samedi, novembre 24, 2007

Coup de projo sur : Chimène Seymen et Alî Ufkî Bey




Après le Khorasan, on remet le cap à l'ouest, et même très à l'ouest avec ce cd sorti le 25 octobre dernier, où Chimène Seymen, chanteuse française d'origine turque, formée au baroque, poursuit son projet de musicologie sur "les échanges culturels et musicaux entre les Cours Européennes et Ottomane au XVIIe siècle", comme elle l'explique plus longuement sur son site. A la cour ottomane, on jouait des airs ottomans, bien sûr, mais aussi européens. Les musiques ottomanes n'étaient malheureusement pas transcrites par écrit, mais heureusement, un manuscrit conservé à la Bibliothèque nationale de France est un témoignage irremplaçable sur l'histoire de la musique à Topkapi : Le Mecmu'â i saz ï söz, soit "Recueil pour sonner et chanter", fut rédigé par l'esclave de cour Ali Ufkî Bey, alias Wojciech Bobowski, alias Albert Bobowski alias Alberto Bobovio alias Albertus Bobovius, qui nous a laissé en plus une Relation du Sérail du Grand Seigneur, éditée chez Actes Sud, qui est aussi une description unique des arcanes, pavillons et coulisses de la Sublime Porte.




"Wojciech Bobowski, né en 1610 à Lemberg (aujourd’hui Lvov en Ukraine), se retrouve, par des voies que nous ignorons, page du sultan au palais de Topkapi, sous le nom d’Ali Ufkî Bey ; il y apprend à jouer du santur (instrument à cordes percutées) et devient Santurî Ali Bey. Après dix-neuf ans de séjour au palais, où il est principalement affecté à la chambre de musique du sultan, il en sort vers 1657 pour devenir un des traducteurs (drogman) de la Sublime Porte. Il écrit alors en latin des ouvrages sur la langue turque et la religion musulmane, en italien une description du palais de Topkapi, traduit le Coran en turc et transcrit pour la première fois sous forme de partition des pièces de musique ottomane. Il est réputé posséder sept, treize, voire dix-sept langues. Il est bientôt connu en Europe sous les noms d’Albert Bobowski, Alberto Bobovio ou Albertus Bobovius.

Cette Relation du sérail du Grand Seigneur, description du palais de Topkapi, est un des très rares textes rédigés de première main que nous possédions sur la demeure du souverain ottoman. Les innombrables descriptions occidentales dont nous disposons par ailleurs ne sont que des compilations de renseignements aussi épars qu’invérifiables ; quant aux Turcs eux-mêmes, ils se sont interdit toute description d’un lieu inaccessible."

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