mercredi, février 25, 2009

ERBIL : POURPARLERS AUTOUR D’UNE POSSIBLE AMNISTIE DU PKK ?


Lors d’une conférence de presse, Burak Özügergin, le porte-parole du ministre turc des Affaires étrangères a repoussé l’idée d’une amnistie accordée aux combattants kurdes du PKK, sans toute fois écarter qu’une initiative de ce genre ne serait jamais proposée un jour, en contrepartie d’un cessez-le-feu total. « Nous évaluons quelles sortes de mesures pourraient être prises en accord avec toutes les institutions concernées » a déclaré évasivement Burak Özügergin, en réponse aux journalistes qui l’interrogeaient précisément sur la question de l’amnistie. « Nous évaluons également ces mesures avec nos interlocuteurs, dans le cadre d’un mécanisme tripartite, ou bipartite, ou bien avec l’Union européenne. »

Par mécanismes « tripartite » ou « bipartite », il faut entendre les efforts conjoints des USA, de l’Irak, et même du Gouvernement régional kurde pour que le PKK fasse redescendre ses combattants des montagnes, notamment celles du Kurdistan d’Irak. Jusqu’ici, aucune opération militaire n’a pu réussir, malgré les renseignements fournis par les Etats-Unis sur les mouvements du PKK Un centre de forces tripartite a été installé à Erbil, capitale du Kurdistan irakien, regroupant donc des représentants américains, turcs et irakiens, ayant pour tâche d’éradiquer les bases de Qandil. Des représentants du Gouvernement régional kurde ont été aussi inclus dans ce centre, et il ne fait pas de doute pour de nombreux experts internationaux, que les Kurdes d’Irak, notamment le parti démocratique du Kurdistan, dont le président est Massoud Barzani, ne servent d’intermédiaires dans d’éventuelles négociations entre le PKK et les représentants des trois Etats. Une des solutions envisageables serait donc que le PKK dépose définitivement les armes, en échange d’une amnistie.
Selon le journal turc Taraf, même l’armée turque, qui a été longtemps formellement opposée à toute solution autre que militaire à ce conflit, ne formulerait plus autant d’objections. Ce même journal fait état d’un rapport des services secrets qui enregistrait, le 20 janvier dernier, des « progrès » dans les pourparlers entre le PKK et le PDK, portant notamment sur cette amnistie. De plus, le gouvernement d’Erbil envisage la tenue d’une grande conférence internationale, à laquelle participeraient « les représentants de tous les Kurdes dans le monde » pour trouver une solution au problème du PKK et l’amener à déposer les armes. S’exprimant sur la force tripartite récemment installée à Erbil, Burak Özügergin a indiqué que « plusieurs arrangements » avaient été pris entre la Turquie, les Etats-Unis, le gouvernement irakien, et la Région kurde, sans donner de date ni de détails sur le déroulé des opérations envisagées. Mais le porte-parole des Affaires étrangères turques a fait état de réunions mensuelles avec, du côté turc, des membres de l’état-major et des attachés militaires ainsi que des membres civils de l’ambassade turque à Bagdad. Quant au ministre turc des Affaires étrangères, Ali Babacan, il préside à des entretiens trimestriels dans le cadre de ce mécanisme tripartite.

Taraf cite également un rapport publié par un magazine kurde qui paraît à Suleïmanieh, Livin, décrivant avec force précisions l’implantation militaire turque dans la Région kurde. Il donne ainsi le chiffre de 3235 hommes, installés dans 13 bases militaires au Kurdistan d’Irak. Selon Livin, la plus importante de ces bases, en termes d’effectifs, est à Qanimasi, dans la province de Dohuk, à 8 kilomètres de la frontière turque. Mais celle qui dispose de la plus grande capacité logistique et de renseignements est située à Bamarné, toujours dans la province de Dohuk, à 40 kilomètres de la frontière turque. Le rapport détaille ainsi les effectifs humains, qui comprendraient 2564 soldats, 91 officiers, 240 membres affectés aux « opérations spéciales » et 340 gendarmes, tandis que 20 agents des services secrets seraient installés à Batuffa, sous le commandement d’un colonel. Quant au matériel militaire, il comprendrait 58 chars d’assaut, 27 véhicules blindés, 31 canons à longue portée, 26 lance-mines, 17 lance-roquettes, 10 armes antiaériennes (des mitrailleuses de 12.7 mm), 40 véhicules militaires, 13 mitrailleuses, deux paires de jumelles à vision nocturne, deux trépieds pour jumelles, 10 fusils Sniper, une bombe Atar, quatre téléphones satellite, deux postes radio Racal, deux treuils et deux silencieux.

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