mardi, mars 30, 2004

Défaite électorale kurde aux élections municipales



Les élections municipales qui se sont déroulées hier en Turquie ont été un large succès pour le Parti de la justice et du développement (AKP) qui a remporté 56 provinces sur 81. Beaucoup d’observateurs s’attendaient à la victoire de l'AKP mais non à la pauvre prestation du DEHAP, en dépit de sa coalition multipartiste avec le SHP, l’ODP, le EMEP, l’OTP, et le SDP, rassemblés sous le nom de l’Union du pouvoir démocratique. Les résultats ont montré cependant que « l’Union du pouvoir » était partout sauf au pouvoir. Concernant seulement le « pouvoir renforcé » du DEHAP, celui-ci a obtenu moins de votes qu’aux avant-dernières élections en 2002, où le DEHAP avait reçu à lui seul près de 2 millions de voix, équivalant à environ 6.2% de la totalité des votes.

Dans ces élections, une grande attention avait été portée par l’administration du DEHAP à son alliance avec les partis de gauche turcs sous la bannière du SHP. Des officiels du DEHAP expliquaient qu’ils s’attendaient à ce que cette alliance leur fasse remporter 150 municipalités dans toute la Turquie. Aux dernières élections municipales en 1999, le HADEP avait remporté 37 municipalités dont les grandes villes de Diyarbakir, Van, Batman, Hakkari, Siirt, Bingol, et Agri. Cette année, non seulement le DEHAP a échoué à accroitre son électorat en ne recevant que 4.8% des voix, et donc à remporter de nouvelles villes, mais a perdu d’une façon que l’on a peine à croire, des villes telles que Van, Bingol, Agri, et Siirt, qui étaient les places-fortes du DEHAP. Dans ces villes, comme dans toutes les villes kurdes (excepté Mardin, remporté par le Parti de la Félicité (SP) en raison d’une bavure technique qui a empêché l’AKP de s’y présenter) le parti au pouvoir, l’AKP a remporté la victoire. Le succès de l’AKP ne se limite pas seulement aux villes principales mais inclut aussi les petites villes autour. Ainsi, même à Diyarbakir, l’AKP gagne 3 municipalités dans la région et l’un quartiers de la métropole. A Van, le DEHAP qui n’a pu remporté une seule municipalité, ne sauve qu’un petit hameau tandis que l’AKP non seulement a obtenu la mairie de la ville de Van mais aussi 8 des 11 villes de la région. A Siirt, là aussi le DEHAP perd la municipalité et ne remporte que la mairie de Kurtalan, la majorité des voix alalnt à l’AKP.

Ces élections une fois de plus montrent que les Kurdes ne soutiennent pas la politique du DEHAP. Les Kurdes ont réagi à la décision des dirigeants du DEHAP de fusionner avec le SHP et par conséquent de participer aux élections sous la bannière du SHP. Aux élections législatives de 2002, le DEHAP avait tenté une union similaire avec des partis turcs marginaux et avaient déjà échouée. On aurait pu s’attendre à ce que les cadres du DEHAP ne persistent pas dans la même politique et soient attentifs à leurs électeurs. Cette fois, l’électorat a montré encore plus vigoureusement son désaccord. C’est un message que les officiels du DEHAP auront du mal à ignorer, et qui est clair : Les Kurdes veulent que le DEHAP exprime leur identité kurde et rejette la politique actuelle d’union avec des partis turcs marginaux. Les électeurs ont pu aussi réagir contre ce qu’ils ont perçu de la politique du DEHAP, comme voulant imposer ses propres candidats aux villes sans souci de leurs préférences .

Cette élection est riche d’enseignement pour les Kurdes. Il est évident que “l’Union du pouvoir démocratique” ne les sert pas, puisqu’elle n’interpelle ni les Turcs ni les Kurdes. Par dessus tout, le SHP et les autres aprtis n’ont pas de base électorale et leur programme n’est pas assez attirant pour gagner de nouveaux électeurs. Beaucoup de Turcs continuent à se défier de l’identité kurde du DEHAP, en dépit des dénégations vigoureuses de ses dirigeants. D’un autre côté, les Kurdes ont été très irrités par l’obstination du DEHAP à devenir un parti turc alors que l’état turc n’a rien changé dans sa façon de considérer le problème kurde. Les Kurdes attendent du DEHAP qu’il se présente comme un parti kurde, pour les Kurdes, et agissant par les Kurdes. On peut penser qu’il est temps pour DEHAP de revendiquer vigoureusement son dientité kurde au lieu de prétendre n’être qu’un parti turc. Ausssi longtemps que la question kurde reste lettre morte au sein de l’état turc, le peuple kurde demandera à un parti pro-kurde de se battre pour ses droits culturels et démocratiques. La meilleure chose pour le Quartier Général du DEHAP serait de trouver un moyen de collaborer avec d’autres partis kurdes et des personnalités individuelles, afin de renforcer l’unité des Kurdes. Si les dirigeants du DEHAP ne révisent pas sérieusement leur politique, ils pourraient faire face à une plus grande défaite aux prochaines élections, une défaite dont les perdants seraient le DEHAP comme le peuple kurde.


Mutlu Civiroglu

lundi, mars 29, 2004

Grande claque électorale... en Turquie



Les premières estimations montrent qu'avec sa brillante stratégie, le DEHAP a rapporté sur un plateau Adana, Adiyaman, Agri, Bingol, Mush, Siirt, Urfa et Van à l'AKP.

Et Mardin au SP comme ça personne n'est oublié.

Toutes les fois que les Kurdes de Turquie ont voté pour les islamistes, c'étaient qu'il n'y avait pas de parti kurde en lice (en général pour cause d'interdiction). Cette fois-ci non plus ils ne se sont pas trompé : il n'y avait pas de parti kurde en lice.


'Stupidity, however, is not necessarily a inherent trait.'
Albert Rosenfied.

vendredi, mars 26, 2004

Ce que disent toujours les auteurs de génocide

"Nous aussi avons beaucoup souffert et souffrons encore" (en général des représailles).

" C'était leur faute à eux aussi. Ils ne sont tout de même pas totalement innocents." (car si personne ne sera déclaré innocent, cela voudra dire aussi qu'il n'y a pas de vrais coupables).

"Nous aussi sommes à plaindre, le monde entier nous déteste, et d'ailleurs c'est pour cela que nous avons dû nous défendre, les massacrés, les opprimés, ça devait être nous, nous n'avons fait qu'anticiper."

"Au fond, c'est eux qui ont commencé" (enfin ils étaient sur le point..)

"Maintenant je ne veux plus penser à tout ça. Je veux oublier."

"Nous aussi avons nos morts" (ne pas leur objecter la différence en nombre : ce serait misérable ! Un mort est un mort ! Un mort vaut 10 000 morts ! Ne soyez pas comptable !"

Pour finir :

"Il est injuste de nous faire passer en jugement, tant que vous n'aurez pas puni les autres aussi." (d'abord les autres).

"Vous savez, ce n'est pas facile pour moi d'avoir fait tout ça : maintenant j'ai des cauchemars, c'est très pénible..."



'Stupidity, however, is not necessarily a inherent trait.'
Albert Rosenfied.

lundi, mars 22, 2004

Perle de l'année (nouvelle)




Titre d'une dépêche AFP du 21 mars, de Diyarbakir :

"Les Kurdes de Turquie fêtent le Nouvel An Persan"


'Stupidity, however, is not necessarily a inherent trait.'
Albert Rosenfied.



Concert



Le vendredi 26 mars à 20h45 :

ISSA (voix, bouzouk), Elie MAALOUF (piano),
Emek EVCI (contrebasse), Hérvé TEBOUL (ney,
percussion)

se produiront à La Halle Roublot

95, rue Roublot - Fontenay sous Bois (94)

Salon du Livre de Paris


Du 19 au 24 mars 2004, Zîrek présente son livre Pense que au stand G199

Salon du Livre, Paris, Porte de Versailles.

vendredi, mars 19, 2004

Les Kurdes de Syrie racontent (suite)


"A Alep et Afrine un calme relatif est installé.

A Afrine, dans la journée du 18, il y a eu encore des manifestations, avec quelques blessés et quelques arrestations, puis les manifestants se sont dispersés. Les militaires et la force de l'ordre sont toujours omniprésents. Les contrôles sont toujours en vigueur.

A Alep, les quartiers kurdes sont toujours quadrillés par les militaires et les forces de sécurité. Les contrôles sont toujours de rigueur mais moins importants que les deux derniers jours.

A Alep et Afrine, le service de renseignements du parti Baas recherche des Kurdes ayant un passé politique. Cela pourrait engendrer une aggravation de la situation dans la répression des opinions politiques (délit d'opinion).

A Alep, depuis trois jours, des négociations intenses sont en cours entre les partis kurdes et le préfet d'Alep ainsi que le responsable du parti Baas (branche d'Alep). Ces partis kurdes ont dit clairement que ces provocations n'avaient pas été du fait des Kurdes mais par une partie des personnes au pouvoir. Tous les partis kurdes appellent au calme mais il faut que les forces de l'ordre arrêtent aussi d'armer les Arabes et les empêchent de s'attaquer aux Kurdes et de détruire leurs biens. Ces partis ont rappelé que les demandes des Kurdes sont connues de léEtat et demandent que la question du droit des Kurdes soient réglés.

Au sujet de la célébration du Newroz (Nouvel An kurde), le préfet d'Alep a déclaré aux partis kurdes que les célébrations seraient tolérées. Mais les Kurdes ont alors répliqué qu'ils pleuraient leurs morts et que ces célébrations se dérouleraient dans le deuil et non dans la fête."

jeudi, mars 18, 2004

Des Kurdes de Syrie témoignent sur le vif


"Les informations reçues à ce jour (17 mars) d'Alep et d'Afrine sont encore alarmantes. Les familles sont en deuil et elles pleurent en enterrant leurs morts tombés sous les balles des forces de sécurité.

Tous les partis kurdes de Syrie appellent au calme et à ne pas recourir à la violence. Et tout le peuple kurde en Syrie suit les consignes données par ces partis, car ils sont certains que ces provocations ont été préparées à l'avance par certaines branches du pouvoir syrien pour entrainer les Kurdes à l'affrontement. En effet, dès la signature, le 8 mars 2004, de la Constitution provisoire de la Fédération d'Irak, les forces de sécurité spéciales syriennes et les services de renseignements ont été déployées de manière très discrète dans les zones kurdes. Deux jours avant le complot, la Syrie a fermé sa frontière avec l'Irak afin d'éviter tout soupçon sur ses intentions.

A ce jour, les militaires sont omniprésents à Alep et à Afrine. Les Kurdes sont contrôlés systématiquement et ils doivent indiquer d'où ils viennent et où ils vont. A Alep les quartiers kurdes sont quadrillés.

A Afrine, les armes sont distribuées aux Arabes et aux militants du Baas. Un Arabe travaillant chez un Kurde lui a raconté qu'il avait refusé de prendre les armes données par le gouvernement.

Il est interdit aux Kurdes d'Afrine de se rendre à Damas. Ils sont filtrés lors de contrôles dès la sortie d'Alep. Dans les zones kurdes, Internet est interdit et le public est très surveillé.

Un Kurde, habitant Alep, raconte que la tribu arabe Chamer à Hassaké a refusé de se joindre aux autorités syriennes et aux autres tribus arabes pour affronter ses frères kurdes.

A chaque enterrement, plusieurs milliers de personnes assistent aux obsèques en mettant les chansons du célèbre chanteur kurde Shivan et plus particulièrement sa chanson sur Halabja.

Le bilan des morts, connu à ce jour, est de 3 morts à Alep et de 5 à Afrine et 32 ou plus de 32 blessés. Les arrestations à Afrine sont estimées à 500, 300 à Alep, 1500 à Qamichlé, 700 à Damas. Ces chiffres sont cependant difficilements vérifiables puisqu'il est actuellement impossible d'avoir un recensement précis là-dessus, les autorités syriennes ne les fournissant pas.

Les morts enterrés à Afrine, à ce jour (17 mars), sont :
Du village de Hassan Dirah, un lycéen de 17 ans ,
Du village de Beneh, un collégien de 13 ans,
Du village de Miské, une mère de deux enfants,
Du village de Qorte Qelaqé, un père de famille de 30-35 ans,
Du village de Baadinah un père de famille de 40 ans."



mardi, mars 16, 2004

Nouvel an kurde à Paris

Dimanche 21 mars, à partir de 16 h

Au Cabaret sauvage, Parc de la Villette, M° Porte de la Villette

Concert avec Shivan Perwer.

(Danse, musique et repas).

Réservation et information : 01 48 24 64 64

***

Kurdish New Year in Paris

Sunday March 21, at 4 p.m

Cabaret sauvage, Parc de la Villette, M° Porte de la Villette

Concert with Shivan Perwer.

(Dances, music and Kurdish meal).

Reservation and information : 00 33 1 48 24 64 64

***
Cejna Newrozê li Parisê

Yekshemê, 21 adar

ji saet 16dan pê ve,

Cabaret sauvage, Parc de la Villette, M° Porte de la Villette

Konser bi Shivan Perwer

(Dîlan, stran û xwarin)

Agahdarî û bilêt : 00 33 1 48 24 64 64





lundi, mars 15, 2004

Newroz sanglant en Syrie

"Nous, la communauté kurde de France, très alarmée en raison des événements qui se déroulent actuellement au Kurdistan de Syrie :

Rappelons, selon des informations concordantes en provenance des villes kurdes de Qamichlo, Hassanké, Amude, Dirbessiyê, Dêrik, Tirbe Spî, Serekanî, Kobanî et Afrin qui forment l’essentiel du Kurdistan de Syrie, ainsi que des villes de Damas, Alep et Derzur, que les Kurdes font l’objet d’une agression délibérée, qui a toutes les caractéristiques d’un pogrom organisé, orienté et orchestré par le pouvoir syrien.

Le 12 Mars 2004, sous le prétexte d’un match de football entre la ville kurde de Qamichlo et la ville arabe de Deir el Zor, des milliers d’extrémistes arabes armés acquis au Parti Baas ont été acheminés à Qamichlo, où devait se dérouler la rencontre sportive.

Ces extrémistes ont brandi le portrait de Saddam Hussein en scandant des slogans anti-kurdes assortis d’insultes à l’égard des dirigeants historiques kurdes et de la Fédération kurde d’Irak. Accusant les Kurdes d’être à la solde des Etats-Unis, ils ont agressé la population civile en tuant des dizaines de personnes dont trois enfants et en blessant des centaines d’autres.

Le préfet de la région de Hassanké, Salim Kaboul, aurait ouvert en premier le feu sur la population présente en incitant les groupes extrémistes à faire de même. Selon des informations kurdes locales, ce préfet aurait dirigé lui-même le pogrom, qui a duré de16 à 20 heures, et décrété un couvre-feu encore en vigueur.

Le 13 Mars 2004, alors qu’environ 200 000 Kurdes étaient présents aux obsèques des victimes, le même préfet, accompagné de l’armée, des mêmes groupes extrémistes arabes toujours présents dans la ville, des miliciens paramilitaires et des colons arabes armés par le pouvoir, ont attaqué la population qui suivait le cortège tandis que simultanément, les Kurdes de toutes les villes citées plus haut et dans tout le reste du pays ont été attaqués, leurs biens et commerce pillés. Plusieurs Kurdes sont morts au cours de ces attaques et de nombreux autres ont été arrêtés.

Outre les morts et les blessés qui sont cachés à l’opinion publique, toute communication dans le pays kurde est interdite. La population est empêchée de se rendre aux hôpitaux pour donner son sang aux blessés.

Les unités militaires dépêchées sur place bouclent le pays kurde alors que le pogrom continue.

Tout indique qu’il s’agit d’événements préparés et organisés au plus haut niveau de l’Etat, alors que celui-ci cherche à nier sa propre responsabilité en minimisant les événements, et en accusant les Kurdes d’être à la solde de l’étranger.

La propagation des violences à l’encontre des Kurdes de Syrie met en danger la vie de chacun d’entre eux.

C’est pourquoi nous, la communauté kurde de France exigeons :

- L’arrêt immédiat de ce pogrom.

- Une protection internationale pour la population kurde

- Un libre accès à une aide médicale et humanitaire internationale dans la région kurde

- L’ouverture d’une enquête indépendante comprenant des observateurs internationaux



Nous demandons au Président de la République Française d’intervenir en toute urgence auprès des autorités syriennes.


Paris, le 14 mars 2004

Un rassemblement aura lieu le 16.03.2004 à partir de 18 heures, place de la République à Paris.

Contact : Maison de la Communauté kurde de France
29, rue du Fbg Montmartre
Tel : 01.48.00.03.20
Fax : 01.48.00.03.30.

dimanche, mars 14, 2004

Ji evînê têm

Ji evînê têm... Nizanim di çend dergehan de derbas bûme. Gelo min tu dergeh li dûv xwe histine ? Tishtê tê bîra min, ez li ser xaka Mezopotamyayê shîn hatime. Û min nedixwest bibim parçeyekî ji xakeke xerîb. Ji dema arkaîk bi çend hezar salan dûr im. Ji dastanên evînan jî dernektime. Dastana evîna xwe, min afirandiye û ketî me pê shopa yara xwe. Ma we ew neditîye xushkno, birano ?

Li kefa destê wê digerim ku bikaribim ji nû ve biafirim. Bangewaziek bû li ber guhên min ket. Ji ser pira hebûn û tunebûnê ku weke shûrekê tûj bû, dengek hate min û ez jî ber bê ketim. Pêdiviya tîrêjên germ û axeke nerm, ez di navbeyna du sedalan de asê kirime. Ez meshiyam. Geh ketim geh rabûm û gihîshtim vê newalê. Ez ji welatê evînê têm.

Yaqob Tilermenî, Bermeqlûb.
ed. Müslüm Yücel, Istanbul 2003.

Je viens de l'amour

Je viens de l'amour... Je ne sais combien de portes j'ai franchies. N'ai-je laissé aucune porte derrière moi ? Je me souviens d'une chose, que j'ai fleuri sur la terre mésopotamienne. Et que j'ai refusé de devenir une seule parcelle de terre étrangère. Des temps antiques, je suis loin de quelques millénaires. Je n'ai pas surgi des épopées d'amour. L'épopée de mon amour je l'ai façonnée et j'ai suivi les traces de ma bien-aimée. Mais ne l'avez-vous pas vue, soeurette, frérot ?

J'ai pris sa paume avec laquelle j'ai pu créer quelque chose de neuf. Aux yeux des hommes, je suis pauvre aujourd'hui. Il y eut un appel qui frappa mes oreilles. Par dessus tout ce qui était et n'était pas, un son effilé comme un sabre vint à moi et je l'ai aussi suivi. Le besoin de rayons chauds et d'une terre douce se renforça en deux siècles. J'ai pénétré des lieux, j'ai quitté des lieux et j'ai atteint cette vallée. Je viens du pays de l'amour.

trad. Sandrine Alexie.

dimanche, mars 07, 2004

Zarok û koçberî

Ez mindaleke duwazde salî me
Koçber bûme ji welat
Kolan kolan - tax û tax digerime
Difroshim shîranî û simit
Beriya mela radibim
Dibezim ber firûnê
Tevî kul û keseran
Naçe ji bîra min Mêrdinê
Ez zarokek duwazde salî me

Dibistan qet nedî me
Lê ne sewalek kedî me
Bi çavên hovan e
Li min dinêrin
Keç û xortên Romê
Tu dibe qey
Min nanê wan dizîme
Ez zarokek duwazde salî me
Hay ji çarenûsa xwe hene.

Êsh
Berken Bereh
ed. Wêshanên Sî
Istanbul 2001.


L'enfant et l'exil

Je suis un enfant de douze ans
J'ai été exilé de mon pays
De rue en rue de quartier en quartier je me promène
Je vends des sucreries et des petits pains au sésame
Je me lève avant le mollah
Je cours au fourneau
Plein de souffrance et de chagrin
Jamais Mardin ne quitte mon souvenir
Je suis un enfant de douze ans

Si l'école ne m'a jamais vu
Je ne suis pourtant pas une bête de somme
Avec des yeux mauvais
Les filles et les garçons turcs
me regardent comme si
Je leur volais leur pain
Je suis un enfant de douze ans
Je connais bien mon destin

trad. Sandrine Alexie.

samedi, mars 06, 2004

Concert à Mantes la Jolie

Le chanteur kurde Diyar se produira à Mantes la Jolie (78) au Centre culturel Georges Brassens, le samedi 13 mars à 20 h. Le spectacle est organisé par l'Association franco-kurde du Mantois (AFKM) qui a pour but de faire connaitre la culture kurde notamment par des spectacles et des cours de danse.

Centre culturel Georges Brassens
18 rue de Gassicourt 78200 Mantes-la-Jolie
Réservation à effectuer au "Chalet de Mantes", 01-30-94-00-14.

Prix de la place : 10 euros.

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Concert in Mantes la Jolie


The Kurdish singer Diyar will make a concert in Mantes la Jolie (78, France), in the Cultural Center Georges Brassens, on saturday March 13 at 8 p.m. The show is organized by the French-Kurdish Association of Mantois (AFKM) that aims to present the Kurdish culture especially with and dace courses.

Centre culturel Georges Brassens
18 rue de Gassicourt 78200 Mantes-la-Jolie- France
Reservation to the"Chalet de Mantes", 00 33 1-30-94-00-14.

1 Seat : 10 euros.



vendredi, mars 05, 2004

Conférence : Où va l'Irak ?


L'évêque d'Amadiyya parle en français, en kurde, en syriaque. Il dit combien il aime le mot Kurdistan, qui, pour lui, est comme un bouquet de fleurs diverses : "le Kurdistan doit être à l'image de ses montagnes au printemps, embellies par les fleurs de toutes les couleurs qui les recouvrent." Il dit qu'il aime le mot "Kurdistanais", même si l'Académie française n'en voudrait sans doute pas.

A une question sur la situation des chrétiens, ferme : "Surtout au Nord, il n'y a pas de peur pour les chrétiens. Il raconte que s'étant rendu dans une mosquée pour présenter ses condoléances un jour de deuil, Mela Ibrahim, fatigué de prêcher, lui demande de prendre le relais. Et que le jour de son intronisation, des musulmans (80% du cortège) l'escortaient en voiture pour le féliciter.

Sur l'ouverture d'un lycée français à Dohuk, où les matières scientifiques seraient enseignée en français au Secondaire, il attend toujours des aides de la Francophonie. POur le moment, c'est Monaco qui fait un geste.


Exrait de l'intervention de Mgr Rabban Al-Qas



Avant-hier j’ai appris la nouvelle que j’étais invité à participer à votre conférence pour parler de notre Irak et surtout de notre expérience au Kurdistan d’Irak.

Je vous remercie pour l’occasion que vous me donnez d’être parmi vous et de m’adresser à vous. C’est une joie pour moi et pour ceux que j’ai laissés en Irak. Je ne veux pas me concentrer sur le passé : voilà, c’est un fait, l’Irak d’aujourd’hui a changé.

La situation n’est plus la même et il ne faut surtout pas utiliser les idéologies politiques pour empêcher tout un peuple de se retrouver à nouveau sur ses pieds.

Il y a là tout un peuple. Vous avez un devoir envers ce peuple en dehors de toute tendance, politique. C’est pourquoi je lance un SOS pour que vous participiez, que vous apportiez votre verre d’eau à la construction l’Irak.

Je crois que l’histoire nous apprend beaucoup sur le rôle de la France dans la construction du monde. Il ne s’agit pas seulement de l’apport économique, mais surtout de l’apport culturel, intellectuel, éducatif. C’est pourquoi je lance cet appel surtout aux francophones. J’ai commencé une nouvelle expérience au nord de l’Irak . Il ne faut pas toujours attendre que le changement vienne de l’extérieur.

J’ai eu l’occasion de m’exprimer à plusieurs reprises sur ce qui se passe en Irak. J’ai dis, et je le redis ici, l’intervention américaine n’est pas une occupation, c’est pour nous les Irakiens une libération. Malgré les souffrances, la misérable situation de l’Irak, je vous le dis tout cela va changer.

Parlons de notre expérience au nord de l’Irak, au Kurdistan. Notre cher ami Jonathan Randal, je me souviens, c’était au mois de mars, et plus exactement le 2 mars 1991, je l’ai rencontré sur la route de l’exode alors que nous marchions vers la Turquie. J’ai eu alors la chance de lui parler, et depuis lors nous sommes restés amis. A notre retour au Kurdistan, c’était le chaos. Il a fallu attendre dix ans pour que le Kurdistan change. Et puis une zone de paix a été créée par la coalition, et les Français ont participé dans ce réconfort qu’on appelait alors MCC (Military Coordination Command) . Aujourd’hui, en Irak vous trouverez toute une autre vie : une vie où tout se développe, en particulier le domaine culturel. Pour obtenir ceci, la règle est la tranquillité. Même si nous avons subit le 1er février dernier ces meurtres atroces perpétrés par des terroristes, cela ne nous empêche pas de continuer, de tracer, d’ouvrir notre route pour construire notre Irak, notre Kurdistan.

Nous avons beaucoup construit. Les changements sont nombreux. Revenons à l’aspect du développement culturel, il y a six ans avec des amis et l’aide d’une organisation basée à Monaco, nous avons fait le projet d’ouvrir un lycée français, un « International school ». Pour la première fois au Kurdistan, nous allons avoir un lycée de la francophonie. Cependant, jusqu’à présent nous n’avons pas trouvé en France une instance qui se soit montrée tant soit peu concernée par la francophonie au Kurdistan. J’invite les instances à penser à ce grand projet. Cette année, nous commencerons notre année scolaire après six ans d’efforts pour trouver les fonds nécessaires. La construction du lycée est presque terminée et pour notre prochaine année scolaire nous aurons un lycée mixte, pour filles et garçons. Je crois que ce sera une fenêtre pour aider notre peuple et chacun doit donner ce qu’il a comme culture. Cette école, construite à Duhok, n’est pas une école religieuse mais une école de science, d’échange de culture de tous ceux qui forment cette communauté au Kurdistan ou dans tout l’Irak. Je vous invite a venir voir et je suis sûr vous apprécierez le travail qui a été fait.

En ce qui concerne la cohabitation, la fraternité, je peux dire qu’au le Kurdistan, surtout dans la région où est situé mon diocèse, à Amadiye, vous trouverez une bonne ambiance. Personne ne dit : moi je suis musulman, ou moi je suis chrétien, ou moi je suis yezidi. Nous vivons dans la fraternité. Nous travaillons en commun pour construire, pour donner, pour oublier. Le passé a été parfois difficile, mais on n’est pas toujours responsable du passé. Vous qui avez vécu la période qui a suivi la seconde guerre mondiale, les Européens n’ont pas oublié les événements de la seconde guerre mondiale et surtout l’occupation allemande en France, en Italie ou ailleurs.

Une vieille amie française m’a raconté qu’il a fallu dix ans à la France pour se débarrasser du marché noir, pour que les propriétaires de maisons, d’appartements ou de terrains puissent récupérer leurs biens. Et pourtant la France est un pays de loi. Ne vous étonnez donc pas de ce qui se passe aujourd’hui en Irak. Il faut du temps. La loi s’installe petit à petit en Irak. Tous ces attentats, ces crimes…. Comment les éviter après tant d’années de dictature ? Ce ne peut pas être effacé avec un coup d’éponge. Il faut donner du temps à ce peuple courageux, brave, intelligent. Ce peuple a déjà tant souffert. Que la presse en France ne le fasse pas encore souffrir, qu’elle se tienne aux côtés du peuple irakien. Soyez positifs. Tenez-vous aux côtés de notre peuple.

C’est pourquoi je crois en l’avenir. Et l’avenir est l’affaire des hommes et des femmes. Chacun doit apporter sa contribution, ajouter sa part dans la reconstruction. Il ne s’agit pas seulement de construction avec du béton, cette construction commence par l’amour, par l’acceptation de l’autre, être à l’écoute de l’autre. De donner à l’autre une chance ou une occasion de s’exprimer. Pendant des années et des années, un bâillon avait été posé sur la bouche du peuple irakien qui n’avait pas le droit de s’exprimer, de parler. Aujourd’hui les choses sont différentes comme vient de le dire notre ami le Dr. Fuad Hussein. En Irak, aujourd’hui, la presse, la télévision sont libres. Tout ce qui se passe est une grande chance. C’est le début, n’oubliez pas que les Irakiens n’ont pas la facilité, l’expérience que vous avez en Europe, mais tout cela viendra si vous nous aidez, vous collaborez avec nous. Le monde est devenu comme un village. Chacun de nous aura sa part. Votre part est de donner, de nous rendre visite, de travailler, d’écrire et non pas seulement de critiquer. Je ne dis pas que vous ne devez pas critiquer, mais de ne pas revenir sur le passé. Ce qui a été fait, est fait. Nous avons aujourd’hui un Irak nouveau et je vous invite au nom de tous les Irakiens et au nom du peuple du Kurdistan de collaborer avec nous, d’être à nos côtés, et merci par avance.

mercredi, mars 03, 2004

Élections 2004 en Turquie

Le 28 mars 2004, des élections se dérouleront en Turquie. Alors que d'une part, les Kurdes fondent des espoirs sur ces élections, d'un autre côté, des sérieuses questions peuvent se poser concernant la participation à ces élections sous la bannière du SHP. Ces élections locales devront choisir de nouveaux maires et membres des conseils municipaux. Ces élections se tiennent en Turquie tous les 5 ans et contrairement aux élections nationales, il n'y a pas de seuil en pourcentage de votes requis dans ces élections. Aussi, tous les partis, quelle que soit leur taille ou le fait qu'ils soient ou non représentés au Parlement, peuvent remporter les élections municipales. Il est clair que cela a une grande importance pour les Kurdes étant donné que c'est la seule occasion où ils peuvent être représentés par un parti kurde.

Lors des prochaines élections du 28 mars, parmi les candidats indépendants il n'y aura qu'un seul parti pro-kurde : le Parti démocratique du peuple (DEHAP. Bien que le DEHAP refuse d'être reconnu comme un parti pro-kurde et essaie de se rapprocher d'autres partis turcs, le fait qu'une majorité écrasante des électeurs du DEHAP soient Kurdes est une raison suffisante pour le qualifier ainsi.

Il est bien connu que, bien que les Kurdes en Turquie accordent une importance démesurée aux élections nationales, malheureusement, le DEHAP a échoué à franchir la barre nationale des 10% pour entrer au Parlement. Beaucoup de critiques ont été formulées sur le fait que les candidats du DEHPA n'aient pas participé aux élections en indépendants. Si cela avait été fait à l'époque, il y aurait eu assez de députés kurdes pour former un groupe au Parlement de Turquie.

Mais le DEHAP avait rejeté l'idée de participer aux élections en tant qu'indépendant pour plusieurs raisons. D'abord, comme tous l'ont souligné, les Kurdes du pays comme de la diaspora ont fait preuve d'une confiance en eux-mêmes exagérée, considérant que la victoire était certaine. Des médias kurdes comme Ozgur Politika et surtout la chaine satellite Medya TV ont joué un rôle capital dans cette mégalomanie. Cette politique a incité les dirigeants du DEHAP à ne pas prendre ces élections au sérieux comme ils auraient dû le faire, et a fermé la voie à l'alternative qu'auraient offert les candidats indépendants

Medya-TV et Ozgur Politika ont ainsi pressé le DEHAP de s'allier avec d'autres partis, particulièrement avec de petits partis turcs de gauche comme le Parti socialiste de la Démocratie (SDP) et le Parti du travail (EMEP). Cette unitée proposée fut appelée le "Bloc du travail, de la paix et de la démocratie". Ce bloc fut critiqué maintes fois, et il y eut nombre de personnes à ne pas croire que cette unité apporterait quoi que ce soit, et même pensaient que cela serait néfaste pour le parti du DEHAP. Le bloc finit par s'implanter dans la stratégie envisagée et le DEHAP participa aux élections, pour y recevoir la claque de sa vie. En dépit d'une importante propagande, de meetings, de tournées qui prônaient cette unité le DEHAP n'obtint que 6.2 % et ne put entrer au Parlement turc. L'autre fait notable fut qu'en dépit du fait que le DEHAP ait formé un bloc avec des partis turcs, dans beaucoup de villes de l'ouest de la Turquie, comme Artvin, Bayburt, Sinop, Ordu, Rize, Kastamonu, Gumushane, Edirne, Denizli et Burdur, l'idée ne convainquit que peu de gens et le DEHAP ne reçut pas le soutien de la population non-kurde en Turquie. Les Turcs et les autres groupes ethniques non-kurdes continuaient de percevoir le DEHAP comme un parti kurde. De plus, toutes les sources d'information, dont la totalité des sources Internet présentaient le HADEP/DEHAP comme un parti kurde.

Malgré cela, les dirigeants du DEHAP ne semblent pas avoir compris la leçon qu'ils auraient dû tirer des élections nationales. Alors que la collaboration ou la formation de blocs avec des partis turcs de petite taille et marginalisés n'apportent aucun bénéfice pour les Kurdes, le DEHAP est résolu à suivre la même ligne électorale. Cela est particulièrement désespérant si l'on pense que la barre des 10% n'est même pas de mise et que le DEHAP est assuré de remporter la victoire dans les villes où il sear majoritaire. Selon les dernières déclarations officielles, le DEHAP et le Parti social démocrate du peuple (SHP) ont accepté de participer conjointement aux élections, sous la bannière du SHP.

Il est difficile de saisir, comment un parti tel que le DEHAP, qui est issu de la tradition du Parti du travail du peuple (HEP), du Parti de la démocratie (DEP) et du Parti de la démocratie du peuple (HADEP), peut accpeter de se lier au SHP cette fois-ci. Quel avantage les dirigeants du DEHAP pensent retirer sous la bannière du SHP ? Certains rétorquent qu'une alliance avec l'ancien Parti social démocratique populiste (SHP) permit en 1991 à des députés du DEP comme Leyla Zana et Hatip Dicle d'entrer au Parlement. Cependant, il y a une différence significative entre la situation d'alors et aujourd'hui. D'abord, ce ne sont pas des élections nationales mais locales, donnant aux Kurdes l'occasion d'être représentés par un parti qui devrait refléter leurs valeurs et leur culture. En 1991, le SHP était le deuxième parti turc en importance et contrôlait des dizaines de municipalités, dont des grandes villes telles qu'Istanbul, Ankara et Izmir. Alors qu'aujourd'hui, l'actuel SHP est un parti quasi-inexistant. Le DEHAP qui a obtenu 6.2 % aux élections nationales et contrôle 37 municipalités dont Diyarbakir, la ville la plus importante du Kurdistan, mais aussi Batman, Siirt, Hakkari, Van, Agri, Bingol. Pourquoi ne pas collaborer ou créer un bloc avec d'autres partis, organisations ou personnalités kurdes ? Est-ce qu'il n'est pas plus important et plus significatif d'agir ensemble entre Kurdes ?

Si nous regardons le programme commun du SHP et du DEHAP, nous pouvons noter quelques points intéressants. Selon Ozgur Politika, ces deux partis s'accordent sur quelques principes. Commençons par le plus intéressant : Créer une forte unité afin de se dresser contre la politique du Parti de la justice et du développement (AKP) qui avec une majorité de 60 % au Parlement, met en danger les principes fondateurs, la philosophie, la liberté, la foi et l'unité du pays dans notre république créée après la Guerre d'Indépendance.

En réponse aux commentaires publiés dans les médias turcs, Murat Karayalcin, le président du SHP, a déclaré : “Dans ses aspects politiques et sociaux, je trouve qu'il est nécessaire pour le Parti républicain indépendant (BCP), le Parti républicain de la démocratie (CDP), le Parti démocratique du peuple (DEHAP), le Parti démocratique de gauche (DSP), le Parti du travail (EMEP), le Parti des travailleurs (IP), le Parti de la liberté et de la solidarité (ÖDP), le Parti socialiste de la démocratie (SDP), le Parti de la nouvelle Turquie (YTP) et d'autres personnalités et organisations loyaux aux principes et réformes d'Ataturk à participer aux élections sous la bannière du Parti républicain du peuple (CHP).

Tuncer Bakirhan, le président du DEHAP a dans une déclaration fait état d'idées similaires : "J'espère que grâce à cette unité, ils atteindront les buts poursuivis depuis 80 ans (depuis la fondation de la République turque).”… “Avec la déclaration de notre union avec le SHP, une fois de plus nous prouvons que le DEHAP ne fait pas de politique ethnique”. “Nous croyons avoir renforcé le pont bâti entre Edirne et Hakkari durant la Guerre (turque) d'Indépendance. Toutes ces déclarations nous fournissent assez d'indices pour comprendre le sens réel de l'union du DEHAP et du SHP pour les élections.

De plus, parmi tous les partis cités par Murat Karayalcin, certains sont notoirement anti-Kurdes. Mumtaz Soysal, le président du BCP, par exemple, est un fervent nationaliste turc. Il est connu pour ses sentiments anti-kurdes et être fermé à toute négociation sur Chypres. Il s'enorgueillit d'être le conseiller politique du leader chypriote turc Rauf Denktas. Egalement connu comme anti-kurde est le président du CDP anciennement à la tête de la Cour constitutionnelle, Yekta Gungor Ozden, un kémialiste et un anti-kurde déclaré qui fit fermer des partis pro-Kurdes tels que le Parti du travail du peuple (HEP), le Parti de la démocratie (DEP), le Parti de la liberté et de la démocratie (OZDEP), le Parti démocratique de masse (DKP) et le Parti de la démocratie du peuple (HADEP). Par chance, ces deux partis ont renoncé à s'allier au bloc électoral sous l'égide du SHP. Il aurait été tout de même plus attendu que ce soit le DEHAP qui rejette une telle alliance, avant Soysal and Ozden.

Mais un problème encore plus crucial concerne le leader du SHP, Murat Karayalcin. Les dirigeants du DEHAP ont-ils oublié que Murat Karayalcin a été l'adjoint et le ministre des Affaires étrangères de Tansu Ciller à une époque où le siège principal du Parti de la démocratie (DEP) était bombardé (le 19 février 1994), quand les députés du DEP dont Leyla Zana, étaient arrêtés au Parlement turc (2 mars, 1994), quand le député DEP MP Mehmet Sincar et le cadre du parti Metin Ozdemir étaient assassinés à Batman (4 septembre 1994) et quand des milliers de villages kurdes étaient systématiquement brûlés, que des millions de Kurdes étaient déplacés de force et des milliers de patriotes kurdes tués ?

Un parti qui prétend défendre les droits culturels et contitutionnels du peuple kurde devrait rechercher l'union avec d'autres Kurdes et partis pro-Kurdes. Au lieu de collaborer sans profit avec des partis turcs sans pouvoir afin de prouver la “fraternité turco-kurde”, le DEHAP ferait mieux de s'unir aux autres Kurdes et d'essayer d'atteindre tous les Kurdes de Turquie. Dans une Turquie véritablement "démocratique" où "l'éducation et les émissions en langue kurde sont libres" la vraie nécessité pour le DEHAP serait de se proclamer lui-même un parti kurde et de se réorganiser en fondant une nouvelle politique s'adressant à tous les Kurdes. Une telle vision chercherait à rassembler tous ceux qui résident dans des villes à population mixte telles Elazig, Malatya, Erzurum, Konya, Kirsehir, Ankara, Urfa and Adiyaman - qui votent traditionnellement pour les partis islamiques - et Antep, Sivas, Erzincan, Maras and en partie Tunceli - qui votent tradtionnellement pour le parti kémaliste du CHP. Ces villes ont des populations à la fois turques et kurdes, alévies et sunnites. Alors que les sunnites sont proches des partis fondamentalistes iskamiques, les alévis sont par tradition des électeurs du Parti kémaliste républicain du peuple (CHP).

Les élections locales passées qui ont vu des partis kurdes tel le HADEP remporter des administrations locales comme Diyarbakir, Van, Batman, Siirt, Hakkari, Bingol et Agri montrent au monde la réelle volonté des Kurdes. Si le DEHAP continue dans sa ligne et fait campagne sous la bannière du SHP, le maire de Diyarbakir sera finalement choisi dans la liste du SHP list et aura un programme SHP. Ce sera une étape majeure pour le peuple kurde qui avait eu un prestige international avec la représentation de ces villes par des partis pro-kurdes.

Les leçons des élections passées nous ont appris que pour un parti kurde, il y a peu à gagner en recherchant les voix turques aux élections nationales et encore plus dans les élections locales. Les déclarations publiques du président du SHP montrent clairement qu'il est loin d'accepter la réalité kurde. Si l'union DEHAP-SHP est basée sur la fraternité turco-kurde, elle devrait donc passer par une pleine acceptation de l'identité et de la culture kurdes. Or l'actuel regroupement des deux partis consiste à ce que le DEHAP mette de côté sa couleur kurde et s'adapte au programme du SHP. Il y a 25 millions de Kurdes en Turquie, dont les points de vue et les intérêts ne sont pas représentés au Parlement. Être un parti en Turquie ne nécessite pas à tout prix d'abandonner officiellement sa sensibilité kurde et ses valeurs. Plutôt que de diluer et polluer une plate-forme kurde avec “la philosophie et les principes de la république”, une approche plus complexe et plus subtile est nécessaire pour rassembler plus de Kurdes sous une bannière pro-kurde. En se déclarant ouvertement kurde, insoucieux des appartenances religieuses ou d'une idéologie politique, le DEHAP peut accroître ses votes et remporter plus de municipalités, et peut-être même avoir le nombre nécessaires de voix pour passer la barre des 10% aux élections nationales.

Défaite électorale kurde aux élections municipales

Les élections municipales qui se sont déroulées hier en Turquie ont été un large succès pour le Parti de la justice et du développement (AKP) qui a remporté 56 provinces sur 81. Beaucoup d’observateurs s’attendaient à la victorie de l'AKP mais non à la pauvre prestation du DEHAP, en dépit de sa coalition multi-partiste avec le SHP, l’ODP, le EMEP, l’OTP, et le SDP, rassemblés sous le nom de l’Union du pouvoir démocratique. Les résultats ont montré cependant que « l’Union du pouvoir » était tout partout sauf au pouvoir. Concernant seulement le « pouvoir renforcé » du DEHAP, celui-ci a obtenu moins de votes qu’aux avant-dernières élections en 2002, où le DEHAP avait reçu à lui seul près de 2 millions de voixs, équivalant à environ 6.2% de la totalité des votes.

Dans ces élections,une grande attention avait été portée par l’administration du DEHAP à son alliance avec les partis de gauche turcs sous la bannière du SHP. Des officiels du DEHAP Many officials expliquaient qu’ils s’attendaient à ce que cette alliance leur fasse remporter 150 municipalités dans toute la Turquie. Auw dernières élections municipales en 1999, le HADEP avait remporté 37 municipalités dont les grandes villes de Diyarbakir, Van, Batman, Hakkari, Siirt, Bingol, et Agri. Cette année, non seulement le DEHAP a échoué à accroitre son électorat en ne recevant que 4.8% des voix, et donc à remporter de nouvelles villes, mais a perdu d’une façon que l’on a peine à croire, des villes telles que Van, Bingol, Agri, et Siirt, qui étaient les places-fortes du DEHAP. Dans ces villes, comme dans totues les villes kurdes (exccepté Mardin, remporté par le Parti de la Félicité (SP) en raison d’une bavure technique qui a empêché l’AKP de s’y présenter) le parti au pouvoir, l’AKP a remporté la victoire. Le succès de l’AKP ne se limite pas seulement aux villes principales mais inclut aussi les petites villes autour. Ainsi, même à Diyarbakir, l’AKP gagne 3 municipalités dans la région et l’un quartiers de la métropole. A Van, le DEHAP qui n’a pu remporté une seule municipalité, ne sauve qu’un petit hameau tandis que l’AKP non seulement a obtenu la mairie de la ville de Van mais aussi 8 des 11 villes de la région. A Siirt, là aussi le DEHAP perd la municipalité et ne remporte que la mairie de Kurtalan, la majorité des voix alalnt à l’AKP.

Ces élections une fois de plus montrent que les Kurdes ne soutienennt pas la politique du DEHAP. Les Kurdes ont réagi à la décision des dirigeants du DEHAP de fusionner avec le SHP et par conséquent de participer aux élections sous la bannière du SHP. Aux élections législatives de 2002, le DEHAP avait tenté une union similaire avec des partis turcs marginaux et avaient déjà échouée. On aurait pu s’attendre à ce que les cadres du DEHAP ne persistent pas dans la même politique et soient attentifs à leurs électeurs. Cette fois, l’électorat a montré encore plus vigoureusement son désaccord. C’est un message que les officiels du DEHAP auront du mal à ignorer, et qui est clair : Les Kurdes veulent que le DEHAP exprime leur identité kurde et rejette la politique actuelle d’union avec des partis turcs marginaux. Les électeurs ont pu aussi réagir contre ce qu’ils ont perçu de la politique du DEHAP, comme voulant imposer ses propres candidats aux villes sans souci de leurs préférences .

Cette élection est riche d’enseignement pour les Kurdes. Il est évident que “l’Union du pouvoir démocratique” ne les sert pas, puisqu’elle n’interpelle ni les Turcs ni les Kurdes. Par dessus tout, le SHP et les autres aprtis n’ont pas de base électorale et leur programme n’est aps assez attirant pour gagner de nouveaux électeurs. Beaucoup de Turcs continuent à se défier de l’identité kurde du DEHAP, en dépit des dénégations vigoureuses de ses dirigeants. D’un autre côté, les Kurdes ont été très irrités par l’obstination du DEHAP à devenir un parti turc alors que l’état turc n’a rien changé dans sa façon de considérer le problème kurde. Les Kurdes attendent du DEHAP qu’il se présente comme un parti kurde, pour les Kurdes, et agissant par les Kurdes. On peut penser qu’il est temps pour DEHAP de revendiquer vigoureusement son dientité kurde au lieu de prétendre n’être qu’un parti turc. Ausssi longtemps que la question kurde reste lettre morte au sein de l’état turc, le peuple kurde demandera à un parti pro-kurde de se battre pour ses droits culturels et démocratiques. La meilleure chose pour le Quartier Général du DEHAP serait de trouver un moyen de collaborer avec d’autres partis kurdes et des personnalités individuelles, afin de renforcer l’unité des Kurdes. Si les dirigeants du DEHAP ne révisent pas sérieusement leur politique, ils pourraient faire face à une plus grande défaite aux prochaines élections, une défaite dont les perdants seraient le DEHAP comme le peuple kurde.

Mutlu CIVIROGLU
Ancien Coordinateur des Relations Internationales du HADEP, 2004

lundi, mars 01, 2004

Bras de fer II

Les Kurdes, pour s'assurer la solidarité euh... loyale, de leurs bons alliés les américains, devront-ils renouveler à chaque printemps ce bras-de-fer ? Après le "Non aux Turcs" de l'année dernière où le refus catégorique des Kurdes d'Irak de laisser entrer les troupes turques avaient finalement infléchi la stratégie turco-américaine, c'est maintenant un "non à l'islam pan-arabe, non à l'anti-fédéralisme dans la Constitution". D'un côté les chiites, les Irakiens hostiles au fédéralisme kurde, de l'autre les Kurdes qui ne souhaitent pas rentrer dans l'Irak en perdant tous les acquis de 13 ans d'indépendance. Ils feraient mieux là aussi de rester fermes sur leurs positions, car ce n'est pas du jour au lendemain que la population arabe d'Irak se transformera en allié fiable de la Coalition.


Suite du feuilleton

Osman Öcalan et son équipe a déclaré que ce n'était même pas vrai d'abord, qu'il avait toujours été apoci (partisan d'Abdullah Öcalan) et que les faux apoci c'étaient les autres, les méchants du Kongra-Gel.

Quand Abdullah Öcalan dit "que chacun a son PKK" il peut tout aussi bien ajouter que chacun a son Apo...

En tous cas, avec l'admirable opportunisme qui les caractérise, qui consiste à faire mine de diriger un mouvement qu'on n'a pas initié, mais qu'on ne peut arrêter, Osman Öcalan refait le coup qu'avait fait son frère à Murat Bozlak il y a quelques années, se déclarant tout à coup solidaire du coup d'éclat de Feridoun Celik, et affirmant du même coup d'Abdullah Öcalan était à l'initiative de la prise d'indépendance de Feridoun Celik, de Mural Bozlak et d'Ahmet Türk... une occasion en or pour la Turquie de stigmatiser Celik comme un agent du PKK, et pourquoi pas de le faire emprisonner une fois de plus comme tel, le DEHAP bien sûr, n'étant lui pas du tout contrôlé par les apoci...


'Stupidity, however, is not necessarily a inherent trait.'
Albert Rosenfied.

Concert de soutien à l'Institut kurde