jeudi, septembre 11, 2008

Querelle linguistique : c'est fini

Finalement, hurler et tempêter sur Internet a du bon. Le ministre de l'éducation de la région du Kurdistan d'Irak, celui-là même qui avait envisagé d'interdire l'usage du kurmandjî dans les écoles a complètement tourné casaque en annonçant que l'année prochaine, l'enseignement dans les régions de Hewlêr (Erbil) et Suleymanieh se ferait en soranî, comme d'habitude, mais que pour Duhok il serait assuré en kurmandjî. Comme l'a annoncé Aras Nejmedddin, le porte-parole du ministère, au journal Çawdêrê :"Après des entretiens approfondis avec des représentants de l'Education, sur l'apprentissage des langues et des dialectes, il a été décidé que l'enseignement primaire sera assuré en kurmandjî du nord (litt. du haut) et pour les régions de Hewlêr et Sulaymanieh en kurmandjî central (le soranî, donc).

Comme on le voit, le mot d'ordre maintenant, est l'unité et on revient à l'appellation historiquement plus juste, peut-être, de "kurmandjî du nord" pour le kurmandjî et kumandjî central" pour le soranî. J'ignore par contre ce qu'ils entendent par le kurmandjî du sud. Le goranî ? Si quelqu'un a des idées là-dessus...

Nedjmedîn poursuit : "Dans ces réunions, il nous est apparu clairement qu'il était bénéfique aux élèves d'étudier dans leur langue maternelle, car à cet âge, le faire dans un dialecte étranger est difficile."

Le représentant du ministre a aussi indiqué que dans les régions comprises dans Duhok mais qui sont soranophones, comme Goran et Berdereşê, il sera possible, au choix, d'avoir un enseignement primaire dans un ou l'autre de ces dialectes, "et il sera de même pour les régions kurmandjophones de Hewlêr." Ce programme sera mis en place dès l'année 2008-2009. (source avesta)

Décidément, certains pays frontaliers (suivez mon regard) ont beaucoup à apprendre de ces "chefs tribaux arriérés" pour garantir la paix politique, civile et culturelle... En tout cas, c'est une première pour le kurmandjî, d'être enfin enseigné officiellement, dans les écoles primaires et non plus sous le manteau ou de façon informelle. Ce qui veut dire, à long terme, la sauvegarde de cette langue.

Par ailleurs le ministre de l'Education, Dilshad Abdulrahman Mohammed, a fait, la semaine dernière une grande tournée en Europe, où il a rencontré des "experts" sur la question de l'enseignement, en Autriche, en Allemagne, et aussi auprès de l'ONU, pour préparer la réforme des programmes scolaires (qui va bien au-delà de cette question des langues). Le Dr Abdulrahman a résumé ainsi ses impressions : "Nous avons beaucoup en commun avec les pays européens que nous avons visités, c'est une première chose. Cela inclut le défi lancé par les nouvelles technologies et leur implantation réussie dans les écoles, mais aussi un équilibre approprié entre un enseignement académique et professionnel, afin de créer une main d'oeuvre habile. Beaucoup d'experts ont aussi souligné le contraste offert par les défis et les opportunités au Kurdistan, qui a une si forte population étudiante, en comparaison avec le défi en Europe de faire face à une population de plus en plus vieillissante."

A Genève, au bureau international de l'éducation de l'UNESCO, le ministre kurde a participé, avec des représentants du ministre irakien de l'Education et le directeur du bureau irakien de l'UNESCO, Mohammed Djelid, à une rencontre ayant pour objet un nouveau programme éducatif pour tout l'Irak et avec des aménagements spécifiques pour la Région du Kurdistan. (source KRG)


'Stupidity, however, is not necessarily a inherent trait.'
Albert Rosenfield.

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