lundi, novembre 29, 2004

Un Barzani très... méritant

Wecih Barzani a reçu des mains de Paul Wolfowitz la Legion of Merit, une décoration militaire récompensant des actes d'un exceptionnel héroïsme au service des Etats-Unis. Il est vrai qu'ayant été gravement blessé (avec 18 peshmergas tués) lors de la guerre de 2003 par un bombardement américain, Wecih Barzani avait preuve d'un fair-play exceptionnel dans le genre "non non y a pas de mal, y a même pas mort d'hommes, enfin si, un peu, mais n'en parlons plus " (en tous cas s'il les a traités de crétins, on n'a rien entendu).

Pendant qu'on y est, on aurait pu lui donner la Purple Heart, qui récompense les blessés, "Dans toute action contre un ennmi des Etats-Unis" ; bon OK, là il aurait fallu ajouter "blessé par les Etats-Unis dans une action, etc..."

jeudi, novembre 25, 2004

Cinéma-Concert

Les concerts Polysons & Le Cinéma présentent

Le dimanche 5 décembre 2004, à partir de 15h30

Musique et cinéma kurdes

Au cinéma L'Etoile, 1 allée du Progrès, La Courneuve.

Métro ligne 7, station de tramway Hôtel de Ville, RER B La Courneuve Aubervilliers.

Réservations : 01 48 35 00 37


Programme :




15h30 : Un Temps pour l'ivresse des chevaux, de Bahman Ghobadi.
Caméra d'or Festival Cannes 2000.
Avec Amanek Ekhtiar-Dini, Ayoub Ahmadi, Jouvin Younessi.

Iran, 2000, 1h20, VO.

17 h : Concert avec Sivan Perwer.

Concert Kurde-Azéri

Le Vendredi 3 décembre à 21 h :


Concert de Sivan Perwer (voix, saz, tembû et djura),



avec Hesen Kanjo (voix et kanun), Alaattin Demirhan (voix et flûte), Delaer Saaty (voix et darbuka), Zahid Brifcany (voix et violon).



et d'Alim Qasimov (voix),


avec Rauf Reza Islamov (kemençe), Malik Mansurov (tar), Natik Shirinov (nagara).


Tarifs : 13,90 euros- (11,30 pour les - de 16 ans, les groupes de 10, les abonnés) - 5 euros (chèque Culture Ile de France).

Tél. : 01 69 04 98 33

Espace Marcel Carné - Place Marcel Carné (Quartier du Bois des roches, face à l'hypermarché Géant) - 91240 Saint-Michel sur Orge - RER C direction St Martin d'Etampes, trains Elba, Deba, Elac, Duba. Autoroute A6 direction Lyon, sortie Sainte-Geneviève des Bois.

mercredi, novembre 24, 2004

TV, radio : convention d'Ottawa, Zeugma, Istanbul

Samedi 27 novembre

Sur Radio France International, à 10h40, La Convention d'Ottawa sur l'interdiction des mines anti-personnelles, "Repères", par V. Gaymard.

Lundi 29 novembre

Sur Planète à 11h30, Les Derniers Jours de Zeugma.

Sur Voyage à 20h45, Istanbul : la terre, le ciel et l'eau. Eric Sarner.

mardi, novembre 23, 2004

Mort d'un terroriste


Donc, en Iran, on les fouette à mort, et en Turquie on les crible de balles.
Au village de Qoser, dans la région de Mardin, Ahmet Kaymaz (31) et son fils Uxur Kaymaz (12) ont été tués par les forces de sécurité turques.

Le frère d'Ahmet Kaymaz, Reshat Kaymaz a relaté l'événement ainsi :

“Mon frère était chauffeur, c'était ainsi qu'il faisait vivre ses enfants. Voici ce qui s'est passé : Un soir, mon frère et son fils Uxur sont sortis, ils voulaient conduire le camion. Quand soudain ils ont été la cible d'un tir nourri de la part de la police et de l'armée. Mon neveu a reçu13 balles et mon frère sept.”

Reshat Kaymaz poursuit ainsi : “Ce sont des martyrs, tout le monde a pu voir comment un père et son enfant ont été criblés de balles… c'est un crime et j'appelle le monde entier à ne pas rester siliencieux et à mettre fin à la sauvagerie de l'armée et de la police turques...”

Source Avesta

Sûr qu'il y a quelques petits efforts à faire pour la feuille de route de l'Europe, hein ?
L'armée, en tous cas, s'est bornée, semble-t-il, à déclarer que des terroristes étaient morts lors d'une opération.

'Stupidity, however, is not necessarily a inherent trait.'
Albert Rosenfield.

La Création de l'Etat d'Irak

Le vendredi 26 novembre, à 17 h30, à l'Espace Rencontres de la FNAC des Ternes, autour du thème :

La Création de l'Etat d'Irak

Ephrem-Isa Yousif présentera son livre

Une Chronique mésopotamienne


FNAC-Place des Ternes, Paris.

dimanche, novembre 21, 2004

Aller vers le soleil

Ou Günese yolculuk, de Yesim Ustaoglu. Je sais, ce film est sorti en 1999, mais c'est ma spécialité de voir les films très en retard.



Dès les premières images, alors que la caméra flotte sur les eaux de la Corne d'or, un mot, un prénom éclate, SIRVAN en même temps qu'une musique. Et un autre prénom, BERZAN. Mais jamais, jamais dans le film, le nom du peuple et du pays interdits ne sera prononcés, comme on n'ose pas le prononcer en Turquie, même à Istanbul. Et c'est par une escalade d'aventures cruelles, que le jeune Mehmet, un Turc de l'ouest, va comprendre peu à peu ce que cela signifie de s'appeler BERZAN, et de venir de Zorduç.

- Où c'est ?
- A la frontière de l'Irak.
- Pourquoi tu es venu à Istanbul ?
- Pour compter les mouettes...
- Allons... Pourquoi tu es venu à Istanbul ?
- Ils ont tué mon père. Il y a eu une rafle en pleine nuit, il n'est jamais revenu.

Et cette réflexion de Mehmet, terrible de naïveté, parce qu'il n'est qu'au début de sa longue descente dans les strates sombres d'Istanbul, et que pour lui certaines choses si incroyables ne peuvent arriver :

- Tu penses qu'ils l'ont tué seulement parce qu'il n'est pas revenu ?"
- Dans ma région, oui, c'est tout le temps comme ça.

L'amitié de Berzan et de Mehmet, l'amour de Mehmet et de la jeune Arzu, se déroulent dans le monde le plus attachant d'Istanbul, celui des quartiers pauvres, des petits métiers : vendeurs de cassettes, employé des canalisations, blanchisseuse, vendeurs de billets de loterie... Au début, la vie de Mehmet est simple, il a un ami qui porte un drôle de nom, Berzan, une petite amie qui se cache (un peu mais pas trop) de ses parents pour le voir, des colocataires avec qui il partage une chambre, et un téléviseur qui ne le quitte jamais. Si Berzan apparaît de temps à autre à la télévision justement, battu par les matraques des policiers, devant la prison de Bayrampasa où des détenus sont en grève de la faim, en quoi cela le concerne-t-il ? Mais voilà, un soir, dans un bus, un homme descend juste avant un contrôle, laisse son sac aux pieds de Mehmet, et la vie bascule.

Aller vers le soleil est une histoire de réseaux et d'ombres. Des fils invisibles courent dans la ville, qui, à l'image de la Turquie, est faite de strates étrangères les unes aux autres. Il y a celles des touristes allemands venus boire une bière sur le Bosphore. Il y a les strates où les Berzan s'agitent dans l'ombre. Et il y a, entre, de ces trous du destin où l'on peut tomber, où, si l'on s'appelle Mehmet de Tire et que l'on n'a pas de chance, on tombe. Et comme les voleurs d'Ali Baba, où que l'on aille ensuite, il y a toujours des gens pour vous retrouver et marquer votre porte d'une croix rouge, qui vous stigmatise comme terroriste dans tout le quartier, qui vous fait perdre votre travail, vos relations, qui fait que l'on n'a plus comme amis que les proscrits et les clandestins, ceux qui chantententre eux dans une langue inconnue, et vous apprennent à danser sur le def û zurne.

Dès lors nous accompagnons Mehmet et Arzu dans ce qui est un parcours initiatique, et les spectateurs non avertis, sont, comme eux, aveugles aux signes qui courent dans tout le film, des signes si parlants pour ceux qui savent : La vieille femme qui attend avec Arzu sur le banc du copmmissariat, on ne sait rien d'elle, mais elle porte le foulard blanc des femmes de Mardin, Urfa, Cizre... Signe : cette famille ayant chargé tous ses biens dans un camion, "nous partons tous pour Istanbul, non mon père ne te comprend pas, il ne parle que le dialecte." Et quelques kilomètres plus loin, ce village abandonné, et puis plus loin d'autres encore, des villages démolis, et pour finir noyés sous les eaux... Signe : vous prenez des gosses en stop, de petits vendeurs de journaux, ils s'enfuient au premier contrôle militaire, les soldats furieux saisissent les journaux, dont on voit brièvement le titre : özgür Gündem... Signe : un bruit de moteur la nuit, dans une ville, fait peur même aux hôteliers, et le lendemain, les rues sont pleines de chars, des chars qui tournent autour de panneaux indicateurs Sirnak, Siirt, Silopi... Tout cela se montrant sous les yeux incompréhensifs de Mehmet, signalisation d'une géographie subversive, celle du pays qui commence à Urfa et dont les ramifications douloureuses s'étirent jusqu'à Istanbul, prison de Bayrampasa.

Aller vers le soleil est un très beau film, attachant, d'une mélancolie sereine, sans désespoir ni haine. Au contraire, la beauté des rencontres humaines donne à cette histoire une chaleur réconfortante. Et l'image finale du soleil se levant sur les montagnes, au son du def (clarinette), a de quoi faire se pâmer n'importe quel Kurdistani !


In English in KBU

samedi, novembre 20, 2004

Au nom de Dieu, le Miséricordieux, le Compatissant

Dans la ville kurde de Sanandaj, en Iran, un garçon de 14 ans a été condamné à 85 coups de fouet pour avoir rompu le jeûne du ramadan.

Mais Dieu, dans Sa grande miséricorde, a décidé qu'il mourrait au bout du quinzième.


'Stupidity, however, is not necessarily a inherent trait.'
Albert Rosenfield.



jeudi, novembre 18, 2004

Un peu de musique ?

Il semble que ce soit légal (on verra bien si la justice me tombe dessus). Un site de MP3 libres d'écoute et de téléchargement, rassemblant des musiques folkloriques des Balkans et d'Anatolie avec une section Kurdistan.



Balkan, Greek & West Asian
Folkdances MP3 Library



mercredi, novembre 17, 2004

Intervention divine




J'ai bien aimé ce film. Il est provocant, léger, et moqueur. A côté de cette pléthore de mots, de fureurs, d'émotions, que suscite ce conflit dont tout le modne se mêle et sans finalement y connaître grand-chose, le silence de ce film, muet aux trois-quarts, est reposant. Il y a aussi une élégance détachée dans ce silence, dans le visage impassible de Suleiman, de son amante, une élégance comme une arme de guerre lorsqu'il s'agit de foudroyer un barrage d'un seul regard, ou bien de faire exploser un char avec un noyau de fruit jeté si négligemment, en toute innocence, derrière soi. A côté, les Israéliens apparaissent vulgaires et, il faut le dire, un peu cons. Mais on ne voit d'eux que la soldatesque, des soldats neuneus ou prêts à péter les plomb dans leur check-point. Partialité ? Oui, si l'on veut, (après tout peut-on demander à un occupé de compatir psychologiquement à la misère de l'occupant...) mais surtout justesse de vue, car dans une occupation, tout ce que l'on voit, que l'on connait de l'ennemi, c'est ce soldat-gendarme encore plus empêtré dans sa peur et sa consigne que les Palestiniens dans leurs chek-point. L'élégance ironique de jouer avec toutes les peurs que l'on suscite : le ballon rouge et grimaçant à l'effigie d'Arafat, qui affole le barrage, survole la ville, et va se fixer au dessus du Dôme du Rocher : bouh ! la menace arabe... la carte de la Palestine qui sert de bouclier à l'héroïne en panoplie de kamikaze, dans une scène désopilante à la Jackie Chan. La scène du feu rouge avec l'Israélien à tête de beauf, il faut dire, drapeau sur sa voiture et kipa sur le crâne, et l'autre qui met ses lunettes noires et en rajoute dans le bouh je te jette un sort ! et le regard des deux conducteurs par delà leur vitre, et aucun ne veut redémarrer et céder, et la file de voitures derrière, bloquée comme toute la diplomatie internationale par ce micro-conflit dans un territoire de poche. 

ça peut énerver. Parce que c'est un pied de nez, pas un machin larmoyant et politiquement correcte sur la paix et la fraternité et soyons tous de bonne volonté... Mais la moquerie c'est de bonne guerre en temps de guerre. Surtout quand la plaisanterie est fine.

Colloque à Bordeaux

Marqueurs linguistiques de l’espace
et
diversité des pratiques langagières
Enjeux théoriques, sociolinguistiques et politiques


vendredi 26 (toute la journée) et samedi 27 (matin) novembre 2004

Maison des Sciences de l’Homme d’Aquitaine, Domaine Universitaire, 10 Esplanade des Antilles, F-33607 Pessac Cedex
Bordeaux



Responsable : Guillorel Hervé, chercheur CNRS au LASP (Laboratoire d’Analyse des Systèmes Politiques, CNRS et Université de Paris 10 – Nanterre) et au TIDE (Territorialité et Identité dans le Domaine Européen, CNRS, Bordeaux-3)


Programme




Vendredi 26 novembre 2004

Matin : 9h30 – 13h

9h30 – 10h Introduction : Guillorel (Hervé)


Le cas de la France

10h – 10h45 Lejeune (Sylvie), "La politique linguistique de la Commission nationale de toponymie (CNT)".

11h – 11h45 Fénié (Bénédicte), "Choix toponymiques aux marges de la Gascogne linguistique".

12h – 12h45 Le Squère (Roselyne), "Analyse sociolinguistique de l’affichage public en Bretagne : du repérage territorial à la promotion de la région : Usages, fonctions et perceptions des toponymes, odonymes et autres types d’affichage comme objets de marketing et objets de valorisation du patrimoine".


Après-midi : 14h30 – 18h30



14h30 – 15h15 Akin (Salih), « La redénomination du territoire kurde : analyse contrastive en arabe, persan et turc ».

15h15 – 16h Boisserie (Étienne), "Aspects historiques et juridiques des questions toponymiques dans le sud de la Slovaquie".

16h – 16h45 Papoulidis (Kyriakos), "La toponymie en tant qu'outil linguistique et son instrumentalisation politique : les expériences balkaniques (1918-1960)".

17h – 17h45 Pailhé (Joël), "Cartographie et enjeux frontaliers dans la toponymie".

17H45 – 18H45 Collignon (Béatrice), "Toponymes inuit : effets frontières et tensions politiques".



Samedi 27 novembre 2004

Matin 9h30 – 12h30

9h30 – 10h15 Engelaere (Olivier), "La langue n’est pas tout le peuple" : toponymie et culture régionale au service d’une vision pan-néerlandaise de l’espace flamand dans la France du Nord » (sous réserve).

10h15 – 11h Guillorel (Hervé), "Toponymie et politique : le cas de l’Afrique du Sud".

11h – 12h30 Bilan et recherches à venir, sous forme de table-ronde

samedi, novembre 13, 2004

Bonne nouvelle : finalement les Kurdes existent !

Après avoir déclaré pendant toute une année et même plus qu'il n'y avait que des Turcs, et que le kémalisme et la turcité c'était ce qu'il y avait de mieux pour les Kurdes, Öcalan aîné change (encore une fois) d'avis : finalement, il y a bien une nation kurde et des Kurdes citoyens turcs et les Turcs doivent bien s'y faire, tout comme il y a des Turcs qui pourraient être citoyens kurdes. On est tous très content de l'apprendre.


N'empêche que si j'étais membre du KONGRA-GEL, j'aurais la tête qui tourne : 100% Turc en octobre, 50% Kurde en novembre.


'Stupidity, however, is not necessarily a inherent trait.'
Albert Rosenfield.

dimanche, novembre 07, 2004

Minorités, nations partagées, le Livre noir du Moyen-Orient

Article intéressant qui rappelle un passé ottoman et européen bien oublié, mais qui dans la "Turquie nouvelle" ne fut jamais complètement oublié ni digéré. Effectivement la "protection" des minorités par les puissances européennes au 19° siècle, ce qu'on a appelé les Capitulations, est encore un traumatisme dans la conscience turque, en ce que ces "protections", rien moins que désintéressées, il faut le dire, furent vécues comme une tentative de démembrer l'Empire, en le minant de zones commerciales, juridiques, où le droit ottoman ne s'appliquait plus, en somme, comme dans les concessions étrangères de Chine.

Par ailleurs, cette fragmentation communautaire perdure obstinément au Moyen-Orient, derrière les déclarations ronflantes des Etats-nations. Et la Turquie, qui cauchemarde à l'idée que l'Europe pourrait recommencer à "protéger" ses millet/minorités, n'hésite pas à utiliser les mêmes revendications protectrices, mais cette fois-ci en utilisant l'ethnie et non plus la religion, pour les Turkmènes de Kirkuk en disant : "nos minorités nous donnent le droit d'ingérence", se posant ainsi comme le protecteur naturel de tous les Touraniens du monde, d'Iraq aux Ouïgours de Chine (bon d'accord, intervenir sur les Ouïgours de Chine c'est moins facile).

Mais finalement dans le monde arabe, est-ce si différent ? Le partage du Moyen-Orient entre Etats syrien, irakien, jordanien, n'a-t-il pas sonné le glas de l'arabité, des rêves de la nahda ? Et la farouche opposition de principe des Etats arabes contre Israël au nom de l'intérêt des Palestiniens ne relève-t-il pas de la même solidarité nationale trans-frontalière ? Aussi, il est naturel que les Etats environnant le Kurdistan craignent qu'une puissance étatique kurde en Irak ne devienne le protecteur naturel des Kurdes de Syrie, de Turquie, d'Iran. Et comment pourrait-il en aller autrement ? L'éclatement de l'Empire ottoman et le découpage de la Société des nations, ne pouvait qu'aboutir à cela, ces alliances inter-étatiques, dans des Etats déchirés entre plusieurs nations qui n'avaient ni les mêmes rêves, ni les mêmes destins.

Aujourd'hui, comme depuis sa fondation, l'Irak est déchiré entre trois grandes histoires, trois grands héritages, trois psycho-généalogies : celle des chiites, celle des Kurdes, celle des Arabes sunnites de Bagdad et du centre. Chacune des trois a son propre traumatisme, ses contentieux avec les autres, ses propres mythes, son propre rêve politique. Chacune a ses propres héros, ses grandes dates, et ses comptes à régler avec le passé : la persécution des chiites, l'échec du nationalisme arabe, et pour les Kurdes le rêve kurdistani. Difficile de concilier et de réconcilier tout cela. Aujourd'hui l'Etat d'urgence a été déclaré en Irak sauf au Kurdistan., car évidemment la situation n'est pas la même. Alors que l'Irak coule (un peu aidé par certains de ses frères arabes, il faut le dire), le Kurdistan, pour le moment, se porte très bien. Difficile de concilier tout ça en un tout homogène et sous un même drapeau. Bien sûr, des optimistes espèrent encore que c'est l'exemple kurde qui contaminera le reste de l'Irak et l'emportera. Mais la contamination va rarement dans ce sens. Il y aura plutôt, de plus en plus, un réflexe protectionniste des Kurdes (bien naturel) de ne pas se laisser contaminer par la violence et les infiltrations terroristes d'en bas.




mercredi, novembre 03, 2004

Bruit de bottes à Ankara ?

La presse turque donne une image curieuse de leur pays, qui à lire les gros titres semble être un pays tiraillé d'une part entre buiseness men trépignant à la porte de l'UE et par des militaires "droits dans leurs bottes et casques à pointe sur le crâne" prêt à foncer sur Kirkuk comme un avatar micro-asiatique du Drang nach Osten. Ainsi Cumhuriyet, Milliyet, et Sabah ont-ils tous parlé d'une réunion stratégique le 14 octobre dernier entre le Premier Ministre Recep Tayyip Erdogan, le Chef de l'Etat-major, le général Hilmi Ozkok, le ministre des Affaires étrangères, Abdullah Gul, celui de la Défense Vecdi Gonul, plus d'autres, afin de discuter d'un plan d'intervention à Kirkuk, qui comporterait l'envoi - en fait l'invasion - du Kurdistan irakien par 20 000 hommes de troupes, afin de se saisir de Kirkuk et empêcher la "kurdification" , ceci après les avertissements très fermes et conjoints de Massoud Barzani et Jalal Talabani (entre autres).

On peut imaginer bien sûr, le bordel à la libanaise que ça donnerait. Car il est peu probable que les autres Irakiens en seraient très contents, après tout, les revendications de la Turquie sur le nord de l'Irak ne sont pas récentes, elles datent même de 1920, alors que l'Irak n'était même pas encore créé. Et puis il est peu probable que les autres Arabes de la région, qui pour des raisons historiques (les massacres de la fin de l'Empire ottoman) et plus contemporaines (leur alliance américano-israélienne) haïssent les Turcs, acceptent ça aussi d'un très bon oeil (sans parler de l'Iran). Il est peu probable aussi que les Kurdes, d'où qu'ils soient, laissent faire sans tirer un seul coup de feu. Murat Karayilan, le représentant du KONGRA GEL en Europe l'a d'ailleurs récemment déclaré : "Si la Turquie envahit Kirkuk, nous porterons la guerre dans les métropoles turques". De quoi donner à réfléchir, après les attentats de cette année. Car le PKK ne s'est jamais équipé ni organisé pour des actions urbaines, mais il y a assez de mouvements très entrainés dans le monde islamiste, c'est-à-dire que si les Turcs veulent transformer Istanbul en une ville aussi sûre que Bagdad ou Mossoul, ils n'ont qu'à appliquer ce plan brillant.

De plus ce plan génial se faisant sans l'aval américain, et les Turcs allant être confrontés soudain à des opérations très meurtrières dans une grande ville, risquent de se défendre avec leur respect des lois de la guerre coutumière, et bien sûr perdre toute chance d'entrer dans l'UE, mais comme l'écrit Sabah : "Il y a des causes et des desseins nationaaux plus importants que l'UE, car Kirkuk n'est pas le coeur du Kurdistan, mais plus tôt celui de la politique turque en Irak." Profitons-en pour saluer l'usage du nom "Kurdistan" par Sabah et donc la reconnaissance de cette entité politique. C'est faire preuve d'une grande bravoure de la part de ce journal, parce qu'en Turquie il y en a qui ont atterri au gnouf pour moins que ça.

Mais bon, tout ça c'est beaucoup de bruit (de bottes) pour rien, comme l'affirme un autre officiel turc Ilker Bashbug, qui explique qu'il n'y a jamais eu un tel plan, que la Turquie accepte le fédéralisme et les estimations démographiques de Kirkuk de 1976-1978, même si elle n'est pas ezncore prête à avaler un gouvernement kurde sur ce vilayet. Maintenant Ilker Bashbug ne comprend pas quelle mouche a piqué les journaux turcs pour affirmer tout ça...

Concert de soutien à l'Institut kurde