samedi, août 04, 2007

Le Cavalier turc et le lancier arabe

Où le nationalisme va se nicher quelque fois... Dans l'édition du Dîwan de Cizirî (Firat Yayinlari) le 11ème poème s'intitule fièrement : "Shehsuwarê Kurd" (soit le roi des cavaliers kurde). Car à un moment Nishanî, le Mollah de Djézîr, compare l'Aimée (ou Dieu c'est pareil) à un roi furieux, un héros saccageant la forteresse de son coeur. Et de le féliciter pour sa vaillance en le comparant aux plus vaillants guerriers du Shahnameh et de l'islam :
"Rustem û Cemshîd û Xalîd, Hemze yan Shêrê Ali"
Et puis vient le second hémistiche :
"Aferîn ya Shehsuwarê Kurd û rimbazê Ereb !"
Soit : "Bravo au roi des cavaliers kurde, bravo au lancier arabe !"
Oui mais voilà : l'édition traduite et commentée par Hejar ne dit pas tout à fait la même chose...
"Aferîn ya Shehsuwarê Turk û rimbazê Ereb !"
Soit : "Bravo au roi des cavaliers turc, bravo au lancier arabe !"
Quand j'ai vu ça j'ai éclaté de rire, ne doutant pas une seconde que la bonne version était la plus "dérangeante". Mais bon, pleine de bonne volonté je vérifie les différentes éditions la première, celle de Hartman de 1904. Et l'édition la plus schizoïde est celle de Roja Nû, parue en Suède en 1997. Le texte en kurmancî nous donne du Shehsuwarê Kurd, mais la seconde partie reproduisant le texte ancien de référence reproduit bel et bien le "cavalier turc", ils n'ont quand même pas osé biffé et tipexé les versions anciennes... Donc en kurmancî moderne et accessible, la version ad usum delphini, et dans la reproduction du manuscrit le terme qui choque, un peu comme ces orientalistes qui pour traduire les mots et les passages crus des poésies persanes les mettaient en latin, seulement accessibles aux avertis...


'Stupidity, however, is not necessarily a inherent trait.'
Albert Rosenfield.

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