jeudi, mars 30, 2000

Kharpout-Elazig

Musée d'ELAZIG : Une jarre, six anses, volutes. Haut : bourrelet, motifs à six volutes.

Ce motif se répète constamment. Seule frise figurée. Sur haut du corps : animaux courant ou rampant, faune fantastique.

Une autre, plus petite : motif seldjoukide. Haut disparu. Visages de bouddhas et formes humaines stylisées, répétées, avec volutes et lions.

Beaucoup de bronzes à Kharput. Epoque plus tardive, XV°-XVI° ? Pas d'incrustation mais ont gardé les motifs de Djezireh. Une petite coupelle a ainsi les douze signes du zodiaque. Les personnages, plus stylisés, rappellent ceux du XIII°

mercredi, mars 29, 2000

Kharpout-Elazig

A Kharpout, au musée. Objets de bronze, petits bassins, une sorte de seau. Motifs récurrents : 2 médaillons, l'un à noeuds, l'autre à volutes. Plus un de cyprès aux palmettes, très stylisé.

Grande Mosquée : cour centrale, bassin, nef, 2 rangées d'arcades.

Arcs persans en brique rouge. Les minarets sont en brique, motifs. Celui de la Grande Mosquée est penché.

A Diyarbakir, j'ai rencontré un majnoun. L'était-il avant ? C'était dans un restaurant. A la table d'à côté, un homme élégamment vêtu, chevalière et montre en or, dînait seul. Pas un regard. Une vraie tête de Kurde, nez d'aigle et moustache. Déjà le serveur me demande : "Kurdi zanî ?"Ce qui nous a fait rire. Peut-être était-on un peu repéré ? Je n'ai pas bronché. Le repas était commencé quand le serveur apporte des fistik en nous expliquant que c'est un cadeau du monsieur à côté. Celui-ci, impassible, regardait droit devant lui, comme s'il ne nous voyait pas. Puis un peu plus tard, la même chose avec des cigarettes. Je n'ai croisé qu'une fois son regard et je lui ai souri. Le personnel lui témoignait une déférence naturelle. Il était visiblement aimé et respecté. Puis il nous a fait apporter une demi-bouteille du vin que nous avions bu. Le fou-rire nous gagnait tout de même. A la fin du repas, il a fait demander par le serveur si nous acceptions de venir à sa table. Au point où on en était... Il avait été rejoint entre-temps par un autre homme, plus jeune, qui a tout de suite compris que je parlais le kurde. La conversation s'est engagée et l'homme, qui s'appelait Hassan, commence à nous expliquer que nous étions ses invités. Et tout à coup à la fin du discours, il conclut en me regardant d'un air émerveillé, "Ez ji te hez dikim." J'étais si saisie que j'ai mis un certain temps à réaliser que c'était une déclaration en bonne et due forme. D'amour, de passion. Que je sois mariée ou non il s'en foutait absolument. Je pouvais tout lâcher pour lui si je voulais. N'étais-je pas libre ? Sa formule était simple : je suis venue, je me assise non loin de lui et je suis rentrée dans son coeur. Voilà. Et il m'aime. Combien de fois a-t-il répété ça, en extase. Il voulait que l'on vienne avec lui, il voulait que nous allions quelque part écouter de la musique, il voulait tout ce que je voulais, voilà. A chaque fois qu'il me regardait en déclarant : "tu t'es assise, tu es entrée dans mon coeur", je levais les mains au ciel d'un air fataliste. Je n'oublierai pas de sitôt ce regard, heureux, émerveillé, illuminé. Golgun, c'est ainsi qu'il m'appelle. C'est sans doute un type très bien, un grand seigneur. Il m'a raccompagné jusqu'à l'hôtel, en demandant à plusieurs reprises si je ne voulais pas m'asseoir dans un endroit et écouter de la musique. Mais il ne se fâchait pas de mon refus. Il m'a laissé son nom, 5 numéros de téléphone, tout heureux et rougissant que je lui fasse la bise. Comme Roxane toussait, il a cru que l'hôtel n'était pas assez chauffé et il a demandé à la réception d'arranger ça. Total, nous avons eu chaud toute la nuit. Il nous a semblé aussi qu'il avait réglé une nuit pour nous, celle qu'il aurait aimé passer avec moi.

Durant le repas, le guide véreux qui nous accompagnait est venu pour s'éclipser et a été rembarré, humilié par Hassan. Il est alors rentré dans une rage que seuls les gens vifs éprouvent à l'égard des gens très bien. Hassan n'a même pas élevé la voix. Qu'a-t-il dit ? Il s'est seulement indigné de ce que le guide nous adresse la parole et ne nous respecte pas. Naturellement indigné devant ce qui est vil. Il me l'a dit d'ailleurs : "Ev kes ne bash in."

dimanche, mars 26, 2000

Diyarbakir

Grande Mosquée. Un taureau. Un lion avec un anneau sur une colonne de droite.

Mur gauche : frise coufique fleuri. 2 niches à colonnettes et coquilles, au-dessus, 5 curieuses sculptures, une niche à colonnette.

Puis, toujours au-dessus d'une arcade, dessins géométriques en blanc. Curieux motif en arête de poisson et soleil.

Mur face : colonnes supérieures, toutes différentes : striée, anneaux, nids d'abeille, motifs décoratifs en diagonal, entrelacs carrés, filet, large entrelacs carrés, losanges, ronds, crois, grands losanges.

Au-dessus, une frise végétale, avec un motif de vase qui se répète;

Au fond de ce mur, une galerie. Motifs noirs et blancs alternés.

Diyarbakir

Une noce hier. Des garçons qui tournoyaient comme la toupie de feu que j'avais décrite dans Kawa le Kurde. Le visage en extase ou fier comme tout. Une danse bien orchestrée. Deux rangées d'hommes se font face. L'une avance par trois pas en levant les jambes, alternativement. L'autre s'immobilise en sautillant, de leur façon toute spéciale, en pliant les genoux. Un des meneurs de rang se détache pour danser seul au milieu. Son rang s'accroupit et claque des mains, tandis que l'autre reste debout et ondule sur place. Puis le danseur reprend sa place et tout recommence avec l'autre rang.

Variante avec une ronde. On tourne, en se tenant par le petit doigt. Un danseur se détache et part au milieu de la piste. La ronde se lâche et bat des mains, puis s'accroupit tout en battant des mains pour encourager le danseur solitaire. Il reprend sa place et la ronde reprend. Cette danse se fait avec quatre temps, quatre pas en avant, quatre en arrière, et la ronde ondule comme un rang de faucheurs.

Hasankeyf. Citadelle. Etagée sur les montagnes. Porte-tourelle. Etroite porte, frise arabe au-dessus. Toujours ce motif de queue de dragon. Pierres de taille blondes, quelques-unes noires. Autour, habitations et villages troglodytes.

Coupe du mur de la citadelle : pierres de taile, petites pierres, gros moellons et mortier.

Intérieur : enduit blanc (chaux ?) sur les murs.

Grande salle : forme d'iwan ? Voûte en nids d'abeille. Moellons en tubes creux en alvéoles, terre cuite dans mortier. Murs, pierres noires et mortier.

Deux fenêtres latérales, traces décor végétal dans stuc. Ouverture du fond : muqarnas.

samedi, mars 25, 2000

Diyarakir

Caravansérail du. XV° siècle. 22 chambres. Pierres noires et blanches. Au centre, fontaine à coupole.

Madrassa : 2 vases jaillissant + une date et le nom d'Allah. Murs latéraux, frise.

Iwan, mihrab, arcades.

Mihrab, 2 piliers tournants. 1193-1194. Coquille.

Partie porte : grande arcade avec colombe.

vendredi, mars 24, 2000

Istanbul, Topkapi Museum

Miroir : Anatolie orientale ou Khorassan. Chasse au faucon, deux chiens, un canard. Bordure, chiens courant. En haut, deux dragons entrelacés.

Miroir incrusté d'argent, 13-14° siècle. Zodiaque. Frise de chiens courants, une des figures = plateau émaillé artukide de Vienne.

mercredi, mars 22, 2000

Mardin-Cizre

Décidément, je ne reviens pas sur ma première impression d'il y a huit ans. Mardin est une ville de cons, bigote, hypocrite, où tout est fermé à sept heures et où aucun restaurant ne vend d'alcool. Plus d'Arabes que de Kurdes. Mortel. Passé quand même un bon moment, hier, dans les bidonvilles du bas de la ville. Pour une fois les Kurdes vivent en bas : ils viennent des villages voisins qui ont été brûlés. Les hommes sont dans la maçonnerie ou conduisent des bus... On a créé une émeute de gosses quand j'ai parlé kurde. Le soir, pour survivre, on a acheté de la bière et on boit à l'hôtel. En pleine nuit, réveillée par les appels à la prière, retentissants.

Aujourd'hui, Cizre. Pris les tombeaux de Mem et Zîn, la Grande Mosquée, une vue de la vieille ville. Pas pu prendre le mont Cudî, les keufs nous ont gaulées avant, nous ont dit que c'était une zone militaire et hop, redirection Mardin. D'ici, impossible de trouver un vol direct pour Van. Une journée de voyage.

vendredi, mars 17, 2000

Kusadasi

Pourquoi diable nous retrouver à Kusadasi ? Ce n'est même pas le bout du monde. C'est l'endroit le plus éloigné de ce que nous devrions parcourir. C'est une station balnéaire qui n'est faite que pour accueillir des flots d'Allemands, de Belges... Hier il y avait même des Sud-Africains. Des immeubles genre "Sarcelles sur Mer" dit le Routard, la mer, un petit port. Voilà. Pourquoi nous retrouver là ? Le hasard. A l'aéroport d'Izmir, on a simplement dit au taxi "Otel, güzel, deniz." Alors il a proposé de nous amener à Kusadasi. Il a dit que c'était joli, en bord de mer, et à 16 km d'Izmir. Il a dit "sixteen". En fait c'était soixante.
En taxi, il nous promène longtemps dans la campagne, belle la campagne, méditerranéenne. Le chauffeur qui draguait gentiment Roxane s'arrête pour nous acheter deux oeillets rouges. On repart, on roule, on traverse des bleds. Et je pensais celui qui me disait avant de partir, comme un conseil profond et impérieux : "Ne sortez jamais en rase campagne. Jamais seules. Toujours dans les villes." Et nous, rêveusement, un oeillet à la main, cherchant la mer...
On arrive enfin. Un 3 étoiles avec salle de bain, séchoir, bar, enfin tout. Un bon restaurant de poissons, assez cher, mais bon. En revenant, on a joué au toboggan et aux balançoires dans le petit square du port sous les yeux intrigués des habitants et on embêtait les amoureux qui roucoulaient sur le port en venant exprès admirer la mer tout près d'eux. On a même évité une scène de ménage. Un type assez vieux qui essayait de convaincre de je ne sais quoi une grosse fille à l'air malchanceux. Au début, il était près de lui foutre une baffe, mais comme on faisait les clowns à côté de lui il s'est marré et ils sont partis avec le sourire. Nous travaillons aussi pour la réconciliation des couples turcs...

Concert de soutien à l'Institut kurde