jeudi, janvier 31, 2008

Nûbar : El Qit'atu fî Behri îl muteqarib îl meqssurî


"Il faut que le professeur ait un coeur de pierre
Quand il sera devant ses étudiants,

Fe’ûlun, fe’ulûn, fe’ulûn, fe’ûl,
Le teqarub est beau, s’il est en muqeser.

Le ciel est asîman, le toit ban, le bâtiment xanî.
Le rideau perde, soulever hilîn, désir est xwezî.

Prière, xwestin et bihêl : Abandonne ! Va : Here !
Soupe est shorbe ; mange : Bixwo ! Viens : Were !

L’enfer, la géhenne, sont tous deux doje,
Et le lieu, la station est cih.

Adorer est perestin, le matin est beyan.
Révéler, rendre manifeste est heyîn eskere.

De la même façon, ‘ezab est le châtiment, la punition,
La folie, la possession sont dînî ; xirabî, la destruction.

L’avarice, la ladrerie, la parcimonie, la lésinerie,
Sont tous pareillement méprisables et ignominieux.

Qewîrushtî est sévère et maussade,
Pour la belle-fille et le beau-fils nous disons bûk et zava.

Ceinture, parure, ornement, sont les mêmes ;
Apprends que beau se dit hisan et bisan.

Sipahî est la beauté, et l’élégance est beha.
Le tempérament est tebî’et et la prière du’a.

Hisana est le repos et hewar la complainte.
Xilasbûn est délivrance, échappée, libération.

Zivistan est l’hiver et havîn l’été.
Behar est le printemps et payîz l’automne.

L’année est sal et heftî la semaine.
Le sarouel et la chemise sont derpê et kiras.

Somnoler, sommeiller est honishîn*; le sommeil est xew.
Le mensonge, la calomnie sont derew.

* Ou ponijîn.

La douceur, la gentillesse, la tolérance, la bienveillance sont nermî.
La combustion est suxtanî et la chaleur germî.

Sivikbûn est la légèreté, giranî la lourdeur.
La longueur est dirrengî et deng le son.

Firîvî est grillade, et firûzî sifflement.
Bruit, voix sont deng, et clameur gazî.

Chant et mélopée sont istiran.
Relations et parenté sont têkilbûn.

Le bout des doigts est sertilî, le doigt tilî.
L’équité est beraber, la plainte gilî.

Derîzan est le seuil, l’entrée
Et ax est le sol.

La bouteille est shushe, hilû est à étages.
Le nom de la fumée, qu’est-ce que c’est ? .

Trembler est hejîn, et blesser est birrîn.
Parler est xeberdan et sourire est kenîn.

Vite, prestement, rapidement est lez.
Le jardin, le verger et le Paradis est rez.

L’écrit est nivîsin, le crayon est mîdad.
Qu’est-ce que lire ? Xwendin, l’amour est wîdad.

Apprends que gihîshtin est arriver et mûrir.
Evrazîçûn est incliner, descendre la pente.

Le boiteux est lengî, comme le bossu est xwehrî.
L’aide, l’assistance, qu’est-ce que c’est ? arî.

Le profit est zêdeyî, les hautes terres sont erdê bilind.
Le banquet est qira comme le village est gund.

La route, la voie, le chemin, le voyage,
Tout cela est ; et le guide est delîl.

Se dépêcher, se hâter est zûlirêçûn.
Avoir le teint jaune et malade est zebûnbûn.

La bravoure est celadet et ciwanmêrî.
La faim est birs et le rassasiement est têrî.

Le coït, la copulation, l’accouplement, gan, donner est dan.
La verge est kîr et la vulve quz et les testicules gun.

Verser est verihtin, le bien-être est xweshî,
Comme avdan est arroser et la floraison geshî.

Le Père de la Puissance est zîv ; Le Père de l'Excès est zêr.
Le Père des étoiles est rovî, le renard ; le Père du Labour est shêr.

Le Père de la Sécurité est têrî ; Le Père du désert est birs.
Le Père de la Circonspection est torî ; la peur est tirs.

Le Père du cours d'eau est mêsh, et le Père de l'Avarice gurg.
La grue est kurkî et l’outarde çirg.

le Père du Jeu est le tenbûr ; Le Père de l'Abondance est fîl.
Le Père de l'Ophtalmie est Sheytan, et le sultan delîl.

Ô gens, le messager, pourquoi est-il venu à vous :
Gelî qasîdan bo çi hatine hûn ?

Hâtez-vous, vite : Werin hûn bilez !
Ceci est la route du Paradis : Ev e ha ye rez.

Allez apprendre en vous amusant !
Biçin da bileyzin bi vêk ra bixûn !

Digel min, avec moi, digel te, avec toi.
Pour moi, ji bo min, jo bo te, pour toi.

Sur toi li ser te, à moi, li min,
Sur lui li ser wî, de moi ji min.

Sur nous li ser me, à eux li wan.
Sur vous li ser we, dommage, blessure, ziyan.

De jour bi roj, de nuit, bi shev,
Fuis l’ignorance, ji cehlê birev."

IRAK : DES LÉGISLATIVES AUX RÉSULTATS INCERTAINS



Le 7 mars avaient lieu les élections législatives dans tout l’Irak. Aux 19 millions d’électeurs inscrits en Irak (sur une population d’environ 30 millions) s’ajoutait presque un million et demi d’Irakiens expatriés un peu partout dans le monde, qui devaient voter entre le 5 et le 7 mars dans les ambassades de 16 pays. Le total des candidats était de 6. 218, dont 1. 801 femmes, se répartissant sur 12 listes regroupant 74 partis. Entre 500 et 600 observateurs internationaux étaient présents, ainsi que 200 à 300 000 observateurs locaux, pour 10 000 centres de votes et 46 000 bureaux locaux.

Les résultats non définitifs mettent au coude à coude le Mouvement national irakien, mené par l’ancien Premier ministre Iyad Yallawi, dont la liste est créditée de 91 sièges sur 325 sièges. Il est talonné de très près par la coalition État de droit du Premier Ministre sortant Nouri Al-Maliki, qui obtient 89 sièges mais qui a demandé un recomptage. Un des principaux changements de ces législatives est l’adoption d’un système de listes “ouvertes”, où les électeurs pouvaient choisir des candidats individuels dans chaque liste, au lieu de voter pour la totalité d’une liste “fermée” comme précédemment. Ce système, recommandé par l’UNAMI, avait déjà été utilisé pour les élections des Conseils provinciaux mais c’était la première fois qu’il servait aux législatives.

Autre changement, le nombre de sièges au Parlement est passé de 275 à 325. Selon la constitution irakienne, un siège correspond à 100 000 électeurs, mais il y a des sièges réservés d’office : 8 sièges vont ainsi aux Irakiens vivant à l’étranger et 8 aux diverses minorités religieuses, yézidis, shabaks, chrétiens, mandéens.

Parmi les principales listes, l’Alliance nationale irakienne est une coalition de grands partis chiites, l’Unité irakienne d’Al-Hakim, le mouvement d’Al-Sadr, le mouvement de la Réforme nationale de l’ancien Premier ministre Jaafari, et les partis religieux Dawa et Fadhila. La liste comprend aussi l’ancien ministre du Pétrole Ahmad Chalabi et une coalition des Tribus d’Irak.

État de droit, la liste du Premier Ministre irakien, Nouri Al-Maliki, comprend des membres du parti chiite Al-Dawa en sécession. Bien que se déclarant officiellement laïque et multi-ethnique, les candidats en sont en fait largement chiites, avec quelques petits partis sunnites, chrétiens et kurdes.

Al-Iraqiyya ou Mouvement irakien national, mené par l’ancien Premier ministre Iyad Allawi se présente comme une coalition laïque de chiites et de sunnites, mais dont les grandes figures sont sunnites, avec Tariq Al-Hashimi, vice-président irakien, à la tête de son nouveau parti, le Renouveau, et surtout le controversé Saleh Al-Mutlak, et son Front national du dialogue, dont les liens avec le parti Baath interdit ont failli le faire interdire d’élections par la Haute Commission électorale irakienne.

Al-Tawafuq ou Front irakien de la Concorde, est un parti sunnite qui a perdu sa position dominante par rapport à 2005, au profit de la liste d’Iyad Allwai. Il s’est allié pour ces législatives à un parti sunnite turkmène et comprend plusieurs candidats indépendants. L’Unité irakienne rassemble le Mouvement du réveil, un parti sunnite qui a remporté la majorité des sièges aux élections provinciales d’Anbar en 2009, le Parti constitutionnel irakien du ministre de l’Intérieur Jawad al-Bolani et un autre mouvement sunnite. Ahmed Abu Risha, le leader du Réveil, menait la liste.

Du côté kurde, l’Alliance du Kurdistan et la liste Gorran ont fait campagne à part, n’ayant pu s’entendre pour se coaliser, contrairement aux législatives de 2005, en raison des relations tendues entre l’UPK et son mouvement dissident.

La campagne électorale a été émaillée de quelques violences dès février, parfois directement dirigées contre des candidats ou des partis, comme Saleh Al-Mutlaq, dont le bureau a fait l’objet d’une attaque à la bombe, ou bien le Quartier général de l’Alliance nationale irakienne. Al-Qaïda a d’ailleurs appelé les sunnites à boycotter ces élections, à grands renforts de menaces, mais sans succès.

Les attaques contre la population civile n’ont pas faibli. Le 3 mars, deux voitures piégées ont explosé à Baquba (Diyala) tuant 33 personnes et en blessant 55. À Mossoul, plusieurs assassinats et intimidations de chrétiens, des attentats contre des églises, ont fait plus de 20 victimes dans cette communauté et obligé 680 familles à se réfugier temporairement dans la plaine de Ninive, protégée par les Peshmergas kurdes. Le jour même du scrutin, 38 personnes ont été tuées et 110 blessées à Bagdad, dans des attaques ciblant directement les électeurs. Auparavant des flyers émanant de groupes sunnites en rébellion ont appelé la population à ne pas se rendre aux bureaux de vote. Les attaques ont été principalement menées avec des roquettes, des mortiers, et des bouteilles de plastiques bourrées d’explosifs et dissimulées dans des poubelles, pour contourner l’interdiction d’accès à tout véhicule près des bureaux de vote. Le bilan fourni par l’Iraqi Body Count Project est d’au moins 228 morts du 12 février au 7 mars. Nonobstant les violences annoncées contre les électeurs qui allaient braver les appels au boycott, la participation au scrutin, si elle a été moindre qu’en 2005 est restée relativement importante.

Dès février, les intentions de participation au scrutin étaient assez conséquentes. Les sondages officiels faisaient état de 63% d’intention de vote parmi les chiites contre 58% pour les sunnites et 67% chez les Kurdes. Les résultats préliminaires ont montré une participation nationale de 62.4%, la province ayant le plus voté étant celle de Duhok, avec 80% de participation, suivie par Sulaïmanieh avec plus de 70% de participation. Le dépouillement a été marqué par une grande incertitude dans les résultats, tant les scores respectifs des listes ont été serrés et variables au fur et à mesure que le comptage des différentes provinces avançait.

Alors que le 11 mars, 30% seulement des bulletins avait été comptabilisé, la liste du Premier ministre Nouri Al-Maliki paraissait en tête dans 9 des 18 provinces de l’Irak, tandis qu’Iyad Allawi dominait, sans surprise, les provinces sunnites arabes, ce qui a incité peut-être un peu trop hâtivement, des journaux étrangers, comme l’Irish Times à proclamer Nouri Al-Maliki vainqueur avec 100 sièges remportés sur 365.

De même, le parti kurde Gorran a été donné vainqueur en se fondant sur les résultats de Sulaïmanieh, la ville, alors que la province n’avait pas encore été dépouillée, et l’Alliance du Kurdistan a d’abord été annoncée comme ayant remporté 8 sièges sur 12 à Kirkouk.

Le 12 mars, la coalition État de droit était encore en tête avec près de 179 000 voix, suivie par l’Alliance nationale irakienne avec 160 000 voix, tandis qu’Al-Iraqiyya d’Iyad Allawi en faisait 124. 00 et l’Alliance du Kurdistan arrivait en quatrième place avec 100 000 voix. Cet ordre se maintint avec le dépouillement de Bagdad, le 13 mars, même si une percée des Sadristes fut enregistrée à Sadr City, le quartier chiite de la capitale. Mais la liste de Maliki l’emportait dans la province chiite emblématique de Kerbalah, à Basra et à Wasit. À Mossoul, Iyad Allawi reculait devant les nationalistes d’Al-Hadhba mais l’emportait à Anbar. Dans la Région du Kurdistan, l’Alliance du Kurdistan fut donnée sans surprise vainqueur à Duhok avec 170 00 votes, suivie de très loin par l’Alliance islamique (31 000 voix), le parti Gorran n’obtenant qu’un score insignifiant (12 000) dans cette province, bastion historique du PDK. À Sulaïmanieh, alors que Gorran avait d’abord semblé prendre la tête, l’Alliance du Kurdistan repassa devant son rival. Mais la surprise fut surtout à Kirkouk, où le parti kurde était donné comme largement favori, et qui se retrouva, avec seulement 120 664 voix, légèrement dépassé par la liste sunnite Al-Iraqiyya et ses 123 862 voix. Iyad Allawi apparut d’ailleurs en tête pour tout l’Irak le même jour, en dépassant les listes chiites.

Mais le soufflé sunnite devait un peu retomber dès le 17 mars, alors que 91% des buleltins avaient été recensés. À Kirkouk, l’Alliance kurde repassait devant la liste sunnite avec un avantage de 3 198 voix et cet écart devait s’accroitre au fur et à mesure que le dépouillement des votes progressait dans des districts à majorité kurde. De même, Al-Iraqiyya, qui avait dépassé le 17 mars l’État de droit de 9 000 voix, – ce qui avait incité Nouri Al-Maliki à réclamer un recomptage des voix en parlant de « fraude »– se faisait de nouveau battre par 40 000 voix en faveur de la liste chiite dès le lendemain.

Mais le 20 mars, Iyad Allawi dominait à nouveau avec un avantage infime de 8 000 voix. Par ailleurs, les réclamations et accusations de fraude se sont fait entendre de toutes parts, aussi bien de la part de Maliki contre son rival sunnite que des partis sunnites contre la liste du Premier ministre, ainsi que des Kurdes contre Allawi à Kirkouk, ce dernier leur renvoyant la politesse. Gorran, dont le score fut faible à Mossoul attaqua de même Al-Iraqiyya dans ce secteur, bien que ce soit surtout la liste Al-Hadhba qui semble devoir l’emporter.

Divers partis, kurdes comme arabes, accusèrent aussi l’étranger de manipulations et de fraudes : les USA, l’Iran, l’Arabie saoudite, etc. Finalement, devant les résultats très serrés entre Nouri Al-Maliki et Iyad Allawi, et sur l’insistance du Premier Ministre, il a été décidé de recompter les votes, au moins pour Bagdad, le 19 avril.

Le Parlement devant élire le Premier Ministre et le président, ces élections portaient aussi sur la gouvernance directe du pays. En toute logique, le poste de Premier Ministre doit revenir au vainqueur des législatives, mais Al-Iraqiyya et État de droit ayant fait un score quasi-identique, les chiites de l’Alliance nationale irakienne et surtout les Kurdes se trouvent donc une fois de plus dans la position de « faiseurs de rois ».

mercredi, janvier 30, 2008

Radio

Dimanche 3 février à 18h10 sur France Culture : Al-Farabî, loi et religion. Avec Ali Benmakhlouf et Pauline Koestler à propos de Bagdad au X° siècle. Religion, philosophie, poésie d'al-Farabî (Seuil). Cultures d'islam, A. Meddeb.

Nûbar : El Qit'atu fî behri îl hezecîs Salîm îm musemmen


"A la saison des bourgeons nouveaux, avec vos belles, prenez la route !
Car le meilleur de la vie est, selon moi, quand adviennent de tels moments.*

* hal a plusieurs sens, dont un sens soufi, évidemment. Mais il semble qu'ici le grand sheikh veuille préparer ses jeunes élèves à la sagesse de Mem et Zîn, qu'ils pourront lire douze ans ans plus tard : "Ciwanî û buhar û bax û mehbûb, Aya di dinê çi mayê metlûb ?" "Beauté, printemps, jardin et amoureux, que désirer de plus en ce monde ?" (v. 1575).

Mefa’îlûn, mefa’îlûn, mefa’îlûn, mefa’îlûn,
Le style de Hezec salim, doit avoir, dans sa forme, un beau muneqqesh

Le bras est bask, l’épaule enîshk, l’avant-bras zend et la langue ezman,
Tenisht le flanc et l’aisselle binçeng, le cou ustû, les seins pustan.

Les membres sont dest et , la gorge, le pharynx, le larynx, gewrî.
Dîner est shîv et le petit-déjeuner tashtê, la nourriture zad et la vaisselle aman.

Douleur êsh, difficulté zehmet, beau-fils est zava, circoncision sunnet.
L’ami, la bien-aimée est dost, les maux d’estomac zîkesh, et le remède derman.

Apprends les quatre éléments, la terre, l’eau, l’air et le feu : ax, av, ba et agir,
Tous composant les végétaux, les minerais et les animaux : nebat, me’den et heywan.

Les tempéraments sont la chaleur, froidure, sécheresse, humidité : germî, darî, ziwayî, terî.
Et les teints sont jaune et noir, et les humeurs sont dites belxem et xwûn.


L’eau affluant avec force est av, l’eau vive est carî, la nuit profonde est sheva tarî.
La vase, le limon, la boue herî, la pluie et l’ondée baran.

Le mur, la clôture, l’enceinte sont dîwar, le pilier ustûn,
Le bois dar, le pieu sing, la niche kemer, l’arcade eywan.

Le cahier defter, les pages comme le papier sont kaxez,
La tente blanche xêvet, la tente noire kon, la vaisselle et les ustensiles aman.

Îsharet l’indication et le besoin, et le désir vîn, et la puissance shên.
La faiblesse qels, le preux merd, le drapeau ala, la bannière nîshan.

Distant, éloigné, durû, lin est qamûsh, singe meymûn.
Cheval est hesp, cloche zengîl, selle kurtan.

Parent est xizm et protecteur pawan, l'héritage, le leg mîras.
Père et bab et paternité babî, et portier dergevan.

Le Père du Rassemblement, qui est-ce ? Sufre. Le Père de la Santé, qu’est-ce que c’est ? Hulwe.
Le Père du Profitable, qui est-ce ? Sirke. Et on appelle nan le Père de la Tyrannie."

mardi, janvier 29, 2008

Cinéma


Un documentaire de Bruno ULMER

"Welcome Europa suit le parcours chaotique de huit jeunes kurdes, marocains et roumains qui tentent de gagner Paris, Amsterdam ou Madrid. Seuls, sans visa, ils mènent un combat quotidien pour survivre. Le coup de pouce du destin se résume à une douche et un repas chaud. La pauvreté ou la répression politique les ont poussés à s’exiler pour faire vivre leurs familles restées au pays. Mais le rêve d’un eldorado européen se dissipe dès qu’ils s’en rapprochent..."

Dans les salles le mercredi 30 janvier : Site officiel.

Exposition : Regards d'enfants sur le Kurdistan

Samedi 2 février à 16 heures

vernissage et rencontre avec Edith Henry & Bertrand Foly de l’association La pluie d’oiseaux, Nadia Idjouadiene de la revue Passerelles, à l’occasion de la sortie du livre

Regards d’enfants sur le Kurdistan
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Exposition de dessins

Institut kurde de Paris : 106, rue La Fayette, F-75010 Paris ; M° Poissonnière - Gare du Nord - Gare de l’Est. Entrée libre.

VIOLENCE ET INTIMIDATION CONTRE LES KURDES DU KAZAKHSTAN


Craignant pour leur vie, la communauté des Kurdes vivant au sud du Kazakhstan envisage de quitter la région où elle est installée depuis sa déportation par Staline, dans les années 1930-1940.
Les Kurdes se sentent en effet menacés dans ce pays depuis octobre dernier, quand un adolescent kurde avait été accusé d’agression sexuelle sur un jeune garçon kazakh. Des groupes de représailles s’en étaient alors pris à des maisons kurdes, qui avaient été incendiées, et leurs habitants molestés. La violence s’était étendue à toute la région habitée par les Kurdes. Depuis lors, et malgré les tentatives de réconciliation entre les deux communautés, les Kurdes ne se sentent plus en sécurité et se plaignent de subir une campagne de presse agressive. Selon Karim Nadirov, qui dirige le centre culturel kurde à Chymkent, beaucoup de Kurdes pourraient quitter la région pour le nord du pays. Il ajoute que les attaques contre les Kurdes ne se sont pas arrêtées, et que depuis octobre, le Centre culturel kurde a enregistré 30 cas d’agressions, principalement des incendies criminels, notamment sur les réserves de fourrage d’hiver des éleveurs, obligeant les victimes à vendre leur bétail. D’autres Kurdes font état d’actes d’intimidation et dénoncent l’indifférence des autorités kazakhs.
Selon les statistiques officielles, près de 46 000 Kurdes vivent au Kazakhstan, dont 7000 dans la région du Sud. Ces Kurdes, originaires d’Arménie et d’Azerbaïdjan, avaient été déportés par Staline en 1937 et 1944 pour les Kurdes de Géorgie.

UN PLAN POUR RESTAURER LA CITADELLE D’ERBIL


Le Gouvernement du Kurdistan espère sauver et restaurer la Citadelle d’Erbil, après avoir évacué et relogé l’année dernière les familles de réfugiés qui y vivaient depuis les années 1980, quand Saddam Hussein détruisait les villages kurdes.
Auparavant, ses anciens habitants l’avaient quitté dès le milieu des années 1920, pour construire de nouvelles demeures, plus vastes et plus modernes, au bas de la ville, selon Kenan Mufti, le Directeur des Antiquités d’Erbil, lui-même né sur les lieux et dont la famille y vivait depuis près de 500 ans.
Ces réfugiés, s’entassant dans les 10 hectares circonscrits par les murailles, ne disposaient ni d’égout ni d’aucun système de drainage des eaux usées. Les eaux absorbées dans le sol érodaient la pente de la Citadelle. « Chaque jour, 750,000 litres d’eau endommageaient ainsi les lieux, explique Kenan Mufti. » De plus, les travaux pour modifier les demeures, diviser les pièces ou les agrandir détruisaient peu à peu les architectures initiales.
En novembre 2006, les familles qui y vivaient ont donc été relogées en dehors de la ville, avec eau, électricité, tout-à-l’égout et 4000 $ pour reconstruire une maison. Mais afin qu’il n’y ait pas de rupture totale dans la durée historique de cet habitat humain, la ville a laissé une famille sur place, chargé d’entretenir et de surveiller le pompage des eaux.
Selon Mohamed Djelid, le représentant de l’UNESCO pour l’Irak, sur les 800 habitations que comprend la Citadelle, il n’y en a guère que 20 qui sont dans un état « acceptable. » Le site renferme des vestiges témoignant d’une occupation humaine des lieux remontant à 8000 ans, ce qui en fait le lieu le plus anciennement et constamment habité du monde ».
Shireen Sherzad, récemment nommée à la tête du comité de restauration et conseillère du Premier ministre Nêçirvan Barzani, renchérit : « Nous avons à présent un monument très important, au coeur de la ville... et ce coeur est mort. » Shireen Sherzad estime à 35 millions de dollars $ le coût des trois premières années du projet et ajoute qu’ils ne disposent d’aucune ressource pour cela.
L’avis est pourtant général sur la nécessité de préserver ce complexe architectural de 3 mosquées, d’un hammam de 650 ans d’âge et de maisons à arcades et intérieurs décorés de peintures. « La situation est critique, s’alarme Ihsan al-Totinjy, le responsable de la société tchèque Gema Art Group qui est chargé de la restauration du site. Toutes les maisons sont affaissées et menacent de s’effondrer avec les pluies. La société tchèque a déjà pris plus de 200 photographies de l’intérieur de la Citadelle et 250 de l’extérieur, en plus d’images satellites et de 90 clichés pris d’un hélicoptère militaire. Avant ces prises de vue, on ne disposait que d’un plan du site datant des années 1920. Les photographies permettront de créer une reconstitution virtuelle, en trois dimensions, des édifices qui aideront les choix des restaurateurs. La Citadelle est perchée sur une colline de 30 mètres de haut, formée des strates de ses implantations successives, dont les Akkadiens, les Assyriens, les Babyloniens, les Perses et les Grecs. La défaite de Gaugamèles devant les armées d’Alexandre le Grand, en 331 avant J.C, s’est déroulée non loin, dans la plaine d’Erbil, à 32 km au nord de la ville. Des tests géophysiques récents ont révélé des vestiges qui pourraient être les traces d’un ancien temple enfoui sous le centre de la Citadelle.

BAGDAD : LE PARLEMENT IRAKIEN ADOPTE LE BUDGET 2008


Des débats houleux ont agité le Parlement irakien au sujet de l’adoption du budget 2008 et de la gestion des ressources pétrolières. Malgré l’appel du porte-parole du gouvernement, Mahmud Mashhadani, demandant aux chefs des partis politiques de l’Assemblée d’approuver ce budget, en alléguant que ce retard ne faisait que nuire au peuple irakien, ces derniers ont d’abord maintenu leur refus, dans une déclaration datée du 21 janvier 2008. Le représentant du Premier ministre, Barham Saleh, et le ministre des Finances, Bayan Jabr Solagh, ont dû une fois encore défendre leur budget devant les députés irakiens (budget s’élevant à 48 millards de dollars).
Des leaders chiites, comme le chef du groupe parlementaire de Fadhila, ou celui du bloc sadriste, Nassar al-Rubaie, reprochaient à ce budget de ne pas prendre suffisamment en compte les besoins des Irakiens, notamment en matière d’éducation et ou d’aide alimentaire gratuites, que le gouvernement a décidé de réduire, ou bien sur l’insuffisance des mesures pour combattre le chômage et la pauvreté.
Mais d’autres leaders irakiens comme Osama al Nujaifi, un chiite proche de l’ancien Premier ministre Iyad Allawi, ou Mahmud al-Azzawi, du bloc des Arabes indépendants, dénoncent les 17% prévus pour la Région du Kurdistan et souhaitent ramener ce pourcentage à 13%,. Le désaccord porte aussi sur le fait que l’entretien et le coût des Peshmergas kurdes doivent être à la charge du ministère de la Défense irakienne et non de la Région du Kurdistan. Finalement, le 25 janvier, un député de la Coalition kurde au parlement irakien, Sami Atroush, a annoncé que les groupes parlementaires acceptaient le principe des 17% alloués à la Région kurde pour l’année 2008, jusqu’à la tenue d’un recensement de la population. Quant à l’entretien des Peshmergas, les députés irakiens ont laissé la décision au Premier ministre Nouri Al-Maliki et des discussions se poursuivent entre ce dernier et le Gouvernement kurde.
Al-Maliki avait en effet accepté, dans un premier temps, de pourvoir aux dépenses des Peshmergas. Selon le porte-parole des Peshmergas, Jabbar Al-Yawar, une rencontre s’était tenue en 2007 entre les Kurdes, le ministre irakien de la Défense, Abdul Qader Muhammad Jasim, et David Petraeus, le représentant du Commandement américain. Elle avait abouti à la décision que l’Irak couvrirait les dépenses de 76 000 soldats irakiens et 90 000 Peshmergas. Jabbar Al-Yawar a dénoncé le revirement du Premier ministre, qui a demandé par la suite à la Région kurde de réduire à 30 000 le nombre de ses Peshmergas. Toujours selon Al-Yawar, le gouvernement chiite craint que des forces kurdes trop nombreuses ne servent à des desseins indépendantistes.
Le porte-parole du gouvernement irakien a pour sa part annoncé que les forces armées irakiennes pourraient assurer la sécurité du pays d’ici la fin de l’année 2008.
Dans le même temps, les dirigeants kurdes, tentaient, à Bagdad, de régler la question du contrôle des ressources pétrolières et de leur exploitation, sur laquelle s’opposent depuis quelques mois, le gouvernement de Bagdad et celui d’Erbil. La situation en est arrivée à un point de tension telle que certains hommes politiques kurdes ont demandé ouvertement la démission du ministre irakien du pétrole, Hussain al-Sharistani.
Les Kurdes défendent en effet l’autonomie de leur décision dans la stratégie d’exploitation de leurs ressources naturelles, tandis que le gouvernement irakien souhaite renforcer son contrôle sur l’exploitation du pétrole et les contrats passés entre le gouvernement d’Erbil et des sociétés étrangères. Selon des observateurs kurdes, les dénonciations des accords entre ces sociétés et les officiels kurdes n’ont que peu d’effet sur le terrain et les investisseurs étrangers tiennent peu compte des positions du ministre irakien Al-Sharistani. Le ministre kurde de l’Industrie et des Minerais a même annoncé l’ouverture et la mise en route de quatre petites raffineries, d’une production totale prévue de 40 000 barils, pour août prochain.
Le Gouvernement régional du Kurdistan (GRK) a signé avec la South Korea national oil corporation (KNOC), un accord qui a permis à la société coréenne, selon ses propres estimations, d’importer trois fois le montant de toutes les importations de pétrole irakien pour l’année 2006. Le Gouvernement régional kurde a également signé 15 contrats avec 20 autres sociétés étrangères, en dépit de l’opposition du gouvernement central.
Aussi la tension monte entre les leaders kurdes et le Premier ministre arabe chiite Nouri Al-Maliki. Les premiers accusent le gouvernement de Bagdad de pratiquer une politique d’inertie au sujet des questions cruciales pour le Kurdistan, comme le référendum de Kirkouk ou l’entretien des Peshmergas, bien qu’ils affirment ne pas envisager de quitter l’actuel gouvernement.
« Je n’appellerais pas cela une crise, mais il y a des hauts et des bas, et une méfiance des deux côtés » a, pour sa part, expliqué Qassim Dawud, un député chiite de la liste unie d’Al-Maliki, tandis que Mahmud Othman, un député kurde indépendant du parlement de Bagdad, reconnaissait que les Kurdes avaient été « négligents » et avaient commis des « erreurs », en ajoutant que le fédéralisme est une chose nouvelle en Irak, et qu’il était inévitable que son instauration soulève des tensions.
145 députés irakiens, des Arabes chiites et sunnites, des Turcomans et des yézidis ont ainsi signé une déclaration de soutien au gouvernement irakien, dans sa volonté de contrôler la gestion des ressources de tout l’Irak.
A la fin du mois, l’Alliance kurde, une coalition des partis kurdes au Parlement de Bagdad, qui représente la deuxième force parlementaire de l’Irak avec 53 députés sur 275, et compte des membres au gouvernement, a annoncé la visite dans la capitale irakienne d’une délégation de haut niveau venue de la Région du Kurdistan, pour discuter des contrats passés entre le Gouvernement régional du Kurdistan et des sociétés étrangères de prospection. Ashti Hawrami, ministre des Ressources naturelles du Gouvernement du Kurdistan a ainsi tenté à Bagdad de résoudre à nouveau le conflit, auquel une récente visite du Premier ministre kurde, Nêçirvan Barzani, n’avait pu mettre fin.

IRAN : 13 EXECUTIONS DEPUIS LE DEBUT DU MOIS


Le journaliste kurde Ako Kurdnasab qui avait été arrêté il y a six mois et condamné à 3 ans de prison a été finalement relâché le 17 janvier. De même, la réalisatrice de documentaires Mehrnoushe Solouki a pu quitter l’Iran pour se réfugier en France le 19 janvier, deux jours après la levée d’interdiction de sortie du territoire qui la frappait. Elle avait également fait un mois de prison.
Ako Kurdnasab avait été arrêté le 21 juillet 2007 à Sanandaj, capitale du Kurdistan, par les services iraniens. Il avait été condamné à trois ans pour « tentative de renverser le gouvernement par des moyens journalistiques. » Ayant fait appel de son jugement, sa condamnation a été ramenée à six mois, soit la durée d’emprisonnement déjà effectuée.
Quant à Mehrnoushe Solouki, elle reste accusée de “propagande” pour un documentaire sur le cessez-le-feu de 1988 entre l’Iran et l’Irak.
Par ailleurs, deux autres journalistes Ejlal Ghavami et Emadoldin Baghi, également détenus, ont obtenu une permission de sortie pour recevoir des soins médicaux. Reporter sans frontière, qui a suivi le cas de ces quatre journalistes, se réjouit de la libération des deux premiers, mais souligne que rien n’est résolu pour Ejlal Ghavami et Emadoldin Baghi qui doivent retourner en prison après leurs soins. Emadoldin Baghi, qui souffre de problèmes cardiaques, a pu quitter la prison d’Evin, à Téhéran, où il était détenu depuis trois mois. Ghavami, journaliste à l’hebdomadaire Payam-e Mardom-e Kurdestan, souffre, lui, d’une infection oculaire, aggravée par le manque d’hygiène de sa cellule à Sanandadj.
Le 15 janvier, Ebrahim Lofti, un étudiant kurde de 27 ans, est mort en détention, s’étant « suicidé » dans cette même prison de Sanandadj, selon la version officielle. Sa famille conteste le suicide, alléguant que durant ses visites à l’étudiant, elle avait pu constater qu’il avait été torturé, et demande l’exhumation et une autopsie du corps, ce que la justice iranienne refuse.
Ebrahim Lofti avait été arrêté le 6 janvier dernier, pour des raisons inconnues. Sean McCormack, porte-parole du Département d’Etat des Etats-Unis, s’est déclaré « profondément concerné par la mort tragique et les circonstances suspectes » de cette mort, relayant l’appel de nombreuses organisations des droits de l’Homme, dont Human Rights Watch. “Nous appelons les autorités iraniennes à mener une enquête approfondie », a ajouté M. McCormack.    
En octobre 2007, une détenue de 27 ans, Zahra Bani-Ameri, était morte dans les mêmes conditions, cette fois dans la prison de Hamadan.
De façon générale, on assiste à une recrudescence des exécutions en Iran, depuis la fin de l’année 2007. Selon Amesty International, 297 personnes ont été pendues en 2007, contre 177 en 2006. Le gouvernement iranien s’est lancé depuis un an dans une campagne « sécuritaire » qui s’est traduit par un nombre croissant d’exécutions.
Le 2 janvier, 13 condamnés ont été pendus, dont 8 dans la prison d’Evin, à Téhéran. Ils avaient été reconnus coupables de meurtre ou de trafic de drogue. Parmi eux, figure une femme de 27 ans, mère d’une fille de 5 ans et d’un garçon de 3 ans, condamnée pour le meurtre de son mari. A Qom, 3 hommes ont été pendus pour trafic de drogue et deux autres à Zahedan.
Alors que la toxicomanie fait des ravages en Iran, toute personne détenant plus de 30 grammes d'héroïne ou plus de cinq kilos d'opium encourt la peine de mort. Les autres délits passibles de cette condamnation sont « la trahison et l'espionnage » accusation qui permet de poursuivre nombre d’opposants politiques ; le meurtre, l'attaque à main armée, le trafic de drogue, le viol, l'adultère, la prostitution, la pédérastie et l'apostasie pour les musulmans.

IRAK : BILAN DE LA GUERRE POUR L’ANNEE 2007


Malgré les pendaisons le 15 janvier de deux anciens dirigeants baathistes, Barzan Ibrahim al-Hassan al-Tikriti, un demi-frère de Saddam Hussein et Awad Ahmed al-Bandar, l’ancien président du tribunal révolutionnaire et adjoint du chef du cabinet de Saddam, les violences en Irak ont enregistré une tendance à la baisse par rapport à 2006. La nouvelle année a même pu être fêtée à Bagdad sans grave incident, hormis un attentat suicide qui a tué cinq enfants et six membres d'une patrouille de volontaires dans les faubourgs nord de Bagdad. En tout, 481 civils sont morts dans les violences en décembre, contre 1.930 en décembre 2006, selon le ministère de l’Intérieur irakien.
L’envoi de 30.000 hommes supplémentaires par les USA et le revirement de plusieurs tribus sunnites contre Al-Qaïda expliquent cette baisse, ainsi que, du côté chiite, le cessez-le-feu de six mois ordonné par l’imam Moktada al Sadr, même si les pertes humaines pour l’ensemble de l’année 2007 restent supérieures à 2006 : 16.232 victimes en 2007 contre 12.630 en 2006, selon les autorités irakiennes.
1.300 policiers et 432 soldats ont été tués contre 4.544 insurgés. En 2006, les pertes avaient été de 602 soldats et de 1.231 policiers tués.
L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a, de son côté, publié le 9 janvier ses premiers chiffres sur la guerre d’Irak. Elle estime qu’en moyenne, 120 Irakiens ont été victimes de morts violentes chaque jour entre mars 2003 et juin 2006, soit un chiffre s’élevant entre 104.000 et 223.000 décès. L’OMS indique par ailleurs que « plus de la moitié de ces morts violentes ont eu lieu à Bagdad », et que la violence est la principale cause de mortalité des hommes entre l’âge de 15 à 59 ans. Les actions armées sont largement à l’origine de ces morts (80%).
En plus de la mortalité, la guerre entraîne un grand nombre de réfugiés fuyant les violences et le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) a demandé 261 millions de dollars pour 2008, afin de secourir les centaines de milliers d'Irakiens qui ont fui dans les pays voisins, principalement la Jordanie, la Syrie, l'Iran, l'Egypte, le Liban, la Turquie, en plus de quelques Etats du Golfe. Ron Redmond, porte-parole du HCR indique que le nombre total de déplacés en Irak avoisine les 2 millions, mais qu’ « apporter de l'aide à un grand nombre d'entre eux est extrêmement difficile en raison de l'insécurité dans une grande partie du pays. La plupart des Irakiens qui ont fui leur pays vivent dans des zones urbaines en Syrie et en Jordanie. Beaucoup d'entre eux sont à court d'argent et ont de plus en plus de mal à survivre. » Le gouvernement irakien, pour sa part, a indiqué que 30.000 familles qui avaient quitté l’Irak étaient rentrées dans leur foyer en 2007, ce que le HCR n’a pas été en mesure de confirmer. Les fonds demandés par le HCR devraient être alloués à la scolarisation de 100 000 jeunes Irakiens, ainsi qu’au soutien financier des familles les plus gravement démunies.
En plus des ressortissants irakiens, le HCR a en charge 41.000 réfugiés iraniens ou turcs et 13.000 Palestiniens vivant en Irak dans des conditions très difficiles.
Cependant, les « progrès politiques en Irak » ont été salués par Condoleezza Rice, lors d’une visite inattendue dans ce pays, à la mi-janvier. La Secrétaire d'Etat américaine a notamment salué le vote, le 12 janvier, d’une loi permettant aux anciens baathistes d’exercer à nouveau des fonctions publiques, civiles et militaires : « Cette loi constitue clairement un pas en avant vers la réconciliation nationale, c'est clairement un pas en avant dans le processus de cicatrisation des plaies du passé ». Quant à George Bush, qui se trouvait en tournée dans le Golfe il a parlé d’un « pas important vers la réconciliation. C'est un signe important que les dirigeants de ce pays doivent collaborer pour satisfaire les aspirations des Irakiens ».
Après la chute du régime et le vote de la résolution de l’ONU qui avait fait des Etats-Unis une puissance occupante, l’Autorité provisoire de la Coalition, dirigée par Paul Bremer, avait voulu « débaathiser »l’Etat irakien, en radiant les baathistes de la fonction publique et de l’armée, ce qui avait eu pour effet d’alimenter et de renforcer les effectifs de l’insurrection sunnite, en privant d’emploi des centaines de milliers d’Irakiens. Revenus de cette politique, les Etat-Unis ont pressé pendant plusieurs mois le Premier ministre Nouri al-Maliki de faire adopter cette « loi de réhabilitation »
143 parlementaires présents sur 275 ont donc voté à l’unanimité cette « Loi sur la Justice et la Transparence », dont le texte avait déjà été rédigé des mois auparavant. Falah Hassan Chanchal, chef du comité parlementaire de « débaathification » l’a ainsi présentée : « Cette loi donne à des membres du cercle de décision du Baath n'ayant pas commis de crimes le droit à une pension de retraite et aux autres la possibilité de réintégrer" la fonction publique, sauf certains postes de direction » (AFP). Par contre, les anciens membres reconnus coupables de crimes seront jugés et condamnés, tandis que des tribunaux spéciaux, pour dédommager les victimes du Baath, seront instaurés, à la demande des chiites. Quant au « Conseil sur la justice et la transparence » qui doit être formé, il aura pour tâche de combattre l’idéologie du Baas dans les mentalités et la vie publique et politique.
Mais cette loi ne fait pas l’unanimité parmi les anciens baathistes, dont certains craignent que des accusations et des procès de « victimes » ne soient en fait que des actes de vengeance personnelle dirigés contre eux, même s’ils avaient été contraints d’adhérer au Parti pour trouver ou garder leur emploi.
La réconciliation des chiites et des sunnites se négocie également au niveau gouvernemental. Le Front de la concorde, le principal parti sunnite, qui avait quitté le gouvernement d’Al-Maliki, s’est dit « prêt à le réintégrer sous certaines conditions », notamment une plus grande représentation des sunnites au sein du pouvoir, qu’il soit politique ou militaire, et libération de prisonniers.
De son côté, l’armée américaine pointe la responsabilité de l’Iran et de la Syrie dans la guerre civile. Les Etats-Unis ont accusé nommément le général iranien Ahmed Foruzandeh, de la force Al-Qods, une unité d'élite du corps des Gardiens de la révolution iraniens, de « diriger des opérations terroristes » contre les forces américaines et d'être à l’origine d’assassinats de personnalités irakiennes et l’ont sanctionné, ainsi que la chaîne de télévision Al Zaoura et trois Irakiens, vivant en Syrie. Ces sanctions comprennent l'interdiction de toute transaction entre ceux qui en font l'objet et des ressortissants américains, ainsi que le gel de tous leurs avoirs qui relèveraient de l'autorité judiciaire des Etats-Unis.
Selon Stuart Levey, sous-secrétaire au Trésor pour le terrorisme et les renseignements financiers, « L'Iran et la Syrie alimentent les violences et les destructions en Irak. L'Iran entraîne, finance et arme des groupes extrémistes chiites violents, tandis que la Syrie donne refuge à des insurgés et à des bailleurs de fonds sunnites. L'initiative d'aujourd'hui met en lumière l'action meurtrière de ces individus, et nous engageons la communauté internationale à agir à nos côtés pour les isoler de l'économie internationale. ».

RAIDS TURCS AU KURDISTAN D’IRAK


Le président de la république de Turquie a rencontré le 8 janvier George W. Bush à la Maison Blanche. Les relations turco-américaines s’étaient refroidies en 2007 en raison des menaces d’interventions turques au Kurdistan d’Irak et d’une résolution sur le génocide arménien adoptée par le Congrès. Un diplomate turc, parlant sous couvert d’anonymat, a qualifié de « plus convenable » la ligne des relations diplomatiques entre les deux pays, se félicitant des « efforts américains au sujet du PKK ». De même, le conseiller en chef du Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan pour la politique étrangère, a exprimé sur CNN sa satisfaction au sujet de la « coopération turco-américaine » contre le PKK.
Pour la première fois, George Bush a utilisé le terme « d’ennemi commun » à propos du Parti des travailleurs du Kurdistan et promis de fournir des renseignements en temps réel sur les mouvements du PKK dans les montagnes kurdes : « Nous avons affaire à des problèmes communs. L'un de ces problèmes est la poursuite de notre lutte contre un ennemi commun, les terroristes », a déclaré le président des Etats-Unis. « Et cet ennemi commun, c'est le PKK. C'est l'ennemi de la Turquie, c'est l'ennemi de l'Irak et c'est l'ennemi des gens qui aspirent à vivre en paix ».
Les Etats-Unis ont aussi invité la Turquie à coopérer avec l’Irak pour une « solution politique à long terme » afin de mettre fin aux actions du PKK. Mais Abdullah Gül a exclu toute discussion directe avec ce parti, en comparant le mouvement kurde à Al-Qaeda et écartant toute solution politique négociée avec la guérilla kurde.
Depuis le 16 décembre, plusieurs raids aériens ont été lancés de Turquie contre le Kurdistan d’Irak. Le 11 janvier, un nouveau bombardement a touché la région d’Amadiyah, au nord de Dohouk, tirs d’artillerie confirmés par le général Jabbar Yawar, porte-parole des Peshmergas, et les garde-frontières kurdes. Le 22 janvier, c’est l’espace aérien irakien qui a été violé par l’aviation turque, laquelle a bombardé plusieurs villages dans les districts d’Amadiyya, Duhok, Erbil. Le jour même, l’armée turque a été mise en état d’alerte maximale et les raids se sont poursuivis jusqu’au 30 janvier. Depuis le début de l’hiver, l’armée turque a massé 150 000 soldats le long de la frontière irakienne. Un système de surveillance a été également mis en place sur 280 kilomètres en bordure du Kurdistan d’Irak, avec des centaines de caméras à infrarouge. Le 19 janvier, une cinquantaine de chars turcs ont aussi manoeuvré dans la ville de Cizre, avec des troupes d’infanterie.
En octobre dernier, le parlement turc avait autorisé l’armée à franchir la frontière pour d’éventuelles « incursions » contre les bases du PKK installées à Qandil, au Kurdistan d’Irak. Mais les Kurdes d’Irak y voient plutôt une volonté de la Turquie d’empêcher l’émergence d’un Etat kurde autonome en utilisant le prétexte du PKK pour occuper la Région.
Par ailleurs, les huit soldats turcs qui avaient été faits prisonniers par le PKK le 21 octobre 2007, puis avaient été relâchés par le mouvement kurde sans condition le 4 novembre, ont été emprisonnés et jugés par le tribunal militaire de Van. Le procureur a requis des peines allant de trois ans d'emprisonnement à la prison à vie. La plus lourde peine est requise contre le soldat d’origine kurde Ramazan Yüce, qui aurait crié en kurde aux combattants du PKK qu’il se rendait, et répondu par la suite aux questions des journalistes de la chaîne Roj TV, proche des combattants kurdes. Ramazan Yüce est poursuivi pour « apologie du crime », « insubordination persistante ayant conduit à de graves pertes », « soutien à des activités visant à briser l'unité de l'Etat et l'intégrité du pays », « fuite à l'étranger », « propagande pro-PKK et contre le service militaire », selon le journal turc Radikal. Ce procès est par ailleurs interdit de diffusion dans les médiats turcs par le tribunal militaire de Van depuis le 13 novembre, « dans l'intérêt de la sécurité nationale ».
L'attaque du 21 octobre, qui avait fait 12 morts parmi les soldats turcs, en plus des 8 prisonniers, avait indigné l'opinion publique turque et agité les partisans d’une intervention militaire au Kurdistan d’Irak. Libérés, les soldats avaient, pour leur part, fait état d’un armement défectueux ou inexistant, et avaient accusé leurs officiers de les avoir « lâchés » en pleine montagne.

SYRIE : UNE LOI SUR LA PROPRIETE GELE L’ECONOMIE DES REGIONS KURDES


Les Kurdes de Syrie protestent contre une loi nouvellement promulguée visant à limiter les droits de vente et de location de terres situées en zone frontalière. Par le décret n°49, des restrictions sévères à la propriété et à l’usage de terres en bordure d’Israël et de la Turquie ont été instaurées. Les régions kurdes étant toutes à cheval sur la Syrie et la Turquie, ainsi que sur l’Irak, les habitants se plaignent que de telles mesures entravent l’économie locale. Il est en effet énoncé que les habitants des zones frontalières ne pourront plus vendre de terres sans avoir obtenu, au préalable, l’accord des autorités, c’est-à-dire des ministères de l’Intérieur, de l’Agriculture et de la Défense. Une autorisation semblable devra être requise pour la location de terre sur une période de plus de trois ans.
 
Selon Radif Mustafa, avocat et président du Comité kurde pour les droits de l’homme, cette mesure vise principalement les Kurdes. « La frontière d’Al-Quneitra est un cas particulier, puisqu’elle est occupée par Israël, mais pourquoi les régions le long de la frontière turque sont comprises dans cette loi, alors que les relations syro-turques sont meilleures qu’elles n’ont jamais été ? » Le mois dernier, près de 200 Kurdes avaient manifesté à Damas contre cette nouvelle réglementation. Les protestations étaient pacifiques, ce qui n’empêcha pas une réaction brutale des autorités. Ainsi, Hirfin Awsi, qui participait à la manifestation, raconte ainsi avoir été battue à coups de barres de fer : « Nous n’avions rien dit contre le gouvernement ou le président. Notre protestation était pacifique.” Loqman Oso est membre du comité Azadî, l’un des sept partis kurdes qui depuis le mois d’octobre s’élève publiquement contre le décret. Il assure que son parti, malgré la répression, est prêt à continuer ce genre de démonstrations : « Nous avons réussi à rassembler un grand nombre de partis kurdes, et nous continuerons notre lutte pacifique et démocratique, jusqu’à l’abolition du décret. »
 
Mais Khalaf al-Jarad, qui dirige le groupe de presse Al-Wahda, lequel journal publie les annonces officielles de l’Etat syrien, assure que la loi a été “mal interprétée” par les Kurdes : “Je me sens très attristé, plein de regrets, et suis très étonné de voir comment le décret n°49, qui réglemente la propriété, est interprété », a-t-il déclaré à l’agence Al-Quds. « C’est un décret de réglementation qui ne vise pas un individu ou un groupe spécifique, mais ne concerne que les questions de vente et d’achat. Si certains parmi nos frères kurdes veulent exagérer, ils seront perdants, car personne ne croira la façon dont ils interprètent le décret. »
 
Mais Suleïman Ismail, un avocat, pointe la confusion qui règne à présent dans les régions frontalières, depuis que la loi a été publiée : « Tous les actes juridiques dans le domaine de la propriété ont été gelés, parce que les juridictions ne peuvent plus prendre aucune décision sur ces questions sans instructions de l’exécutif, et rien encore n’a été divulgué. Nous n’avons aucune idée de ce que deviendra, à l’avenir, le secteur immobilier dans la région. » Les autorités chargées d’appliquer la loi ne semblent guère mieux informées, comme le reconnait le bureau d’enregistrement des propriétés de Hassaké : « Nous avons reçu l’annonce du décret et on nous demande de l’appliquer immédiatement, mais nous n’avons reçu aucune instruction sur les moyens de le faire. On nous a simplement dit de stopper tous les enregistrements d’actes de propriété. » Aussi, les répercussions économiques d’une telle situation se font sentir depuis le mois d’octobre, comme l’explique Hussein Abbas, un ingénieur civil de Hassaké : « Nous avions l’habitude de vendre cent tonnes de fer par mois, et maintenant nous en vendons à peine dix. Les entrepreneurs en bâtiment n’achètent plus de fer ni de ciment, puisque les nouveaux permis de construire ne sont plus délivrés pour le moment. Mohammad Salih Salo, entrepreneur à Qamishlo, confirme que la nouvelle loi et l’incertitude qu’elle fait naître, dissuade beaucoup de gens d’acheter ou de vendre des terres et des biens immobiliers : « Le travail dans le bâtiment a été stoppé, parce que beaucoup de gens souffrent d’un manque de confiance. Auparavant, nous pouvions vendre et acheter des biens immobiliers, payer et obtenir un permis. A présent, les gens qui ont de l’argent n’achètent plus rien puisque les actes de propriété ne peuvent plus être validés à leurs noms dans les registres gouvernementaux, et cela crée des problèmes de confiance entre vendeurs et acheteurs. Nous voulons obtenir les permis nécessaires, nous voulons travailler, de quelque façon que ce soit. Mais les bureaux gouvernementaux n’ont aucune instruction relative au nouveau décret, ce qui fait que nous sommes tous en attente. » Certains Kurdes, en raison de ce gel économique, ont déjà été forcés d’émigrer. Mohammed al-Khatib, charpentier, a une femme et une enfant à charge. Il a dû partir pour Damas et trouver un emploi dans une boutique : “Je suis parti à Damas parce que l’entrepreneur pour lequel nous travaillions n’avait plus de travail à nous fournir. La plupart des gars avec qui je travaillais sont de la province de Hassaké, et la majorité sont des Kurdes. Ils veulent gagner de quoi vivre, peu importe comment. »
 
Malgré les dénégations officielles sur les visées cachées de telles mesures, l’histoire des Kurdes de Syrie depuis les années 60, principalement dans les régions orientales, les incite à se méfier d’une réglementation limitant leur droit à la propriété. En 1962, la Syrie appliqua une politique appelée « Ceinture arabe » qui prévoyait d’expulser tous les Kurdes de la Djézireh, en bordure de la Turquie et de les remplacer par des colons arabes. Près de deux cent mille de Kurdes ont été du jour au lendemain privés de leur nationalité et déclarés : «étrangers se trouvant illégalement en Syrie» et ce statut se transmet aux enfants qui naissent ainsi « étrangers » sur leur sol natal. Un plan secret d’arabisation rédigé en 1963 par la police de Hassaké, intitulé «Étude de la province de Jazira sur les aspects nationaux, sociaux et politiques» , recommandait ainsi, entre autres mesures, la dispersion des Kurdes de Syrie et leur mise au chômage, l’instauration d’une « ceinture arabe » peuplée d’ »Arabes purs et nationalistes » qui vivraient dans des « fermes collectives », et de façon générale, la suppression des droits civils pour toute personne ne parlant pas l’arabe. Des terres kurdes ont été ainsi saisies et redistribuées à des colons arabes et aujourd’hui la question des Kurdes « sans papier » est l’un des points majeurs des revendications du Kurdistan de Syrie.

Nûbar : El Qit'atu fî-l-Behrî Serî il Mettwîy


"Quiconque a bien étudié une science
Est comme un Etat qui a le savoir pour fondations !

Mufte’îlûn, mufte’îlûn, mufte’îlûn, mufte’îlûn,
La section de Serî’e, qu’est-ce que c’est ? Le beau mettwî !

Mekke et Medine, qu’est-ce ? Ce sont les Villes.
Roj et hîv, qu’est-ce ? Les deux astres.

Qu’est-ce que le miel ? Hingiv.
(Suit trois synonymes arabes).

Le lion et les tendons ? Shêr et reh.
Shûr et qelem, qui sont-ils ? Les "manchots".*

* Oui, encore une devinette.


Le jour et le soleil, qu’est-ce que c’est ? Roj.
L’ouest et l’est ? Xafiqan.

Le soleil et la lune sont roj et hîv, frérot !
Roj et heyv, qu’est-ce que c’est ? Les deux astres lumineux.

La gauche et la senestre, qu’est-ce que c’est ? çep.
Rast, qu’est-ce que c’est ? Apprends que c’est la droite et la dextre !

Le serment, la promesse, la parole, tout cela est sond.
Êmînî et ‘edl, qu’est-ce que c’est ? Les "meilleurs".

Le loup et le corbeau, qu’est-ce que c’est ? Gurg et qir.
Et gurg et qir, que sont-ils ? des grégaires.

Le lion est shêr (six noms arabes)

La vallée caillouteuse est newalên biber.
Les voleurs, les brigands, que sont-ils ? Dizan.

Le chat est pisîk, la souris mishk.
Le terrier est kun, et qu’est-ce que le renard ? Rovî.

Qu’est-ce que un et deux ? Yek et du.
est trois, çar est quatre, apprends-le !

Qu’est-ce que cinq et six ? Pênc et shesh.
Heft et hesht sont sept et huit.

Neuf et dix sont neh et deh, d’accord ?
Sed est cent, et mille est hezar, hé mon beau !"

lundi, janvier 28, 2008

Quatre raffineries pourraient ouvrir l'été prochain au Kurdistan

Selon le ministère kurde de l'industrie et des minerais, quatre petite raffineries pourraient commencer de fonctionner en août prochain. Une source ministérielle précise que la capacité totale de ces raffineries serait de 40.000 barrils. Le journal Az-Zaman qui répercute l'annonce indique aussi que ces raffineries ont été construites par des techniciens irakiens avec du matériel et un équipement locaux.

L'enjeu est bien évidemment pour la Région du Kurdistan d'arriver à une autonomie énergétique, soit de produire elle-même son carburant, sans dépendre du chantage à l'énergie de la Turquie, comme cela se produit actuellement à chaque regain de tension, alors que ce pays a coupé l'électricité à Duhok et Zakho, malgré les contrats passés avec la Région kurde. (source Az Zaman).

Nûbar : El Qit'atu fî behri-îl recez -îl mettwîy - îl musemmen


"Afin que personne ne t'affronte et s'oppose à toi,
Etudie et conforme chacun de tes actes à la sunna.

Mufte’îlûn, mufte’îlûn, mufte’îlûn, mufte’îlûn,
Ce recez mettwiye, apprends-le bien, mon frère !

Vaisseau est gemî, le canal est lirêçûn, et apprends que la lumière est ruhnî.
La lune est meh et la nuit shev, le miséreux est geda, l’ignorant nezan.

L’amour et la passion, qu’est-ce que c’est ? Evîn. La haine et l’inimitié ? Nevîn.
Fuir tous ensemble est tevde revîn ; et s’échapper est revan.

L'armure, la cotte de maille sont zirih ; le bouclier est mertal ;
L'épée et le sabre sont shîr, la flèche et l'arc tîr et kevan.

Tefsho est l’herminette, le cyprès çinar ; qu'est-ce que le campement, l’aire de repos ? Mukar.
Les parterres, les plates-bandes sont mishar ; couper est birrîn, la dent, didan.

Le chameau, la chamelle, le chamelon sont deve.
La jument est mehîn*, kurrî est le poulain et le cheval hesp.

* Xanî indique que hicr veut dire aussi aqil, intellect.

Le veau et l’agneau sont golik et berx, le chevreau, le bouquillon, le cabri sont kar.
La graisse et gras sont rûn et qelî, le suif est bez, la mamelle est guhan.

La route, la voie, le chemin sont et qewî est solide.
Qu’est-ce qu'éminent (Alî) et sublime ? bilind. Qu’est-ce que le roi, le seigneur ? Xwedan."


dimanche, janvier 27, 2008

Radio

Dimanche 27 janvier : à 9H10 sur France Inter : Kurdistan, un parfum d'indépendance. Interception, Omar Ouahmane.
à 18h10 sur France Culture : De la serviture en Islam; avec Mohammed Ennaji, auteur de Le Sujet et le mamelouk. Esclavage, pouvoir et religion dans le monde arabe, 1001 Nuits. Cultures d'islam, A. Meddeb.
(Le même sur le même livre sur la même chaîne le jeudi 31 janvier à 15h dans A plus d'un titre.)

samedi, janvier 26, 2008

Coup de projo sur : Mazlum Çimen, Mem û Zîn, Musa Anter






Sorti en 1992, Mem û Zîn fut tourné par Umit Elçi, - en turc hélas ! mais une version en sorani existe aussi. La musique est de Mazlum Cimen qui a plusieurs musiques de film à son actif en plus de ses albums. Bon, comme c'est une grande histoire d'amour tragique, la musique a une certaine emphase sentimentale. Mais ça se laisse écouter. Le passage le plus émouvant et le plus drôle aussi est l'introduction par Musa Anter, le célèbre écrivain, alors directeur de l'Institut kude d'Istanbul, et qui mourut la même année, nous allons voir pourquoi.

Voici, en gros, ce que Musa Anter dit à propos du film :

"Mem û Zîn ! Quel joli titre, qui a réussi à faire de moi un artiste à mon grand âge ! La jeunesse aujourd'hui ne sait pas quel chemin nous avons parcouru pour arriver à ce jour. Le jeune homme qui se promène avec sa fiancée en avril, comment veux-tu qu'il pense au froid de janvier ?

Je vais vous raconter une petite histoire. En 1943, j'étais chef de dortoir de l'université de Dicle d'Istanbul. Un jour, la police a débarqué pour m'amener à la Première Division. Dès que je suis entrée, 5 policiers ont commencé à me tabasser, coups de pied, giffles, insultes. "J'ai demandé ce que j'avais fait. Le commissaire a répondu :
"Olan ! Espèce de fils de traitre, tu ne sais pas ton crime ? " "Non je ne sais pas ce qu'on me reproche." "Tu n'as pas une radio ?" "Si." "Et vous avez un tourne-disque ?" "Oui, j'ai ça aussi." "Il y a tellement de belles chansons turques, fils de batard, qu'est-ce qui te prend* de siffler des chansons en kurde dans le dortoir ? (*lit. Quelle merde tu manges ?")

Ô valeureuse jeunesse turque et kurde, vous voyez maintenant d'où nous venons ?

Aujourd'hui, à Istanbul, inspirés par cette célèbre épopée classique kurde, nous réalisons le film
Mem et Zîn. Le Premier Ministre de la République turque m'envoie à la soirée d'avant-première un mesage de félicitations et la Fondation turque des Droits de l'Homme m'honore d'une plaquette pour service rendu. "

Suit un passage assez désopilant. Enfin j'imagine les yeux ronds et les machoires écumantes de certaines "sensibilités" nationales en entendant ça :

"Je pense que, à l'instar de ce que l'on a fait il y a 1000 ans au Kurdistan, en islamisant les Seldjoukides, en les circoncisant et en les appelant Mohammad, nous, les Kurdes, encore une fois, apporterons la démocratie aux Turcs et à la Turquie. "

Et enfin, cerise sur le gâteau, Musan Anter choisit de lire un "message de Xanî aux Kurdes." Pas n'importe lequel à vrai dire, c'est le fameux "Derdê me", autrement appelé la Question kurde, lequel passage, traduit en turc par Mehmet Emin Bozarslan, fut d'ailleurs largement coupé et censuré dans l'édition parue en Turquie.

"Mais d'abord, laissez-moi vous présenter brièvement l'épopée de Mem et Zîn, d'où elle vient, etc. Mem et Zîn vient d'une antique légende kurde, de Memê Alan. C'est l'oeuvre d'Ahemedê Xanî. Et encore aujourd'hui, nous nous inspirons de cette oeuvre. Je vais vous lire maintenant un message d'Ahmedê Xanî adressé à la Nation kurde ."

Bref, pas étonnant qu'avec d'aussi innocentes plaisanteries, l'Etat turc se soit chargé de le refaire marcher droit, comme le commissaire de la Première division l'avait prévenu en 1943. La même année, Musa Anter fut assassiné, vraisemblablement par les Barbouzes de la Mort qui débarrassèrent le sol kurde de tant de mauvais esprits et de citoyens suspects. A l'époque, c'était un Hrant Dink par semaine qui disparaissait... Là aussi, si la culpabilité des services n'a pu être prouvée (d'autant plus qu'il n'y a pas eu vraiment d'enquête), la Cour Européenne de Strasbourg a condamné la Turquie pour avoir "manqué à ses obligations de protéger la vie de Musa Anter, le sachant menacé, et de mener ensuite une enquête effective sur les circonstances du décès de cet homme connu pour ses sympathies pro-kurdes".

En 2004, un repenti du JITEM a publié un livre où il avoue lui-même être responsable de l'exécution de l'écrivain, mais les confessions des exécutants avaient déjà été publiées dans plusieurs journaux, dès 1997, à la faveur du scandale de Susurluk. Les derniers mots du poète kurde, selon son assassin, un "repenti" du PKK, furent : "Les enfants, vous faites une erreur."


vendredi, janvier 25, 2008

Temps et prières

Dans son Ilhya 'ulum al-Dîn, Abû Hamid Al-Ghazâlî, celui là même qui vouait la philosophie aux gémonies et avec qui Ibn Rushd voulut furieusement ferrailler, cite un hadith de Mohammad qui, en plus des anges postiers et des anges secrétaires, en plus de ceux qui gardent les nombres et ceux qui pleuvent avec la pluie, mentionne une autre catégorie d'anges, les anges-voyageurs qui font en plus office de liftiers célestes :"Outre les anges-scribes qui transcrivent les actions des hommes, Dieu a des anges-voyageurs qui parcourent la terre : trouvent-ils des gens qui pratiquent le dhikr (récitation, mémorisation de Dieu) ils lancent cet appel : accourez à l'objet de vos désirs ! Ils viennent alors et les anges les entraînent vers le ciel." Hadith rapporté par Al-A'mash, via Abû Saïd al Khadarî via Mohammad.

Abû Hamid cite un hadith assez drôle, qui pourrait s'intituler "Baissez d'un ton, Dieu n'est pas sourd !"

"Selon ce que rapporte Abû Mûsa al-Asharî : "Nous arrivâmes avec l'Envoyé de Dieu. A l'approche de Médine, il s'écria : Dieu est Grand !" Les gens firent de même en élevant la voix. Le Prophète les reprit : "O gens, Celui que vous invoquez n'est ni sourd ni absent ! Il se tient au milieu de vous et de vos montures, Celui que vous invoquez !"
Quant aux Quarante (soit les quarante plus grands saints du monde, souvent anonymes et cachés) ils sont hommes de peu de mots : "On dit que les savants et les saints protecteurs (abdâl) ne disent pas plus de sept paroles, plutôt moins dans leurs invocations."
Autre point intéressant ce conseil de ne pas y aller timidement et du bout de l'orteil quand on demande quelque chose, mais franco, quand on demande on demande quoi : "Le prophète disait : "Que nul d'entre vous, quand il prie, ne dise : "Mon Dieu, pardonne-moi si Tu le veux ! Aie pitié de moi, si Tu le veux !"Qu'il soit résolu en faisant cette demande ; elle ne comporte rien de répréhensible."

Et de fait, ce "si Tu le veux", vu comme ça, a quelque chose d'un petit peu cafard, de "j'oserais jamais exiger, Tu penses bien, c'est juste en passant..."

De même, ne pas hésiter à insister, si le croyant est casse-pied, qu'il assume : "Insister dans la prière de demande et la répéter au moins trois fois", vingt ans s'il le faut...

Et encore un hadith, cette fois de Ka'b al-Ahbâr, ce juif yéménite converti, qui montre que Dieu, chez les juifs comme les musulmans, sait répondre du tac au tac et n'a pas la langue dans sa poche. Cela change agréablement du Dieu abstrait et muet des Plotiniens et néo-platoniciens..

"Une sécheresse terrible faisait des ravages au temps de Moïse, l'Envoyé de Dieu. Moïse fit une démarche avedc les fils d'israël pour demander de l'eau. On ne leur en donna pas. Par trois fois, ils firent la même démarche : en vain. Dieu révéla alors à Moïse : Je ne t'exaucerai pas, toi et pas davantage ceux qui sont avec toi, tant qu'il se trouvera parmi vous un délateur. - Seigneur, dit Moïse, quel est-il, que nous le retranchions de nous ?" Dieu révéla alors ceci à Moïse : "Moïse, comment pourrais-Je vous interdire la délation, en étant Moi-même un délateur ?" Moïse s'adressa alors aux fils d'Israël : "Revenez tous à votre Seigneur en renonçant à la délation." Ils se repentirent. Dieu leur envoya alors la pluie."

A la fin de son chapitre sur la du'a (prière de demande), Al-Ghazâlî indique quelques prières de circonstance qu'il est recommandé de réciter. Il en est d'assez savoureuses :

"Si tu vois dans la mosquée, quelqu'un faire du trafic, dis-lui :
-Que Dieu ne fasse pas fructifier ton commerce !"

Si tu y vois quelqu'un à la recherche d'une brebis, tu diras :
- Que Dieu ne te la rende pas ! C'est l'Envoyé de Dieu qui l'ordonne.

Lorsque le vent souffleratu repartiras tu diras :
-Mon Dieu,
Je Te demande le bienfait de ce vent, le bienfait de ce qu'il apporte avec lui, le bienfait que Tu envoies grâce à lui. Préserve-nous de ses méfaits, des méfaits qu'il apporte avec lui et que Tu envoies par lui.

Si les oreilles te tintent, tu diras :
- Que Dieu répande Ses bénédictions et Son salut sur Mohammad.

Lorsque tu seras en retard, tu diras :
- Louange à Dieu de toute façon !

Lorsque le murîd se regardera dans un miroir, il dira :
- Louange à Dieu !
Il m'a doté d'une forme harmonieuse, Il m'a honoré et a embelli les traits de mon visage. Il m'a mis parmi les musulmans.

Lorsque tu achèteras un domestique, un jeune garçon ou une bête de somme, saisis-le par le toupet, en disant :
- Mon Dieu,
Je Te demande son propre bien ainsi que le bien pour lequel il a été fait ; préserve-moi de son mal et du mal pour lequel il a été fait."

Un des hadiths qui peut donner raison aux ismaéliens sur la supériorité de la walayat d'Ali sur la nobowwat mohammadienne est celui-ci :

"On tient de 'Alî cette anecdote : Le Prophète vint le trouver de nuit, lui et Fâtima, tandis qu'ils dormaient. "Pourquoi ne priez-vous pas ?" leur demanda-t-il. Alî eut cette réponse : "Tu as dit, Envoyé de Dieu, que nos âmes sont dans la main du Très-Haut : s'Il veut les réveiller, Il le fera !" Le Prophète se retira. Quand il partit, je l'entendis se frapper la cuisse en disant : "L'homme est le plus querelleur des êtres" (Coran, XVIII, 54).
ça n'a l'air de rien, et ce vertueux sunnite d'al-Ghazalî n'en était sans doute pas conscient, mais c'est toute l'ironie de la haqiqat vs shariat qui s'exprime, soit ésotérique contre pratique exotérique.


Concert de soutien à l'Institut kurde