vendredi, juin 29, 2007

Quelques scènes du bombardement de Halabja

"Le premier bombardement eut lieu à 11h45 du matin et fut si soudain que les tables préparées pour le déjeuner furent laissées telles quelles. C'est seulement un mois plus tard que les habitants purent revenir et voir la ville ruinée et ses victimes.

Des dizaines de personnes étaient restées dans leurs caves, en attendant qu'on les secoure mais aucune d'entre elles ne survécut. Ils furent retrouvés morts, comme endormis, tout le sang s'étant échappé de leurs corps desséchés comme ceux des momies.

Ce que l'on pouvait voir à l'intérieur des maisons, dans les rues et les passages était épouvantable. Des cadavres amoncelés, hommes et bétail, se mêlaient à la pierre et au bois des bâtiments et des maisons, tout cela dans l'odeur des bombes chimiques.

Une photo d'Omar Khawer, tenant un bébé dans ses bras fut prise par les journalistes devant le seuil de sa maison.

La route entre le village collectif d'Eneb et le village d'Eneb avait eu le plus grand nombre de personnes tuées, femmes, enfants, vieillards. Le spectacle en était insoutenable. Les corps étaient tombées ça et là sur un kilomètre de distance.

Dans le village d'Eneb, les scènes étaient encore plus terribles. Il y avait entre 600 et 800 corps autour de la fontaine, dans le passage de Bakhan, sur la route d'Eneb-Dereshish-Mileqlewî. Cette route demeura obstruée par les cadavres jusqu'à ce que les forces iraniennes et les citoyens kurdes les ramassent.

Il y avait beaucoup de cadavres dans les caves des quartiers de Shehidan, Pacha, Djewlakan, Benzinkhane, Pîr Mohamed, Kanî Tollke. Ils ne furent pas aperçus par les journalistes et les cameramen. Les 19, 20, 21 et 22 mars ils furent enlevés et enterrés dans leurs vêtements dans les fosses communes de Golan, Shehidan, et Eneb par les Kurdes et les forces iraniennes.

La façon dont les gens mouraient révoltait tristement les consciences. Pendant plusieurs heures, les victimes du poison étouffaient et appelaient à l'aide ceux qui passaient près d'elles mais en vain. Ils finissaient par mourir à la vue de tous. Un citoyen raconte : "J'ai retiré une mère de famille et ses quatre enfants d'une cave. La mère était morte. Quand j'ai arrosé d'eau les enfants, ils ont repris un peu conscience, mais quand je suis revenu le jour suivant ils étaient morts près de leur mère."

Dans une maison du quartier de Sera, un père, une mère, leur fille, leur fils et la grand-mère furent retrouvés tous morts. Le garçon, âgé de six ans, avait dû essayé d'atteindre la citerne. Il paraissait être mort au moment où sa main touchait le bord. Cette scène était terriblement désolante.

Un citoyen raconte : "Près de la mosquée de Shehidan (des Martyrs), un jeune homme de 20 ou 25 ans était encore debout et disait : "Au secours, je suis vivant !" et je n'ai pu répondre car j'ai perdu connaissance. Quand je suis revenu à moi et que j'ai ouvert les yeux, il était mort."

Un autre citoyen raconte : "En soirée, parmi les cadavres, j'ai vu un garçon près de sa mère. Il disait : "Oncle, amène moi près de la source." Je l'ai porté et lui ai lavé le visage. Il a dit : "Oncle, tu peux partir, Je peux vivre ici." A la nuit, quand je suis revenu, je l'ai vu, assis tristement près de la source !"

Un citoyen du quartier de Benzinkhane raconte : "Quand le gaz nous a touchés, je suis devenu aveugle et je ne pouvais plus entendre ni un murmure ni un pas des membres de ma famille. Je les ai cherchés à tâtons. J'ai touché leurs visages. Et puis je suis sorti en rampant. Quand j'ai ouvert les yeux, je me trouvais dans un hôpital de Téhéran."

Un autre dit : "De ma famille, je suis le seul qui ai pu partir. Le 20 mars je suis revenu pour voir ce qui était arrivé à ma famille. Je n'ai retrouvé que mon petit frère, sur sa bicyclette, dans une petite boutique tenue par notre voisin, et son corps était tout noir. J'ai voulu pleurer sur lui mais aucune larme n'est venue... Au lieu de cela, je me suis mis à hurler !"

Un autre raconte : "Dans ma famille, nous étions 13 personnes. Je ne savais ce qu'il était advenu d'eux. Je les ai cherchés jusqu'au 20 mars, quand j'ai trouvé les vêtements de ma mère, devant une pelle, avec les corps de mes parents qui avaient été emmenés dans la fosse commune de Shehidan."

Un citoyen du quartier de Djewlekan (quartier des Juifs) raconte : "En plus de la mort de 72 personnes de ma famille, deux de mes fils ont disparu et jusqu'à aujourd'hui j'ignore tout de leur sort."

Mémoires de Halabja, Bekir, Heme Sidîq Arif.

jeudi, juin 28, 2007

Le dévoilement des choses cachées

"Tout lieu est comme une prison pour celui qui l'occupe. Il n'existe pas une seule chose qui puisse se séparer de son lieu propre ; chacune est à demeure dans son lieu, comme dans une chose dont elle ne se séparerait jamais."

"Cependant une autre participation à l'Ame est encore accordée aux animaux, participation plus éminente que les précédentes. C'est leur ardent désir de persister dans l'être (baqâ'), leur fuite devant la menace d'aéantissement (fanâ'), car il n'est aucun animal qui n'ait en propre l'effroi de sa propre mort et ne lutte pour sa propre vie. C'est pourquoi l'on ne doit jamais faire périr un animal sans qu'il y ait raison d'utilité. Comprends."

Abû Ya'qûb Sejestanî, Le Dévoilement des choses cachées. Recherches de philosophie ismaélienne

La tragédie du bombardement chimique de Halabja


"Dans la nuit du 13 mars 1988, les gens de la ville de Halabja, entendirent le bruit d'un bombardement puissant de missiles, d'artillerie et de mortiers, venant des chaînes montagneuses de Ballamiw, Shirniwî, Hewraman.

Les habitants de Halabja avaient pris l'habitude de ces bruits depuis le début de la guerre Iran-Irak. Mais le son et l'écho de ces bombardements avaient quelque chose de différent... C'était comme une pluie de feu... L'horizon des montagnes étincelait... Le bruit de l'artillerie et des missiles se faisant entendre sans interruption... Les gens montèrent sur le toit de leur maisons et sur les places élevées pour savoir ce qui se passait, et la plupart ignoraient qu'il s'agissait de l'attaque des forces iraniennes et du Kurdistan pour libérer Halabja.

Quand le jour se leva, les bruits des bombardements se rapprochèrent, de sorte que les habitants pouvaient voir à présent le feu et la fumée des missiles et de l'artillerie, sur les montagnes et en bas. L'artillerie du Baath n'était d'ailleurs pas restée inactive et bombardaient les attaquants. A dix heures du matin, la nouvelle courut que l'Iran attaquait Halabja.

Les habitants s'inquiétèrent et commencèrent de rassembler leurs affaires. Ceux qui avaient des voitures et d'autres moyens de transports se préparèrent à partir pour la ville de Silêmanî. Les forces de sécurité et les services secrets du régime commencèrent à tirer autour de la ville de Halabja avec des mortiers et des mitraillettes, ce qui était une indication de l'avancée des forces iraniennes. Ces dernières étaient parvenus rapidement à atteindre le sommet des montagnes et les endroits élevés autour de Halabja, en particulier sur le mont Ballamiw, au sud de la ville. Dans la soirée du 14 mars, les bombardements commencèrent de toucher la ville. Les forces du Baath ne pouvaient plus rester au-dehors de Halabja, et durent se retirer dans la ville. Cette retraite incita les Iraniens à bombarder davantage l'agglomération. Au total 9 civils furent tués et 40 blessés. Des monts Sorîn et du Hewraman, les forces iraniennes attaquèrent la route et le pont de Zelm, afin de bloquer complètement la ville. Après plusieurs batailles meurtrières, et les tirs de l'artillerie iranienne, celle-cu fut en mesure de contrôler le pont de Zelm au matin du 15 mars 1988, après un combat qui se traduisit par une effroyable boucherie et de grandes pertes humaines.

Après cela, Halabja se trouvait de fait derrière les positions iraniennes. Il n'était plus possible à ses habitants de fuir la ville. Une partie des forces de sécurité du régime avait fui à Silêmanî. Plusieurs d'entre eux avaient été tués sur la route, une aprtie aprvint saine et sauve à Silêmanî. Halabja était abandonnée au milieu des explosions, de la fumée, de la poudre et du feu. Les forces militaires irakiennes étaient complètement dispersées, beaucoup de ses soldats avaient été tués et ses postes et lignes de défenses se reportèrent à l'ouest du Shahrazûr, dans les districts de Zerayîn et Said Sadiq. Entre le 14 et le 17 mars, sur l'ordre d'Adnan Kheirullah, les Baathistes firent exploser toutes les maisons et les bâtiments de la ville de Said Sadiq et ses habitants furent déportés dans les villages collectifs de Nesr, Barike et Zerayîn.

La nouvelle de l'occupation du pont de Zelm parvint aux habitants de Halabja. Ils l'apprirent au moment même où un bombardement massif avait lieu sur Halabja, tandis que les habitants se réfugiaient dans les caves. Le 15 mars, aorès des combats de 10 heures du matin jusqu'à 4 heures de l'après-midi, Halabja fut entièrement contrôlées par les forces iranniennes. Les habitants quittèrent donc les caves où ils se terraient depuis 2 jours pour rentrer chez eux. Mais ils ne trouvèrent qu'une ville détruite, des bureaux saccagés, des scènes de terreur, de douleur et de mort. Des cris, des gémissements, des pleurs... A tous égards, la ville ne ressemblait plus qu'à une vaste cave. Quand les forces du Kurdistan et de l'Iran entrèrent dans la ville, c'était presque le soir. Beaucoup de gens avaient évacué les lieux et étaient partis en direction des villages. Tout le monde ignorait que le jour suivant, Halabja deviendrait un champ d'expérimentation pour les armes de destruction massive les plus meurtrières, et serait changée en une ville fantôme.

Au matin du 16 mars 1988, au lever du jour, les gens allèrent au marché et se promenèrent dans les rues et les ruelles de Halabja, comme d'habitude. Mais l'aspect de la ville avait bien changé. De nombreux gardes iraniens étaient visibles. Les scènes de destructions frapapient la vue. Les gens, inquiets, dans l'expectative, sortaient de chez eux. Une foule se rassembla bientôt au centre ville. Quant à ceux qui avaient fui hors de la ville, la plupart restèrent dans les villages. Mais certains revinrent avant midi. C'était un printemps de mort... Le ciel était clair, la saison douce, et la plaine et tous les alentours de la ville étaient reverdies. A 11h45 du matin, alors que plusieurs familles préparaient les tables pour déjeuner, le bruit des avions secoua soudain le ciel au-dessus de la ville, tandis que l'explosion des bombes au napalm assourdissaient les tympans. Les avions tournèrent au dessus de la ville et revinrent.

Les explosions des bombes étaient si fortes qu'elles firent trembler la ville. Le bombardement dura 5 minutes, tuant un certain nombre de civils. Après 7 minutes, un autre escadron aérien, venu du mont Ballamiw bombarda Halabja. La fumée, les appels et les hurlements des femmes, des enfants et des vieillards déchiraient l'atmosphère. Toutes les 10 minutes, un escadron d'avions survenait et bombardait la ville sans pitié. Le ciel au dessus de Halabja fut couvert de nuages noirs. Ils détruisirent et pilonnèrent tout. Ceux qui survécurent furent dispersés et quittèrent leurs maisons et leurs familles, essayant de fuir dans les montagnes. ceux qui avaient des caves y descendirent pour sauver leur vie. La ville fut lourdement bombardée de 11h45 à 2h00 de l'après-midi. Les fugitifs qui cherchaient à quitter la ville formaient de longues files. Affolés, ils s'échappaient précipitamment vers Gollan, Bamok, Sazan, Ebabaylî, Dollemer et Eneb.

Le 16 mars 1988, à 2h30 de l'après-midi, les mots "bombes chimiques" furent prononcés par les gens de Halabja, figés par l'épouvante. Ils cessèrent de respirer, et impuissants, tombèrent au sol un peu partout. Puis les quartiers de Jukakan ("des Juifs") et de Qurdane furent bombardés. Le soir, la route de Halabja à Eneb, le village d'Eneb, la route de Halabja à Ebabaylî, la route de Halabja-Gollan-Bawekoçek, la route de Halabja à Sazan furent lourdement bombardées par des bombes chimiques. Un grand nombre de gens furent touchés et ne se relevèrent pas. La plus rgande catastrophe eut lieu sur la route de Halabja à Eneb et dans le village d'Eneb. Il était très difficile de rester au milieu de ce bombardement empoisonné. Ceux qui restaient en vie avaient la peau brûlée, devenaient aveugles ou perdaient connaissance durant 2-3 jours, ou souffraient de dyspnée. Le bétail, les oiseaux et la végétation payèrent aussi le prix de cette tragédie. De loin, on pouvait voir des couleurs rouge, blanche et orange dans le ciel au dessus de la ville, s'étendant comme une ombre sale au dessus d'elle. Des odeurs d'ail, de fruits pourris et d'eaux croupies aveuglaient les yeux et obstruaient le nez. Ces fumées stagnèrent plus de deux heures et demi au-dessus de la ville. Les survols des avions ne cessaient pas et ne stoppèrent même pas à la nuit. La ville fut désertée, tandis que les corps de ses habitants s'empilaient dans les rues, les passages et dans les maisons.

C'était une scène de pure terreur. Du 17 au 18 mars 1988, les avions du Baath bombardèrent sans relâche, avec des bombes chimiques, les villages où les gens avaient fui : Eneb, Sazan, Kosawa, Hawar, Haware Kon, Dere Niwî, Giryane, Ebabaylî, Dillemerr, Dereshîsh, Ahmed Awa et les villages autour de la ville de Khurmal. Il ne restait plus d'endroits où se réfugier pour les gens de Halabja, hormi les montagnes et la frontière iranienne... La mort était partout."

Mémoires de Halabja, Bekir, Heme Sidîq Arif.

mercredi, juin 27, 2007

Exposition : Furusiyya


Ouverture depuis hier et jusqu'au 21 octobre d'une exposition à l'Institut du monde arabe intitulée : Furusiyya-Chevaliers en Pays d'islam, avec des objets de la Furusiyya Art Foundation.

"Une telle exposition, outre qu’elle permet au public de découvrir un domaine encore peu connu, consiste à lui faire prendre conscience de la place occupée par les armes, les armures et l’équipage du chevalier dans la production générale des arts de l’islam. Plutôt que mettre en place une présentation par typologie d’armes et d’équipements, le parcours de l’exposition se trouve, bien plutôt, lié à des ensembles thématiques qui sont abordés successivement : formes et techniques de façonnage, les atours du chevalier (du combat à la parade), le recours à la protection divine, l’archerie (comme discipline d’adresse), le harnachement et les techniques de monte, les poignards comme joyaux masculins… Ménageant des ambiances particulières pour chaque ensemble, un soin tout spécial est apporté à la mise en lumière des pièces afin de souligner tant le raffinement du forgeage que du décor. Des images agrandies de miniatures issues de manuscrits islamiques viennent restituer dans leur contexte l’usage des pièces exposées."



Ali le Chimique sera pendu au Kurdistan

Ils avaient laissé Saddam Hussein aux Chiites, ils ne leur laisseront pas Ali le Chimique. Selon les représentants du gouvernement irakien, Ali al Madjid, le grand boucher de l'Anfal, sera pendu au Kurdistan, vraisemblablement à Erbil ou Halabja (source AP).

La vie à Halabja avant l'Automne noir


"En raison de son site, de la beauté de la nature, de sa proximité avec le lac Derbendikhan, de la chaîne des monts Ballamir, Megrro, Shirniwi, Hewraman, Sorîn, de la grande plaine de Shahrazûr, Halabja peut être considérée comme une jolie presque île. Quant à son mode de vie, dans la plaine de Halabja avant cette période tragique, on cultivait le blé, l'orge et toutes sortes de céréales, le coton, le tabac et toutes sortes de fruits, dont les fameuses grenades de Halabja. Avant 1963, Baxî Mîr, le Jardin du Prince, s'étendait de Halabja jusqu'à Sheikh Kanî, la Source du Sheikh, et l'on y cultivait des raisins, des pommes, des prunes, des grenades et d'autres fruits. Dans le passé, les chanteurs avaient coutume de chanter les récoltes de pommes venues de Halabja.

En ce qui concerne la topographie de Halabja, on trouve toutes sortes de paysages, de hauts et bas pays... Des montagnes, des vallées, des plaines fertiles, des champs, des vergers, des sources, des rivières, des cascades et toutes sortes de végétations. Son climat tempéré ne connait pas les orages. La vie était facile à Halabja.

La plupart des gens vivaient d'agriculture et d'élevage. Avant le bombardement chimique, la population (du centre comme du district), selon le recensement de 1977, était de 91.937 habitants (Halabja et ses 216villages). Au recensement de 1987, elle était de 115.540, dont 70.000 pour la ville de Halabja.

Après le bombardement de la ville et la destruction du district, la déportation des habitants, des 216 villages, seuls 18 subsistaient, les autres ayant été détruits et les villageois déportés entre 1978 et 1979 dans les villages collectifs d'Eneb et Zemeqî. Toutes les récoltes, le bois de cosntruction, le bétail et les biens des habitants furent pillés ou brûlés et le district devint une zone interdite. En 1998, quand les citoyens de Halabja revinrent dans la ville après le retrait du Baath, des responsables des Nations Unies firent un recensement en vue d'appliquer la résolution 986 (Pétrole contre Nourriture). Le résultat du recensement ne donna que 42.000 personnes pour Halabja et tout le district ! Sur 5000 maisons, 1800 avaient été détruites par le régime du Baath et le reste était démantelé ou ruiné. Quand les gens revinrent à Halabja, elle semblait une ville peuplée de fantômes et de corbeaux."

Mémoires de Halabja, Bekir, Heme Sidîq Arif.

mardi, juin 26, 2007

Histoire des mouvements politiques de Halabja


"A partir de 1889 la ville de Halabja devint un lieu de luttes et de conflits. Les Ottomans essayèrent de rallier les chefs de la tribu Jaf. Les Britanniques, de leur côté, commençaient de collecter et d'étudier des informations sur le Kurdistan. Le major Soane, un officier britannique qui avait pris un temps l'identité d'un domestique du nom Mirza Ghulam Hussain Shirazî au palais du Pacha de Halabja, devint par la suite administrateur de la ville quand la Grande-Bretagne occupa le Kurdistan après la Première Guerre mondiale. Halabja devint un centre d'acitivités politiques et culturels aussi bien que de révoltes. Dans le passé, les gens avaient l'habitude de dire : "Halabja dans la province de Silêmanî et Koya dans la province d'Erbil avaient toujours été les centres des décisions politiques, de prise de conscience et d'activités culturelles.

Une politique de mise en place d'une autorité et de prise de conscience politique peut être clairement observée à travers la personnalité de certains Jafs. En parallèle avec l'avidité illégitime des Turcs, la venue de l'armée britannique et le début du mouvement de libération du Kurdistan augmentèrent l'action politique. Mahmûd Pacha, le fils aîné de Mohemed Pacha Jaf, qui résidait dans le village de Tazedî, près de la ville de Khurmal, à la fin des années 20 et jusqu'à quelques mois avant sa mort, réunissait la population du district, des intellectuels et des notables kurdes, pour discuter de la formation d'un Etat kurde souverain. Il mourut avant d'avoir pu réaliser son ambition mais le peuple kurde avait déjà commencé son combat pour un Kurdistan indépendant.

Adilê Khanim exerça une forte autorité politique entre 1909 et 1924. Elle apparaît comme une politicienne habile dans le jeu politique. D'un autre côté, le peuple du district de Halabja soutint la révolte de Sheikh Mahmûd et participa à la sanglante bataille qui se déroula derrière le mont Shinirwî, entre les villages de Ebaeylî et Hawar, où 32 combattants purent vaincre des forces britanniques composées de 500 soldats. (v. Bekir Heme Sidiq : Une Page de l'histoire de Halabja).

En 1924, après l'effondrement de la révolte de Sheikh Ubeydullah Nehrî, l'un de ses hommes, du nom de Sheikh Vanî vint à Byare et puis au village d'Ebabaylî. Sous son gouvernement, les citoyens kurdes apprirent la politique, et parmi eux Ahmad Mukhtar Jaf, Goran, Bikes, Tahir Begî Jaf, Ali Bapîr Agha, Mamoste Baba Resûl Bidenî, Sheikh Selam Azebî et bien d'autres.

Dans les années 40 un politicien kurde, Ibrahim Ahmad, avait l'habitude d'organiser des réunions secrètes pour éveiller la conscience politique de la population. Durant ces années, Halabja était un lieu d'exil pour des politiciens tels que Fa'îq Sameray, Behr El'lûm et d'autres. Les gens de Halabja étaient aussi en relation avec le gouvernement central, puisque des personnalités telles que Hamid Begî Jaf, Hesen Fehmî Beg, Ahmed Begî Heme Sale Beg, Ahmed Mukhtar Jaf devinrent membres du Parlement.

En ce qui concerne la prise de conscience politique et la culture, Halabja fut très tôt initiée. De Tahir Beg à Ahmad Mukhtar Jaf, avec Goran et des dizaines d'autres intellectuels de la ville, poètes et artistes, jusqu'à Hilmî, Hezhar, Natiq et les politiciens, Halabja comptait n'ombre de citoyens instruits. C'est en raison de ce niveau de culture que les activités politiques démarrèrent en 1935. C'est en effet cette année-là que la première cellule du parti Hiwa (Espoir) fut formée à Halabja. Ce parti exerça ses activités sans discontinuer jusqu'au milieu des années 40. A la même époque, Ibrahim Ahmed réunissait des intellectuels à Baxî Mîr (Jardin du Prince) pour des débats politiques. Ces activités étaient une partie du travail politique exercée par le Komelay Zhyandnewey Kurdistan (Zh.K) ou Association pour le renouveau du Kurdistan. Par la suite cette organisation devint le Parti démocratique du Kurdistan, qui avait pour but l'indépendance du pays.

Dans le milieu des années 40 ce parti, que l'on appelait couramment en abrégé le "Part'" fit son apparition avec un autre parti politique, le Teheror. Les deux comprenaient beaucoup de membres. Parmi les membres les plus connus du "Pzrt'" on compte : Re'ûfî Hadjî Heme Alî, Salih Hezhar, Nûrî Hemey Nanewa, qui plus tard devint communiste. Les membres les plus connus du Teheror étaient Arifî Hadjî Feredj, Mehmûdî Hadjî Rehim, Ali Hussain Jaf, Kemal Alî Bapîr entre autres. A la fin de 1946 les deux partis formèrent leur cellule centrale. En 1952, après la visite de Sheikh Mohamed Mehdmûd Serraf à Halabja, la première cellule du parti Ikhwan Muslimîn (Frères musulmans) fut formée avec Mollah Othman Abdul Aziz, Mollah Salihî Gewre, Mollah Abdul Aziz et d'autres.

Bien que tous ces partis différassent par leur idéologie et leur politique, ils s'unissaient concernant les affaires du pays. En 1958, quand le régime monarchique irakien se transforma en république, le peuple kurde s'inquiéta de son avenir et de la menace du nationalisme arabe.

C'est pour cela qu'ils adressèrent un mémorandum à Herold McMillan, le Premier ministre britannique. Avant cela, en 1957, 50 intellectuels, politiciens et notables de Halabja avaient envoyé une lettre de condamnation au Parlement irakien, concerning "l'unité arabe" qui refusaient de reconnaître l'existence du peuple kurde. Cette lettre fut publiée dans le magazine Shefeq.

Dans la période qui suivit la chute de la monarchie, seuls restèrent en activité à Halabja le "Part'" et le Teheror, dont le nom fut plus tard changé en Parti communiste irakien.

Les changements politiques au Kurdistan eurent un gros impact sur la ville de Halabja. En 1961, au début de la nouvelle révolte du Kurdistan, beaucoup de jeunes citoyens de Halabja s'enagèrent et avec un armement très sommaire, firent face à une puissante armée irakienne qui tentait de réoccuper le Kurdistan. La même année, l'aviation irakienne bombarda la ville et son district.

En 1963, l'armée irakienne, sous le commandement du général Sidiq, de sinistre réputation, attaque le district. Il détruisit et brûla entre autres le beau Jardin du Prince (Baxî Mîr) de Halabja, et ses bazars. La population s'enfuit dans les montagnes et les vallées. Se succédèrent continullement des combats et des heurts.

En 1974, Halabja devint un centre de meetings et un quartier général pour les Peshmergas (Forces kurdes), et le foyer de la révolte. Voulant punir Halabja de son rôle dans la lutte antionale, l'aviation irakienne, après avoir bombardé deux jours la ville de Qela Dize, faisant de nombreuses victimes, bombarda Halabja, le 26 avril 1974. 52 personnes furent tuées et beaucoup furent blessées, un grand nombre de maisons et de boutiques détruites.

Le 12 mai 1987, après une série de manifestations et de témoignages de protestations parmi la vaillante population de Halabja, le régime fasciste du Ba'ath lança une attaque avec des tanks, de l'artillerie et 8 hélicoptères, qui fit 12 martyrs. La nuit, les forces de sécurité du Ba'ath emenèrent les blessés qui étaient à l'hôpital dans un camp militaire près du village de Banûk, où ils furent tués. Il y eut d'autres exécutions au camp militaire de Shanederî, près de la ville de "Saîd Sadiq" ; les corps furent retrouvés en 1997.

Halabja, après ces événements, s'attendait à une catastrophe... Le gouvernement chauvin du Ba'ath cherchait un prétexte et une occasion d'attaquer. Durant les années 1980-1988, à Halabja, la population manifestait contre la politique chauvine du régime, lequel répliquait par des tirs. La série de ces événements tragiques se poursuivit, jusqu'au meurtrier "Printemps kurde", où 5000 innocents désarmés, enfants, femmes, jeunes et vieux, tombèrent comme des feuilles en automne."

Mémoires de Halabja, Bekir, Heme Sidîq Arif.

lundi, juin 25, 2007

Galerie photo : Mossoul

Mise en ligne - enfin ! - des photos prises par Roxane lors de son expédition de Mossoul en 2005.

Histoire de l'administration de Halabja



"En général les sources historiques qui parlent de la tribu Jaf nous disent que Mohemmed Pacha, le chef de la tribu Jaf, fut le premier administrateur (fermandar en kurde, qa'imqam en arabe) de la ville de Halabja, mais sans mentionner la date de son exercice. Mais selon des documents historiques, en 1889, Halabja devint le centre du district qui portait son nom (Elebje qezasi), par un décret ottoman et Wesman Pacha Mohemmed Pacha Jaf fut nommé son administrateur. Il mourut en 1909 et sa femme Adila Khanim prit sa place. Elle était connue sous le nom de "Khanim Wesman Pacha". Entre 1919 et 1923 un officier britannique administra Halabja. En 1923 Tayer Begi Wesman Jaf, le poète, fut nommé administrateur.

En 1924, Ahmed Mukhtar, le célèbre poète, lui succéda. Puis il fut élu député au Parlement et la même année, Hamid Begi Jaf prit son poste à la tête de l'administration de Halabja jusqu'en 1932. A partir de cette année-là, voici la liste des administrateurs successifs de la ville :

  • 1932-1934 : Murad Rehmetullah
  • 1934-1936 : Nadji Hurmzi
  • 1936-1937 : Ahmed Fekhri Mustefa Pacha
  • 1937-1938 : Sidiq Elqadri
  • 1938-1939 : Heme Se'îd Qezzaz
  • 1939-1942 : Se'îd Abdul-Qadir Kerkukî
  • 1942-1944 : Shakir Fettah
  • 1944-1945 : Reshid Ghefour Qollçî
  • 1945-1949 : Djemal Ref'et
  • 1950-1951 : Isma'îl Sheikhe
  • 1950-1952 : Reshid Ghefour Qollçî
  • 1952-1954 : Umer Agha
  • 1954-1956 : Khalid Neqshbendî
  • 1956-1957 : Isma'îl Heqî
  • 1957-1958 : Bayiz Agha
  • 1959 : Heme Se'îd Bilabikras (8 mois)
  • 1959 : Fewzî Sa'îb
  • 1959-1961 : Su'ad Talebanî
  • 1961-1962 : Kanebî Dizeyî
  • 1962-1963 : Se'îd Mohemmed
  • 1963-1966 : Rechid Dje'ferî
  • 1966-1970 : Sheikh Heme Aminî Sheikh Awla
  • 1970-1974 : Djemal Namiq

Après cette date, la flamme du Mouvement de la libération du Kurdistan s'embrasa de nouveau en raison des pratiques d'oppression et de suppression du régime raciste et fasciste de Bagdad contre le peuple kurde. Le district de Halabja, comme d'autres parties du Kurdistan, devint instable et ses administrateurs changeaient trop rapidement."

Mémoires de Halabja, Bekir, Heme Sidî Arif.

dimanche, juin 24, 2007

Cette semaine, coup de projo sur : Mezher Xaliqî












Mezher Xaliqî est né en 1939 à Sine, dans le Kurdistan iranien, une ville qui est un vivier de fameux chanteurs. Il a débuté à la radio de Sine à l'âge de 11 ans, en y lisant des histoires. C'est un des plus grands chanteurs kurdes actuels. Il a édité un CD, Karwanî-Khoshawistî et est l'auteur d'un livre, Karvani-mihr, qui est un recueil de chants folkloriques kurdes et de pièces classiques. Il vit à Londres.





Sinon, à signaler, une rareté redécouverte dans les archives de la radio suédoise par Nasir Sîna (de Zayele Radio) ; "Demkol", enregistrée à Téhéran il y a 50 ans par un chanteur de Kermaşan, Elî Elborzî (surnommé Tutî, la perruche), du temps où il disposait de 15 minutes de radio en direct, mais à cette époque aucun enregistrement n'était gardé et archivé et Elî Elborzî lui-même ne possédait aucun enregistrement de ses chansons : Zayele Radio : Tutî chante Demkol.

vendredi, juin 22, 2007

Kirkouk : Interview de Fuad Hussein

Interview de Fuad Hussein, directeur du Bureau présidentiel pour le Gouvernement de la Région du Kurdistan sur la question de Kirkouk. Interview un peu poussive, qui en apprend peu pour qui suit bien le sujet, mais qui est un bon résumé de l'état des choses à ce jour. En italique, mes propres commentaires.

A la fin, un résumé de la loi nouvellement sortie sur le partage des ressources.


RFE/RL: Le Président de la Région du Kurdistan, Massoud Barzani, a été cité dans les médias cette semaine comme ayant déclaré qu'il se pouvait que les Kurdes acceptent un délai dans l'application de l'Article 140.

Fuad Hussein : Non, il n'a pas dit cela. En fait, les média ont mal interprété ce qu'il a dit. Le président Barzani a dit : "Nous ne reporterons jamais; nous n'accepterons jamais aucun report dans l'application de l'Article 140." Il a dit qu'il n'accepterait aucun changement dans cet article et nous n'accepterons aucun retard.

Il a dit que c'est au Comité (du GRK) de l'Article 140 de décider quand ils appliqueraient entièrement l'article. Et si le comité dit que d'un point de vue technique nous avons besoin de quelques mois, alors le gouvernement en discutera. Mais ce ne sera jamais une décision politique ni un changement légal de la Constitution. Il a donc mis les choses au clair. Il n'acceptera pas de report, ni aucun changement dans le déroulé de l'Article 140."

Ce qu'il faut comprendre, c'est que les Kurdes, jamais fichus d'arriver à l'heure, ne pourraient être pas techniquement prêts à assurer le déroulé matériel du référendum. Pour les réclamations, s'adresser au Ministère des Affaires extérieures et au Cabinet du Premier Ministre, comme d'hab.

RFE/RL: Où en est-on dans le processus à présent?

Husayn: Cela concerne bien sûr leComité de l'Article 140, mais ils ont une limite dans le temps et cette limite est atteinte à la fin de l'année. Mais l'Article 140 comprend plusieurs étapes. L'une, - la normalisation- concerne la réinstallation des Arabes amenés à Kirkouk par Saddam Hussein dans leur région d'origine et le retour à Kirkouk des Kurdes qui en avaient été déplacés. Le Comité de l'Article 140 a pris plusieurs décisions en ce sens et ils sont en train de les faire appliquer.

La deuxième étape est de pratiquer un recensement - et un recensement ne signifie pas recueillir des informations sur tout - mais cela signifie savoir qui est originaire de la région et qui peut voter. Et il est facile de le savoir puisque depuis 2003, nous avons eu plusieurs élections. Il suffit donc de se reporter au registre des électeurs et de savoir qui est originaire de la région et qui peut voter. A partir de là nous pouvons aborder la dernière étape, qui est celle d'un référendum optant pour le rattachement à la Région du Kurdistan ou non.

RFE/RL: Il a été rapporté dans les média que 100 billions de dinars (près de 80 millions de $) ont été alloués à l'application de la première phase de l'Article 140. Où est allé cet argent et comment a-t-il été dépensé ?

Hussein : Pour ce qui est de l'argent pour le Comité, il lui a été alloué. Une partie de ce budget a été donné aux Arabes (les colosn installés à Kirkouk par Saddam Hussein) pour qu'ils puissent partir et redémarrer leur vie dans leur ville d'origine. Une autre partie a servi a assurer le travail du Comité lui-même. Par là, le gouvernement irakien a déjà financé le travail de ce Comité et aider les Arabes à partir.

RFE/RL: Est-il possible d'avancer dans le processus d'application de l'Article 140 étant donné la situation sécuritaire à Kirkouk?

Husayn: Oui, oui. Je pense que les activistes actuels - les terroristes et les supporters du régime du Ba'ath essaient par leurs actions de faire reporter l'Article 140. Ilsont pour but soit la suppression de l'article, soit son report. Quand son application commencera - et cela a déjà commencé, cela aidera les gens de la région à se sentir assurés de leur avenir. Et nous pensons que cela réduira les atatques terroristes.

En vérité, il y a des gens qui pensent que l'application de l'Article 140 mènera à une guerre civile. Nous pensons différemment là-dessus, car ces petits groupes qui attaquent en ce moment les Kurdes et d'autres officiels du gouvernement à Kirkouk, ce sont ces gens qui cont contre l'Article 140. Il y a des gens qui sont contre la constitution. Il y a des gens qui sont contre la nouvelle situation en Irak.

Ainsi quand l'étape de l'application commencera, je crois qu'ils sentiront qu'ils ont perdu. Et que la population d'origine de Kirkouk se sentira plus en sécurité, et avec un avenir.

RFE/RL: Qu'arrivera-t-il si des familles arabes refusent d'être rapatriées dans leur ville d'origine ? Auront-elles le droit de rester à Kirkouk?

Hussein : Selon mes inforamtions, des milliers d'Arabes ont déjà été recensés comme ayant regagné leur ville d'origine. Donc, les Arabes qui ont été amenés par Saddam Hussein sont prêts à repartir.

Les Arabes originaires de Kirkouk - car bien sûr nous avons ici des Arabes installés depuis longtemps- bien sûr qu'ils peuvent rester et qu'ils seront une partie de la société, une part de la communauté. Mais ceux qui ont été amenés, leur enregistrement sera transféré dans leur ville d'origine et il quitteront Kirkouk.

RFE/RL: Il y a eu une proposition d'Arabes et de Turkmènes de désigner Kirkouk par un "statut spécial" où les Kurdes, les Turkmènes et les Arabes partageraient le pouvoir. Quelle a été la réponse du GRK à cette proposition ?

Hussein : Nous nous en remettons à l'Article 140 et à la constitution. L'Article 140 dit qu'à la fin, un référendeum décidera. Par ailleurs, ce n'est pas juste sur Kirkouk, mais sur toute une région- Sindjar, Khanaqin, et d'autres villes kurdes. C'est donc à la population de ces régions de décider, et non à un petit groupe ou à un parti politique. Quand le référendum sera tenu, et quand les gens voteront, alors nous saurons dans quelle direction ira Kirkouk. Ce n'est pas à quelques personnes, surtout émanant de petits partis politiques arabes ou turkmènes de décider.

Par ailleurs, il y a beaucoup de Turkmènes qui font partie de ce processus, et ils soutiennent l'application de l'Article 140. Et il y en a d'autres parmi les Arabes - oui, même parmi les Arabes d'otigine - qui disent qu'il est préférable de faire partie d'une région sûre que d'une région dangereuse- et donc de faire partie du Kurdistan.

RFE/RL: Quelle sera la réaction des Kurdes si Bagdad faillit à l'application de l'Article 140?

Hussein : Nous avons le sentiment que le gouvernement irakien est coopératif à ce stade, et qu'ils soutiennent le Comité qui a été formé à Bagdad, celui de l'Article 140.

De plus, la majorité des membres de ce Comité sont ministres dans le gouvernement irakien. Le Premier ministre (Nurî al-Malikî) a déclaré plusieurs fois : "Il est de mon devoir d'appliquer la constitution et l'Article 140 fait partie de cette constitution."

RFE/RL: Il y a un comité au Parlement de Bagdad qui travaille à amender certains articles de la constitution, dont l'Article 140.

Hussein : Oui, il y a un comité qui a pour tâche de porposer des changements dans les articles - et donc dans la constitution. Mais changer la constitution doit être fait par le mécanisme de la cosntitution elle-même. En ce qui concerne les Kurdes, nous n'accepterons pas de changer l'Article 140, car un changement signifierait sa suppression. L'Article 140 doit être appliqué dans un certain délai et ceux qui parlent de le reporter, parlent en fait de le supprimer. Aussi nous ne l'accepterons jamais.

RFE/RL: Certaines personnes accusent des forces extérieures d'influencer la situation à Kirkouk...

Hussein : Kirkouk est une partie de l'Irak - comme Erbil et d'autres villes. C'est une partie de l'Irak. Donc, même si Kirkouk devient une partie de la Région du Kurdistan, nous resterons une part de l'Irak.

(ici, aparté qui n'a rien à voir mais les derniers propos me font irrésistiblement penser à la scène II de l'Acte V de Henry V par shakespeare, quand le roi explique laborieusement en français à sa future fiancée : "Je quand sur le possession de France, et quand vous avez le possession de moy,—let me see, what then? Saint Denis be my speed!—donc vostre est France, et vous estes mienne. ")

Nous resterons une part de l'Irak. Ce n'est pas à des pusisances étrangères de décider du futur de Kirkouk. C'est à la population de Kirkouk de décider du futur de la ville, et aussi à la constitution irakienne qui a été approuvée par vote à 80% par les Irakiens, en y incluant l'Article 140. C'est donc une affaire interne qui ne concerne pas les autres pays."

rferl org

Loi sur le Partage des Revenus

*** *** ***

Quant à la loi sur le partage des revenus, pour les flemmards que lire en anglais ou en arabe fait déjà soupirer, en bref :

- Un fond unique est mis en place pour collecter tous les revenus pétroliers de l'Irak, aussi bien que les autres revenus de la fédération.

Les revenus net, après déduction des dépenses du Gouvernement fédéral irakien iront au Kurdistan à 17%, de façon mensuelle et automatique. Le reste sera réparti dans les gouvernorats non organisés en régions, selon les besoins des populations, qu'elle vive dans une région pétrolière ou non.

Quelques faits sur le passé de Halabja


"Dès la fondation de Halabja, il y eut une architecture civile. Ainsi le palais de Wesman Pacha, à deux étages, quatre tours de guet, décrit comme une merveille à son époque, avec des fenêtres en marbre, des portes avec des miroirs et des décors de verre coloré. Il avait un point de vue sur les quatre points cardinaux de la ville. (1), des chambres d'invités, et des halls comprenant quarante grandes pièces. Il yavait aussi des jardins avec fleurs, pelouses, fontaines et des entrepôts tout autour.

Une autre caractéristique de la ville était son grand nombre de moulins à eau, dont nous connaissons certains noms : Ashî spî, Ashî Kerim Zirûnî, Ashî Mizgewtî Djami'é, Ashî Mehmûdî Yar Weys, Ashî Sheikh Isma'îl et d'autres encore. (2)

Halabja avait deux grands marchés "césarien" : le marché Pacha et le marché Hamid Beg, bâtis en 1932. Des examples de tels amrchés existent dans plusieurs villes d'Iran aujourd'hui.

Le Vieux Seray (centre du pouvoir) consistait en des départements administratif, de justice et de police, bâtis dans les années 1930... La ville comprenait aussi d'autres beaux édifices. En 1932 elle avait un hôtel, un garage, des bains publics et près de 500 maisons. En 1940 Halabja fut équipé de l'éclairage électrique. La première école avait été ouverte en 1925 et le premier hôpital en 1929. La même année, le système de canalisations d'eau de la grande Mosquée, appelé Wishtirgello s'étendit aux maisons de Halabja.

En 1924 Hamid Beg Jaf revint de Silêmanî à Halabja pour la première fois en voiture. C'est aussi en 1924 que le département des poste et télégraphe fut ouvert. En 1954, avec les efforts du Dr Akrem Hamid Jaf, une usine de traitement du tabac fut construite à Halabja, alors que dès 1951 une usine de soda avait été installée dans la ville par Kemal Khefaf, qui fournissait en boissons gazeuses Silêmanî et d'autres lieux. Ces boissons étaient appelées Hesîr, Ashtî, Piremegrûn. (3)

(1). Shakir Fetah : Helebje & Hewreman Tour in 1932, p. 11.
(2). Bekir Heme Sidiq : A Page of Helebje History, 1997, p. 12.
(3). Said Aware : Namey Zhyan, 1985, pp. 102-105 (en kurde)."

Mémoires de Halabja, Bekir Heme Sidîq Arif.

jeudi, juin 21, 2007

Entre le PKK et les Turcs les villageois de Zakho sont mal partis

Alors que les villageois kurdes frontaliers de Zakho vivent sous la menace d'une invasion turque, le PKK, extrêmement reconnaissant aux Kurdes d'Irak de les abriter, montre encore une fois sa solidarité et son esprit de fraternité envers les autres Kurdes, en chassant les habitants des villages, histoire de s'y installer et de les piller un peu au passage, tant qu'à faire...

Ainsi, selon des ONG locales, les Kurdes du district de Duhok auraient autant à craindre du PKK que des Turcs, ce qui a d'ailleurs été le cas durant toutes les années 90s et au-delà :

"Les bombardements ont forcé des centaines de gens à abandonner leurs maisons pour chercher abri en de slieux plus sûrs. Des maisons ont été pillées par les combattants kurdes, selon des témoignages de la région," a déclaré Rastgo Muhammad Barsaz, porte-parole de l'ONG Campagne au Kurdistan pour aider les victimes de guerre.

"Le village de Dashati Takhe, sur al frontière près de Zakho, est l'un des plus affectés. Nous avons été informés de pertes parmi les civils mais comme la région est interdite, nous ne pouvons nous y rendre. Mais par téléphone, les habitants disent disposer de peu d enourriture et d'eau" a ajouté Barsaz said.

Il n'y a pas que la peur des Turcs et les bombardements qui dépeuplent les villages de Zakho. L'un des villageois, Destan, relate ainsi que les combattants du PKK sont entrés dans les maisons et ont obligé les familles à fuir afin d'utiliser leurs maisons bomme bases, d'où lancer des attaques contre la Turquie. L'un de mes parents a été tué la semaine dernière parce qu'il refusait de quitter sa maison."

Si les faits sont avérés on ne peut que saluer l'étincelant patriotisme de ces combattants, mais à vrai dire qu'espérer de troupes complètement paumées, vivant dans une paranoia permante de l'ennemi intérieur, extérieur, en soi, hors de soi, qui n'ont plus grand sens de la réalité, et dont par ailleurs les meilleurs se sont tirés depuis bien longtemps, écoeurés, ou assassinés, sleon les options.

La question demeure de savoir quoi en faire, parce que le pays que le PKK gêne le plus pour le moment, ce n'est pas la Turquie, loin de là.

Source irinnews.org

Le site de Halabja

"La ville de Halabja est située au nord-est du Kurdistan du sud (la partie du Kurdistan annexée par l'Irak) sur la longitude 46 et entre la 35°-36° latitude, à 80 km au sud-est de la ville de Silêmanî.

D'un point de vue topographique, elle est située au sud-est de la plaine de Shahrazûr, à 16 kilomètres de la frontière iranienne. A l'est s'élève le mont Shinirwî, au nord le mont Hewraman, au sud la chaîne des monts Ballambo et au nord-ouest le lac Derbendixan qui forme un demi-cercle autour d'elle. Ainsi, Halabja apparaît comme une presque île."

Mémoires de Halabja, Bekir Heme Sidîq Arif.

mercredi, juin 20, 2007

L'Origine du nom "Halabja"



"Concernant l'origine du nom de Halabja, il existe plusieurs versions :

Selon certains il viendrait du mot persan "edjeb dja". Pour d'autres, du mot kurde "helozhe" (prune) fruit pour lequel Halabja est réputée depuis longtemps. On dit aussi que le nom vient du mot "elebdje"faisant référence au nom d'Elb Erselan ! (Alp Arslan le conquérant seldjoukide, ndt). Alors que d'aucuns disent aussi que le nom vient de Heleb (Alep), la ville syrienne, car des habitants de Halabja, qui étaient commerçants, comparaient leur ville à Alep et en raison de cela, l'appelaient la "Petite Alep". Jemal Baban, l'auteur de " L'Origine des villes irakiennes et des noms de lieux" le fait dériver de Elebja."

Mémoires de Halabja, Bekir Heme Sidîq Arif.

TV : le sang et l'honneur

Lundi 25 juin à 23h05 sur ARTE : Le Sang et l'honneur, documentaire de Jana Matthes et Andrea Schramm, Allemagne, 2007.

mardi, juin 19, 2007

Histoire de Halabja


"Les sources historiques indiquent que Halabja fut construite entre 1850 et 1860. Ces sources mentionnent la tribu Jaf comme fondatrice de la ville. La tribu Jaf était une importante force militaire dans ce district, qui pouvait rassembler 4000 combattants à l'époque." (1)

Avant l'existence de la tribu Jaf, il n'y a aucun document historique indiquant que Halabja était une ville. Mais c'était un district calme et un lieu de chasse pour sa population. Parmi les étrangers qui visitèrent ce district au 17ème siècle, figure Me'mûn Beg (2).

Parmi les gens âgés de Halabja, certains disent qu'elle a été construite par les seigneurs de Shiwekell, qui furent par la suite connus sous le nom des "Treize Familles". A l'origine de la dynastie il y eut Heme Shawesh et ses trois fils : Pirot, Sliman et Abdullah, dont sont issues les treize familles.

En analysant différentes sources, il apparaît que Muhammad Pacha, le chef de la tribu des Jaf, après son retour d'Iran, se soucia plus de l'habitat et de l'urbanisme, encourageant les autres à s'y installer, ce qui ne signifie pas forcément que le district était inhabité, ou que le nom de Halabja n'existait pas auparavant. (3)

(1). Edmonds C. J. : Kurds, Turks and Arabs ; Londres, 1957.
Soane E. B. : Mesopotamia & Kurdistan in disguise, Londres, 1912.

(2). Un prince seldjoukide.

(3). Certains professent mais sans preuve historique que Halabja a été bâtie entre 1700 et 1710."

Mémoires de Halabja, Bekir Heme Sidîq Arif.

Mémoire de Halabja



Du Mémorial de Halabja ramené une brochure très intéressante, passionnante même, éditée par le ministère de la Culture d'alors, racontant l'histoire de la ville, jusqu'au jour funeste du 16 amrs 1988. L'auteur en est Beqir Heme Sidiq Arif, elle a été traduite en anglais par Fuad Tahir Sadiq, et éditée en 2004, avant les émeutes de l'an dernier, donc. Je m'en vais donc la traduire ici, partie par partie.


Mémoire de Halabja

Dédié aux martyrs de Halabja
à tous les martyrs du Kurdistan et à ceux de l'Humanité entière,
aux victimes des régimes fascistes et chauvins


Préface de Fetah Zakhoyî,
ministre de la Culture


"Halabja est une vieille ville du Kurdistan, martyrisée par le régime du Baath le 16 mars 1988, et qui est devenue le symbole d'un pays, et l'identité d'une nation... C'est aussi devenue l'incarnation de la cause légitime du peuple kurde persécuté. Pour cela je ne peux que m'incliner avec tous mes respects et toutes mes condoléances devant les victimes de cette ville.

Il est regrettable et ahurissant qu'en dépit du "crime de Halabaj", si manifeste, commis par le régime raciste de Baath, avec des photos et des documents sur les victimes, la plupart des Etats et des organisations internationales, suivant leurs intérêts, sont restés silencieux devant un massacre si gigantesque et si barbare... Et non content de cela, certains Etats ont même coopéré avec ce régime fasciste. Les slogans de ces Etats sur les droits de l'Homme pesaient bien peu dans leur politique qui, d'une façon ou d'une autre, a participé à ce crime.

Heureusement, après les changements fondamentaux survenus dans le monde, tant dans la poloitique internationale que dans les grands progrès de la technologie, surtout dans le domaine de la connaissance et de l'information, il est aujourd'hui impossible pour un dictateur téméraire d'user d'armes de destruction massive contre son propre peuple.

Cela nous rend heureux en même tant que tristes pour les victimes de "Halabja la Martyre", attaquée par des bombes chimiques, mais aussi pour toutes les victimes du Kurdistan et toutes les victimes dur acisme et du fascisme !

Je salue les âmes des martyrs de Halabja..."

Parution : Surma l'Assyro-Chaldéenne


SURMA L'ASSYRO-CHALDÉENNE (1883-1975)
Dans la tourmente de Mésopotamie
Par Claire Weibel Yacoub

éd. L'Harmattan

Surma, fille de l'Assyrie ancienne, chantre de l'Église d'Orient nestorienne, mena une vie tissée des fils du tragique. De même que les Arméniens, les Assyro-Chaldéens subirent les assauts des troupes kurdes et turques et furent victimes du génocide de 1915. Puis ce fut l'exode vers la Perse puis l'Irak. Troublant le jeu des autorités britanniques et irakiennes, Suma fut exilée à Chypre. Son errance la mena jusqu'en Grande-Bretagne et finalement aux États-Unis.

Claire Weibel Yacoub présentera et signera son livre le samedi 23 juin, à 16h00, à l'Institut kurde de Paris, 106 rue Lafayette, Paris 10°, M° Poissonnière. Entrée libre.

lundi, juin 18, 2007

Chronique saisonnière

J'aime bien le moment des bourses, parce que je commence à recevoir des appels de tout l'Iran. Les Kurdes d'Iran sont de grands téléphoneurs, ailleurs beaucoup moins,, un peu en Syrie et d'Irak, en Turquie c'est rarissime, allez savoir pourquoi. Comme c'est moi qui prépare les dossiers, c'est en général à moi qu'on les passe, même si je ne suis pas censée parler soranî. (D'ailleurs, dans la maison, on me passe souvent les appels en soranî ou en anglais, quel que soit le sujet...). Et me voilà lancée dans des explications administratives en soranî avec des gens de Saqez (c'était très dur avec les gens de Saqez, jusqu'à ce que je comprenne qu'avec eux il fallait tout répéter trois fois de suite, sans ça, ça compte pas), de Sine, de Kermanshan, de Téhéran, d'Urmiya, de Mehabad (ces deux dernières villes étant bien plus faciles pour moi puisque que kurmandjophones). En général, au bout de plusieurs appels d'un étudiant venu se renseigner, puis annoncer qu'il a envoyé son dossier, puis téléphonant pour savoir si on a reçu son dossier, puis pour apprendre qu'on a bien reçu son dossier... on finit par se faire repérer. Là c'est un étudiant d'Urmiya (Kurdistan d'Iran, donc) qui appelle l'Institut et me demande d'emblée, puisqu'un professeur de l'université de Duhok (Kurdistan d'Irak) lui a dit que c'était moi qui pilotait, conseillait, contrôlait les dossiers. Le bouche-à-oreille se fiche bien des frontières. Dans la foulée, j'apprend qu'il y a un institut kurde à Urmiya, le centre Ahmedê Khanî et qu'ils ont un site Internet. On doit m'envoyer prochainement l'url. C'est comme ça aussi qu'on devient une mine d'infos.

Quand on s'ennuit à Paris, c'est toujours un grand coup de frais, ces appels du pays. Et j'aime bien leur gentillesse intimidée. Ils ont beau être stressés par l'enjeu, ils restent toujours polis, enjoués, parfaits, de vrais anges. Ce doit être un plaisir de leur faire cours, je suis sûre qu'il y a des professeurs ici qui les échangerait volontiers contre les leurs.

samedi, juin 16, 2007

Coup de projo sur : Sheikh Habboush d'Alep



Dans la série "chez les voisins", ce magnifique double CD d'Al-Kindi et des Qaderi d'Alep (conférie qui rassemble beaucoup de Kurdes en cette ville d'ailleurs), avec la prestation du Sheikh Habboush. Une de mes musiques fétiches et il ne se passe pas de semaine sans que j'en écoute au moins un morceau (histoire de passer pour une allumée intégriste en fredonnant "Allah.. Allah... Allah Allah Allah" dans le train ou dans la rue avec l'ipod aux oreilles).


vendredi, juin 15, 2007

TV, Radio : génocide arménien, Arménie, Vodka Lemon, Namûs, Malek Jân Ne'matî, musique arménienne,

TV

Mercredi 20 juin, sur ARTE : Les mercredi de l'Histoire

- 20h40 : Le Génocide arménien. De Laurence Jourdan, 2005, 55 mn.
- 22h20 : Le dessous des Cartes. Arménie : Une saison française en 2007.

Et on se demande ce que ça a à voir avec le génocide mais bon...

- 22h30 : Vodka Lemon. Hiner Saleem, 2003.
- 1h00 : L'Honneur, film de Hamo Bek-Nazarov (Namûs, URSS, 1925).


Radio

Samedi 16 juin à 12h00 sur France Culture : Questions d'éthique. Ethique et spiritualité, portrait d'une femme iranienne : Malek Jân Ne'matî. Avec Leïla Anvar (INALCO). M. Canto-Sperber.

Jeudi 21 juin à 15h02 sur France Musique : Prima la Musica. Duduk et kemençe, musique d'Arménie. Concert du 10 février 2007 au Théâtre des Abbesses. Avec Levon Minassian, duduk ; Roselyne Minassian, Hamlet Gevorgian, chant ; Armen Ghazarian, duduk (2° voix) ; Gaguik Mouradian, duduk (bourdon).

Journée d'Etudes : Dimensions conflictuelles du patrimoine

















Non, pas des montagnes kurdes pour une fois mais les Alpes de Haute-Provence.... pour des Journées d'études organisées par l'Association Générale des Conservateurs des Collections Publiques de France, section PACA.



DIMENSIONS CONFLICTUELLES DU PATRIMOINE
12 et 13 juin 2007


12 juin 2007

17h Accueil des participants et intervenants

18h30 :

- Autour de l'exposition "patrimoine industriel entre terre et mer, pour un réseau européen d'écomusées", avec Odile Jacquemin directrice de Maltae et prosper Wanner, cogérant de la Scoop Place : Les enjeux économiques et transfrontaliers dans le patrimoine euroméditerranéen.

- Autour de l'exemple de Peyresc : Histoire locale et construction identitaire avec Jean Dhombres, directeur de recherche au CNRS et Jean-Baptise Pisano, maître de conférences en histoire de l'art, université de Nice.

20h30 : Dîner et causerie-débat.


13 juin 2007

8h30 : Introduction.

9h00 : Les usages du patrimoine dans l'espace euroméditerranéen. Nabila Oulebsir, Maître de conférences en histoire du patrimoine à l'université de Poitiers (Département d'Histoire de l'art et d'archéologie).

- Quelle est la fonction du patrimoine dans l'écriture de l'histoire ? Pour y répondre, nous favoriserons une réflexion en privilégiant la question de ses usages sur le terrain euro-méditerranéen. Nous focaliserons notre attention sur le couple franco-algérien en nous intéressant simultanément aux projets de restauration menés depuis le XIX° siècle en France et en Algérie, ainsi qu'aux projets architecturaux réalisés au XX° siècle. Entre lien et rupture, entre concorde et conflit, la fonction patrimoniale revêt ici un enjeu fondamental.

10h00 : Sauvetage des archives. Françoise Wattel, Archiviste au Ministère des Affaires étrangères et co-fondatrice d'Archivistes sans frontières en France.

- Sur la création de la branche française d'Archivistes Sans Frontières en mars 2005 et sur le sauvetage en cours des archives des ordres rleigieux enseignants en Palestine au 19° siècle et sous le mandat britannique.

11h : Premier débat.

12h00 : Déjeuner.

14h : Les usages du patrimoine préhistorique méditerranéen : l'exemple du Tassili. Nadjib Ferhat, Directeur de recherche en Préhistoire (CNRPAH-Alger), Président de la commission Culture de l'association des Amis du Tassili.

- Le Tassili Azjer ou pays des Kel Azjer, occupe l'extrême Sud Est algérien. Par la diversité de ses paysages, des témoignages historiques qui plongent leurs racines dans les profondeurs du temps, c'est une des régions les plus riches du Nord de l'Afrique. De l'Aube de l'Humanité à nos jours, la région ne s'est jamais désemplie. Connu par ses milliers de fresques rupestres, gravées et peintes, le Tassili est aussi le siège d'un peuplement préhistorique plusieurs fois millénaire.

Néanmoins, le Tassili Azjer reste une région très fragile, très sensible à toute forme de dégradation. Pour toutes ces spécificités, et plus encore, le Tassili Azjer nous interpelle pour lui porter toute notre attention et notre intérêt pour sa sauvegarde et sa préservation, tout en lui injectant toute la modernité et le développement nécessaires à la vie d'aujourd'hui mais d'une manière forcément intelligente.

15h 00 : Les Kurdistanî : l'affirmation d'un patrimoine historique et religieux multiple, au service d'une citoyenneté en construction. Sandrine Alexie, Bibliothécaire de l'Institut kurde de Paris, Présidente de l'Observatoire Franco-Kurde.

- Le Kurdistan d'Irak est une région multi-ethnique et multiconfessionnelle. La citoyenneté "kurdistanî" est une notion nouvelle qui veut rassembler toutes les communautés religieuses et linguistiques avec la reconnaissance des histoires et du patrimoine de chacun, ce qui passe par un partenariat nécessaire avec l'Etat, et un dialogue plus ou moins facile entre le gouvernement et les chefs religieux ou tribaux, notamment pour les festivals, fêtes religieuses et statut des langues.

16h00 : 2° débat et conclusion.

17h : Fin de la Journée d'études.

jeudi, juin 14, 2007

Elasticnagar

"Elasticnagar était impopulaire, et le colonel le savait, mais l'impopularité était illégale. La position officielle était la suivante : la présence militaire indienne au Cachemire avait le soutien total de la population, et prétendre autre chose, c'était enfreindre la loi. Enfreindre la loi, c'était devenir un criminel, or les criminels ne pouvaient être tolérés et il était légitime de les terrasser à coups de lois, de chaussures fréées et de cannes lathi. L'expression permettant de comprendre cette position était celle de partie intégrante, et les concepts qui y étaient associés. Elasticnagar faisait partie intégrale de l'effort indien et l'effort indien consistait à préserver l'intégrité de la nation. L'intégrité de la nation était une qualité qu'il convenait d'honorer, et attaquer l'intégrité de la nation c'était attaquer son honneur, ce qu'on ne pouvait tolérer. Par conséquent il convenait d'honorer Elasticnagar. Toutes les autres attitudes étaient déshonorantes et en conséquence illégales. Le Cachemire faisait partie intégrante de l'Inde. Un entier était un tout et l'Inde était un entier et les fractions étaient illégales. Les frations causaient des fractures dans l'entier et n'étaient donc pas intègres. Ne pas l'accepter, c'était manquer d'intégrité et contester, implicitement ou explicitement, l'intégrité incontestable de ceux qui l'acceptaient. Ne pas l'accepter c'était de façon latente ou patente, soutenir la désintégration. C'était subversif. La subversion menant à la désintégration ne pouvait être tolérée et il convenait de la réprimer sévèrement que ça soit d'une façon ouverte ou secrète. La popularité légalement obligatoire et exécutoire d'Elasticnagar était donc une question d'intégrité, pure et simple, même si la vérité était qu'Elasticnagar était impopulaire. Quand la vérité et l'intégrité entrent en conflit, c'est à l'intégrité qu'il convient de donner la préséance. On ne pouvait laisser la vérité elle-même déshonorer la nation. Par conséquent, Elasticnagar était populaire bien qu'il ne fût pas populaire. C'était là une chose assez facile à comprendre."
Shalimar le Clown, Salman Rushdie

dimanche, juin 10, 2007

Coup de projo sur : Beyto Can








Je n'ai pas de renseignements sur lui, mais comme il la voix d'un dersimi et qu'il chante comme un dersimi (mais en kurmancî) je suppose qu'il est du coin. Ses chansons sont dans le répertoire ashiq (fou d'amour) donc pas gaies, tout le charme d'Ovacik sous la pluie en avril, avec un ciel écossais, des bufflons et des chiens trempés, avec le même regard neurasthénique. En tout cas je trouve à sa voix un grand charme et de la personnalité.

mercredi, juin 06, 2007

Radio, festival : Rûmî, Turquie, ensemble Garyan, Les Orientales

Radio

Samedi 9 juin à 13h30 sur France Culture : Tout un monde - Rumî, la voie lumineuse. Avec Nahal Tajadod, auteure de Rumî le brûlé (Lattès) et Sur les pas de Rumî (Albin Michel) ; Thierry Zarcone, co-auteur des Derviches tourneurs, histoire et pratique (Cerf) ; Kudsi Erguner, joueur de ney. Reportage avec le groupe de danse "Contemporary lovers of Mevlana". M.H. Fraissié.

Dimanche 10 juin à 21h45, sur France Culture : La Turquie et la république. Gilles Doronsoro, auteur de La Turquie conteste. Mobilisation sociale et régime sécuritaire, CNRS. G. Fraisse.

Vendredi 15 juin à 15h02 sur France Musique : Prima la Musica- Ensemble Garyan. Concert au théâtre de la Ville du 17 mars dernier. Musique du Kurdistan d'Irak fédéral. Avec Mahmud Faraj, Jamal Sulayman, chant ; Karwan Mahmud Ibrahim Najm ad-Dîn, balaban ; Karzan Mahmud, târ ; Khalil Abdullah, 'ûd ; Twana Khurshed, kemençe.

Festival

Les Orientales à Saint Florent-le-Vieil, du 22 juin au 1er juillet.
Rens. : 250 bd Saint-Germain, 75007, Paris. 02 41 62 02.

mardi, juin 05, 2007

Kitâb-e 'Abhar al-'ashiqîn


Rûzbehân de Chiraz : pour le moment, un des gnostiques que j'aime le moins. Son côté pleurnichard exhibitionniste peut-être, mais surtout cette touche insincère dans sa volonté moralisatrice, au sens il se ment à lui-même ou, en tout cas, n'est peut-être pas à 100% honnête dans les méandres verbeux de son traité, qui vise simplement, au fond, à démontrer que lui n'est pas en faute quand il tombe amoureux d'une cantatrice, parce que lui, c'est de la bonne façon (c'est-à-dire rien de charnel), alors que les autres ne sont que des débauchés uniquement préoccupés des corps. On connaît la chanson, mais en quoi les désirs charnels des "libertins" ont-ils une jouissance moins "pure" que celle provoquée par la vision de la forme ? D'autant qu'il avoue tout bonnement que l'Amour ne peut durer que tant que dure la Beauté, et que si Beauté s'en va, Amour se fait la malle aussi, à la recherche d'autres idoles juvéniles et agréables à regarder. Rien à envier à un pédéraste assumé et moqueur comme Abû Nuwas, en somme... C'est pour cela que la traduction "Fidèle d'amour" est assez impropre, quand l'on pense à Tristan et Iseult se réveillant en forêt après trois ans de vie érémitique, une fois l'effet du philtre passé, se découvrant amaigris, brûlés par le soleil et les privations, et passant soudain à l'amour humain et non plus magique, ou bien Rama et Sita dans le même cas. Ce qui émeut Rûzbehân n'est pas l'amour mais une jouissance visuelle, tout comme l'audition d'un semâ provoque l'extase. L'âme de la cantatrice il s'en fout au fond, il n'en a qu'après son visage, point barre. Et son refus des "bas désirs" repose tout simplement, comme il le dit, sur la crainte de l'enfer et la perte de l'autre monde, celui de ses transports extatiques. Or la peur de la damnation n'est pas vertu, mais peur tout court. Par ailleurs, si l'une des étapes des Fidèles d'amour est le vasselage de l'Amant à l'Aimé, il y a aussi contradiction : soit l'on abdique toute volonté, soit l'on reste fidèle, non pas à l'Amour, mais à sa voie spirituelle. Si la belle du Turkestan, au lieu de lui faire de pieuses remontrances, avait exigé de lui, comme la chrétienne de Sheikh Sen'an (conte édifiant relaté par Farid od-Dîn 'Attar et le kurde Feqî Teyran) qu'il boive du vin, mange du porc et jette son froc de soufi aux orties, qu'aurait-il fait ?

C'est peut-être pour cela que sa prose fait un peu pédalage dans la confiture de roses mystique. Un pépiement très sucré (shekirxwar comme on dit en persan, mais point trop n'en faut), un enfilage étourdissant d'images poétiques à la limite de la mièvrerie, tout ça, au fond, pour tourner autour du pot (c'est-à-dire le con de la belle cantatrice), mais tout en se gardant de s'y perdre tout de bon. Il y a chez lui un côté Ubertin de Casale, dans Le Nom de la Rose, perdu en miaulements amoureux devant la statue aguichante de la Vierge, mais ne manquant pas de flairer et de dénoncer la concupiscence et les mauvais penchants chez tous les autres, en voyant le diable femelle sous toutes les robes des moines à jolie figure.

Si bien qu'à y réfléchir, son geste de "courage public", raconté par Ibn Arabî, quand il dénonce à une assemblée de soufis son amour coupable et jette sa khirqa, est-il totalement désintéressé et sincère ? N'est-ce pas plutôt, quand souvent quand on bat sa coulpe en public, un moyen de se faire absoudre, voire conforté dans ses penchants ? "Dites-moi que j'ai raison, et en plus je le prouve par un traité qui va, comme c'est heureux, me donner l'agrément divin en tout ce que je suis capable de m'autoriser (mais non au-delà)."

D'où une certaine pointe d'embarras que je sens (à tort peut-être) quand il aborde le cas des ascètes qui n'ont pas besoin de Témoin de Beauté pour gagner le monde de l'extase. Eux c'est eux et nous c'est nous, dit-il simplement. Certes, mais eux du moins, enfin les vrais ascètes débarrassés de leurs appétits charnels, non par culpabilité mais parce qu'ils trouvent plus jouissif ailleurs, ne dénigrent pas ce à quoi ils ont renoncé, renvoyant dos à dos ceux qui nient le plaisir de l'extase et ceux qui nient le plaisir sexuel : "Celui qui est incapable de goûter aucune jouissance dans les illuminations des Lumières archangéliques, et qui, de plus, nie cette jouissance vraie, celui-là est pareil à l'impuissant lorsqu'il nie le plaisir du coït."

Pour conclure, un clin d'oeil à Nietzsche quand il disait avec justesse : "La vertu ferait mieux de se reposer de temps en temps, elle serait plus fraîche le matin".

Ruzbehan, Jasmin des Fidèles d'Amour, trad. Henry Corbin, éd. Verdier.

dimanche, juin 03, 2007

Cette semaine, coup de projo sur : Ahmad Shamal




Ahmad Shamal est né en 1923 à Silêmanî, dans une famille pauvre et de basse condition sociale. Il étudia d'abord dans une école coranique mais dut interrompre ses études pour travailler en raison des faibles revenus de sa famille. Il vécut une vie errante, de ville en ville. Il commença à exercer son art en 1953, à 30 ans, et connut progressivement le succès. Il chanta avec de grands noms de la chanson kurde, comme Mihemmed Mamli, Ali Merdan et Hassan Zirek avec qui il se lia d'une profonde amitié. Il est considéré comme un grand chanteur et un grand patriote kurde. Il est mort prématurément en 1997, ne s'étant jamais remis des privations physiques qu'il avait eu à subir dans la première partie de sa vie.
Sa voix est très belle, déchirée, comme il convient à un mélancolique dengbêj qui se respecte, et son rythme et ses modulations parfaitement maîtrisés.

vendredi, juin 01, 2007

L'Enfant majuscule

La Genèse


"On refoule l'Enfant comme on respire."

"L'Enfant majuscule ou l'origine de la Genèse", in L'Ecorce et le noyau, Maria Torok.

"Comme les Kurdes stupides"

Après les Kurdes "fous furieux" de Ghazalî, en lisant le Jasmin des Fidèles d'Amour de Ruzbehan de Shîraz (1128-1209) on a droit à un autre qualificatif peu flatteur, le Kurde comme figure par excellence de la stupidité :

"Une fois que l'adepte s'est mis à la recherche de l'aimée, navré jusqu'au fond de son âme consciente de ne pas atteindre à l'objet de son désir après s'être engagé sur la monture de la quête, il cherche le repos dans le giron des créatures. Il ne comprenait pas encore que cet événement se passe à l'extérieur de l'argile humaine, sans qu'il y ait quelque chose comme une pénétration matérielle des Attributs divins à l'intérieur des frontières du créaturel, ni quelque chose comme leur émanation à l'extérieur de celles-ci. S'il l'avait compris, il aurait cherché hors du lieu créaturel ce qui n'est pas contenu (ou retenu) dans le lieu créaturel, et avec la rosée des larmes de la tristesse d'amour, il aurait effacé la poussière de l'éphémère au visage de la Fiancée éternelle. Comme il ne lui est pas donné au moment où naît son inclination, sa perspicacité est suffisante pour percevoir les réalités-spirituelles transcendantes (haqâ'iq), la Forme de l'Amour est de lui montrer la beauté de l'Aimée dans le miroir des créatures et de l'éphémère. Puisque, par ordre divin, il n'avait pu contempler que le voile de la Fiancée éternelle, il fut voilé à l'aimé (ou plutôt l'aimée lui fut voilée) en raison même de l'aimée. Inévitablement cet infortuné, à qui la réalité éternelle (de l'aimé) à l'état pur reste inaccessible, se laisse troubler à la vue des nouveaux venus au monde du non-être, et il finit par tomber un beau jour dans la fréquentation de l'épreuve. Plongeant dans la mer du non-être à la recherche du joyau de l'être, sa quête s'angoissant de l'aimé devient de plus en plus laborieuse, jusqu'à ce que soudain cette Fiancée qui est la beauté de toutes les beautés survienne sous la forme de quelque indifférence, et par un beau visage ravisse son âme merveilleuse à ce simple que met en folie la saison de l'amour - comme les Kurdes stupides, - et fait disparaître de sa tête l'organe de l'intelligence raisonnante."

Rûzbehân Baqlî de Chiraz, le Jasmin des Fidèles d'Amour, chapitre X, "De l'éclosion de l'amour", 121.

Bon, encore un préjugé presque consubstantiel à l'homme urbain de Perse, au soufi que révulse le monde de la violence qu'incarnent les Kurdes comme les Bédouins, dirons-nous, à première vue. Mais le plus curieux est que ce même Rûzbehân eut pour maître un Kurde, ce que rappelle dans son introduction au Jasmin, Henry Corbin, comme nous l'avions mentionné il y a deux mois : le Sheikh Cegîr Kurdî, dont le nom et la nisbah ne laisse effectivement aucun doute sur ses origines !

Alors ? je crois qu'il n'y a pas d'explication "logique" à la chose : on est un Kurde stupide si l'on est rural, nomade, hors de la Cité policée, on est un Kurde stupide dans la doxa des lettrés musulmans. Mais étant devenu un ermite arabisé séjournant à Samarra, même en gardant sa nisbah et son nom kurde, on échappe évidemment par soi-même aux évaluations dépréciatives propres à sa "race" (esl), ce qui peut se vérifier de même façon pour ce wali noir (les noirs d'Afrique étaient aussi souvent qualifiés de "stupides" et de par leur mode de vie et leur absence apparente de "civilsiation", intermédiaires entre l'animal et l'homme, enterré en Irak, et dont je ne sais plus qui (Ibn Jubayr ?Ibn Hawqal ?) précisait que si sa peau avait été noire, son âme, elle, était des plus blanches en raison de sa foi éminente.

Concert de soutien à l'Institut kurde