoyens objectifs, ouverts d'esprit et respectueux des droits de l'homme ». Les juges de Strasbourg ont de même statué que les plaignants n’avaient commis « aucun un acte répréhensible ni porté atteinte à l'ordre au sein de l'université ».

Dans le même temps, le Premier ministre turc, Recep Teyyip Erdogan, répliquant à Ahmet Türk, le chef de file des députés DTP au Parlement, qui réclamait le droit à un enseignement du kurde dans les écoles, affirmait que « l’éducation en kurde était impossible, et qu’une telle chose n’existait nulle part dans le monde. » Il a cité en exemple l’Allemagne : « Trois millions de mes frères turcs y vivent, mais ils n’ont pas non plus accès à une éducation en turc. » a-t- il déclaré lors d’un meeting électoral à Van, omettant les dispositifs de la charte des langues régionales et minoritaires de l’Union européenne, ainsi que ses propres propos, en 2008, quand, lors d’une visite dans ce même pays, il avait affirmé que « l’assimilation (des Turcs) était un crime contre l’humanité. »
Joost Lagendijk, président de la délégation du Parlement européen à la commission parlementaire mixte UE-Turquie, a nié la pertinence de cette comparaison entre langues régionales et langues d’immigration. S’exprimant dans le journal Zaman, il juge au contraire « possible » d’utiliser une langue autre que le turc en Turquie, depuis le changement de l’article 26 de la Constitution. « Ces réformes prévoient le droit d’apprendre le kurde, d’émettre et de publier dans cette langue. » Selon la Charte européenne des langues régionales et minoritaires, les langues comprises comme telles sont celles traditionnellement utilisées dans un territoire défini à l’intérieur d’un Etat ou bien par un groupe numériquement inférieur au reste de la population d’un Etat et qui diffèrent de la langue officielle. Ne sont pas compris dans la Charte les dialectes d’une langue d’Etat, ou la langue d’une population d’immigrants. Ainsi, le turc ne peut être langue « minoritaire » ou « régionale » dans l’Union européenne, alors que le kurde entrerait dans cette catégorie si la Turquie adhérait à l’Union européenne. Pour cette Charte, le droit d’user d’une langue régionale ou minoritaire de façon publique ou privée est inaliénable et relève également du Pacte international des Nations Unies sur les droits civils et politiques, ainsi que de la Convention du Conseil de l’Europe sur la protection des droits de l’homme et des libertés fondamentales.La prise de position du Premier ministre turc a également fait réagir un homme politique allemand, élu Vert, d’origine turque, Cem Özdemir, qui a témoigné de son agacement face aux propos de R. T. Erdogan : « Si la Turquie interdit la langue kurde, alors je me ferai Kurde. »

Le même mois, un rapport de Minority Rights, une organisation non gouvernementale qui a pour but de protéger les droits des minorités ethniques, religieuses et linguistiques et des peuples indigènes du monde entier, accablait la Turquie pour sa politique discriminatoire à l’encontre des enfants issus des minorités, qu’elles soient arméniennes, juives, grecques, kurdes, roms, etc., surtout dans le domaine de l’éducation. Minority Rights critique ainsi l’absence, dans les écoles turques, d’une place qui devrait être accordée à l’enseignement, auprès des enfants issus de minorités, de leur propre culture, langue, histoire et religion. Les minorités ont au contraire à subir, dans l’enseignement, une politique d’assimilation et de promotion de « l’identité turque », ainsi qu’un nationalisme sous-jacent hostile aux minorités.

Selon Nurcan Kaya, le coordinateur turc (MRG) du Groupe des Droits des Minorités, qui est aussi l’auteur du rapport: « La Turquie doit changer sa politique des minorités et reconnaître l'existence de divers groupes comme les Assyriens, les Kurdes, Roms, Laz et les Caucasiens. Il doit garantir leurs droits éducatifs et prendre des mesures de rattrapage si nécessaire. » Un des points les plus critiqués par les minorités religieuses est l’assistance obligatoire aux cours de religion et de morale qui sont en fait des cours de religion musulmane. Non compris comme religion distincte, les enfants alévis sont obligés d’y assister. Seuls les chrétiens et les juifs peuvent s’en dispenser, mais, selon Nurcan Kaya, ils sont pour cela obligés de déclarer publiquement leur religion, ce qui est contraire à tout esprit de laïcité. De plus, au programme de ces « cours de culture religieuse » s’ajoute souvent des pratiques cultuelles telles que les ablutions, la prière et la fréquentation des mosquées, qui vont largement au-delà d’une « initiation à la culture religieuse ».

Minority Rights cite, comme groupes les plus défavorisés dans leur accès à l’éducation, le cas des Kurdes et des Roms. Ces deux communautés ont en effet souffert toutes deux de déplacements forcés qui ont entravé l’accès de leurs enfants au système scolaire : les Kurdes en raison des destructions de leurs villages et de leur déportations dans les métropoles, les Roms en raison de projets « d’urbanisation » qui les ont chassés des régions où ils vivaient en nombre. Selon le rapport, plus 30% des familles kurdes déplacées à Istanbul et Diyarbakir n’envoient pas leurs enfants à l’école, surtout pour des raisons économiques : les fournitures scolaires et l’uniforme coûtent cher pour les plus démunis et le travail des enfants y est fréquent, d’autant plus que beaucoup de ces familles déplacées sont privées d’un parent, voire des deux, et que les traumatismes de la guerre ou les tortures ont causé beaucoup d’incapacité physique ou mentale parmi ces réfugiés, les rendant inaptes au travail. « Ces conditions exacerbent la discrimination, le harcèlement et l'humiliation auxquelles les enfants des communautés des minorités sont déjà confrontés en Turquie, à tel point qu'ils cachent souvent leur identité ethnique et religieuse. Plusieurs minorités craignent que finalement leur culture unique disparaisse » écrit Nurcan Kaya.

samedi, mars 28, 2009

TURQUIE : LA MISE A JOUR DES « PUITS DE LA MORT » RAVIVE LES PLAIES DE LA SALE GUERRE


Les recherches pour mettre à jour des fosses communes se poursuivent au Kurdistan de Turquie, dans la province de Sirnak, depuis que, dans le cadre de l’affaire Ergenekon, plusieurs membres du JITEM aient mentionné de nombreux exécutions extra-judiciaires dans les années 1990 et l’existence de « puits de la mort » où ils avaient fait disparaître les corps, soit en les enterrant en rase campagne, soit en les faisant dissoudre dans de l’acide. Les aveux d’Abdülkadir Aygan, un ancien membre du JITEM et de Tuncay Güney, considéré comme une figure clef du réseau clandestin Ergenakon, ont incité la justice turque à ouvrir une enquête et à entamer des fouilles dans la région de Sirnak.

Le 9 mars, aux abords de Silopi, près d’une base militaire, des restes d’ossements humains et un fragment de crâne, ainsi que des pièces de tissu, ont déjà été découverts et examinés par les médecins légistes à Istanbul. Selon l’association du Barreau de Sirnak, le nombre des disparus s’élève à environ 17 000 personnes et leurs familles ont toutes portées plainte auprès du procureur afin d’obtenir la vérité sur le sort de leurs proches. Peu après les premières découvertes, cinq personnes ont été arrêtées à Sirnak le 17 mars. Parmi elles, les deux fils d’un ancien maire de Cizre, membre des milices « Gardiens de village » et trois habitants d’un village proche d’une fosse commune. L’ancien maire de Cizre fait l’objet d’un avis de recherche. Mais Nuşirevan Elçi, le président de l’association du Barreau de Şırnak accuse la lenteur de l’enquête (ordonnées en début d’années les fouilles n’ont commencé qu’en mars) et l’absence de protection et de surveillance des fosses communes. Il soupçonne certains puits d’avoir été « nettoyés » avant leur mise à jour officielle.

Ces accusations avaient été déjà lancées en janvier dernier par l’éditorialiste Adem Yavuz Arslan, qui déjà mentionnait des activités nocturnes suspectes autour des endroits devant être fouillés deux mois et demi plus tard. L’existence de ces fosses et la découverte de corps n’est pas une nouveauté dans la région. La dernière découverte de ce genre remonte à 2005 mais c’est dès 1996 que plusieurs corps avaient été mis à jour. Mais le climat politique de l’époque avait empêché les familles de saisir la justice, comme l’explique Nuşirevan Elçi : “ En fait, les parents des personnes disparues avaient peur de porter plainte auprès du procureur, mais après que le ministre de la Justice a déclaré que quiconque savait quelque chose sur les puits de la mort ne devait pas hésiter à porter plainte, les gens ont commencé à parler. S’il faisait une autre déclaration afin d’accélérer l’enquête, on pourrait parvenir à des résultats. »

En plus du JITEM, l’enquête cherche à établir la responsabilité du Hizbullah, un groupe islamiste qui avait été utilisé par les services secrets pour perpétrer de nombreux assassinats et actes de terreur contre les Kurdes, et qui aurait été fondé par le général Veli Küçük en personne, un des acteurs majeurs d’Ergenekon. A Kustepe, ancien bastion du Hizbullah, près de Cizre, une fosse a mis à jour des dizaines d’os humains, que l’on soupçonne être les restes de personnes notoirement kidnappés par cette organisation. Le principal suspect est là encore l’ancien maire de Cizre, Kamil Atak, actuellement gardien de village à Kustepe, et qui a pris la fuite, tandis qu’un de ses fils, Temel Atak, arrêté le 17 mars, a été officiellement inculpé le 20 et maintenu en détention provisoire. Les quatre autres suspects arrêtés le même jour que lui, dont son propre frère, ont été remis en liberté. Cinq jours plus tard, c’était au tour d’un colonel d’être inculpé et placé en détention. Cemal Temizoz est accusé « d'appartenance à une organisation armée illégale et d'incitation au meurtre » par le tribunal de Diyarbakir. Exerçant à ce jour le commandement de la gendarmerie de Kayseri, il commandait une unité à Cizre entre 1993 à 1996.

vendredi, mars 27, 2009

Mardin : Hégire, fuite du péché et "demeure de l'islam"



Présentation de l'éditeur:

Mardin est une des villes les plus impressionnantes du sud-est de la Turquie. Il y a 700 ans, c'était la capitale d'un petit état turcoman vassal de l'empire mongol d'Iran. D'où les interrogations de certains contemporains d'Ibn Taymiyya (661/1263-728/1328) : " S'agit-il d'un pays de guerre (balad harb) ou d'un pays de paix (balad silm) ? " Et, " pour le musulman qui y réside, est-il obligatoire d'émigrer vers les pays de l'Islam ou non ? " " Mardin n'est un pays ni de paix ni de guerre, " répond le théologien : elle a un statut " composite " (murakkab)... Le sens du Feliva de Mardin est ici exploré à partir de trois autres écrits taymiyyens relatifs au concept d'hégire - c'est-à-dire aussi de fuite du péché et des pécheurs - ainsi qu'à ceux de demeures de l'Islam et de la guerre. On examine par ailleurs, sur texte, l'utilisation que six penseurs arabes modernes font de ce fetwa, dont le célèbre mujahid palestinien 'Abd Allah 'Azzam et les dissidents séoudiens Muhammad al-Mas'ari et 'Abd al-'Aziz al-Jarbu'. Le constat d'une politisation indue de la pensée religieuse d'Ibn Taymiyya par ces auteurs conduit à inviter un certain islamisme à s'inventer un autre patronage canonique que celui du Shaykh de l'Islam mamlûk, et divers nouveaux orientalistes à plus de déontologie...


Biographie de l'auteur
Y. Michot est KFAS Fellow à l'Oxford Centre for Islamic Studies et enseigne la théologie musulmane à l'Université d'Oxford.
  • Broché: 176 pages
  • Editeur : Editions Albouraq (16 juin 2005)
  • Collection : Fetwas d'Ibn Taymiyya
  • Langue : Français
  • ISBN-10: 2841612554
  • ISBN-13: 978-2841612550


jeudi, mars 26, 2009

Saladin, l'homme, la légende





Conquérant de Jérusalem, héros de l'Islam, défenseur de l'orthodoxie, tels sont les traits que l'histoire a associés pour toujours au fondateur de la dynastie des Ayyoubides. Devenu célèbre aussi bien en Orient qu'en Occident, Saladin est une figure mythique sans cesse remise au goût du jour par des dirigeants arabes tels Hafez Assad et Saddam Hussein.


Sa mémoire est exaltée jusque dans les livres pour enfants qui mettent en avant le modèle du guerrier généreux et du souverain équitable, capable de séduire ses ennemis mêmes.


Quelle est la part de la réalité historique et quelle est la part de la légende dans le portrait parvenu jusqu'à nous ? À l'occasion de la parution du monumental ouvrage " Saladin " d'Anne-Marie Eddé, des historiens reviendront, en présence de l'auteur, sur le portrait mythique du sultan et les raisons de sa popularité, en prenant la mesure du travail de propagande mis en oeuvre de son vivant par ses secrétaires.

Avec Anne-Marie Eddé, directrice de recherches au CNRS et professeur d'histoire médiévale à l'université de Reims ; Michel Balard, professeur d'histoire médiévale à l'Université de Paris-I, Panthéon-Sorbonne ; Khaled Kchir, professeur d'histoire médiévale à l'Université de Tunis 1 et Vanessa Van Renterghem, historienne médiéviste spécialiste de Bagdad à l'époque seldjoukide, maître de conférences à l'INALCO.

mercredi, mars 25, 2009

TV, radio : Bagdad, Maïmonide, soufisme

TV :
Dimanche 29 mars à 20h40, sur National Geographic : Vivre à Bagdad, documentaire de Barrett Hawes, Kate Hillis et Ziad Turkey (Hometown Baghdad, USA, 2008).
Radio :
Dimanche 29 mars à 8h00 : Maïmonide, un architecte de la pensée. Avec le philosophe René Lévy, auteur de La Divine insouciance, Etudes des doctrines de la providence d'après Maïmonide ; Verdier. Maison d'études, Victor Malka.




A 19h sur France Culture : Zakia Zouanat, spécialiste du soufisme, auteur de Soufisme, quête de lumière,éd. Koutoubia. For intérieur, Olivier Germain-Thomas.


lundi, mars 23, 2009

Entretien avec Hashim Hashimi

Pour changer un peu de l'éternelle dichotomie AKP/Turc vs DTP/Kurde, sur l'excellent site Rudaw.net une interview intéressante de Hashim Hashimi, élu kurde (il fut maire de Cizre de 1989 à 1994) mais au sein d'un parti islamique, c'est-à-dire l'ancien parti du Refah d'Erbakan, dissous par la Cour constitutionnelle turque en 1998. Il avoue lui-même avoir de bonnes relations avec les actuels dirigeants de Turquie (l'AKP est le successeur du Refah). On lui prête aussi de bonnes relations avec les Barzani et Jalal Talabani. Cela donne donc un point de vue kurde qui change un peu de la langue de bois du DTP telle qu'on a pu l'entendre encore en meeting, soit "libérez Öcalan, Öcalan c'est Mandela" et "Mam Jalal tu nous brises le coeur". Evidemment les discours électoraux ne sont guère propices à la subtilité mais cela confirme que le DTP compte placer sa campagne sur un terrain très politique, voire même international, avec la perspective de la conférence prévue à Erbil, pour une date encore incertaine, et qui doit rassembler les principaux partis kurdes pour inciter le PKK à déposer les armes et inciter la Turquie à accorder une amnistie à la guerilla. L'AKP, lui, place traditionnellement sa campagne sur un terrain plus social, économique avec quelques avancées sur les revendications kurdes.

En tout cas l'interview permet de retracer quelques années de négociations kurdo-turques, sous un éclairage qui n'est plus celui ni du DTP ni des Turcs, mais de ce qu'on peut appeler les "Kurdes pro-AKP", dont l'électorat, assez conséquent et ancien, fait que ce parti est l'unique rival du DTP dans les régions kurdes.

Rudaw: Comment ont débuté vos relations avec les partis islamiques en Turquie ? Comment avez-vous rencontré Gul et Erdogan?

Hashimi: (en 1990) je suis devenu maire de Cizre. Lors du 4ème congrès du Parti de la prospérité (Refah Partisi), j'ai réclamé pour la première fois des droits pour les Kurdes. Ils ont inséré ensuite cet appel dans les résolutions du congrès. Ceci est une vérité : même s'ils ne soutiennent pas les droits des Kurdes, ils ne sont pas chauvins, même s'ils ont beaucoup de points faibles. Plusieurs fois, dans nos rencontres hors de la présence des media j'ai mentionné le nom Kurdistan et ai réclamé la liberté du Kurdistan. De sorte que ceux qui n'en avaient jamais entendu parler m'entendent. Mais dans les autres partis, ces déclarations et ces appels n'étaient pas acceptés.

Rudaw: Necmettin Erbakan, le président du Parti de la prospérité et les autres dirigeants ont accepté vos déclaration et vos appels ?

Hashimi: Ils ne l'ont pas fait, mais ils n'ont pas non plus réagi avec rage et dépit contre mes déclarations. Ils disaient que nous sommes tous... frères, les uns les autres. Je disais que je n'avais aucune objection à cela mais que je voulais parler ma propre langue et avoir ma propre identité.

Rudaw: Avec qui avez-vous eu les meilleures relations : Erbakan …ou Gul ou Erdogan?

Hashimi: J'ai de bonnes relations avec tous. Je les respecte et tous me respectent. Il y a deux mois j'ai été invité par Erbakan. Si c'était nécessaire, je pourrais rendre visite au président aussi.

Rudaw: Certains Kurdes du Kurdistan du nord disent que Gul est meilleur qu'Erdogan. Vous les connaissez tous deux. Qu'en pensez-vous ?

Hashimi: Cette opinion n'a aucun sens, du point de vue politique. L'un de ces deux hommes est le Premier ministre et l'autre est le président. Quelquefois, l'un d'eux fait une déclaration qui va dans l'intérêt des Kurdes, d'autres fois c'est l'autre qui agit dans le même sens. Gul témoigne du respect pour les nations dans ses discours mais celui qui peut agir dans la pratique est Erdogan car il est à la tête de l'exécutif. C'est Erdogan qui a lancé la télévision kurde et qui maintenant facilite l'ouverture de départements de kurdologie dans les universités. Bien sûr, ce ne sont pas des solutions, mais de bonnes avancées.

Rudaw: Puisque vous connaissez ces deux personnes, que pensez-vous d'elles ?

Hashimi: Ces deux dernières années, je n'ai pu avoir qu'un bref entretien de 10 minutes avec Erdogan. Mais je rencontre de temps à autre le président. Il a une attitude positive envers les Kurdes. Mais cela ne suffit pas. Si la question kurde n'est pas résolue, il n'y aura pas de stabilité au Moyen Orient. L'ère de l'unification pour les quatre Etats entre lesquels le Kurdistan a été divisé, contre les Kurdes, est révolue et les anciens poids et mesures sont remplacés par d'autres. Ces Etats ont conclu qu'ils ne pourront plus jamais garder les Kurdes sous pression. La Turquie s'améliore à cet égard. Si elle n'initie pas des relations avec la Région du Kurdistan elle n'aura pas l'initiative politique en Irak, pas plus qu'au Moyen Orient. Les Kurdes ne sont plus une carte politique mais des partenaires de cette politique. Ainsi, une politique réaliste incite la Turquie et le Kurdistan au rapprochement.

Rudaw: Comment ce changement a-t-il eu lieu ?

Hashimi: Depuis le 27 avril 2008, l'attitude politique du gouvernement envers la Région du Kurdistan a changé avec le consentement des organismes d'Etat. Ils ont débattu de ce sujet entre eux et ont pris en compte la sécurité nationale et ont décidé d'améliorer leurs relations avec la Région. Celui qui a eu le dernier mot en politique étrangère a été le Parti de la justice et du développement (Adalet ve Kalkınma Partisi, AKP), dont le principe peut être ainsi défini : initier un dialogue avec tous les voisins sur tous les problèmes. En se fondant sur ce principe, ils ont commencé de dialoguer avec tous les voisins. Et pour entamer un dialogue avec la Région du Kurdistan, ce fut une décision unanime. Ils ont envoyé leurs diplomates au Kurdistan après cet accord. Mais ceal est-il suffisant ? Non, cela ne l''est pas. Sont-ils parvenus à une solution? Non mais cela a été un pas en avant.

Rudaw: Quel est l'opinion de Gul sur le Kurdistan? Vont-ils ouvrir un consulat à Hewlêr (Erbil)?

Hashimi: La Turquie tarde à ouvrir un consulat à Hewlêr. Mais ils disent que si leurs relations politiques ne sont pas fondées sur des bases solides, tous leurs efforts seront gâchés, même s'ils prennent de nouvelles initiatives. Ils préfèrent une avancée pas à pas et cela est raisonnable. Ils disent que l'avenir de l'Irak n'est pas clair et c'est la première raison pour laquelle ils avancent avec prudence, la seconde en est qu'ils prennent des mesures politiques pour que l'Iran ne monopolise pas le pouvoir au-dessus de l'Irak. Avant, la situation était différente, et la politique de la Turquie était donc restreinte. La Turquie défendait deux choses : l'unité territoriale de l'Irak et les droits des Turkmènes. Leur politique était comprimé entre ces deux points. Maintenant, c'est une ère nouvelle et leur politique a changé.

Rudaw: Un journaliste a cité Gul disant qu'ils voulaient résoudre la question kurde mais qu'ils faisaient face à de multiples problèles et que résoudre cette question demandait de la patience. Est-ce vrai ?

Hashimi: Oui, c'est vrai.

Rudaw: Mais à l'ordre du jour de l'AKP, il n'y a aucun plan pour résoudre la question. Par exemple, ils ne disent pas que l'autonomie ou le fédéralisme est la solution au problème. Leur attention se porte uniquement sur l'essor économique du Kurdistan. C'est pourquoi certains analystes turcs disent que la Turquie n'a pas de solution spécifique. Quand une solution aura lieu selon vous ?

Hashimi: Par deux fois ils ont essayé sincèrement de faire des pas en avant mais des organismes gouvernementaux ou non-gouvernementaux leur ont fait obstacle. Deux ministres étaient également contre leurs projets. Le premier projet datait de 2007 et s'intitulait "Le processus pour un retour au foyer". Les préparations étaient en place et je pense que certains organismes gouvernementaux étaient d'accord. Les obstacles ont été constitués tout particulièrement par le CHP (Parti républicain du peuple, umhuriyet Halk Partisi). Deniz Baykal, le président du CHP a alerté le Parlement sur le projet concernent les combattants armés du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) la commission judiciaire du Parlement qui avait été en charge de préparer le projet a dit qu'elle annoncerai publiquement que le Parlement décréterait une amnistie et libérerait Öcalan, le président du PKK arrêté

Rudaw: Est-ce que libérer Öcalan faisait partie du projet ?

Hashimi: Non, mais ils ont usé de ce prétexte pour annuler le projet. Ils l'ont utilisé dans leur campagne contre ce projet et dans la presse. Ce qui fait que les gens ont commencé de manifester contre. Par conséquent, le projet a été soumis aux pressions. S'il n'avait pas été rejeté il aurait été appliqué alrgement dès 2008.

Rudaw: Y a-t-il une quelconque chance de réadresser le même projet ?

Hashimi: Si, il y en a une.

Rudaw: On parle beaucoup du projet du chef des services secrets de Turquie, le MIT. On dit que Talabani et Barzani sont aussi au courant de ce projet et qu'Öcalan l'a accepté. Que savez-vous du projet ?

Hashimi: Pour qu'à cet égard la Région du Kurdistan fasse un pas, il faut aussi que la Turquie bouge et cela signifie qu'elle doit aplanir le terrain.

Rudaw: Est-ce que ce projet est seulement de l'ordre de la sécurité ou du renseignement ou bien est-il aussi politique ?

Hashimi: C'est un projet inclusif, avec un mécanisme très large. Nous espérons qu'il ne s'arrêtera pas en cours de route.

Rudaw: Est-ce que le Parti de la société démocratique (Demokratik Toplum Partisi, DTP) fait partie du projet ?

Hashimi: Oui, le DTP soutient ce projet. En Turquie, de beaucoup de côtés, il est bien accueilli . Barzani et tous ceux qui sont contre le sang versé le soutiennent également. A cet égards, la conférence nationale kurde prévue à Hewlêr est une bonne étape et de ce que je sais, le DTP soutient aussi la conférence.

Rudaw: En 2007, le PKK a soumis une proposition en sept points pour déposer les armes. Ils demandaient des négociations directes, l'autonomie et la libération d'Öcalan.Croyez-vous que le Turquie est prête à accepter cs conditions ?

Hashimi: Le DTP et le PKK disent qu'ils veulent qu'on s'adresse à eux pour les négociations. Mais en fait, pour résoudre la question des Kurdes en Turquie, ni la Turquie, ni le DTP ou le PKK ont un plan de base. Durant ces dernières années, le PKK a suggéré plusieurs projets en solution, comme la confédération, la démocratie et maintenant ils demandent une démocratie autonome. Le but de tous ces projets est d'être partenaire dans les pourparlers. A mon avis, que chacun participe car la solution est de faire se rencontrer tous les bords.

Rudaw: Le DTP dit qu'ils sont prêts à parler mais pas Erdogan, et qu'il n'est même pas prêt à leur serrer la main.

Hashimi: L'existence du DTP au nord du Kurdistan ne peut être niée. Laissons chacun dire ce qu'il veut, mais la question kurde ne sera pas résolue sans le DTP .

Rudaw: Est-ce que l'AKP est conscient de cette réalité ?

Hashimi: Oui, il l'est.

Rudaw: Alors pourquoi refuse-t-il de négocier avec le DTP ?

Hashimi: C'st faux. Il doit y avoir un dialogue. Mais il est aussi essentiel de dire la vérité. Pendant longtemps aucun des présidents turcs ou des présidents de partis n'a rendu visite au DTP, alors que Gul l'a fait. Quant à la phrase d'Erdogan quand il a refusé de serrer la main d'Ahlmet Türk, c'était une erreur, car Erdogan avait déjà serré la main des présidents des autres aprtis, et il devait faire la même chose avec le président du DTP.

Rudaw: Beaucoup de gens pensent que les élections du 29 mars seront très significatives si les Kurdes peuvent remporter un grand nombre de voix. C'ar à ce moemnt-là, l'AKP sera obligé d'entamer le dialogue et de résoudre la question kurde. Mais si le contraire arrive, et que l'AKP remporte le Kurdistan, il sera aux commandes et le parti sera considéré comme le représentant des Kurdes.

Hashimi: Aux dernières élections, les Kurdes avaient voté AKP dans l'espoir de résoudre la question kurde.

Rudaw: Que va-t-il se passer cette fois ?

Hashimi: Dans les villes kurdes, il y a deux partis, l'AKP et le DTP. Parfois, le DTP fait une faute et cela sert l'AKP pour avancer et obtenir davantage de soutiens et parfois le contraire se produit. Dans les régions kurdes, ces deux partis seront plus d'une fois en compétition. Si le DTP gagne, il aura une plus grande autorité et ce ne sera pas pour accorder davantage. Le DTP gagnera plus de suffrages de façon générale dans ces élections et dans quelques villes l'AKP remportera la municipalité.
(source rusaw.net).


samedi, mars 21, 2009

Colloque : Thomas d'Aquin et ses sources arabes


Vendredi 27 et samedi 28 mars 2009

à la Bibliothèque du Saulchoir , 43 bis rue de la Glacière, 75013 Paris.

Thomas d'Aquin et ses sources arabes


Colloque organisé par la Commissio Leonina, Paris, France, et the Aquinas and the Arabs Project, Marquette University, Milwaukee, Wisconsin, USA

Programme :


27 mars 2009

10 h : Richard C. Taylor, Marquette University, Milwaukee, Wisconsin, The Role of Arabic / Islamic Philosophy in Thomas Aquinas’s Conception of the Beatific Vision in his Commentary on the Sentences IV, d.49, q.2, a.1

11 h 30 Jean-Baptiste Brenet (Université de Paris X - Nanterre) : L’image requise. Averroès et Thomas d’Aquin lecteurs de De anima 431a16-17

13 h : Déjeuner.

14 h 30 : E. Houser, University of St. Thomas (Houston) : How Br. Thomas Introduces the Principles of Avicennian Metaphysics into Sacra doctrina: 1 Sent. d. 8, q.1


28 mars 2009

10h : Cristina Cerami, CNRS Paris, Physique et Métaphysique: L’ordo scientiarum chez Averroès et Thomas d’Aquin.

11 h 30 : Isabelle Moulin (Faculté Notre Dame, Paris) : The Question of the Status of Secondary Causes in Three Commentaries on Peter Lombard’s Sentences: Albert the Great, Bonaventura, and Thomas Aquinas

13 h : Déjeuner.

14 h 30 : David B. Twetten, Marquette University, Milwaukee, Wisconsin : Aquinas’ Early Appropriation of Averroes: The Contra Gentiles’ Reading of the Physics.


Les séances auront lieu à la Bibliothèque du Saulchoir, Salle Saint Thomas, 43 bis rue de la Glacière, Paris XIIIe.

Tous renseignements ici.

vendredi, mars 20, 2009

Soupe d'anguilles : L'image survivante



Musée Pio-Clementino, Vatican.

Lisant ceci sur Warburg je ne peux m'empêcher de penser qu'ici aussi, par moment, cela doit faire penser à une "soupe d'anguilles" :

"Lire Warburg présente la difficulté de voir se mêler le tempo de l'érudition la plus harassante ou la plus inattendue - telle l'entrée en scène, au milieu d'une analyse sur les fresques renaissantes du palais Schifanoïa, à Ferrare, d'un astrologue arabe du IX° siècle, Abû Ma'sar - et le tempo presque baudelairien des fusées : pensées qui fusent, pensées incertaines, aphorismes, permutation des mots, expérimentation des concepts..."

"D'où, de quel lieu et de quel temps nous parle donc ce fantôme ? Son vocabulaire puise tour à tour aux sources du romantisme allemand et de Carlyle, du positivisme et de la philosophie nietzschéenne. Il manifeste tour à tour le souci méticuleux du détail historique et le souffle incertain de l'intuition prophétique. Warburg lui-même parlait de son style comme d'une "soupe d'anguilles" (Aalsuppenstil) : imaginons une masse de corps serpentins, reptiliens, quelque part entre les circonvolutions dangereuses du Laocoon - qui obsédèrent Warburg sa vie durant, non moins que les serpents mis en bouche par les Indiens qu'il étudia aussi - et la masse informe, sans queue ni tête, d'une pensée toujours rétive à se "couper", c'est-à-dire à se définir pour elle-même un début et une fin."


"Tout au long de sa vie il aura exigé du savoir sur les images un questionnement beaucoup plus radical que toute cette "curiosité gourmande" des attributionnistes - tels Morelli, Venturi, Berenson - , qualifiés par lui d'"admirateurs professionnels" ; de même, il aura exigé beaucoup plus que l'esthétisme vague des disciples (lorsque vulgaires, c'est-à-dire bourgeois) de Ruskin ou de Walter Pater, voire de Burckhardt ou de Nietzsche ; ainsi évoque-t-il sarcastiquement dans ses carnets le "touriste-surhomme en vacances de Pâques" qui vient visiter Florence "avec le Zarathoustra dans la poche de son loden".

"En 1904, alors qu'il approchait la quarantaine, il échoua une fois encore à l'habilitation pour un poste de professeur, à Bonn ; mi-lucide mi-angoissé, il avait écrit, dès 1897 : "J'ai décidé une fois pour toutes que je ne suis pas fait pour être un Privatdozent." Il devait, par la suite, décliner des propositions de chaire à Breslau, Halle et en général tout poste public, refusant par exemple de représenter la délégation allemande au Congrès international de Rome (1912) dont il avait pourtant été l'un des plus actifs promoteurs. Il devait rester ce chercheur privé - entendons le mot dans tous les sens possibles -, un chercheur dont le projet même, la "science sans nom" ne pouvait se satisfaire des clôtures disciplinaires et autres arrangements académiques.

Telle fut donc l'insatisfaction de départ : la territorialisation du savoir sur les images."

"Warburg, je crois, s'est senti insatisfait de la territorialisation du savoir sur les images parce qu'il était sûr de deux choses au moins. D'abord, nous ne sommes pas devant l'image comme devant une chose dont on saurait tracer les frontières exactes. L'ensemble des coordonnées positives - auteur, date, technique, iconographie... - n'y suffit évidemment pas. Une image, chaque image, est le résultat de mouvements provisoirement sédimentés ou cristallisés en elle. Ces mouvements la traversent de part en part, ont chacun une trajectoire - historique, anthropologique, psychologique - partant de loin et continuant au-delà d'elle. Il nous obligent à la penser comme unmoment énergétique ou dynamique, fût-il spécifique dans sa structure.

Or, cela emporte une conséquence fondamentale pour l'histoire de l'art, que Warburg énonçait dans les mots suivant immédiatement son "plaidoyer" : nous sommes devant l'image comme devant un temps complexe, le temps provisoirement configuré, dynamique, de ces mouvements eux-mêmes. La conséquence - ou l'enjeu - d'un "élargissement méthodique des frontières" n'est autre qu'une déterritorialisation de l'image et du temps qui en exprime l'historicité. Cela signifie en clair que le temps de l'image n'est pas le temps de l'histoire en général, ce temps que Warburg épingle ici à travers les "catégories universelles" de l'évolution. La tâche urgente (intempestive, inactuelle) ? Il s'agit pour l'histoire de l'art de refonder "sa propre théorie du temps - dont on notera d'emblée que Warburg l'orientait vers une "psychologie historique."

"A Hambourg, c'est l'impressionnante Kulturwissenschaftliche Bibliothek Warburg qui devait assumer la charge - infiniment patiente, toujours élargie et remise en chantier - d'un tel déplacement épistémologique. Imaginée par Warburg dès 1889, mise sur pied entre 1900 et 1906, cette bibliothèque constitua une sorte d'opus magnum dans lequel son auteur, quoique secondé par Fritz Saxl, se perdit probablement autant qu'il y construisait son "espace de pensée" (Denkraum). Dans cet espace rhizomatique - qui, en 1929, comprenait 65 000 volumes-, l'histoire de l'art comme discipline académique subissait l'épreuve d'une désorientation réglée : partout où existaient des frontièresentre disciplines, la bibliothèque cherchait à établir des liens.

Mais cet espace était encore la working library d'une "science sans nom" : bibliothèquede travail, donc, mais aussi bibliothèque en travail. Bibliothèque dont Fritz Saxl a très bien dit qu'elle était, avant toute chose, un espace de questions, un lieu pour documenter des problèmes, réseau complexe au "sommet" duquel - fait extrêmement significatif pour notre propos - se trouvait la question du temps et de l'histoire : "Il s'agit là d'une bibliothèque de questions, et son caractère spécifique consiste justement en ce que son classement oblige à entrer dans les problèmes. Au sommet (an der Spitze) de la bibliothèque se trouve la section de philosophie de l'histoire."
"Jacob Burckhardt, pionnier exemplaire (vordbildlicher Pfadfinder), a ouvert à la science le domaine de la civilisation de la Renaissance (Kultur der Renaissance) et l'a dominée de son génie ; mais il n'a jamais songé à exploiter en tyran égoïste la région (Land) qu'il venait de découvrir ; au contraire, son abnégation scientifique (wissenschaftliche Selbstverleugnung) était telle qu'au lieu d'attaquer le problème de l'histoire de la civilisation en lui gardant son unité (Einheitlichkeit), si séduisante sur le plan de l'art, il le divisa en plusieurs parties apparemment sans rapport (in mehrere äusserlich unzusammenhängende Teile) afin d'explorer et de décrire chacune d'entre elle avec une sérénité souveraine. Ainsi, dans sa Civilisation de la Renaissance, il exposa d'abord la psychologie de l'individu social, sans envisager les arts plastiques ; puis, dans sonCicerone, il se contenta de proposer une "initiation au plaisir des oeuvres d'art". [...] Conscients de la personnalité supérieure de Jacob Burckhardt, nous ne devons pas pour autant hésiter à avancer dans la voie qu'il nous a désignés."


"Cette voie (Bahn) est d'une exigence méthodologie extrêmement difficile à maintenir. Mais elle aura placé l'"abnégation de Warburg - sa Selbstverleugnung, comme il l'écrit ici- à hauteur de celle qu'il reconnaissait en Burckhardt. Il s'agit presque d'une attitude stoïque. D'un côté, on a à reconnaître l'unité (Einheitlichkeit) de toute culture, son organicité fondamentale. Mais, d'un autre côté, on se refuse à la déclarer, à la définir, à prétendre la saisir comme telle : on laisse les choses à leur état de division ou de "démontage" (Zerlegun). Comme Burckhardt, Warburg s'est toujours refusé à reclore une synthèse, façon de toujours repousser le moment de conclure, le moment hégélien du savoir absolu. "



photo : Freegiampi

"Faut-il encore parler d'une dialectique du temps ? Oui, si l'on veut bien entendre par ce terme un processus tensif plutôt que résolutif, obsidionnal et sédimenté plutôt que linéaire et orienté. La dialectique des "puissances stables" (Stabiles) et de l'"élément mobile" (Bewegtes) aura produit une critique profonde de l'historicisme : elle ne fait que complexifier, multiplier, voire désorienter les modèles du temps que Burckhardt nomme ici "crises", "révolutions", "ruptures", "réactions", "absorptions partielles ou inttermittentes", "fermentations", "perturbation"... et la liste ne saurait être close. Parler d'un "inconscient" (Unbewusstes) ou d'une "pathologie", c'est affirmer, de plus, que la dialectique à l'oeuvre ne démontre plus que l'impureté et l'anachronisme du temps. Telle serait la deuxième leçon, la deuxième inconséquence d'une approche morphologique et dynamique de l'histoire : le temps libère des symptômes, et avec eux il fait agir lesfantômes. Le temps, chez Burckhardt, est déjà un temps de la hantise, de l'hybridation, de l'anachronisme ; à ce titre, il anticipe directement les "survivances" warburgiennes.

Ainsi Burckhardt parle-t-il de la culture occidentale comme d'une mouvance sans limites, "imprégnée des traditions de tous les temps, de tous les peuples et de toutes les civilisations". Ainsi constate-t-il qu'"il n'y a pas de limites nettes" à y reconnaître, que l'"organisme " de toute culture n'est qu'un perpétuel "produit en formation", un "processus marqué par l'influence des contrastes et des affinités" - la conclusion étant que, "dans l'histoire, tout est plein de bâtardise (Bastardtum), comme si celle-ci était indispensable à la fécondation (Befruchtung) des grands événements spirituels.

Or, cette impureté n'est pas seulement synchronique : elle touche le temps lui-même, son rythme, son développement. Il ne faut pas, affirme Burckhardt, s'en remettre aux périodes, séparer l'histoire en "âges de l'humanité", mais constater plutôt "un nombre infini d'incarnations successives" qui supposent "transformations", donc "imperfections" - comme un mélange difficile à analyser, de "destructions" et de quelque chose qu'il faut bien nommer des "survivances". C'est, notamment, lorsqu'il refuse toute périodisation hiérarchique de l'histoire entre barbarie et civilisation - comme, plus tard, Warburg refusera de séparer nettement Moyen Âge et Renaissance - que Burckhardt touche au plus près du Nachleben :

"[...] il ne nous est pas possible de débuter par le passage de la barbarie à la civilisation. Dans un cas comme dans l'autre, les notions sont beaucoup trop imprécises. [...] L'emploi de ces mots est finalement une question de sentiment personnel : je considère pour ma part comme de la barbarie de mettre les oiseaux en cage. Dès l'abord, il faudrait mettre à part certains usages remontant à la nuit des temps et subsistant à l'état de fossiles jusqu'à une époque de haute civilisation, pour des motifs peut-être religieux ou politiques, tels certains sacrifices humains. [...] De nombreux éléments de culture, provenant peut-être de quelque peuple oublié, continuent à vivre inconsciemment (lebt auch unbewusst weiter), comme un héritage secret et sont passés dans le sang même de l'humanité. Il faudrait toujours tenir compte de cette addition inconsciente de patrimoines culturels (unbewusstes Aufsummieren von Kulturresultaten), aussi bien chez les peuples que chez les individus. Cette croissance et cette perte (Wachsen und Vergehen) obéissent aux lois souveraines et insondables de la vie (höhere, unergrundliche Lebensgesetze)."

Burckhardt, dans la même page, utilisait le mot Weiterleben, qui signifie "subsistance" et, déjà, "survivance". La voie était ouverte pour comprendre le temps comme ce jeu impur, tensif, ce débat de latences et de violences que l'on peut nommer, avec Warburg, la "vie" (Leben) des images."

L'image survivante, Georges Didi-Huberman.



Il n'y a plus d' Europe et elle est peut-être morte avec l'Allemagne, comme l'avait vu Visconti dans sa trilogie (tétralogie) allemande, Les DamnésMort à VeniseLudwig, et l'avortée Montagne magique, où, à chaque fois l'effondrement ou la décomposition de l'Allemagne humaniste est figurée par la faillite de la musique : le renoncement que l'on peut supposer de Gunther Von Essenbeck au violoncelle et à ses études pour embrasser le nazisme (après que sur la scène, le numéro de Martin ait succédé à son interprétation d'une des suites de Bach), la perdition morale et la mort d'Aschenbach, la chute de Louis II et de son rêve wagnérien ( et peut-être dans le quatrième volet, le phonographe du sanatorium aurait-il joué un rôle).

Entre Nietzsche et Warburg c'est la folie qui sonne la décomposition d'un monde, même "effondrement complet", et, entre eux, recevant d'abord, affolé, les lettres de Nieztsche envoyées de Turin, le pauvre Burckhart dont Warburg poursuit "la voie. Coïncidence aussi signalée par Didi-Huberman : "Nietzsche, à son retour de Turin, fut soigné par le grand psychiatre Otto Ludiwg Biswanger, oncle de celui qui, entre 1921 et 1924, aura consacré ses propres efforts thérapeuthiques à l'égard du génial historien de l'art en "état d'effondrement complet".




Après "l'effondrement complet" de l'Allemagne qui a entraîné aussi le discrédit de tout ce dont s'enorgueillissait l'Europe et son "haut degré" de civilisation, plus rien ne lui a succédé. Il n'y a plus de "culture européenne", hormis la culpabilité post-Shoah et post-colonialiste, qui aboutit à une posture paradoxale (du moins à l'Ouest) qui peut se résumer par : "Nous sommes contre la guerre et contre l'islamisme qui nous a déclaré la guerre." Dans le même ordre d'idée, l'insistance sur les crimes de l'islam (génocidaire de femmes) ou d'Israël (génocidaire de Palestiniens) est une façon de projeter ses fautes sur ceux qui n'étaient pas à Auschwitz (hormis par le curieux terme "musulman" pour signifier un déporté en fin de vie) "mais qui auraient pu y être bourreaux car l'islam vaut bien le nazisme" ou sur "les fils de ceux qui y étaient mais ne font pas mieux que les bourreaux, au final". Il n'y a plus de dieux ni de civilisation ici, juste des fantômes et la honte.

Concert de soutien à l'Institut kurde