dimanche, mai 29, 2005

À cinq heures de l'après-midi





Je ne sais pas pourquoi, j'ai trouvé ce film beaucoup plus poignant, plus déchirant qu'Osama, peut-être parce qu'il n'y a pas un seul personnage vraiment antipathique, qu'ils sont tous poignants, oui, même le vieux con à barbe blanche, qui pleure sur la chute des talibans, puisque Kaboul et ses femmes peu à peu dévoilées est devenu une Babylone de péchés... rien à voir pourtant avec l'odieux mollah d'Osama, dans cet homme étroit, toujours tempêtant, demandant pardon à Dieu quand il voit une femme, mais qui en a deux sur le dos, sa fille et sa bru, la première voulant devenir présidente de la république, comme Benazir Bhutto au Pakistan (qui pourtant, lui rappelle une camarade d'école, a soutenu les talibans), la seconde ignorant qu'elle est déjà veuve, avec un enfant qui se meurt doucement, faute de lait. Mais ce n'est pas un mélodrame de bout en bout, il y a de jolis moments avec le poète à vélo, et ce dialogue souriant et drôle avec le soldat français. Et pour finir, quand le père part pour une ville "islamique" où les femmes ne se dévoilent pas, quand il épuise toute sa famille, tous ses biens sur la route, quand son âne meurt de faim, quand il faut brûler la charette pour réchauffer l'enfant, quand il le porte, et "non vois-tu ce n'est pas parce qu'il est gelé et qu'il ne bouge plus qu'il est mort, il dort l'enfant dort voyons", et comment lui annoncer à ma bru que son mari est mort, eh bien on ne le trouve plus antipathique, mais pathétique, comme cet autre vieillard assis sur le bord du chemin, son âne en train de mourir lui aussi de faim et de soif, parti trouver Mollah Omar pour lui dire de ne pas livrer Ben Laden, ce musulman, aux Américains infidèles, et qui ignore que la guerre a eu lieu et est finie.

C'est un film sur la période d'après la dictature, avec ses paumés nostalgiques de l'ancien régime, les réfugiés en masse qui reviennent, les filles qui veulent attraper la chance que la nouvelle ère leur offre, mais sans trop savoir de quelle façon on sort de sa condition.

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