dimanche, mars 30, 2003

Il paraît qu'à Bagdad on brûle pas mal d'archives, en prévision de la prise de la ville, mais qu'on en a vendues aussi à Poutine, que les diplomates russes ont fait parvenir dans leurs valises. Il parait que les Américains ne sont pas contents. Evidemment, de belles preuves s'envolent, sans doute... Quant aux archives iraqiennes concernant les Français, brûlées ou vendues ? that is the question.

samedi, mars 29, 2003

CD

Sortie du CD "Memê Alan", par Musique du Kurdistan.
Un peu d'avance

Premier attentat à Nadjaf. La guerre n'est même pas terminé que l'après-guerre commence déjà.
J'ai dit assez de mal sur les Turcs ces derniers temps, mais il ne faut oublier qu'en Turquie il y a des gens de grand bon sens, et que 70 ans d'écart peuvent séparer un éditorialiste turc d'un général décidé à camper sur Kirkouk.

vendredi, mars 28, 2003

Extrait

BUCAREST (Reuters) - "La Société transylvanienne de Dracula maintiendra son congrès mondial en mai dans les Carpates, malgré la guerre en Irak."

Soulagement.
Oui je sais je ne suis pas la seule à la publier, en fait, tout le web world se tient les côtes, mais je ne résiste pas à la publier tellement elle m'éclate (et puis pauvres tommies...) :

“Umm Qasr is a town similar to Southampton”, UK Defence Minister Geoff Hoon told the House of Commons yesterday. “He’s either never been to Southampton, or he’s never been to Umm Qasr”, said one British soldier, informed of this while on patrol in Umm Qasr. Another added: “There’s no beer, no prostitutes, and people are shooting at us. It’s more like Portsmouth.”
Aujourd'hui que l'on déplore "les horreurs de la guerre" en parlant de plus de 500 morts, on ferait mieux de lire ça.
La langue kurde est imagée, très, imaginative même. Ainsi pour dire "notable, ancien" : rîspî. Barbeblanche, on dirait un personnage de Tolkien. On dit aussi "destgirtî" ou "main fermée" pour dire "avare, et naturellement "destvekirî" ou "main ouverte" pour indiquer la générosité.

Du masculin et du féminin : sont masculins les objets et les choses dressées, allongées, pointues; féminins les objets plats, creux, arrondis. La grammaire de Bedir Khan et Lescot (ed. Maisonneuve) donne ainsi comme exemple : "zinar", falaise, masc. "Lat", rocher plat, féminin. Souvent le cru est masculin, le cuit féminin. Ainsi le blé cru "savar" est masculin. Si on l'emploie au féminin, il est cuit. Par extension : "dar", au masculin, c'est l'arbre. Quand l'arbre est débité en bois de chauffage et voué à être brûlé, donc, il s'appelle toujours "dar" mais est féminin, pré-cuit.

mercredi, mars 26, 2003

Radio

France-Culture

Du lundi 31 mars au jeudi 3 avril à 6h00 : Eloge du savoir, conférence de Jean Kellens : Langues et religions indo-iranienne.

Du lundi 31 mars au vendredi 4 avril à 13h38 : Les chemins de la connaissance : Histoire du Kurdistan (J. Munier).
TV

Samedi 29 mars, à 0h05, sur ARTE : Absolitude, un film de Hiner Saleem (2001).

Mardi 1er avril, à 21h40, sur MATCH TV - Match Magazine : Irak : chemin de croix au Kurdistan (Marc de Banvilee).
Il paraît que les Kurdes se préparent à la bataille de Mossoul. Je n'ai qu'une requête : ne m'abimez pas la Nourriya, depuis le temps que je veux aller la voir, au moment où ça va être possible, ne la foutez pas par terre, le minaret penche déjà assez comme ça.

mardi, mars 25, 2003

Dans la grammaire kurde élaborée par Djeladet Bedir Khan et Roger Lescot, il est indiqué que "kîr" en kurmandjî désigne le sexe masculin et "kêr", c'est le couteau. Mais qu'en soranî, eh bien, c'est exactement l'inverse. On imagine les quiproquos à table... "Passe-moi ton kêr". "Mon quoi ?" Si un jour ils veulent unifier les deux dialectes il va falloir trancher... avec le kêr ou le kîr, au choix.

lundi, mars 24, 2003

Dans Le Monde daté de demain, Danielle Mitterrand s'adresse à ses "chers amis kurdes d'Irak", en doutant du bien-fondé de la sincérité du soutien américain. Comme si les Kurdes avaient le choix !

"Quel engagement avez-vous obtenu de vos "protecteurs" anglo-américains" sur le futur statut de la région? "Vous estimez avoir une chance de vous débarrasser de la dictature sanguinaire de Saddam Hussein en accueillant à bras ouverts les 'libérateurs' américains". Mais "pouvez-vous faire confiance à un pays, les Etats-Unis, qui vous a trahis tragiquement deux fois, en 1975 et en 1991?" "A votre place, je me méfierais", conseille-t-elle. (Source AFP).

C'est gentil de jouer Madame-les-bons-conseils, mais jusqu'ici ce n'est pas le soutien délirant de la gauche française qui a pu rassurer aussi les Kurdes d'Irak. Depuis la création de la zone autonome, jamais les Kurdes n'ont pu obtenir une reconnaissance quelconque, ne serait-ce qu'une simple coopération dans le domaine de l'éducation, des visas accordés. Non, tout devait passer par Bagdad, par un souci de légalité bien frileux. Et la gauche n'a pas beaucoup plus bougé que la droite lors du génocide kurde. C'est à croire qu'il y a peu de partis politiques en France qui n'aient bénéficié de la "générosité irakienne".

Jusqu'ici, le seul mouvement politique kurde farouchement opposé à l'intervention américaine est le KADEK, pas par compassion envers les Irakiens mais bien par peur pour leurs propres bases (indigentes en Irak, mais l'Iran pourrait être la prochaine étape, alors...). Il serait d'ailleurs bien plus utile de protester pour la reculée des droits de l'Homme au Kurdistan de Turquie depuis le début de la guerre, mais en s'en prenant directement aux responsables : les Turcs.

Les Kurdes ne sont pas assez débiles (non non) pour ne pas se méfier. Le problème c'est que quand on a un seul allié, et de taille, ça ne sert à rien de traîner les pieds. Cette guerre se faisant avec ou sans eux, autant qu'ils en profitent. Le problème c'est qu'on ne va peut-être pas les laisser en profiter.
Turquie : l'horrible scénario.

Dans le Turkish Daily News, Mehmet Ali Birand écrit :

"Intervievé par Mehmet Barlas sur CINE 5, Fatih Altayli a insisté sur un point extrêmement important : "Si le le revenu des Kurdes du nord de l'Iraq monte jusqu'à $7,000-8,000 dans le futur La Turquie ne pourra garder ses propres citoyens d'origine kurde avec un revenu annuel de $300-500. Elle ne sera pas capable de préserver son intégrité territoriale."

En un sens, cette crainte a quelque chose d'étonnant. Jusque-là les Turcs n'ont jamais rechigné à dépeupler le Kurdistan de ses Kurdes, en les envoyant à l'ouest du pays. Les Turcs émigrent abondamment en Allemagne, sans que la Turquie y voit menacée son "intégrité territoriale". Mais le fait que des milliers de citoyens "turcs" choisissent d'émigrer dans un pays du Moyen-Orient, dans un pays "kurde" en raison d'un meilleur niveau de vie, voilà qui heurte la suceptibilité nationale.

Le journaliste conclut en disant qu'il est temps d'accorder aux Kurdes de Turquie leurs droits culturels et les moyens de relever leur niveau de vie. Mais étant donné le marasme économique dans lequel la Turquie barbote depuis des années, il n'est pas impossible d'envisager plus tard une émigration d'éléments purement "turcs" en direction d'une région kurde devenue prospère. Les Turcs devenant les ouvriers migrants des Kurdes, c'est peut-être cela l'horrible scénario auquel les éditorialistes n'osent même pas penser.

dimanche, mars 23, 2003


Arrivée d'Atatürk à Hakkari

Pense que le pays où tu es né n'existe pas sur les cartes.
Bihizire ku, welatê ku tu lê çêbûyî li ser nexsha dinyayê nîne.
Piensa que el pais donde has nacido no existe en los mapas.
Pensa che il paese dove sei nato non esiste sulle carte.
Düsün ki, dogdugun ülkenin haritalarda ismi yok.
Taenk en gang, dit faedreland eksisterer ikke pa verdenskortet.
Imagine that your native country does not appear on the map.

Selon un envoyé du Sunday Telegraph, les soldats turcs qui se sont déployés 20 km à l'intérieur de l'Irak, ne sont pas à l'aise du tout. Ils semblent même plus stressés que les Kurdes qui les surveillent. C'était prévisible. Des opérations de "nettoyage" intérieur, sans le regard d'aucun journaliste, et dans son propre pays, ça l'armée turque sait faire : c'est de la dure répression policière, mais ce n'est pas de la guerre. Mais agir en territoire étranger, sans avoir franchement la consigne de se battre tout en craignant soi-même, c'est autre chose.

"Côté turc, les soldats étaient sur les nerfs. C'est interdit, a déclaré un soldat turc au correspondant du Sunday Telegraph. "Retirez-vous, vous n'avez rien vu". Peu après, un officier turc menaçait le journaliste de le faire arrêter s'il ne quittait pas immédiatement les lieux. "Si vous restez ici, vous aurez des problèmes", a-t-il dit . Quelqu'un viendra et vous arrêtera". " (citation AFP). Bouh ! et il a même pas peur le journaliste ?

Il faut quand même préciser qu'à part les sections spéciales (on peut espérer qu'ils n'oseront pas les envoyer là-bas) ce sont des troupes peu motivées, mal nourries, et terrorisées par leurs officiciers. Déjà au Kurdistan de Turquie il est facile de voir qu'ils se sentent en territoire étranger, hostile. Alors de "l'autre côté", et sans même avoir le droit de tirer les premiers...

vendredi, mars 21, 2003

]

La France aurait proposé à la Turquie (vous avez bien lu) d'envoyer des combinaisons de protection contre d'éventuelles attaques chimiques ou bactériologiques irakiennes.

C'est vraiment gentil. On se demande pourquoi les Kurdes d'Irak en auraient eu besoin, effectivement. Depuis le temps, ils ont dû développer des résistances immunitaires. Mais les Turcs ? Est-ce qu'on a entendu parler jusqu'ici d'avancée militaire irakienne fulgurante prête à larguer plein de vilaines bactéries sur Ankara ? Parce qu'on peut douter que ces combinaisons proposées gracieusement aux Turcs seraient distribuées tout aussi gracieusement et équitablement aux Kurdes du sud-est, par exemple, Cizre, Silopi, enfin ceux de la frontière irakienne.

C'est peut-être pour équiper l'armée qui voudrait bien envahir Kirkouk ? On a un gouvernement très obligeant, décidément.


'Stupidity, however, is not necessarily a inherent trait.'
Albert Rosenfield.
Un des arguments principaux des anti-guerre est "Pourquoi l'Irak alors qu'il y a d'autres dictatures ?"

Mais on peut leur retourner la question : pourquoi une telle mobilisation, indignation, sensibilisation, "la guerre c'est moche" pour quelques bombardements qui n'ont fait jusque-là que quelques dizaines de victimes, alors que les Tchétchènes se font hâcher menu dans l'indifférence générale ?
Il paraît que les Turcs sont vexés... Non seulement les Américains leur ont signifié leur opposition à toute incursion dans le Kurdistan Irakien (s'ils pouvaient être inébranlables là-dessus aussi, je veux bien siffloter God Bless America au moins cinq minutes) mais en plus de ça Colin Powell leur a lancé peu gracieusement qu'il était inutile de barguigner encore leur appui, et "qu'ils n'obtiendraient pas un penny de plus". Alors, là, les traiter de marchands de tapis, c'est mesquin !

jeudi, mars 20, 2003

Et maintenant que le parlement turc a voté l'agrément nécessaire à ses troupes pour qu'elles pénètrent indûment au Kurdistan d'Irak, c'est bien là que la vraie légitimité de la guerre se joue.
Amnesty International appelle "les pays voisins, ainsi que les autorités kurdes, à ne pas fermer leurs frontières, afin d'accueillir les réfugiés et les personnes déplacées", dixit la présidente, Irène Khan. Il faudrait peut-être rappeler à Amnesty International que les Kurdes, sur place, se démènent en quatre pour prévoir l'accueil des réfugiés, bien qu'ils n'aient aucun moyen hormis leurs propres vivres et leur bonne volonté, qu'il y a fort à parier qu'ils se montreront d'une exceptionnelle gentillesse même envers les soldats irakiens quand ceux-ci pourront déserter, que d'ailleurs les prisonniers irakiens relâchés par l'Iran ont préféré s'abriter chez les Kurdes d'Irak et qu'enfin les Kurdes d'Irak n'ont de leçon d'humanité à ne recevoir de personne ? Par contre si on pouvait leur envoyer une aide matérielle pour justement s'occuper des réfugiés, ce serait plus utile...


'Stupidity, however, is not necessarily a inherent trait.'
Albert Rosenfield.
Allez, changeons-nous les idées, c'est Newroz demain :

Le Newroz, qui est à la fois le Nouvel An et le premier jour du printemps est une des plus vieilles fêtes de l’humanité ; 3000 ans avant JC on le fêtait à Sumer, en Basse –Mésopotamie. Aujourd’hui encore, il est fêté le 21 mars par tous les peuples de culture iranienne, mais il a une importance toute spéciale chez les Kurdes. Car cette fête en raison de la légende qui s’y rattache est le symbole de leur libération et de leur lutte contre l’oppression.

En voici le canevas, la version minimale, car il y a de nombreuses variantes : un roi était affligé de deux serpents qui lui avaient poussé aux épaules. Pour nourrir ces serpents, il fallait leur donner chaque matin de la cervelle humaine. Deux jeunes gens étaient sacrifiés à cet effet. Mais les trois médecins chargés de cette préparation trichèrent en ne sacrifiant qu'un garçon sur deux et en mêlant la cervelle du malheureux à celle d'un mouton. Le rescapé s'enfuyait dans les montagnes ce qui fait que la montagne fut bientôt peuplée de fugitifs. Ces fugitifs donnèrent naissance au peuple kurde.

Un forgeron nommé Kawa avait eu dix-sept fils dont seize avaient déjà péri de la main des sacrificateurs. Quand on lui prit le dernier, il se révolta, et captura le roi, qu'il enchaîna sous le mont Demawend où Zohak périt dévoré par ses propres serpents. La libération se passa le jour du Newroz. Et tous les ans, les Kurdes se rendent dans les montagnes, allument un feu et dansent autour pour fêter leur libération. Ils font remonter historiquement cet événement à la chute de l’empire assyrien, en 612 av. JC, sous les coups des Mèdes, peuple iranien dont ils affirment descendre. Dans le calendrier kurde nous sommes donc en l’année 2615.

Des traces de cette fête sont visibles dans toute la culture kurde au cours des siècles. Ainsi sur les portes de la Grande Mosquée de Diyarbakir (actuellement en Turquie) on voit ce bas-relief représentant un lion attaquant un taureau. Cette image très ancienne symbolisait déjà, dans le calendrier zoroastrien, le jour du Newroz. Le lion est en fait le Soleil occultant à ce moment les Pléiades (Taurea) et annonçant l’équinoxe de printemps.




Grande Mosquée de Diyarbakir, 11° siècle.

En 1691, dans son œuvre célèbre « Mem et Zîn », le grand poète kurde Ahmedê Khanî décrit ainsi l’agitation qui suit les festivités du Newroz chez les Kurdes, en constatant que pas un Kurde ne reste alors dans les villes, que tous vont dans les campagnes et les collines pour danser en plein air. (cf. annexe).

La fête kurde du Newroz a souvent été interdite à l’époque contemporaine, en tant qu’expression de leurs aspirations nationales. En effet, ce n’est ni une fête arabe ni turque. Seuls les Iraniens la célèbrent. L’année 1992 fut ainsi très sanglante en Turquie, quand les soldats tirèrent sur la foule à Diyarbakir et dans d’autres villes et encore aujourd’hui ces célébrations sont souvent suspectes au gouvernement et se déroulent parfois dans un climat tendu. Au Kurdistan d’Irak, par contre, c’est un jour de fête aussi important qu’en Europe le 1er janvier ou le 25 décembre.



La célébration du Newroz et du Nouvel An (extraits de Mem et Zîn.)

« Au jour de la Fête du Newroz,
Ils célébraient ce temps joyeux.
Les gens allaient dans les prairies et les collines,
Ils faisaient des lieux déserts un jardin.
Surtout, les jeunes garçons et les jeunes filles,
C’est-à-dire les vrais joyaux,
Venaient tous dans leurs plus beaux vêtements et parures. »


Les gens des villes se rendent à la campagne pour le Newroz

« Quand la roue bleue de l’univers
Une fois de plus s’arrêtait sur le Newroz,
En accord avec une tradition bénie,
Tous les citadins, civils et soldats,
Quittaient les maisons, les citadelles et les villes.
Comme des brigands de grand chemin,
En rangs ils s’avançaient dans les champs.
Il y avait toutes sortes de gens, petits et grands,
Et tous partaient, personne en ville ne demeurait.
Certains allaient à pied dans les champs,
Certains chevauchaient par les piémonts.
La plupart venaient en foule,
D’autres avec leurs amis, et d’autres seuls.
Femmes et dames de qualité
Faisaient des champs une roseraie,
Et du paradis des houris leur demeure,
Visibles à tous, libres et sans soucis.
Les jeunes filles et les garçons,
Avec accroche-cœurs, grains de beauté, et tempes pures,
Les filles de même âge que les garçons, mais aux seins déjà ronds,
Les garçons encore imberbes, beaux adolescents,
Ceux qui avaient l’apparence de la beauté,
Ceux qui étaient l’essence de la beauté,
Tous se montraient entre eux ce qu’ils avaient,
Et s’examinaient des pieds à la tête.
Ils étaient les vendeurs au marché de l’amour.
Certains montraient la beauté, d’autres l’achetaient.
Les enfants, les jeunes garçons, les jeunes filles,
Les centenaires, les vieillards et les femmes,
Célébraient la nouvelle année, en accord avec la tradition,
Et de bonheur leurs voix s’élevaient jusqu’au ciel. »


Mem et Zîn, Ahmedê Khanî, Trad. Sandrine Alexie et Akif Hasan, éd. L’Harmattan.


La voix de Saddam, exhortant à la résistance, cette nuit. Qu'il s'agisse d'une doublure ou non, cette voix est frappante par son inconsistance, sa faiblesse. Une voix nasillarde et sans timbre. Aussi ridicule que celle du Dictateur de Chaplin. Une voix déjà défaite. Il faut croire que les tyrans ne sont jamais de grands hommes dans l'intimité.

mercredi, mars 19, 2003

La quadrature du cercle

Le problème de la Turquie c'est qu'elle refuse absolument la reconnaissance d'une entité politique quelconque dans le monde qui aurait le mot "kurde" dans son intitulé. Le problème c'est qu'un état irakien démocratique ne peut faire l'impasse sur un système fédérateur étant donné que la reconnaissance au moins régionale des Kurdes est inscrite dans la constitution irakienne. Le problème est que l'Irak tel qu'il a été tracé au cordeau par les Anglais, avec sa population chiite, assyro-chaldéenne, arabe sunnite et kurde sunnite ne peut qu'être un état fédéraliste ou une dictature. Il est clair que la Turquie n'a aucun intérêt à ce qu'un Irak démocratique soit viable, dès lors que cela implique forcément l'émergence légale des Kurdes au Moyen-Orient.

Le problème est que toute la justification de la guerre menée par les US repose sur la chute de la dictature et de la démocratisation de l'Irak.

Et ça ne fait que commencer...

mardi, mars 18, 2003

Dans la série "de quoi je me mêle..."

Dans Proche-Orient Infos, Ariel Sharon a raté une occasion de se taire : "Je crois aussi qu'il faudra faire très attention à ce que l'Irak ne soit pas divisé, après Saddam. Il devra absolument rester un pays unifié, alors que les chiites au sud voudront leur indépendance, avec l'Iran de l'autre côté de la frontière, et que les Kurdes au nord chercheront à acquérir un état kurde indépendant, ce que les Turcs ne laisseront jamais faire… "

On se demande bien ce que ça peut lui foutre, à part que ça ne plait pas à ses bons amis les Turcs ? Il veut peut-être lancer Tsahal à l'assaut du Kurdistan ? Qu'il se méfie, les Kurdes c'est autre chose qu'une armée arabe qui détale au premier coup de feu. Finalement les Turcs et les Israéliens sont faits pour s'entendre : ils ont l'art de se faire détester par tous leurs voisins et d'aller se faire des ennemis plus que nécessaire... Les Kurdes sont quand même un des rares peuples de la région qui n'est pas fondamentalement anti-sémite et qui se soucie peu de reconquérir Jérusalem. Eh bien non, il faut quand même aller les empêcher de vivre à leur guise. Et ceci pour quoi ? Si Sharon pense aux Turcs comme à des alliés sûrs, il se fourre le doigt dans l'oeil jusqu'au coude. Les Turcs sont comme lui, ils n'ont pas d'amis.

lundi, mars 17, 2003

ITINERAIRE KURDES...D'UN MONDE A L'AUTRE



Une exposition de photographies d'Olivier Touron en collaboration avec La Pluie d'Oiseaux sur la migration des Kurdes d'Irak vers l'Europe et la vie quotidienne au Kurdistan d'Irak.

Du 20 mars au 30 avril,Vernissage le 20 mars à 18h30 (Nouvel an Kurde,Newroz)

Espace Culture, Université des Sciences et Technologies de Lille (Lille 1)-Cité Scientifique 59655 Villeneuve d'Ascq.
Renseignements auprès d'Hélène au 03 20 24 42 53 ou lpo@lapluiedoiseaux.asso.fr

Les Kemalistes peuvent se reposer, les Apoïstes veillent...

Toujurs aussi démocratique et épris de culture, le PKK-KADEK s'est attaqué à Sivan Perwer, le chanteur kurde le plus fameux et le plus populaire. Mais de cela, le KADEK n'a cure. Si SIvan Perwer ne marche pas au pas du totalitarisme apoiste, c'est un traitre que l'on doit faire taire à tous prix. Ce qui est bien avec eux, c'est que les agents turcs n'ont pas beaucoup de boulot en Europe, les gros bras du KADEK leur mâchent tout le travail.
Bref, le 15 mars, à Berlin, Sivan a été agressé par 40 demeurés qui braillaient "bijî Serok APo" (on a envie de leur dire "changez de disque, pour voir"), lors d'une fête de Newroz. Ce qui est bien aussi c'est que le Newroz en Turquie est réprimé par les Turcs mais ici en Europe il l'est par le KADEK, pratique le partage des tâches.

Le tout s'est soldé par 3 ou 4 blessés et le tembûr du chanteur cassé. C'est beau le combat pour la culture kurde...


'Stupidity, however, is not necessarily a inherent trait.'
Albert Rosenfield.

jeudi, mars 13, 2003

Tragique

En Irak, l'exode a commencé. Enfin il tente. Les boucliers humains qui avaient gagné Bagdad en bus ou en avion tentent de se débiner maintenant que la guerre arrive. Pourtant Saddam avait été très obligeant avec eux. Au lieu de les laisser s'ennuyer dans les salons et bars d'hôtel il s'offrait à les transporter gratuitement sur les lieux stratégiques. "Non mais ça va pas l'autre ? C'est pas parce qu'on a dit qu'on le faisait qu'on allait le faire ! Tyran, va !"


'Stupidity, however, is not necessarily a inherent trait.'
Albert Rosenfield.

lundi, mars 10, 2003

Ce matin, aux infos de huit heures, sur France-Culture, la radio annonce "notre envoyé spécial d'Erbil, au Turkidistan". Voilà, ils ont tout compris.


'Stupidity, however, is not necessarily a inherent trait.'
Albert Rosenfield.

vendredi, mars 07, 2003

Le dictionnaire khazar.

"Considérez cela comme un grand et un suprême avertissement, mon maître ! Comme la plus profonde des sagesses. Nul contact entre les trois mondes : l'islam, le christianisme et le judaïsme ! Afin que nous n'ayons point affaire aux souterrains de ces mondes ! Car ceux qui se haïssent ne causent aucune difficulté ici-bas. Ils se ressemblent toujours. Les ennemis sont toujours identiques, ou le deviennent avec le temps, sinon ils ne seraient pas ennemis. Ceux qui sont vraiment différents les uns des autres représentent le plus grand danger. Ils s'efforcent de se connaître car les différences ne les dérangent pas. Ce sont les pires. A tous ceux qui nous accordent le droit d'être différents d'eux, et sans que cela trouble leur sommeil, nous réglerons leur compte en unissant nos forces avec celles de nos ennemis, et nous les détruirons des trois côtés à la fois..."


"Pendant qu'on le fouettait, courbé au point que sa barbe touchait la neige, Méthode songeait qu'Homère et le prophète Elie étaient contemporains et que l'empire poétique d'Homère était plus grand que celui d'Alexandre de Macédoine, car il s'étendait du Pont jusqu'au-delà de Gibraltar."




"Nikon Sévast :

- Le plus sûr chemin vers le véritable avenir (car il existe aussi un faux avenir) est d'aller dans la direction que tu redoutes le plus."




"La voyageuse a un passeport qui est considéré à l'Est comme occidental et à l'Ouest comme oriental. Il inspire donc la méfiance aussi bien à l'Est qu'à l'Ouest. La voyageuse projette deux ombres, l'une à droite, l'autre à gauche."

"Quoi qu'il en soit, le résultat est là, et le but de son existence, qui n'est plus devant elle, doit à coup sûr être passé derrière elle dans le cours du temps. Alors elle commence à comprendre que le but n'était pas dans l'école, mais quelque part sur le chemin vers l'école, bien que la recherche parût inutile. Dans son esprit, cette recherche devient soudain de plus en plus désirable, et après coup elle revoit toutes les beautés du voyage. Elle conclut que l'important est arrivé non pas au terme de la route, mais bien avant, pendant le trajet lui-même, ce à quoi elle n'aurait jamais pensé si le voyage ne s'était pas révélé inutile."



"Si tu oublies dans quelle direction coule le temps, l'amour te servira de boussole. Car le temps trahit toujours l'amour."

Milorad Pavic, Le dictionnaire khazar.

mercredi, mars 05, 2003

Radio

Samedi 8 mars sur France Cultures, à 12h00 : Suds. Guerre contre l'Irak : les dilemmes de la Turquie. Par M. Mukamabano.
et du lundi 10 mars au vendredi 14 à 10h30 : Les chemins de la musique : musique et soufisme. Par D. Langer.

dimanche, mars 02, 2003

Liberté

"Ils savaient qu'il n'est pas si simple de "vivre libre", qu'il ne suffit pas de le désirer, de le chanter. Ils savaient que la liberté est à chaque instant menacée par la mort, et qu'il faut, à chaque instant, pour vaincre la mort, être prêt à la mort. Car il n'y a que la mort qui équilibre la mort, il n'y a que la disponibilité à la mort qui puisse mettre en déroute la mort. Ils savaient que la liberté, cela va se chercher au fond de soi, que cela peut devenir une tension à éclater, par-delà les forces humaines, que c'est une chose qui se veut, qui veut être voulue, que ce n'est pas du tout une chose naturelle, enfin que, comme la non-liberté est dans notre vie la part de Dieu, la liberté est la part de l'homme, sa volonté et sa création."


"La liberté, ce n'est rien d'autre peut-être qu'une certaine ampleur de la respiration, la conscience continue d'un vaste espace autour de nous où peuvent s'épandre nos rêves, nos énergies et nos désirs, le droit d'être soi. Faut-il que des milliers d'hommes meurent pour sauver des choses si évidentes et si simples ?"

Jean Guéhenno, Journal des années noires, 1940-1944.

Liberté

"Ils savaient qu'il n'est pas si simple de "vivre libre", qu'il ne suffit pas de le désirer, de le chanter. Ils savaient que la liberté est à chaque instant menacée par la mort, et qu'il faut, à chaque instant, pour vaincre la mort, être prêt à la mort. Car il n'y a que la mort qui équilibre la mort, il n'y a que la disponibilité à la mort qui puisse mettre en déroute la mort. Ils savaient que la liberté, cela va se chercher au fond de soi, que cela peut devenir une tension à éclater, par-delà les forces humaines, que c'est une chose qui se veut, qui veut être voulue, que ce n'est pas du tout une chose naturelle, enfin que, comme la non-liberté est dans notre vie la part de Dieu, la liberté est la part de l'homme, sa volonté et sa création."

Jean Guéhenno, Journal des années noires, 1940-1944.

samedi, mars 01, 2003

COMMUNIQUE de PRESSE

Toronto, CANADA – Les Kurdes du Canada, craignant que d’autres atrocités soient perpétrées contre leur peuple au Kurdistan d’Iraq feront une marche pour appeler à se débarrasser du tyran d’Iraq Saddam Hussein et demander à la communauté internationale de sauvegarder les droits des Kurdes pour faciliter l’émergence d’institutions démocratiques dans un Iraq fédéral. La marche aura lieu de 13 h à 16h., le samedi 8 mars, partant de l’intersection de Dundas Street et Young street, vers le Consulat américain, University Avenue à Toronto.

Les Kurdes, la plus importante nation sans patrie reconnue, subissent traditionnellement une dénégation à travers les guerres et les génocides. Personne ne hait la guerre autant que le peuple kurde, tout simplement parce qu’ils ont toujours été aux-mêmes victimes de la guerre. Leurs droits à vivre comme des citoyens égaux en Iraq, Iran, Syrie et Turquie, n’ont jamais été reconnus, pas plus que leur droit légitime à proclamer le KURDISTAN comme étant leur pays.

Dans leur combat pour la liberté et la démocratie à l’intérieur des frontières où leur destinée les a amenées à vivre, les Kurdes ont été victimes de la guerre et ont subi des attaques aux gaz chimiques, des armes de destruction massive et des nettoyages ethniques, avec pour résultat des milliers de villages, de villes et de régions détruits, spécialement du fait du dictateur le plus brutal dans le monde, Saddam Hussein.

L’un des crimes les plus ignobles commis par Saddam et ses gangsters, est le gazage de la ville de Halabja en 1988, qui a tué 5000 Kurdes innocents, hommes, enfants, vieillards et femmes. Ainsi, de 1988 à 1989, sa cruauté alla croissant dans sa campagne infame de l’Anfal au cours de laquelle plus de 200,000 Kurdes furent systématiquement éliminés, soit en étant enterrés vivants dans des fosses communes, ou cruellement anéantis dans des chambres à gaz ou par des armes biologiques. Ne parlons même pas des 500,000 Kurdes qui périrent lors de l’après-Tempête du désert en 1991.

La communauté internationale, les militants pacifistes et les amis des Kurdes doivent savoir que Saddam représente un grand danger pour le peuple irakien, surtout pour les Kurdes, mais aussi pour l’ensemble du Moyen-Orient. Il ne dissimule pas seulement des tonnes d’armes chimiques et biologiques en attendant la levée des sanctions de l’ONU, mais est aussi activement impliqué dans le nettoyage ethnique des riches cités pétrolières kurdes. Plus de 400,000 habitants non-arabes de Kirkouk ont été ainsi forcés de renoncer à leur nationalité et de se déclarer Arabes, ou bien de devoir chercher refuge dans les zones libérées du Kurdistan irakien.

Nous appelons les Alliés, menés par les USA, à aider notre peuple à se débarrasser de ce tyran criminel le plus vite possible. Ainsi, se faisant, nous demandons aux USA de ne pas céder au chantage exercé par les craintes infondées de la Turquie, dont les performances en matière de génocide parlent d’elles-mêmes, que ce soit contre les Kudes ou les Arméniens. Par ailleurs, nous rejetons fortement toutes interventions militaires, turque ou autres, dans le Kurdistan d’Irak. Nous nous élevons fortement contre cette présence militaire dans notre patrie, car nous croyons fermement qu’elle ne fera qu’aggraver l’incertitude du sort de notre peuple.

En ce temps crucial, qui peut amener à la liberté et à la démocratie le peuple irakien, nous croyons fermement qu’il est temps pour les Alliés d’affirmer clairement leurs intentions concernant l’après-Saddam en Iraq et d’honorer leurs engagements concernant un état irakien fédéraliste, avec un système politique pluraliste et de soutenir son intégration dans la communauté internationale des « nations éprises de paix ».
PRESS RELEASE

Toronto, CANADA - Kurdish Canadians, fearing form further atrocities to be committed against their people in Iraqi Kurdistan, will be marching for help to get rid of Iraq’s Tyrant Saddam Hussein and to call on the International Community to safeguard the rights of the Kurds to enjoy their emerging democratic institutions within a federative Iraq. The march will be from 1:00 p.m. to 4:00 p.m., on Saturday (March 08), starting from the intersection of Dundas Street and Young street, marching to the American Consulate on University Avenue in Toronto.

The Kurds, World’s largest nation without a recognized homeland, have traditionally been subjected to denials through wars and genocides. No one hates wars as much as the Kurdish people do, simply because they have always been victims of wars. Their rights to live as equal citizens in their respective countries of Iraq, Iran, Syria and Turkey, have never been recognized, let along their legitimate rights to claim KURDISTAN as a country of their own.
In their struggle for freedom and democracy within the boundaries of their destinies to live, Kurds have been made the spoils of wars and treated with chemical gasses, weapons of mass destructions and ethnically cleansed and left with thousands of destroyed villages, towns and districts, especially in the hands of the World’s most brutal dictator; Saddam Hussein.

Off of the despicable crimes committed by Saddam and his thugs, is the gassing of Halabja city in 1988, that killed 5000 innocent Kurdish children, elderly, women and men in matters of seconds. Then, in 1988 through 1989, his ruthlessness grew in his infamous Anfal Campaign in which more than 200,000 Kurds systematically cleansed, either by burying them alive in mass graves, or cruelly eliminating them in biological and chemical gas chambers. This is not to mention the 500,000 Kurds who died while fleeing for their lives in the aftermath of the Desert Storm in 1991.

The International Community, World Peace Activists and Friends of the Kurds must be aware that Saddam poses a great danger to the Iraqi people, especially the Kurds, and the rest of the Muddle East. He is not only hiding tons of chemical and biological weapons to be used against his enemies in the post lifting of the UN Sanctions, but also actively engaged in ethnic cleansing of oil rich Kurdish cities and towns under his grim. More than 400,000 non-Arab inhabitants of Kerkuk city either have been forced to denounce their nationalities and become Arabs, or forced to seek refuge in the liberated areas of Iraqi Kurdistan.

We appeal to the Allies, led by the US, to help our people in removing this criminal tyrant sooner rather than later. Also, in doing so, we ask the US not to be blackmailed by the unfounded fears of Turkey which its record of genocides speak for itself, be it against the Kurds or the Arminian people. Therefore, we strongly reject any Turkish or other regional military interventions in Iraqi Kurdistan. As well, we utterly object to their presence in our native land, since we trust that they will exacerbate the uncertainties facing our people.

In this crucial time, which can bring freedom and democracy to the people of Iraq, we strongly believe that it is time for the Allies to declare openly their intention in post-Saddam of Iraq and honor their commitments to help building a federative, pluralistic political system to run the state of Iraq and help in its integration with the International community of peace loving nations".

Concert de soutien à l'Institut kurde