mercredi, décembre 31, 2003

Rites et sens du solstice d'hiver dans le monde iranien

"L'année indo-iranienne s'organise donc en événements solaires : le solstice d'hiver voit souvent 12 jours critiques où les démons reviennent, réinstaurant le chaos primordial. Au moment où le soleil est à son plus grand déclin, il doit revenir de sa mort et tuer le taureau, ce qu'il fera effectivement au Newroz, à l'équinoxe de printemps. Le solstice d'été annonce bien sûr l'apogée du monde mais déjà l'amorce de son déclin. La création du monde est donc à recommencer tous les ans. Ainsi s'affrontent éternellement les deux dragons."

in La rencontre des dragons

Sur les dragons kurdes : voir ici


mercredi, décembre 24, 2003

Bon Noël à tous

Merry Christmas to everybody

Ji hemû kes : Cejna Nowel xwesh be




vendredi, décembre 19, 2003

"Si de nombreux criminels n'ont pas de rapport immédiat avec le véritable assassin, ils n'en sont pas moins responsables. On peut même penser que le degré de responsabilité augmente au fur et à mesure que l'on s'éloigne de l'homme qui manie l'instrument fatal de ses propres mains." Hannah Arendt.


Sur l’absence de preuves qui posera problème pour charger directement Saddam Hussein des crimes de masse qu’il aura perpétrés, quoi d’étonnant ? Hannah Arendt dans son essai sur Le Totalitarisme et dans Eichmann à Jérusalem avait déjà démontré qu’un Etat totalitaire, multiplie jusqu’à confusion les cercles du pouvoir, les lieux de décision, en fractionnant en autant de segments possibles l’ensemble des gestes, – qui isolément peuvent sembler anodins, comme aiguiller un train – conduisant à l’accomplissement d’un meurtre de masse, faisant en sorte qu’ordres et responsabilités soient à ce point dilués en un vaste nombre d’exécutants et d’instigateurs, qu’il n’y ait plus de responsabilité réelle, directe, au sens pénal du terme. Il n’y a même, dans un système totalitaire abouti, aucun criminel, seulement des complices, ou des témoins passifs à qui l’on ne peut reprocher que de n’avoir pas réagi. Ainsi, plus un Etat totalitaire devient monstrueux et générateur de crimes, moins ses dirigeants ont de sang sur les mains. On peut même dire qu’ils « inspirent » le crime sans avoir à l’ordonner eux-mêmes.

Pour finir, lorsque l’Etat totalitaire est bien implanté et actif, c’est toute une société qui se retrouve coupable et victime à la fois : le même individu peut en effet avoir à accomplir des actes criminels pour le compte d’un Etat dont il est lui-même victime, à des degrés plus ou moins équidistants. Le jugement extérieur que nous portons sur un homme et sa responsabilité dans l’appareil de mort, est en fait une pesée plus ou moins hasardeuse des risques encourus par ce bourreau/victime : en quoi ses actes répréhensibles découlaient-ils de son statut de victime ?

Le problème juridique se pose ainsi : comment juger le sommet dirigeant d’un Etat totalitaire, qui, justement par l’efficacité de la terreur organisée, a pris soin de se mouiller le moins possible ? De n’en même laisser aucune trace, aucune preuve éclairante ? Il y a des faits dont on ne peut trouver la cause, la source. Les victimes du totalitarisme sont souvent de douteuses victimes, des cadavres incertains. C’est bien pourquoi les tribunaux ne peuvent qu’'être impuissants à confondre réellement les révisionnistes. Les historiens, à la longue, par un faisceau de faits et de présomptions, réussissent à dégager le caractère criminel d’une période, d’un règne politique, mais en droit pénal ?

C’est qu’il faudrait pour juger un Etat totalitaire un autre droit, c’est-à-dire un autre code de lois, et en allant jusqu’au bout, inventer un délit ; qu’ainsi le dirigeant d’un Etat totalitaire n’ait pas à répondre d’actes criminels comme les vulgaires assassins qu’il employait, mais soit jugé en tant que bâtisseur, créateur, inspirateur de la société monstrueuse qu’il aura engendrée. En résumé, Saddam Hussein devrait être accusé d’avoir conçu et organisé un monstre, l’Etat baathiste irakien, d’avoir été celui sans qui le crime n’aurait pu avoir lieu.


jeudi, décembre 18, 2003

Il y a quand même quelques véhémences qui laissent rêveur...

Ainsi cette insistance de certains à vouloir que Saddam Hussein soit jugé par les Nations Unies plutôt que par des Irakiens.

Mais quand le génocide kurde battait son plein, quand les chiites se sont fait massacrés par centaines de mille, ELLES FAISAIENT QUOI LES NATIONS UNIES ?

"Pas d'ingérence, c'est une affaire intérieure irakienne, on ne bouge pas."

Alors quelle est la légitimité des Nations-Unies à juger un homme qu'elle ont couvert et parfois soutenues même dans ses pires boucheries ? Alors même que la plupart des pays membres et surtout ceux du Conseil de Sécurité et même les US devraient être en toute logique jugés pour complicité ?

mardi, décembre 16, 2003

Pîroz be

Ces Kurdes qui, hier, pour se saluer, se disaient "pîroz be" (félicitations), pour fêter la mort fin du tyran.
Qu'on cesse de gloser sur "l'humiliation arabe". Le déshonneur arabe s'appelle Baathisme. Le déshonneur occidental a été de couvrir les dictatures baathistes au nom de la "laïcité progressiste".

Le déshonneur arabe porte la face de tant de dirigeants actuels au Moyen-Orient et en Afrique du Nord.

lundi, décembre 15, 2003

Message de sympathie


Azul (Bonjour),

Une pensée pour vous et pour votre combat. Nous nous réjouissons de la chute du barbare et sa dictature...

Soyez rassurés de notre solidarité, celle du peuple amazigh (berbère).

Nous nous sommes permis de mettre un lien vers votre site sur le nôtre.

Salutations amicales et militantes.


Une pensée au peuple kurde...
Les Peshmergas arrêtent Saddam



***

Friendly sending


Azul (Hello),

Our thinkings for you and your struggle. We enjoy the fall of this Barbarian and his dictature...

Let be sure of our solidarity, the Amazigh (Berber) people's one.

We took the liberty of putting a link to your site from ours.

Friendly and militant greetings.


A thought for Kurds : Peshmergas arrested Saddam



Tamazgha
47, rue Bénard
75014 Paris
Tel : 00 33 1.45.45.72.44. / Fax : 00 33 1.49.81.02.32.
E-mail
Tamazgha



dimanche, décembre 14, 2003

Raté

Pour mieux se cacher, Saddam Hussein s'était déguisé en Karl Marx.




miscalculation

In the aim to be in rest, Saddam Husein was disguised in Karl Marx.

lundi, décembre 08, 2003

Quatre

Une phrase pareille :

"J'ai vécu en moi-même des expériences authentiques, qui prouvent que les univers sont au nombre de quatre."
Sohrawardî.

mardi, décembre 02, 2003

Saladin et les Kurdes

Conférence-débat

Le samedi 6 décembre à 16h, à l'Institut Kurde de Paris, M. Boris James, de l'université d'Aix-Marseille I présentera son mémoire de maîtrise intitulé :


LA PLACE DES KURDES SOUS LE REGNE DE SALADIN
Perception et dynamique d'un groupe à l'heure des Croisades

Entrée libre au 106 rue Lafayette, 75010 Paris, Métro Poissonnière.




mardi, novembre 25, 2003

Fragments d'un puzzle incohérent ou pas tant que ça

La Turquie est dans l'attente d'une fin de ramadan sanglante, mais loin de se laisser décourager, la lutte contre le "terrorisme séparatisme kurde" continue : l'école de langue kurde de Batman n'a toujours pas été autorisée à accueillir enfin ses étudiants.

Par contre à Kirkouk, les trois personnes arrêtées par l'UPK de Talabani et soupçonnés d'avoir trempé dans le dernier attentat dans cette ville, sont bel et bien porteurs de passeports turcs.


Ayant vus sept de leurs membres arrêtés entre l'Iran et livrés à la Turquie, le KADEK vient de lancer un appel solennel offrant aux US leur collaboration contre al-qayda et les réseaux terroristes de la région. Nul doute que les US en ont été plus que soulagés.

dimanche, novembre 23, 2003

Soutien aux Irakiens

Avis à tous les Occidentaux qui se font tellement de soucis pour les "pauvres Irakiens devant vivre sous la botte américaine" : il semble qu'une manifestation soit prévu le 10 décembre en Irak contre le terrorisme.

Ce serait bien que les gens qui défilent depuis des mois sous les bannières "Bush=Saddam=Hitler=Sharon" ou l'inverse, organisent des manifestations monstre à Paris, Londres, Romes, Berlin, Barcelone, pour les soutenir, ces victimes irakiennes.

Non ?



vendredi, novembre 21, 2003

En frappant jusqu'ici obstinément les quartiers Pera-Galata-Beyoglu, ce n'est pas seulement l'Europe ou le judaïsme en Turquie qu'ils atteignent, mais ce qui fait l'essence même d'Istanbul, son cosmopolitisme de ville d'empire, ce qui fait qu'elle est toujours restée la seconde Rome, quoi qu'en ait dit les Moscovites. Autant la Turquie post-kémalisme s'est repliée sur un jacobinisme obtus qui rend l'Anatolie aussi triste qu'une caserne de jandarma, autant Istanbul est restée rebelle à toute uniformité, c'est encore la ville où se pressent toutes les nations et tous les cultes d'Europe orientale et d'Asie Mineure. Et comme le dit si bien encore Rinaldo :


"Dans les victimes, il y a certainement aussi le boucher turc du coin, le garçon du resto russe d'en face, la mémé grecque qui faisait ses courses, l'autre mamie chaldéenne allant à l'église Aya Triada, juste en face du palais, le commis kurde de Tarlabasi qui allait livrer un paquet, la gitane marchande de fleur, le gardien de l'église arménienne du marché aux Poissons, le petit garçon levantin sortant de l'école, le cireur de godasses récemment immigré de Diyarbakir, le marchand juif de légumes.... et bien d'autres."

Et je peux ajouter que cette partie-là d'Istanbul est bien fabuleuse, et qu'être Européen là-bas, c'est être Américain à Paris dans les années trente.

jeudi, novembre 20, 2003

Terrorisme à Istanbul : témoignage sur le vif

Voici le témoignage sur le vif de nos amis du Kapris do Pera .

"Nous n'avons pas entendu la première explosion dans le quartier de Levant qui se situe à 10 km environ du café, ni celle de Goztepe sur la partie anatolienne de la ville, près de Kadikoy.

Celle qui nous a fait vraiment peur était celle de Galatasaray. Nous n'avions jamais entendu une pareille explosion et comme c'était très près, c"était pire que l'attentat de Neve Shalom de Galata, samedi.

Gabi se trouvait au café et moi à la maison. Tout a tremblé après l'explosion, à tel point que j'ai cru que les murs ne résisteraient pas. Selon les spécialistes, cela correspondait à un tremblement de terre d'une amplitude de 7 !!!!

Comme les téléphones ne marchaient plus et que nous n'avions pas de nouvelles l'un de l'autre tout en ne sachant pas vraiment où était le lieu de l'attentat, Gabi est venu très vite à la maison. Il m'a raconté les scènes d'horreur de la rue, avec des gens qui hurlaient, d'autres blessés couraient vers les hopitaux ou les pharmacies....

Gabi pensait que l'attentat avait eu lieu plus haut sur la Grand Rue de Péra, mais d'après ce que j'avais vu de la terrasse, cela venait de derrière (depuis la maison) le lycée de Galatasaray. J'avais pensé au Marché aux Poissons.

Gabi est retourné au café en passant par Galatasaray qui n'était pas encore bloqué et où les ambulances arrivaient de toutes parts. Il a vu un tas de blessés et un membre humain sur la rue. A mon tour, je suis allé au café en passant par Galatasaray, mais comme la police commençait de boucler le quartier, je n'ai pas vu le palais d'Angleterre.

Comme nous n'avions pas de nouvelles de nos connaissances du Marché aux Poissons (entre autres, les gens de la pâtisserie Uç Yildiz), nous avons décidé de nous y rendre par les ruelles du coté de Tarlabasi. Ces ruelles étaient jonchées de bris de glaces, partout les gens balayaient leur vitrines. Les magasins, sur au moins un kilomètre carré, sont fermés. Nous n'avons évidemment pas pu atteindre la confiserie Uç Yildiz, le marché aux Poissons était fermé, ainsi que le passage des Fleurs (Cité de Péra), dont la verrière s'est écroulée. Le boulevard Tarlabasi était fermé à la circulation, mais nous avons pu l'emprunter et contourner le palais d'Angleterre en passant par les Petits-Champs et le Péra Palace. Les maisons de l'autre coté du boulevard de Tarlabasi sont fortement abimées par la déflagration. Depuis cet endroit, nous avons pu voir les immeubles en face du palais d'Angleterre qui sont pratiquement détruits. Coté Péra Palace, les dégâts sur les immeubles s'arrêtent à la hauteur de Odakule (immeuble aussi énorme que laid, sous lequel il y a un passage qui rejoint la Grand Rue de Péra).

Il manque quelques fenêtres au Grand Hôtel de Londres, à l'église grecque Panaya, à St Antoine de Padoue. A la hauteur de la place de Galatasaray, on ne peut pas passer et les dégâts sont importants même sur la place. La poste de Galatasaray est fermée ainsi que le lycée (comme toutes les autres écoles du quartier).

Il y a beaucoup de blessés, parce que, comme je le disais, sur à peu près un kilomètre carré, il n'y a plus de vitres aux fenêtres....

Quand nous avons fini notre tour, nous avions vraiment une triste mine ! Le climat est lourd, aujourd'hui à Istamboul. Les gens ne comprennent pas pourquoi.

Voilà, c'était juste des nouvelles, même si nous ne sommes pas blessés, nous sommes un peu choqués par ce que nous avons vu."

Rinaldo et Gabi, Kapris do Pera.

mercredi, novembre 19, 2003

La Turquie qui pleure ses morts victimes du terrorisme, va-t-elle redécouvrir le sens véritable de ce mot dont elle couvre inlassablement tous les activistes kurdes, quels qu'ils soient ? Les Turcs se rendent-ils compte de ce qu'aurait donné un terrorisme kurde s'il en avait existé un ?

A part ça, l'AFP reprend inlassablement ces histoires de "terrorisme kurde". L'AFP pompe directement ce que raconte l'agence Anatolia. L'acte "terroriste" le plus sanglant imputé au PKK a eu lieu dans le bazar d'Istanbul il y a quelques années. Une explosion, un incendie, plusieurs morts. Des Kurdes arrêtés, jugés, mis en taule. Et plus tard une enquête qui conclut à l'accident au gaz. Mais on n'a pas relâché ceux qu'on avait emprisonnés pour l'occasion.

dimanche, novembre 16, 2003

CON-DI




Au FSE (Forum Social Européen), en gros chez les alter-mondialistes : les mêmes qui partaient en convoi de la paix à Bagdad avant la guerre (mais en évitant les terres kurdes on se demande pourquoi), guidés par d'obligeants employés de l'ambassade irakienne à Paris, dans des bus qui avaient déjà servi à embarquer des mujahid en faisant la tournée des pays frères arabes... Pour les mujahid ils étaient peints en noir, on les avait dotés de couleurs plus attrayantes, plus peace and love pour les boucliers humains qui avaient passé une semaine à Bagdad, dans de confortables hôtel, en bouffant par jour l'équivalent de plusieurs rations alimentaires destinées à une famille irakienne, et pour finir ils s'étaient débinés avant l'attaque. Des boucliers à pattes, fuyant à toutes jambes... Bref au FSE on nous a trouvé les alter-irakiens de services : assyriens, turkmènes, chiites... combien d'entre eux viennent vraiment d'Irak et combien d'entre eux sont en fait des exilés de longue date, je serais curieuse de le savoir... Et en plus ils se sont trouvé un joli : CONDI. C'est magnifique. Déjà que l'ex-PKK nous avait trouvé KON-KURD...

Et à cette occasion, Leila Chahid la représentante de l'Autorité palestinienne, a déclaré en substance que l'occupation irakienne faisait partie d'un plan israélo-américain visant à s'en prendre à tous les Etats-nation laïques du Moyen-Orient. Ah cette bonne vieille laïcité, avec laquelle on a couvert tant de crimes... en Irak, en Turquie, en Syrie, génocidez, étripez, pourvu que ce ne soit pas au nom de l'islam, c'est tout !

J'ignore ce que va donner la future constitution irakienne, mais je me demande si d'ores et déjà Leila Chahid ne pourrait pas comparer la situation réelle des chrétiens en Irak et celle des chrétiens palestiniens, et l'attitude respective de leurs frères musulmans envers eux. Histoire de commencer à balayer devant sa porte... Parce qu'en ce moment je me demande s'il vaut mieux être chrétien à Bethléem que chrétien à Erbil...

'Stupidity, however, is not necessarily a inherent trait.'
Albert Rosenfied.

Les Kurdes ont un président



Voilà, ça y est, réjouissez-vous les Kurdes ont un président (à défaut d'avoir un état). C'est-à-dire que l'ex-PKK-ex-KADEK... ad libitum... s'est réuni en Congrès du Peuple Kurde. Parce que naturellement des représentants politiques aussi brillants que Mizgin Sen, Riza Altun ou Osman Öcalan SONT le peuple kurde (et si vous dites le contraire vous êtes un traître, corrompu par les forces réactionnaires fascistes internationales...ad libitum....)

Bref le Congrès du Peuple Kurde a élu (démocratiquement, oui, ils ont tous levé la main en même temps) Abdullah Öcalan comme Président du peuple kurde. Oui, de tout le peuple kurde. A la surprise générale.

Rappelons que du temps où le PKK représentait une vraie force politique, qui rassemblait des millions de Kurdes en Turquie et en Syrie, il s'appelait plus modestement le Parti des Travailleurs du Kurdistan. Aujourd'hui qu'il ne représente plus qu'une force fantomatique et que ses rangs ont fondu, il devient le Congrès du Peuple Kurde (et ceux qui disent le contraire sont des traîtres, corrompus par les forces réactionnaires fascistes internationales...ad libitum...). En fait plus ce parti devient minoritaire, plus il gonfle ses titres. Quand ce ne sera plus qu'un club privé réservé à une centaine de nostalgiques clubbers, je suppose qu'on aura droit au Congrès Mondial pour la Paix au Moyen-Orient. Avec Abdullah Öcalan élu pour président. A la surprise générale.

Source : Amude.com.

mardi, novembre 11, 2003

PKK alias KADEK alias...?...

Le KADEK s'est encore auto-dissous. "Le KADEKa été dissous pour ouvrir la voie à une nouvelle structure organisationnelle plus démocratique qui va permettre une participation plus large des représentants des intérêts du peuple kurde." Si ça vous rappelle vaguement quelque chose,c'est normal ils nous font le coup tous les ans. Ils sont juste en retard de quelques mois. Mais un jour à force de se dissoudre et de dissoudre encore, s'ils ne disparaissent pas tout à fait, ils finiront par trouver la démocratie (au fond d'un verre d'aspirine ?). Mais si. N'en doutons pas.

lundi, novembre 10, 2003

Bonne nouvelle


L'éditeur Ahmet Zeki Okçuoglu, a été acquitté, ainsi que l'imprimeur Bedir Vatansever et le traducteur Vahdettin Ince, alors qu'ils risquaient sept ans de prison pour avoir publié en turc Mustafa Barzani et le mouvement de libération nationale kurde, écrit par Massoud Barzani, le dirigeant kurde irakien qui raconte la vie de son père à travers l'histoire de la révolte kurde en Irak.

Les trois accusés avaient été accusés de séparatisme puisque l'ouvrage mentionnait (horreur !) le "Kurdistan turc" au lieu de parler pudiquement de "sud-est turc" et avait commis le crime de lèse-majesté par excellence en Turquie : celui de critiquer le fondateur de la république turque Mustafa Kemal Atatükr, à qui les Kurdes reprochent d'avoir massacré un peu trop des leurs.

Bonne nouvelle donc que cet acquittement, à la faveur des réformes entreprises par la Turquie pour se conformer aux critères de l'Union européenne. Rappelons qu'Ahmet Zeki Okçuoglu vit actuellement en Allemagne où il s'était réfugié en attendant l'issue de ce procès inique. Rappelons aussi que son fils aîné, Sivan Okçuoglu, à qui l'on ne reproche que d'être le fils de son père, s'est vu refusé un passeport par les autorités turques et ne peut donc sortir du pays, même pour rejoindre son père et son frère.




Les Etats-Unis commencent à être déçus par le gouvernement de transition qu'ils ont mis au pouvoir. Ils les accusent de n'être motivés que par leurs intérêts particuliers au lieu de s'atteler tous ensemble et avec désintéressement à la reconstruction du Grand Irak unifié et réconcilié.
Ils finiront bien par se rendre compte un jour que l'Irak n'a jamais encore été un pays mais qu'un agglomérat intsable d'intérêts particuliers et contradictoires.
On vient sur ce site à l'aide des mots-clés les plus divers, mais pour la personne qui est venu chercher des "photos de Salah ad Din" je suis au regret de n'en pas avoir sous la main. cela dit, à ma prochaine visite à Damas, je ne manquerai pas de lui tirer le portrait à ce cher homme, et peut-être même que je lui demanderai un autographe.

vendredi, novembre 07, 2003

On ne plaisante pas avec la sécurité II (Le retour)



Le centre d'enseignement de la langue kurde à Batman (Turquie), qui s'était vu refuser son ouverture à cause de la "largeur non réglementaire des portes" attend toujours l'autorisation de commencer ses cours, avec environ 200 inscrits déjà, bien que le directeur de l'établissement, M. Aydin Unesi ait fait élargir ses portes d'au moins 5 cm. Malgré cela Ankara attend encore "de nombreux autres documents".

C'est vrai, quoi, il reste à mesurer la hauteur des plafonds, faire un contrôle anti-termites, vérifier la présence d'amiante, de plomb dans les peintures, de sécurité anti-tremblement de terre, regarder si le centre ne se trouve pas dans l'oeil du prochain cyclone tropical, s'il est assuré contre la foudre, l'incendie, la peste bubonique, les raz-de-marée et la mousson...

Et naturellement le centre devra aussi fournir les preuves qu'il ne recèle pas d'armes de destruction massive et accepter pour cela la visite d'inspecteurs onusiens, sinon c'est la guerre.


'Stupidity, however, is not necessarily a inherent trait.'
Albert Rosenfied.




mercredi, novembre 05, 2003

CONCERT

MIÇO KENDES et ses musiciens



Jeudi 13 novembre à 20 heures

Au Centre culturel suisse de Paris
32, rue des Francs-Bourgeois
75003 Paris
Metro : St. Paul / Rambuteau
Informations : 01 42 71 44 50


Miço Kendes est né en 1966 au Kurdistan de Syrie. C'est un grand barde des récits chantés de l'épopée kurde.

Il a appris à jouer du bozuk> et du tembûr, puis a enrichi sa culture musicale par l'apprentissage du 'oud et l'étude des maqam (ou modes musicaux) à Alep, en Syrie.


Mahmut Demir, est né près de Sivas au Kurdistan de Turquie. A neuf ans sa famille part vivre à Istanbul, et il apprend le saz i> en autodidacte, le violon et le kabak.



Abbas Bakhtiari est né en 1957 à Bandar Shahpour en Iran, d'une famille Lour (peuple d'origine nomade très proche des Kurdes). Son père Javad Bakhtiari était un un maître du ney, la flûte des soufis par excellence, dont les pleurs évoquent celle de l'âme éloignée de la Divinité et de la zorna (clarinette). Il apprit également le zarb ou tombak auprès du maître Hamdawi.

samedi, octobre 25, 2003

Itinéraires kurdes, d'un monde à l'autre d'Olivier Touron

Avec l'USTL Culture de l'Université Lille I

La migration des kurdes d'Irak vers l'Europe et la situation actuelle au Kurdistan d'Irak
Ils sont issus du même pays, qui officiellement n'existe pas. Ils sont tous motivés pour atteindre ce but non clairement défini, l'Europe, "remède à leurs maux , solution à leurs problèmes".

du 17 au 28 novembre
Lycée Coubertin à Calais

La pluie d'oiseaux



Kurdish routes, from a world to another one d'Olivier Touron

with the USTL Culture of Lille I University

The Iraqi Kurds' migration to Europe and the present situation in the Iraqi Kurdistan.
They are all born in a country that doesn't exist officcially. They have all the same aim, reaching Europe, as a "remedy for all their diseases, an issue for all their problems".

from on November 17th until 28th
Lycée Coubertin in Calais, France.

Rain of birds

dimanche, octobre 19, 2003

On ne plaisante pas toujours avec la sécurité




A part ça, le premier film pornographique tourné en langue kurde à Istanbul vient de sortir et les cassettes sont distribuées dans toute la Turquie. Est-ce qu'une commission d'inspection va venir vérifier les mensurations des acteurs ? Si ça se trouve la longueur de leur outil de travail n'est pas même réglementaire... Que fait la police ?

'Stupidity, however, is not necessarily a inherent trait.'
Albert Rosenfield.
On ne plaisante pas avec la sécurité (suite)

Cette histoire me fait souvenir qu'il y a un an, à la Maison des Professeurs de Hasankeyf j'avais parlé kurde avec des enseignants de Batman. Ils m'avaient demandé l'orthographe de certains mots, des plus usuels, en kurde. J'écrivais les mots sur de petits papiers qu'ils déchiraient au fur et à mesure qu'ils les avaient lus, par souci de sécurité. L'un d'eux, un professeur de maths, avait regretté d'avoir laissé chez lui son beau stylo-plume, parce qu'il aurait voulu me l'offrir : pour la peine d'avoir appris cette langue-brûlot qui leur vaut tant d'ennuis ?

'Stupidity, however, is not necessarily a inherent trait.'
Albert Rosenfield.

on ne plaisante pas avec la sécurité




Et surtout pas dans les écoles de Turquie... enfin surtout pas dans les écoles de langue kurde. Ainsi, à Batman, l'un des premières écoles à vouloir dispenser des cours en langue kurde a été fermée d'autorité. Certainement pas parce qu'il s'agit de cours en langue kurde, les premiers depuis la levée récente de leur interdiction. Non, c'est seulement que le bâtiment a été dare dare examiné par des inspecteurs qui l'ont trouvé extrêmement dangereux : en effet, alors que la largeur réglementaire des portes doit être de 90 cm, les portes de cette école-ci, par malchance, ne sont larges que de 85 cm.

Le directeur de l'établissement a promis de démonter les portes délictueuses et d'en refaire de nouvelles, conformes au règlement, sans pouvoir s'empêcher de faire remarquer qu'à Batman, et à mon avis dans tout le reste de la Turquie, il n'y a peut-être pas beaucoup de portes qui soient de la largeur réglementaire.

Et même, si l'on s'en souvient, lors du dernier tremblement de terre à Bingol, c'est tout un internat qui avait été enseveli, tant la construction en était... peu réglementaire. Aussi, dans le même élan, les inspecteurs pourraient faire un tour dans toutes les écoles du pays et vérifier si elles ne risquent pas de s'écrouler comme châteaux de cartes lors de la prochaine secousse sismique.

En attendant le prochain tremblement de terre, nous ne pouvons que conseiller à toutes les familles - même les turques - d'envoyer leurs enfants dans des écoles kurdes, avec tous leurs tracas administratifs auquels elle font face, ce seront les plus sûres du pays.

'Stupidity, however, is not necessarily a inherent trait.'
Albert Rosenfield.

dimanche, octobre 12, 2003

Et toc.

En visite au Caire, Massoud Barzani, dirigeant du PDK et membre du Conseil Irakien a déclaré au secrétaire général de la Ligue arabe Amr Moussa :"Nous refusons le déploiement de troupes de la Turquie et d'autres pays de la région et nous avons demandé un appui de la Ligue arabe à cette position".

Et M. Moussa s'est empressé de déclarer que "la Ligue soutiendra toute position du Conseil de gouvernement transitoire au sujet de l'envoi de troupes turques ou d'autres pays voisins".

On a souvent reproché aux Kurdes de se battre en eux pour le compte de leurs voisins. Pour une fois que c'est l'inverse, c'est drôle. Je ne sais si Washington va apprécier cette réponse du berger à la bergère, par contre. Les Américains ayant appelé les Turcs pour qu'ils les aident à les protéger des Arabes, les Kurdes en appellent aux Arabes pour qu'ils les aident à se protéger des Turcs. Ben oui mon gars, dans l'Orient compliqué, il ne faut pas confondre idées simples et idées simplettes.

***


Vie des 12 Césars

Tibère. L'abominable Tibère décrit par Suétone, le meurtrier sournois de Tacite, est, sous le stylet de Dion Cassius, un assez brave type, finalement corrompu par l'adulation lâche du Sénat et finalement gagné par la paranoïa.

Le Sénat, la mort de Séjan en tout cas, une superbe illustration du totalitarisme, on croirait lire du Kadaré.

Trois bonnes raisons contre l'envoi des Turcs en Irak :

- "tant que la sécurité des troupes turques n'est pas garantie, rien ne pourra être entrepris."
- "Le souci de la sécurité est fortement lié à l'attitude claire (ça tombe bien ils ont été clairs) de Barzani, Talabani et du Conseil Temporaire de l'Irak."
-"Une attitude négative envers des soldats de la paix et du bonheur (sic) n'est pas acceptable."

Dixit : M. Recip Erdogan, Premier Ministre de la Turquie.
Le 5 novembre prochain, débutera à Mardin, au Kurdistan de Turquie, le procès de plus de 400 soldats turcs, impliqués dans le viol et la torture d'une détenue kurde.

C'est également en novembre qu'Ankara doit envoyer ses "soldats de la paix" en Irak. Avec une ou deux casseroles de ce genre qui traînent en queue de convoi, ça fera encore meilleur effet auprès de la population.


'Stupidity, however, is not necessarily a inherent trait.'
Albert Rosenfield.

mercredi, octobre 08, 2003

Des milliers de Chiites ont défilé à Bagdad à l'annonce de l'arrivée prochaine des Turcs. Faut dire qu'envoyer les Turcs pacifier l'Irak c'est aussi délicat que d'envoyer des troupes allemandes assurer l'ordre en Pologne. Les Ottomans ont laissé de bons souvenirs à tout le monde là-bas.

mardi, octobre 07, 2003

Ils contribuent même à faire régner l'entente au sein du Conseil Irakien. Mahmoud Ali Osmane, un Kurde membre du Conseil a déclaré à l'AFP : "Le Conseil est unanime pour publier un communiqué contre l'envoi de troupes turques en Irak. C'est la mauvaise chose à faire, cela ne contribuera pas à établir la sécurité..." "il s'agit de la position du Conseil et elle est unanime".

Il a ajouté que le communiqué serait publié par le Conseil mais que l'Autorité provisoire de la coalition (CPA) pourrait le retarder.
Quelquefois, la politique américaine me laisse rêveuse... On dirait que tout ce qu'il faut faire pour que l'affaire irakienne devienne une catastrophe, ils le font.

Permettre aux Turcs d'entrer en Irak par exemple. Même si leurs troupes restent cantonnées dans la région occidentale arabe sunnite autour de Tikrit, même si les US préfèrent après tout qu'il y ait plus que Turcs que de GI's à se faire tuer dans cette zone, la plus difficile, que se passera-t-il lors d'un accrochage, non pas avec la guérilla fantôme, mais avec la population civile ? Quand on connaît la douceur de l'armée turque, la psychologie de terrain de leurs officiers, quand on se souvient de la façon amène avec laquelle les protestations des sinistrés du tremblement de terre à Bingol avaient été réprimées comme une émeute, on se demande combien de temps leurs troupes passeront pour des "escadrons de la paix".

samedi, septembre 27, 2003

Cinéma : rubrique critique.

  • Les Chants du Pays de Ma Mère



  • Hier, j'ai vu enfin Les chants du pays de ma mère (à vrai dire le titre français n'a aucun rapport avec l'histoire) : un très beau film, et aussi un vrai film kurde. C'est-à- dire ? Eh bien en vrac, avec des héros rêveurs et entêtés, se chamaillant comme des gamins, à coups de poings et de fusils (tirés en l'air, mais il s'agit surtout d'avoir l'air très méchant), partant sur les routes à la recherche d'un amour inoubliable, affrontant des bandits de grand chemin déguisés en gendarmes, croisant des gendarmes en caleçon et menottés courant dans les montagnes, des marchands roublards vendant le médicament miracle contre le SIDA qui est une épidémie venue de l'étranger et décimant les mules, comme chacun sait et ce médicament qui est l'aubaine des muletiers ne marche qu'au Kurdistan quelle chance, une noce à empêcher en raison d'un amour contrarié et pour cela il suffit d'en immobiliser le mollah (voir illustration) et en même temps ce mollah porteur d'un message adressé au vieux musicien qui est aussi l'amoureux du film parti à la recherche de sa bien-aimée elle-même partie avec son meilleur ami 23 ans auparavant, où un instituteur emmène sa classe dans une leçon de choses en montagne, pour observer les avions de chasse qui passent et leur apprendre ce qu'est un bomb baran ou bombardement.... Un film drôle mais aussi émouvant dans cette fierté kurde qui consiste à sourire de tristesse, ou à chanter à chaque halte, à faire danser les orphelins, à trouver l'amour devant un charnier en Irak, à ramener chez soi des orphelins là où l'on cherchait une femme, bref, un film où l'on passe du rire aux larmes, à des pugilats de grands gamins moustachus à une délicatesse de coeur, une élévation de sentiments digne de La Princesse de Clèves.

    Si Un temps pour l'ivresse des chevaux, était aussi un bon film, quoiqu'un peu mélo par moment, c'était surtout un film plus iranien que kurde, je veux dire que si l'histoire se déroulait au Kurdistan, c'était finalement assez annexe et les personnages auraient pu vivre sur n'importe quelle autre région d'Iran. Alors qu'ici, à chaque séquence, on se dit "Ah ce sont bien des Kurdes !"

    Et pour ceux qui ne les connaissent pas, commencez par là, c'est un bon aperçu...

    vendredi, septembre 19, 2003

    vendredi 19 septembre à 19h

    Café littéraire : Il était une fois… un prince kurde à Paris. Rencontre poétique avec les derniers princes kurdes, les Bédir-Khan, à travers des textes tirés de la correspondance entre le Général Rondot et l’Emir Celadet Bédir-Khan, publiée par la revue Etudes kurdes (co-éditée par l’Institut kurde de Paris et l’Harmattan).


    C’est pour vous conter l’histoire tumultueuse et emblématique de cette famille, reflet aussi de l’histoire du Kurdistan, que vous convient des poètes et des musiciens kurdes ou de sensibilité kurde, à cette soirée poétique mise en musique, avec des lectures de poèmes de l’Emir Kamuran Bédir-Khan, et de textes issus de la fameuse correspondance.

    Entrée libre au Café littéraire de la Maroquinerie :
    23, rue Boyer, 75020 Paris, tél. 01 40 33 30 60, M° Gambetta.

    mercredi, septembre 17, 2003

    Finalement, il ne faisait pas si peur que ça à la république.

    Après 24h de détention, Kader a été libéré. Aux dernières nouvelles, il dort comme un bébé ;).
    Il menaçait la république, Kader ?

    Le Webmaster du site Kader (sans papier) a été placé en garde-à-vue hier mardi 16 septembre à 9h35 par la gendarmerie de Redon pour l'infraction à la législation sur les étrangers, nous sommes le 17 septembre 4h00, et nous avons toujours pas de nouvelles de Kader, il risque d'être expulsé vers la Turquie ou il est recherché depuis 1998, Kader risque sa vie en cas de retour ...

    Pour connaître l'histoire de Kader, allez ici.

    lundi, septembre 15, 2003

    Cinéma

    Les Chants Du Pays De Ma Mere



    Un film de Bahman Ghobadi (Iran)
    avec Shahab Hosseyni, Alahmorad Rashtiani

    Sortie en salle le 17 Septembre 2003


    "Un vieux chanteur kurde iranien, accompagné de ses deux fils musiciens, part à la recherche de son ex-femme, Hanareh. Celle-ci, chanteuse également, est passée de l’autre côté de la frontière, au Kurdistan Irakien où le pouvoir central s’est mis à bombarder la région. C’est l’épopée d’un peuple errant, tellement habitué à la guerre qu’il la prend comme un jeu, mais c’est par les chants et la musique qu’il montre son amour pour la vie".

    dimanche, septembre 14, 2003

    Il se pourrait qu'Abdullah Öcalan quitte Imrali pour un établissement pénitenciaire où il ne sera plus isolé.

    J'ignore s'ils vont lui donner des compagnons de cellule, mais si c'est le cas, et s'il les bassine avec les discours-fleuve et les histoires interminables dont il avait le secret sur Medya-TV, ce sont eux qui risque de porter plainte à Strasbourg : pour torture psychologique.

    vendredi, septembre 12, 2003

    La Floraison des philosophes syriaques




    La floraison des philosophes syriaques


    Présentation et signature d'Ephrem-Isa Yousif le 18 septembre à 19h

    Espace l'Harmattan
    21 rue des Ecoles
    75005 PARIS


    En visite à Ankara, Ahmed Chelebi, le Président du conseil de présidence irakien a contristé le coeur sensible des Turcs interventionnistes, en expliquant gentiment au ministre turc des Affaires Etrangères que c'était très gentil sa proposition d'envoyer un contingent en Irak, mais que vraiment, il ne fallait pas que les Turcs se dérangent pour si peu, tout se passe très bien, des soldats on n'en a autant qu'il faut, merci.

    Et que bien sûr, vous pensez bien, dès qu'il y aura besoin... On vous écrira, au revoir et merci.

    Précisons pour ceux qui l'ignorent qu'Ahmed Chelebi n'est pas kurde, il est Arabe et chiite. Mais il semble bien que ni les Arabes chiites ni les sunnites ne voient eux aussi d'un très bon oeil l'arrivée des Turcs dans le pays et que ce contingent que Washington essaie désespérément de faire passer en Irak sans froisser personne risque d'être une patate chaude que chaque région ou communauté essaiera de refiler à son voisin.

    source KK Nuçe.

    jeudi, septembre 11, 2003

    Radio.

    Vendredi 12 septembre sur France-Culture


    22:30 SURPRIS PAR LA NUIT

    Un si long manche
    Par : Marie-Hélène Bernard

    Tambur, dambura, dotâr, bouzoq, setâr, saz : tout sur les luths à long manche de l'Asie Centrale jusqu'aux Balkans.

    Avec Mahmut Demir, luthier, Jérôme Cler,
    ethnomusicologue, Reza Ghassemi, joueur iranien
    de setâr, Özgür, musicien alevi, Issa, joueur
    kurde de bouzouk, Temo, musicien kurde irakien,
    Claire Antonini.
    Réalisation : Agnès Cathou

    mardi, septembre 09, 2003

    Hoshyar Zebari, le "quota kurde" du gouvernement irakien, nouveau ministre des affaires étrangères d'Irak, admis "provisoirement" au sein de la Ligue Arabe : "Le nouvel Irak sera basé sur la diversité, la démocratie, une constitution, la loi et le respect des droits de l'homme".

    "Démocratie", "constitution", "droits de l'homme " ? S'il continue à s'adresser avec des mots aussi obscènes aux autres états-membres de la Ligue Arabe, il va se faire sortir très vite.
    Serhildan à Kirkouk

    Des Arabes et des Turcomans de Kirkouk ayant été cafter aux Américains que les Kurdes osaient hisser leur drapeau sur la ville, les GI's ont voulu décrocher les objets du délit. D'où jets de pierre, feux de pneus, et quelques gamins narquois qui hissent ce que l'afp appelle les "couleurs kurdes - branches de palmiers verts sur fond blanc-"... je croyais que le vert était surtout la couleur de l'UPK, mais bon...

    D'où rebelote : les autorités de la ville refaisant un tour chez les autorités des ethnies, et essayant de calmer tout le monde, que non ce n'est pas une invasion kurde, c'est juste qu'ils sont taquins...

    D'où ça fait très cour de récréation à surveiller. On souhaite vraiment aux GI's de n'avoir pas d'ennemis plus dangereux qu'une bande de galopins qui s'amusent à leur agiter un drapeau sous le nez.


    dimanche, septembre 07, 2003

    60° Mostra de Venise


    Le prix Saint-Marc du meilleur film dans la section Contre-courant de la 60ème Mostra de Venise a été décerné samedi soir à "Vodka lemon" du Kurde irakien Hiner Saleem, une coproduction française, tournée en Arménie.

    samedi, septembre 06, 2003

    Encore un Kurde arrêté en Syrie.

    .

    Khalil Suleyman, 44 ans, ingénieur agricole.


    Depuis plusieurs mois les arrestations arbitraires de Kurdes se poursuivent en Syrie. Amnesty International vient de lancer une campagne en faveur d'un de ces prisonniers. Voici la traduction de la lettre d’appel, par ailleurs disponible en anglais et en allemand via www.amude.com. N'ayant pas trouvé l'appel traduit en français sur les sites francophones d'Amnesty, je me dévoue...


    Amnesty International

    PUBLIC AI Index: MDE 24/032/2003

    04 September 2003

    UA 261/03 Crainte de torture ou de mauvais traitement/prisonnier d’opinion/ problème de légalité

    SYRIE - Khalil Suleyman (m), 44 ans, ingénieur agricole et militant kurde

    Le militant kurde Khalil Suleyman est emprisonné au secret à Damas, la capitale. Il risque la torture et les mauvais traitements en détention. Il pourrait être un prisonnier d’opinion, détenu en raison de ses convictions politiques.

    Khalil Suleyman, ingénieur agricole, a été arrêté le 30 août par les services de renseignements militaires sur son lieu de travail, le Département de l’Agriculture au village de Tell al-Dhaman, dans la province d’Alep. Bien qu’il n’ait fait l’objet d’aucun mandat d’arrestation, il aurait emmené à Damas, où il est apparemment prisonnier dans un centre de détention, par les services de renseignements militaires.

    Aucune raison n’a été donnée pour l’arrestation de Khalil Sulayman et les charges pesant contre lui ne sont même pas connues. Amnesty International n’a connaissance d’aucun acte criminel commis par Khalil Sulayman et considère son arrestation et sa détention comme illégales.

    Khalil Suleyman est connu pour s’être engagé politiquement et s’est présenté comme candidat indépendant aux élections parlementaires de 1994. Il aurait été alors inquiété et transféré sur un autre lieu de travail, à 240km de chez lui. Son arrestation et sa détention semble faire partie de cet ensemble de mesures répressives menées par les autorités syriennes contre les militants kurdes syriens.

    INFORMATION GENERALE

    L’arrestation et la détention de Khalil Suleyman semble faire partie de cet ensemble de mesures répressives menées par les autorités syriennes contre les militants kurdes syriens. Dans le passé, des activistes kurdes ont souvent été victimes de torture et de brutalité policière en Syrie. Durant les deux dernières années, au moins deux Kurdes sont morts en détention, apparemment sous la torture et les mauvais traitements des policiers. La dernière victime est Khalil Mustafa, mort en août dernier après qu’il ait été torturé par les services secrets au centre de détention d’Alep. Amnesty International a reçu des information indiquant que son cadavre avait été énucléé d’un oeil et portait les marques de plusieurs blessures, dont une jambe cassée à deux endroits, une blessure à la tête et des marques de brûlures.

    Beaucoup de militants kurdes ont été arrêtés et emprisonnés ces dernières années pour avoir témoigné pacifiquement des souffrances de la communauté kurde de Syrie. Parmi ces prisonniers d’opinion Marwan 'Uthman et Hassan Saleh, en raison de leur participation à une manifestation pacifique à Damas, ont été arrêtés et déférés plus tard devant la Cour Suprême de Sûreté de l’Etat pour "incitation à une lutte sectaire" et "tentative de détacher une partie du territoire syrien". Ils seraient détenus dans la prison de 'Adra près de Damas.

    Sept autres Kurdes syriens sont detenus au secret, sans aucune charge, depuis le 25 juin 2003, après qu’ils aient participé à une manifestation pacifique devant le quartier général de l’UNICEF à Damas. Ils seraient détenus au commissariat de police de Mezze et risquent la torture et les mauvais traitements en détention. Ils pourraient être des prisonniers d’opinion, détenus uniquement pour avoir exercé leur droit à la liberté d’expression (UA 188/03, MDE 24/021/2003. 26 Juin 2003).


    ACTIONS d’AMNESTY

    - exprimier son souci pour la sécurité de Khalil Sulayman, détenu au secret depuis le 30 août ;

    - obtenir l’assurance qu’il sera traité humainement et ne sera pas soumis à la torture ou à aucun mauvais traitement;

    - demadner instamment un accès aux prisonniers immédiat et sans restrictions pour leur famille, avocats et que leur soient procurés tous les soins médicaux nécessaires;

    - appeler à la libération immédiate et inconditionnel de Khalil Sulayman en tant que prisonnier d’opinion, détenu uniquement en raison de ses convictions politiques ;

    -exprimer une grave préoccupation devant les rapports de torture et de morts en détention concernant des Kurdes en Syrie et appeler à une enquête indépendante sur les cas allégués de torture et de brutalités policières, enquête dont les résultats seraient publics et dont les coupables trouvés seraient traduits en justice;

    - sommer les autorités de respecter les droits à la liberté d’expression, d’association et de réunion pacifique en accord avec les critères internationaux des droits de l’homme, tels que les définit la Convention Internationale des droits civils et politiques, dont la Syrie est signataire.

    APPELS A :

    Son Excellence le Président Bachar al-Assad
    Président de la République
    Palais Présidentiel
    Abu Rummaneh, Al-Rachid Street
    Damas, République Arabe de Syrie
    Télégramme : M. le Président al-Assad, Damas, Syrie
    Fax: + 963 11 332 3410
    Telex: 419160 prespl sy
    En-tête: Monsieur le Président
    et aussi :

    Son Excellence le Général en Chef Ali Hammud
    Ministre de l’Intérieur
    Ministère de l’Intérieure
    Cercle Merjeh
    Damas, République Arabe de Syrie
    Télégramme: Interior Minister, Damascus, Syria
    Fax: + 963 11 222 3428
    Telex: 411016 AFIRS SY
    En tête : Monsieur le Ministre

    Et tant qu’à faire vous pouvez aussi envoyer ça à la représentation diplomatique syrienne du pays dans lequel vous vous trouvez (ils vont adorer).

    Certaines sommations d'Amnesty parraissent irréalistes et même surréalistes si l'on imagine la tête des officiels syriens lisant ça et en prenant note gravement... mais poussé à un point extrême, l'irréalisme en vient à devenir insolent, et croyez-moi, ces gangsters en uniforme n'aiment pas du tout ces pieds de nez là.

    ***

    .

    Khalil Suleyman, 44, agricultural engeener.


    Antother Kurd arrested in Syria.



    For many months illegal arrestations of Kurds go on in Syria. Amnesty International has started a campaign for these prisonners. The appeals could be red in English and German via www.amude.com.


    Some "urging" from Amnesty could seem unrealistic and even surrealist if we imagine the reaction of Syrian officials reading it and nodding... but whent it reaches a certain extreme point, irrealism is a kind of insolence, and believe me, theses gangsters in uniforme don't like that people cock a snook at them in this way....not at all.



    mercredi, septembre 03, 2003

    Macédoine

    "Les troupes polonaises, au nombre de 2.350, ainsi que 500 soldats bulgares, doivent assurer le contrôle des provinces de Kerbala et Babylone. Les provinces de Qadissiya et Najaf seront sous la responsabilité de 1.400 soldats espagnols, 160 Honduriens, 300 Dominiquais, 360 Salvadoriens et 100 Nicaraguayens. Dans la province de Wassit (au sud-est de Bagdad) sont stationnés 1.650 militaires ukrainiens et 25 Kazakhs. En outre, une unité de soutien logistique composée de 80 Slovaques, 140 Hongrois, 160 Roumains, 80 Philippins, 100 Lettons, 50 Lituaniens et 160 Mongols, opérera dans l'ensemble de la zone, selon les statistiques officielles de la division."
    source AFP

    On parle beaucoup ça et là du "sentiment national des Irakiens" qui serait bafoué par la présence d'une armée étrangère sur leur sol. Mais je ne suis pas sûre qu'être occupé par autant de nations à la fois soit une meilleure solution . Je me demande même si ce n'est pas pire. Cela doit donner l'impression que le monde entier vous occupe.
    N'import'nawak...
    12h36. France Culture. Un journaliste explique gravement que les dissensions ethniques et religieuses sont une chose tout à fait nouvelle en Irak (veut-il dire une importation américaine ?). Parce que le génocide des Kurdes, l'arabisation forcée des régions kurdes et turkmènes, la situation parfois inconfortable des Chrétiens assyriens et chaldéens, plus le massacre des Chiites après 91, tout cela ne relevait en rien de déchirements ethniques ou religieux. Non. Les gens étaient juste un peu énervés quand leur équipe de football avait de mauvais résultats, c'est tout.

    mardi, septembre 02, 2003

    Le PKK-KADEK a annoncé théâtralement la fin de son cessez-le-feu. ça tombe bien, les Turcs n'attendent que ça pour intervenir en Irak.

    lundi, septembre 01, 2003

    Plus tard le même jour un jeune Irakien que nous avons rencontré en plusieurs occasion, est venu à notre bureau [...] Je savais que le jeune homme est fiancé et doit se marier dans deux semaines. J'avais vu les photos de ses fiançailles, avais parlé avec lui de sa future femme, mais j'avais senti que quelque chose n'allait pas en lui. Il n'est pas excité, au contraire semble effrayé et nerveux. [...] il n'est pas amoureux, en fait sa future femme ne lui plait même pas du tout. Sa mère a arrangé toute l'affaire avec les parents de la jeune femme qui n'est âgée que de 18 ans. Cela fait partie de leur culture, la mère ou le père choisit les conjoints de leurs fils et filles. Il a rencontré sa future femme à plusieurs reprises, en faisant réellement tout pour la décourager de vouloir se marier avec lui. Lors de ses visites, il y est allé dans des vêtements sales, qui réellement sentaient mauvais. Il a été grossier avec elle, impatient, odieux. Il m'a dit avoir vraiment tout fait pour qu'elle change d'avis, mais sans résultat. [...] Il lui a même dit que dès qu'il trouverait quelqu'un dont il tomberait amoureux il prendrait une seconde femme (ici ils peuvent en avoir 4). Même cela ne l'a pas fait changer d'avis.

    Il a expliqué que sa mère avait déjà trouvé les femmes de ses frères aînés, qui sont totalement malheureux de ses choix. Je me suis senti mal pour lui, sachant que sa vie allait être très difficile et que je ne pouvais rien lui dire ni lui conseiller, sinon de lui faire promettre qu'il ne la battrait pas (ce qui est fréquent ici).

    chiefwiggles

    Ce genre de témoignage qui peut tout aussi bien concerner les Kurdes que les Arabes, éclaire de façon évidente que les mariages forcés ne sont pas le fait, comme on le dit souvent en Europe (et même les soi-disantes féministes kurdes prennent le relais) de l'oppression des hommes, du père, contre les femmes, mais bien de la famille, des parents, des plus âgés, contre les plus jeunes, et que les garçons en sont tout autant les victimes que les filles. Il faut d'ailleurs souligner que beaucoup de filles ou de femmes, qu'elles soient Kurdes, Turcs ou Arabes, trouvent parfaitement normal ce genre de comportement et ne crient à l'abus que lorsqu'il est en leur défaveur.

    En tous cas, il est trop bon, le Chef Wiggles. Moi j'aurais plutôt conseillé la torgnole tous les jours que Dieu fait, sans aucun état d'âme. Il y a des cas où la violence conjugale est sacrément salutaire.

    samedi, août 30, 2003

    Les "humanitaires" en Irak commencent à réaliser que le fait de vouloir "aider" les Irakiens en se démarquant des forces d'occupation ne les met nullement à l'abri des attaques, et même il se pourrait qu'elles en soient la première cible.

    Ainsi le directeur des opérations de Première Urgence, Frédéric Bonamy, déclare : "La situation est extrêmement tendue. Longtemps, nous avons surtout craint des actions de banditisme mais aujourd'hui on se demande si nous ne sommes pas face à un sabotage de toute opération de reconstruction en Irak, visant aussi les humanitaires." (Source).

    Moi ce qui m'étonne, c'est leur étonnement. Il est évident que les auteurs de ces attaques se foutent du bien-être de l'Irak comme de leur première chemise.

    Il est évident aussi que dans ces cas-là, les ONG, l'ONU, gênent, bien plus que les GI's qui de toute façon n'ont besoin de personne pour se rendre antipathiques sur le terrain. De même si des personnalités politiques irakiennes doivent être tuées dans les prochaines semaines, ne se seront pas les plus "radicales" qui vont tomber. L'Irak est un jeu de Go où les Américains tentent de le faire basculer tout entier dans les camp des blancs (la stabilité) et où d'autres font tout pour que les noirs l'emportent (la désagrégation). Et les pions à manipuler, ce sont les Irakiens. Depuis la Bosnie, on aurait pu comprendre que faire de l'humanitaire sur un terrain de guerre, c'est tamponner d'éosine une gangrène crépitante.

    mercredi, août 27, 2003

    Il se pourrait que les Kurdes héritent du Ministère des Affaires Etrangères en Irak... eh oui, encore une preuve de l'ethnicisation de l'Irak, ce partage des postes par peuples ou religion, mais il faut reconnaître qu'à chaque fois qu'au Moyen-Orient on a déclamé avec conviction "nous sommes une seule nation sans différence ethnique ou religieuse" cela signifiait toujours un rabotage des identités au profit d'une seule, celle qui avait pris le pouvoir...

    Et puis mettre les Kurdes aux affaires Etrangères n'est pas une mauvaise idée. Pour toutes les raisons expliquées dans le post précédent, et en raison aussi de la situation particulière qui a été la leur entre 1991 et 2003, les Kurdes sont les plus à même de faire le lien entre l'Irak post-Saddam et le reste du monde. Allez, ils pourraient même réconcilier la France et les Irakiens !
    Ces blogs de jeunes Bagdadi sont intéressants quand on les lit pour ce qu'ils sont, c'est-à-dire des blogs de jeunes gens de Bagdad, éduqués, parlant anglais, ayant un accès à Internet, et dont l'appartenance à une classe moyenne ou même aisée fait que l'occupation américaine occasionne une chute de leur niveau de vie, ou à tout le moins un surcroît d'inconfort. Mais si l'on se fixe uniquement sur leurs paroles pour avoir une vue de "ce que pensent les Irakiens," cela risque de donner une vision singulièrement faussée. Il faudrait lire le blog d'un pauvre de l'ancienne Saddam-City, le blog d'un ex-opposant, d'un ancien prisonnier, le blog d'un chiite de Bassorah, rescapé des massacres de 91, le blog d'un Kurde (oui je sais ils pourraient le faire, les Kurdes ont toujours un métro de retard mais quand l'un d'entre eux va se décider, ils vont tous s 'y mettre, après il y aura pléthore).

    Ce qui frappe dans la tonalité générale des "paroles arabes" d'Irak c'est l'absence de culpabilité en tout cas apparente, je ne dis pas qu'il n'y a pas malaise interne, mais en tous cas personne n'en parle. C'est encore et toujours la même attitude de "victime". Ce sont eux les victimes, eux qui ont été bombardés, qui sont sans eau ni électricité, et tout ceci est vrai, mais pourquoi ne jamais parler de l'autre passif, celui de l'agresseur, du bourreau ? Car ils ont aussi bombardé (le Kurdistan, l'Iran), ils ont aussi affamé et massacré, et gazé, et au Kurdistan comme en pays chiite comme en Iran on n'oublie pas, et pourquoi devrait-on taire "pudiquement" ces choses ?

    Sans aller jusqu'aux extrêmes occidentaux (v. l'affaire Schwarzie), il serait peut-être sain même pour le peuple arabe de reconnaître que l'Anfal (le génocide kurde) a été commis majoritairement par des Arabes, au nom du nationalisme arabe. Et que oui c'est facile de dire que tout ça, ce ne sont que les crimes du seul Saddam et des seuls vilains baathistes. Un peu comme si l'on dédouanait tout à fait l'Alllemagne des crimes nazis, un peu comme si l'on voulait tout à fait dissocier les Allemands des années hitlériennes et des nazis. Le totalitarisme fatalement compromet toute une population, de gré ou de force. Entre les extrêmes, entre les opposants déclarés et les meurtriers actifs d'un régime, il y a le milieu, la masse qui subit ou qui profite, et il est difficile de tracer une frontière entre ceux qui sont opprimés et ceux qui sont responsables. Mais tout de même, l' Anfal a été commis par des soldats irakiens, ce sont des soldats irakiens qui ont détruit le Kurdistan qui ont fait disparaître près de 180.000 personnes en quelques semaines, qui ont enlevé (et pour en faire quoi ?) des filles kurdes, ce sont des familles arabes qui se sont installées dans les maisons et les propriétés confisqués aux Kurdes dans les régions de Mossoul et Kirkouk. Il semble que le droit au retour, celui dont on parle tant pour les Palestiniens semble moins légitime d'un seul coup, du fait qu'ils concerne des non-arabes...

    Les Kurdes, très sagement (sagesse tribale, peut-être, mais le tribalisme n'a pas que des mauvaix côtés) ont décidé depuis longtemps de ne pas se venger, dès 91 en fait, quand la caserne de Mossoul a été prise et que les peshmergas se sont trouvés submergés par le nombre de prisonniers qui se rendaient... seuls des officiers particulièrement compromis ont payé. Et les soldats le savaient puisque qu'au printemps 2003 encore, il s'en trouvait pour déserter en passant en pays kurde. C'est sage pour la paix civile, cette amnestie-amnésie. Juger les crimes et la responsabilité de chacun mettrait davantage le pays à feu et à sang. Mais au moins, ceux qui pleurent sur le "démembrement ethnique" de l'Irak devraient avoir la décence de se la fermer là-dessus, car s'il se trouve des Kurdes qui préfèrent être gouvernés par les Américains plutôt que par leurs voisins arabes c'est qu'ils ont peut-être de bonnes raisons pour cela, et que la perspective de voir de nouveau flotter le drapeau irakien sur le Kurdistan n'en enchante pas beaucoup. Il peut y avoir accomodement entre les deux peuples, mais il ne faudrait pas que l'un des ces deux peuples oublie qu'il doit réparation à l'autre (réparation oui, même morale, même symbolique) et que c'est lui qui a perdu la guerre, et lui seul.

    dimanche, août 24, 2003

    A propos du film sur la Passion de Mel Gibson, j'entends presque toujours "tourné en araméen, une langue morte".
    Non, l'araméen n'est pas une langue morte. Par exemple en Irak on le parle encore. Depuis l'émigration en Israël des Juifs du Kurdistan ses locuteurs se sont réduits puisqu'il n'y a plus que les Chrétiens d'Irak (et peut-être les Mandéens ?) qui le parlent, ils ne sont certes plus si nombreux mais ce ne sont pas non plus les derniers Patagoniens.

    Pour en savoir plus sur les locuteurs actuels de l'araméen.


    samedi, août 23, 2003

    Ce qui est frappant dans la plupart des blogs irakiens tenus par des Arabes, c'est qu'ils ne parlent jamais des Kurdes quand ils abordent l'avenir du pays, ou même leur vie qutodienne, comme si, de facto, cette séparation était déjà faite. Et c'est effectivement un autre pays, depuis toujours, mais encore plus alors qu'il est en passe de devenir le "52ème état américain". Ce sont effectivement d'autres gens, un autre destin politique, le remarque le traîne-savate de Haute-Mésopotamie.

    There is no clear path of the new government , although I believe presently that Kurdistan Iraq has its own country already. The US knows this, the Arabs know this and no one wants to rub it in their face. So they pretend they are part of Iraq.

    vendredi, août 22, 2003

    Entendu dire que l'ONU, à Bagdad, avait refusé, avant l'attentat de se faire protéger par la Coalition, de peur d'être confondue avec les "autorités d'occupation.

    Finalement ce n'était peut-être pas une si bonne idée que ça...

    mercredi, août 20, 2003

    Il est douteux, selon moi, que l'attentat contre l'ONU émane d'une quelconque "résistance irakienne". Des coups de fusils ou de mortier ça et là, d'accord. Mais un attentat suicide (si c'est le cas) nécessite une plus longue préparation, non pas tant dans le geste lui-même que dans l'entraînement du kamikaze. On ne décide pas comme ça, en se levant un matin, de se porter volontaire pour se faire pulvériser dans un camion. Il y faut un long conditionnement, un enfermement dans une cellule totalitaire, une forme de désespoir qui cadre mal avec les anciens cadres du Baath. Je doute fort que même les plus fidèles zélateurs de Saddam ne se sentent plus aucune raison de vivre. Que la chute du régime ait nui à leurs intérêts matériels et leur position dans la société soit. Ces anciens nantis ont certainement planqué leur gros sous en lieu sûr et leurs familles dans quelques écoles étrangères. Il est aussi faisable d'inciter un pauvre diable à tuer un soldat américian pour une poignée de dollars, mais certainement pas à le pousser au suicide. Ce ne sont pas ces gens-là qui sont prêts à se faire sauter. Et il y a fort à parier que ces attentats peuvent malheureusement toucher les zones kurdes, les moins suspectes d'agressions anti-occidentales.

    Mais l'Irak est une passoire et il est facile aux escadrons de la mort qui volètent de ci de là dans le monde en cherchant un terrain propice de se précipiter sur des cibles si choisies, qui feront tellement parler d'elles. Il y a aujourd'hui dans le monde, bien des camps où de futurs "élus" attendent de s'écraser en fracas contre un bâtiment ou un autre, que ce soit à New-York, Bagdad, Casablanca...

    mardi, août 19, 2003

    Radio

    Ce soir à 18h15, sur France Culture : Les lumières d'août.

    A l'occasion du Festival de Douarnenez consacré au cinéma kurde, rencontre avec Bahman Ghobadi, le réalisateur auteur notamment d' Un temps pour l'ivresse des chevaux.




    ****

    No need to translate this advertisement, that is about a french radio broadcast. But english speakers could visit all the same the web site of the excellent Kurdish director, Bahman Ghobadi.

    jeudi, août 14, 2003

    Selon le journal turc Milliyet l'armée américaine aurait proposé à des responsables du PKK-Kadek de déposer les armes, en échange de quoi leur activité politique et le retour à la vie civile seraient garanties.

    Mais visiblement des membres des forces militaires turcs n'ont aucunement l'intention de laisser retourner en Turquie les anciens guerilleros du PKK. Abdullah Öcalan ne le souhaite pas non plus d'ailleurs, il l'a dit et annoncé à la Turuqie et au monde entier : si les hommes du PKK-KADEK reviennent en Turquie, ils "échapperont à son contrôle et à celui de la Turquie" (comme ça, au passage, plus personne ne peut douter du fait de savoir QUI dirige -manipule- ce qu'il reste du PKK-KADEK).

    Et donc, toujours selon Milliyet, Osman Ocalan, Kani Yilmaz et quelques représentants du PKK-Kadek, qui la semaine dernière avaient semblé accueillir favorablement la proposition sont revenus sur leur position et ont répété en choeur comme des agneaux les propos d'Abdullah Ocalan alias la Turquie : non ils ne déposeraient pas les armes, non ils ne retourneront pas à la vie civile et politique (de toute façon c'est un domaine dans lequel ils ne doivent pas se sentir très forts). Naturellement, il est peu probable que les camarades de la guérilla, coincés en Irak entre les Américains et les matons de leur propre parti, aient été librement consultés sur leur destin. La machine à épuration doit sûrement tourner à plein régime.

    De fait, la Turquie n'aurait que faire des repentis du PKK sur son sol, alors qu'ils lui sont si utiles en Irak pour déclencher au moment opportun quelques incidents sanglants qui lui permettraient de gémir sur l'insécurité de ses frontières, de se poser en victime du "terrorisme kurde" et d'intervenir à nouveau en Irak quand bon lui semble. Il ne faudrait tout de même pas que l'US Army réussisse à pacifier réellement la région, certains généraux turcs n'en dormiraient plus.

  • Source kurde : Kerkuk-Kurdistan.com
  • .
    TV

    Mercredi 20 août, sur France 5 à 16h30, rediffusion du documentaire Les Derniers Jours de Zeugma (Thierry Ragobert, 2000).


    A peine découverte, cette cité antique (actuellement près de Gaziantepe) dont la production de mosaïques à l'époque romaine valait bien celle d'Antioche a été engloutie par les eaux, en raison d'une politique de construction forcenée de barrages en Turquie(le fameux GAP) qui menace encore bien d'autres régions au Kurdistan de Turquie. Zeugma a disparu, rappelons que la ville de Hasankeyf est toujours (théoriquement) menacée et que la vallée de Munzur dans le Dersim (Tunceli) et son parc naturel doit subir un plan de construction qui comprend au moins sept barrages.

    Pour en savoir plus sur Zeugma

    lundi, août 11, 2003

    Lors de l'Anfal (campagne de massacres et de déportations au Kurdistan d'Irak) des milliers de filles kurdes ont été enlevées par l'armée irakienne et ont totalement disparues. Certains ont supposé qu'elles avaient servi de prises de guerre aux soldats irakiens ou auraient pu être vendues dans le Golfe. Depuis quelques temps, une piste égyptienne mèneraient sur les traces de certaines d'entre elles. L'Alliance Internationale pour la Justice insiste auprès du gouvernement égyptien pour qu'il se préoccupe aussi du sort de la dignité de ces Irakiennes-là.

    Voir aussi la lettre de l'aij à madame Mubarak

    ***

    During Anfal (the campaign of massacres and deportations in Iraqi Kurdistan) thousands of Kurdish girls had been kidnapped by Iraqi army and had totally disappeared. Some have supposed that they would have been taken as "war trophies" by Iraqi soldiers or could have been sold in the Gulf. Recently, an Egyptian track could lead to find news of some of these Kurdish girls. International Alliance for Justice insists for the Egyptian government cares too for the fate and the dignity of these people who are Iraqi as so much as Arabic citizens.

    Read too the letter of IAJ to Mrs Mubarak

    vendredi, août 08, 2003

    L'écrivain Mario Vargas Llosa a publié dans Le Monde le récit de son voyage en Irak, dont le dernier volet se déroule à Suleimanieh.

  • Clez les Kurdes
  • jeudi, août 07, 2003

    Le président de la Ligue Arabe, Amr Moussa, a estimé, au sujet du nouveau conseil de présidence en Irak, qu'il eut mieux valu des élections, que cela aurait donné à ce conseil "plus de pouvoir et de crédibilité".

    C'est sûr, comme le fait remarquer Thomas Friedman, que le nombre des dirigeants de la Ligue Arabe qui ont été élus démocratiquement et en toute régularité est si majoritairement écrasant, qu'ils savent de quoi ils parlent. Au lieu de s'échauffer pour une éventuelle partition de l'Irak la rue arabe ferait mieux de porter son énergie contre les gangsters qui la dirigent. Mais il est vrai que pleurer à distance sur la Palestine ou sur les Bagdadis bombardés permet d'éviter quelques remises en question trop inconfortables.

    mercredi, août 06, 2003

    La façon dont les médias parlent des "voleurs de Bagdad", alias Ali Baba laisse croire qu'ils seraient presque une création de la libération de l'Irak, tout juste si on ne laisse pas entendre "au moins sous Saddam, il n'y avait pas de pick-pocket".

    Or les "Ali Baba" existaient bien avant la venue de l'armée US, des quartiers de Bagdad étaient réputés pour être des coupe-gorge où même la police ne s'aventurait jamais, même du temps de Saddam.

    Le point le plus chaud de la ville porte très justement le nom de son créateur, "Saddam City", puisque c'est effectivement de par la volonté de Saddam que des populations chiites trop remuantes ont été déplacées du Sud pour être parquées dans une zone où la pauvreté, l'indigence et même l'inexistence des infrastructures, la surnatalité, l'absence de scolarisation ont donné à ces quartiers une telle réputation qu'aucun Bagdadi plus favorisé n'acceptait de les traverser sinon en voiture et sans arrêt.

    Sinon, les Ali Baba de plus haute gamme, la mafia irakienne, ceux qui entraient où ils voulaient, se servaient chez l'habitant, avaient livré au pillage bien avant cette année les musées et les lieux de fouille de l'Irak, ceux-ci avaient un autre nom, on les appelait les Baassistes.

    mardi, août 05, 2003

    Un nouveau site à signaler et un projet intéressant de traduction en kurde de Linux. Ce projet, totalement bénévole, fournira des logiciels kurdes gratuits en téléchargement. Pour cela, l'aide de nombreux volontaires familiers de la langue kurde est requise (les connaissances techniques en informatique ne sont pas nécessaires). Si ce projet pour intéresse, contactez Kader sur son site.

    vendredi, août 01, 2003

    Faire appel aux chasseurs de prime est peut-être une vieille tradition de l'Ouest, mais ce n'est vraiment pas judicieux dans un pays que l'on essaie de pacifier, dans un pays où l'on essaie de construire un état. Car il est évident que toutes les rivalités claniques, les rancoeurs familiales, les querelles de voisinage vont donner lieu à pas mal de dénonciations fantaisistes et meurtrières. Si l'on ajoute à cela les représailles des baathistes contre les soi-disants "collaborateurs", il n'est pas près d'exister l'Irak pacifique et unifié.

    jeudi, juillet 31, 2003

    L'humoriste du jour.

    Ne digérant visiblement pas la possible mainmise des Kurdes sur Kirkouk, Abdullah Gul, le ministre des Affaires Etrangères turc a eu cet imparable argument : "En tant que voisin de l'Irak et à cause de son histoire, la Turquie est bien placée pour se permettre de donner des conseils aux Etats-Unis, a-t-il estimé. "Nous avons dirigé la région pendant des centaines d'années", a-t-il rappelé en faisant allusion à l'empire ottoman".

    C'est vrai que vu les bons souvenirs que les Ottomans ont laissé chez leurs voisins, on se demande pourquoi les Arabes, les Assyriens, les Kurdes, les Arméniens ne les appellent pas à cor et à cri pour qu'ils viennent résoudre tous leurs problèmes.

    Et puis pendant qu'ils y sont, ils pourraient intervenir aussi activement et efficacement que pour leur problème kurde - personne n'en doute - dans toutes les zones qui furent dirigées par les Ottomans, et où on n'attend qu'eux pour tout résoudre. Ils pourraient ainsi arbitrer :

    - le conflit israélo-palestinien;
    - le problème islamiste en Algérie et les relations arabo-berbères;
    - les mauvaises relations de la Grèce avec la Macédoine ;
    - les relations albano-serbe et par extension tout conflit dans les Balkans;
    - etc.

    Finalement on se demande pourquoi on aurait encore besoin de l'ONU.


    'Stupidity, however, is not necessarily a inherent trait.'
    Albert Rosenfield.

    mercredi, juillet 30, 2003

    TV...

    Samedi 2 août sur Arte, à 20h45, documentaire sur Göbekli Tepe, le plus ancien édifice religieux retrouvé, près d'Urfa.



    Le renard. The fox. Rovî.


    ...et Radio.

    Vendredi 8 août, sur France Culture, de 9h05 à 10h30 : Les Kurdes de Turquie, une culture entre modernité et renaissance (rediff.).



    12° édition des Nuits Atypiques de Langon.

    Finalement, Noir désir n'y sera pas, mais Sivan si, le 3 août. (voir programme).

    mardi, juillet 29, 2003

    Le 29 juillet 1191, Chihab al-dîn Yahya Sohrawardî "al-Maqtûl" c'est-à-dire l"'exécuté" était assassiné pour hérésie dans la citadelle d'Alep, sur ordre du sultan Salah al-dîn Ayyûb, notre Saladin.

    Sohrawardî était né en 1155 dans le Jibal ou l'ancienne Médie, peuplée de nombreux Kurdes et Lours, mais qu'il soit de sang kurde ou non n'a pas grande importance, tant il fut présent, de toute façon, dans le monde de la Djezireh (Haute-Mésopotamie) médiévale. Après avoir étudié à Maragha, en Azerbaydjan, et à Ispahan, il se rendit à Kharput (act. Turquie), ou il dédié un de ses ouvrages à l'émir seljoukide Imad al-dîn, puis à Alep où il bénéficia de la protection du fils de Saldadin, avant d'être emprisonné et exécuté sur ordre du sultan ayyubide. On le voit, son histoire personnelle embrasse les mondes mésopotamien, iranien, anatolien. Il fut aussi en contact avec les zones d'influence chrétienne, sabéenne, et son oeuvre, à portée universelle, tente de renouer via l'islam avec la sagesse de "l'ancienne Perse". Il est le fondateur de ce que l'on appelle les "ishraqiyûn" ou la philosophie de la lumière, ou de l'Orient lumineux.

    lundi, juillet 28, 2003

    CROHDI, The Committee for the Release of Hostages and Detainees in Iraq (Comité pour la libération des otages et détenus en Irak) lance une pétition adressée à Georges Bush et Tony Blair pour mettre en place une équipe d'enquêteurs internationaux afin de retrouver la trace des milliers de disparus - exécutés ou pris en otages - sous le régime en Irak.


    Pétition.

    ***
    CROHDI, The Committee for the Release of Hostages and Detainees in Iraq appeals Georges Bush and Tony Blair "to organise and fund a joint international team of investigators to be sent to Iraq [...] to determine the fate of tens of thousands of people who ‘disappeared’, were held hostage or held as political prisoners under the previous regime. "

    Appeal.

    dimanche, juillet 27, 2003

    Les murmures kurdes contre l'occupation américaine. Quelques échos commencent à se faire entendre, sur les "bavures" inévitables d'une armée peu entraînée à pratiquer le maintien de l'ordre dans une population civile. A vrai dire, c'est le problème de toutes les armées quand elles doivent assurer précisément ce maintien de l'ordre, qui est plus une tâche policière, en le couplant avec une défense contre des attaques sporadiques mais très usantes psychologiquement. Dans ce cas, le harcèlement auquel font face les soldats américains est moins une tactique de guérilla qu'une tactique "terroriste" - au sens où on l'entendait avant le 11 septembre, c'est-à-dire des actions plus spectaculaires que meurtrières en nombre, mais qui amènent les cibles de ces attaques à riposter, faisant ce qu'on appelle en langage militaire contemporain des "dégâts collatéraux" et qui ne sont, en langage policier, que des bavures. Mais ces dérapages amènent la population qui les subit à développer en retour une suspicion et une hostilité qu'elle n'avait pas au départ. D'où un accroissement de tension; d'où une augmentation des risques de bavures, et ainsi de suite.

    vendredi, juillet 25, 2003

    Le débat sur la Turquie et l'Europe. Le débat sur les frontières de l'Europe, jusqu'où s'arrêtera-t-on ? Les cris d'orfraies à l'idée d'une Europe qui irait jusqu'à Vladivostok et la Haute-Mésopotamie.

    En fait, il fait toujours écouter les voyageurs à ce sujet, qui sont les vrais géographes; A la suite de Marco Polo et de Nicolas Bouvier, je dirai donc, que ça n'a aucune importance. Parce que l'Europe n'existe pas,

    "Alors que l'Eurasie existe. Hérodote, né près de Bodrum en Asie Mineure, avait bien raison de vouloir réconcilier dans ses Enquêtes les Perses et les Grecs. Alexandre le Grand voyait juste en brusquant un peu ses capitaines macédoniens pour les marier aux filles de l'aristocratie achéménide. Plus tard son successeur Ménandre (II siècle av. J.C.) a pris plaisir à ergoter, au bord de la Yamuna, rivière tributaire de l'Indus, avec les bouddhistes de l'empire d'Ashoka sur la nature du principe vital, le poids atomique de l'âme ou la notion de "l'Illusion". Peut-être fallait-il que les rhéteurs grecs aillent aussi loin pour trouver, en matière d'arguties, des adversaires à leur mesure. Bien plus tard, portés par leurs petits chevaux, les Mongols d'Ogodaï Khan ne sont nullement déconcertés de se trouver aux portes de Trieste, ils continuent simplement à profaner, détruire et brûler - quand ils le peuvent - les attributs de la vie sédentaire, arbres, livres, maisons, comme ils l'ont fait tout au long de leur immense voyage. Et rien ne permet d'affirmer que les émissaires du pape et de Saint Louis à la Cour des Khans mongols aient vu leurs yeux s'arrondir au spectacle de Karakorum, capitale immense et provisoire de tentes de feutre, où on leur témoigne de la curiosité. Bien au contraire. Ils s'empressent de rattacher à la postérité d'une des douze tribus (celle de Cham) ces nomades que neuf siècles plus tôt l'historien Amien Marcellin voyait sortis tout droit des chaudrons du Diable, et ne tarissent pas d'éloges sur leur code moral, le yassaq qui punit sévèrement l'adultère, le vol, le manquement à la parole donnée. Leur compréhension est fille de la lenteur d'une route faite à dos de mules, de yaks ou de chameaux. Cette continuité s'exprime dans le Devisement du monde rédigé peu après par Marco Polo, où je ne sens aucune césure : l'admiration qu'il éprouve ne signifie pas qu'il ait perdu pied ou qu'il divague. Si, ici et là, les naseaux d'un dragon fument, si une licorne passe entre deux bosquets, c'est qu'ils étaient déjà et depuis longtemps dans l'imaginaire eurasien. Les lecteurs vénitiens n'attachent d'ailleurs aucune importance à ces fadaises allégoriques et lisent son livre en bons épiciers, comme on lirait aujourd'hui le Wall Street Journal : prix du lapis, jours de convoyage, mouillages bien abrités : du solide, "la mercadence et la traffique" comme écrira plus tard Montaigne des conquêtes du Nouveau Monde.

    Le Bosphore se franchit aisément à la nage. Les cols du Khyber ou du Kunderab (qui donne accès au Turkestan chinois) se passent hiver comme été. Cette continuité existe. Je l'ai ressentie - furtif creuseur sur une fouille en Bactriane - en retournant avec une main terreuse des monnaies du Ier siècle av. J. C. qui portaient des inscriptions - avers et revers - grecques, indiques et chinoises. Et retrouvée, quarante ans plus tard, à Tourfan (Sin-kiang) en écoutant l'admirable musique des Turcs oïgours, ses voix rêches, bourrées de sang, ses accents presque tziganes. Après des années de séjour japonais, je suis inexplicablement rassuré de la percevoir ici." (Journal d'Aran et autres lieux).




    jeudi, juillet 24, 2003

    Quand les assassins de Daniel Pearl ont filmé son exécution et ont diffusé cela à la presse mondiale, tout le monde a trouvé cela barbare, les Etats-Unis en premier. Quand al-Jazirah a montré abondamment les corps mutilés des victimes irakiennes, ainsi que ceux des soldats américains, ils se sont fait tapés sur les doigts. Mais aujourd'hui les Américains n'hésitent pas à exhiber aux yeux du monde les deux corps des fils Hussein, pour rassurer les Irakiens, sans doute, sur la mort réelle de ces deux-là, mais il y a aussi un côté "voici le scalp de mon ennemi".

    Pendant qu'ils y sont, ils devraient planter ces deux têtes au bout d'une pique et les accrocher aux portes de Bagdad, afin que ces Orientaux qu'on a sauvés de la barbarie sachent bien que le temps de la civilisation et de la douceur de vivre est revenu.

    mercredi, juillet 23, 2003

    Radio

    Du 28 au 29 août à 18h15, sur France Culture : Les lumières d'août.

    Reportages et rencontres avec des artistes et des intellectuels étrangers en france.

    Présence de Bahman Ghobadi, le réalisateur kurde, auteur notamment d' Un temps pour l'ivresse des chevaux.

    Violence juvénile et chrétienté

    Aujourd'hui on nous bassine avec la "nouvelle violence urbaine", les jeunes "machos des banlieues" influencés par une culture ou une religion "sexiste" (devinez laquelle), enfin bref le phénomène soi-disant si nouveau des "tournantes."

    J'ai trouvé ce passage dans le livre d'Alain Demurger, Temps de crises, temps d'espoirs, XVI°-XV° siècle :

    "Canalisation de la violence.

    La violence, dans la mesure où elle peut conduire au crime, n'échappe pas à la répression. Mais il est des violences tolérées, que l'on s'efforce de canaliser, selon une attitude constante au Moyen-Age : la paix consiste moins à éradiquer la violence qu'à la contrôler. (intéressant de comparer à aujourd'hui, où il me semble que l'on cherche à éradiquer la violence, et où justement on ne la contrôle pas).

    Tel est le cas de la violence sexuelle, dont J. Rossiaud écrit qu'"elle est une dimension normale, permanente de la vie urbaine" (ajoutons "et de la vie des campages"). Ce qui est en cause surtout, c'est le viol collectif pratiqué par un groupe d'âge précis, celui des "jeunes", rassemblées en bandes ou "abbayes de jeunesse". Ils s'en prennent aux femmes démunies (les servantes, les veuves); mais aussi, dans la mesure où le viol collectif est une "vengeance sociale" (J. Rossiaud), à la jeune femme d'un homme âgé, à la concubine du prêtre, etc. Le charivari organisé aux dépens de ces mêmes catégories est une version moins brutale d'une même pratique.

    Cette violence rituelle est largement tolérée. C'est "Nature" qui est invoquée par tous les théoriciens des moeurs de cette époque. Les abbayes de jeunesse ont pignon sur rue et contribuent par ailleurs à l'animation de la vie civique et sociale de la ville. Mais les notables en craignent les débordements. Le bordel municipal, la "maison commune" qui accueille les "fillettes" ou filles communes, naît de cette tolérance et de cette crainte."
    Réellement la mort de ces deux pitoyables canailles (Oudai et Qussai pour ceux qui auraient dormi tard) n'a pas grande importance. Morts ou vifs, cela n'aurait pas changé grand chose, dans l'état de délabrement physique et mental où se trouvait au moins l'un, on les voyait mal conduire une guérilla efficace. Rejetons dégénérés d'un prince sanguinaire, rien de plus. Ils n'auraient pas plus été dangereux que Niku Ceaucescu si on l'avait laissé vivre...


    Est-ce que Saddam est, lui, encore un danger ? Non. Il y a peu de dictateurs qui une fois renversés retrouvent l'entrain et la chance de leur jeunesse pour repartir à la conquête du pouvoir. Evidemment, beaucoup d'Irakiens et de Kurdes auraient des comptes à lui demander.

    lundi, juillet 21, 2003

    Le 17 juillet, Dogu Perincek, le leader de l'IP (petit parti de la gauche turque) a révélé qu'un accord aurait été conclu entre la Turquie et les US. Cet accord prévoit que le Kurdistan de Turquie bénéficiera (dans quatre ans ?) d'un statut fédéral semblable à celui du Kurdistan d'Iraq, lequel serait débarrassé des troupes turques dans les quatre mois à venir. (source PUK ANBA, www.puk.org) La Turquie de plus ne pourrait pourchasser les derniers représentants de la guérilla du PKK en Iraq sans l'accord des USA, ce qui n'a guère d'importance, vu que les USA semblent de toute façon décidés à s'en débarrasser avant (AFP).

    En final, si ce plan s'applique, qu'aurait-on ? Les Kurdes du nord comme du sud protégés par le bouclier américain et enfin débarrassés de leur problème turc". Evidemment, devant la menace croissante de l'hostitlité des chiites d'Iraq plus celle des autres nations arabes, les Américains ont tout intérêt à s'appuyer dans la région sur les trois peuples non-arabes et non anti-US du Moyen-Orient : les Israéliens, les Kurdes et les Turcs, en gros, une coalition de trois pays fondamentalement anti-islamistes et ayant tout intérêt à se serrer les coudes devant l'agitation qui ne va pas manquer de s'étendre au sud. Quant à l'Iran, il est encore trop tôt pour savoir s'il va finalement choisir de détendre ses relations avec les US ou bien travailler en sous-main l'opposition chiite du Golfe (ou les deux en même temps).

    D'ailleurs les Kurdes pourraient être des partenaires précieux pour les Israéliens et les Turcs, en ce qui concerne la normalisation des relations entre les états qui leur sont hostiles. En effet, pour des raisons différentes, la Turquie et Israël sont assez coupés du monde arabo-musulman, jusqu'ici la greffe a eu du mal à prendre, c'est le moins qu'on puisse dire et il semble qu'ils aient aussi du mal à les comprendre et à s'en faire entendre. Or les Kurdes, malgré ou à cause de leur lutte continue, connaissent très bien les peuples de la région qui les ont si constamment occupés. Ils pourraient finalement s'avérer des intermédiaires précieux en leur servant de drogmans dans un monde encore très tribal, en somme.

    samedi, juillet 19, 2003

    Rectification pour Israeli guy et ses lecteurs : je suis bien une femme, je suis bien Française, mais pas Kurde (seulement kurdologue), je n'ai qu'un arrière-grand-père étranger, et il venait de Belgique, rien de très exotique quoi...

    ***
    Correction for Israeli guy and his readers : I am a woman, that is right; I am French, that is right too, but not Kurd (only kurdologist). I have one migrant in my family, he was my grand-grand-father and did not came further than Belgium, nothing very exotic :-)..
    Match amical entre la Turquie et le KADEK : 5-4

    le coup gagnant

    promet de faire mieux la prochaine fois
    Quand on mettra les cons en orbite, en voilà un qui n'aura pas fini de tourner... Kani Yilmaz explique la recrudescence des persécutions contre les Kurdes de Syrie par le départ de la présidence du PKK de ce pays.

    En effet, selon Kani Yilmaz, du temps où Hafez el Assad le Père régnait encore sur le Syrie, la Syrie connaissait une période de démocratie sans précédent, influencée en cela par les conseils éclairés de la présidence du KADEK. Et que la mort de Hafez el Assad a mis fin à cette période de liberté dans l'espace politique syrien.

    Rappelons que la Syrie, sous Hafez el Assad, abritait effectivement la présidence du PKK mais surtout dans le but d'embêter la Turquie pas de promouvoir la kurdité, et que les Kurdes qui n'étaient pas PKK n'en étaient pas plus libres. Quant au problème des Kurdes syriens sans papier pour cause d'arabisation de la Jezrireh ne date pas d'hier, c'est de toute façon un problème que le PKK ne s'est jamais préoccupé de résoudre, pas plus que les droits des Kurdes syriens. Les Kurdes syriens n'avaient qu'un droit : celui d'aller se battre contre l'ennemi majeur n°1, alternativement la Turquie ou les "traîtres" du PDK ou de l'UPK selon l'humeur, mais jamais la Syrie. Pour le PKK il n'y avait pas de problème kurde en Syrie, du moins tant que celle-ci hébergeait le Soleil de la Présidence, la villa du Soleil de la Présidence, et la piscine du Soleil de la Présidence.


    Si les Kurdes ont bénéficié effectivement d'un allègement relatif de la pression nationaliste arabe, c'est dès la venue au pouvoir d'Hafez el Assad, qui survint dix ans avant la création du PKK. Tout simplement parce qu'étant de confession alaouite, le nouveau clan dirigeant se méfiait de la majorité arabe sunnite et entreprit une purge sanglante des milieux islamiste en 1982. On "gela" donc l'arabisation des Kurdes, mais sans leur accorder des droits réels : une façon de les faire se tenir tranquilles, par cette menace suspendue mais toujours présente... Quand le PKK put s'installer à Damas cela permit aussi d'envoyer les Kurdes un peu trop patriotes se faire tuer commodément hors de Syrie. Bref, c'était une combinaison politique redevable à l'habileté politique de l'ancien dirigeant syrien, et non au prêchi-prêcha démocratique que le PKK aurait soi-disant distillé dans toute la Syrie baathiste.

    Par ailleurs, la Syrie était et est encore une dictature où les droits de l'homme sont le plus violés : les prisons turques font figure de paradis comparées aux prisons syriennes, il faut le rappeler. Kani Yilmaz, qui fut détenu plusieurs années en Grande-Bretagne dans les années 90, et qui ameutait alors la bonne volonté des démocrates européens sur le sort insupportable qui lui était réservé, regrettait sans doute de n'avoir pas été arrêté et emprisonné en Syrie. Il aurait bien fait volontiers l'échange de son lieu de détention, personne n'en doute...

    Au fait, l'expulsion d'Öcalan de Damas a eu lieu en novembre 1998, date à laquelle Hafez el Assad, ce grand démocrate, vivait encore. Kani Yilmaz laisse-t-il entendre que chasser la Sublime Présidence du sol syrien en lui conseillant d'aller se faire voir chez les Grecs était un acte des plus positifs pour la promotion de la démocratie en Syrie ? Nous n'osons y croire. Ou alors, s'il continue en ce sens, il risque de goûter bientôt aux prisons démocratiques du KADEK.


    'Stupidity, however, is not necessarily a inherent trait.'
    Albert Rosenfield.

    Concert de soutien à l'Institut kurde