mardi, septembre 27, 2005
Dans la série on peut rêver....
lundi, septembre 26, 2005
Génocide arménien
Réécoutable toute la semaine.
samedi, septembre 24, 2005
UP : Expo photo
à 19 heures
Roxane, José Bertolino, Abdo
Après la submersion dramatique du site antique de Zeugma, Hasankeyf est à son tour condamnée par le projet de construction d'un barrage.
mardi, septembre 20, 2005
Démocratie
Dans leur bureau, aussi glacé qu'à l'extérieur, plus encore, un seul poêle avec une chaleur quasi-inexistante. Je garde mon anorak et fourre mes mains dans mes poches en frissonnant. Autour, les militants, pas mal d'anciens combattants, ça se voit tout de suite, en blouson et chaussures de montagne, décontractés. On boit du thé bouillant, morceau de sucre dur entre les dents (bonjour les carries dentaires, ai-je pensé).
C'est alors qu'il est entré dans le bureau.
Splendide.
Par moins dix (température ressentie en tous cas), costume sombre, chemise claire, cravate élégante. Rien d'autre, pas même une gabardine.
J'ai beau le détailler je ne vois pas le moindre défaut, pas le plus petit laisser-aller. Ses cheveux noirs, épais, avec des fils blancs sont impeccablement coupés, sa moustache toute aussi soignée. Une gravure de mode.
Le maire de cette ville, dans son bureau politique.
Qui va être arrêté cette nuit. Il le sait, il nous le dit. D'ailleurs ils vont tous être arrêtés, ils le savent.(Et nous consignés à l'hôtel et expulsés mais ça on le sait pas, et d'ailleurs ça n'a aucune importance).
Et donc ce splendide député-maire sera arrêté ce soir et va passer la nuit (et plusieurs peut-être) au poste, entre les mains de la douce police et peut-être des forces spéciales qui, cagoulées, patrouillent la ville et l'extérieur. Et lui, parce qu'il est MAIRE, ELU DEMOCRATIQUEMENT, au lieu de s'habiller en chaud, met son beau costume de député en attendant que les brutes qui eux, se torchent avec la démocratie, viennent l'embarquer et le foutre dans une cellule aussi froide (et même plus) que son bureau, le foutre à poil aussi sans doute, le tabasser peut-être, en riant bien "t'as l'air malin hein monsieur le maire avec ta démocratie dans l'anus ?"
N'empêche, classe jusqu'au bout des ongles, les yeux noirs, pétillants, avec cette malice spéciale un peu fataliste mais jamais dure des gens bien qui en bavent, il nous offre ses marlboro, boit le thé, sans grelotter dans ses vêtements alors que moi j'ose à peine sortir une pogne de mes manches.
Parce que ce que l'on va l'arrêter cette nuit, c'est la démocratie, monsieur, pas un combattant, pas un révolutionnaire qui pourrait brailler sa haine du système toute la nuit , mais un MAIRE ELU.
Dans les campagnes électorales, déchiquetés à la grenade par les Sections spéciales le soir d'un meeting, ou bien avec 14 balles dans le corps quand on vient sonner à leur porte, ou bien torturés en garde à vue, n'empêche, ils seront plusieurs comme ça : costume-cravate, programme électoral en main, affiche, fonction en bandoulière et respectabilité affichée et outrée qui attire les coups sur la gueule : je suis député, maire, président de parti, président de syndicats, je suis ELU.
J'apprécie les bons combattants mais je ne les admire pas. j'aime profondément les gens des réseaux, les résistants et leurs rendez-vous la trouille au ventre. Mais ceux que j'admire vraiment, ce sont les civils qui assument leur fonction de civilité. Parce qu'ils ne peuvent même pas se défendre. Cible vivante, ils sont le porte-drapeau des batailles, tout le monde peut leur tirer dessus, ils n'ont pas le droit de répondre, ils sont les règles, la loi, la démocratie.
vendredi, septembre 16, 2005
Parution
"Jusqu'au début de la Seconde Guerre mondiale, les relations entre musulmans et juifs au Kurdistan ne virent pas d'événement marquant. Les juifs que nous avons interrogés ont caractérisé leurs relations avec les Kurdes musulmans comme étant généralement bonnes. Le statut de ces juifs et leurs relations avec le voisinage étaient notablement meilleurs dans les villes d'Akra et de Zakho que dans les autres centres urbains kurdes. Les juifs de Zakho se rappellent avec une affection émue que le samedi, alors qu'ils rentraient chez eux, revenant de la synagogue où ils s'étaient rendus pour le Shabbat, ils devaient passer devant le café du coin. Les Kurdes musulmans, par respect pour les juifs, éteignaient alors leurs cigarettes. Ce souvenir est celui d'une époque révolue du Kurdistan, quand les relations entre juifs et musulmans étaient bonnes. L'émergence du mouvement sioniste et du nationalisme arabe au XXème siècle modifia la position des juifs dans les pays arabes. Ailleurs, un juif pouvait embrasser ou soutenir le sionisme sans être vu comme un traître par ses concitoyens. En Irak, les autorités considéraient le sionisme comme un mouvement anti-arabe et un juif sioniste était un traître aux yeux des Arabes nationalistes. Les relations entre les juifs et leurs voisins musulmans subirent une altération spectaculaire avec la création de l'Etat d'Israel.(...)"
Juifs, Kurdes et Arabes, entre 1941 et 1952, Moti ZAKEN
La communauté kurde au Liban : le présent et l'avenir, Lokman I. MEHOR et Farah KAVTHARANI
Les Assyro-Chaldéens de Perse et du Hakkari : des migrations à l'exil (1835-1935), Florence HELLOT
Les événements de Qamichlo : irruption de la question kurde en Syrie ?, Julie GAUTHIER
Une expérience sociologique : Juifs kurdes en Israël, Sandrine ALEXIE
Lokman L. Meho, The Kurdish Question in U.S. Foreign Policy. A Documentary Sourcebook, Westport, Connecticut, Londres, Prager, 2004, xvi+698 p., Hamit BOZARSLAN
Chirine MOHSENI
mercredi, septembre 14, 2005
mardi, septembre 13, 2005
Hiner Saleem: Kilomètre Zéro
Sortie demain du film. Aujourd'hui, Hiner animait les Matins de France Culture, de 7h à 9h (réécoutable en ligne toute la journée).
lundi, septembre 12, 2005
Le statut des Kurdes dans la nouvelle Constitution irakienne (compte-rendu)
Après un rappel des différentes dispositions et lois provisoires ayant tenté de gérer l'Irak après la guerre, Saywan explique le jeu des trois groupes principaux ayant débattu sur cette Constitution, les Kurdes, les chiites et les sunnites, et la difficulté qu'il y a eu à trouver un accord à la date butoir du 15 août.
Les sunnites auraient souhaité la dissolution de l'assemblée et la tenue de nouvelles élections. Pour les Kurdes, cela n'aurait pas changé grand-chose car les résultats auraient été les mêmes. Mais les chiites s'y sont opposés, craignant que la participation des sunnites (qui avaient boycotté les élections de janvier) amoindrisse la majorité qu'ils avaient obtenue. La Commission a donc demandé un délai de 3 jours, et c'est finalement le 28 qu'un accord "provisoire" (puisque que 40 points non tranchés renvoient à l'adoption ultérieure d'une loi), a été présenté.
Depuis, les sunnites refusent cette Constitution. Mais ils ne sont pas représentatifs car non-élus, seulement" choisis" et très différents donc le bloc n'est pas soudé : certains sont d'anciens baasistes, d'autres modérés (et eux sont plus pour le projet).
Le projet actuel n'a pas été modifié depuis, sauf pour les compétences du gouvernement central concernant la question de l'eau du Tigre et de l'Euphrate qui est une question internationale, entre l'Irak, la Syrie et la Turquie.
Les principaux points du projet qui ont été le plus débattus :
L'identité de l'Irak :
- I, 3 : La proposition des Kurdes était de faire mention d'un Irak multiethnique. La question de l'Irak en tant que part de la nation arabe a donc été mise sur le tapis. Les Arabes auraient voulu une formule "le territoire irakien est une partie de la nation arabe", mais comme le fait remarquer Saywan, qu'un territoire soit une partie d'un groupe humain est un non-sens. On a donc opté pour une autre formule : "Les Arabes irakiens sont une partie de la nation arabe et l'Irak est un membre fondateur de la Ligue arabe dont il respecte les accords, et fait partie du monde musulman" (ceci pour satisfaire les chiites).
La Constitution :
C'est le fruit d'un compromis entre les différentes ethnies. Elle est à analyser en deux parties, l'une concernant l'ensemble de l'Irak en tant qu'Etat fédéral et l'autre qui concerne la Région kurde. C'est aussi la première Constitution permanente d'Irak depuis 1958, toutes les autres ayant été provisoires, en raison des conflits internes et externes en Irak et au Moyen-Orient.
Après un préambule très poétique, rappelant que les Irakiens sont les enfants de la Mésopotamie, que l'Irak a vu sur son sol apparaître la première loi, la première écriture, etc, les points importants de la Constitution portent sur :
- Comment nommer ce pays ? Les Kurdes souhaitaient "République fédérale d'Irak", les chiites, "République islamique d'Irak" ce à quoi les Kurdes étaient opposés. Les sunnites appuyaient les chiites uniquement par opposition au terme de République fédérale. Finalement on en est resté à "République d'Irak", tout en le définissant dans son article 1 comme étant une république"démocratique, fédérale, representative (parlementaire). "
- La place de l'islam dans l'Etat : Comme on l'a vu, les chiites et les sunnites souhaitaient (ou n'étaient pas opposés à ce) que la république soit islamique et que l'islam soit la source déclarée de la législation. Cela, les Kurdes ne pouvaient l'accepter, refusant toute inféodation à un quelconque clergé (il faut garder à l'esprit la toute-puissance du clergé chiite, très hiérarchisé). Les Kurdes ont donc mis en avant les nombreuses minorités religieuses de l'Irak : chrétiens bien sûr, mais aussi yézidis, shabaks, sabéens, etc. Et puis à quel islam se référer ? Entre la loi de l'islam chiite et la loi sunnite il y a en effet des différence de taille. Ainsi le "mariage temporaire" admis par le chiisme ne l'est pas pour le sunnisme. Il y a eu donc un compromis, mentionnant l'islam comme UNE des sources de la législation, mais pas la source unique donc, ce qui est le cas de la plupart des constitutions arabes.
Les Kurdes ont par contre imposé que soient garantis les droits religieux des autres confessions dans l'article 2 : "Cette constitution garantit l'identité musulmane de la majorité du peuple irakien et tous les droits religieux de tous ainsi que la liberté de croyance et des pratiques religieuses."
Cette constitution est, si on la compare à la plupart des régimes du monde arabe, très moderne et avancée. Elle garantit les libertés syndicales, politiques, de la presse, de circulation, prône le suffra universel direct, l'alternance du pouvoir, condamne la torture, les châtiments dégradants. Elle permet le droit des Irakiens d'avoir une double nationalité sauf pour les hauts responsables du gouvernement, le droit à l'éducation, à la santé, à la propriété privée et à l'économie de marché (se souvenir que le baasisme est une doctrine à la fois ultra nationaliste, voire raciste et plutôt socialiste dans son économie).
- Sur le statut de la femme : les Kurdes voulaient qu'un quota de 40% de femmes soit représenté à l'Assemblée nationale. Finalement, 25% a été accepté. Les femmes jouissent de tous leurs droits politiques et d'exercer des fonctions officielles.
Les institutions politiques de l'Irak fédéral :
A la tête de l'Etat il y a un président, un Premier Ministre et deux assemblées. C'est un régime parlementaire. Le président a un pouvoir surtout honorifique malgré quelques prérogatives. L'exercice du gouvernement appartient au Premier Ministre, mais qui est contrôlé par l'Assemblée nationale (notamment par motion de censure).
Le Parlement régional :
Nous avons peu d'informations sur cette institution, car ses pouvoirs restent à définir dans une loi ultérieure, ce qui est dommage, car c'est cette assemblée qui garantira le droit des régions face au gouvernement central, et donc à la Région du Kurdistan.
Le Kurdistan (ou Région fédérale du Kurdistan) :
Les chiites voulaient créer aussi leur propre région, mais les sunnites s'y sont opposés, en raison de la question des ressources naturelles (le pétrole de Bassorah) et la question a aussi achoppé sur le fait de savoir qui avait le droit de se constituer en région à l'intérieur de l'Etat ? Les sunnites acceptent le Kurdistan comme un fait accompli sur lequel on ne peut revenir. Mais ils s'opposent à ce que les régions chiites suivent le mouvement. Pourtant le mieux serait de diviser l'Irak ainsi : la région des villes saintes (Kerbelah, Najaf), celle de Bassorah, la région sunnite, le Kurdistan.
Sur la Région, toutes les revendications kurdes ont été acceptées, sauf deux : l'appellation de "république fédérale" comme nous l'avons vue, et le droit dans 6 ou 8 ans, de faire un référendum kurde sur l'autodétermiantion pour choisir de rester ou non dans l'Irak. Cette demande est d'ailleurs inspirée de l'accord entre le sud soudanais actuel et le reste du pays. Mais les Arabes l'ont refusée. Maintenant les composantes du peuple irakien sont présentées comme formant une "union libre" tant que la Constitution ne sera pas modifiée. Cette "union irakienne" peut donc être remise en cause à chaque changement constitutionnel. Donc pour repenser à l'autodétermination kurde, il faudrait que le reste de l'Irak viole cette Constitution.
La langue :
Dans l'article 4 il est stipulé que le kurde et l'arabe sont les deux langues officielles de l'Irak, ce que voulaient les Kurdes. Les sunnites avaient demandé que l'arabe soit la langue de l'Irak et le kurde la langue officielle de la région kurde seulement, mais on pouvait alors se demander en quelle langue les deux entités allaient pouvoir communiquer. Il faut se souvenir que 60% des Kurdes d'Irak ne parlent pas l'arabe. Par ailleurs, les Kurdes ont demandé et obtenu que soient mentionnées les autres langues, telles que le turcmène ou le syriaque, et le droit de ces minorités d'éduquer leurs enfants dans leurs langues maternelles.
Les compétences respectives du gouvernement central et des régions :
Le gouvernement n'a que 9 compétences exclusives, tout le reste relevant des régions. Parmi ces compétences, on trouve la politique étrangère, la diplomatie, la politique commerciale et économique, monétaire, la défense nationale, la politique douanière, l'établissement des poids et mesures, les télécommunications, les ressources hydrauliques, le recensement de la population, etc.
Dans la réalité cependant, beaucoup de ces compétences "exclusives" sont en fait assumées par les régions en raison de la faiblesse de l'Etat central. Il y a aussi des compétences partagées qui empiètent même sur le domaine des compétences exclusives, ainsi dans le domaine des douanes, la distribution en eau/électricité, l'environnement, la santé, l'éducation etc., qui sont aussi assurés par les régions.
Les compétences des régions :
Les régions (qui peuvent être créées par référendum) ont le pouvoir de modifier les lois fédérales dans les domaines non exclusifs. Les régions peuvent bénéficier aussi d'une "politique de dédommagement" de la part du centre, quand elles ont souffert sous l'ancien régime de dévastations (on pense particulièrement au Kurdistan et aux régions chiites).
Les régions ont aussi le droit d'avoir leurs propres bureaux de représentation à l'étranger (et donc les bureaux du GRK sont toujours valides). Ces bureaux, à l'image du Qébec, ont des compétences pour les affaires économiques, sociales, civiles, à l'intérieur de l'ambassade, la notion d'intérieur étant géopgraphiquement souple. Elles s'autoadministrent et assurent l'organisation de leur sécurité intérieure : police, armée, garde des régions.
Les Kurdes ont trois objectifs majeurs pour le futur :
La question de Kirkouk, Xaneqîn, etc. :
L'article 58 de l'ancienne Loi provisoire qui prévoit le retour des populations chassées et la restitution de leurs biens n'a pas été encore appliqué depuis 14 mois. Les Arabes voulaient bien reprendre cet article dans la nouvelle Constitution mais sans délai spécifié, ce que les Kurdes ont refusé, ne voulant pas attendre un siècle. Les Arabes ont alors proposé 10 ou 20 ans de délai. Nouveau refus kurde. Finalement, c'est dans un délai de 26/28 mois que les Kurdes pourront rentrer et les colons arabes devront repartir, c'est-à-dire avant le 30 décembre 2007. Il doit y avoir aussi un référendum dans ces régions pour que les habitants choisissent ou non d'être incorporé dans la région kurde, mais le gouvernorat de Kirkouk ayant été dépecé en plusieurs parties rattachées à d'autres gouvernorats, il faudrait le remodeler sur ses frontières d'avant l'ère sadamiste. Les Arabes objectent à cela que TOUS les gouvernorats ou presque ont été remodelés par Saddam et qu'il faudrait donc, en toute logique, refondre entièrement ce système et non pas celui de Kirkouk, ce qui demande donc un peu plus de temps.
L'autre demande kurde est celle des revenus pétroliers. Les Kurdes voulaient que 60% des revenus pétroliers aillent au Kurdistan et 35% au gouvervement central. Mais devant le refus qui leur a été opposé, il y a eu une autre proposition acceptée : les exploitations actuelles pétrolières appartiennent au gouvernement central, les nouveaux gisements découverts seront la propriété du Kurdistan.
Les peshmergas :
Les Kurdes voulaient conserver ce corps de défense, même si en retour les chiites menaçaient alors de garder leurs milices. Avec le système de "gardes des régions", chaque région appelant ce corps comme elle l'entend, la région kurde a nommé sa garde "Peshmergas du Kurdistan" et gardera ses peshmergas.
Autres points litigieux :
- Le drapeau et l'hymne irakiens :
Tous deux sont des références explicites au nationalisme arabe et sont tous deux catégoriquement refusés par les Kurdes car c'est sous ces couleurs-là et au nom que ce nationalisme-là qu'on a voulu les génocider. Ce drapeau a flotté une fois à Silêmanî mais n'a jamais montré le bout d'un coin de ses couleurs dans le nord kurde depuis 1991. En juillet dernier, le Consul des USA a ainsi refusé de se rendre à la réception organisée par les Kurdes en l'honneur de la Fête nationale américaine, sous prétexte que dans le bâtiment (et dans toute la ville) ne flottait pas le drapeau irakien (le même que sous Saddam mais sans la formule pieuse écrit avec la main et le sang du raïs déchu) mais kurde. Ce à quoi certains Kurdes ont réagi en demandant au consul si à la chute du Reich en 1945, ils auraient exigé que le drapeau allemand continue de flotter sur les camps de concentration...
L'ancien nouveau drapeau n'avait pas eu de succès, car les Arabes lui reprochaient de trop ressembler au drapeau d'Israël. De toute façon il a été convenu que le choix d'un autre drapeau serait voté plus tard.
Quelles sont les garanties que cette Constitution et ses dispositions avantageuses pour les Kurdes seront respectées et appliquées sur le terrain ?
Cette Constitution est très rigide et contraignante, et laisse très peu de pouvoir au gouvernement central. Elle repose entièrement sur la notion "d'union volontaire" entre les deux peuples majeurs d'Irak, les Arabes et les Kurdes. Beaucoup de ces dispositions nécessitent les 2/3 de l'Assemblée pour être changées et les parlements des régions peuvent décider de les accepter ou rejeter par référendum.
Sur le terrain, bien sûr, tout dépend de la façon dont l'occupation américaine se poursuivra, ou si les troupes se retireront et quand. Mais dans la réalité, nous pouvons dire que le Kurdistan est enfin constitué et a une légitimité politique sur laquelle l'Irak ne peut revenir. Le 15 octobre le texte de la Constitution fera l'objet d'un référendum. Il sera très propbablement approuvé, puisque les principaux partis kurdes et chiites ne le contestent pas et appelleront leurs sympathisants à voter pour.
Quelques questions dans la salle :
Q. : Qu'en est-il de la situation de Mossoul ?
R. : Mossoul a une population très mélangée ethniquement ce qui en fait un terrain complexe. Le territoire de la ville peut en gros se partager en deux rives, la droite et la gauche (du Tigre). La rive gauche est peuplée de Kurdes, de chrétiens, de yézidis, de shabaks, etc et est contrôlée par les forces kurdes. La rive droite a une population arabe sunnite en majorité, à fort passé baasiste (parmi l'ancienne Garde républicaine de Saddam, 20,000 d'entre eux venaient de Mossoul). En raison de l'insécurité et de la présence des groupes terroristes, des régions du nord de Mossoul souhaitent de plus en plus être rattachées au Kurdistan, ce que l'on peut envisager de faire en les faisant passer dans les districts de Kirkouk ou Dohouk. La rive droite elle, est contrôlée par les Américains le jour, par les terroristes la nuit.
Q. : Comment les Kurdes sunnites et chiites vivent leur identité religieuse différente ?
R. : L'appartenance religieuse n'est pas prépondérante dans l'identité kurde, contrairement aux Arabes. Ainsi, le Kurdistan est actuellement dirigé par un chrétien nestorien (Assyrien), son Vice-premier ministre, puisque le Premier Ministre est en déplacement. Les confessions religieuses ont peu d'importance, c'est l'identité "kurdistani" qui prime.
Q. : A combien s'élèvent actuellement les effectifs des peshmergas ?
R. : Quand Bremer avait demandé un recensement des forces kurdes, il lui avait été indiqué 72,000 peshmergas, mais comme c'était pour le règlement des soldes, le chiffre a pu être un peu gonflé. Officiellement aujourd'hui, on compte 37,000 peshmergas appartenant à l'UPK et entre 50 et 60 000 peshmergas du PDK. Mais en vérité, seulement 15,000 hommes ont été correctement entraînés et sont opérationnels. Il n'est pas souhaitable d'en employer plus, car le Kurdistan souffre d'une pénurie de main d'oeuvre (en raison de la guerre, des exils, des génocides) à tel point qu'il envisage de faire appel à des immigrants.
Q. Quelles sont les garanties que l'article 58 sur le retour des déportés de Kirkouk et le départ des colons arabes sera vraiment appliqué ?
R. : Il est stipulé que cet article devra être appliqué avant le 30/12/2007. Sinon, comme pour tous les articles de la Constitution, son non-respect cassera "l'union libre des irakiens" sur laquelle se fonde cette Constitution. Les Américains freinent parfois le retour des réfugiés, ainsi des chrétiens qui avaient réinvesti un village en ont été délogés par les soldats US, qui ont ramené les colons ! Mais les Kurdes et les autres rentrent tout de même et récupèrent leurs terres. Ainsi, autour de Kirkouk, 55% des terres kurdes ont été reprises par leurs propriétaires. On estime qu'entre 170 et 200,000 Kurdes sont rentrés à Kirkouk.
Mais il n'y a pas que des colons : Des fonctionnaires, les employés arabes de la Compagnie pétrolière du nord avaient été mutés à Kirkouk, selon la politique de l'ancien régime baasiste qui nommait des employés de préférence loin de chez eux, surtout quand il s'agissait d'employer des Arabes en pays kurde. Ainsi sur les 178,000 employés de la Compagnie pétrolière du nord à Kirkouk, seulement 180 employés sont Kurdes, et à des postes très subalternes. Mais il est délicat de réclamer une "épuration" de tous les fonctionnaires non originaires du Kurdistan, dans le domaine de la santé, de l'éducation, dans la mesure où ils sont à Kirkouk parce qu'ils ont été mutés ici et non par choix.
samedi, septembre 10, 2005
Up : Conférence
Tél.: +33 (0)1 48 24 64 64
La mondialisation est partout
"Nouveau site Scout pour du matériel de Fabrication 100 % Française
Chers amis,
Devant l'incroyable déferlante de produits importés proposés dans vos catalogues d'équipement,jusqu'aux éléments les plus emblématiques comme les foulards,fabriqués désormais en Turquie, nous vous proposons une sélection d'articles de fabrication 100 % française."
En Turquie, non mais vous vous rendez compte, si ça se trouve, les foulards scouts, les drapeaux turcs, les badges Loup Gris tout ça fabriqués pêle-mêle et cousus par les petites mains kurdes... Tout fout le camp (c'est le cas de le dire)...
jeudi, septembre 08, 2005
Rews,a malbatê (flash de dernière minute)
"Rews,a malbatê (situation de famille) : hemu saxin (tous en vie)."
Le programme audio/visuel de la semaine
Samedi 10 septembre sur ARTE, à 20h 40 : La Vie quotidienne à l'âge de pierre, un documentaire de Gérard Thiel (All., 2000). Pour changer un peu des éternelles rediffusions de Zeugma...
Pendant longtemps, le site néolithique le plus ancien connu fut le village de Jarmo (5000 av. JC), au Kurdistan irakien. Puis le site fut détrôné par çattal Hüyük (6000 av. JC), en Turquie. Avec la découverte d'un édifice qui pourraît le plus ancien sanctuaire du monde connu (11 000 av JC), l'archéologue Klaus Schmidt repousse les frontières du néolithique et le Pays kurde récupère la palme de l'ancienneté puisque Göbekli Tepe se trouve dans la région d'Urfa.
rediffusion le 11/9 à 14h, le 17 à 12h20 sur TNT
lundi 12 septembre sur Planète, 2 documentaires sur l'Irak :Saddam, le maître de Bagdad à 16h15 et Irak, la guerre des médias à 17h10.
et si vous n'êtes pas fatigués des documentaires :
mercredi 14 septembre sur ARTE : Mustapha Kemal Atatürk, Naissance d'une république. Inédit, Séverine Labat, 2005. (rediff. le 16/9 à 16h45 sur TNT).
Radio :
dimanche 11 septembre sur RFI à 15h40 : La marche du monde : la Turquie. Une série de 3 volets, le premier portant sur "l'histoire imaginaire" de la Turquie, ou "comment les mythes scolaires mysthifient toute une période historique". Reportage au lycée francophone de Galatasaray, avec un professeur, Ahmet Kuyash et des élèves sur cette nouvelle mise en lumière du passé.
mercredi, septembre 07, 2005
Rews,a Malbatê
Tout simplement pour savoir si le candidat est célibataire ou marié.
Eh bien, ça ne doit pas être très clair pour pas mal de candidats, car en dehors des "nezewicî, bekar, zigortî, ezeb" tous synonymes pour signifier que l'on est célibataire, j'ai eu le droit à des réponses intrigantes :
Pak = propre. Soit le mariage est finalement considéré comme un truc un peu louche, et dans ce cas "pak" est employé comme on dirait "vierge" d'un casier judiciaire, soit malbat voulant dire littéralement maison, j'imagine le candidat avant de remplir sa fiche jetant un oeil autour de lui et vérifiant si le ménage a été fait, au besoin engueulant sa mère pour qu'elle passe un coup de balais avant qu'il ne remplisse son dossier...
Cotker, karker : deux variantes de bekar ? même pas ! Cotkar signifiant "paysan, agriculteur" et "karker" ouvrier. Ceux-ci doivent avoir interprété la question comme un renseignement sur leur statut social ou la profession des parents...
Qels = faible. probablement un indice sur la situation économique de la famille, ou bien un candidat que son mariage aura mis sur les rotules.
Navcîn : voulait-il dire navçîn ? moyen, au milieu ? Sans doute un cadet en sandwich ou une opinion s'affichant comme moyennement pour ou contre l'institution matrimoniale.
et enfin la meilleure pour la fin :
"Rews,a malbatê = "Kurde alévi".
mardi, septembre 06, 2005
Photos
Attention, ne volez pas les photos, elles ne sont pas libres de droit, c'est juste pour le plaisir des yeux !
samedi, septembre 03, 2005
Le LIvre noir de Saddam Hussein
vendredi, septembre 02, 2005
la Bourse ou la Vie
- Les dossiers des Kurdes de Turquie sont souvent une merveille à traiter, fréquemment envoyés dans des classeurs, sous feuilles plastiques, chaque document est présenté par groupe : formulaire, Etat-civil, diplômes, relevés de notes... Et souvent précédé d'une feuille qui donne la liste dans l'ordre de tous les papiers présentés. C'est un pur bonheur de n'avoir pas à faire des fouilles désespérés dans un tas de paperasses mélangées pour trouver les renseignements, simples et concis, mais indispensables, dont je dois remplir ma fiche : civilités, état-civil, diplôme, relevé de notes, etc. On sent l'influence du Turc que le système éducatif discipliné et prussien prépare à cocher et remplir les bonnes cases, sans en sauter une seule et dans un ordre immuable.
- Les dossiers des Kurdes d'Iran sont extrêment abondants en certificats, diplômes, relevés de notes, lettres de motivation etc, mais qu'est-ce que le persan est difficile à lire ! ce qui fait que c'est un Kurde d'Iran qui s'y colle. Par contre, les timbres iraniens sont superbes, à thèmes qui varient un peu suivant les années. L'an dernier, les perdrix rencontraient un grand succès. Cette année, les papillons ont tout détrôné.
Les envois d'Iran sont également camouflés dans les supports les divers, piles de journaux, grands posters roulés dans des tubes, ou bien s'il s'agit d'une grosse enveloppe, celle-ci est renforcée de multiples couches de scotch... On sent la confiance dans l'administration des postes.
- Les Kurdes d'Irak sont un gros gros problème. Depuis la libération, les dossiers des étudiants ne passent plus par ici, les bourses sont attribués par le consulat français en Irak. Environ 150 bourses attribués aux étudiants irakiens dont 35 réservés d'office aux Kurdes.... Mais voilà, le système peine à être mis en place. D'abord, apprenant cela, les dirigeants des universités kurdes ont commencé par présenter au responsable français une liste de postulants, tous professeurs, dont certains d'un âge bien mûr, des copains à eux quoi, ravis de profiter de 4 années d'études en France aux frais de Marianne. "Gasp, a répondu la France, nous voulons des étudiants ! des jeunes !" Bon, après pas mal de temps perdu, la nouvelle commission refait une liste de jeunes Kurdes souhaitant étudier en france. Et là, ils apprennent avec désagrément qu'ils doivent faire parvenir le tout à Bagdad, avec les autres dossiers de tout l'Irak, que le gouvernement irakien (est-ce l'éducation ou un autre service je ne sais pas) doit présenter au Consulat. Sursaut et prurit régionaliste, pas question de passer par Bagdad ! Et encore une année de loupée pour les étudiants kurdes... Au début de l'été, difficile de leur expliquer clairement le problème et que l'institut kurde n'y peut rien avec leur candidature bloquée. A leur place, je n'arrêterais pas de harceler les responsables d'université sur place, jusqu'à ce qu'ils fournissent enfin 35 dossiers de bourse valables et selon le protocole demandé...
- Au Kurdistan de Syrie ce sont plutôt les rumeurs qu'il faut déjouer. Comme la région est petite, je suppose que dès qu'une invention circule elle gagne rapidement du terrain. cette année c'était le fantasme d'un quota par région. Ainsi ils avaient dans l'idée qu'un seul Kurde de Syrie pourrait être retenu et non pas plusieurs, le cas échéant. Ji'gnore d'où cela vient, mais j'ai dû démentir ça tout le printemps et l'été. Sinon l'envoi par fax est souvent problématique, quand nous recevons des feuilles illisibles, ou incomplètes, sans numéro lisible pour rappeler le correspondant en lui signalant le problème. Heureusement, l'envoi de dossiers scannés par mail gagne du terrain.
- Sinon, il y a comme toujours le lot de dossiers irrecevables car incomplets : formulaires d'inscription sans les papiers, papiers sans formulaire, diplômes mais sans relevés de notes... Des Kurdes d'Iran ont aussi quelque soucis avec leur université qui refuse parfois de leur délivrer leur diplôme (en gros une histoire de chantage au pot-de-vin ). Là j'ai eu droit à un dossier d'immigration déguisé, venant d'un Kurde de Cizre, qui bien que marié (condition éliminatoire), prétendait postuler ainsi que sa femme (qui n'avait que son diplôme de lycée) plus un membre de la famille (son frère ?) plus jeune, le seul à remplir les conditions en fait.... Manquait plus que le dossier de la grand-mère, en fait.
A part ça, les envois sont officiellement clos au 31 juillet, ce qui n'empêche pas que je reçois encore des dossiers... cela dit, cette année les Kurdes d'Iran ont une excuse pour être en retard, car l'Etat d'urgence à Mahabad est intervenu en juillet avec des communication perturbées... d'où indulgence de ma part...
Sinon l'afflux des demandes et le peu de bourses attribuées par l'Etat chaque année est décourageant. L'année dernière seulement 5 bourses étaient financées.... Dans ces cas-là, seuls les dossiers "géniaux" peuvent passer.
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