lundi, avril 23, 2001

Istanbul

A Umranieh le théâtre était très marrant, style comedia dell' arte. Une série de sketchs sur la vie traditionnelle des Kurdes, les "villageois", les féodaux. Très drôle.

mercredi, avril 18, 2001

Istanbul

Ce soir, c'est la Première de Hüseyin. Il doit être sur les dents. Demain, nous partons à Ümranieh, chez les HADEP d'Ümranieh. La mère d'Arjen et la troupe du MKM y donne une représentation et nous les accompagnons.

Acheté hier un adorable gros singe en peluche, suspendu à un trapèze, qui siffle et dit "I love you" quand on lui passe devant. A l'entrée de mon studio, ça risque d'être drôle.

"Le voyage est dangereux pour les oiseaux et les hommes." J'adore cette phrase. Elle est citée dans mon agenda. Je vais lire le bouquin pour cela ; il y a de ces phrases solitaires qui illuminent le monde, ensoleille une journée, un cheminement, un voyage. Et la vie même. Remplacer le mot "voyage" par "vie", par exemple. Comme "la vie est immense et pleine de dangers", sortie de la bouche d'un enfant cancéreux qui en réchappa, finalement. Elle est traduite en anglais, dans cet agenda. En anglais, cela sonne bien aussi. Travel is dangerous for birds and men. J'aime la lumière énigmatique et rayonnante de cette phrase, et je crois que j'en ferais ma devise.

Que cela aille bien ou que cela aille mal, il faut toujours, toujours voyager.

Hier, acheté un lapin en chocolat de Pâques. Je vais l'offrir à Hüseyin, peut-être, pour le récompenser d'avoir tant travaillé.

Maintenant il fait beau sur Istiklal Caddesi. Nous partirons sous le soleil. Malin. J'écris du meilleur salon de glaces de la ville, en face du lycée de Galatasaray. Les grilles noires et or enchâssent le vert profond des arbres.

En cherchant la librairie internationale, nous sommes tombées par hasard sur la boutique Swatch. Pris un joli bracelet d'un bleu outremer en dégradé, assorti à la veste de sport sans manche que tout le monde (ou presque) porte ici. Par contre, il n'y a plus de livres en français, ici. On voit le recul de la francophonie. Tant pis. En rentrant, je continue mon étude du turc et la prochaine fois, je n'aurais qu'à piocher dans la mine inépuisable de titres turcs. En attendant, je termine ma relecture des Antigones de Steiner et je vais lire l'étude sur Khani, en kurde. Voilà pour la littérature.

ça risque de chauffer ce soir. Les prisonniers continuent de mourir et un fameux critique de cinéma, qui avait fait un article élogieux sur Hüseyin se l'ait vu refuser par son journal. Du coup, la tension monte et la projection risque d'être animée.

mardi, avril 17, 2001

Istanbul

Vu Hüseyin hier. On le revoit jeudi. A l'air plus en forme que la dernière fois, malgré le stress de sa Première.

lundi, avril 16, 2001

Istanbul

Hier, dîné chez Arjen. Toujours aussi mignon, très grandi, un vrai fil de fer ! Une voisine venue en visite nous donnait deux ans de plus que lui, et donc envisageait de nous marier.

Tout fout le camp. Le marché aux poissons a disparu, ainsi que la boutique swatch où nous nous fournissions en bracelets-montres.

Nous voyons Hüseyin ce soir pour visionner son film. Il a dit qu'il en est à 60% de son travail et cela fait vingt jours qu'il n'en dort presque plus.

dimanche, avril 15, 2001

Istanbul

Hier, première journée à Istanbul. Vers midi, appelé Hüseyin. Débordé de boulot, travaillant sur son film, on le verra peut-être lundi. Changé nos billets, envoyé trois cartes postales que j'écris dans un pub, sous la photo de Mussolini. Nous rentrons le 23.

samedi, avril 14, 2001

Ankara-Istanbul

M. Bozlak a peut-être dit quelque chose. Osman, le soir, avait l'air triste, vraiment très bobo. Il a posé de curieuses questions, pourquoi nous travaillons pour les Kurdes, par exemple, question que je déteste par dessus tout, et qui me fait bouillir le sang, et qui me donne envie de taper des poings. Ou bien de dire "c'est vrai, excusez-moi, je vous plaque." Pourquoi le fait de travailler pour un peuple devrait-il être soumis à la restriction de son agrément ? Est-ce qu'on est soi-même sa propre propriété ? La prochaine fois je répondrais que je travaille sur les Kurdes mais pas pour eux, que je ne suis pas à leur service et qu'ils ne me doivent rien. Et là, ça leur broie le coeur. La réponse correcte (celle que j'ai faite) étant : parce qu'on vous aime. Avec vos défauts et vos qualités. Ensuite Osman a émis l'idée que nous étions peut-être anti-HADEP. Je n'ai rien répondu là-dessus, je ne suis ni pour ni contre, je m'en fous. Mais comme Roxane déroulait les arguments et les preuves (le site) comme quoi nous avons toujours été pro-HADEP, il s'est effondré, encore plus malheureux, et a été se coucher.

La journée s'était passée drôlement, en meetings. Le premier ayant eu lieu dans un des bureaux des HADEP, dans leur miwankhane. Quelques questions-réponses sur la situation du Kurdistan se transformant en un tourbillon de questions des plus diverses : les gens du PKK aujourd'hui, le parti du HADEP, faut-il être ou non séparatiste. Le tout en kurde, en turc, en anglais. Il y avait de tout : des jeunes gens du Dersim et du Kurdistan, un ancien prisonnier du PKK qui sortait de vingt ans de geôle, des intellos, une femme turque artiste, etc. Deux heures ou peut-être même trois sur la sellette. Et comme chacune de nos réponses disaient autre chose que la morne bouillie des diktats du PKK, chacune de ces réponses faisaient jaillir des commentaires et des discussions entre eux. Pour finir, l'ancien détenu est venu me demander si je ne croyais pas que le féodalisme, ce n'était pas si mal. Et comment. Il y avait alors des poètes et des conteurs, et des troubadours et des châteaux... Voilà où en est Bozlak. J'insuffle la nostalgie du féodalisme à ses troupes.

Ensuite passage à une maison des jeunes et de la culture. Beaucoup issus du Kurdistan, de familles en exil, beaucoup ne parlant plus très bien le kurde. Mutlu enrage et s'interdit de parler turc à qui est capable de répondre dans sa langue.

Hier, voyage de sept heures en car, entre Ankara et Istanbul. La ville sous la pluie.

En tous cas, ça fait du bien de se retrouver à Istanbul, ville civilisée par excellence. Mais l'argent va filer vite.

mercredi, avril 11, 2001

Ankara

Nous sommes chez Osman depuis hier. C'est-à-dire que nous créchons dans la maison du HADEP, un grand appart' qu'ils partagent à trois.

13h30. Siège du HADEP.

Cela fait plusieurs heures que nous attendons au siège. Osman, très préoccupé par les deux oiseaux dont il a hérité imprudemment, nous a emmené ici et a disparu en réunion, je suppose. Du coup, nous passons le temps dans la salle d'attente à bavarder avec tous les Kurdes de passage : des maires, des responsables de communication, etc. Un vieux professeur de Van, très charmant, parlant et écrivant l'arabe, nous invite à Van.

16h30. Vu Bozlak. Très raide au début, un peu réprobateur. Se détend un peu sur la fin. J'ai répondu à sa raideur par un air absolument impassible et indéchiffrable, mais ferme aussi. Leur ai fait sentir que si nous demandions aux Turcs de s'adapter aux critères démocratiques, il devait en être de même pour eux.

dimanche, avril 08, 2001

Kayseri

Nous quittons cette ville de cons, pleine d'intégristes musulmans pour Hadji Bektas. ça va nous faire respirer. On a eu d'ailleurs beaucoup de mal à prendre un billet car tous ces connards qui haïssent les Alévis ont voulu nous faire croire qu'il n'y avait pas de bus aujourd'hui. Le seul bureau qui y menait n'a pas osé s'approcher de nous : par peur. Ce n'est que lorsque je me suis approchée de leur bureau en demandant un billet pour une autre ville que le boss m'a dit que non, nous allions à Hadji Bektas et qu'il fallait pour cela changer à une autre correspondance. Plus un autre qui demande si nous sommes Françaises et qui nous dit "Danielle Mitterrand". Plus une musique kurde. ça va, on est dans la bonne compagnie.


Hadji Bektas. 19h30. Enfin un endroit civilisé ! C'est-à-dire un hôtel avec bar, restaurant à vins, musique et danse.

samedi, avril 07, 2001

Kayseri

Halte de luxe dans un 2 étoiles, avec douche chaude, mini-bar, TV, etc. Agréable mais difficile d'avoir laissé nos deux totos dans leurs montagnes.

Donc, le 4 avril, excursion au barrage, un barrage en construction où nous n'aurions jamais dû aller. Mais nous avons été demander la permission au kaymakam, qui nous l'a accordé après une de ces visites de courtoisie où chacun se sonde et s'évalue, et où notre rôle est de jouer les french tourists "very sympathic". Après tout, notre guide, Ali, nous a dit qu'il était "iyi", kurde, quoique d'Antalya.

Par contre, tous les autres étaient aux anges ou sciés de nous voir. Donc, visite au barrage. C'est-à-dire bref coup d'oeil aux constructions et excursion dans la montagne, avec l'ours, le lézard, les villages brûlés, les militaires, des appelés, ébahis mais contents de nous trouver là, qui ont voulu regarder tout le matos uniquement pour prolonger. Moi, je calmais Suleyman qui était désolé et fou de rage, d'autant plus que le plus gradé n'arrêtait pas de me faire des compliments et lui demandait de me traduite. Et Suleyman n'arrêtait pas de répéter "Schwein, Schwein..." Mais on est reparti avec tout intact.

Le soir, bu bière et vin dans un restaurant d'Ovacik. Suleyman était pas mal égayé par son raki et Ali était mort de rire quand je disais qu'il faisait un sema. ça et la plaisanterie bien connue "d'aller à la mosquée" pour les chiottes. On s'est quitté en se serrant la main comme les partisans, spas.

Le lendemain, retour sur Dersim. Le chauffeur toujours partant pour nous servir de chauffeur et nous emmenant dans une belle route, en passant par le village de Suleyman, plein de maisons en ruine. Bombardé, trois morts. Il pleuvait à verse et des milliers de torrents ruisselaient d'une eau rouge sur les montagnes. Les eaux du Munzur étaient gonflées, boueuses.

Nous avons vu les deux endroits où des centaines de milliers de Dersimis ont été massacré en 38. Finalement, le contrôle le plus sérieux aura été en retournant à Dersim. Les keufs nous ont interrogées, ouvert nos bagages, regardé mon agenda. Sur mon carnet de notes, les dessins de ma mère m'ont sauvée la vie. Ils ont feuilleté le début, ont cru que c'était uniquement un carnet de croquis, et ne sont pas allés plus loin.

A Dersim, l'assoc nous fait un accueil plus déférent et plus amical. Ils se méfiaient moins, peut-être. Déjà à Ovacik, ils avaient téléphoné à l'hôtel et le dernier soir, au restau, un frère avait appelé Suleyman pour demander si tout s'était bien passé au barrage et si nous n'avions pas eu de problèmes avec les keufs. Revenus à l'hôtel, Ali propose de nous emmener à un sema. Tu parles si on voulait ! Surtout que c'était juste le lendemain de l'achoura. Cérémonie belle, émouvante et fascinante. Les sema sont interdits là-bas. Et en faire un ici, à Dersim, et ce jour-là !

Après, bon plan touriste, bu dans une discothèque. De retour à l'hôtel, vers minuit, alors que le couvre-feu était déjà passé. On leur fait une niche en nous cachant dans le couloir sombre, et en les laissant nous chercher dans une ville morte en proie au couvre-feu. Ils sont passés à trois mètres de nous sans nous voir. Puis le camion d'Ali est passé à toute allure, dans un crissement féroce de pneus. Nous, on est rentrées à l'hôtel, en nous marrant. Nous n'avions d'ailleurs pas fait 100 mètres que les garçons de la discothèque, nous ayant vu, se sont inquiétés de Suleyman et l'un d'entre eux nous a raccompagné. Nos deux brillants gardes du corps sont arrivés ensuite, fous et près de nous étrangler, puis déconfits quand on leur a fait remarquer que question vigilance, ils n'étaient pas forts.

Ensuite, Suleyman est parti pour être interrogé par la police et Ali est resté avec nous à l'hôtel. Dernière bière.

Le lendemain, dernier jour. Tristounet, nos deux totos, mais Ali nous a fait vraiment mal au coeur. Parce qu'il a fait ce qu'il a pu pour le cacher et y parvenait assez bien... surtout qu'il est parti très vite. C'est-à-dire qu'après notre dernier petit-déj' pris ensemble, Ali est resté en ville alors qu'il ordonnait à Suleyman de revenir avec nous. On l'a attendu au moins une heure, pendant que le patron de l'hôtel, qui est donc celui de l'association, nous vendait la vie culturelle de Dersim pour qu'on revienne. Il nous parle alors du festival de Dersim lnas, les 28, 29 et 30 juillet. Pourquoi pas, et puis on enchaîne ensuite sur le pèlerinage de Hadji Bektas les 16 et 18 août.

Quand Ali revient, on lui explique ça, il est d'accord bien sûr, mais ce n'était toujours pas "viva la vie". En sortant de l'hôtel, il nous dit qu'il rentre à Ovacik. Et alors il me tend un paquet cadeau, puis un à Roxane. Quel geste ! Avec ce regard de grand seigneur, même pas doux. Pour lui faire mes adieux, je lui fais la bise, mais pas en lui sautant au cou, avec gravité ( ses manières solennelles déteignent). Adieu rapide et précipité, sans chaleur, finalement, sans épanchement. Ils ne supportent pas.

Au restaurant, ensuite, Suleyman était sombre, et a même explosé : "Ihr haben gekommt ! Und heute ihr gehen ?" Presque avec colère, comme devant une injustice. .

En fin d'après-midi, à la gare routière (amenées par un flic en civil) nous avons revu Ali ! Son bus partant à quatre heures, comme le nôtre en final. Toujours cet air distant, impassible. De nouveau il a abrégé les adieux, et son bus part pour Ovacik à quatre heures moins dix. Tant pis pour ceux qui n'étaient pas là en avance. ça fait de la peine, c'est sûr.

vendredi, avril 06, 2001

Ovacik

Nous partons aujourd'hui. Tout s'est bien passé, malgré la pluie continuelle. Le pire est qu'aujourd'hui, il fait beau ! Après la vallée de Munzur baba excursion au barrage. Nous avons débusqué un ours, un lézard gros et vert, comme un petit varan, qui semblait venimeux.

mercredi, avril 04, 2001

Ovacik

Longue excursion hier, dans la vallée de Munzur Baba. Des montagnes noires, des arbres sacrés, des sources, des rochers à voeux et des paysans qui vénèrent tout cela. Ici, ce sont vraiment des sauvages, dans le sens païen, animiste. Ce qui ne les empêche nullement d'être raffinés, bilingues ou trilingues, militants, intellectuels. Mais ils embrassent les arbres et les rochers. Il n'y a pas de monument, pas d'écriture, c'est-à-dire les deux productions du Logos gréco-sémite ou même sumérien. Ecriture, architecture, c'est le monde de la Mésopotamie, du Verbe abstrait. Ici, la religion n'est pas une construction géante, arche mentale et démesurée jetée comme un pont entre le monde et son créateur.

Leur religion est intérieure et proche d'eux. Elle vit ici, elle est de ce monde, les habite comme elle habite leur nature. Il y a quelque chose qui relève du sentiment, du non-formulé, de la possession. D'où les sema qui font monter l'extase ; la poésie seuls mots admis, car ne raisonnant pas. Voilà. Leur religion n'est pas raisonnable. Elle a la force secrète des croyances enfantines. Des rituels enfantins. "Rocher, exauce mon voeu, loups, cerfs, oiseaux, guidez-moi, arbre..." Je comprends le côté sauvage intériorisé de certains. Moi aussi, quand j'étais gosse, je donnais une âme aux arbres, avant d'être habitée par le logos.

Sinon, ce matin, c'est la la pluie, encore la pluie, quel pays !

mardi, avril 03, 2001

Ovacik

Dans ces voyages, encore plus que pour des raisons de sécurité et de chance, tout est rythmé et circonscrit par ces quelques aléas de la vie physique : eau chaude ou non à l'hôtel, petit-déjeuner ou pas, parfois du café, avec de la chance. Ce qui fait que l'esprit est libre, allégé.

lundi, avril 02, 2001

Ovacik

Nous voici dans le coeur du coeur de la montagne. Hier, rien foutu chez le père de Selim, sauf nous faire bourrer de bouffe, de café et de thé. Deux vieux pas très percutants, terrifiés à la seule évocation de leur gendre. Complètement démunis, sans voiture, sans rien. Du coup, on décide de contacter l'assoc et de descendre le lendemain dans le fameux hôtel. Pour cela, on fait appeler le type de l'assoc par le beau-père de Selim, qui ne comprend pas qu'on lui demande seulement l'adresse et le nom exact de l'hôtel, et ne cesse de répéter qu'il est à Istanbul. On le sait, crétin !

Entre temps, pris de remords, le beau-père se renseigne, rappelle, et nous apprend que l'hôtel est en fait l'hôtel "touristique" où nous étions d'abord descendus et que le patron de l'établissement est aussi le président de l'assoc. Donc, nous avions touché dans le mille, sans le savoir. Crise de fou rire en imaginant leur tête quand nous allons redébarquer.
Entre temps, passé à l'assoc. Aussi peu percutants que les autres. Nous demandent de revenir à midi, où un interprète nous attend.

Celui-là se révèle une bonne surprise : une grande sauterelle de Dersim qui parle allemand. Du coup je récupère mon allemand en le sortant du placard et après une après-midi, je le reparle assez couramment. En tous cas, il ne fait aucune difficulté pour nous emmener à Ovacik et rester avec nous à l'hôtel. A la gare routière, tout le monde nous fait de charmants sourire et nous encourage. Nous allons avec le guide à l'hôtel où nous étions revenues une heure auparavant pour finalement repartir. Si les keufs suivent nos allées et venues, ils doivent avoir le tournis. Le minibus vient nous cueillir à l'hôtel et nous voilà parties. Quatre contrôles sans encombre. Arrivée dans cette Arcadie enchanteresse aux doux gris et vert suave.

Brume des montagnes, argent translucide des bouleaux près d'un vert saignant. Beaucoup de ruisseaux, de tapis de jacinthes en fleur et des fleurs en clochette dont j'ignore le nom. Une jolie vallée, toute plate, entourée de montagnes enneigées. Par contre, le pays a l'air aussi pluvieux qu'en Ecosse. Demain, nous partons pour le plus joli coin, le parc naturel de Munzur baba, le lieu aux mille sources jaillissantes. Notre arrivée à Ovacik a fait sensation. Nous sommes bien les premiers étrangers depuis des décennies, alors étrangères ! Dîner chez le chauffeur du car, puis fait un tour. Arrêts fréquents dans les maisons pour boire du thé.

dimanche, avril 01, 2001

Dersim

ça y est ! Nous sommes dans la cité interdite. Une chance terrible, sans doute.

Le vendredi, nous sommes restés à Keban, invitées dans une famille qui au bout d'un moment m'a avouée être kurde et donc, nous avons parlé en cette langue. Dîner dans un restaurant de poissons, dodo au village. Hier, Elazig-Dersim. Passé le contrôle militaire sans encombre, le jeune soldat semblant un peu endormi. Le chauffeur a grommelé en se marrant que c'était une sacrée chance.

Nous sommes descendues à l'hôtel touristique, avec une étoile et de l'eau chaude (le rêve !). Plus une grosse blatte et une colonie de fourmis rouges dans la salle de bain.

Ensuite, divers coups de fil. Le beau-père de Selim, finalement, est à Istanbul. L'assoc ne répondait pas.

Restau, vers cinq heures. Après une semaine dans ces pays musulmans, ça fait plaisir de se retrouver chez les Alévis ! Cuite au raki pour Roxane. En même temps, téléphone. Ahmet Zeki était tellement scié qu'il a eu du mal à percuter, en nous demandant quand nous venions à Istanbul. Quand je lui ai dit où nous étions, il a mal compris : "Vous êtes à Paris ?" "Non, à Tunceli !" "Mais vous êtes en Turquie ?" "Ben oui, à TUNCELI!" "Ah... bash e..."

Puis Hüseyin, qui vient de terminer son film et qui nous prie de rester à la Première, le 20. Bon, rien que pour lui, on prolongera.

Concert de soutien à l'Institut kurde