samedi, janvier 31, 2009

TURQUIE : LANCEMENT D’UNE CHAÎNE D’ETAT EN KURDE


Le 1er janvier 2009 a vu le lancement de la première chaîne en kurde de la télévision publique turque (TRT). TRT-6 diffuse 24 heures sur 24 des programmes sans sous-titre en turc, comme cela avait été initialement imposé aux quelques heures d’émissions kurdes accordées ça et là sur les chaînes turques. A la demande de l’Union européenne, les lois interdisant les émissions télévisées et radiophoniques en kurde avaient été supprimées définitivement en 2003. Mais cela n’avait pas vu pour autant naître une véritable politique de libération et de soutien audiovisuels pour les langues minoritaires en Turquie.

A l’approche des élections municipales, beaucoup y voient un geste politique de l’AKP pour se concilier un important électorat kurde, afin de faire tomber quelques grandes villes par le au parti pro-kurde DTP, notamment Diyarbakir, dans le camp del’AKP, le parti au pouvoir. En tout cas la lecture en différé d’un message du Premier ministre Recep Tayyip Erdoğan, le jour du lancement, au cours duquel il a prononcé quelques mots en kurde (“TRT 6 bi xêr be”) en souhaitant bonne chance à la chaîne, montre sans ambigüité une certaine implication du pouvoir dans ce « coup » médiatique et politique, immédiatement dénoncé à la fois par les partis nationalistes turcs et par le DTP (ainsi que par le PKK). Les premiers y voient une atteinte à l’unité linguistique de la république, les autres une manœuvre électorale sans volonté réelle de faire avancer le problème kurde. Ainsi les élus du DTP mettent en avant l’interdiction qui pèse toujours sur l’usage administratif de la langue kurde, ainsi que sur l’usage des lettres w, Q, X. En raison de son statut de chaîne d’Etat, TRT6 est soupçonnée de servir de « porte-voix » du gouvernement, comme l’en accuse déjà le PKK, dont la chaîne Roj TV, basée au Danemark est largement regardée au Kurdistan de Turquie.

Accusation dont se défend le directeur de la chaîne, Sinan Ilhan, tandis que d’autres intellectuels et artistes kurdes, notamment ceux qui participent à la chaîne, accueillent cette décision comme une étape vers une reconnaissance et un statut plus officiel de la langue kurde, ainsi que la possibilité ultérieure d’ouvrir des chaînes privées kurdes. La télévision kurde a été ainsi saluée par des intellectuels kurdes comme Umit Firat et Altan Tan, qui ont déclaré que la Turquie mettait ainsi fin à son déni du peuple kurde. Après la diffusion du message de Recep Tayyip Erdogan, celui du président de Turquie Abdullah Gül a également exprimé ses vœux à TRT6.

Assistaient en personne à l’inauguration de la chaîne, trois ministres du gouvernement, les ministres d’Etat Mehmet Şimşek et Mehmet Aydın, le ministre de la Culture Ertuğrul Günay et plusieurs députés AKP étaient présents dans les studios. Aucun représentant du DTP n’était présent.

De façon assez générale, les premiers programmes de la chaîne ont été jugés de qualité, TRT ayant visiblement mis les moyens, avec des émissions culturelles, de musique, de littérature, ou bien traitant de questions sociales, et des documentaires. Des artistes très populaires parmi les Kurdes de Turquie, Rojin et Nilüfer Akbal assurent des show de variété et en direct, avec des invités sur le plateau, chanteurs ou non, et des questions de téléspectateurs. Alors que jusqu’ici les émissions enfantines en kurde étaient interdites, TRT 6 diffuse maintenant des dessins animés dans cette langue ce qui, à côté de films turcs ou internationaux doublés en kurde, lui donne un statut de « chaîne familiale ». Pour le moment, la langue choisie est le kurmandji, bien que Sinan Ilhan ait annoncé son intention d’élargir ultérieurement aux dialectes zazaki et sorani. Hormis Roj TV, la plupart des chaînes kurdes d’Irak ou d’Iran émettent pour le moment majoritairement en sorani.

vendredi, janvier 30, 2009

IRAK : TENSIONS ENTRE ERBIL ET BAGDAD SUR FOND DE CAMPAGNE ELECTORALE


Les tensions entre le Gouvernement régional kurde et le gouvernement central de Bagdad ne se sont apaisées alors que l’échéance des élections locales approchait dans 14 districts du pays (hormis Kirkouk et la Région kurde). L’Irak accuse les Kurdes de menées « sécessionnistes » tandis qu’Erbil voit d’un mauvais œil les tentatives du Premier ministre Al-Maliki de concentrer les pouvoirs entre ses mains, ce que les Kurdes interprètent comme un retour en arrière, vers les anciens régimes autoritaires et nationalistes qu’a connus l’Irak.
Dans une lettre ouverte très critique adressée à Nouri Al-Maliki, le président Barzani constate que « malheureusement, il existe, dans les milieux arabes, des chauvins à la vue courte et des extrémistes. » Sans les nommer précisément, Massoud Barzani leur impute la dégradation des rapports entre Kurdes et Arabes, et le réveil « d’inimitiés dommageables, en ravivant les blessures du passé. » L’une des actions les plus critiquées est la création dans les provinces de milices tribales, soutenues par le gouvernement central et n’ayant pas de comptes à rendre aux autorités locales, ce que les partisans du fédéralisme en Irak voient comme un signe de reprise en main des politiques régionales de décentralisation et une tentative d’instaurer un pouvoir personnel, même si les partisans du Premier ministre nient toute dérive dictatoriale, imputant ces accusations à des manœuvres électorales et soulignent la volonté de Nouri Al-Maliki d’instaurer un Etat de droit qui mettrait fin aux conflits sectaires.

Les Kurdes ne sont pas les seuls à critiquer la nouvelle politique plus autoritaire du Premier Ministre. D’autres voix irakiennes se font entendre, reprenant les accusations de dérives dictatoriales, même au sein de son propre bloc parlementaire, l’Alliance de l’Irak uni, ainsi, bien sûr, que parmi les Arabes sunnites, toujours peu enclins à admettre la suprématie politique nouvelle de leurs compatriotes chiites. « Maliki a agi de façon unilatérale ces derniers mois, sur beaucoup de points décisifs » accuse Abdul Karim al-Samary, le leader du mouvement sunnite, le Front de l’Entente irakienne. La rumeur a même couru d’une tentative d’évincer Maliki de son siège de Premier Ministre, avant l’échéance de son mandat, en 2010, par un vote de défiance du Parlement. Cette rumeur, niée finalement par le Conseil suprême de la Révolution islamique en Irak (CSRII) un parti chiite, avait déjà été évoquée comme une possible riposte du Parlement contre le gouvernement par le député kurde Mahmoud Othman, dans une interview donnée au site Rudaw : « Les Kurdes ont des alliés : le Conseil suprême islamique irakien est encore plus mécontent de Maliki que nous, et le Parti islamique irakien est en désaccord avec lui. Si ces factions se rassemblent pour débattre de certains sujets, elles pourraient aboutir à quelque chose. »

Cependant, pour Mahmoud Othman, il n’est pas encore temps d’adopter une solution aussi extrême, « mais cela dépend du comportement du gouvernement. Si les conflits sont résolus, le mécontentement n'atteindra pas un tel degré ; dans le cas contraire, cela serait possible. » La source du conflit entre Nouri Al-Maliki et le Gouvernement kurde, vient, selon le député, des erreurs et des insuffisances de l’administration irakienne et de l’administration kurde, ainsi que d’une idéologie nationaliste arabe persistante : « Les conflits sont de nature politique, juridique et administratif. Les conflits administratifs et juridiques viennent de ce que le système fédéral est nouveau en Irak. Ni le gouvernement irakien, ni nous-mêmes avons eu une expérience de ce système auparavant. Si bien que nous commettons des erreurs, des deux côtés. En ce qui concerne les aspects politiques, et aussi idéologiques, il y a deux autres problèmes qui viennent s'ajouter : le premier est que le gouvernement irakien ne croit pas au fédéralisme. Avez-vous jamais entendu Nouri Al-Maliki, le Premier Ministre, dire "Irak fédéral" ? Ce sont seulement les Kurdes qui utilisent ce terme. Maliki dit que la constitution doit être amendée, l'autorité du gouvernement central consolidée, l'autorité de la Région du Kurdistan réduite et que les forces des Peshmergas doivent se retirer de la ligne bleue (zones qui étaient sous le contrôle de la Région du Kurdistan avant le 19 mars 2003). Il dit que le Gouvernement régional du Kurdistan (GRK) n'est pas autorisé à signer des contrats pétroliers de son propre chef. Tous ces points indiquent un refus du fédéralisme : Constitutionnellement, le GRK a de telles prérogatives. Le second problème est qu'il y a une idéologie chauvine arabe qui pense que la constitution a été rédigée alors que le gouvernement irakien était faible et le pays instable, et que la Région du Kurdistan a obtenu de la sorte de tels acquis, mais que peu à peu, l'équilibre doit être rétabli en affaiblissant l'autorité de la Région et en consolidant le gouvernement central. »

Le 14 janvier, une interview du président Barzanî au Los Angeles Times, publiée à la fois dans sa version résumée ainsi que dans l’intégralité de l’enregistrement avait suscitée de vives réactions de la part de plusieurs journaux et groupes politiques arabes, accusant, une fois de plus, le président kurde de brandir la menace d’une déclaration d’indépendance s’il n’obtenait pas ce qu’il voulait. Massoud Barzani retraçait aussi les relations passées qu’avaient eu les Kurdes avec Nouri Al-Maliki, au temps de l’exil, et le soutien que le chiite avait reçu des Kurdes, ainsi qu’en 2007 quand le Gouvernement kurde s’est opposé à une tentative de renversement du Premier ministre : « C'était en avril 2007. Quand nous avons senti qu'il y avait de sérieuses tentatives pour lui faire quitter sa place. Nous avons senti cela, et aussi que ce qui se cachait derrière tout cela n'était pas bien intentionné. Il y avait certaines personnes, malintentionnées, avec un ordre du jour malintentionné. Ce n'était pas pour le bien de l'Irak en général ni pour celui des Kurdes en particulier. Vers la fin d'avril 2007, le 26 ou le 27, il y a eu réunion de plusieurs groupes irakiens, sous les auspices de plusieurs services secrets étrangers des pays de la région, Egypte, Jordanie, Arabie saoudite, Turquie et les Emirats. Je crois qu'ils étaient six pays au total, à avoir organisé cette réunion de plusieurs groupes irakiens et l'idée principale en était de saper la situation, et nous nous sommes alarmés de cela. C'est pourquoi nous avons entièrement soutenu la position de Maliki parce que nous sentions que c''était d'abord et avant tout dirigé contre l'Irak. C'était une intervention très directe et très funeste dans les affaires irakiennes via les services secrets de ces pays. Nous nous sommes alarmés de cela et nous avons soutenu ouvertement le Premier Ministre. Nous sentions que tout était dirigé contre le peuple irakien, contre l'Irak et contre le peuple kurde. Cela a amené cette coalition de quatre partis, plus tard étendue à cinq [un comité consultatif regroupant Barzani, les membres du Conseil de présidence de l'Irak et le premier ministre Al-Maliki]. » En plus de Kirkouk, les désaccords portent toujours sur la gestion des ressources en hydrocarbures, que Bagdad voudrait contrôler, notamment dans la signature des contrats passés avec les sociétés étrangères, ainsi que la marginalisation, selon les Kurdes, de leurs unités au sein de l’armée irakienne, s’accompagnant d’une tentative du chef du gouvernement d’user des forces militaires comme d’une milice personnelle : « Dans des circonstances normales, il est tout naturel de muter et déplacer des officiers et des unités différentes dans les différentes parties du pays. Evidemment, si l'on considère la situation en Irak, on voit que ce n'est pas une situation normale. Pour le moment, la situation est anormale. Et à des périodes plus récentes, nous avons pu constater une attitude délibérée pour marginaliser la participation kurde [dans l'armée]. Et il nous a semblé assister à une tentative unilatérale de créer une armée qui ne dépendrait plus que d'un seul individu, ce qui est encore plus alarmant. Avant tout, et par-dessus tout, les militaires ne doivent pas être impliqués dans la politique. De plus, les militaires ne devraient pas être utilisés pour régler les conflits internes entre ce groupe-ci et ce groupe-là. Je crois qu'il y a actuellement 16 divisions dans l'armée irakienne. Normalement, les généraux de divisions doivent être nommés et agréés par le Parlement. Mais je mets au défi quiconque de trouver un seul général de division dont la nomination a été faite et agréée par le Parlement. Elles ont été approuvées par des décisions personnelles [décrets], et bien sûr c'est quelque chose qui n'est pas tolérable. Ce n'est pas l'armée … que nous espérions créer. »

Cette suspicion kurde est renforcée par le déploiement de troupes irakiennes dans les régions à peuplement kurde revendiquées par le gouvernement d’Erbil, notamment Kirkouk et Khanaqin. Les Peshmergas kurdes, initialement déployés dans ces régions pour y assurer la sécurité, à la demande des USA et de l’Irak, font état de mouvements de troupes « anormaux » depuis l’été. Ainsi, la 12ème division de l’armée irakienne a été chargée de former une ceinture militaire autour de Kirkouk, qui, se rapprochant aussi de la Région du Kurdistan, a pour effet de freiner la circulation entre Kirkouk et les deux grandes villes kurdes, Erbil et Suleïmanieh alors que jusqu’ici, les contrôles Suleïmanieh-Kirkouk-Erbil, assurés par les Peshmergas, permettaient une circulation assez aisée entre les trois régions. Selon le journal kurde Aso, reproduisant les propos d’un officier irakien s’exprimant de façon anonyme, « la Défense irakienne essaie d’établir des check-points rigoureux sur les voies d’entrée et de sortie de Kirkouk, afin de contrôler les frontières de la ville. » Le même officier indique que dans le futur, l’armée irakienne souhaite se déployer dans les districts orientaux de Kirkouk, comme Laylan, Qadirkaram, Takyay-Jabari, Shwan and Bani-Maqan, ainsi qu’au nord, à Dubiz et Pire. « Les mouvements de cette division ne sont pas normaux et il s’agit d’un agenda programmé », accuse Mustafa Chawrash, commandant les Peshmergas de l’UPK. « C’est pourquoi les dirigeants kurdes regardent cela avec suspicion. » Mustafa Chawrash a indiqué que les Peshmergas ont envoyé plusieurs messages aux troupes irakiennes pour les inciter à partir. Une commission a alors été créée, composée de représentants de la Région kurde, des forces américaines et de l’armée irakienne, mais elle n’a pu encore se réunir. Pour le moment, la 12ème division n’avance plus mais n’a pas non plus reculé et les Peshmergas campent également sur leurs positions. Cette division comprend 70% d’Arabes, 20% de Kurdes et 10% de Turkmènes pour un total de 9000 hommes. Selon Chawrash, son général, un Arabe de Hilla, est un ancien membre important du parti Baath de Saddam Hussein, qui a combattu les Kurdes, en dirigeant la même division. Il a été emprisonné quatre mois par les Américains avant de reprendre ses fonctions. Par contre, des officiers kurdes en poste dans cette même division ont été transférés de Kirkouk vers d’autres villes irakiennes, comme Tikrit et remplacés par des Arabes et des Turkmènes.

Kirkouk reste donc le point majeur où se cristallisent toutes les tensions ethniques du pays. Aussi la visite dans cette ville de Joe Biden, le vice-président américain, a été l’objet d’une grande attention de la part des observateurs irakiens et internationaux. Le discours du responsable américain est cependant resté dans le vague, Joe Biden appelant à une « coopération » entre les groupes religieux et ethniques du pays, après avoir rencontré plusieurs leaders locaux, en parlant de « compromis » et de « concessions nécessaires » pour que l’Irak règle ses conflits internes. Alors qu’il était encore dans l’opposition, le sénateur Joe Biden avait été pourtant l’auteur d’un plan approuvé par le Sénat américain en septembre 2007, qui recommandait la division de l’Irak en trois grandes régions semi-autonomes : Kurde, sunnite et chiite. Mais ce plan avait été repoussé par la Maison blanche. Quant à la Turquie, elle a continué d’émettre des mises en garde contre des décisions trop hâtives concernant le statut de Kirkouk, en invoquant les violences interethniques que cela induirait.
Quoiqu’il en soit, même si les élections dans cette ville ont été reportées, plusieurs meurtres de militants ou de responsables politiques ont eu lieu, principalement à Kirkouk comme à Khanaqin, alors en pleine campagne électorale. Le 4 janvier, à Kirkouk, Anwar Moheddin Rassoul, un membre du Parti communiste du Kurdistan a été tué par des inconnus armés qui ont ouvert le feu sur lui. L’assassinat s’est produit au domicile de la victime, dont le corps présentait également des traces de coups. Ce n’est pas le premier assassinat qui a frappé ce parti puisque le 18 décembre dernier, Nahla Hussein Al-Shaly, membre de la Ligue des femmes au sein de ce même parti, avait été aussi assassinée à son domicile par des inconnus. Deux jours plus tard, un autre politicien kurde, Subhi Hassan, membre de l’UPK, le parti de Jalal Talabani, était abattu par balles dans sa voiture avec son garde du corps, après avoir été pris en chasse par un autre véhicule. Le 8 janvier, c’était au tour d’Abdelrazeq Mohsen Ulwî, 34 ans, d’être abattu à l’arme à feu, cette fois dans la région de Khanaqin, alors qu’il se promenait au marché d’Al-Saadiya. La victime était le frère de Nossaïr Ulwî, qui dirige la section du Parti communiste du Kurdistan d’Al-Saadiya. Les deux frères avaient déjà reçu des menaces de mort à plusieurs reprises.

Coup de coeur du mois : Hasht Behest vol. 2 : Kurdistan & Khorassan





Dans la série de ses précieuses collectes des musiques d'Iran, l'institut Mahoor a édité une anthologie en plusieurs volets. Le n° 2 rassemble heureusement le Kurdistan, le nord du Khorassan et le Khorassan. Je dis heureusement, car la musique du Khorassan au nord comprend une part importante du répertoire kurde. Ainsi la musique kurde en Iran s'écoute aux deux extrémités du pays. Dans le CD figurent des chanteurs kurdes, comme Hassan Zirek, Qala Mara, Aziz Sharokh et d'autres, Osman Tchequl, Hassan Jazavi, Abdollah Shariati, des bakhsi du Khorasan comme Mohammad Hussain Yegâneh interprétant la fameuse épopée Zohre et Tâher, un Turkmène, des chants de Torbat Jaam, et deux impressionnants Kormanj du Khorassan : Bijan Aghdasi et Niaz Ali Sahra Roshan.

Références.

jeudi, janvier 29, 2009

ERGENEKON : NOUVELLES ARRESTATIONS ET CINQUIEME MORT SUSPECTE


Le 7 janvier, une nouvelle vague d’arrestations a secoué la Turquie autour de l’affaire Ergenekon. Les aveux obtenus font à nouveau état de plusieurs assassinats projetés, dirigés contre des dirigeants des communautés alévie et arménienne, le Premier ministre et des membres de la Cour suprême d’Appel, toujours dans le but de plonger le pays dans un chaos sécuritaire favorable à un putsch de l’armée.

Lancée dans six villes de Turquie, ce coup de filet a permis d’arrêter plus de trente personnes dont sept généraux à la retraite, un ancien colonel, Levent Göktaş, Ibrahim Sahin, l’ancien chef de la police pour les opérations spéciales, un écrivain, Yalçın Küçük, l’ancien président du YÖK, Kemal Gürüz et des journalistes. Deux jours plus tard, le 9 janvier, un plan retrouvé au domicile d’Ibrahim Sahin, un ancien dirigeant de la police pour les opérations spéciales, a permis aux enquêteurs de découvrir dans un dépôt un arsenal clandestin, avec des munitions, des armes à feu et deux lance-roquettes. Dans une forêt près d’Ankara on mettait également à jour une cache d’armes, toujours grâce à une carte trouvée au domicile d’un suspect : 30 grenades à main, trois lance-flammes, plusieurs explosives, des munitions de différents types. Des armes ont été également saisies au domicile du lieutenant colonel Mustafa Dönmez à İstanbul : Des Kalachnikov, des balles, des fusils de chasse, des jumelles, des baïonnettes et 22 grenades à main. Quant à Mustafa Dönmez, il a pu s’enfuir avant son arrestation et est actuellement recherché comme suspect. Les procureurs font état d’écoutes téléphoniques opérées par la police pour accuser les inculpés d’avoir projeté l’assassinat d’Ali Balkız et Kazım Genç, deux leaders alévis, du président de la communauté arménienne de Sivas, Minas Durmaz Güler. A Sivas, deux grenades à main ont en effet été retrouvées chez le principal suspect du projet d’assassinat de Minas Durmaz Güler, Oğuz Bulut, l’ancien président du Club des idéalistes de Sivas, une association étroitement liée au parti ultra-nationaliste MHP, même si officiellement, ce dernier a tenté de prendre ses distances avec l’association. D’autres sources proches des enquêteurs désignent l’ancien maire d’Istanbul, Bedrettin Dalan, actuellement en fuite aux USA, comme le chef de la section financière du réseau Ergenekon.
Quant aux généraux Kemal Yavuz et Tuncer Kılınç, ils auraient assuré l’entrainement militaire du réseau. Un autre général de brigade, Levent Ersöz, a été arrêté le 15 janvier suspect, alors qu’il rentrait clandestinement en Turquie, en provenance de Russie, pour suivre un traitement médical lié à une maladie de la prostate. Mais le 18 janvier il a été hospitalisé pour des problèmes cardiaques. Selon sa propre fille, Fulya Ersöz, il serait en soins intensifs et gardé inconscient par l’équipe médicale. Levent Ersöz, à la retraite depuis 2003, avait été nommé dans la province de Sirnak, à une époque où la gendarmerie exerçait une telle terreur que la région était surnommé le « Temple de la Peur » ou la « République de Sirnak » pour souligner l’absolue indépendance des forces militaires et para-militaires dans cette partie du Kurdistan de Turquie. Levent Ersöz est ainsi soupçonné d’être à l’origine de nombreuses disparitions et assassinats à auteurs inconnus.

Le 19 janvier, un ancien commandant du JITEM de Diyarbakir, les services secrets de la gendarmerie, sans existence légale officielle, a été retrouvé mort à son domicile d’Ankara et l’autopsie doit déterminer s’il s’agit d’un suicide. C’est en tout cas la cinquième mort « mystérieuse » d’un haut gradé de l’armée depuis le début de l’affaire. Abdulkarim Kırca est le cinquième officier du JITEM à mourir dans des conditions suspectes. Le général İsmet Yediyıldız, soupçonné également d’avoir appartenu à cette organisation est mort dans un accident de voiture. Le commandant Cem Ersever a été retrouvé mort à son domicile, vraisemblablement assassiné, ainsi que les commandants de gendarmerie İsmail Selen et. Hulusi Sayın. Le colonel Abdulkerim Kırca était accusé d’avoir ordonné plusieurs exécutions extra-judiciaires, via un informateur retourné du PKK, Abdülkadir Aygan. Il avait déjà été accusé avec un autre officier, Mahmut Yıldırım, de l’enlèvement et du meurtre de huit personnes. Mais à la suite de désaccords entre juridictions, son dossier avait été transféré du Tribunal militaire du 7ème Corps de Diyarbakir au Tribunal des litiges juridiques à Ankara. Accusé d’avoir fondé une organisation armée illégale, de torture, de trois meurtres, Abdulkerim Kırca encourait la perpétuité. Malgré ou à cause de cela, le président de la république turque, Ahmet Necdet Sezer, l’avait décoré de la médaille d’Honneur de l’Etat. Le colonel était cependant l’objet, ces derniers temps, d’une campagne de presse publiant les accusations des familles de disparus, qui l’accusent d’être à l’origine de centaines de meurtres non résolus dans les années 1990. Le nombre de ces exécutions avait en effet accru de façon spectaculaire tout le temps qu’il servait dans la région en tant que commandant du JITEM. Aussi, après son suicide, l’état-major a stigmatisé la presse pour avoir relayé les témoignages de “soi-disant informateurs”. Le général İlker Başbuğ , chef de l’état-major de l’armée turquea assisté à ses funérailles accompagné d’un grand nombre d’officiers et les commandants des quatre forces de l’armée. Le ministre de l’Intérieur Beşir Atalay était aux côté de la femme du défunt et de ses filles, qui ont publié une déclaration écrite reprenant les accusations lancées par l’état-major contre les journaux : « Nous voyons là l’exemple véritable qui montre comment les gens qui ont servi leur nation avec loyauté renoncent à la vie en raison d’une atmosphère négative répandue par quelques cercles du Mal. Cette irresponsabilité secoue profondément notre noble nation, aussi bien que la famille Kırca. Pour le moment, il n’y a rien que nous puissions faire, hormis espérer que le bon sens vaincra. Notre seule consolation est la solidarité dont ont témoigné ses frères d’armes, des héros, et leur comportement plein de dignité. Si nous avons quelque espoir dans l’avenir ce sera en raison de ce comportement digne. »

Mais l’examen du passé militaire d’Abdulkerim Kırca, à la faveur des récents témoignages rapportés par la presse, montrent des zones beaucoup moins « dignes », tournant toutes autour des agissements et exactions du JITEM. Le commandant Kırca avait pris ses fonctions après que son prédécesseur, Cem Ersever, ait quitté l’armée, en 1993, peut-être en raison de la mort d’un autre commandant de gendarmerie, Eşref Bitlis, tué dans un crash d’avion suspect. Cem Ersever s’était lui-même confié à la presse en 1993 en dévoilant les activités secrètes du JITEM et ses révélations avaient été reprises dans plusieurs ouvrages sur la question, notamment ceux de Soner Yalçın. Cem Ersever avait reconnu avoir été chargé des opérations du JITEM dans le « Sud-Est », soit la région kurde. Il fut assassiné le 4 novembre de la même année, ainsi que sa compagne et son assistant. Toute la documentation qu’il possédait sur le JITEM a disparu. Abdülkadir Aygan, un ancien membre du PKK retourné et servant d’informateur a affirmé avoir vu Kırca tuer de ses propres mains trois personnes à Silopi : Necati Aydın, Mehmet Aydın et Ramazan Keskin, tous trois membres de la branche de Diyarbakir d’un syndicat de professionnels de la Santé. Ils auraient été abattus sur la route de Silopi à Diyarbakir. On retrouve aussi le nom de Kırca dans la fameuse affaire de Susurluk. Kutlu Savaş, auteur d’un rapport commandé par le Premier ministre, mentionne Kırca comme le “planificateur et l’exécutant” de la plupart des exactions commises par les réseaux de l’ombre agissant au sein de l’armée. L’affaire de Susurluk, où un chef de la police, un criminel recherché, membre de la mafia avaient été retrouvés morts dans la même voiture après un accident de la route, en 1996, avait été un des scandales confirmant l’existence d’un « Etat-profond ». Un autre passager, un député, était lié aux milices des Gardiens de Village armés par l’Etat contre le PKK. Selon Kutlus Savaş, le JİTEM était sous le contrôle de la sécurité militaire du l’Est et du Sud-Est anatolien : « Même si le commandement général de la Gendarmerie refuse de l’admettre, l’existence du JITEM ne peut être niée. Il se peut que le JITEM ait été démantelé et éliminé à un certain point, en envoyant son personnel et ses archives en différents endroits. Mais beaucoup des officiers qui travaillaient pour le JITEM sont encore en vie. »

Baïbars sur les planches


Auditorium du Louvre :Contes & Spectacles, du 01-02-2009 au 02-02-2009 :Marcel Bozonnet met en scène le Roman de Baïbars :

Lecture-spectacle (deux représentations)

Les dimanche 1er février à 16h et lundi 2 février 2009 à 20h
L’auditorium du Louvre invite Marcel Bozonnet à présenter le texte de sa prochaine création théâtrale avec ses comédiens.


Adaptation pour la scène :
Cécile Falcon et Marcel Bozonnet
Mise en scène : Marcel Bozonnet
Collaboration artistique : Caroline Marcadé
Calligraphies et peintures : Rachid Koraïchi
Costumes : Leïla Menchari
avec la collaboration de Renato Bianchi
Dramaturgie : Oussama Ghanam
Distribution en cours

Spectacle en français

Le Roman de Baïbars est l’un des plus grands cycles narratifs populaires arabes, à la fois épopée et roman picaresque, relatant le destin extraordinaire d’un orphelin esclave devenu sultan : Baïbars.
L’histoire de Baïbars s’inspire d’événements historiques réels, mais s’en éloigne aussi grandement, laissant place au merveilleux, au grotesque, au picaresque et à la piété populaire.

Présentation
Que connaît l’Europe de la littérature arabo-musulmane ? Les Contes des Mille et une nuits, les poèmes d’amour ou les grands mystiques musulmans, dont les thèmes sont facilement universalisables. D’une façon générale, la culture populaire orale a été délaissée par rapport à la culture écrite d’une élite lettrée. Or il existe de grands cycles narratifs ou sîras (traduit ici par roman) qui, par leur ampleur, peuvent faire penser aux romans médiévaux du cycle du Graal. L’une de ces grandes fresques, le Roman de Baïbars, a été en partie traduite chez Sindbad par Georges Bohas et Jean-Patrick Guillaume en 10 volumes de 1985 à 1998. Cette traduction a permis de rendre accessible un chef d’œuvre de la littérature populaire arabe, transmis oralement dans les cafés par des conteurs professionnels, au Caire jusque dans les années 1950 et à Damas jusque dans les années 1970 et 1980. En outre, une édition scientifique en arabe, à l’initiative de l’Institut Français du Proche-Orient est en cours, (cinq volumes sont déjà publiés).

C’est à partir de cette grande œuvre que Marcel Bozonnet se propose de mettre en scène un spectacle intitulé provisoirement Baïbars, participant ainsi à la constitution, selon l’expression d’Abdelwahab Meddeb, d’une « scène commune » de la culture mondiale qui intègre l’héritage culturel arabo-musulman.
L’adaptation est en cours : elle parcourt l’œuvre et conserve quelques épisodes marquants du roman : hauts faits relevant tour à tour de la comédie et de l’épopée.

Le personnage de Baïbars apparaît d’abord comme un adolescent malade qui devient ensuite un justicier sachant déjouer les machinations politiques. Il est enfin le grand chef militaire et renvoie par ailleurs à la figure mythique et anhistorique du souverain idéal, protecteur des faibles.
Mais l’œuvre recèle aussi des moments de pure poésie, où l’un des personnages médite sur la nature humaine, le temps, la mort, comme des moments de pur délire, où la verdeur des dialogues, leur inadéquation à la situation, forment un contrepoint comique salutaire dans un univers où les conflits armés ne cessent de s’enchaîner : le monde musulman est pris en tenaille par les Francs et les Mongols. Ce qui se dégage de l’œuvre et que le spectacle pourra transmettre, c’est aussi une très grande liberté de ton, qui ne manquera pas d’étonner le public contemporain.


En préfiguration de la création du département des arts de l’Islam au Musée du Louvre, l’auditorium invite le metteur en scène à présenter le texte, en français, de sa future création.

Entouré d’une équipe de collaborateurs et d’interprètes de nationalités diverses : algérienne, tunisienne, française, syrienne et libanaise, il nous propose d’entendre cette histoire classique de la culture arabe peu connue en France pourtant aussi essentielle que « La Chanson de Roland ».


Pour ceux qui veulent avoir un avant-goût de cette épopée savoureuse et captivante, se reporter à Turcs, Kurdes, fidawis et sheikhs dans le Roman de Baïbars.

radio : André Miquel, Iran, Platon,

Du lundi 2 février au vendredi 6 février à 20h00 sur France Culture : André Miquel ; A Voix nue, Abdelwahab Meddeb.
Jeudi 5 février à 11h00 sur France Culture : L'Iran. La Société des Nations, Madelaine Mukamabano.
Vendredi 6 février à 7h00, Journée spécial Iran sur France Culture :
- 7h00: Les Matins de France Culture, Ali Badou.
- 9h00 : La Fabrique de l'Histoire, Emmanuel Laurentin.
Avertissement aux futurs (ou déjà) lecteurs sourcilleux et indignés d'avance : André Miquel est un très grand arabisant et donc ne parlera probablement PAS des Kurdes (encore un méprisant professionnel, sans doute..).
Les émissions sur l'Iran sont données à titre indicatif et si on ne parle PAS des Kurdes, les réclamations seront à faire directement aux responsables des émissions sur le site de la Radio.
Aux fans de ma'refat, de soufisme, ou d'ismaélisme : Il y a aussi une Relecture de Platon le samedi 31 à 23h chez Les Vivants et les dieux, toujours sur France Culture mais je préviens : au vu de l'intitulé, ils ne parleront PAS des musulmans (et là c'est moi qui râle, mais bon, c'est quand même à prendre).

mercredi, janvier 28, 2009

IRAN : LA REPRESSION CONTRE LES KURDES NE FAIBLIT PAS


Les pendaisons et les condamnations à mort de mineurs se poursuivent en Iran. Hamid Zarei a ainsi été exécuté à Sanandadj (Sine) pour un crime qu’il avait commis alors qu’ilétait âgé de 17 ans. Quant à Zeinab Djalalian, 27 ans, vivant à Maku, au Kurdistan d'Iran, elle a été condamnée à mort pour appartenance supposée à un parti politique. Selon la famille de Zeinab, les services de sécurité iraniens l'ont arrêtée à Kermanshan et transférée à la section de renseignements de l'Armée des gardiens de la Révolution, dans la même ville, il y a huit mois. Mise au secret, aucune information sur elle n'a été alors divulguée, ni aucune visite permise. Au cours d'un procès qui n'a duré que quelques minutes, la Cour révolutionnaire l'a accusée d'être une "ennemie de Dieu" (muharib), crime passible de la peine de mort, pour allégeance à un parti politique kurde (souvent le PJAk dans ces cas-là). L'accusée, qui a toujours nié les faits, a donc été condamnée à la peine capitale. Ces deux dernières années, 12 autres militants kurdes, accusés à tort ou à raison d'appartenance à des partis interdits, ont été condamnés à mort et attendent leur exécution. Par ailleurs, un autre activiste kurde, cette fois à Mahabad, est mort en détention, dans des conditions suspectes, quelques jours après son arrestation par les autorités. Hashim Ramazani, originaire d'un village de la région de Bokan, qui vivait à Mahabad, avait été arrêté pour des "raisons sécuritaires" et transféré dans un bureau des services secrets (Itlaat) d'Urmia. Quatre jours plus tard, sa famille a été convoquée par ce bureau afin qu'elle vienne reprendre le corps. Les autorités ont affirmé que Hashim s'était suicidé, mais ont refusé que le corps soit envoyé à Téhéran pour subir une autopsie. Ils ont aussi obligé sa famille à signer une promesse de garder le secret sur toute cette affaire. Même son enterrement s'est fait de nuit, en présence de policiers en civil, à Mahabad. Un autre militant kurde, Jebraïl Khosravi, a été condamné à 20 ans de prison par le tribunal de Sanandadj pour appartenance à un parti politique illégal, sans autre précision. Quant à Kamal Sharifi, militant politique et journaliste à Saqiz, il a été condamné à 30 ans de prison pour appartenance à une organisation kurde dissidente. Il animait aussi un site Internet qui couvrait l’actualité des Kurdes en Iran. Le 18 janvier, deux étudiants, Rahim Mohammadi et Mohamamd Sadeghi, ainsi qu’un autre jeune de 18 ans, ont été arrêté à Ravansar (province de Kermanshah) et leurs proches sont depuis sans nouvelles. On ignore ce qui leur est reproché. A Mahabad, un autre étudiant kurde, Amir Masbah Ghazi a été arrêté à la fin de l’année 2008 par les forces de sécurité et est toujours emprisonné au centre de détention des services secrets d’Ourmia. Etudiant à l’université privée de Mahabad, il est connu pour ses activités de militant social et d’intellectuel. Il est aussi membre de l’association littéraire de Mahabad, dont les activités ne concernent que la culture kurde et la littérature. Amir Masbah Ghazi avait déjà été arrêté et inquiété par les autorités iraniennes trois ans auparavant. Enfin, un étudiant de Hamadan a été condamné à 6 mois de prison par la Troisième Chambre du Tribunal révolutionnaire de la ville. Il était accusé d’avoir insulté le régime en place et d’avoir fondé plusieurs associations illégales.

Les exactions des autorités peuvent parfois concerner tout un village. Ainsi, les habitants du village azéri-kurde de Khorkhora, dans le district de Salmas, ont porté plainte collectivement contre l’Armée des gardiens de la Révolution (Pasdaran) pour tortures et actes de violence. Le 17 janvier, à huit heures du matin, des officiers du Pasdaran ont en effet attaqué le domicile de Sayyid Taher Mohamamdi, 38 ans, et l’ont arrêté après l’avoir sévèrement battu. Il a été emmené dans un lieu inconnu et depuis l’on est sans nouvelle de lui. La semaine précédente, 6 autres résidents du village, dont les âges s’échelonnent entre 47 et 24 ans, ont été arrêtés de la même façon. Toujours détenus par les Pasdaran, ils ne sont pas autorisés à recevoir des visites. Selon les habitants de Khorkhora, ce n’est pas la première fois qu’ils ont à subir les attaques de Pasdaran. En juin 2008, les Gardiens de la Révolution avaient mené un raid identique et arrêté les deux fils d’un conseiller municipal. Vali Hamidi a rapporté avoir été battu et torturé avant de pouvoir s’échapper et de se cacher dans le village. En représailles, les Pasdaran s’en sont pris à d’autres foyers dont ils ont menacés et frappés les habitants. Finalement, ils emmenèrent le père de Vali Hamidi avec son autre fils Amir. Vali Hamidi vit toujours dans la clandestinité. Malgré la plainte déposée par les villageois, les autorités ont refusé de réagir, en niant que les Pasdaran soient derrière ces actions.

Enfin le journal Rojhelat, qui paraissait toutes les deux semaines à Sanandadj, en kurde et en persan, a ainsi vu confirmer en appel son interdiction, prononcée en novembre 2008. Dirigé par Mohammad Ali Tofighi, le journal prônait des opinions réformatrices et une approche pacifiste de la question kurde dans le pays. Selon son directeur, « les officiels iraniens continuent de faire taire de force la presse, au lieu de privilégier le dialogue et la négociation et cette approche politique ne pourra amener rien d’autre que la propagation de la violence. » Un autre journaliste kurde, Mohammad Sadegh Kabodvand, qui purge actuellement une peine de 10 ans de prison, a été récompensé par Human Rights Watch du prix Hellman/Hammett, destiné aux écrivains emprisonnés pour leurs opinions, leur opposition aux régimes en place ou pour s’être exprimés sur des questions interdites. Un prix spécial « d’urgence » est aussi décerné aux auteurs qui ont été obligés de s’enfuir pour leur sûreté et nécessitent un traitement médical rapide, en raison des tortures ou violences qu’ils ont subis alors qu’ils sont en prison. C’est le cas de Mohammad Sadegh Kabovand, dont l’état de santé nécessite une prise médicale urgente, comme l’indique Sarah Leah Witson, du département Moyen-Orient et Afrique du nord de HRW. « Son expérience est le témoignage douloureux de la situation difficile que connaissent aujourd’hui les journalistes, les dissidents ou les opposants pacifiques de toutes sortes » M. Kaboudvand est un éminent défenseur des droits de l’homme en Iran, en plus d’être journaliste. Il a fondé en 2005 un mouvement pour défendre les droits des Kurdes dans son pays, l’Organisation pour les droits de l’homme au Kurdistan (HROK). Ce groupe comprend 200 reporters locaux dans toute la région du Kurdistan, qui se llivrent à des enquêtes et des témoignages quotidiens sur les événements quis ‘y déroulent. Ces articles et nouvelles étaient publiées dans le journal Payam-e Mardom (Message du Peuple) à présent interdit, dont M. Kaboudvand était le directeur et le rédacteur. Par le biais de ses activités militantes et journalistiques, Mohamamd Sadigh Kaboudvand a souhaité promouvoir un réseau qui, dans la société civile, aiderait la jeunsse kurde et les militants. Il est l’auteur de trois livres, Nimeh-ye Digar ou L’autre moitié, qui traite des droits des femmes, Barzakh-e Democrasy ou Le Combat pour la démocratie et Jonbesh-e Ejtemaii, Les Mouvements sociaux. Les services iraniens ont arrêté M. Kaboudvand le 1er juillet 2007 et ont perquisitionné son domicile. Il a été emmené à la prison 209 d’Evin, contrôlée par les services secrets et destinée aux prisonniers politiques. Sans qu’aucune accusation ait été portée officiellement contre lui, le journaliste est resté six mois en isolement. Il a été condamné en mai 2008 par le Tribunal révolutionnaire à 10 ans de prison pour « agissement contre la sécurité nationale en fondant l’Organisation des droits de l’homme du Kurdistan, et propagande contre le système en diffusant des informations, en s’opposant aux lois islamiques, notamment les lapidations et les exécutions publiques, et en s’exprimant au nom des prisonniers politiques. » En octobre 2008, la 54ème Chambre de la Cour d’appel de Téhéran a confirmé la sentence. Le 17 décembre dernier, M. Kabodvand a subi une attaque cardiaque, selon ses avocats. Il souffre également de tension artérielle, d’infection rénale et de problèmes à la prostate. Mais les autorités refusent de le faire sortir du centre de soins de sa prison afin qu’il soit vu par des spécialistes. Human Rights Watch appelle donc le gouvernement iranien à permettre au détenu de suivre un traitement médical approprié et de mettre fin à son isolement carcéral.

mardi, janvier 27, 2009

SYRIE : ARRESTATIONS D’INTELLECTUELS ET MORTS SUSPECTES DE CONSCRITS KURDES


Plusieurs arrestations et actes d’intimidation ont eu lieu contre les Kurdes de Syrie, principalement dirigé contre des intellectuels ou des militants politiques. Ainsi le 6 janvier, Mustafa Juma, président adjoint du parti Azadî a été arrêté et jugé par les services secrets syriens d’Alep. Selon son parti, il a été transféré d’Alep à Damas et est toujours détenu par les Renseignements militaires. Âgé de 62 ans, Mustafa Juma, né à Koban, est père de 12 enfants. La section « Palestinienne » des services qui le détiennent ont une sinistre réputation en Syrie, et les conditions de détention et les tortures aux prisonniers sont jugées comme les plus sévères.

Par ailleurs un autre parti kurde, Yekitî (Union), a dénoncé un certain nombre de « suicides » suspects concernant des jeunes Kurdes effectuant leur service militaire. Ainsi le 19 janvier dernier, Berkhwedan Xalid Hemmo, de la ville de Kobani est mort alors qu'il effectuait son service militaire à Hassaké. Le 13 janvier 2009, la famille de Mohammad Bakkar Sheikh Daada a été avertie par les autorités que leur fils, qui effectuait aussi son service, s'était suicidé, ce que dénient formellement les proches du jeune homme, qui font état de sa forte personnalité et soulignent qu'avant avoir rejoint les drapeaux, il avait été arrêté, six mois auparavant, en raison de ses activités militantes pour la cause kurde. Le 27 décembre 2008, Ibrahim Rouf'att Charwish, d'Afrin est mort à Damas, toujours durant son service militaire. Là encore, la famille a été informée du "suicide" de leur fils. Le 21 décembre 2008, Siwar Tammo, de la ville de Durbassia est mort "dans les mêmes circonstances", à Alep. Yekitî affirme que d'autres cas existent et que les jeunes Kurdes devant faire leur service, commencent à s'inquiéter. Aussi le parti appelle les pays de l'Union Européenne et les USA à une enquête, ainsi que les ONG comme Human Rights Watch et Amnesty International à continuer de défendre les droits de l'homme en Syrie.

A côté de ces "suicides" réels ou supposés, les arrestations arbitraires se poursuivent. Le 18 janvier, Imran al-Saïd a été une fois de plus arrêté pour sa participation au Mouvement pour l'avenir kurde en Syrie, puis relâché. La même mésaventure lui était arrivée en août dernier, et il venait tout juste d'être libéré le 24 décembre. Il a été condamné le 18 janvier à un an et demi de prison pour activité au sein "d'une organisation secrète". Le 3 janvier, Saado Rachid Ali, né en 1973 et originaire d'Afrin a été arrêté à Qamishlo par les services secrets et n'a pas encore été jugé. Le 17 janvier 2009, Fawaz Kano, né en 1966, qui travaille pour une ONG internationale (Faw) a été arrêté avec Zaki Ismael Khalil, né en 1977, qui travaille au laboratoire de l'hôpital de Hassaké, par la police secrète. Ils enseignaient « illégalement » la langue kurde en Syrie. De façon générale, Yekitî pense que les récentes attaques d'Israël contre Gaza vont contribuer à empirer les persécutions des Kurdes en Syrie. De fait, depuis 1967, les nationalistes arabes du Baath (et des autres mouvements) ont toujours stigmatisé les Kurdes militants, qu'ils soient de Syrie ou d'Irak, comme des "alliés d"Israël (hormis le PKK qui a longtemps bénéficié du soutien de Damas), visant à s'attaquer et à diviser la "nation arabe" pour le compte des « sionistes et des USA ».

lundi, janvier 26, 2009

ELECTIONS IRAKIENNES : PEU DE CHANGEMENTS DEPUIS 2005


Les élections provinciales en Irak, le mois dernier, se sont déroulées sans grande surprise puisque l'on avait pris soin d'écarter d'emblée du calendrier la province source du principal conflit arabo-kurde, à savoir Kirkouk. Hormis cela, peu de changements par rapport aux élections législatives de 2005, sauf la fin du boycott des partis sunnites, qui leur a permis de reprendre le contrôle des provinces où ils sont majoritaires, comme Anbar ou la Diyala, sans pouvoir, bien sûr, en raison de leur infériorité numérique, l’emporter sur les partis chiites.

Parmi ces derniers, le parti du Premier ministre actuel, Nouri Al-Maliki crée une certaine surprise en s’imposant de façon significative dans les régions où ses coreligionnaires sont majoritaires. C’est pourquoi de nombreux journaux ont présenté ce scrutin comme un triomphe du Premier ministre dans tout l'Irak. Cependant, si l'on regarde le détail des résultats, non province par province - celles-ci ayant été découpées et recousues par Saddam de façon à fragmenter les particularismes locaux - mais zone ethnique par zone ethnique ou confessionnelle, on voit que depuis 2005, rien n'a changé dans les choix politiques des régions. Les chiites et les sunnites votent pour leurs propres partis, et les Kurdes et les chrétiens votent, comme la dernière fois, pour une liste commune à Mossoul, où l’on enregistre même un net déclin du Parti démocratique assyrien, qui ne parvient pas à remporter un seul siège. La victoire incontestable de Maliki, alors qu'il est très attaqué pour ses velléités de pouvoir personnel par toute la classe politique irakienne, tient peut-être, comme disent certains, à ce que disposant des services de l'Etat et de l'appareil du pouvoir, il a pu faire campagne plus aisément. Mais son image de « vengeur des chiites ayant fait perdre Saddam Hussein », sa réputation d’indépendance par rapport aux listes religieuses et aux milices pro-iraniennes, ainsi que sa posture « d'Irakien national unificateur de l'Etat » (surtout en s’opposant au gouvernement kurde) a pu jouer également auprès des Arabes nationalistes très hostiles à une autonomie kurde. Sa liste, avec environ 20% des suffrages en moyenne est arrivée en tête dans 10 des 14 provinces votantes, sachant que les seules provinces potentiellement contestataires de la suprématie chiite au sein de l’Irak arabe sont les provinces sunnites, qui comprennent dans leur zones des districts arabes sunnites et qulques districts kurdes (Khanaqin, Makhmur) ou mixtes kurdes, shabaks, chrétiens et yézidis dans le cas de Ninive, Sinjar, Sheikhan. Ni Kirkouk ni la Région du Kurdistan ne participaient à ces élections.

Ainsi, dans les provinces à majorité arabe sunnite, comme la Diyala ou Ninive-Mossoul, si l'on regarde la totalité des votes par province, les sunnites l'emportent, car Saddam avait découpé ces régions de telle sorte que les Kurdes et les chrétiens soient disséminés et répartis entre des districts majoritairement arabes. Mais si l’on se reporte aux seuls résultats des districts à population kurde de la Diyala comme Khanaqin, on voit qu’ils ont voté pour l'Alliance kurde à près de 97%.

A Mossoul, les Arabes sunnites nationalistes l'emportent sur la rive droite, tandis que sur la rive gauche et au nord, la coalition kurdo-chrétienne fait front, évinçant certains groupes assyriens hostiles au Gouvernement d’Erbil. Les élections à Kirkouk devraient être organisées au cours de l'année 2009 mais l'application de leurs résultats n'est pas garantie du tout, car des mouvements arabes et turkmènes réclament avant le scrutin que les sièges du gouvernorat soient répartis entre les trois communautés à égalité, ce qui d'emblée, prive de sens toute élection. Cette immuabilité des votes depuis 2005 laisse augurer que les prochaines élections de Kirkouk donneraient, comme il y a 4 ans, la victoire aux Kurdes, chaque faction ethnique ou religieuse campant sur ses positions dès le début. Signe peut-être d'un début de règlement du conflit, le gouvernement irakien vient d'annoncer la tenue d'un futur recensement de la population dans tout le pays. Le recensement étant l'étape préliminaire indispensable à la tenue d'un référendum dans les régions kurdes ayant vocation à être rattachées au GRK, la première partie du processus prévu par l'article 140 serait donc remplie. Cela dit, comme le recensement concerne aussi la répartition, par le gouvernement fédéral, des revenus des ressources naturelles du pays par province en fonction de leur démographie, il ne pouvait plus être retardé indéfiniment, même à Kirkouk.

En attendant, le Gouvernement régional du Kurdistan prépare lui aussi une loi électorale pour la tenue de ses élections, législatives le 19 mai, et régionales vers la fin de l'année. Des dispositions réservant des sièges aux minorités chrétienne et turkmène ont été votées et pourraient être revues à la hausse, si le rattachement des districts revendiqués amène un nouvel afflux de chrétiens et de Turkmènes dans la Région. Il a donc été décidé que, pour le moment, 10 sièges leur seraient alloués d'office au Parlement mais que ce nombre serait revu à la hausse si les populations chrétiennes et turkmènes augmentaient. Les leaders turkmènes vivant dans la Région kurde se sont déclarés satisfaits des 5 sièges promis, même les représentants du Front turkmène, parti pourtant soutenu par Ankara et opposant virulent du retour de Kirkouk dans la Région kurde. Aussi, ces appréciations n’ont pas été du goût des dirigeants du Front turkmène basés à Kirkouk, qui ont qualifié leurs propos de « points de vue personnels ». Un autre élément pourrait changer la donne des élections au Kurdistan, traditionnellement dominées par la suprématie des deux grands partis : la crise interne qui frappe l'UPK, après la démission de 4 membres éminents du Bureau politique, qui protestent contre le « manque de démocratie et de transparence » à l’intérieur de leur parti. Les remous internes et le remplacement de certains membres UPK du gouvernement pourraient pénaliser ce parti aux prochaines élections. De plus, Nashirwan Mustafa, ancien haut dirigeant de l’UPK, qui a démissionné depuis 3 ans, pourrait présenter sa propre liste, ce qui viendrait donc concurrencer celle de l’UPK et pourrait attirer un vote « protestataire » des électeurs traditionnels de l’UPK qui ne souhaiteraient pas, pour autant, reporter leurs voix sur le Parti démocratique du Kurdistan (PDK) de Massoud Barzani. Enfin, le parlement d’Erbil a prévu un quota féminin obligatoire dans ses rangs, qui tournerait autour de 30% de sièges réservées aux femmes. Dans le même temps, pour signifier que la période 1992-2003, qui avait vu une « autonomie de facto » de la Région est bien terminée, le nom officiel de l’assemblé kurde n’est plus « Conseil national » mais Parlement du Kurdistan d'Irak.

Syrie : meurtres ou suicides en série parmi les conscrits kurdes ? Yeketî accuse


Le parti kurde de Syrie Yekitî, a, via sa branche anglaise, alerté sur un certain nombre de "suicides" parmi les conscrits kurdes qui, selon ce mouvement, n'ont en fait rien de volontaires candidats à la mort.

Ainsi le 19 janvier dernier, Berkhwedan Xalid Hemmo, de la ville de Kobani est mort alors qu'il effectuait son service militaire à Hassaké.

Le 13 janvier 2009, la famille de Mohammad Bakkar Sheikh Daada a été avertie par les autorités que leur fils, qui effectuait aussi son service, s'était suicide, ce que dénient formellement les proches du jeune homme, qui font état de sa forte personnalité et soulignent qu'avant avoir rejoint les drapeaux, il avait été arrêté, six mois auparavant, en raison de ses activités militantes pour la cause kurde.

Le 27 décembre 2008, Ibrahim Rouf'att Charwish, d'Afrin est mort à Damas, toujours durant son service militaire. Là encore, la famille a été informée du "suicide" de leur fils. Le 21 décembre 2008, Siwar Tammo, de la ville de Durbassia est mort "dans les mêmes circonstances", à Alep.

Yekitî affirme que d'autres cas existent et que les jeunes Kurdes devant faire leur service, commencent à s'inquiéter. Aussi le parti appelle les pays de l'UE, les USA à une enquête, ainsi que les ONG comme Human Rights Watch et Amnesty International à continuer de défendre les droits de l'homme en Syrie.

A côté de ces "suicides" réels ou supposés, les arrestations arbitraires se poursuivent. Le 18 janvier, Imran al-Saïd a été une fois de plus arrêté pour sa participation au Mouvemement pour l'avenir kurde en Syrie, puis relâché. La même mésaventure lui était arrivée en août dernier, et il venait tout juste d'être libéré le 24 décembre. Il a été condamné le 18 janvier à un an et demi de prison pour activité au sein "d'une organisation secrète".

Le 17 janvier 2009, Fawaz Kano, né en 1966, qui travaille pour une ONG itnernational (Faw) a été arrêté avec Zaki Ismael Khalil (depuis relâché), né en 1977, qui travaille au laboratoire de l'hôpital de Hassaké, par la police secrète. Ils exerçaient l'activité au combien illégale d'enseigner cladestinement la langue kurde en Syrie.

Le 16 janvier 2009, Kadar Mahmoud Saadoh a été arrêté à Qamishli par les services secrets ; le 13 du même mois, c'est Darwish Qalib Darwish, né en 1945, qui a été arrêté à Qamislo (depuis relâché mais en attente de jugement comme nous l'avons vu). Le 11 janvier, Nasser Daqori, né en 1962 a été arrêté par les forces de sécurité à Amude. Le 10, Mustafa Juma, âgé de 62 ans, secrétaire adjoint du parti kurde Azadî a été arrêté par la sécurité militaire à Damas. Le 3 janvier, Saado Rachid Ali, ne en 1973 et originaire d'Afrin a été arrêté à Qamishlo par les services secrets et n'a pas encore été jugé.

Le 31 October 2008, Salah Saïd Yunis, un militant kurde a été arrêté par les services à Amude, ainsi que le 26 octobre deux militants kurdes, Mohammed Saïd Hossein al-Omar et Sadoon Mahmoud Shekho, membres du parti Azadî, par la sécurité militaire dans les villes de Romelan and Raas al-Ein. Le 12 octobre 2008, Salah Khalil Ahmad, né en1970, d'Afrin, Mohammed Seyf al-Din Khudo, Nadir Nawaf de Durbassia ont été arrêté, et sont encore détenus, sans avoir été interrogés et jugés.

Le 17 mai 2008, le militant Latifa Mohammed Morad a été arrêté à Turba Spier et est détenu sans jugement. Le 22 avril 2008, Mohammad Rasho, Bakara Haaj Muslim, Nûri Ismael Khodder et Saima Ismaïl Kodda ont été arrêtés à Afrin et sont détenus sans avoir été jugés, de même Zena Horro le 3 avril.

Enfin, le 16 mars 2007, Rachad Behnav, a été arrêté par la police politique à Afrin et est toujours emprisonné, sans avoir été jugé.

De façon général, Yekitî pense que les récentes attaques d'Israël contre Gaza vont contribuer à empirer les persécutions des Kurdes en Syrie. De fait, depuis 1967, les nationalistes arabes du Baath (et des autres mouvements) ont toujours stigmatisé les Kurdes militants, qu'ils soient de Syrie ou d'Irak, comme des "alliés d"Israël (hormis le PKK), visant à s'attaquer et à diviser la "nation arabe" pour le compte des sionistes, des USA, etc.

vendredi, janvier 23, 2009

Radio

Oublié de le signaler mais écoutable en ligne et podcastable, l'excellente intervention de Gérard Chaliand sur Culture d'islam, où, en partant de T.E. Lawrence d'Arabie, on déroule toute l'histoire des forces politiques et des échecs contemporains du Moyen-Orient, le "ressentiment arabe", la perte de temps que l'islamisme et ses impasses vont causer à l'Islam (à comparer avec l'émergence actuelle de la Chine et de l'Inde), en passant par la bataille de Qadesh sur l'Oronte (Egyptiens vs Hittites), les trois califats médiévaux, Ibn Khaldoun, les Kurdes, l'Irak, la Russie, l'Asie centrale, la récente crise géorgienne, etc.

Et on conclut en revenant aux Kurdes, qui sont un peu les chouchous de Gérard Chaliand, avec un bon conseil adressé au GRK...

mercredi, janvier 21, 2009

Yves Ternon : "L'impossible sauvetage des arméniens de Mardin"

Le tissu social: kurdes et chrétiens

"Le vilayet de Diyarbékir est une mosaïque de chrétientés orientales, des communautés issues d'un double morcellement. Le premier est opéré par les hérésies du V° siècle : nestoriens ; puis jacobites - ou syriens orthodoxes - et arméniens apostoliques. Le second est dû à l'activité des missions catholiques : elles dédoublent chaque identité : chaldéens, syriens catholiques, arméniens catholiques. L'union avec Rome rapproche ces trois groupes de convertis, en même temps qu'elle oppose chacun à sa communauté demeurée schismatique. Les tensions sont particulièrement vives entre syriens catholiques et jacobites et entre arméniens catholiques et apostoliques. Dans le sandjak de Mardin, travaillé par les missions de Mossoul, tous les arméniens sont catholiques. A l'Est de Mardin, le plateau du Tur Abdin est le centre de la communauté jacobite dont le patriarcat siège au monastère de Deir al-Zaafaran. Dans la ville de Mardin, les deux bourgeoisies arménienne et syrienne catholique tiennent le commerce et les professions libérales. Entre familles de même statut social, les mariages mixtes sont fréquents.

On peut se fier aux statistiques pour estimer le rapport numérique entre chrétiens et musulmans dans le sandjak de Mardin. Les chrétiens représentent plus des deux cinquièmes d'une population d'environ 200 000 habitants, et pour la ville de Mardin (environ 25 000 habitants), près de la moitié. Sur le plateau du Tur Abdin, la moitié des 45 000 habitants sont kurdes, l'autre moitié jacobite. A la fin du XIX° siècle, les kurdes se déchaînent contre les chrétiens. En 1895 et 1896, lors des massacres arméniens, les tribus kurdes ravagent les villages et les bourgs du sandjak. Enlèvements et conversions forcées à l'islam sont les compléments habituels de ces massacres. Pour un chrétien, l'apostasie est le seul moyen de sauver sa vie et celle de sa famille. Par contre, à Mardin, kurdes et chrétiens sont solidaires et s'allient pour repousser l'attaque des tribus kurdes."

Le génocide des arméniens de Mardin et les rares possibilité de sauvetage

"Même si l'on ne peut donner de chiffres précis, on estime à 95% les arméniens du vilayet de Diyarbékir assassinés - 3000 survivants sur 72 500. 90% des chaldéens, les deux tiers des jacobites, près des deux tiers des syriens catholiques ont été tués dans ce vilayet. Les survivants chaldéens et syriens catholiques se trouvent presque tous dans le sandjak de Mardin. Les arméniens de ce département n'ont pu être sauvés. On ne peut cependant retenir le chiffre des disparus donné par le père Rhétoré : 10 200 sur 10 500 pour le sandjak, ce qui limite à 300le nombre des arméniens survivants. En effet, les différents récits de sauvetage d'arméniens permettent d'estimer un chiffre plus élevé de rescapés, même s'il est difficile de connaître d'où vient chacun d'eux. Sans retenir de données chiffrées, on peut considérer qu'aucun arménien présent à Mardin lorsque commencent les arrestations n'échappe aux rafles. En effet, comme dans tout l'Empire ottoman, chaque citoyen est identifié par l'administration comme par ses voisins : musulman ou chrétien ; kurde ou arménien, etc.

A un premier niveau, les amitiés entre notables ont rarement tenu. L'analyse des relations complexes entre kurdes et chrétiens de Mardin montre qu'un même individu, prêt à aider son voisin dans le malheur peut, soumis à une pression ou à une menace, ou même sans raison, tuer celui qu'il protégeait. On relève cependant l'intervention efficace de notables de la famille kurde Tchelebi. Le maire de Mardin, Hildir Tchelebi, défend les employés chrétiens de sa mairie et protège Mgr Tappouni. Abdelkader Tchelebi protège la famille arménienne Hantcho et permet à plusieurs de ses membres de gagner Alep. De même, Saïd effendi, directeur de la banque, informe ses amis chrétiens de l'imminence des arrestations et les aide à se rendre à Alep. En mai 1915, le mutesarif (préfet), Hilmi bey, s'est opposé à l'ordre de Rechid d'emprisonner les notables arméniens de Mardin. Il est rapidement destitué et Rechid envoie le comité d'exécution organiser leur suppression. Le délai aura permis à quelques arméniens de quitter la ville.

Par contre, lorsque les arrestations commencent, le 4 juin, le filet se resserre sur les arméniens. Des chaldéens sont également arrêtés. Les syriens catholiques n'ont aucun moyen de les aider et assistent impuissants au départ des convois vers la mort. Quand aux jacobites, ils ne conçoivent même pas de sauver d'autres chrétiens. Les convois d'hommes sont liquidés près de Mardin. Les convois de femmes et d'enfants vont souvent plus loin, mais ils sont, en majorité, détruits par des tribus kurdes après que les femmes et les jeunes filles eurent été violées, puis tuées ou enlevées avec les enfants. C'est à ce moment, après massacres et enlèvements, que des aides désintéressées ont été parfois apportées à quelques arméniens et leur ont permis de survivre. Les cas sont rares, les acteurs différents, et les récits, recueillis en particulier par les trois missionnaires réfugiés à l'évêché syrien catholique de Mardin ou par un prêtre de cet évêché, le père Armalé, sont crédibles, mais à peine croyables. C'est le cas des "échappés des citernes". Les assassins jetaient les corps de leurs victimes dans des citernes vives, nombreuses dans la région. Quelques personnes n'étaient pas blessées mortellement ou s'étaient jetées dans un puits avant qu'on ne lesfrappe. Mais elles ne pouvaient en sortir seules. Il arrive qu'un musulman ou un chrétien de passage entende leur appel, lance une corde pour mermettre à un de ces survivants de s'extraire du tas de cadavres et l'aide à revenir à Mardin s'abriter clandestinement dans une famille syrienne catholique. De même, quelques arméniens - des enfants surtout - parviennent à s'échapper des villages kurdes où ils sont retenus et se cacher à Mardin."

"Les tribus kurdes participent massivement au génocide. Cependant, quelques chefs de village accueillent des réfugiés, en majorité jacobites ou syriens catholiques. Ainsi, 30 habitants de Gulié sont reçus comme des hôtes par Khalil agha qui refusent de les livrer aux kurdes qui ont rasé le village et il les protège jusqu'à la fin de la guerre. L'imam de la tribu Hafir, Ali Batti, ami du chef jacobite du village de Bâsabrina, héberge les survivants de la famille de son ami jusqu'à la fin de la guerre. Dans plusieurs villages jacobites autour de Nisibe, les cheikhs refusent de participer au massacre et aident même les chrétiens à fuir au Sindjar. Ainsi, le cheikh Mohammed interdit à ses hommes de toucher aux chrétiens et refuse tout présent. Ces sauvetages, réalisés au prix d'odyssées tragiques, font exception. Les déportés le savent : pour échapper à la mort, il faut quitter la province de Diarbékir, fuir au Sud, atteindre le chemin de fer à Ras ul-Aïn et gagner Alep ; ou bien de Nisibe, à l'Est, atteindre Mossoul mais surtout parvenir au Sindjar."

Le havre du Sindjar

"Cultivateurs et éleveurs, les yézidis du Sindjar sont organisés en une cinquantaine de tribus, toutes de langue kurde, réparties selon une hiérarchie précise; A leur tête, le cheikh Hammo Chero, le maître du Sindjar, est l'artisan du sauvetage de plusieurs milliers de chrétiens, en majorité des arméniens. Sans tenir compte des risques qu'il prend, il les installe et les nourrit. Dès août 1914, des déserteurs chrétiens se réfugient au Sindjar pour fuir la conscription - effective dès cette date, alors que l'Empire n'entre dans le conflit qu'en novembre. Le flot des réfugiés qui parviennent à gagner le Sindjar ne s'interrompt pas. Dès juillet 1915, les réseaux d'évasion vers le Sindjar s'organisent à partir de Nisibe et de Ras ul-Aïn. Les passeurs sont des arabes ou des circassiens - en fait, plus probablement des tchétchènes, car les témoins confondent volontiers circassiens et tchétchènes. Ils font payer, mais, à de rares exceptions près, ils honorent leur contrat. Des circassiens, affirme un témoin chaldéen, viennent de Ras ul-Aïn à Mardin avec leurs bêtes de somme. La nuit, avec la complicité des gendarmes, ils convoient 400 à 500 arméniens vers le Sindjar, moyennant un versement de dix à vingt livres turques. Des arabes du Djabour participent également à ce sauvetage.

Hammo Chero réserve à ces réfugiés des maisons et des tentes, il leur fournit du travail et les nourrit. Il leur donne un emplacement en face de son village où ils construisent des cabanes, puis des maisons de brique. Ils ont même un lieu de prières. Dès l'été, ils travaillent dans les vergers et les vignes. Certains envoient des lettres à Mardin pour que les chrétiens restés là leur fassent parvenir des aiguilles, du sucre et de l'argent qu'ils vont alors échanger d'un village à l'autre contre de l'orge et des lentilles. Lorsque, en octobre 1915, éclate un épidémie de typhus, plusieurs cheikhs, dont celui de Marussa, contraignent les réfugiés à quitter leurs maisons. Hammo Chero propose d'isoler une partie du village et d'y regrouper les malades jusqu'à ce qu'ils guérissent. Lorsque le Sindjar est menacé de famine, les arméniens se rendent chez les arabes de la tribu taï pour se procurer des céréales. Au printemps 1917, après la prise de Bagdad par les Anglais, des arabes montent au Sindjar proposer aux chrétiens de les conduire à Bagdad, moyennant trois livres par personne. Trente Mardiniens les suivent. Ils envoient des messages à ceux qui sont rester au Sindjar pour les engager à venir. Mais la plupart hésitent à quitter leur refuge. Au cours de l'été 1917, certains se font employer par la direction du chemin de fer de Bagdad - dont la construction se poursuit au delà de Ras ul-Aïn - afin de gagner de l'argent et de l'envoyer à leur famille réfugiée dans la montagne. En mars 1918, un corps d'armée ottomane tente de détruire ce réduit rebelle. Le commandant exige que Hammo Chero lui remette ses armes et les chrétiens qu'il protège. Celui-ci convoque les cheikhs de la montagne, leur transmet l'ordre du commandant et leur propose de refuser. L'assemblée est partagée. Hammo Chero exige une décision unanime. Les cheikhs se retirent pour délibérer. Chero n'attend pas et, avec un petit groupe d'hommes, massacre un groupe de soldats ottomans. L'armée envahit alors la montagne et, en dépit des embuscades tendues par les yézidis, les soldats ottomans parviennent au village de Chero qu'ils pillent et incendient. Les chrétiens sont déjà partis et se sont réfugiés dans les sommets de la montagne ou ont gagné le Sud. Dès que le gros de l'armée s'est retiré, les yézidis harcèlent les soldats maintenus sur place et les désarment. Les turcs abandonnent alors le Sindjar. Les chrétiens regagnent les villages où ils demeurent jusqu'à la fin de la guerre. Ceux qui ont quitté la montagne parviennent chez les arabes taï qui les accueillent et les guident tant qu'ils peuvent payer.

Après la guerre, les rares survivants arméniens du sandjak de Mardin subissent les contraintes de l'administration turque. Après la proclamation de la république de Turquie en 1923, ils sont regroupés à Mardin. Les autorités les dépouillent de leurs derniers biens en leur réclamant des arrirés d'impôts et en leur faisant payer un passeport auprix fort. De 1928 à 1930, ils sont expulsés en Syrie. Sur leur passeport est appliqué la mention : "Sans retour possible"."


Yves Ternon, "L'impossible sauvetage des arméniens de Mardin", in La Résistance aux génocides. De la pluralité des actes de sauvetage ; dir. Jacques Sémelin, Claire Andrieu, Sarah Gensburger.

Syrie : arrestation d'un linguiste kurde

(photo : PenKurd)

Selon le Pen-Kurd, un de leur collaborateurs,
Derwesh Xalib a été arrêté à son domicile de Qamishlo le 13 janvier dernier et est toujours en détention. Les forces de sécurité syriennes ont également perquisitionné sa demeure le 15 janvier et ont confisqué tous ses livres, ses écrits et ses transcriptions.

Derwesh Xalib, âgé de 59 ans, est linguiste et ingénieur informatique. Père de 5 enfants, il s'est consacré à l'étude de la langue kurde. Il a donné nombre de cours de langue kurde ces dernières années, bien que le kurde soit interdit d'enseignement en Syrie, ce qui peut-être explique (légèrement) son arrestation, car il n'est affilié à aucun parti politique. Mais il a fondé la Commission d'apprentissage de la langue kurde, qui a aidé des centaines de jeunes Kurdes, garçons et filles, à apprendre leur langue en Syrie.

Mr Derwesh Xalib est membre du PEN Centre kurde depuis des années.

Autre arrestation, le 6 janvier dernier, Mustafa Cuma, adjoint du président du parti Azadî . Il a été transferré par les forces de sécurité syriennes à Damas. Cela porte porte à près de 150 Kurdes détenus en Syrie en tant que prisonniers d'opinion.
(Mise à jour : Derxwesh Xalib a été libéré mais doit prochainement comparaître devant la cour militaire d'Alep.)

Persécution des chrétiens à Mossoul : l'accusateur accusé



Rebondissement presque désopilant (si on lui ôte son aspect sanglant), le député arabe sunnite du Parlement de Bagdad, Osama Al-Nujiadi, avait été à l'origine de la campagne visant à accuser les Kurdes des assassinats et enlèvement de Chrétiens à Mossoul. Il avait bénéficié dans le relais de ces affirmations, d'une presse arabe assez hostile aux Kurdes et de quelques complicités au sein du Mouvement démocratique assyrien, par ailleurs en pleine déconfiture interne, dont certains éléments semblent plus proches de l'ancien Baath que du "nouvel Iraq fédéral". Nêçirvan Barzanî avait, quelques temps auparavant démontré que de tels agissements, qui auraient pour but de "purifier" Mossoul de ses éléments syriaques n'étaient pas du tout dans l'intérêt des Kurdes, puisque cela livrait la province à ses éléments nationalistesd arabes ou bien islamistes.

En tout cas les forces de sécurité de Mossoul qui enquêtaient sur la dernière vague d'exactions contre les chrétiens de la province, ont, selon la police du quartier de Hamdaniye, trouvé des éléments et indices faisant soupçonner fortement de proches parents du député arabe d'être mêlés à ces actions peu reluisantes, notamment les rapts de chrétiens contre rançon. Leur rapport a été rendu publique, notamment dans les media kurdes.

"Nous appelons l'Alliance kurde (le bloc parlementaire du GRK à Bagdad) de se pencher sérieusement sur cette question, puisque récemment al-Nujaifi a émis des accusations sans fondemant et que jusqu'ici personne ne l'a interrogé. Aussi, le Parlement irakien doit lever l'immunité parlementaire d'Al-Nujaifi, afin qu'il soit interrogé, puisque s'étant fait le porte-parole des annemis de l'Irak" a déclaré un responsable de l'UPK à Mossoul. "L'Article 7 de la constitution irakienne interdit à quiconque d'user d'un poste politique pour inciter au désordre et aux dissensions parmi le peuple irakien ; aussi, selon la constitution irakienne, une personnalité comme al-Nujaifi devrait être traduit, en justice.” (source PUKMedia).

Les responsables de l'UPK affirment que les preuves sont accablantes pour les proches parents du député, qui ont d'ailleurs reconnu publiquement, notamment sur les ondes télévisées, être impliquées dans des actes visant à créer des tensions ethniques, sectaires et religieuses dans la ville.



'Stupidity, however, is not necessarily a inherent trait.'
Albert Rosenfield.

mardi, janvier 20, 2009

Iran : une féministe kurde condamnée à mort


Zeinab Djalalian, 27 ans, vivant à Maku, au Kurdistan d'Iran, a été condamnée à mort pour appartenance supposée à un parti politique. C'est la troisième condamnation en Iran pour de tels faits, ces trois dernières semaines.

Selon la famille de Zeinab, les services de sécurité iraniens l'ont arrêtée à Kermanshan et transférée à la section de renseignements de l'Armée des gardiens de la Révolution, dans la même ville, il y a huit mois. Mise au secret, aucune information sur elle n'a été alors divulguée, ni aucune visite permise.

Au cours d'un procès qui n'a duré que quelques minutes, la Cour révolutionnaire l'a accusée d'être une "ennemie de Dieu" (muharib), crime qui encourt la peine de mort, pour allégeance à un parti politique kurde (souvent le PJAk dans ces cas-là). L'accusée, qui a toujours nié les faits, a donc été condamnée à la peine capitale.

Ces deux dernières années, 12 autres militants kurdes, accusés à tort ou à raison d'appartenance à des partis interdits, ont été condamnés à mort et attendent leur exécution :

1. Ramazan Ahmad
2. Farhad Chalesh
3. Shirko Ma‘arifi
4. Rostam kiya
5. Farzad Kamangar
6. Ali Haydarian
7. Farhad vaki
8. Hiwa Butimaer
9. Anvar Husain Panahi
10. Arsaln Avliya'
11. Habibulah Lutfi
12. Fasih Yasamani

Human Rights Watch a publié en juillet 2008 auparavant un rapport détaillé sur la répression des Kurdes en Iran, répression qui va grandissante, dans tous les secteurs de la vie, politique, associative, culturelle, syndicale et même religieuse puisque la majorité des Kurdes sont sunnites ou yarsan et que le soufisme, honni des chiites, y est très présent.

Un autre activiste kurde, cette fois à Mahabad, est mort en détention, dans des conditions suspectes, quelques jours après son arrestation par les autorités. Sa famille n'a pu récupérer que le corps.

La semaine dernière, Hashim Ramazani, originaire d'un village de la région de Bokan, qui vivait à Mahabad, a été arrêté pour des "raisons sécuritaires" et transféré dans un bureau des services secrets (Itlaat) d'Urmia. Quatre jours plus tard, sa famille a été convoquée par ce bureau afin qu'elle vienne reprendre le corps. Les autorités ont affirmé que Hashim s'était suicidé, mais ont refusé que le corps soit envoyé à Téhéran pour subir une autopsie. Ils ont aussi obligé sa famille à signer une promesse de garder le secret sur toute cette affaire. Même son enterrement s'est fait de nuit, en présence de policiers en civil, à Mahabad.

(Source www.vokradio.com : Voice of Kurdish-American Radio for Democracy, Peace and Freedom).

samedi, janvier 17, 2009

Mahmoud Othman : "L'administration Obama sera meilleure pour les Kurdes que l'administration Bush"

Au rebours de Massoud Barzani, Mahmoud Othman, député de l'Alliance kurde au Parlement irakien, et dont le franc-parler se fait souvent entendre dans la presse arabe et kurde, pointe, dans une interview, l'inefficacité des commissions sur lesquelles le président du GRK faisait reposer une possible conciliation irako-kurde :


Q: Quel est le coeur du conflit entre Bagdad and Hewlêr (Erbil)?
M. Othman : Les conflits sont : politique, juridique et administratif. (Les conflits) administratif et jurdiques viennent de ce que le systéme fédéral est nouveau en Irak. Ni le gouvernement irakien, ni nous-mêmes avons eu une expérience de ce système auparavant. Si bien que nous commettons des erreurs, des deux côtés. En ce qui concerne les aspects politiques, et aussi idéologiques, il y a deux autres problèmes qui viennent s'ajouter : le premier est que le gouvernement irakien ne croit pas au fédéralisme. Avez-vous jamais entendu Nouri Al-Maliki, le Premier Ministre, dire "Irak fédéral" ? Ce sont seulement les Kurdes qui utilisent ce terme. Maliki dit que la constitution doit être amendée, l'autorité du gouvernement central consolidée, l'autorité de la Région du Kurdistan réduite et que les forces des Peshmargas doivent se retirer de la ligne bleue (zones qui étaient sous le contrôle de la Région du Kurdistan avant le 19 mars 2003). Il dit que le Gouvernement régional du Kurdistan (GRK) n'est pas autorisé à signer des contrats pétroliers de son propre chef. Tous ces points indiquent un refus du fédéralisme : Cosntitutionnellement, le GRK a de telles prérogatives. Le second problème est qu'il y a une idéologie chauvine arabe qui pense que la constitution a été rédigée alors que le gouvernement irakien était faible et le pays instable, et que la Région du Kurdistan a obtenu de la sorte de tels acquis, mais que peu à peu, l'équilibre doit être rétabli en affaiblissant l'autorité de la Région et en consolidant le gouvernement central.

Q: Pensez-vous que Maliki a la même idéologie ?

M. Othman: Ce n'est pas l'un de (ses adeptes) mais c'est le chf de cette idéologie. Le parti Al-Dawa (le parti de Maliki) ne croit pas du tout au fédéralisme. Il existe une forme de chaivinisme dans ce parti. Je ne dirais pas qu'ils sont nombreux, mais à un certain degré, il y a des gens dans ce parti qui soutiennent l'arabisation. Maliki n'a pas soutenu la situation des Kurdes, mais l'a (seulement) acceptée parce qu'il avait d'autres problèmes, telles que le conflit entre chiites et sunnites et des questions sécuritaires. Maintenant que le gouvernement s'est débarrassé de ces problèmes, il rouvre le dossier kurde en disant que c'est une question politique et idéologique. Ce qui veut dire que notre différend avec le gouvernement de Bagdad est politique, juridique et administratif. Mais nous aussi, dans la Région du Kurdistan,a vons commis des fautes. Nous avons beaucoup de points faibles dans les domaines juridiques et de l'administration.

Q: Pouvez-vous donner des exemples ?

M. Othman : Par exemple, concernant la constitution, dont nous demandons l'application, les revenus des douanes doivent être sous le contrôle du gouvernement central. Aussi, pourquoi le GRK n'a rien envoyé à Bagdad depuis trois ou quatre ans… Si nous voulons que la constitution soit respectée, nous devons aussi la respecter. Il y a eu beaucoup de discussions au sujet des contrats pétroliers et au regard de la constitution, cela pose problème. Si bien que ce n'est pas seulement le gouvernement irakien, mais aussi les Kurdes qui ont commis des fautes. Les manquements des Kurdes sont liés à leur administration. Ceux de Bagdad sont idéologiques et politiques.

Q: Si Bagdad ne croit pas au fédéralisme, pourquoi continuer le dialogue avec le gouvernement central ?

M. Othman : Parce qu'ils ne reconnaissent pas ne pas croire au fédéralisme. Il voient cela comme une forme de décentralisation. De sorte que certains problèmes pourraient être résolus, d'autres restés en suspens, tandis que nous pourrions avoir besoin de faire des compromis pour le reste. Mais le problème est qu'il n'y a pas de négociations. Cela fait trois mois qu'il n'y a aucun pourparlers (entre Bagdad et Hewlêr). Il faudrait se parler constamment, mais ce n'est aps le cas. Le président du Kurdistan va à Bagdad, y reste une semaine, et rien n'est résolu. Il n'a pas besoin d'y être tout le temps, mais une commission devrait être là-bas et négocier durant cinq ou six mois.

Q: Est-il possible que les Kurdes essaient un vote de défiance (au Parlement) contre Maliki, ou bien est-ce que Maliki en est venu à conclure que les Kurdes n'ont pas de pouvoir?

M.Othman : Les Kurdes ont des alliés : le Conseil suprême islamique irakien est encore plus mécontent de Maliki que nous, et le Parti islamique irakien est en désaccord avec lui. Si ces factions se rassemblent pour débattre de certains sujets, elles pourraient aboutir à quelque chose.

Q: Pourraient-elles s'entendre pour un vote de défiance envers Maliki ?

M. Othman : Jusqu'à maintenant, nous n'avons pas atteint un tel point, mais cela dépend du comportement du gouvernement. Si les conflits sont résolus, le mécontentement n'atteindra pas un tel degré ; dans le cas contraire, cela serait possible.

Q: Maliki a prévu une visite à Hewlêr. Selon vous, cette visite a-t-elle pour but de rechercher le soutien des Kurdes ou bien veut-il résoudre réellement les problèmes ?

M. Othman : Pour moi, cette visite a ce double but. Il cherche à maintenir des relations avec les Kurdes, de sorte qu'ils ne tentent pas de le renverser. Dans le même temps, il veut résoudre les problèmes, dans la mesure où ils seront résolus comme il le souhaite. Cependant, il y a deux éléments majeurs : la première est la constitution et la seconde le consensus. L'Irak a été rebâti sur le principe du consensus. Sans consensus, le président irakien n'aurait pas été un Kurde. Les décisions doivent être prises à l'unanimité et en accord avec la constitution. Mais dans la constitution elle-même, des paragraphes sont interprétés différemment, ce qui provoque des désaccords. Mais il y a la haute Cour, on peut s'y rendre et demander un éclaircissement de ces paragraphes. Tous les problèmes ont leurs solutions. Mais il semble que le gouvernement ne soit pas pressé de les résoudre car il pense qu'avec le temps l'équilibre des forces se fera en sa faveur. Le gouvernement irakien pense que le pacte de sécurité avec les USA rnforcera son pouvoir, que l'Iran et la Turkey aideront l'Irak et que peu à peu les Kurdes seront affaiblis. Nous devons hâter le processus car le temps ne joue pas en notre faveur. J'ai le sentiment que l'Irak traîne pour résoudre les problèmes, et que les Kurdes n'y prêtent pas attention, ou l'ignorent. J'ai rencontré le président du Kurdistan, il est impatient, mais rien ne semble se faire. Il st nécessaire d'entamer un dialogue, mais il n'est pas nécessaire que Maliki vienne ici ou que le président du Kurdistan aille à Bagdad. Une délégation peut se rendre à Bagdad, rencontrer Maliki et négocier avec lui cinq mois durant pour enfin trouver une solution.

Q: Certains pensent que les Premiers Ministres de l'Irak de l'Après-Saddam ne sont aps différents dans leur gestion des requêtes du peuple kurde. Comment évaluez-vous ces Premiers Ministres ?

M. Othman : Le Dr. Ayad Allawi a été le meilleur de tous car il connaissait les Kurdes , il avait été avec eux dans l'opposition, et était proches d'eux. C'est un homme à l'esprit ouvert, qui croit au fédéralisme, mais cette idéologie n'est pas dominante dans son groupe. Je ne sais ce qui résultera avec Maliki, mais il est mieux que Jafari (l'ancien Premier Minsitre Ibrahim Jafari). Jafari était très religieux et n'avait pas de bonnes relations avec les Kurdes.

Q : Le Dr. Ibrahim Jafari dit que Talabani, le président irakien, a pris sa revanche sur lui en proposant que la présidence revienne aux sunnites. Pensez-vous que les Kurdes peuvent gagner les futures élections ?
M. Othman : Cela dépend des accords. Les Arabes sunnites sont prêts à prendre ce poste, mais ils ne sont pas unanimes entre eux. Même maintenant, ils sont confrontés à plusieurs problèmes pour désigner un président du Parlement, afin de remplacer Mashhadni (f'ancien président du Parlement qui vient de démissionner). Mais pour les Kurdes la quesiton est simple puisque le président est Talabani et que nous sommes d'accord avec sa présidence qu'il reste à son poste.

Lecond point est que si nous savons ce qu'est ce consensus, nous nous en remettrons à lui. En vertu de ce consensus, le Premier Ministre doit venir du bloc de la majorité qui est celui de la
Coalition et qui a donc un de ces membres à ce poste. Si, aux futures élections, nous devenons le bloc majoritaire, nous serons habilités à prendre ce poste. Nous avons 58 sièges au Parlement. La Coalition en avait d'abord 138 mais est tombée par la suite à 82 sièges ; elle pourrait même tomber à 50 sièges, qui peut savoir ? Alors nous deviendrons le bloc majoritaire. Les pays arabes et islamiques souhaitent qu'un Arabe sunnite soit le président de l'Irak, mais ils sont satisfaits avec Talabani, car Talabani n'a jamais fait de discrimination entre Kurdes et Arabes et dans une certaine mesure, il a mieux réussi que les sunnites et les chiites.

Q: Robert Olson, un professeur américain, dit qu'après le retrait des forces américaines d'Irak, il existe une forte probabilité que le gouvernement irakien attaque la Région du Kurdistan. Envisagez-vous une telle possibilité ?

M. Othman
: Vous ne voyez pas que c'est ce qui se passe en vérité ? Le gouvernement vient de déployer ses tanks à Khanaqin. Cette ville est peuplées à 100% de Kurdes... J'ai fait plusieurs commentaires sur le Pacte de sécurité (U.S. - Irak). Je suis inquiet car cela renforce le gouvernement central et ce n'est pas dans l'intérêt de nos autorités (de la Région), et il ne contient rien à notre égard. Après beaucoup d'efforts les rédacteurs ont été obligés d'inserrer le mot fédéralisme dans le pacte : "Le gouvernement irakien protège le pluralisme, le fédéralisme, la démocratie et la constitution”.

La Turquie et l'Iran traitent avec le gouvernement central et non le Kurdistan. Ils ne veulent pas que les Kurdes soient forts, car ils voient cela comme une menace. Si un problème survient, sans garantie, tout est possible. Il est manifeste, et cela a été approuvé par le Parlement, que l'armée irakienne ne doit pas être utilisée pour résoudre une crise intérieure, mais beaucoup de points de la constitution ne sont pas appliqués. De sorte que nous avons besoin de garanties Therefore. On m'a rapporté que Crocker (Ryan Crocker, l'ambassadeur des USA en Irak) Crocker a dit que les chiites craignent le passé, les sunnites l'avenir, et que les Kurdes craignent le passé et le futur. Eh bien, s'ils sont conscients de cela, pourquoi ne nous protègent-ils pasde ces peurs ?

Q: Quels sont vos commentaires sur le pacte de sécurité entre Irak et USA ?

M. Othman: Il y a deux points en lui que je considère comme mauvais. L'un est que le gouvernement irakien a le droit de signer des accords de sécurité, économiques, et politiques avec les voisins (pays). Des accords semblables ont été signés dans le passé, et tous étaient dirigés contre nous. Même à présent, quand Maliki visite l'Iran et la Turquie, il ne prend pas de Kurdes dans la délégation.

Ma seconde crainte concernant le pacte de sécurité, est que le gouvernement irakien peut faire usage de la force pour réprimer Al-Qaïda et les partisans du Baath, les hors la loi, les rebelles. Le terme “hors la loi” se réfère à nous et nous a déjà désignés. Le gouvernement se confond avec la loi et cela signifie que "hors la loi" désigne tous ceux qui ne lui obéissent pas ! Ce point peut être utilisé contre les Kurdes à tout moment, en proclamant les Kurdes "hors la loi".

Q: Mais les représentants des Kurdes ont signé le pacte, et parmi eux Hoshyar Zebari.

M. Othman: Mais Zebari a-t-il jamais tenu compte des Kurdes? Il es toujours occupé avec l'Irak et est ministre du gouvernement irakien, traitant avec la Ligue arabe.

Q: Pourquoi les Kurdes ne se plaignent-ils pas de n'avoir aucun représentant dans les délégation de Maliki en pays étrnagers ?

M. Othman: Nous sommes fatigués de nous plaindre constamment à ce sujet.

Q: Pensez-vous que la présidence de la Région du Kurdistan accepterait que Kirkouk devienne une région indépendante ?

M. Othman : Jusqu'à maintenant le but de la présidence de la Région du Kurdistan est d'appliquer l'article 140 de la constitution. Mais il y a beaucoup d'obstacles à cette aplication. Cet article fournit une solution moderne et civile. Nousa vons eu des négociations dans le passé et n'avons pu parvenir à un compromis, aussi l'article 58 a été introduit (dans la Loi sur l'administration transitoire). Nous avons beaucoup lutté pour tenter d'introduire les frontières du Kurdistan dans la constitution irakienne. Nous leur avons dit d'indiquer les frontières par écrit, mais les autres factions ont refusé. Les Américains et les Britanniques étaient de leur côté. Nous avons suggéré de séparer les zones et de laisser les zones totalement habitées par les Kurdes en dehors du débat. Nous avons proposé que l'article 140 concerne les régions disputées, mais que Makhmur, Khanaqin et Shekhan ne soient pas compris dans ces régions disputées. Les Americains étaient contre cette idée, encore plus que les autres. Ils ont dit qu'"aucun centimère de l'Irak ne devait être rattaché au Kurdistan en raison de notre guerre en Irak car ainsi personne ne pourrait dire que l'Amérique en est la cause. L'Article 58 a été ratifié et puis changé en article 140. L'acceptation de cet article est fondée sur un compromis. Je pense personnellement que l'article 140 est bon si nous l'appliquins et nous ne pouvons pas faire un pas en arrière de plus.

Q: Pensez-vous que cet article sera appliqué ?

M. Othman: Je ne sais pas. Son application n'est pas facile. La présidence du Kurdistan devrait avoir un plan pour indiquer ce qui devra être fait en cas où l'application de l'article ne pourrait avoir lieu. Il doit y avoir un second plan, un plan B.

Q: Le conseil provincial de Kirkouk purrait décider unilatéralement de rattacher la province à la Région du Kurdistan. Est-ce que cela pourrait être un des plans ?

M. Othman : Cela entrainerait la guerre. Le problème vient de Bagdad et d'autres Etats, si jusqu'à présent il n'y a pas eu de référendum ; Beaucoup de Turkmènes et d'Arabes nous soutiendraient. Mais ce n'est pas notre seul problème. Si nous le réclamons à Maliki, il répondra que l'article 140 doit être appliqué, mais si nous demandons le budget de son application, il ne le fournira pas. Si nous demandons quelque chose, il nous faut attendre trois mois pour avoir une réponse.

Q: Certains suggèrent que Kirkouk soit une région indépendante pendant dix ans .

M. Othman: Si Kirkouk devient indépendant pour 10 ans, comment pourra-t-elle être rattachée au Kurdistan?

Q: Beaucoup voient les USA comme le principal obstacle au retour de Kirkouk au Kurdistan. Avez-vous pu observer cette position chez les Américains ?

M. Othman: Quand nous l'avons demandé aux Américains, ils sont dit que l'article devait être appliqué puisqu'il est dans la constitution. Cependant, les USA sont du côté de la Turquie. En Turquie, quicinque lance une pierre est un terroriste. Bush dit que le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) est un ennemi des Américains. Mais le PKK n'a pas tué un seul (Americain), pourquoi doit-il être compté comme un ennemi de l'Amérique ? Le soutien que les USA apporte à la Turquie est unique. Ainsi, les USA ne répondront pas à notre demande concernant Kirkouk. Notre problème avec l'Amérique est que, à tort ou à raison, les USA sont avec la Turquie.

Q: Des gens pensent que l'administration Obama ne sera pas aussi bonne pour les Kurdes que l'administration Bush l'a été. Quelle est votre opinion ?

M. Othman: Au contraire, je pense que l'administration Obama sera meilleure. La nouvelle administration sera meilleure pour les Kurdes et pas seulement pour les Kurdes irakiens mais pour tous les Kurdes. Joe Biden (le Vice-Président) connaît bien les Kurdes et a débattu autour du projet de fédéralisme. Hillary Clinton est de même familière des Kurdes et l'administration Clinton a été meilleure que l'actuelle administration pour les Kurdes. En général, Clinton would n'accuse pas les autres de terrorisme… Dans le passé quand de l'armement était vendu à la Turquie, Biden et Obama ont été les deux membres du Congrès a protesté et dire que la Turquie doit respecter les droits de l'homme. Je ne sais pas s'ils resteront les mêmes quand ils prendront en main l'administration. Mais je ne pense pas que la situation va empirer pour les Kurdes. La nouvelle administration américaine comprend des gens qui connaissent les Kurdes et sont en relation avec eux. Mais les Kurdes doivent agir en lobby auprès de cette administration pour leurs problèmes. Il faut savoir qu'on n'obtient jamais rien des autres si l'on reste assis à ne rien faire. Quand Obama prendra le pouvoir, il aura à s'occuper d'économie, avec l'Iran, la Russie, la Chine et l'Europe. Comment pourra-t-il se souvenir de nous si nous ne nous montrons pas et n'exerçons pas de lobby. Pour les Kurdes, je ne pense pas que la situation empirera par rapport à ce que nous avons connu sous l' administration Bush. Bush a eu l'avantage pour nous de détruire le régime de Saddam Hussein, un régime très dangereux pour nous .

Q: Vous être réputé pour avoir des prises de positions rudes envers les USA. Quelle en est la raison ?

M. Othman: Je ne suis pas rude mais réaliste et je souhaite que les Kurdes aient des liens puissants avec les USA. Nous nous considérons comme les amis des Americains, mais pas eux.

Q: Mais ce n'est pas ce que disent les dirigeants kurdes.

M. Othman: Mon opinion diffère. En 1966, pour la première fois, j'ai voyagé aux Etats-Unis en tant que représentant du Parti démocratique (PDK) et de Barzani. Cela fait 42 ans que je voyage entre les deux pays, aussi ce que je dis provient de ma propre expérience. La république de Mahabad a été réprimée par les USA, conjointement avec la Russie. La Coalition de Baghdad est l'oeuvre des USA. Les mêmes ont soutenu les Accords d'Alger. Toutes l'opression qu'ont subi les Kurdes de 1980 à 1988 ont été soutenues par les USA. Les USA ont été impliqués dans les opérations Anfal et les attaques chimiques. C'est vrai que depuis 1991 les Etats-Unis nous reconnaissent et nous ont permis d'accomplir certaines réussites, mais ils ont toujours donné la priorité aux Turcs, aux Arabes, et au pétrole ; pas à nous. Je ne suis pas contre les USA mais je crois que nous ne devons pas tromper notre nation en lui disant que les Etats-Unis vont résoudre tous nos problèmes, parce que ce n'est pas vrai. Dans le pacte de sécurité avec l'Irak, les USA npouvaient dire un mot pour garantir la Région du Kurdistan mais ils ne l'ont pas fait. Ils laissent l'Iran et la Turquie nous attaquer dans le dos et Maliki de front. Je ne suis pas contre les Americains mais je ne veux pas les suivre inconditionnellement.

Source Rudaw.Net.

Concert de soutien à l'Institut kurde